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41 pratique
ordonnance commentée
Actualités pharmaceutiques n° 514 Mars 2012
Les ordonnances vétérinaires
peuvent comporter
des médicaments à usage
humain quand aucune spécialité
vétérinaire comportant
la molécule adéquate n’existe.
À l’officine, il convient de bien véri-fier que les doses et les formes galéniques indiquées sur une
ordonnance comportant des médica-ments à usage humains destinés à un animal soient appropriées.
Profil du patientL’ordonnance a été établie pour un chien de chasse adulte, vivant seul dans la maison de ses maîtres, souffrant de vomissements intenses avec diarrhées graisseuses, météorismes importants, perte de poids rapide et grande asthé-nie depuis quelques jours. Le vétérinaire
a diagnostiqué une lambliase (due à Giardia lamblia) après examen des selles de l’animal et prise de sang pour vérifier les immunoglobulines.Ce chien mange parfois les entrailles des cerfs tués lors d’une chasse. Or, les cervi-dés sont fréquemment infestés par ce type de parasites qui ont sans doute été ingérés par le chien via la viande crue.Dans la maison vit un chinchilla gardé en cage dans le salon. Les lamblias étant mortels pour les chinchillas, il convient d’être très vigilant.
Recevabilité de l’ordonnanceL’ordonnance émane d’un vétérinaire ayant examiné et gardé l’animal en observation pendant 48 heures. Elle est datée, signée. Les mentions obligatoires concernant le “malade” et le prescripteur sont présentes. L’ordonnance est rece-vable (figure 1). Le propriétaire du chien ne souhaite pas que lui soient délivrés de génériques, autres que ceux prescrits.
Un chien souffrant d’une parasitose très symptomatique
Figure 1.
Questions préalables indispensables « Donnez-vous d’autres traitements
(même en automédication) à ce chien ? » Réponse : « Non, à part des croquettes spéciales contre le tartre dentaire. » « Gin n’est pas allergique à un médi-
cament ? » Réponse : « Non, pas à ma connaissance. »
Analyse du traitement Flagyl® 250 : le métronidazole est un
antibiotique, antibactérien et antiparasi-taire de la famille des nitro-5-imidazolés. Motilium® : la dompéridone est un
antinauséeux. Lopéramide® lyoc : le lopéramide est
un antidiarrhéique analogue struc turel des opiacés. Il possède une activité antisécrétoire grâce à l’augmentation du flux hydro-électro lytique de la lumière intestinale vers le pôle plasmatique de l’entérocyte et à la réduction du flux inverse. Le transit au niveau du côlon est ralenti et les contractions segmentaires augmentées. Les effets sont rapides et durables. Spasfon® lyoc : le phloroglucinol est un
antispasmodique musculotrope qui lève le spasme des fibres musculaires lisses et calme la douleur.
Effets indésirables Flagyl® : coloration brun-rougeâtre des
urines (bénin) ; troubles digestifs, séche-resse de la gueule, goût métallique ; aller-gie (éruption cutanée, démangeaisons, fièvre, œdème, choc anaphylactique) ; troubles nerveux (vertiges, convulsions). Motilium® : troubles endocriniens
(augmentation du volume des mamelles), crampes abdominales, diarrhées, urticaire et réactions allergiques. Lopéramide® lyoc : douleurs abdomi-
nales, ballonnements, nausées, vomisse-ments, sécheresse de la gueule, fatigue, somnolence, vertiges, allergies. Certains effets – constipation et distension abdo-minale – nécessitent l’arrêt du traitement et un avis médical immédiat. Spasfon® lyoc : très rares allergies.
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ordonnance commentée
Actualités pharmaceutiques n° 514 Mars 2012
Interactions médicamenteuses ou incompatibilitésTout médicament ou aliment à base d’alcool est déconseillé avec le métroni-dazole, ainsi que les anticoagulants.
Chronobiologie du traitement (sauf indication médicale contraire) Flagyl® : 1 comprimé matin et soir, à
faire avaler avant, pendant ou après les repas de l’animal pendant 5 jours. Motilium® : 7,5 mL ou 1 pipette poids
de 25 kg 3 fois par jour.Ce médicament doit être pris un quart d’heure avant les repas de l’animal.En cas de vomissement ou de rejet partiel ou total de la dose, il faut respec-ter l’inter val le de prise avant d’administrer à nouveau le médicament. Le flacon se conserve 3 mois à température ambiante après la première ouverture. Lopéramide® : 1 lyoc d’emblée, à faire
avaler tel quel ou solubilisé dans un peu d’eau, puis un après chaque selle liquide (maximum 4 à 6 par jour). Spasfon ® : 1 lyoc 2 à 3 fois par jour, à
faire fondre dans la bouche, faire avaler tel quel ou dans un peu d’eau.
Conseils associésLa lambliase ou giardiase est due à l’infes ta tion par des protozoaires flagel-lés : Giardia intestinalis (figure 2). Ces parasites vivent dans l’intestin grêle, à la surface des villosités intestinales. Lors de leur passage dans le côlon, ils prennent la forme – très résistante – de kyste et sont éliminés avec les matières fécales de manière passive. Les kystes survi-vent dans la nature où ils contaminent un nouvel hôte par ingestion de nourriture ou d’eau contaminée, ou par portage à la bouche de mains souillées. Les habi-tants (humains ou animaux) de la maison concernée sont donc susceptibles de contracter cette parasitose. Le traitement de la maladie consiste,
dans un élevage de chien, à identifier les animaux infectés et à les isoler. Un trai-tement collectif doit être administré, puis un nettoyage complet du chenil effectué avec un agent de nettoyage détergent et un désinfectant. La pelouse utilisée pour l’exercice du ou des animaux doit être considérée comme contaminée pendant au moins un mois puisque les kystes peuvent survivre dans l’environnement durant ce laps de temps. La prévention peut être complétée par une mise en
quaran tai ne d’au moins 20 jours pour prétendre à une élimination complète des kystes dans l’eau potable.Au total, 30 % des chiots de moins d’un an seraient infectés dans les élevages, contre 5 à 7 % des chiens adultes. Les lamblias étant mortelles pour les
chinchillas et le propriétaire du chien “Gin” en possédant un, il convient de veiller à la non-contamination de l’eau de l’animal. Pour cela, il suffit de lui donner de l’eau bouillie ou de l’eau désinfectée avec des comprimés de Micropur® ou Hydroclonazone®. Malgré l’amélioration des symptômes,
le traitement antibiotique ne doit pas être interrompu et la durée prescrite doit être respectée. De plus, l’antibiotique ne doit en aucun cas être réutilisé sans avis vété-rinaire. En effet, ce type de médicaments n’est actif que dans le cas d’infections bactériennes ou parasitaires non vira-les. Enfin, une consommation excessive d’antibiotiques augmente les risques de contracter une infection due à une bacté-rie résistante. La consommation de probiotiques et
de prébiotiques pendant le traitement permet de réduire ou d’éviter les désagré-ments digestifs. Il serait intéressant de préconiser une
diète alimentaire de 24 heures avec réali-mentation progressive par petites quanti-tés (idéalement avec un aliment spécifique du type croquettes hyperdigestibles) et boisson à volonté (et en tous cas après prise du motilium si vomissements incon-trôlés). �
Françoise Couic-Marinier
Docteur en pharmacie, Nancy (54)
marinier.françoise@wanadoo.fr
Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
À retenirIl ne faut surtout pas oublier de préciser
au propriétaire du chien que le métronidazole
peut entraîner une coloration brun-rougeâtre
des urines toute la durée du traitement.
© B
sip/
Ingr
am
Giardia intestinalis.
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