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Université Larbi Tébessi-Tébessa-
Faculté des Lettres et des LanguesDépartement de Lettres et langue française
Mémoire présenté en vue de l'obtention du diplôme de MasterOption: Sciences du langage et Didactique
Intitulé:
L’aménagement linguistique en Algérie entre un monolinguisme
de l’état et un plurilinguisme de la société
-Dans le contexte algérien-
Sous la direction de : Elaboré par l’étudiante :
M. KHELLAF Zouhir Mme .DOUICHINE Aida
Mai 2016
Remerciements Tout d’abord je loue le bon Dieu qui m’a donné le courage de réaliser ce modeste travail.
Je tiens à exprimer mes remerciements les plus vifs à mon directeur de recherche M. KHELLAF Zouhir pour ses inestimables conseils, sa précieuse assistance et sa patience à mon égard. Sans lui, ce travail n’aurait pas pu voir le jour.
Mes chaleureux remerciements vont également aux membres du jury qui ont accepté de lire et d’évaluer mon travail, ainsi que de participer à cette soutenance.
Un grand merci à tous mes enseignants durant mon cycle universitaire pour tout ce qu’ils offrent comme savoir.
Merci à tous.
DédicacesAvec l’aide de Dieu, j’ai pu réaliser ce
modeste travail, que je dédie à :
Mes chers parents que m’a donnés la volonté de poursuivre dans les moments
les plus difficiles.
A mon époux « Djamel »
A mon frère et son épouse et la petite « Bouthaina ».
A ma grande sœur et son époux et la belle « Kinza ».
A mes très chère petites sœurs « Amira »et « Abir ».
A mes grands-parents paternels et maternels.
A mes oncles, mes tantes et mes cousin(e)s.
A mes ami(e)s sans exceptions.
SommaireIntroduction générale.............................................................................................................07
PREMIER CHAPITRE : Cadre théorique
1-Aperçus historique sur l’aménagement linguistique.............................................................11
2-Définition de l’aménagement linguistique............................................................................12
3-Ses types et ses règles...........................................................................................................13
4-La politique linguistique.......................................................................................................16
5-L’aménagement linguistique /La politique linguistique.......................................................17
DEUXIEME CHAPITRE : Le parcours de l’aménagement linguistique en Algérie
1-Les grands axes de cet aménagement en Algérie.................................................................20
2-L’arabisation........................................................................................................................21
3-La francisation.....................................................................................................................23
4-L’arabisation/la francisation................................................................................................25
5-Le berbère............................................................................................................................27
TROISIEME CHAPITRE : L’échantillon
1-Présentation du l’échantillon ..............................................................................................31
2-Analyse des statistiques.......................................................................................................32
3-Interprétation des résultats...................................................................................................40
Conclusion.............................................................................................................................41
Références bibliographiques
Annexes
Introduction générale
L’aménagement linguistique est le domaine qui étudie la réglementation des langues par
l’Etat ou des organismes officiels. En Algérie cet aménagement a subi et continue de subir
des changements importants qui sont le résultat de la coexistence de plusieurs langues et
plusieurs variétés de langue, l’arabe (dialectal, classique), le français, le tamazight (le berbère,
le chaouie, le mozabite et le targuie).
La situation sociolinguistique de l’Algérie laisse apparaitre que l’arabe dialectal est une
langue maternelle majoritairement utilisée dans la vie quotidienne qui est minoré par le
discours politique officiel de l’Etat, mais l’arabe classique et le tamazight bénéficient d’une
place prestigieuse dans les institutions étatiques.
En Algérie l’aménagement linguistique et ses enjeux jouent un rôle très important dans la
société algérienne. C’est un sujet toujours d'actualité, plus de trente ans après l'instauration de
l'arabisation. Cet aménagement a suscité des conflits qui n'ont pas cessé de nourrir des
tensions entre arabisants et francisant dans l'Algérie.
L’État algérien a opté pour l'uniformisation de l'arabe standard moderne à l'échelle
nationale, mais sans tenir compte de la diversité ethnique de la population et du
multilinguisme (arabe algérien, tamazight, français et autres) qui caractérise le paysage
linguistique de l'Algérie. La question des langues est sensible en Algérie car le clivage entre
arabisants et francisant continue à nourrir des tensions entre les citoyens algériens d'origine
arabe et berbère. Ce travail vise à examiner le parcours de l'aménagement linguistique en
Algérie et à connaître les attitudes.
Nous présentons notre problématique de la diversité sociolinguistique par :
L’aménagement linguistique reflète-t-il vraiment les réalités linguistiques existante dans notre
pays ? Cet aménagement favorise-t-il des langues ou détriment des autres ?
Cette problématique, nous incite à promouvoir la recherche aux moyens d’hypothèses
pour répondre à notre question de recherche qu’on tente de confirmer notre travail : cet
aménagement ne donne pas de l’importance aux langues dialectales, langues locales (arabe
dialectal, kabyle, chaouie, mozabite et targuie).Aussi, une partie des algériens ne sont plus
satisfaits de la politique linguistique de leur Etat (cas de berbère en kabyle).Il y a une
différence entre la réalité linguistique dans la société algérien et la politique optée par l’Etat.
Il est dès lors important d’accorder une place prépondérante aux objectifs que nous
sommes assignés pour la réalisation de notre travail :
-En premier lieu, nous espérons pouvoir examiner le parcours de l’aménagement
linguistique.
-En deuxième lieu, nous essayerons de mettre en valeur la situation linguistique en
Algérie.
De là découle aussi le choix d’une autre piste, qui nous amène à pouvoir parvenir à vos
objectifs. Pour cela, nous opterons, dans un premier temps pour la méthode analytique qui se
repose sur l’apprentissage des langues et le parcours linguistique. Dans un second temps, nous
utiliserons la méthode descriptive, qui consiste à chercher dans la société algérienne la réalité
linguistique entre le monolinguisme de l’Etat et le plurilinguisme de la société.
Il faudra donc d’abord présenter le cadre théorique dans lequel s’inscrit ce mémoire, en
essayant de combiner entre les données théoriques et celles pratiques.
Dans le premier chapitre, qui est un chapitre conceptuel on trouve ; une définition de
l’aménagement linguistique, ses types et ses principes. Aussi, une définition de la politique
linguistique et une comparaison entre les deux.
Pour le deuxième chapitre qui est le parcours de l’ménagement linguistique en Algérie, on
trouve comme sous titres ; les grands axes de cet aménagement, l’arabisation, la francisation
et le tamazight.
Puis, dans la deuxième partie qui est la partie pratique de ce mémoire et qui se présente en
seul chapitre.
Le troisième chapitre est consacré pour le corpus ; présentation de questionnaire et
l’analyse des réponses de « 31 » citoyens algériens.
Enfin, une conclusion viendra reprendre l’essentiel des éléments avancés pour envisager
quelques pistes sociolinguistiques qui permettraient d’examiner le parcours de l’aménagement
linguistique et de mettre en valeur la situation sociolinguistique en Algérie.
PREMIER CHAPITRE :
Cadre théorique
1. Aperçus historique sur l’aménagement linguistique
La description de la situation linguistique nécessite une connaissance des changements
politiques, historiques et socioculturels.
On commence par un aperçu historique sur la naissance du concept aménagement
linguistique avec LOUBIER Christiane1 (Office de la langue française) :
Tout d’abord, le terme « language planning »inventé par EINAR Haugen2, utilisé pour
présenter les efforts de standardisation linguistique menés en Norvège.
Puis, la traduction du terme anglais en français ; « language planning » en « planification
linguistique ».
A la fin des années 60, la notion de « language planning » est reprise et élargie à tout type
d’intervention.
Ensuite, en Amérique du Nord, Québec ; le terme « language planning » est traduit
« planification linguistique ».
Les années 70, la naissance du terme « aménagement linguistique »sous l’influence du
linguiste CORBEIL Jean-Claude3.
Les sociolinguistes français Catalans donnent une autre appellation qui se base sur la
normalisation de la langue et la substitution de la langue.
Enfin, pour les sociolinguistes français de l’Université de Rouen4, qui substituent aux
termes « aménagement linguistique », « planification linguistique »et même de « politique
linguistique »celui de « glottopolitique ».
L’aménagement linguistique est un domaine qui relève généralement de l’Etat. Ce dernier
intervient dans le but d’assurer la planification institutionelle.Il a en effet le pouvoir de faire
des interventions systématiques et stratégiques visant assurer la transmission d’une langue et
d’une culture dans un territoire ou un pays donné. Cette planification a pour mission d’aider
les institutions (scolaires et autres) à respecter leur obligation en vertu des lois linguistiques
en vigueur selon les travaux du MAROUANI5
1LOUBIER, Christiane.Constribution à une théorie de l’aménagement linguistique.2002, thèse de doctorat en préparation, p, p1, 2,3.2EINAR,Haugen.Planning in Modern Norway and Anthropological Linguistique.Vol,n°3,p6.3CORBEIL, Jean-Claude. L’aménagement linguistique du Québec. Montréal, Guérin, 1980, p115.4Problème de glottopolitique.Actes du symposium international, 20-23 Septembre, 1985.Publier sous la direction de A, Withers, Rouen, Publication de l’Université de Rouen, p11.5MEROUANI, Nadia. Les enjeux de l’aménagement linguistique dans le milieu scolaire algérien.2009.106 page.(Mémoire),linguistique ,Québec à Montréal,2009,p,p1,2,3.
2. Définition de l’aménagement linguistique
L’aménagement linguistique étudie la réglementation des langues d’Etats qui peuvent
intervenir linguistiquement en plusieurs façons officiels c’est que ROBILLARD définit :
« Activité scientifique intégrant souvent des acquis pluridisci-
plinaires compte-tenu de complexité des moyens concrets
pour résoudre des problèmes linguistiques de toute nature ».6
Dans ce cas, l’aménagement linguistique chez les théoriciens n’a pas fait l’objet d’un
consensus. En fait les multiples emplois terminologiques attestent une importante différence
de perspective selon les collectivités.
L’expression « aménagement linguistique »véhicule une ambiguïté du
terme « linguistique »qui peut se référer tant à la langue-système qu’à l’usage de la langue qui
est une pratique effective. Ainsi, il serait facile de classer les pratiques d’aménagement
linguistique en séparant celles qui touchent « les systèmes linguistiques »de celles qui portent
sur « son usage ».
Mais une définition cohérente se doit d’articuler ces deux composantes en fonction d’un
objectif fondamental et plus général qui est « la régulation de l’usage des langues » c’est-à-
dire des pratiques langagières à l’intérieur d’un espace social donné. Il importe également de
prendre conscience que les pratiques d’aménagements linguistiques ne relèvent pas
uniquement de l’intervention sociolinguistique consciente et volontaire de certains acteurs
sociaux mais également « des phénomène d’autorégulations sociolinguistiques »qui résultent
des pratiques sociales(institutionnelles individuelles)sans qu’il y ait une intervention externe
sur l’usage des langues.
C’est dans cette perspective LOUBIER a retenu une définition générale d’aménagement
linguistique :
« Organisation des situations sociolinguistiques qui résulte de
6ROBILLARD, Didier. Aménagement linguistique. Sociolinguistique concept de base. Marie-Louise Moreau.MARADAGA.p36.
l’autorégulation et de la régulation externe de l’usage des
langues au sein d’un espace sociale donné ».7
3. Ses types et ses règles
3 .1. Ses types
L’aménagement linguistique peut se définir comme modificateur des langues qui concerne
leur « statut »ou leur « corpus ».
3 .1 .1. L’aménagement du statut
L’aménagement du statut linguistique (statut planning) d’une langue concerne l’ensemble
des mesures qu’un Etat décide d’adopter afin d’attribuer un statut spécifique sur son territoire.
Une langue peut avoir (entre autres) le statut de langue officielle, nationale, régionale,
étrangère ou privilégié c’est que déclare KAPLAN et BALDAUF.8
L’aménagement linguistique du statut définit les différentes sphères et les conditions
d’utilisation d’une langue dans ses rapports avec les autres langues. Il a traité aux facteurs
linguistiques externes bien que KLOSS9 affirme que ces distinctions théoriques prennent un
caractère artificiel dans la réalité de toute dynamique sociolinguistique, elles offrent
néanmoins un découpage pratique qui permet d’isoler et d’étudier les types d’intervention
retenus par les politiques linguistiques.
3.1. 2. L’aménagement du code
L’aménagement du code linguistique (corpus planning) a pour objectif que le
développement d’une variété de langue souvent pour la standardisation. Ce qui déclare
MAAMOURI10 qu’il s’agit de la doter d’outils et de moyen afin de lui assurer un maximum
de fonction dans la société.
7LOUBIER, Christiane.Constribution à une théorie de l’aménagement linguistique.2002, thèse de doctorat en préparation, p09.8KAPLAN, Robert et BALDAUF, Richard. Language planning: form practice to thèory.CLEVedon: Multilingual Matters.1997.p60.9KLOSS, H.Possibilities on Group Bilinguism.Québec, C, I, R, B.1969, p15.10MAAMOURI, Mouhamed.Language education and human development: Arabic diglossia and its impact on the quality of education in the Arab region. In Mediterranean Development Formum: HiumanDevelopment: Moving Forward Workshop (September 1998), p13.
L’aménagement du code peut selon KAPLAN et BALDAUF11 prendre différentes formes.
Il recouvre le domaine de l’intervention sur la langue elle-même. Ce type d’intervention a
traité aux actions destinées au développement de la langue dans ses principales composantes
lexicales, orthographiques, phonologiques, syntaxiques et grammaticales (langue générale et
langue technique) et il a traité aussi aux facteurs linguistiques internes.
Le terme « régulation externe »fait référence à l’aménagement du statut de la langue,
tandis que « l’autorégulation» c’est l’aménagement du code linguistique. Cela fait renvoie à la
distinction courante en théorie de l’aménagement entre l’aménagement du statut et
l’aménagement du code (statut planning/corpus planning).
3 .2. Ses règles
Selon CORBEIL l’aménagement linguistique d’une langue doit obéir à trois principes :
Le premier principe ; s’inscrit dans le cadre d’une théorie générale de l’usage linguistique.
Il porte sur l’analyse des fonctions de la langue, la distinction de la langue entre la
communication individualisée versus la communication institutionnalisée dans une théorie
globale qu’il vise l’intégration des comportements sociaux mais surtout institutionnels.
Comme elle déclare MEROUANI12 ; que les communications institutionnalisées sont plus
susceptibles pour donner un portait très juste de la situation linguistique et non les
communications individualisées. La communication institutionnalisée se fait à travers la
langue d’enseignement et l’enseignement de la langue, l’administration du publique et toutes
les institutions économiques et commerciales.
Le contrôle de la langue des institutions est primordial dans toute entreprise de
modification d’une situation linguistique ;
« Dangereux de faire peser le changement linguistique sur les
individus. Leur responsabilité en la matière est limitée ».13
11Op.cit.KAPLAN, Robert et BALDAUF, Richard.1997.p60.12 MEROUANI, Nadia. Les enjeux de l’aménagement linguistique dans le milieu scolaire algérien.2009.106 page. (Mémoire), linguistique, Québec à Montréal, 2009, p, p16, 17,18.13CORBEIL, Jean-Claude. L’aménagement linguistique du Québec. Montréal, Guérin, 1980, p116.
C’est-à-dire que les individus exagèrent la responsabilité pour des changements
significatifs à une situation linguistique.
Le second principe ; définit les caractéristiques de « la situation cible » à propos de là, une
étroite collaborative entre les linguistes afin qu’ils puissent faire des choix politiques éclairés
pour ensuite pouvoir légiférer en conséquence.
Pour mieux expliquer le rôle suivant de l’Etat est d’informer la population du bien-fondé
de ces choix ce qui constitue le succès de sa politique linguistique.
L’approche sectorielle est particulièrement dangereuse pour réduire la politique
linguistique à un seul domaine comme celui de l’éducation dans la plupart des cas risqué de
susciter des réactions négatives dans la population.
Le troisième principe c’est la stratégie qui consiste la transition d’une situation donnée à
une situation cible. Il oriente quatre facteurs fondamentaux :
Le facteur temps d’abord, a pour la réalisation efficace des travaux de terminologie de la
construction du matériel pédagogique indispensable ainsi que pour la formation des cadres.
Puis, le mode de contrôle du processus qui étudie le changement d’assurer la continuité de
la politique linguistique et de son application.
Ensuite, les travaux nécessaires à sa mise en place qui vise la situation cible qui implique
le partage des tâches et la préparation du matériel pédagogique.
Enfin, les ressources financiers nécessaires de la mise en place de la nouvelle politique
linguistique au sein de tous les organismes et ministères.
4. La politique linguistique
La politique linguistique traduit par un ensemble de décisions qui peuvent prendre
plusieurs niveaux sociales : Etat, entreprise, organisation, groupe, etc.Se définit selon
CALVET ;
« La politique est l’ensemble des choix conscients effectués
dans le domaine des rapports entre langue et vie ».14
D’après ce sens n’importe quel groupe peut élaborer une politique linguistique.
Une politique linguistique peut être implicite ou une fonction symbolique ; c’est qu’un
Etat peut déclarer une langue officielle qui n’avoir aucun moyen à sa disposition pour mettre
cette politique en application ou il peut juger législation linguistique particulière et pour
même utile de mettre en œuvre la panoplie de stratégies et des moyens.
La politique linguistique en Algérie fait la mise en place par l’Etat ; elle pose
l’Arabisation qui tend à promouvoir et à généraliser l’utilisation de la langue arabe, dans
toutes les institutions étatiques dans le but d’une unification nationale et d’un rattachement
culturel au monde arabo-musulman.
« L’expression politique linguistique est souvent empoilée en
relation avec celle de planification linguistique : tantôt elles
sont considérées comme des variantes d’une même désign-
ation tantôt elles permettent de distinguer deux niveaux de
l’action du politique sur la/les langue(s) ».15
Il s’agit donc d’un ensemble de principes, de lois, de règlements, d’institutions et de
pratiques, adopté à travers le temps qui guide et appuie l’action gouvernementale.
5. L’aménagement linguistique /La politique linguistique
La distinction entre « l’aménagement linguistique » et « la politique linguistique » n’est
pas de pure forme. Ces deux termes englobant trouvent tous concrétisation spécifique d’ « une
politique » ou « des politiques ».
14CALVET, J-L.Sociolinguistique.PUF.Collection Que sais-je ? Paris.1993, p.p111 ,112.15BOYER, H. Sociolinguistique : territoires et objet.Delachaux, Laussane.1996, p23.
« L’aménagement linguistique », « la politique linguistique », ces deux termes n’étaient
pas des synonymes, c’est une tendance forte à converger vers une conceptualisation distingue
la politique voire que les englobes dans l’aménagement pour CALVET :
« La politique linguistique est la détermination des grands
choix en matière de relation langues, société et sa mise
en pratique est la planification ».16
La même distinction chez BOYER17 qu’il explique l’utilité de développement d’avantage.
Cette distinction fait appel à des phénomènes sociolinguistiques très actifs qui peuvent être la
conséquence indirecte ou détournée d’autres sphères sociopolitiques (économie, éducation,
etc.).
La planification linguistique et l’action linguistique peuvent dépendre et provenir de
politiques non linguistiques (économiques, éducatives, juridiques, etc.)qui affirme
ROBILLARD :
« Pour certains auteurs, politique linguistique est synonyme
d’aménagement linguistique».18
La politique linguistique algérienne. Ce n'est pas un hasard si, depuis l'indépendance, la
généralisation de l'utilisation de la langue arabe semble une situation provisoire qui perdure.
Pour les linguistes, toute politique qui encourage la coexistence linguistique ne peut que
promouvoir un esprit de compréhension et de tolérance. En ce sens, la diversité des langues
dans un cadre national peut représenter un atout, pas nécessairement une malédiction. Après
plus de cinq décennies d'arabisation, les dirigeants algériens ne semblent pas avoir compris le
message. Ils ont préféré recourir à la coercition pour arabiser la société, sinon l'islamiser
davantage, afin de s'assurer le soutien des islamistes et autres conservateurs pour tenir
l'ensemble des Algériens sous leur contrôle.
16Op.cit. CALVET, J-L.1993, p.p111, 112.17 Op.cit.BOYER, H.1996, p24.18ROBILLARD, Didier. Aménagement linguistique. Sociolinguistique concept de base. Marie-Louise Moreau. MARADAGA, p229.
On constate que l’aménagement des langues est bien plus présente dans le pays ; l’arabe
comme langue officielle, le berbère comme langue national.
En même temps, les deux langues parlées par le peuple, l'arabe algérien et le berbère, sont
soit niées soit méprisées au profit de l'arabe littéraire que personne ne parle, comme langue
maternelle, à l'exemple des ministres. Dans cette perspective, le terme de demi-échec pour
qualifier la politique de l'arabisation algérienne serait presque un euphémisme.
Par ailleurs, les échanges internationaux imposent aux algériens la maitrise d’autres
langues.
DEUXIEME CHAPITRE :
Le parcours de l’aménagement
linguistique en Algérie
1. Les grands axes de cet aménagement en Algérie
L’Algérie est un pays africain, situé entre le Maroc et la Tunisie, se montre sur le bassin
Méditerranéen, s’ouvre sur la Méditerranée sur une large façade maritime, ce qui favorise les
échanges culturels, économiques, linguistiques et sociaux. Le nom de l’Algérie en arabe
est Al-Djazâ'ir, c’est-à-dire «royaume de Ziri». Elle est peuplée depuis l’antiquité par les
berbères. Elle a été influencée par des multiples civilisations anciennes en raison de son
emplacement stratégique, elle a connu de nombreuses invasions comme celle des Phéniciens,
des Carthaginois, des Romains, des Vandales, des Byzantines, des Turcs, Espagnoles et des
Français. Les berbères constitués de grades tribus indépendantes les unes des autres furent les
plus anciens à installer en Afrique du Nord.
Depuis le IIème siècle après J.C, ils ont resté fortement en Carthage et en Rome, mais sans
succès puisque l’empire Romain a réussi à étendre sa puissance sur tout le territoire Numide
qu’il a transformé en une grande province .Du IIème siècle jusqu’au IVème siècle la Numidie a
connu l’invasion des Vandales, après celle de Romain.
Au Vème siècle le royaume a été envahi par les Byzantins qui l’ont occupé brièvement car
ils ont été vaincus par les Arabes venus de Péninsule Arabique dans le but de répandre
l’Islam, d’islamiser et d’arabiser le Maghreb.
De toutes ces conquêtes, celle des arabes est la plus longue et la plus marquante.
« l’édification de Okba Ben Nafàa,en 674,d’un grand pôle de
royaumes culturel et scientifique à Kairouan constitue un
point de départ pour la future conquête de l’ouest de l’Afri-
que du Nord »19
Les berbères ont résisté face à l’invasion des Arabes qui ont réussi finalement à dominer
le Maghreb. A l’instar de Tarek Ibn Ziad qui conquit l’Espagne et l’Andalousie, quelques
berbères furent convertis à l’Islam. Les dynasties arabo-berbères ont fini par décliner puis
disparaitre.
Selon BENRABAH, la délatinisation et l’arabisation ne se sont pas faites du jour au
lendemain. Ce fut un long processus pendant lequel les deux langues ont d’abord coexisté, 19QUEFFELEC et al. Le français en Algérie. Lexique et dynamique des langues. Louvain : Duculot.2002, p12
puis le latin a disparu progressivement. Dans les montagnes, des propagandes visaient à
convertir les montagnards berbères, par le biais des mosquées et des missionnaires récitant les
versets du « Coran ».
« Allah a transmis son message au prophète Mouhamed comme
un idiome devin »20
Très vite, la langue arabe fut considérée comme sacrée puisqu’elle véhiculait l’Islam.
2. L’arabisation
L’arabe appartient à la famille des langues sémitiques telles que l’Akkadien, l’Araméen la
Sudarabique, l’Hébreu et quelques langues Ethiopiénnes.Selon quelques grammairiens et
linguistes arabes, son existence dans la Péninsule Arabique remonte à quelques siècles avant
la naissance du prophète « Mouhamed » en 570 après J.C.
En Algérie, il existe deux variétés de l’arabe. L’arabe « classique » , est une variété haute,
prestigieuse, réservée pour l’usage officiel et l’arabe « dialectal » , une variété basse, minorée
par les politiques linguistiques mais pratiquée par la majorité des algériens
« L’articulation de la région sur la langue arabe classique con-
fère à cette dernière une dimension de sacralité qui toujours
présente, institue des rapports de nature existentielle et mys-
tique entre l’homme et l’instrument de communication »21
2.1. L’arabe classique
La langue officielle de l’Algérie, considérée comme un pays arabo-musulman,
est « l’arabe classique ».C’est la langue du l’Islam, la langue du Coran.
20 BENRABAH, Mouhamed.Langue et pouvoir en Algérie : Histoire d’un traumatisme linguistique. Paris : Séguier.1999, p33.21Op.cit. QUEFFELEC et al.2002, p33.
En plus de sa fonction religieuse, l’arabe classique est utilisé notamment dans
l’enseignement, dans l’administration publique et dans d’autres institutions de l’Etat.
« Cette langue étant perçue et considérée comme composante
essentielle de l’identité du peuple algérien est en quelque
sorte le ciment de l’unité nationale »22
L’arabe classique, c’est la langue de l’instruction, de l’enseignement religieux, c’est la
référence et l’outil symbolique de l’identité arabo-musulman.
« L’arabe classique », a une variété qui est « l’arabe standard moderne ». L’arabe
classique rejoint le statut de langue écrite .Il est enseigné à l’école depuis la première année de
l’école primaire par le biais de Coran. Cette langue ne subissant aucune modification notoire
est restée non seulement la langue du Coran mais aussi de la poésie et de la littérature arabo-
musulmane.
En ce qui concerne la variété « arabe standard moderne », qui est dérivée de « l’arabe
classique », elle est le résultat de l’ouverture du monde arabo-musulman sur le monde
occidental, les sciences et les colonisations européennes. La variété standard dite
également « moderne », « médian »,assez éloignée de l’arabe classique est reconnue à
l’emprunt aux langues étrangères tels que le français et l’anglais avec un vocabulaire
modernisé qu’on trouve dans les administrations algériennes, la justice, la presse (écrite et
télévisée) la vie politiques, ainsi que d’autres domaines comme l’histoire, la géographie,
l’éducation civique, la technologie et la biologie etc.
« Son espace d’utilisation s’élargit sans cesse et s’ouvre sur
de multiples domaines, tels l’informatique, l’enseignem-
ent des matières scientifiques, univers autrefois réservé
exclusivement à la langue française ».23
22ZABOOT, Tahar. Un code switching algérien : le parler de Tizi-Ouzou. Thèse de doctorat, Université de la Sorbone.1989, p80.23Ibid. ZABOOT, Tahar.1989, p75.
2.2. L’arabe dialectal
« L’arabe dialectal » également dit « arabe algérien » ou « langue maternelle » utilisé par
85℅ de la population algérienne est la langue du quotidien des algériens et de leur première
socialisation comme l’explique TALB-IBRAHIMI, qui considère que la langue constitue la
première socialisation linguistique de la communauté de base .L’arabe dialectal se distingue
du parler des villes et du parler rural. Il y a une très grande intelligibilité entre les différents
parlers dialectaux locaux.
« L’arabe dialectal », a l’appellation de « l’arabe populaire », il est utilisé dans les
lieux publics : la rue, les jardins, les stades …, il est employé dans des situations de
communications informelles, intimes : en famille avec les amis etc.
« Sous l’Empire Otman, l’arabe dialectal algérien a acquis une
très grande vitalitée ».24
C’est-à-dire que cette langue n’est ni codifiée, ni standardisée, c’est une langue essentielle
pour l’oral mais utilisée parfois à l’écrit (la poésie, le théâtre, la chanson …etc.).
3. La francisation
Le français a été introduit en Algérie en 1830.La langue française a été la seule langue
qui possède un statut officiel, reconnue par l’Etat colonial aux fins de mise en place de toutes
institutions.
« Sa diffusion a été le plongement logique de la domination
coloniale et des divers politiques linguistiques et culture-
lles mises en place à partir de 1830 en substitution à la
langue et à la culture arabe ».25
24BENRABAH, Mouhamed.Langue et pouvoir en Algérie : Histoire d’un traumatisme linguistique. Paris : Séguier.1999, p42.25QUEFFELEC et al. Le français en Algérie. Lexique et dynamique des langues. Louvain : Duculot.2002, p36.
Le français est un outil de travail important pour les algériens, que ce soit sur leur lieu de
travail, à l’école ou même dans la rue. Il garde toujours son prestige dans la réalité algérienne
et en particulier dans le milieu intellectuel, malgré le fait que l’Algérie soit le seul pays du
Maghreb non membre de l’Organisation internationale de la francophonie.
La langue française bénéficie d’une place à la fois symbolique et linguistique. Elle n’est
pas uniquement un héritage de cent-trente-deux ans de colonisation, elle est présentée dans la
société algérienne grâce à ce qu’on appelle « l’éclatement des frontières ».
Pendant la période coloniale, l’enseignement de la langue française avait pour but de
former un nombre important d’indigènes, pour exercer l’administration coloniale.
Après l’indépendance, l’enseignement du français a été renforcé, donnant lieu à des
situations de bilinguisme, voire même de trilinguisme chez les locuteurs algériens maitrisant
l’arabe, le tamazight et le français. Actuellement, le français est enseigné comme seconde
langue à partir de la 3ème année primaire.
Officiellement, le français en Algérie est une langue étrangère qui dispose d’un statut
privilégié. C’est la langue de travail dans certaines administrations publiques et privées et la
langue des filières technologiques (scientifiques/techniques) à l’université.
Dans les masses médias, la langue française occupe une position importante, aussi bien
dans la radio (Alger chaine trois) que dans la télévision (canal Algérie) et dans la presse écrite
de nombreux quotidiens rédigés en français (El Watane, El moudjahid, Liberté, Le Soir
d’Algérie …), mais ZABOOT déclare que :
« Après les événements d’octobre 1988, il y a eu la création de
100 titres de journaux dont 75℅ sont d’expression arabe dans
sa variété codifiée ».26
La société algériennes considère cette langue comme un acquis à conserver et qui permet
l’ouverture sur le monde extérieur et voire en la francophonie une autre manière de vivre
l’universalité.
26MOATASIM, Ahmed. Arabisation et langue française au Maghreb, un aspect sociologique des dilemmes du dévellopement.Paris : Presses Universitaires de France.1992, p35.
4. L’arabisation/Le francisation
Avant le parler de l’arabisation en Algérie, il est important de mentionner la politique de
la francisation durant l’époque coloniale afin de comprendre le bilinguisme de fait
(arabe /français) qui est toujours en vigueur en Algérie. La situation linguistique en Algérie a
connu deux périodes très importantes.
4. 1. La période coloniale
En Algérie, durant cette période, c’est la langue arabe qui dominait tous les domaines de
la vie. Cependant, dans la vie quotidienne, en plus l’arabe dialectal il y avait aussi le turc dont
l’utilisation a été limitée en dehors d’Alger et même parmi les Ottomans, dans les régions qui
ont une relation directe avec les musulmans et également dans les administrations officielles.
Lorsque les français arrivent en Algérie en 1830, c’étaient les zaouïas et les medersas qui
dispensaient un enseignement religieux exclusivement en langue arabe. Ces dernières ont été
transformées par la suite en écoles pour enseigner la langue française qui a profondément
marqué l’Algérie. MORSLY Dalila déclare à ce sujet:
« Le terme francisation désigne « le choix de la langue française »
(politique) et les efforts mis en œuvre pour encourager
les pratiques en langue française (aménagement) ».27
Dès le début de l’occupation française, les français ont commencé par la traduction. Le
générale MARECHAL Peugeot a posé deux conditions pour régner l’Algérie et gouverner
son peuple : enseigner la langue arabe aux français et les obliger à s’intéresser à la langue
arabe, au même titre que les algériens dans le but d’introduire la langue française dans les
écoles coraniques et confier son enseignement à des professeurs français. Ils ont suivi aussi
la politique d’interdiction qui a duré 70 ans en Algérie, ils ont pensé, en effet, imposer des
agents et des fonctionnaires pour l’apprentissage du la langue arabe aux français.
27MORSLY, Dalila. Langue française en Algérie. Aménagement linguistique et mis en œuvre des politiques linguistiques. Revue de l’aménagement linguistique n°107, p83.
Les français ont adopté l’enseignement de la langue arabe, sachant que sans sa maitrise,
ils leur seraient difficiles de traiter avec les algériens, imposer son autorité, sinon dominer.
4 .2 .La période post-coloniale
Après plus de 40 ans d’indépendance, la politique d’arabisation fait encore beaucoup de
mécontents parmi la population. L’arabisation est :
« Le fait d’arabiser de donner un caractère (social, culturel)
arabe ».28
L’apprentissage de la langue arabe obligatoire dans tous les niveaux de l’enseignement
similaire en Tunisie et au Maroc dans le Masherq arabe. Contrairement à ces pays qui ont
conservé leurs repères identitaires, l’Algérie a vu ses repères effacés par la colonisation.
La liberté absolue d’une éducation libérale c’est-à-dire une éducation gratuite, l’éducation
d’arabe qui a été pratiqué par les scientifiques association, qui a été soumis à la persécution
administrative duré comme Michelle 1933 et Rainer 1935, il est connu que les autorités
françaises avaient été considérés la langue arabe comme une langue étrangère en Algérie.
« La réintroduction du bilinguisme dans l’enseignement à tous
les niveaux, une modernisation de la pédagogie et la substit
ution d’une formation civique à un endoctrinement islamiste ».29
L’enseignement de la langue arabe, pratiqué par l’association des Oulémas musulmans
algériens insistait sur le droit au respect de la langue, reflet de la culture et de la personnalité
algérienne. Tous les principes de base de la constitution l’ont d’ailleurs affirmé. Dans ses
discours Ibn Badis a souvent exigé la liberté entière pour apprendre l’arabe .Ce fut le slogan
de l’assemblée et sa principale exigence.
Le paysage linguistique en 1962 était largement dominé par le français. C’est la langue
utilisée dans l’administration omniprésente dans l’environnement et diffusée dans un système
28ROBERT, Paul. Le nouveau Petit Robert de la langue française.Paris.Le Robert.2004, p5429GRAND-GUIAUME, Gilbert. L’arabisation au Maghreb. Revue de l’aménagement linguistique, no 107, 2004, p35.
d’enseignement en voie d’expansion. L’école algérienne devint ainsi un lieu par excellence
d’inculcation de la culture arabo-musulman aux jeunes générations algériennes. Cette période
est la période post-coloniale, celle qui a connu la première vague d’arabisation en 1962 juste
après l’indépendance de l’Algérie.
« La génération de l’utilisation de l’arabe rendant obligatoire
l’emploi de cette langue à partir du 5 juillet 1992 ».30
5. Le berbère
L’appellation « berbère » fut en premier lieu utilisée par les Romains pour désigner les
habitants de l’Afrique du Nord, dont ils ne comprenaient pas la langue. Les berbères
constituent l’un des premiers peuples ayant occupé l’Afrique du Nord du pays, au sud-est et
au sud. Les variétés du berbère sont: le Kabyle, le Chaouie, le Mozabite et la Targui.
En Algérie, le berbère se présente sous forme de quatre dialectes à savoir : le Kabyle,
pratiqué dans le Nord, précisément dans les wilayas de Tizi-Ouzou, Bejaia et Bouira.Le
Chaouie, utilisé dans les Aurès, massif montagneux de l’Algérie méridional. Le Mozabite,
employé dans le Nord du Sahara Algérien, notamment dans la principale ville Ghardaia.
Enfin, le Targui, pratiqué dans le Sahara, le sud du pays et le massif du Hoggar peuplé par
« les hommes bleus ».
La langue des berbères, nommé également « barbaros »qualifie tout homme étranger par
extension « sauvage », « non civilisé ».A travers le temps, le terme a subi des modifications
pour arriver à la désignation des habitants d’Afrique du Nord, mais les berbères préfèrent
l’appellation du « Imazighene »qui signifie « homme libre ».
Concernant le nombre des berbérophones, il est difficile d’avancer des chiffres exactes
vue l’absence des recensements linguistiques systématiques.
Après l’indépendance, dans le but d’une unification nationale, la langue berbère comme
l’arabe dialectale a subit l’impact de la politique de l’arabisation classique.
30Op.cit.GRAND-GUIAUME, Gilbert.2004, p34.
Le tamazight est employé dans les zones rurales ou les locuteurs sont exclusivement
berbèrophones. GOUMAIDA31 déclare que les berbères sont majoritairement bilingues : ils
parlent le berbère et l’arabe dialectal. Les scolarisés, faisant partie de la deuxième et la
troisième génération (depuis l’indépendance de l’Algérie) sont même quadrilingues : ils
parlent le berbère, l’arabe classique, l’arabe dialectal et le français.
« Le berbère n’a jamais bénéficiée ni de mesure administratives
ou politiques, ni de conditions matérielles pouvant favoriser
son développement, ce qui a poussé les berbérophones à rev-
endiquer un statut officiel pour leur langue »32
Le berbère, bien qu’il soit présent dans les pratiques journalières des locuteurs
berbérophones et vivaces dans leurs communications quotidiennes, ne bénéficie pas d’un
statut privilégié.
Dans les années 1980 les berbérophones mécontents de la condition de leur langue,
demandent que le berbère soit reconnu comme langue nationale et officielle du pays, une
revendication qui impliquerait son utilisation dans tous les domaines de la vie publique. Ce
mouvement de revendication linguistique s’appelle « le printemps berbères ».
L’année 1989 a connu une série d’actions de masse qui ont abouti à des négociations entre
le Président de la République et le Mouvement Culturel Berbère(M.C.B).En 1991 plusieurs
grèves générales ont eu lieu, des manifestations d’une grande ampleur à Tizi-Ouzou, Bejaia et
Alger, suivies d’un boycott scolaire général en septembre 1994 et d’autres manifestations
sanglantes .En 2001 on eu lieu les événements du « printemps noir », appellation donnée aux
émeutes violentes qui ont éclaté en Kabylie.
« Le tamazight a été effectivement introduit à l’école algérienne,
plus précisément dans les régions berbèrophones. »33
31GOUMAIDA, Linda. Compétence socioculturelle: problèmes épistémologiques et didactiques (le cas de l'Algérie). Montpellier, Sciences du langage, Paul Valery Montpellier III, 1999, p47.32 ZABOOT, Tahar. Un code switching algérien : le parler de Tizi-Ouzou. Thèse de doctorat, Université de la Sorbone.1989, p5033Ibid.GOUMAIDA,Linda.1999, p471.
Toutes ces revendications, adoptées par les berbérophones ont abouti à la Création d’un
Haut-commissariat à l’Amazighité en 1995, pour l’enseignement de la langue berbère dans
plusieurs écoles du pays.
Le tamazight est reconnu langue nationale dans la constitution de 2OO2 l’Algérie devient
ainsi le premier pays à donner un statut constitutionnel à la langue berbère, jusqu’a le 6
janvier 2016 le tamazight est reconnu comme une langue officielle dans l’avant projet de la
nouvelle constitution.
TROISIEME CHAPITRE :L’échantillon
1. Présentation du l’échantillon
La situation linguistique en Algérie est très complexe, elle se caractérise par la présence
de plusieurs langues. En effet cette complexité du paysage linguistique est due à son histoire
et sa géographie.
L’Algérie à subit des différentes conquêtes, celle-ci ont engendré l’existence de plusieurs
codes linguistiques : la langue tamazight, arabe et française ce qui nous mène à dire que
l’Algérie se caractérise par une situation de plurilinguisme.
Après l’indépendance, la langue arabe est devenue la langue officielle et nationale.
L’Algérie a mis en place l’arabisation par le biais du système éducatif que cette langue tend à
s’imposer dans de différents secteurs tels que l’administration, l’enseignement supérieur, la
presse et les masse médias.
La langue tamazight est la langue maternelle d’une communauté importante de la
population algérienne, elle est principalement utilisée en Kabylie, les Aurès, d’autres régions
du Sahara. C’est une langue essentiellement orale.
Le français, langue imposée aux algériens par le pouvoir colonial, elle est la première
langue étrangère, elle est largement utilisée dans les médias, la presse écrite, l’enseignement,
dans les secteurs industriels, commerciaux, économiques et même administratifs, elle est
privilégiée par rapport aux autres langues étrangères.
Ce questionnaire est destiné à 31 citoyens algériens du nord au sud, de l’est à l’ouest. Il est
destiné aussi à tous les niveaux, instruit, cultivé et non cultivé. A tous les âges, des adultes,
des jeunes et des adolescents.
Ces citoyens qui maitrisent les différentes langues, d’autres parlent la langue maternelle
qui est l’arabe, d’autres connaissent le français et le tamazight qui se trouve en quelques
régions du pays. Notre gouvernement chasse l’ignorance et ouvre les portes même pour les
âgés afin qu’ils puissent maitriser la langue arabe : « la langue officielle dans l’Algérie ».
Dans ce questionnaire les réponses varient entre le sexe, l’âge, le niveau et l’appartenance
géographique.
2. Analyse de statistiques
-Sexe:
* D’après les recherches, le sexe masculin domine le sexe féminin. L’homme reste le moteur
de la famille.
Masculin Féminin
61.3% 38.7%
-Age :
* Les réponses des adultes sont plus précieuses et intelligentes.
Les adultesLes jeunesLes adolescents
Entre 31 ans et 61 ans.
4.96%
Entre 21 ans et 30 ans.
2.79%
Entre 16 ans et 20 ans.
1.86%
-Lieu de naissance :
* Les citoyens demeurant les grandes villes sont plus cultivées que les autres villes grâces à
l’environnement et aux outils de communications dont ils disposent.
Nord Sud Est Ouest
Alger-Tipaza-Tizi-
Ouzou-Blida-
Bouira-Boumerdes.
Adrar-Tamanrasset-
Ghardaïa-Ouargla-
Bechar-Tindouf-
M’sila-Biskra.
Tébessa-Guelma-El
Taraf-Batna-
Annaba-Jijel-Sétif-
El Oued-SoukAhras.
Oran-Telemcen-
Tiaret-Mascara
-Langue maternelle :
Arabe Kabyle Chaouie Mozabite Targuie
5.85% 1.24% 1.55% 0.62 0.62%
* La langue dominante est l’arabe. Le berbère et le targuie ont aussi leur importance.
-Dans quelle mesure vous savez parler la langue arabe ?
* Le peuple algérien parle la langue maternelle (l’arabe) l’arabe dialectale et l’arabe classique.
Très bien Bien Un peut Pas du tout
83.9% 3.2% 0% 0%
-Dans quelle mesure vous savez parler la langue française ?
*La langue française existe en Algérie depuis 1830 donc, la majorité des algériens parlent et
maitrisent cette langue surtout les adultes plus que les jeunes.
Très bien Bien Un peut Pas du tout
32.3% 48.4% 9.7% 0%
-Dans quelle mesure vous savez parler la langue kabyle ?
*La langue kabyle existe avant la langue arabe en Algérie spécialement dans quelques régions
du pays, mais elle n’est pas répandue, c’est une langue nationale.
Très bien Bien Un peut Pas du tout
9.7% 6.5% 6.5% 67.7%
-Dans quelle mesure vous savez parler d’autres langues ?
*Pour les autres langues il y a la langue targuie qui répandue au sud de l’Algérie. On ce qui
concerne le chaouie il est plus utilisé dans les régions de l’est.
Très bien Bien Un peut Pas du tout
12.9% 3.2% 6.5% 67.7%
-Dans quelle mesure vous savez écrire la langue arabe?
*La plupart des algériens savent écrire en arabe car tout le peuple est musulman.
Très bien Bien Un peut Pas du tout
87.1% 3.2% 0% 0%
-Dans quelle mesure vous savez écrire la langue française?
*On trouve la majorité des peuples algériens savent écrire en français spécialement chez les
âgés.
Très bien Bien Un peut Pas du tout
38.7% 35.5% 16.1% 0%
-Quand parlez-vous la langue arabe à la maison?
*C’est notre langue maternelle c’est pourquoi la totalité des algériens parlent l’arabe dont
leurs deux variétés (classique/dialectal).
Toujours Parfois Quelques fois Pas du tout
71% 3.2% 9.7% 6.5%
-Quand parlez-vous la langue française à la maison?
*La langue française est une partie de notre pays surtout dans notre dialectal pour cela la
majorité parle cette langue.
Toujours Parfois Quelques fois Pas du tout
6.5% 19.4% 29% 35.5%
-Dans la société parlez-vous la langue arabe?
*L’arabe c’est la langue le plus utilisé dans la société parce que l’Algérie est un pays
arabophone.
Toujours Parfois Quelques fois Pas du tout
74.2% 9.7% 6.5% 0%
-Dans la société parlez-vous la langue française?
*La langue française a quelques emprunts dans notre arabe dialecte.
Toujours Parfois Quelques fois Pas du tout
6.5% 25.8% 16.1% 41.9%
-L'arabe doit être utilisé dans tous les domaines de la vie est-ce que vous êtes?
*La majorité des gens qui ont été questionné sont d’accord pour la langue arabe dans tous les
domaines de la vie.
D’accord Désaccord Je ne sais pas
67.7% 22.6% 0%
-Si vous aviez le choix, vous suivrez tous vos cours arabe et en français?
*La plupart des gens qui ont questionné souhaitent faire tous les études en arabe et en
français.
D’accord Désaccord Je ne sais pas
29% 35.5% 25.8%
-L'arabe comme langue maternelle en Algérie est-il importante?
*Tous les gens pensent que la langue arabe c’est la langue maternelle et a plus d’importance
que les autres langues.
-L'utilisation du la langue française en Algérie risque de diminuer la langue arabe?
*La langue française ne risque pas de diminuer la langue arabe car c’est la langue maternelle
et la langue du coran aussi.
-Les gens qui étudient la langue française ont la chance d'avoir un bon travail?
*Les gens qui ont été questionné pensent que la langue française ne leur offre pas un bon
travail.
-La connaissance de berbère, de l'arabe et de français (trilinguisme) en Algérie est une
source de fierté?
*Les citoyens questionnés sont pour la connaissance de berbère, de l’arabe et de français pour
eux c’est une source de fierté car le peuple algérien aime les variations dans le domaine de
communication surtout.
Nombre de réponses quotidiennes
3. Interprétation des résultats
D’après les analyses, nous avons effectué que le sexe masculin domine un taux de
61.3%.Les statistiques montrent que la moyenne d’âge entre 25 ans et 42 ans.
La langue arabe, reste la langue officielle de l’état algérien,
La langue française est une langue juge utile dans le quotidien des algériens en général
et dans le contexte des étudiants en particulier, elle est nécessaire puisque c’est la langue du
savoir, de la technologie et la communication.
Quant à la langue tamazight reste une langue locale propre à une minorité de la
population, il faut l’améliorer et l’intégrer dans les différents secteurs.
Les résultats prouvent aussi que la langue parlée est l’arabe dialectale, plus que la
langue française qui demeure une langue étrangère et secondaire et le tamazight avec ses
variés (le kabyle, le chaouie le mozabite et le targuie).
Conclusion
L’apprentissage d’une langue est un processus qui aboutit au niveau de la pensée, du
comportement à un changement relativement permanent, résultant de l’expérience et de la
pratique.
Pour conclure notre travail, nous avons amorcé ce mémoire en décrivant la problématique
mère autour de l’aménagement linguistique entre le monolinguisme de l’Etat et le
plurilinguisme de la société en Algérie. Cette dernière se traduit par l'arabisation des
institutions, notamment dans la société. D'ailleurs, à ce jour, l'arabisation n'est pas complétée
et rencontre beaucoup de difficultés pour sa mise en application.
Le marché linguistique algérien a subi et continue de subir des changements importants
qui sont le résultat de la coexistence de plusieurs langues et plusieurs variétés de langue,
l’arabe (dialectal, classique), le français, le tamazight (le berbère, le chaouie, le mozabite et le
targuie). On constate que l’aménagement des langues est bien plus présent dans le pays par
ailleurs, les échanges internationaux imposent aux algériens la maitrise d’autres langues
En guise de réponse préalable à notre problématique nous avons signalé que le statut de
l’aménagement linguistique en Algérie influence l’Etat à déterminer les attitudes et les
comportements socio-langagiers des citoyens algériens.
Chaque fois l’Etat cherche à améliorer l’aménagement du système langagier de notre
pays. Les citoyens sont eux même concernés de chercher les possibilités de réussite dans tous
les domaines de vie spécialement dans la communication.
L’Etat et le peuple favorisent l’aménagement linguistique des langues de notre pays
l’arabe, le français, le tamazight (le berbère, le chaouie, le mozabite et le targuie).La majorité
des algériens sont satisfaits de cet aménagement.
Notre mémoire a eu pour objectif d’examiner le parcours de l’aménagement linguistique
et de mettre en valeur la situation linguistique en Algérie, le plurilinguisme en Algérie
pourrait être une vraie motivation. L’harmonie entre les différents dialectes constitue une
véritable richesse pour la société algérienne.
Dans la partie théorique, nous avons présenté la situation sociolinguistique de l’Algérie
afin de cerner le bain linguistique dans lequel baignent nos citoyens pour mieux comprendre
le parcours de l’aménagement linguistique et la situation sociolinguistique dans notre pays.
Nous avons ensuite défini l’aménagement/ la politique linguistique et les représentations
sociolinguistiques de l’Etat/les citoyens qui se basent sur plusieurs critères ; l’appartenance
géographique, (Nord, Sud, Est, Ouest), le sexe (homme, femme), l’âge (adolescent, jeune,
adulte, vieille) et le niveau de formation (cultivé, analphabète). Cette recension nous amenée
à construire un cadre conceptuel pour mieux cerner notre problématique.
Pour la partie pratique de notre mémoire qui est le questionnaire destiné aux citoyens
algériens de différentes cultures et niveaux. On commence par l’analyse de statistiques et les
résultats d’après toutes les questions et les réponses ,on constate que les gens parlent et
maitrisent la langue arabe avec ses deux variations (l’arabe dialectale, l’arabe classique) plus
que la langue française qui est la langue de colonisateur qui reste en Algérie plus de cent-
trente-deux ans et aussi le tamazight (kabyle, chaouie, mozabite et targuie), qui existe en
différents pays de l’Algérie. Ces langues sont secondaires mais l’arabe reste toujours
prioritaire parce qu’elle est la langue maternelle et la langue du coran.
Enfin, chaque peuple a sa propre langue et sa croyance. Comme si bien l’a dit notre
prophète-Que le salut soit sur lui- : «Quiconque apprend la langue d’un peuple sécurise leur
méchanceté ».L’apprentissage des langues est indispensable pour la communication et pour
s’exprimer.
La langue française occupe toujours une place fondamentale dans notre société et dans
tous les domaines : social, économique, éducatif .Cette langue sans être officielle elle
véhicule l’officialité et l’ouverture à la mondialité.
La langue arabe est la langue maternelle. Elle appartient à ceux qui la parlent et à ceux qui
l’écrivent. Cette langue coexiste de toute évidence avec d’autres langues institutionnelles ou
non institutionnelles.
Référencesbibliographiques
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Annexes
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