(e)Réputations et identités numériques : vers une nouvelle forme d’autorité ?

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Présentation réalisée lors du séminaire ADN à la MSH de Nancy (avril 2014)

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(e)Réputations et identités numériques

Vers une nouvelle forme d’autorité ?

Camille Alloing – CEREGE – 2014

Problématiques de la recherche

Comment définir les sources faisant autorité surdes thématiques ?

Comment identifier les informations évaluéescomme crédibles, expertes ou pertinentes par lespublics visés ?

Et ce pour favoriser une congruencecommunicationnelle avec les publics, développer laconfiance dans les relations, la notoriété desproduits…

Le numérique questionne ces notions

Autorité informationnelle (Broudoux, 2007) : processus de légitimation de

l’in-formation dans « l’ordre imprimé »

Sur le web : « autoritativité » (Broudoux, 2003)

Quels processus de filtrage ? Quels gatekeepers (Cardon, 2010) ?

Le numérique questionne ces notions

Google, par exemple, fait glisser la notion d’autorité vers cellede popularité (Le Deuff, 2006)

Ce qui est pertinent est ce qui est visible et accessible

La notoriété devient facteur de l’expertise (Alloing et Moinet)

Et quid de la confiance si celle-ci « n’est pas soluble dans les algorithmes » ? (Serres, 2012)

La place de la réputation

• La réputation englobe ces différentes notions : notoriété, popularité,autorité, expertise, confiance…

• Question : la réputation dans un environnement numérique est-elle unfacteur de la pertinence d’une source ou d’une information ?

• Voire un élément donnant du sens aux informations diffusées et àl’agir des usagers des dispositifs sociotechniques ?

• Mais la réputation repose sur des définitions non-admises de tous(Boistel, 2008) qu’il convient de clarifier

La réputation

En économie : besoin d’approbation et de coopération (Smith),appui aux choix stratégiques (Weigelt et Camerer)

En sociologie : processus social (Lazarsfeld, Merton, Bourdieu),indicateur de légitimité (Shapiro), et objectivation sociale dutalent (Becker)

En gestion : perception des actions d’une entité et résultantede l’ensemble des images (Fombrun), réaction affective etémotionnelle (Davies), ressource intangible (Dowling)

La réputation comme évaluation ?

En SIC : « La réputation est la valeur informationnelle de nosactions, la trace de notre conduite que nous laissonsinévitablement dans les opinions des autres à chaque fois quenous interagissons avec le monde social, et qui oriente leursactions vis-à-vis de nous » (Origgi, 2007)

Par définition : la réputation comme un calcul et un ensembled’opinions

La réputation comme une évaluation des opinions et par l’opinion : la réputation comme méta-opinion

La réputation comme évaluation ?

Opinion = jugement d’évaluation avec régime de vérité qui luiest propre (Quéré)

Toutes les opinions ne se valent pas (Bourdieu) : non pas « uneréputation » mais des réputations en fonction des groupesconstruisant socialement la réputation

La réputation comme acte de communication soulève aussi la question de l’intentionnalité : pourquoi évaluer ?

La réputation comme mécanisme d’évaluation et d’agencement des opinions au sein d’un groupe

Et sur le web ? L’e-réputation par ses praticiens

Apparition de la notion « d’e-réputation » en France en 2006, puisdéveloppement par les praticiens

Des définitions et approches essentiellement opératoires, focalisées sur lesoutils, et mettant au centre la notion floue d’image

De nombreuses pratiques normées : surveillance systématique, analyse dessentiments, nettoyage, référencement, opinions « neutres »…

Et sur le web ? L’e-réputation par ses praticiens

Un marché en plein essor… Voire une industrie : développement de process,délocalisation, financiarisation (Pierre, 2011)

L’e-réputation comme notion écran ?

Pourtant : nombreux débats publics, et objet de recherche (mais pas théorisé)depuis les années 2000 par le prisme de la confiance et desdispositifs(McDonald 2000 ; Dellarocas, 2000 ; Hogg, 2004 ; Hung, 2012)…

L’e-réputation comme objet informationnel et documentaire

L’e-réputation comme une information venant appuyer des choix (stratégiquespour une organisation)

L’e-réputation comme objet informationnel et documentaire

L’e-réputation comme constituée de l’ensemble des indicateurs issus de lacommensuration d’interactions intentionnelles endogènes ou automatisées :productions d’opinions, notations ou encore agir des publics.

Indicateurs venant former le « paysage réputationnel » de l’entité à laquelleils s’attachent

L’e-réputation comme objet informationnel et documentaire

Ces indicateurs participent à laredocumentarisation de la présencenumérique d’une entité et à sacontextualisation pour des publicsspécifiques

L’e-réputation donne du sens aux documents numériques traitant d’une entité, et permet à cette entité une possible herméneutique des opinions produites à

son encontre

L’e-réputation comme objet informationnel et documentaire

L’e-réputation apparait comme un attribut identitaire servant de marqueurprescriptif et favorisant la médiation

La place de l’identité numérique

• L’identité numérique est au centre de la notion de réputationnumérique

• Plusieurs approches possible de cette notion : expressiviste (Denouël),Sémiotique (Georges), design de la visibilité (Cardon), documentaire(Ertzscheid, Merzeau)

• Comme la réputation, non pas une mais des identités numériques(Stenger et Coutant)

• Voire une présence numérique ?

• Ou même un territoire de « marque »

La place de l’identité numérique

L’e-réputation comme un attribut de la présence d’une entité… Mais aussi issuede ces attributs (récursion)

Présence sous l’emprise des plates-formes… Et plates-formes s’appuyant surl’activité des usagers pour personnaliser/contextualiser les résultats qu’ellesproposent

Pour les usagers, ces indicateurs et attributs deviennent une « connait-sens » etfavorisent la validation, l’appropriation et le partage de connaissances

Vers une « autorité réputationnelle » ?

• L’autorité informationnelle n’intègre pas les activités produisant desindicateurs réputationnels (méta-éditorialisation, hiérarchisation,algorithmes, etc.)

• L’idée « d’autorité réputationnelle » englobe l’autorité informationnelle,mais vise à articuler :

• La présence numérique d’une entité

• Les indicateurs et marqueurs de réputation qui lui sont attachés

• Les processus de prescription « ordinaires » de l’information numérique (filtres)

• Le prisme des publics : confiance, crédibilité, popularité, expertise voire« influence »

• Si l’autorité informationnelle permet l’in-formation, « l’autoritéréputationnelle » vise quant à elle à « mettre en forme » les opinionsportant sur une entité ou un objet

• Intégration des aspects affectifs et de croyance propres à l’opinion

Application à l’infomédiation sociale

Comment collecter des informations et leur donner du sens en se défaisant del’emprise des systèmes de computation des plates-formes (approchephénoménologique) ?

Identification, définition et intégration à un dispositif de veille d’agents-facilitateurs

• Filtres de l’information pour la constitutions d’opinions et la productiond’indicateurs

• Captation d’informations jugées pertinentes par les publics

Conclusion : apports pour l’apprentissage

• Les étudiants développent de nouvelles aptitudes informationnelles :navigation au sein du paysage réputationnel produit par les entreprises,« confiance » dans les algorithmes, consommation de l’information parprescription…

• Comment capter les informations qui tous les jours participent à leursreprésentations du monde social ?

• Proposition d’identification d’agents-facilitateurs pour permettre auxenseignants une meilleure adéquation

• Comment favoriser leur utilisation des plates-formes numériquesuniversitaires pour l’acquisition de savoirs ?

• Réflexions sur la production de profils à « l’autorité réputationnelle »pertinente

Merci de votre attention

alloingcamille@gmail.com - @caddereputation

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