Effets de l'exploitation forestière sur communautés forestières du Cameroun

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Cette route, qui traverse une forêt près du village de Payo, a été tracée par une entreprise forestière sans le consentement de la communauté locale. Des maisons et des moabis (des arbres dont les femmes cueillent les fruits pour les vendre) ont été détruits au passage. Cela illustre parfaitement les conséquences de l'exploitation forestière que subissent les communautés, sans en voir les bénéfices.

Une femme de Lomié montre les fruits de moabis qui ont été abattus par une entreprise forestière locale.

Daniel, chef du village de Payo.

Daniel se trouve dans une salle de classe, à l'école locale de Payo, qui ne compte que quatre enseignants pour environ 200 enfants. Si la communauté ne perçoit pas les revenus de l'exploitation forestière qui lui sont dus, deux enseignants seront licenciés.

Le bâtiment qui abrite l'école de Payo n'est qu'à moitié construit et tombe en ruines. L'ironie de la situation est qu'une grande quantité de bois est récoltée localement, mais celui-ci est transporté au loin par les entreprises forestières et les villageois ne possèdent pas les équipements de base nécessaires pour fabriquer des meubles.

Les femmes de Payo sont très inquiètes pour l'avenir de leurs enfants.

La scolarisation de cet enfant est en jeu. Si la communauté perçoit sa part de la redevance forestière, l'éducation pourrait lui offrir un tout autre avenir.

Une vie gâchée par l'insécurité économique à Payo.

Les habitants de Payo ne bénéficient que très peu de l'exploitation des forêts qui les entourent.

Le bois quitte l'est du Cameroun. Selon l'Organisation internationale du commerce du bois (International Timber Trade Organisation), l'industrie forestière du Cameroun a produit environ 2,7 millions de mètres cubes de bois coupé en 2014. Celui-ci a été exporté en majorité sous forme de produits forestiers primaires, avec une valeur à l'exportation excédant 700 millions de dollars sur la seule année 2014.

Du bois coupé illégalement et abandonné au bord de la route.

Les populations locales vivent dans la pauvreté, en dépit de l'abondance des ressources naturelles qui les entourent.

Selon le Programme alimentaire mondial, huit millions de personnes (sur une population de 21 millions d'habitants) vivent sous le seuil de pauvreté au Cameroun, la majorité d'entre elles résidant dans des zones rurales.

Selon l'UNESCO, les personnes vivant dans les zones rurales du Cameroun ont 50 pour cent de chances en moins d'être scolarisées que les populations des zones urbaines.

Des femmes assistent à une réunion pour discuter de la façon dont la communauté peut entamer un dialogue avec l'entreprise forestière pour améliorer leur situation.

Ce pont près du village de Messamena a été financé par les redevances des entreprises forestières. Les habitants s'interrogent cependant sur son coût réel et se demandent si l'argent a été dépensé correctement. Le besoin d'une plus grande transparence sur les revenus issus de l'exploitation forestière se fait clairement sentir.

Le bois a été transformé en charbon. À défaut de percevoir leur juste part des revenus issus de l'exploitation forestière, les populations doivent trouver d'autres moyens de gagner leur vie. Cet homme s'est tourné vers le commerce du charbon. Il brûle les restes de bois donnés par l'entreprise forestière pour en faire du charbon et le vendre.

La loi des finances de 2017 du Cameroun a promis que 6,75 pour cent des taxes payées par les entreprises forestières au gouvernement seraient reversés aux communautés forestières. Ceci est cependant loin d'être suffisant pour garantir un avenir décent à ces enfants de Messamena.

Malgré la pauvreté et l'adversité, les habitants de Messamena gardent espoir...

... qu'un jour prochain, le droit des populations à bénéficier de leurs forêts sera respecté.

L'UE et le gouvernement camerounais doivent soutenir l'appel lancé par les communautés forestières pour obtenir une part équitable des revenus issus de l'exploitation forestière.

Cela implique : • de modifier la législation pour leur accorder au

minimum dix pour cent des redevances forestières;

• de permettre aux communautés d'accéder aux informations pour savoir où et comment l'argent est dépensé;

• d'aider les communautés à gérer leurs fonds de manière responsable et à assurer leur propre développement durable.

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