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Un promoteur rachète le terrain d’Ilford Marly • La société Anura SA, présidée par le promoteur Damien Piller, acquiert une parcelle de 115'000 m2sur le site de l’entreprise. Elle compte bâtir un projet immobilier, qui verra le jour dans trois ou quatre ans. Le terrain vendu s’étend des rives de la Gérine en direction de l’église de Marly. © Corinne Aeberhard 28/08/2013 Donnée pour morte il y a un mois, la société Ilford est en bonne voie de guérison. Hier après midi, son directeur général, Paul Willems, a annoncé la cession d’une partie (115'000 m2) des 370'000 m2 qu’occupe l’entreprise sur son site de Marly. Une opération destinée à lui rapporter les liquidités qui lui faisaient cruellement défaut jusque-là. Si la vente de cette parcelle était attendue, le nom de l’acheteur, lui, est une surprise. Il s’agit en effet de la société Anura SA, présidée par l’avocat et promoteur Damien Piller, bien connu dans le milieu immobilier fribourgeois. «J’ai été abordé par la direction d’Ilford il y a deux semaines. Rapidement convaincu de l’importance stratégique de ce terrain, j’ai acquis un droit d’emption, assorti d’une promesse d’achat», note Damien Piller. Le prix de la transaction n’est pas communiqué. Ballon d’oxygène Cette dernière procure toutefois un sacré ballon d’oxygène à la société marlinoise, qui, selon Paul Willems, dispose désormais des 10 millions de francs nécessaires non seulement pour verser les salaires d’août et des mois suivants, mais aussi pour financer le plan social mis en place après la restructuration annoncée la semaine

Damien Piller, un promoteur rachète le terrain d’Ilford

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Page 1: Damien Piller, un promoteur rachète le terrain d’Ilford

Un promoteur rachète le terrain d’Ilford Marly • La société Anura SA, présidée par le promoteur Damien Piller, acquiert une parcelle de 115'000 m2sur le site de l’entreprise. Elle compte bâtir un projet immobilier, qui verra le jour dans trois ou quatre ans.

Le terrain vendu s’étend des rives de la Gérine en direction de l’église de Marly. © Corinne Aeberhard 28/08/2013

Donnée pour morte il y a un mois, la société Ilford est en bonne voie de guérison. Hier après midi, son directeur général, Paul Willems, a annoncé la cession d’une partie (115'000 m2) des 370'000 m2 qu’occupe l’entreprise sur son site de Marly. Une opération destinée à lui rapporter les liquidités qui lui faisaient cruellement défaut jusque-là. Si la vente de cette parcelle était attendue, le nom de l’acheteur, lui, est une surprise. Il s’agit en effet de la société Anura SA, présidée par l’avocat et promoteur Damien Piller, bien connu dans le milieu immobilier fribourgeois.

«J’ai été abordé par la direction d’Ilford il y a deux semaines. Rapidement convaincu de l’importance stratégique de ce terrain, j’ai acquis un droit d’emption, assorti d’une promesse d’achat», note Damien Piller. Le prix de la transaction n’est pas communiqué.

Ballon d’oxygène Cette dernière procure toutefois un sacré ballon d’oxygène à la société marlinoise, qui, selon Paul Willems, dispose désormais des 10 millions de francs nécessaires non seulement pour verser les salaires d’août et des mois suivants, mais aussi pour financer le plan social mis en place après la restructuration annoncée la semaine

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passée. En d’autres termes, cette somme permet à l’entreprise de tenir le coup jusqu’à ce que, redimensionnée, elle redevienne rentable.

Anura acquiert donc une parcelle de 115000 m2 (dont 15000 m2 doivent être mis à disposition de la commune de Marly), s’étendant des rives de la Gérine en direction de l’église de Marly, à l’est des murs de la société. Elle comprend le centre de loisir d’Ilford, un bâtiment protégé, ce dont il faudra tenir compte pour son réaménagement. Car, on le sait, la commune de Marly s’est engagée à faire passer ce terrain en zone résidentielle. «Nous allons confier un mandat parallèle à plusieurs bureaux d’architecture ou d’urbanisme, de façon à présenter le meilleur projet immobilier. Du choc des idées jaillit la lumière», affirme Damien Piller. Qui espère voir les premiers engins de chantier sur le terrain dans trois ou quatre ans.

Ni lui ni Jean-Marc Boéchat, conseiller communal de Marly en charge de l’aménagement du territoire, ne sont en mesure d’indiquer le nombre de logements qui seront construits. «Nous allons repenser le centre du village en intégrant ce nouvel élément», précise l’élu communal, heureux, tout comme le syndic Jean-Pierre Helbling et le conseiller d’Etat Beat Vonlanthen, de la solution trouvée pour affecter ce terrain – et ainsi probablement sauver l’entreprise.

Insolvabilité Pour mémoire, Ilford Imaging Switzerland est en proie à de grosses difficultés financières qui ont éclaté au grand jour au début de juillet. En situation d’insolvabilité, la société est finalement rachetée par Paul Willems et le directeur financier, Jean Marc Métrailler. S’ensuit une course contre la montre des deux dirigeants pour la sauver. La vente d’une partie du site est rapidement évoquée. Parmi les acheteurs potentiels figure la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat de Fribourg (CPPEF), qui étudie le dossier. Dans le même temps, la direction recherche de nouveaux investisseurs pour pérenniser l’entreprise.

La semaine passée, elle annonce une restructuration qui biffera une centaine d’emplois sur 230 – dont 66 par des licenciements. Dans le même temps, des contacts se nouent avec une société de distribution japonaise afin que celle-ci entre dans le capital d’Ilford. «Les discussions se passent bien, et je me rendrai la semaine prochaine au Japon pour les concrétiser», annonce Paul Willems. Le spectre de la faillite – une audience est prévue avec le juge le 16 septembre – s’éloigne donc.

Au contraire de la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat de Fribourg, Anura SA avait l’avantage de pouvoir décider très rapidement de l’achat de ces terrains.

Amertume cantonale Reste que Claude Schafer, l’administrateur de la CPPEF, est amer. «Ce n’est pas très fair-play de la part d’Ilford, de ne pas nous avoir avertis qu’il y avait d’autres acheteurs potentiels. C’est à la suite des démarches de la CPPEF que la Banque cantonale de Fribourg a été d’accord de payer les salaires de juillet. Notre comité devait se réunir ce jeudi pour décider de l’opération. Deux jours avant, nous apprenons que le terrain est vendu à un promoteur. Ce n’est pas très cavalier», indique-t-il.

Damien Piller précise qu’il est ouvert à un partenariat avec la CPPEF lorsque son projet se concrétisera. Claude Schafer se borne à commenter que la caisse analysera la situation au moment voulu. I

François Mauron

Source : http://www.laliberte.ch/grandfribourg-sarine/un-promoteur-rachete-le-terrain-d-ilford