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LA GAZETTE GÉOLOCALISÉE DU FESTIVAL / NUMÉRO 2 / SAMEDI 14 MARS 45 O 11‘ NOR D/ 5 O 42‘ EST GÉOPOLITIQUE DU GOÛT QUAND LA POLITIQUE DIVISE LES HOMMES, LA BONNE TABLE LES RÉUNIT Lorsque Talleyrand, émissaire français au Congrès de Vienne de 1815, tente de sauver le pays du courroux des princes européens, il emmène avec lui Antonin Carême, connu comme “le roi des chefs et le chefs des rois”. Grâce à son talent, celui- ci subjugue le Tout-Vienne, qui chaque soir vient déguster ses mets. Le vin, la bonne chère délient alors les langues et chaque matin, Talleyrand connait déjà tous les complots, toutes les intrigues qui concernent la France. De 1815 à 2015, peu de choses ont changé : la saveur gustative transcende toujours la parole politique brute. Mais aujourd’hui, le sujet d’étude est reconnu à sa juste valeur. e Economist utilise, le premier, le terme “gastrodiplomatie” en 2002 dans un article sur la aïlande. Pour une nation, il s’agit de promouvoir une image de marque grâce à sa gastronomie. Le patrimoine culinaire devient ainsi un véritable soſt power, capable d’attirer les touristes autant que les investisseurs. Des offensives gastrodiplomatiques sont d’ail- leurs menées : la Malaisie envoie des food trucks aux Etats-Unis quand la aïlande met à disposition de ses cuisiniers des budgets et des formations pour s’installer à l’étranger. La diplomatie culinaire se joue quant à elle dans les salons privés. Elle s’y déguste plutôt : le terme désigne l’utilisation des repas dans un contexte intergouverne- mental, pour mieux faire digérer un accord. Négocier le ventre plein de douces ripailles facilite souvent les choses. C’est aussi le moyen de faire passer un “message non verbal”, d’après la chercheuse Ales- sandra Roversi, intervenante à la table ronde sur la géopolitique du goût. Table sans frontière A cette même table ronde, Gilles Bragard, créateur du Club des Chefs des Chefs - qui réunit les cuisiniers des dirigeants du monde entier -, partage une anecdote truculente. Un jour, plusieurs chefs du Club rassemblent des cuisiniers et des familles israéliennes et palestiniennes aux côtés de Shimon Peres. Quand Gilles Bragard, dans un piquant discours, affirme qu’un jour, peut-être, ces familles s’inviteront à dîner, un silence glaçant s’installe. Puis, d’un coin de la salle, quelqu’un commence à applaudir. Le rire se diffuse et “la cuisine devient un symbole de paix, dépassant les frontières”. Comme disait Talleyrand, “donnez-moi de bons cuisiniers, je vous ferai de bons traités”. Et si certains s’en inspiraient ? [email protected] (@LyliaB92) [email protected] (@Natheraud) [email protected] (@nathanmergy) [email protected] (@violaine_prior) Si la majorité change, la nouvelle coalition relancera les négociations de paix. Le désir d’aboutir à la création de deux Etats sera renforcé. Mais cela est-il possible ? Personne ne le sait. 3 questions à bernard guetta, journaliste > Quel espoir pour la création d’un Etat palestinien après les élections législatives en Israël ? Elle est claire et suicidaire. Il veut res- tituer ce que furent l’empire des tsars puis l’Union soviétique. Il rompt avec les occidentaux et se retrouve en tête à tête avec la Chine. > Après la crise en Ukraine, quelle est la stratégie de Vladimir Poutine ? Oui et on les a aussi exploitées. Les empires coloniaux ont mêlé des populations aux origines, religions et cultures différentes afin de mieux régner. > Les différences culturelles et eth- niques ont-elles été assez prises en compte lors du traçage des frontières ? + Souvenez-vous Un 14 mars Dans la nuit du 14 au 15 mars 1978, l’armée israéli- enne lance l’opération Litani et envahit le Liban pour la première fois. Le but ? Éliminer les bases palestiniennes de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) du pays du Cèdre. L’OLP commandite des attaques en direction d’Israël. Cette intervention se soldera par la mort de 1 186 civils libanais et la dégradation de 82 villages. L’ONU adopte alors une résolution exigeant le retrait immédiat de l’État hébreu. Israël retire ses troupes du Liban en avril 1978 mais maintient une ceinture de sécurité jusqu’en mai 2000. Il l’a dit OLIVIER ANTOINE, EXPERT À L’IPSE “ Dans le conflit israélo-pal- estinien, les voies d’eau sont maîtrisées en amont, par les Israéliens. S’ils coupent l’eau, ils font mourir les agricultures pal- estiniennes. La maîtrise de l‘eau dans le plateau du Golan n’est pas un hasard.”

N°2 de la gazette géolocalisée du festival de géopolitique de Grenoble

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ST GÉOPOLITIQUE DU GOÛT

QUAND LA POLITIQUE DIVISE LES HOMMES, LA BONNE TABLE LES RÉUNITLorsque Talleyrand, émissaire français au Congrès de Vienne de 1815, tente de sauver le pays du courroux des princes européens, il emmène avec lui Antonin Carême, connu comme “le roi des chefs et le chefs des rois”. Grâce à son talent, celui-ci subjugue le Tout-Vienne, qui chaque soir vient déguster ses mets. Le vin, la bonne chère délient alors les langues et chaque matin, Talleyrand connait déjà tous les complots, toutes les intrigues qui concernent la France.

De 1815 à 2015, peu de choses ont changé : la saveur gustative transcende toujours la parole politique brute. Mais aujourd’hui, le sujet d’étude est reconnu à sa juste valeur. The Economist utilise, le premier, le terme “gastrodiplomatie” en 2002 dans un article sur la Thaïlande. Pour une nation, il s’agit de promouvoir une image de marque grâce à sa gastronomie. Le patrimoine culinaire devient ainsi un véritable soft power, capable d’attirer les touristes autant que les investisseurs. Des offensives gastrodiplomatiques sont d’ail-leurs menées : la Malaisie envoie des food trucks aux Etats-Unis quand la Thaïlande

met à disposition de ses cuisiniers des budgets et des formations pour s’installer à l’étranger.

La diplomatie culinaire se joue quant à elle dans les salons privés. Elle s’y déguste plutôt : le terme désigne l’utilisation des repas dans un contexte intergouverne-mental, pour mieux faire digérer un accord. Négocier le ventre plein de douces ripailles facilite souvent les choses. C’est

aussi le moyen de faire passer un “message non verbal”, d’après la chercheuse Ales-sandra Roversi, intervenante à la table ronde sur la géopolitique du goût.

Table sans frontière

A cette même table ronde, Gilles Bragard, créateur du Club des Chefs des Chefs - qui réunit les cuisiniers des dirigeants du monde entier -, partage une anecdote truculente. Un jour, plusieurs chefs du Club rassemblent des cuisiniers et des familles israéliennes et palestiniennes aux côtés de Shimon Peres. Quand Gilles Bragard, dans un piquant discours, affirme qu’un jour, peut-être, ces familles s’inviteront à dîner, un silence glaçant s’installe. Puis, d’un coin de la salle, quelqu’un commence à applaudir. Le rire se diffuse et “la cuisine devient un symbole de paix, dépassant les frontières”. Comme disait Talleyrand, “donnez-moi de bons cuisiniers, je vous ferai de bons traités”. Et si certains s’en inspiraient ?

[email protected](@LyliaB92)

[email protected](@Natheraud)

[email protected](@nathanmergy)

[email protected](@violaine_prior)

Si la majorité change, la nouvelle coalition relancera les négociations de paix. Le désir d’aboutir à la création de deux Etats sera renforcé. Mais cela est-il possible ? Personne ne le sait.

3 questionsà bernard guetta, journaliste

> Quel espoir pour la création d’un Etat palestinien après les élections législatives en Israël ?

Elle est claire et suicidaire. Il veut res-tituer ce que furent l’empire des tsars puis l’Union soviétique. Il rompt avec les occidentaux et se retrouve en tête à tête avec la Chine.

> Après la crise en Ukraine, quelle est la stratégie de Vladimir Poutine ?

Oui et on les a aussi exploitées. Les empires coloniaux ont mêlé des populations aux origines, religions et cultures différentes afin de mieux régner.

> Les différences culturelles et eth-niques ont-elles été assez prises en compte lors du traçage des frontières ?

+Souvenez-vous Un 14 mars

Dans la nuit du 14 au 15 mars 1978, l’armée israéli-enne lance l’opération Litani et envahit le Liban pour la première fois. Le but ? Éliminer les bases palestiniennes de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) du pays du Cèdre. L’OLP commandite des attaques en direction d’Israël. Cette intervention se soldera par la mort de 1 186 civils libanais et la dégradation de 82 villages. L’ONU adopte alors une résolution exigeant le retrait immédiat de l’État hébreu. Israël retire ses troupes du Liban en avril 1978 mais maintient une ceinture de sécurité jusqu’en mai 2000.

Il l’a dit OLIVIER ANTOINE, EXPERT À L’IPSE

“ Dans le conflit israélo-pal-estinien, les voies d’eau sont maîtrisées en amont, par les Israéliens. S’ils coupent l’eau, ils font mourir les agricultures pal-estiniennes. La maîtrise de l‘eau dans le plateau du Golan n’est pas un hasard.”

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ST L’ETAT ISLAMIQUE ET LA FRANCE

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[email protected](@ArualEsamad)

des hôpitaux détruits

40 %

La Syrie en chiffres

des lumières éteintes

depuis 2011

83 %de chute du PIB

depuis 2011

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mortsdepuis 2011

210 000

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de Syriens ont fui à l’étranger

4millions

d’enfants privés d’école

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personnesemprisonnées et toujours en

détention

17 000

!news

Nigéria : L’armée et ses alliés régionaux assurent avoir enregistré des victoires majeures contre Boko Haram dans le nord-est du pays, ces dernières semaines.

Espagne : démantèlement d’un vaste «réseau interna-tional de trafic de stupéfiants», en lien avec plusieurs pays d’Europe et d’Amérique latine.

Pakistan : L’armée annonce avoir testé pour la première fois un drone de fabrication locale armé d’un missile. Le but : attaquer les talibans et les combattants d’Al-Qaïda.

Sélect’10h20 : David Gauzere,Les “émirats djihadistes” : du supranational au pragmatisme national (Salle 303, GEM)14h : Gérard-François Dumont, Pierre Verluise Quelles frontières pour l’Eu-rope? 19h : Sylvain Kassap Musique : “Murs et frontières” (Salle F104, GEM)

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