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3 B. D. : en Toscane, donc entre macadam et campagne. Quand on est citadin on a tou- jours besoin de visiter une ville. Si Paris était un personnage, quelle relation auriez-vous ? P. P. : ce serait une muse. B. D. : amour-haine, une ville que je fuis et que je retrouve avec bonheur. La qualité de Paris que vous appréciez ? P. P. : sa beauté, c’est un ravissement. Le défaut de Paris que vous regrettez ? P. P. : j’aimerais que les gens soient plus sou- riants, c’est mon côté Bisounours ! B. D. : oui, Paris manque d’allégresse, on gagnerait à être plus cool. Si Paris était un parfum… P. P. : café, pain au chocolat. B. D. : Paris ne sent pas bon, trop de pollu- tion. Le nez n’est pas ravi, l’œil oui. Si Paris était une saveur… P. P. : un demi pression au bar ! B. D. : un goût bitumeux, d’asphalte quand on refait les trottoirs. re gar d 2 Parlez-nous du banc d’école “Saint Sulpice” ? On l’a créé pour Eric Chevallier, qui l’a ima- giné pour la première boutique Carven de la rue Saint-Sulpice, il est en vente désormais chez Colette. C’est le banc traditionnel que tout le monde a connu dans les grands cou- loirs sous les vestiaires. Un défi de plus après le mobilier du yacht pour Marc Newson, le fauteuil d’Hedi Slimane pour Dior ou les chaises de Starck pour le Royal Monceau. Quelle est votre autre actualité ? L’exposition Sophie Taeuber Arp, la première femme d’Arp, à la galerie de Sèvres (4, place André Malraux, 75001) à côté de la Comédie Française, en septembre. On réédite ses étagères de 1928 d’une modernité stupéfiante. Et aussi les petits miroirs en Inox de François Mangeol, un garçon formidable. On aime parier sur des jeunes talents. L’édition c’est notre passion ! Que vous évoque la rentrée des classes ? Philippe Pérès : cette idée de doute, dans quelle classe va-t-on être, avec quel prof ou quelle maîtresse, va-t-on retrouver ses copains… ou copines ! L’achat du cartable, des fournitures Si vous étiez un monument parisien… P. P. : le jardin du Palais-Royal, on est entre le XVII e siècle et Buren et on n’entend rien. B. D. : un jardin public, où les gens viennent se reposer. Ça me rappelle la chanson de Dutronc “C’était un petit jardin, qui sent bon le Métropolitain”… Si vous étiez un objet… P. P. : une chaise de Donal Judd, le minima- liste américain. Qu’est-ce que vous emporteriez de Paris sur une île déserte ? P. P. : la librairie Chemin des Arts, rue Hermel dans le XVIII e , son propriétaire m’a beau- coup apporté en art contemporain. Le livre permet l’évasion. La première chose que vous faites en arrivant à Paris ? P. P. : j’appelle pour dire que je suis bien arrivé ! B. D. : je fais un détour par le Pont-Neuf et la passerelle des Arts et je me dis “ça y est, je suis rentré !”. Une journée parfaite à Paris ? P. P. : un petit déjeuner avec Sophie Arp, un déjeuner avec Tim Burton – et m’aperce- voir avec soulagement qu’il parle parfaite- ment bien français ! – puis retrouver mes amis le soir pour me remettre de mes émotions. L’imaginaire est essentiel. B. D. : une journée sans programme, basée sur l’allégresse et où l’on prend le temps de se pro- mener à pied comme dans un grand village où il y aurait plein de choses à visiter, se poser au bord de la Seine, aller voir une expo, un pote. Votre dernière émotion forte à Paris ? P. P. : glisser sur une plaque d’huile en moto. P. P. & B. D. : sinon l’expo Monumenta d’Anish Kapoor. Vous êtes déformé, décomposé, il a le don de vous donner une émotion. Votre plus beau souvenir dans l’exercice de votre métier ? Tout simplement de vivre au quotidien un métier qu’on aime, c’est un rêve. Parfois on parle de nous comme de sages-femmes. On accouche les créateurs grâce à notre savoir-faire. Le dernier livre, film, pièce de théâtre ou expo qui vous a touché ? P. P. : le dernier Woody Allen et surtout La Séparation, le film iranien présenté à Cannes. B. D. : la pièce Ma chambre froide de Joël Pommerat au théâtre de l’Odéon, ça m’a scot- ché, il a une approche de la mise en scène proche du cinéma. Si vous n’étiez pas Parisien… P. P. : Bécon-les-Bruyères… où j’habite ! B. D. : j’habiterai dans le Lot, pas trop envahi par les m’as-tu-vu et il y a un vrai climat, froid l’hiver, chaud l’été. Si vous n’aviez pas fait ce métier… P. P. : éditeur de livres d’art. B. D. : comédien, je l’ai été à une période. Qu’est-ce que vous n’avez pas encore réalisé et dont vous rêvez ? P. P. : le prochain projet ! On a la chance depuis 15 ans de toujours faire ce qui nous semble intéressant. B. D. : faire le tour de la Terre… en 80 jours… ou prendre une année sabbatique et sympa- thique ! Vos adresses incontournables à Paris ? Chez Fernand. Un restaurant super tradi- tionnel, le patron a une gouaille pas possi- ble. 9, rue Christine, 75006. Tél. 01 43 25 18 55. Silencio. Le club de David Lynch dont on a fini le mobilier. 142, rue Montmartre, 75009. Colette. Parce qu’elle nous est fidèle depuis toujours. 213, rue Saint-Honoré, 75008. Tél. 01 55 35 33 90. Vos jardins secrets, les lieux où vous aimez vous ressourcer ? P. P. : les collections permanentes de Beaubourg et du musée d’Art Moderne et les expos du Jeu de Paume. B. D. : le Louvre – j’habite à côté – et des jar- dins, les Tuileries pour pique-niquer face au Louvre et le jardin André Citroën dans sa partie friche. Ça me rappelle un jardin de banlieue où j’allais traîner enfant. 3 dates clés 1994 : on s’est rencontré en covoiturage en travaillant pour la même boîte. Février 1996 : création des Ateliers Domeau & Pérès. 2005 : nomination et promotion Chevaliers des Arts et des Lettres. On a commencé dans un box de garage ici sous nos ateliers actuels à la Garenne-Colombes, on n’aurait jamais imaginé en arriver là ! scolaires. Mais aussi l’angoisse de la rentrée. Bruno Domeau : quand on est petit on a une per- ception des choses plus primaire, plus proche du sol. On voit tout en contre-plongée et on lève les yeux au ciel. On a une géographie différente. Un souvenir de rentrée ? P. P. : à 13 ans je suis allé en lycée d’ensei- gnement professionnel, j’étais propulsé dans le monde des grands, tout le monde fumait, certains jouaient de la guitare et j’ai pensé “mes parents m’avaient dit de travailler, pour- quoi j’ai pas bossé ?”. Et après c’est vite passé. B. D. : plutôt de parents, la première fois que je suis allé à un spectacle pour enfants, je me suis assis sur un banc d’école, j’étais tellement bas, tout le monde avait l’air de géants, j’ai trouvé ça très attendrissant, j’avais la larme à l’œil. Qu’est-ce que vous avez programmé de voir à la rentrée ? P. P. : le pavillon Mobile Art de Zaha Hadid au l’Institut du Monde Arabe, on a réalisé le mobilier. Où étiez-vous cet été ? P. P. : de Lisbonne aux plages de l’Algarve. POUR LA RENTRÉE DOMEAU & PÉRÈS SIGNENT LE BANC D’ÉCOLE “SAINT SULPICE”. NOUVEAU TABLEAU D’HONNEUR POUR CES ÉLÈVES MODÈLES DE L’ARTISANAT FRANÇAIS, COMPLICES COMME DES COPAINS DE CLASSE. FABRICANTS ÉDITEURS, ILS PLANCHENT SUR LA COPIE DES PLUS GRANDS DESIGNERS. PROPOS RECUEILLIS PAR SABINE BOUVET.PHOTOS CLAUDE WEBER. Domeau & Pérès premiers de la classe The progressive Macintosh towed umpteen botulisms, although the wart hogs abused elephants, even though five silly wart hogs kisses quite putrid One trailer kisFivemds COP0016_regard domeau perez cale?:Actualites_article 20/07/11 10:16 Page 2

Domeau & Pérès : premiers de la classe

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B. D. : en Toscane, donc entre macadam etcampagne. Quand on est citadin on a tou-jours besoin de visiter une ville.

Si Paris était un personnage, quelle relationauriez-vous ?P. P. : ce serait une muse.B. D. : amour-haine, une ville que je fuis etque je retrouve avec bonheur.

La qualité de Paris que vous appréciez ?P. P. : sa beauté, c’est un ravissement.

Le défaut de Paris que vous regrettez ?P. P. : j’aimerais que les gens soient plus sou-riants, c’est mon côté Bisounours !B. D. : oui, Paris manque d’allégresse, ongagnerait à être plus cool.

Si Paris était un parfum…P. P. : café, pain au chocolat.B. D. : Paris ne sent pas bon, trop de pollu-tion. Le nez n’est pas ravi, l’œil oui.

Si Paris était une saveur…P. P. : un demi pression au bar !B. D. : un goût bitumeux, d’asphalte quandon refait les trottoirs.

regard

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Parlez-nous du banc d’école “Saint Sulpice” ?On l’a créé pour Eric Chevallier, qui l’a ima-giné pour la première boutique Carven de larue Saint-Sulpice, il est en vente désormaischez Colette. C’est le banc traditionnel quetout le monde a connu dans les grands cou-loirs sous les vestiaires. Un défi de plus aprèsle mobilier du yacht pour Marc Newson, lefauteuil d’Hedi Slimane pour Dior ou leschaises de Starck pour le Royal Monceau.

Quelle est votre autre actualité ?L’exposition Sophie Taeuber Arp, la premièrefemme d’Arp, à la galerie de Sèvres (4, placeAndré Malraux, 75001) à côté de la ComédieFrançaise, en septembre.On réédite ses étagèresde 1928 d’unemodernité stupéfiante. Et aussiles petitsmiroirs en Inox de FrançoisMangeol,un garçon formidable. On aime parier sur desjeunes talents. L’édition c’est notre passion !

Que vous évoque la rentrée des classes ?Philippe Pérès : cette idée de doute, dans quelleclasse va-t-on être, avec quel prof ou quellemaîtresse, va-t-on retrouver ses copains… oucopines ! L’achat du cartable, des fournitures

Si vous étiez un monument parisien…P. P. : le jardin du Palais-Royal, on est entrele XVIIe siècle et Buren et on n’entend rien.B. D. : un jardin public, où les gens viennentse reposer. Ça me rappelle la chanson deDutronc “C’était un petit jardin, qui sent bonle Métropolitain”…

Si vous étiez un objet…P. P. : une chaise de Donal Judd, le minima-liste américain.

Qu’est-ce que vous emporteriez de Paris surune île déserte ?P. P. : la librairie Chemin des Arts, rueHermeldans le XVIIIe, son propriétaire m’a beau-coup apporté en art contemporain. Le livrepermet l’évasion.

La première chose que vous faites en arrivantà Paris ?P. P. : j’appelle pour dire que je suis bienarrivé !B. D. : je fais un détour par le Pont-Neuf et lapasserelle des Arts et je me dis “ça y est, jesuis rentré !”.

Une journée parfaite à Paris ?P. P. : un petit déjeuner avec Sophie Arp, undéjeuner avec Tim Burton – et m’aperce-voir avec soulagement qu’il parle parfaite-ment bien français ! – puis retrouver mes amisle soir pour me remettre de mes émotions.L’imaginaire est essentiel.B. D. : une journée sans programme, basée surl’allégresse et où l’on prend le temps de se pro-

mener à pied comme dans un grand village oùil y aurait plein de choses à visiter, se poser aubord de la Seine, aller voir une expo, un pote.

Votre dernière émotion forte à Paris ?P. P. : glisser sur une plaque d’huile en moto.P. P. & B. D. : sinon l’expoMonumenta d’AnishKapoor. Vous êtes déformé, décomposé, il ale don de vous donner une émotion.

Votre plus beau souvenir dans l’exercice devotre métier ?Tout simplement de vivre au quotidien unmétier qu’on aime, c’est un rêve. Parfois onparle de nous comme de sages-femmes. Onaccouche les créateurs grâce à notre savoir-faire.

Le dernier livre, film, pièce de théâtre ou expoqui vous a touché ?P. P. : le dernier Woody Allen et surtout LaSéparation, le film iranien présenté à Cannes.B. D. : la pièce Ma chambre froide de JoëlPommerat au théâtre de l’Odéon, ça m’a scot-ché, il a une approche de la mise en scèneproche du cinéma.

Si vous n’étiez pas Parisien…P. P. : Bécon-les-Bruyères… où j’habite !B. D. : j’habiterai dans le Lot, pas trop envahipar les m’as-tu-vu et il y a un vrai climat, froidl’hiver, chaud l’été.

Si vous n’aviez pas fait ce métier…P. P. : éditeur de livres d’art.B. D. : comédien, je l’ai été à une période.

Qu’est-ce que vous n’avez pas encore réaliséet dont vous rêvez ?P. P. : le prochain projet ! On a la chancedepuis 15 ans de toujours faire ce qui noussemble intéressant.B. D. : faire le tour de la Terre… en 80 jours…ou prendre une année sabbatique et sympa-thique !

Vos adresses incontournables à Paris ?Chez Fernand. Un restaurant super tradi-tionnel, le patron a une gouaille pas possi-ble. 9, rue Christine, 75006. Tél. 01 43 2518 55.Silencio. Le club de David Lynch dont on afini le mobilier. 142, rue Montmartre, 75009.Colette. Parce qu’elle nous est fidèle depuistoujours. 213, rue Saint-Honoré, 75008. Tél.01 55 35 33 90.

Vos jardins secrets, les lieux où vous aimezvous ressourcer ?P. P. : les collections permanentes deBeaubourg et du musée d’Art Moderne et lesexpos du Jeu de Paume.B. D. : le Louvre – j’habite à côté – et des jar-dins, les Tuileries pour pique-niquer face auLouvre et le jardin André Citroën dans sapartie friche. Ça me rappelle un jardin debanlieue où j’allais traîner enfant.

3 dates clés1994 : on s’est rencontré en covoiturageen travaillant pour la même boîte.Février 1996 : création des AteliersDomeau & Pérès.2005 : nomination et promotion Chevaliersdes Arts et des Lettres. On a commencédans un box de garage ici sous nos ateliersactuels à la Garenne-Colombes, on n’auraitjamais imaginé en arriver là !

scolaires. Mais aussi l’angoisse de la rentrée.BrunoDomeau:quandon est petit on a uneper-ception des choses plus primaire, plus prochedu sol.On voit tout en contre-plongée et on lèveles yeux au ciel.On a une géographie différente.

Un souvenir de rentrée ?P. P. : à 13 ans je suis allé en lycée d’ensei-gnement professionnel, j’étais propulsé dansle monde des grands, tout le monde fumait,certains jouaient de la guitare et j’ai pensé“mes parents m’avaient dit de travailler, pour-quoi j’ai pas bossé ?”. Et après c’est vite passé.B. D. : plutôt de parents, la première fois que jesuis allé à un spectacle pour enfants, jeme suisassis sur un banc d’école, j’étais tellement bas,tout le monde avait l’air de géants, j’ai trouvéça très attendrissant, j’avais la larme à l’œil.

Qu’est-ce que vous avez programmé de voirà la rentrée ?P. P. : le pavillon Mobile Art de Zaha Hadidau l’Institut du Monde Arabe, on a réalisé lemobilier.

Où étiez-vous cet été ?P. P. : de Lisbonne aux plages de l’Algarve.

POUR LA RENTRÉE DOMEAU & PÉRÈS SIGNENT LE BANC D’ÉCOLE

“SAINT SULPICE”. NOUVEAU TABLEAU D’HONNEUR POUR CES ÉLÈVES

MODÈLES DE L’ARTISANAT FRANÇAIS, COMPLICES COMME DES

COPAINS DE CLASSE. FABRICANTS ÉDITEURS, ILS PLANCHENT SUR LA

COPIE DES PLUS GRANDS DESIGNERS.

PROPOS RECUEILLIS PAR SABINE BOUVET. PHOTOS CLAUDE WEBER.

Domeau & Pérès

premiersde la classe

The progressive Macintosh towed umpteen botulisms, although the wart hogs abused elephants, even though five silly wart hogs kisses quite putrid One trailer kisFivemds

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