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  • N° 80 - janvier à mars 2020 - 3,00 €

    Besançon PPDC

    Déposé le 31 mars 2020

    Date limite de distribution6 avril 2020

    D’après la note de l’Équipe d’animationnationale d’Ensemble! (22/03/20)

    Malgré des circonstances si exception-nelles, le premier tour des municipalesfournit quelques enseignements politiquesimportants. Les messages qui sont délivréssont clairs.

    - Les candidats soutenus par le parti prési-dentiel connaissent une déroute complète: un premier ministre au Havre menacé parun rassemblement citoyen et de gaucheconduit par un député du PCF, un bastionde LREM à Lyon qui s’effondre, une dé-faite d’A.Buzyn à Paris et, là où ils seprésentaient, LREM et ses alliés chutentlourdement. C’est bien une sanction de lapolitique de Philippe et Macron, de leursréformes brutales contre la majorité des ci-toyens.

    - En même temps, la droite classique, pro-fitant de son implantation de parti ancien,récolte des résultats faibles comparés àses espoirs de reconquête d’un électorat« phagocyté » par la version macronisted’un ultra libéralisme qu’elle partage.

    - Autre leçon, à la différence des électionsdes européennes, ce n’est pas le Rassem-blement National qui récolte la colèresociale dans les urnes ; il obtient de bonsrésultats dans les quelques villes qu’il gère,et cela doit inquiéter, mais partout ailleursoù le RN a pu présenter des listes, il est enbaisse, les questions « identitaires » ont étééclipsées par les exigences sociales. Lemouvement des Gilets Jaunes avait provo-qué une colère encore confuse en termesd’expression politique l’an dernier, mais lafusion des Gilets Jaunes avec les fortesmobilisations sociales, syndicales, popu-laires, autour des réformes hospitalières, duchômage, et surtout des retraites, ont affinéles consciences politiques vers des remisesen cause du système dans sa globalité.

    - Des commentateurs rapides ont cru voirune réédition de la vague « verte » deseuropéennes. Pourtant, s’ il y a une leçon àtirer du côté d’EELV, c’est que nulle partune alliance vers des morceaux de droites,de centres, de macronistes, n’a été possible.

    Quand cela a été tenté, EELV a perdu dusoutien auprès de ses électeurs. Et quandEELV a voulu s’imposer seul contre lesautres forces de gauche, ils ont échoué àpasser devant. Les résultats les plus signifi-catifs d’EELV sont réalisés dans les villesoù ils étaient en position d’être en têted’un rassemblement des gauches et desdynamiques citoyennes. EELV a toute saplace dans un rassemblement à gauche et yapporte un élan décisif pour porter l’écolo-gie aux côtés des autres forces detransformation à gauche. Mais seul, EELVne peut être une alternative « ni à droite,ni à gauche » chère à Yannick Jadot depuisles européennes. Une leçon qui vautd’ailleurs pour toutes les forces de gauche.Quand ils se présentent seuls, les Insou-mis, ou le PCF, ou le PS survivant,enregistrent de mauvais résultats.

    - C’est vers la gauche que les électeurs sesont tournés. Une gauche convalescente,éclatée, mais qui réussit mieux quand elleest unie. Mais on voit bien que c’est là oùdes rassemblements des uns et des autresont été réalisés, là où les mouvements ci-toyens ont été pris en compte, que debons résultats ont été obtenus et que desrassemblements prometteurs seconstruisent. Rassemblés avec les autres àgauche, et sans imposer une hégémoniehors d’âge, ils réussissent à redonner de laforce à une alternative de gauche dans lesvilles qu’ils conservent où reprennent. Ilreste du temps pour s’unir d’ ici au secondtour en juin et amplifier les tendances dupremier tour. Tout cela indique aussi que nile PS, ni le PCF, ni les Insoumis, quand ilsprennent un profil unitaire d’opposants etd’alternative au libéralisme, ne sont mortset enterrés… Les prétentions du macro-nisme, qui voulait dégager le « vieuxmonde », ses partis, ses « corps intermé-diaires » syndicaux et associatifs, luireviennent en boomerang, par le mouve-ment social et par les urnes.

    Mais ce premier tour municipal n’étaitencore qu’une étape, un brouillon, versce qu’il faut faire. Il indique qu’une ten-dance profonde est en cours, que devraientsérieusement méditer les gauches et lescollectifs citoyens pour l’avenir, une alter-native pour sortir du piège.

    Jean-Paul BRUCKERT

    Gauche / Droite, le retour ?

    Les Alternatifs de FC

    6 chemin d'Avanne à Velotte25 000 Besançon

    Sommaire

    Edito ... 1

    Faire de la politique ...2

    CCAS ...3

    Alfred ...3

    Hirak ...4

    Algérie ...5

    Municipales ...6-8

    Blog ....9

    Daniel Bensaïd ...9

    Nucléaire ...10

    Coronavirus ...11-12

    Hégémonies ...12

    Bulletin de Ensemble ! Bourgogne Franche-Comté

    Mouvement pour une Alternative de Gauche Ecologiste et Solidaire

  • L'Alternative Rouge & Verte p.2

    Pierre ZARKA

    Collectif de Saône et Loire.

    Lorsqu’on évoque la nécessitéd’élaborer une nouvelle straté gie, c’est trop souvent vécucomme abstrait sans rapport avecl’urgence. Alors nous préféronsêtre « concrets » comme si cesdeux termes : concret et stratégieétaient opposés. De ce fait, nosactes sont dans la répétition dupassé et sans réelle efficacité.

    A quoi peut servir l’explorationd’une toute autre manière d’agir? Comment des éléments de post-capitalisme pourraient commencerà modifier le paysage social et po-litique ? Ici je pense aussi bien à sesaisir des richesses produites qu’àdépasser les rapports sociaux desubordination, y compris en poli-tique.

    Après 6 mois de grèves, de manifs,d’actions contre le projet de dé-mantèlement du système deretraite, le gouvernement profitedu climat autour du coronaviruspour recourir au 49-3 . Étrange dedevoir recourir au 49-3 quand on ala majorité au parlement. Loind’être un signe de force, c’est unsigne de faiblesse. Le voir, changel’appréciation que l’on peut avoirsur la situation. Si la mobilisationpopulaire n’a pas abouti, est-ce parimpuissance ou parce qu’elle n’apas épuisé toutes ses capacités etréserves ? Le mouvement n’estpas dans une impasse, il est in-achevé, ce qui n’est pas du tout lamême chose. Mais ce n’est pas encontinuant à l’identique qu’ilgagnera.

    La limite la plus visible de la mo-bilisation est de ne pas avoirencore franchi le seuil quiconsiste à passer du refus àprendre l’initiative de viser desmesures alternatives qui devien-draient autant de centres de gravitédes débats et actions. Rappelonsqu’aucun des acquis que nous dé-fendons - à commencer par lesystème de retraite ou de santé -n’ont été obtenus en disant« Non ». Ils ont été le fruit del’imaginaire politique du mouve-ment populaire. La capacité àprendre l’ initiative et à pousserl’adversaire à se situer sur notreterrain et à dire « Non », participedirectement au rapport de forces.

    Pour ne pas parler dans l’abstrait,partons de quelques caracté-ristiques du mouvement tel qu’onle connaît depuis plusieurs mois defaçon à prendre appui sur ce quiexiste déjà pour avancer vers cequi n’existe pas encore.

    La première de ces caracté-ristiques est que, depuis les GiletsJaunes, le fait de ne pas s’en re-mettre au « sommet » quel qu’ilsoit, est devenu une démarche uni-fiante. Lorsque certains évoquentla « désobéissance civile », celainduit un gain nouveau d’indépen-dance et de liberté au regard de lanormalité. On l’a vu, y compris àl’ intérieur des mouvements oùnombre de sections syndicales oumême de fédérations ont tenu à ceque ce soient les AG qui soientdécisionnelles et non pas leurpropre appareil. Cela conduit aussià ne plus s’en remettre aux élec-tions, ce qui est une différencefondamentale avec 1981 , 1 995,2003…2012. Ce qui ressort estune aspiration nouvelle au fairepar soi-même. En faisant le bilandes quarante dernières années devies syndicale et politique, on nepeut qu’approuver.

    A partir de ceci, posons laquestion : qui est la force poli-tique ? Dès que l’on parle de« politique », sommes-nouscondamnés à choisir l’appareil au-quel on délègue confiance etpouvoir ? Mais n’est-ce pas ce quiengendre de la déception ? Alorsdoit-on renoncer à toute idée depolitique pour ne pas être récupéré? Mais sommes-nous enfermésdans ce dilemme ? Ne pouvons-nous pas favoriser l’émergenced’un tout autre questionnement : lemouvement, quel qu’il soit, neporte-t-il pas les termes à partirdesquels peuvent s’élaborer despropos alternatifs ?

    Ouvrir un débat où différentes so-lutions seraient mises enconfrontation commencerait à ou-vrir de nouvelles perspectives.D’abord la portée du droit à laretraite. Est-ce le moyen denourrir charitablement desbouches devenues inutiles ouconsidérer que la société doit ré-munérer d’autres activités quel’emploi comme elle le fait déjàpour les congés payés ou lescongés maternité ? Des ensei-gnants qui s’occupent d’enfants,

    c’est reconnu par la société et desgrands-parents qui s’occupent desmêmes, cela ne le serait pas ?

    Vient alors le financement : l’ar-gent des revenus financiers etplus largement les profits nonréinvestis des actionnaires. Réa-lité connue par la plupart despersonnes. Mais dans la mesure oùaucune force constituée n’ose af-fronter cette question, celles etceux qui déplorent ce détourne-ment d’argent pratiquent uneespèce d’autocensure. Oser enfaire l’objet de débats, voired’actions, briserait déjà un tabou.Faut-il être un gros actionnairepour être capable de comprendre àquoi doit servir l’argent ? N’est-cepas au contraire demander au loupde respecter la bergerie ? Surtoutque les dividendes sont soit issusdu travail soit d’une spéculationprédatrice qu’il faut éliminer. En-tendre les médias tenterd’expliquer pourquoi on ne peutpas toucher aux dividendes des ac-tionnaires changeraitsingulièrement l’ambiance.

    Commencer à en débattre, às’ interroger sur comment y par-venir modifierait déjà la définitiondu mouvement populaire à sespropres yeux : du rassemblementdes victimes, - donc des handica-pés au départ par leur vulnérabilité-, nous passerions à un rassem-blement qui ose prétendre dicterce que doit être la société à partirdes droits de chacun-e. Cetteconscience d’être capable de pen-ser la société dépasserait le stadede la revendication pour investir lechamp de ce qui doit être institué,c’est-à-dire faire loi. C’est aussiune exigence de pouvoir. Ce seraitsortir de cette schizophrénie quiveut que nous ne soyons jamais enmême temps les mêmes lors desluttes ou à la veille d’une élection.

    On m’objectera que cela n’est pasune revendication des luttes ac-tuelles ; mais nous ne sommes pasun institut de sondage qui secontente de photographier la réali-té. Le militantisme sert à cela :entendre les aspirations et mettreen forme des questions qu’ellesinduisent mais qui ne s’explicitentpas spontanément. Alors, quefaut-il attendre si ce ne sont nospropres initiatives ?

    Après 6 mois de lutte, est-ce fini ?

  • L'Alternative Rouge & Verte p.3

    Covid 37

    Ne vous affolez pas, cen’est pas la copine de Co-vid 19 mais un petit clind’œil au 37ème albumd’Astérix paru en octobre2017.

    Que vient faire le petitGaulois au milieu de notreconfinement me direz-vous ?

    En réalité ce n’est pasAstérix, dopé à la potionmagique, qui m’interpelle– comme on dit – au-jourd’hui. C’est sonennemi du 37ème albumintitulé « Astérix et laTransitalique ». Devinezcomment il s’appelle, jevous le donne en mille :Coronavirus !

    Si vous avez de la chanced’avoir l’album, regardezbien : il porte un masque.Et tout se passe en Italie !

    Dès octobre 2017 on pou-vait savoir, grâce à cetalbum, que le Coronavirusse baladerait en Europe encommençant par l’ Italie. Ilse baladerait d’autant plusfacilement que ce Coro-navirus, alias Covid 37, estun champion de courses dechars. Ce qui n’est pas lecas, je vous l’accorde, duCovid 19, ce qui ne l’em-pêche pas, hélas, degaloper.

    C’est pourquoi je vousconseille de tenir ce « Bon-jour » à distance si vousme faites le plaisir de lelire, voire de l’apprécier.

    ALFRED

    LE BONJO

    UR...

    Reçu au courrier

    Le CCAS peine à recruter desAides à Domicile et, sincèrement,on ne sait pas pourquoi ?? Vousavez un véhicule, de l’énergie et dela disponibilité ? N’attendez plus etrejoignez ses équipes afin de trou-ver l’épanouissement tantrecherché.. .

    Jugez-en par vous-même !

    Grassement payée au SMIC, vousn’oublierez pas de soustraire devotre salaire les frais d’essence,d’entretien du véhicule, de station-nement, etc. . .

    Scandaleux ? Mais non ! Vous aurezdroit à une prime d’essence men-suelle de 30 euros. Si vous ajoutez àcela des missions régulières d’unedurée de 30 mn, imaginez lenombre de fois où vous allumerez etéteindrez votre moteur. . .

    Vos horaires ? Une vraie fonction-naire ! Vos amplitudes iront de 7h30à 18h en semaine et de 7h à 21h enWE, 7 jours / 7, ainsi que jours fé-riés. Pour la pause casse-croûte,vous pourrez bénéficier pleine-ment du siège de votre véhicule,entre deux missions. . .

    De plus, parce qu’on pense àvous, vos plannings seront ré-gulièrement modifiés, demanière à ce que vous puissiezvous adonner au mieux à votretravail ! Pensez juste à mettrede côté votre vie privée ; loi-sirs

    , famille, amis, culture, etc. . .

    Travailler seule vous pèse ? Sa-chez que vous ne sortirez jamaissans votre « badgeuse, GPS Incor-poré », mouchard qui tait son nom,dont le son mélodieux vousinformera de vos retards éventuels !Petit plus ; vous aurez 10 mn pourvous rendre d’un patient à un autre,même en heure de pointe ! Alors, sivous manquez d’adrénaline, la mu-sique de votre GPS vous enimpulsera à foison ! Et, accessoire-ment, vous stressera encore plus. . .

    Dernier avantage, et pas desmoindres, si vous ne savez pasquoi faire de vos soirées, le CCASa tout prévu ! Une fois chez vous,complètement exténuée, une doucheet au lit. . .

    En résumé ; vous êtes d’une pa-tience à toute épreuve, votreleitmotiv est « bosse et ferme-la » !

    Vous avez toujours souhaité fairedu bénévolat ? Le CCAS vous at-tend !

    Billet d’humeur : à propos de conditions de travailau CCAS de Besançon

    Communiqué de l'équipe d'animation nationaled'Ensemble!

    Pierre ZARKA

    Je dois avouer avoir un problèmeavec le communiqué de l'Équiped’animation nationale d’Ensemble !(cf édito). Je ne nie pas la défaite deMacron, ni de la droite classique, nidu RN, mais il y a une question desens : bien avant que nous soyonsconfrontés à l'épidémie, le nombrede listes qui se réclamaient d'être« citoyennes » -parfois même à tort-montrait que quelque chose était entrain de muter en profondeur dans leregard porté par des centaines demilliers, si ce n'est davantage, depersonnes, sur la vie institution-

    nelle. Dans le même esprit,plusieurs signes annonçaient une di-mension particulière du recours àl'abstention. Je crains que l'on fassedu coronavirus un paravent quimasque ce qui pour moi est révéla-teur d'une phase nouvelle. Dans cecadre, j 'ai personnellement du mal àvoir le retour du clivage gauche-droite.

    Clivage qui n'était annoncé ni parles Gilets Jaunes ni par les mouve-ments qui ont suivi. . . je l'ai plutôtperçu dans les tractations d'états-majors qui cherchent à survivre.

    Point de vue

  • L'Alternative Rouge & Verte p.4

    Jacques FONTAINE, 29 février2020

    22 février 2019, 22 février 2020, unan de Hirak (mouvement), un and’une révolution pacifique(Silmiya) qui est arrivéebrutalement dans un pays quiparaissait amorphe, commeanesthésié par un pouvoiromnipotent, qui jouait habilementsur la mise sous tutelle de touteopposition et sur le souvenir d’uneviolence qui avait marqué ladernière décennie du XXe siècle.

    Mais le calme n’était qu’apparent.La guerre civile commençait às’éloigner dans les mémoires, lesjeunes de moins de 25 ans (45 % dela population en 2018) ne l’ont pasconnue ou n’en n’ont pas desouvenirs. La lassitude face à unpouvoir immobile et distantdevenait de plus en plus flagrante,les manifestations locales ousectorielles se multipliaient, lescritiques du pouvoir par lessupporteurs des équipes defootball étaient de plus en plusvirulentes… mais le potentiel dedéflagration de ces signaux faiblesn’était pas perçu par lesobservateurs de la société et de lapolitique intérieure algériennes, ilmanquait un élément fédérateur.

    C’est le pouvoir - incapable de semettre d’accord sur le nom d’unsuccesseur à un Bouteflikamomifié et cramponné à sonfauteuil - qui allait fournir cetélément le 10 février en annonçantla candidature de Si Abdelaziz àun cinquième mandat présidentiel.Ce fut la goutte d’eau qui fitdéborder le vase d’unecontestation qui amena des millionsde personnes dans les ruesalgériennes et qui dure encoreaujourd’hui. C’est dire si ce Hirakest un mouvement de fond qui atouché et touche encore la grandemajorité de la populationalgérienne.

    Le Hirak a connu des victoires,incontestables, mais - à ce jour - iln’a pas gagné. Parmi ces victoires,il faut noter l’annulation ducinquième mandat auquelprétendait Abdelaziz Bouteflika,suivie de sa démission (2 avril2019), la chute de son clansymbolisé par l’emprisonnement deson frère Saïd et de ses proches, la

    fin des oligarques les pluscompromis par leurs pratiquesmafieuses et la chute d’une partiedu sérail politico-administratif(Premiers ministres, ministres,députés, walis…) liés aux affairistesvéreux. Les élections présidentiellesprévues en avril puis en juillet n’ontpas eu lieu. Il faut ajouter la miseen évidence du rôle du hautcommandement militaire qui était- et est encore - le réel détenteur dupouvoir politique : l’attitude duchef d’état-major Ahmed GaïdSalah donnant des ordres auprésident de la République parintérim, Abdelkader Bensalah, enest la meilleure illustration.

    Mais le plus important, c’est lareconquête de son rôle politiquepar le peuple algérien qui en avaitété spolié par l’armée et lesapparatchiks des partisgouvernementaux tels le FLN et leRND, ainsi que par les prétendues« organisations de masse » avec entête de liste, l’UGTA. Le peuplealgérien a repris son rôlepolitique, il s’est réapproprié sonespace public, il a réoccupé la rueque le pouvoir bouteflikien lui avaitinterdite à la fin de la décennienoire, et c’est là, selon nous, unacquis majeur et que désormais« rien ne sera jamais plus commeavant ». Et ce qui est frappant,c’est que dans les manifestations,on trouve toutes les composantesde ce peuple. Certes, les jeunessont dominants mais ce n’est que lereflet de la structure démographiquede la population algérienne ; toutesles classes d’âge sontreprésentées, des adolescents auxgrands-parents, et parfois même desenfants sur les épaules de leursparents ; tous les groupes sociauxégalement : jeunes (lycéen-ne-s,étudiant-e-s…) en survêtements ouen jeans, ouvrier-e-s, employé-e-sen tenue de travail, cadres etprofessions libérales en costumescravates ou en tailleurs, islamistesen kamis ou en hidjab… ce qui estremarquable aussi, c’est lafraternisation entre tous ceshommes et toutes ces femmes quidiscutent, qui débattent, qui separlent. Et quand un groupe estspécifiquement attaqué en tant quetel, comme ce fut le cas avecl’ interdiction du drapeau amazighdans les manifestations algéroises,la réponse vient de groupes

    arabophones dans d’autres villesqui défilent avec le drapeauamazigh. Et il faut souligner laparticipation massive des femmesde tous âges, de toutes conditions,de toutes cultures, de toutescatégories socio-professionnellesqui apportent au Hirak leurspropres préoccupations, notammentleur souci de la sécurité et dupacifisme. Elles ne soutiennentpas le Hirak, elles sont le Hirak.Elles sont actrices du Hirak aumême titre que les hommes etrevendiquent l’égalité, ce qui ne vapas toujours de soi, le machismeétant encore bien présent dans lasociété algérienne.

    Mais le Hirak n’a pas gagné. Lesystème est resté en place. GaïdSalah a réussi à imposer uneélection présidentielle en décembreet son poulain, AbdelmadjidTebboune, a été élu président, trèsmal élu (le taux de participation aété particulièrement bas), mais cetteélection a donné une légalité (àdéfaut d’une légitimité) aureprésentant de la haute hiérarchiemilitaire. Et le décès quelquesjours plus tard de Gaïd Salah nechange rien à la prédominance del’armée. Tebboune semble vouloirdialoguer avec le Hirak ; il dit quele Hirak est une chance pourl’Algérie et il a décidé que le 22février serait désormais la « Journéenationale de la fraternité et de lacohésion entre le peuple et sonarmée » ; il projette aussi uneréforme de la Constitution quidevra être approuvée parréférendum, mais il ne s’agitvraisemblablement que d’untoilettage qui gommera les aspectsles plus anti-démocratiques de laConstitution, mais ne changera pasgrand’chose sur le fond. Il s’agitd’une tentative de récupération duHirak par Tebboune, sans aucundoute, mais en un an, le peuplealgérien a considérablement mûri etil ne semble pas prêt à s’en laisserconter par un pouvoir dont il a biencompris la nature et la volonté dene rien lâcher, ainsi que le montrentles manifestations des 21 et 22février 2020. Les révolutions,surtout quand elles sontpacifiques, sont des processuslongs qui peuvent connaître desavancées, mais des reculs aussi.Que vive le Hirak !

    Un an de Hirak

  • L'Alternative Rouge & Verte p.5

    Jacques FONTAINE, 19-03-2020

    Une délégation de 5 membres d’Ensemble! s’est rendueune dizaine de jours en Algérie à l’automne 2019 pourprendre contact avec ce formidable mouvementd’émancipation du peuple qu’est le Hirak et lui apporterle salut fraternel de notre organisation. À Alger comme àBéjaïa, nous avons rencontré des militant-e-s,syndicaux/ales, associatifs/ves et politiques, desuniversitaires, des participant-e-s au Hirak. À notre retour,il nous a semblé indispensable de témoigner, par desconférences-débats (plusieurs eurent lieu [Nantes, Dijon,Besançon, Lyon], d’autres furent annulées, notamment enraison du mouvement social sur les retraites puis de lacrise sanitaire), par une brochure aussi (dont voustrouverez ci-contre la page de couverture).

    Conçue sur le modèle des précédentes brochuresd’Ensemble! (Questions nationales et processusd’autodétermination, Catalogne…), elle comprend à lafois des témoignages, des textes sur le Hirak, certainsayant été rédigés avant la mission de l’automne, d’autresaprès, ainsi qu’une chronologie, des textes d’analyse dequestions sociales ou sociétales (féminisme, syndicalisme,écologie, question identitaire) et une partie historique oùl’auteur cherche à montrer comment le rôle dominant etantidémocratique de la haute hiérarchie militaire aentraîné une coupure de plus en plus radicale entre lepouvoir politique et le peuple, qui a provoqué le Hirak.

    Enfin la brochure se termine par une série d’annexes quiprésentent le pays et un certain nombre d’acteurspolitiques, syndicaux et associatifs, des slogans et deschansons du Hirak (qu’il est aussi possible d’écouter enutilisant votre moteur de recherche préféré), des textes etdéclarations politiques ainsi qu’une bibliographie et unefilmographie.

    Une soirée réussieCompte-rendu de la mission d’information d’Ensemble! en Algérie

    Une brochure sur le Hirak algérien

    Jean-Paul BRUCKERT

    Nos camarades Danielle Carasco(Lyon) et Jacques Fontaine (Bourg-en-Bresse), qui ont fait partie de ladélégation d’Ensemble ! envoyée enmission en Algérie (à Alger et Bé-jaia) pour nouer des contacts avec lesacteurs du hirak (mouvement) étaientdans nos murs le 1 3 février. Une qua-rantaine de camarades et amisemplissaient à 18h la salle Bidault(Kursaal) pour prendre connaissancede leurs témoignages et échangeravec eux.

    Danielle centra son exposé sur lemouvement en général. Sa descrip-tion enthousiaste de la mobilisationmassive qui descend vers les rues ducentre ville chaque vendredi était ac-compagnée de photos très éclairantesqui illustraient les propos de notrecamarade. Elle dit aussi son admira-tion devant l’ inventivité donttémoigne ce mouvement et mit enfinet surtout l’accent, avec beaucoupd’émotion, sur la présence et le rôledes femmes (le carré femmes).

    Ce fut le tour de Jacques. Il lui reve-nait de situer le hirak dans soncontexte historique, à la fois lointainet proche. Lointain parce qu’en faittout remonte à la guerre d’ indépen-dance. En effet, tandis que le congrèsde la Soummam (août 1956) avaitétabli la primauté de l’ intérieur surl’extérieur et celle du politique sur lemilitaire, les circonstances avaientruiné ces décisions. D’où, après laproclamation de l’ indépendance, uneguerre civile qui opposa une partiede la résistance intérieure à l’arméedes frontières et vit cette dernières’ imposer. Ce fut le début d’une do-mination sans partage des militaires.Une confiscation du pouvoir par une« mafia » que les Algériens nomment« le Système ».

    Jacques en fait l’historique depuis laguerre d’ indépendance. De Ben Bella(1962-1965) à Boumediene (1965-1978), de Bendjedid (1979-1992),puis Boudiaf (1992), l'intègre pré-sident assassiné, Zeroual(1 994-1999) à Bouteflika (1999-

    2019) et l’élection de Tebboune, sansoublier la décennie noire - « les an-nées de plomb » (1991 -2002) de laguerre civile contre les islamistes -, ildécrit les mutations, mais in fine lapermanence du « système». Il insisteenfin sur la singularité du hirak,mouvement résolument non violentdans un pays qui a été, de la coloni-sation à la guerre civile algérienne,sans cesse en butte à la violence.

    Au fond ce que réclame le peuple al-gérien - il le dit lors desmanifestations de chaque vendredi -c’est « une nouvelle indépendance ».Non plus à l’égard du colonisateurmais une indépendance à conquérircontre ceux qui ont confisqué le pou-voir depuis plus d’un demi-siècle.Voilà ce qui ressortait des propos denos camarades. Ils suscitèrent un dia-logue nourri avec une salle danslaquelle témoins algériens et Françaisinformés et proches de l’Algérieintervinrent avec à la fois passion etjustesse.

  • L'Alternative Rouge & Verte p.6

    Pierre ABECASSIS

    Il est vrai que ses adversaires n'avaientguère de consistance.

    À sa droite, les falots DamienCANTIN (RN), Sylvain COMPAROT(LREM - UDI) et EmmanuelBICHOT (LR) font de la figuration :seul ce dernier sera au second touravec moins de 20%. Un écoloindépendant et EELV (StéphanieMODDE, adjointe de REBSAMEN en

    2014) totalisent un score« intéressant » de plus de 18 %, bienloin toutefois d'inquiéter le mairesortant à plus de 38 % pour sonprobable quatrième mandat à la tête del'agglomération devenue Métropole etcapitale de région par la grâce de sonami Hollande. À sa gauche, la liste"Dijon en commun" atteintpéniblement les 5% permettant leremboursement des frais. Après unerude bataille au sein la France

    Insoumise, une liste LFI / POID a puvoir le jour, associant des GiletsJaunes et citoyens engagés. Davantageque son programme proprement ditdont nous partageons largement lesvaleurs, ce sont les conditionsattristantes de construction de cetteliste à coups de règlements decomptes plus ou moins personnels quin'ont pas permis à nos camaradesdijonnais d'Ensemble ! d'y trouver leurplace.

    Le mouvement Ensemble ! et les élections municipalesen Côte d'Or

    Jacques THOMAS

    Le processus électoral toujours encours à Beaune a été marqué parplusieurs particularités, outre le tauxd'abstention dans le contextesanitaire connu (57%). D'abord, laDroite locale, souvent unie derrièreson chef de file Alain Suguenot,ancien député, maire sortant etcandidat pour un cinquième mandat,s'est cette fois divisée en 4 listes : laDroite classique du Maire LR(pardon "a-politique"), la nouvelleDroite LREM (pardon "divers-centre") qui avait investi unentrepreneur local, l'Extrême-droiteavec une liste du "Rassemblementbeaunois" sans compter une listedivers-Droite soutenue par Agir, laDroite Macron-compatible, etconduite par un ancien chanteur dela Star Ac.

    À gauche, j 'avais annoncé il y a plusd'un an ne

    pas vouloir me représenter par soucide non-cumul dans le temps. Parcontre, avec mes ami-es, notrevolonté était, au milieu de cettevalse de Droite, de susciter uneprésence de gauche. Dans ce but,nous avons initié au printempsdernier un appel citoyen pouvantrecueillir le soutien des groupes quiformaient notre liste alternative en2014 (Ensemble! , Pcf, EELV) quiavait obtenu 10,5% des suffrages etun élu, tout en restant ouverts à cequi pouvait rester du PS, l'essentielde ses troupes étant parti à la REM.En septembre toutefois, nous avonsposé une série de questions sur laconduite de la campagne (on voulaitnous imposer un droit de veto de latête de liste ! ), sur la stratégie (desréponses dilatoires nous ont étédonnées sur la question du 2e tour etl'impossibilité pour nous d'envisagerune alliance avec LREM, mêmepour battre la Droite en place), sur

    la composition de la liste enfin,notre courant rouge-vert étantminimisé, malgré notre présencereconnue sur le terrain et dans lemilieu associatif. Faute d'accordssur ces points, nous avons préférénous retirer du processus (le Pcf etdes écologistes nous ont suivis),laissant EELV et le PS composerleur liste, avec difficultés, conduitepar une militante verte. Nousn'avons rien fait pour gêner cetteliste, rien fait non plus pour lasoutenir.

    Nous ne sommes pas cependantrestés inertes pendant cettecampagne. Je suis, par exemple, alléà des réunions publiques desprincipales listes afin de lesinterpeller sur les initiatives qu'ilscomptaient prendre durant leprochain mandat pour favoriser laparticipation citoyenne, le but étantde leur faire prendre

    ADIJON, pas de souci pour REBSAMEN (PS - MODEM)

    .../...

    Des changements à BEAUNE ?

    « Réinventons QUETIGNY » : des résultats encourageants, mais pas de percée significative

    Pierre ABECASSIS

    À l’automne 2018, la GaucheAlternative de Quetigny (soutenue en2014 par un Front de Gauche« partiel » = 11 ,5% avec 1 élu PierreABECASSIS, adhérentd'Ensemble ! , et six années demandat plus tard) a pris l’ initiatived’un appel citoyen, « RéinventonsQuetigny ». Signé par plus de 40Quetignois.es engagé.es, cet appel aabouti à la présentation d’unevéritable liste citoyenne clairementpositionnée parmi les 800 listesmunicipalistes à l’échelle du pays.Elle a proposé, dans le cadre d'unecampagne dynamique, un projetparticipatif porteur d'une démocratierevivifiée, de mesures solidaires et

    écologistes fortes pour faire face àl'urgence climatique et sociale.

    Dans le contexte très particulier de lapandémie générant une abstentionrecord de près de 60%, la liste« Réinventons Quetigny » conduitepar Lucia SACILOTTI et RaymondMAGUET (Ensemble ! ) a obtenu13,2% et deux élus, sans parvenirtoutefois à ébranler le maire sortant(Rémi DETANG -PS et ses alliésEELV et PCF) qui a su mobiliser sonélectorat traditionnel en ayantl'habileté et une certaine dose decourage politique pour s'afficherouvertement et explicitement « degauche ». En dépit d'une opération« cœur de ville » contestée etcontestable par son coût, sa

    bétonisation et sa densification, sonnon-sens écologique, il est réélu avec58% des voix, soit 30 points demieux que son concurrent"apolitique" de droite, et 8 points demieux qu'en 2014. Beaucoup detravail reste donc pour que lescitoyens agissent ici et maintenant,par eux-mêmes, pour créer le mondede demain. Ce n'est qu'un début. . .

    Ailleurs en Côte d'Or, notre amieEvelyne GELIN, maire sortante deGISSEY sur Ouche, ne sereprésentait pas, tandis que JérômePETITDENT, maire sortant deFAIN-LES-MOUTIERS a été rééluau Conseil municipal, en attendantque celui-ci puisse se réunir pourélire le maire.

  • Gabriel VIENNET

    En Franche-Comté comme ailleursla participation a été faible pour cepremier tour de l’élection municipale2020. En raison probablement del’épidémie virale qui a incité nombred’électeurs/électrices à rester chezsoi, mais aussi, peut-être, parce quela citoyenneté est mise à mal par lasurdité du pouvoir, des institutions,face aux aspirations des citoyen·ne· s.Taux de participation entre 30 et40 %, soit 1 0, 1 5 voire 20 points demoins que lors des précédentsscrutins municipaux. Dans lesquartiers populaires l’abstention estimportante, comme c’est habituel,mais c’est également le cas à Baume-les-Dames, ou Saint-Vit oùl’abstention atteint 73 %, ce quis’explique peut-être par la présenced’une seule liste. À voir !

    Cette participation en net retraits’explique donc probablementaussi par une « crise » de lacitoyenneté. Les électeurs· tricespeinent à garder confiance dansl’ institution communale, quand elleest mise à mal par des lois qui onttransféré 80 % des compétences auxinter-communalités pour lesquelleson ne vote toujours pas de façondirecte. Surtout quand la légitimitédu pouvoir est contestée par lamobilisation des gilets jaunes depuispresque 1 an et demi, parl’opposition sociale audémantèlement de nos retraites parrépartition, ou par le mouvement dedéfense de notre système de santé.Mobilisations sociales qui netrouvent pas de prolongementévident sur le terrain électoral, tantles forces politiques classiquesapparaissent en décalage par rapportaux préoccupations de la population.Dans 5 communes du Doubs, demoins de 1000 habitants il n’y avaitni liste, ni aucun· e

    candidat· e. L’autre faitnotable c’est le recul desscores du RassemblementNational. C’est aussil’échec de La RépubliqueEn Marche à s’ implanterlocalement. Sonpositionnement électoral estparfois illisible. Soutien àBelfort à une responsablePS de premier plan- désavouée par son parti, àBesançon à Eric Alauzet,député ex-EELV,antérieurement soutenu parle PS, et qui réalise unecontre-performance avec18,79 % des votants alorsqu’en janvier un sondage luiprédisait 23 %. Mêmeconstat à Montbéliard où le députémacroniste Denis Sommer, ex-PS,se contente d’un faible score de13,88 % loin derrière la mairesse dedroite réélue dès le 1 er tour avec54,52 %, la gauche unie qui fait27,40 % et devant Lutte Ouvrière à4,1 8 %. Ailleurs c’est une présencepar procuration comme à Vesoul enHaute-Saône où le soutien est allé àAlain Chrétien, le maire sortant ex-UMP, réélu au premier tour avec55,78 % des voix (et soutenu ensous-main, dit-on, par YvesKrattinger, Président PS du ConseilDépartemental), devant LesRépublicains à 22,37 % et le PCFconduisant une liste de gauche à14,38 %.

    Lutte Ouvrière, présente dansd’assez nombreuses communes,réalise des scores qui lui sonthabituels (1 ,22 % à Besançon, 1 ,51% à Lons-le-Saunier, 2,29 % àVesoul, parfois honorable 4,79 % àAudincourt). Pour la gauche le bilanest parfois bon. À Audincourt la listede gauche unie conduite par MartialBourquin, sénateur PS est réélue dèsle 1 er tour avec 55,33 % (élue

    également au 1er tour en 2014 maisavec une liste concurrente du Frontde Gauche conduite par un membredu PCF). À Ornans la gauche unie,mais sans étiquette (la tête de liste,anciennement membre du PS, avaitsoutenu les candidats Front deGauche aux sénatoriales de 2014),gagne la ville contre la droitesortante.

    Enfin quelques situations localesméritent qu’on s’y intéresse. ÀMorteau, ville frontalière de 7000habitant· e· s, pour la première foisdepuis longtemps il n’y avait qu’uneseule liste de droite en lice, la gauchen’ayant pas pu en présenter une. ÀBelfort c’était l’ imbroglio. Une listede droite du maire sortant (LR) à48 %, une liste « en commun pourBelfort » soutenue par EELV et LaFI à 15,26 %, une liste « Belfort engrand » conduite par une ex-PS avecparticipation de la GRS à 12,88 %,une liste « Belfort Autrement »conduite par une ex-PS alliée auModem à 10,22 %, une liste« Belfort’1 » conduite par une vice-présidente PS du conseil régionalBourgogne Franche Comté (majoritéPS à 51 élus sur100) soutenue par

    des engagementspublics. Si nousne sommes plus

    directement au Conseil Municipal,c'est en effet sur ce terrain que nouscomptons poursuivre notreengagement municipal, au travers del'association qui a travaillé avec moitout au long de ce mandat(Alternative Citoyenne en PaysBeaunois) et que nous comptons bienpoursuivre.

    Au premier tour de scrutin, 2 listesont été éliminées : celle d'Agir qui nefranchit pas la barre des 5% (4,7%),

    l'agressivité de sa campagne ayantcertainement déplu à une partie deson électorat, et le RN qui ne fait que6,7% (alors qu'il faisait 22% auxEuropéennes) et rate son objectif deretrouver les rangs du Conseilmunicipal. Le maire sortant fait plusque prévu (48%) et frôle l'élection aupremier tour (de 127 voix). La listeLREM maintient ses positions avec28% (27% aux Européennes) ets'installe dans le paysage politiquelocal, avec l'aide du Député D.Parisélu en 2017 et du sénateur F.Patriat.La liste rose-verte fait un score

    moyen avec 12,4% alorsqu'EELV à eux seuls avaientfait 1 3% aux Européennes.La liste, à coup sûr, est loind'avoir fait le plein des voixde gauche. « À la majorité », ils ontdécidé de ne pas faire d'alliance pourle 2e tour. En juin (peut-être), nousdevrions donc assister à unetriangulaire. Avec la défaite du mairesortant PS de Nolay, la Droite risqueencore de renforcer ses positions à laComm' d'Agglo. Des changementsen perspective mais pas forcémentdans le bon sens . . .

    L'Alternative Rouge & Verte p.7

    .../...

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    Le premier tour des élections municipales en Franche-Comté

  • L'Alternative Rouge & Verte p.8

    Georges UBBIALI

    Ce département n’étant pas un isolat,l’abstention a été très importante,comme dans le reste de la région.Pas vraiment de très grandessurprises pour les résultats dans lesprincipales villes : une prime auxsortants et aux forces politiquestraditionnelles se dessine.

    Prenons les principales villes. ALons-le-Saunier, le dauphin dumaire sortant Jacques Pellisard,Christophe Bois (LREM) est en tête(36,22%) pour un second tour quiverra une triangulaire, associant J-YRavier (29,9%, PS-PCF-EELV) etJohn Huet (droite, 21 ,01%). La listeLFI (soutenue par le NPA), deGéraldine Grevy n’obtient que3,61% et une liste LO (une premièreà Lons), 1 ,52%. A Dole, le mairesortant J-B Gagnoux (LR-LREM) estréélu avec 61 ,56% des voix. La listeEEELV (Hervé Prat, 1 7,9%) est aucoude à coude avec la liste HakoHamdaoui, (PS-PCF) à 17,37%. LOprésentait également une liste qui aobtenu 3,1 5%. Scénario semblable àSt Claude. Le maire sortant J. LouisMillet (droite) arrive en tête avec

    37,76%, talonné par le candidatsocialiste Frédéric Poncet (36,33%).L’ancien maire PCF, Francis Lahaut,arrive en troisième position avec25,91%. Quelle sera l’attitude desdeux listes de gauche pour le secondtour, fusion ou triangulaire ?

    Après l’examen des villes les plusimportantes, reste à analyser lesrésultats dans les communes deplus petite taille. Deux sontparticulièrement intéressantes, dufait des mobilisations qu’elles ontconnues dans les dernières années.La première est Champagnole qui avu une lutte importante pour lemaintien de l’hôpital sur lacommune. Le maire sortant (GuySaillard, droite) a été réélu aupremier tour avec 79,03%, nelaissant à l’opposition de gauche(PS) que 20,96%. La deuxièmecommune est celle de Poligny, danslaquelle un projet d’ installation deParc Centers est toujours en cours.C’est le maire sortant, DominiqueBonnet, favorable au projet qui a étéréélu (54,43%) au premier tour,tandis que les opposants au projet sesont divisés en une liste conduite parAntoine Seigle-Ferrand (27,33%) et

    une seconde (Roland Chaillon,1 8,24%).

    Mentionnons pour finir les villes deSalins et Arbois. Dans la première,une triangulaire se profile au secondtour, sans qu’aucune de ces listes nepuissent être estampillée de gauche.Reste le cas d’Arbois où la candidatePS, Valérie Delpierre, est élue aupremier tour avec 52,45%, contre lacandidate de droite Martine Pingat.

    Au final, les élections au niveau dece département n’apportent pasvraiment d’éléments de rupturepar rapport à la situation antérieure.Le deuxième tour, quand il aura lieu,peut donner lieu à une avancée de lagauche à Lons et Saint-Claude, maisdans une configuration traditionnelled’union de la gauche, sous directionsocialiste.

    Le RN qui avait annoncé saparticipation dans les grandes villesn’a finalement réussi à seprésenter qu’à Rans (535habitants) où le conseiller régionalStéphane Montrelay n’a même pasété élu, et Monteplain (1 36habitants).

    LREM à7,57 %, uneliste du PCF

    « Pour Belfort l’Humaind’abord » à 4,1 8 % et une

    liste LO à 1 ,86 %. À Pontarlier, chef-lieu d’arrondissement où le mairesortant, divers droite est réélu dès lepremier tour, avec 59,33 % des voix(64,48 % au 1er tour en 2014) uneliste divers gauche réalise 40,66 %.Sa particularité est d’avoir commetête de liste un élu sortant, militantde gauche et écologiste, qui étaitproche du PG, et qui en 2014 étaitsecond sur une liste divers gaucheconduite par une militante EELV,ayant réalisé 14,76 % alors que laliste PS réalisait 20,75 %. C’est aussiMaiche où la liste de droitel’emporte avec 61 ,30 % devant uneliste PS à 38,69 % qui comptait unancien candidat de la FranceInsoumise à la législative de juin2017 où il a réalisé 9,1 4 % dans la 3ecirconscription du Doubs. A noter àGennes, qui fait partie de laCommunauté Urbaine "BesançonMétropole", l'élection de DominiqueHenry, membre de la ConfédérationPaysanne, militante pour uneagriculture paysanne opposée àl'agriculture productiviste etphytosanitaire, connue pour sonrefus de prélèvement ADN.

    La FI soutenait peu de listes. Elleétait absente dans le Pays de

    Montbéliard, à Dole et à Vesoul,mais présente à Lons-le-Saunier avecle soutien du POI et du NPA, où ellea fait 3,60 % (dans le Jura le PGavait impulsé en 2015, aux électionsdépartementales, des candidaturesunitaires avec EELV et le PCF), etelle soutenait à Besançon une listecitoyenne qui a réalisé 8,29 %,arrivée en 4e position derrière uneliste de gauche plurielle à 31 ,20 %(EELV, PS, PCF, Génération.S, et AGauche Citoyens ! associationregroupant des anciens du Front deGauche non encartés), LR à 23,60 %et LREM à 18,89. Et RN à 7,21 %,liste LREM dissidente à 4,57 %, liste« citoyenne » divers gauche à2,84 %, liste régionaliste à 2,1 8 %,LO à 1 ,22 %. La comparaison avecle 1 er tour de 2014 est instructive(Gauche unie PS, PCF, EEV,Radicaux 33,63 %, LR-UDI-Modem31 ,64 %, FN 11 ,76 %, liste FdG à7,12 %, DivG 6,22 %, DivD 4 %,DivG, 2,48 %, LO 1 ,42 %, POI0,97 %, DivG 0,72 %). Le sondagede janvier précédemment évoqué estintéressant : (gauche unie 34 %,LREM Alauzet 23 %, LR 15 %, 10%RN 10 %, La LFI et LREMdissidente 6 %) et montre un recul dela gauche, de LREM,du RN et uneprogression de LR et de la FI.

    Besançon illustre les questions endébat autour de l’unité des

    organisations de gauche quisouvent reculent, des reclassementspolitiques en cours, de la nécessitéde rendre le pouvoir aux citoyen·ne· set de construire une perspectivealternative pour l’émancipationsociale. Dès 2016 le maire PS avaitsoutenu la candidature de Macronpuis avait rejoint LREM avec unedizaine de ses coélu· e· s de gauche.Depuis 3 ans il avait en outre entaméune procédure d’expulsion d’un localoccupé par une association d’aideaux migrants et pris un arrêté anti-mendicité sur la ville, sans que sesadjoints EELV et PCF ne sedémarquent clairement de cesdécisions, tout en continuant à fairepartie de sa « majorité » et à voter lebudget chaque année, jusqu’à celuid’avril 2019. Sans oublier le projetd’urbanisation du quartier des Vaiteset la démolition d’immeubles HLMaprès expulsion des locataires. Celaexplique en grande partie le refus dela FI de la proposition faite par lagauche unie de rejoindre sa liste enpréparation et le choix fait parEnsemble ! d’appeler sur la ville àvoter indistinctement pour la gaucheunie, la liste FI et celle de LO, 2membres d’E ! étant candidat· e· s surla liste FI et 2 autres ayant fait partiedu comité de soutien de la gaucheunie.

    Les municipales dans le Jura

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    Tiré à 150 exemplairesN° CPPAP : 1 022, P 111 63

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    25000 Besançon

    L'Alternative Rouge & Verte p.9

    Merci aux personnes qui ont participé àla rédaction : Clémentine Autain, PierreAbécassis, Alfred, Jean-Paul Bruckert,Jacques Fontaine, Jean-Michel Louvet,Claudine Reboux, Georges Ubbiali,Gabriel Viennet, Pierre ZarkaLes articles n'engagent que leur auteur.

    Journal de Ensemble !2 rue du Porteau 25000 Besançon

    Directeur de publication : P. Abécassis

    Georges UBBIALI

    Mort il y a dix ans, ce philosophemarxiste, dirigeant de feu la LCR,continue à vivre à travers cenouveau livre. Peu de temps avantson décès, Bensaïd avait accepté departiciper à une série de douzeémissions sur une radio alternativeFréquence Paris Plurielle. Autourd’une date (3 mai 68 par ex.), il étaitinvité à développer son point de vueet ses analyses sur l’événement ainsicirconscrit.

    Ce sont les enregistrements de cesémissions qui dont donnés à lire.C’est ainsi le « court vingtièmesiècle », comme l’ont caractérisécertains historiens, qui va de larévolution russe (25 octobre 1917,première date) au 9 novembre 1989(chute du Mur), qui est soumis àinterrogation. La guerre d’Espagne,le coup d’Etat de Pinochet au Chili,la décolonisation, la révolutionrusse, la guerre d’Algérie, etc. sontautant de moments clés de l’histoiresociale et politique du XXe sièclequi permet à Bensaïd de revenir sur

    ces moments politiques. Très faciled’accès, car basé sur des recueilsoraux, les différents chapitrespermettent de dresser un récitfoisonnant mêlant l’expériencepersonnelle et l’analyse politique, àchaud.

    Le lecteur recueillera beaucoupd’informations sur ces moments clésde l’histoire sociale, politique etculturelle du siècle passé, de sesluttes, de ses échecs ou de seslimites. Car non content de raconter,Bensaïd développe également uneanalyse marquée par les grandsnoms du socialisme, de Marx àLénine, en passant par Gramsci ouRosa Luxemburg. Pour poursuivrel’aventure, les concepteurs du livreont sollicité des amis politiques duphilosophe disparu pour réagir auxpropos développés. C’est ainsiqu’Isabelle Garo, Michael Löwy,Olivier Besancenot et quelquesautres, prolongent le débat entamé.Le tout forme un beau livre quidevrait intéresser un large publicattiré par les débats politiques sansœillères.

    Le blog d’Ensemble! Franche Comtéest disponible depuis début janvier2020. Dans le menu du haut de lapage vous trouvez diverses ru-briques :

    - la rubrique ACCUEIL qui expliquece qu’est le mouvement Ensemble! ,ses motivations, ses objectifs.

    - la rubrique DERNIÈRES NOU-VELLES est le réceptacle dedonnées diverses très liées à l’actua-lité (une pétition, un rendez vousexceptionnel etc. . .).

    - la rubrique AGENDA reprendl’agenda publié par Gaby par mail(sans toutes les subtilités colorimé-trique je l’avoue) en début desemaine mais aussi quelquefois desinformations de dernière minutequand l’actualité l’oblige (exempleles rassemblements liés au 49-3 dePhilippe).

    - la rubrique NOS DROITS présente

    des articles pérennes sur nos droits àmanifester, à protéger nos identités,etc. . .

    - et enfin la rubrique REMUEMÉNINGES est le lieu de présenta-tion d’articles de provenancesdiverses sur des analyses particu-lières d’évènements politiques ousociaux du moment (locaux, natio-naux ou internationaux).

    Vous le trouverez à l’adressesuivante : https://ensemblefranche-comte.home.blog/

    Bonnes lectures

    Jean-Michel LOUVET

    PS : A terme on pourra aussi y trou-ver « L'alternative rouge et verte »,bulletin de Ensemble ! Bourgogne-Franche- Comté (Mouvement pourune Alternative de Gauche Écolo-gique et Solidaire) en format pdfentre autres.

    Daniel BENSAÏD, Fragments radiophoniques

    Editions du Croquant, 2020

  • L'Alternative Rouge & Verte p.1 0

    La crise sanitaire mondiale peut être l'occasion derenforcer la place des renouvelables dans les plans

    de relance

    Ensemble !Mouvement pour une

    alternative degauche, écologiste et

    solidaire

    Claudine REBOUX

    La crise mondiale du coronavirus meten évidence la place de l'électricité dansnos sociétés modernes. Des millions depersonnes confinées dans leursdomiciles utilisent leurs équipementsinformatiques pour travailler à distance,passer des commandes, consulter de lamusique ou des vidéos. . . Mais lesautorités sanitaires et les personnelssoignants en ont également besoin, afinde communiquer et de transmettre lesdernières informations sur lecoronavirus entre les pays, et de fairefonctionner les matériels médicauxdans les hôpitaux qui accueillent lesmalades.

    Cette crise sanitaire peut-être aussil'occasion, après coup, de repenser uncertain nombre de sujets, comme celuide la transition énergétique. Parexemple, l'Agence Internationale del’Energie (AIE) estime que les plans derelance qui seront inéluctablementconcoctés par les gouvernements unefois que la pandémie sera passée,devront accorder une large place auxénergies renouvelables. « Desinvestissements à grande échelle pourstimuler le développement, ledéploiement et l'intégration detechnologies d'énergie propredevraient être au cœur des plans desgouvernements, car ils apporteront ledouble avantage de stimuler leséconomies et d'accélérer lestransitions énergétiques propres »,assure l'Agence.

    L’occasion aussi en France dedécider d’un plan de sortie dunucléaire en grande difficulté.

    -> Déclin du nucléaire dans le monderuinant les espoirs d’exportation dunucléaire français : « Les options non-nucléaires permettent d’économiserplus de carbone par dollar (. . . ) et paran » que le nucléaire. En effet, « dansde nombreux pays nucléaires, lesénergies renouvelables peuventdésormais concurrencer le nucléaireexistant. Le taux de renouvellement esttrop bas (Le nombre de mises enconstruction est passé de 15 en 2010,année précédant Fukushima, à deux en2019 (au 15 décembre)) pour garantirla survie de la technologie. Noussommes face à une sorte de sortie dunucléaire non-déclarée ». Source :Mycle Schneider Consulting

    -> Plainte suisse : Ville et canton deGenève continuent leur bataille

    judiciaire contre la centrale nucléairedu Bugey. Après le refus du tribunaljudiciaire de Paris d’ouvrir uneinstruction, les autorités genevoises ontdécidé d'interjeter appel del'ordonnance devant la chambre del’ instruction de la cour d’appel deParis. « L’objectif de cette plainte estde permettre de faire pleinement lalumière sur les conditions réelles defonctionnement de la centrale du Bugeyet les risques tangibles en résultantpour les populations et l’environnementafin que l’ instruction puisse trancher del’existence ou non d’infractions »explique l’Etat de Genève. Source LeDauphiné février 2020

    -> Grèves dans les centralesnucléaires, du jamais vu : piquet degrève, mise à l’arrêt de réacteurs,blocage.. . . Face à la dégradation duservice public de l’électricité, lessalariés et les sous-traitants ne veulentêtre « ni une chair à patron ni une chairà radiation ».

    « Pendant les journées de mobilisationcontre la réforme des retraites, entre 40et 60 % des salariés font la grève dansles centrales nucléaires », se féliciteThomas Plancot de la CGT Énergie. Lemouvement touche l’ensemble duterritoire et les 19 sites français.

    L’autre raison de la colère, c’est leprojet Hercule.

    Hercule a pour objectif de créer d'uncôté un « EDF bleu » comprenant lenucléaire, les barrages hydroélectriqueset le transport de l'électricité et del'autre un « EDF vert » comprenantEnedis, EDF Renouvelables, Dalkia, ladirection du commerce, les activitésd'outre-mer et de la Corse d'EDF.« EDF bleu », non rentable,appartiendrait à 100% à l'État, quand labranche « EDF vert » serait, elle,partiellement privée et introduite enbourse à hauteur de 35%.

    Le gouvernement veut privatiser lespro ts d’EDF en libéralisant ladistribution d’électricité et nationaliserles risques en gardant la productionnucléaire . Pour Thomas Plancot, de laCGT, « le service public de l’électricitéest en voie de destruction ».

    C’est aussi la reconnaissance tacitede l’obsolescence du nucléaire cher etde plus en plus dangereux. Il fautvraiment en finir et investirmassivement dans les énergiesrenouvelables.

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  • L'Alternative Rouge & Verte p.1 1

    Clémentine AUTAIN

    « Le fil du commun » n°48, sous letitre « L’intérêt humain, résolu-ment » 17 mars 2020

    Notre vie ralentit par l’effet du confi-nement et s’accélère au gré desannonces et informations qui s’en-chaînent, générant leur lot quotidiende nouvelles inquiétudes. Noussommes potentiellement pris depanique, à l’échelle individuelle etcollective, et c’est le moment detenir bon et d’agir avec le maximumde rationalité. La situation est chao-tique, instable, fragile. Il n’est passimple de prendre du recul mais jeveux livrer ici quelques convictionssur ce que nous traversons.

    D’abord, conformément à ce que jepeux lire des autorités sanitaires, dumonde médical et scientifique, desexpériences comparées à l’échelleinternationale, il apparaît clairementque rester chez soi et se montrer dis-ciplinés dans l’application des gestesbarrière est la seule solution pour ra-lentir la progression du coronavirus.Sans doute avons-nous tardé, les re-commandations des pouvoirs sesont révélées parfois biencontradictoires d’un jour à l’autremais aujourd’hui, c’est laconscience partagée du danger, lamobilisation populaire pour seprémunir collectivement,l’entraide au service du bien com-mun, de la santé, de la vie qui doitprendre le dessus.

    L’heure n’est pas à la polémiqueavec le gouvernement, toute atti-tude perçue comme bassementpoliticienne serait indécente. Iln’en reste pas moins que la démo-cratie doit rester notre cadre defonctionnement, elle est vitale.Aussi les cohérences de pensée, quistructurent le champ politique, nepeuvent être balayées d’un trait :elles sont même des points d’appuipour agir maintenant et pour demain.Je l’affirme sans détour : ce que nousvivons renforce mes partis pris idéo-logiques. Face à la crise sanitaire,ce sont les valeurs de partage et desolidarité qui, prenant le dessus,peuvent sauver le plus de vies. Nousfaisons l’expérience concrète desdimensions dévastatrices de trenteans de politiques néolibérales. Tousces lits d’hôpitaux qui ont fermépour répondre à la doxa de la renta-bilité manquent cruellement. Tousles personnels soignants épuisésavant même que ne démarre la ba-

    taille face au Covid 19, nous placentdans une situation de tension plusgrande. Toutes ces lois qui ont dimi-nué les droits et protections – jepense en particulier à ceux deschômeurs, pour lesquels le gouver-nement est contraint de suspendre lesdispositions régressives qu’il avaitfait voter – ne nous tire pas vers lehaut mais vers le bas. Tous cesmarchés à qui l’on a donné tant depouvoir pour décider du cours deschoses dévissent aujourd’hui enbourse et contribuent à aggraver lamise en danger de la vie écono-mique. Toute cette Unioneuropéenne qui devrait agir ur-gemment et solidairement esthumiliée en une image, une réalité :l’arrivée des Chinois pour porter se-cours aux Italiens. Et cette mesurede report de l’accès à l’AME – aidemédicale d’État – pour les migrantstrouve ici toute son absurdité : si lesmigrants ne peuvent se soigner faceau coronavirus, le risque de trans-mission augmente… Nos sorts sontliés. C’est l’humanité qui est la va-leur fondamentale pour sortir par lehaut des crises que nous traversons.

    Un monde s’écroule. C’est ce queje me dis ensuite, et j ’y pense toutela journée. Ce monde, c’est celuidu court-termisme, de laconcurrence libre et non faussée,de l’austérité budgétaire, et dudéni face au danger climatique quien résulte. Fait symptomatique :après la crise du H1N1 , la recherchesur le virus de type Covid 19 n’a paseu les moyens nécessaires pour sedévelopper. Or la science ne peut pasêtre rentable immédiatement, ellesuppose du temps et de l’anticipa-tion. Mais voilà, nos sociétészappent, elles n’ investissent plusdans la durée et sur le nécessaire.L’échelle des valeurs est dangereuse-ment altérée. La santé des marchésfinanciers prime sur celle des êtreshumains. La crise sanitaire quenous traversons met à nu desdécennies de politiques de destruc-tion des services publics et demarchandisation de la société.Même le Président de la Républiquesemble redécouvrir les vertus de« l’État providence » – et c’est tantmieux ! – alors même qu’avecLREM, il n’avait pas dérogé jus-qu’ici à l’obsession de la règle d’oret de l’ idée qu’il faut « libérer lesénergies », c’est-à-dire dérégulerplus encore l’économie.

    Cette crise sanitaire ressemble

    malheureusement à unegrande répétition générale si l’onconsidère les crises liées au ré-chauffement climatique qui nousattendent. Nous réalisons à quelpoint nos sorts sont liés à l’échelleplanétaire et à quel point pour sesauver individuellement, il faut del’entraide collective. À chaqueéchelle de territoire, c’est la souve-raineté dans la satisfaction desbesoins qui doit être assurée – nousle voyons de façon éclatante avec laproduction des médicaments quel’on ne peut laisser fabriquer àl’autre bout du monde au risque nonseulement d’accroître les émissionsde CO2 en raison du transport néces-saire mais aussi de manquer enapprovisionnement.

    Le chacun-pour-soi façonne nosmodes de pensée et d’agir contem-porains. Ces scènes dans lessupermarchés où l’on se rue pourfaire le plein indiquent l’état d’an-xiété de la société mais aussi à quelpoint nous pensons d’abord à notrepropre intérêt à court terme. Il mesemble que la crise que nous traver-sons doit nous faire réfléchir surl’ interaction entre le « je » et le« nous ». L’ individu, pour s’épanouiret être libre, a besoin du collectif –qui lui-même a besoin de pouvoirs’appuyer sur des individus les pluslibres et épanouis possibles. Or lecollectif a été mis à mal durement etnous réalisons sans doute au-jourd’hui à quel point cela rejaillitsur les individus. Le lien social nes’oppose pas à l’intérêt de l’indivi-du, il est un élément fondamentalpour que la personne puisse ac-céder à la liberté et au bonheur.

    La menace du coronavirus et leconfinement sont une occasion, aussidramatique soit-elle, de penser à lafaçon dont nous voulons faire so-ciété et à nos besoins véritables.Nous redécouvrons combien se soi-gner, se nourrir, se loger dignement,avec accès à la citoyenneté, la convi-vialité, à l’éducation, à la culture etau sport sont les éléments les plusprécieux pour nos vies. La suractivi-té marchande est-elle indispensable ?La chute drastique de la pollution enChine - l’épidémie aurait conduit àune réduction de 200 millions detonnes de rejet de C02 dans le pays -,par l’effet du confinement, fait réflé-chir. 1 ,1 millions de décès en Chinesont dus à la pollution. Pourl’ instant, environ 7.000 morts sont àconstater à l’échelle

    Y aura-t-il un avant et un après coronavirus ?

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  • L'Alternative Rouge & Verte p.1 2

    mondiale àcause duCovid 19. Il

    faut arrêter la pandémie ducoronavirus. Il faut aussi

    penser au changement radicalindispensable de notre modèle de dé-veloppement qui privilégieaujourd’hui les intérêts du capital à

    court terme et dévitalise les bienscommuns.

    J’ai bien conscience que le parti durepli et de l’autoritarisme se croit desailes dans ce moment de grandstroubles. Une réponse néofascistepeut convaincre des esprits gagnéspar la peur et si préparés avec la ba-nalisation de l’extrême droite. C’est

    pourquoi nous devons répondre pré-sents plus que jamais pourargumenter sur le sens des ré-ponses et sur la société à(re)construire. Il y aura un avantet un après le coronavirus. Mettonsà profit le temps que nous avons pourréfléchir à l’essentiel. L’intérêt hu-main.

    Jean-Paul BRUCKERT

    Quelques repères indispensables etincontestables pour initier cetteréflexion sur la Chine. Elle estdevenue, avec un PIB calculé enparité de pouvoir d’achat d’environ18% du PIB mondial en 2016, la1ère puissance économique dumonde devant les États-Unis. « Paysatelier », à l’ instar du Royaume-Uniau XIXe siècle, elle est, dansbeaucoup de domaines, le premierpays industriel et le premierexportateur de produitsmanufacturés et au total le premierexportateur mondial. Pour ce quiconcerne enfin les investissementsdirects à l’étranger (IDE) qui ontconnu un bond spectaculaire plaçantle pays au 2ème rang derrière lesEtats-Unis, ils s’ incarnent dans les« Nouvelles routes de la soie », dontl’appellation officielle est BRI(« Belt and Road initiative »,« Initiative Ceinture et Routes »), parailleurs inscrite dans la Constitution.

    Avec 70 pays etinstitutions qui sesont associés àcette initiative, laChine tente des’assurer desdébouchés pourles productionsexcédentaires deses grandesentreprises (acier,aluminium,ciment, BTP,

    télécoms).

    Cela s’ inscrit clairement dans unepolitique d’expansion planétaire, diteOBOR, « One Belt, One Road »,« Une Ceinture, une Route », autredéclinaison de la BRI, avec, d’unepart le continent eurasiatique pourla ceinture économique, d’autrepart l’Asie du Sud-Est et du Sud,l’Afrique et l’Amérique du Sud pourune « route de la soie » maritime,avec l’Afrique comme terrainprivilégié. Bref, la Chine - qui aadhéré à l’OMC en 2001 - s’estpleinement insérée dans le systèmecapitaliste mondial, a investi dans

    l’achat d’entreprises, dans desprises de participations (PSA,Energias (Portugal), port du Piréeetc.). Elle souscrit massivement àdes emprunts au point que certainspays en sont devenus très dépendants(exemple du Sri Lanka).

    Cette politique a un volet militaireet territorial. Il faut ici rappeler quecontrairement à certaines idéesreçues, la Chine a été et est toujoursune puissance coloniale. Comme laRussie, elle a possédé un empire,continental et non point maritime.Tibet et Sin-kiang où les TurcsOuighours sont soumis à une terriblerépression de masse ne sont autresque des colonies !

    Son armée est déjà numériquementla première armée du monde. Elleest d’autre part en passe deconstituer, sinon qualitativement dumoins quantitativement, unepuissance navale de premièreforce, de loin d’ores et déjà la 2èmedu monde. Elle dispose de basesextérieures (Djibouti) au débouchéde la Mer Rouge, ou des facilitésportuaires comme Gwadar en merd’Oman (Pakistan), dont l’objectifest tout autant économique quemilitaire, loué pour 40 ans à unesociété chinoise. Sera-ce aussi le casde Hambantota (Sri Lanka) loué parune compagnie chinoise pour 99ans ?

    Une expansion qui, outre le cadred’une stratégie lointaine dite du« collier de perles », s’accompagned’une volonté de maîtrisertotalement son espace proche. D’oùla revendication sur les îles Diaoyu(Senkaku pour les Japonais) en merde Chine orientale, et lamilitarisation d’atolls sur les îlesSpratley et Paracel, en mer de Chineméridionale, ce qui n’est pas sansprovoquer des tensions parfois trèsvives et même des incidents armésavec les pays riverains. Constituerdes espaces réservés dans saproximité immédiate - une doctrineMonroe (*) à la chinoise ? - et tenterde maîtriser un espace plus lointain,l’océan indien et les détroits de

    l’ Insulinde, vital pour sesapprovisionnements, n’est-ce pas, aumoins en partie, à l’origine de la« course aux armements » dans larégion (Inde et Japon) ?

    Pour les uns, dont certainsmarxistes, la Chine est doncclairement impérialiste. Comme ilest impossible de revenir ici sur lesdifférentes théories marxistes del’ impérialisme, on se contentera duconstat qui suit. Recherche dematières premières (entre autrespétrole et gaz, fer ou cuivre) - laChine en manque sauf pour lecharbon et les « terres rares » où elleest en position dominante - et deterres cultivables, recherche dedébouchés pour ses produitsmanufacturés, et pour ses capitaux,d’où le bond effectué dans les IDE.Ne s’agit-il pas là de toutes lescaractéristiques del’impérialisme ? Pour d’autres,comme Bertrand Badie, la Chine nes’ inscrirait pas dans « un cycleobligé de rivalité de puissance et dequête hégémonique », mais dans unelogique de rayonnement,l’apprentissage d’une hégémonied’un type nouveau et dans le « refusde s’enliser dans un projetmessianique ». Séparant le politiqueet l’économique et tendant à êtreprésente là où elle ne risque que trèspeu, la Chine opérerait un choix depuissance post-hégémonique.

    Le débat, sauf à se situer dans uneperspective « campiste » consistant àconsidérer qu’il n’y a qu’un seulimpérialisme, l’ impérialismeétatsunien, et des sous-impérialismes, est loin d’être clos,surtout si l’on pense à la dimensionmilitaire du projet chinois.(*) président des États-Unis quiinterdit aux Européens de se mêler desaffaires américaines (1823).L'Amérique aux Américains

    Dans nos prochains numéros, nousparlerons de deux autres hégémonies: la Russie et son rôle international,les USA et la réorientation de sonimpérialisme

    Les hégémonies en questionLa Chine : un nouvel impérialisme ?

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