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« BaptisteQuand j’étais malheureux, je dormais, je rêvais…Mais les gens n’aiment pas qu’on rêve.Alors, ils vous cognent dessus, pour vous réveiller, ils cognent contre leur ignorance…Heureusement, j’avais le sommeil dur. Plus dur que les coups en tout cas ! Et j’y échappais en rêvant. Oui, je rêvais, j’espérais, j’attendais…C’est peut-être vous que j’attendais.

GaranceDéjà. »

« GaranceVous tremblez… Vous avez froid ?

BaptisteJe tremble parce que je suis heureux. Je suis heureux parce que vous êtes là.Je vous aime, Garance… Et vous, m’aimez-vous ?

Garance, troubléeVous parlez comme un enfant... C’est dans les rêves que l’on aime comme ça…

BaptisteLes rêves, la vie… C’est pareil.Sinon, ça ne vaut pas la peine de vivre !Qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse, de la vie ?Ce n’est pas la vie que j’aime… C’est vous !

GaranceVous êtes le plus gentil garçon que j’aie jamais rencontré…Moi non plus je n’oublierais jamais cette nuit, notre nuit, notre bulle…… Vous me plaisez…

Baptiste…Je vous aime…

GaranceC’est tellement simple l’amour. »

Les Enfants du ParadisJacques Prévert, Editions de Monza, Paris, 2005, p.87

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Repères biographiques

Théâtre de l’Infini

La troupe du Théâtre de l’Infini puise ses origines dans les classes de Dominique Unternehr dans l’option théâtre du lycée de Nérac, dans le Lot-et-Garonne. Dans ce cadre scolaire, le groupe mène des travaux comme Los Reyes, de Julio Cortázar, mis en scène en espagnol et français par Dominique Unternehr, Agamemnon, d’Eschyle, monté en création collective, Hamlet de Shakespeare mis en scène en anglais et français par Dominique Unternehr, ainsi que divers travaux sur l’auteur contemporain Valère Novarina.

En avril 2012, devant la possibilité de monter une pièce supplémentaire à présenter à l’épreuve du baccalauréat, et forte de ses précédents projets scolaires, le groupe décide de fonder le Théâtre de l’Infini, et de monter L’In-diade, ou l’Inde de leurs Rêves, d’Hélène Cixous, mise en scène par Enzo Cescatti. Ayant obtenus les droits et la bénédiction de l’auteure, la troupe se lance dans le travail sur cette pièce, retraçant l’indépendance de l’Inde en 1947, et le combat du Mahatma Gandhi contre la partition.

Après quelques mois de pause, en septembre 2012, la troupe du Théâtre de l’Infini déménage à Bordeaux, et commence un tout nouveau travail : l’adaptation du film Les Enfants du Paradis pour la scène. Pour mener ce projet, la troupe s’étoffe et compte près de 30 acteurs, sans compter l’équipe technique. Le projet sera mené sur deux années de préparation et de répéti-tions, avant de pouvoir jouer.

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Repères biographiques

Jacques Prévert

Jacques Prévert naît à Neuilly-sur-Seine le 4 février 1900. Il y passe son enfance, alors que ses parents l’emmènent régulièrement au cinéma et au théâtre. Il s’ennuie à l’école, et dès 15 ans, après son certificat d’études, il abandonne les études, multiplie alors les petits travaux pour vivre et est mo-bilisé en 1917.

Dès 1925, il participe au mouvement surréaliste, avec ses amis Marcel Duhamel, Raymond Queneau et Yves Tanguy, ils vivent ensemble. C’est Prévert qui trouvera le terme de cadavre exquis pour définir le jeu littéraire auquel ses amis et lui se livrent. Prévert est toutefois trop indépendant d’es-prit pour faire véritablement partie d’un groupe constitué, quel qu’il soit. Il supporte mal les exigences d’André Breton, et la rupture est consommée en 1930. En 1932, il écrit les textes pour le groupe Octobre et il participe aux Olympiades du théâtre à Moscou.

Toute sa vie, Jacques Prévert témoignera d’un engagement politique sin-cère. Surréaliste inclassable, certains observateurs n’hésitent pourtant pas à l’apparenter au courant libertaire.

Il est le scénariste et dialoguiste de grands films français des années 1935-1945, notamment Drôle de drame, Le Quai des brumes, Le jour se lève, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du Paradis et Les Portes de la nuit de Marcel Carné, Le Crime de Monsieur Lange de Jean Renoir, Remorques et Lumière d’été de Jean Grémillon. Il a, à deux reprises, adapté des contes de Hans Christian Andersen, d’abord La Bergère et le Ramoneur devenu Le Roi et l’Oiseau, film d’animation de Paul Grimault en 1957, puis en 1964, Grand Claus et Petit Claus, autre conte d’Andersen, à la télévision, Le Petit Claus et le Grand Claus de son frère Pierre Prévert.

Pendant la guerre, il protège son ami musicien et juif, Joseph Kosma qui, grâce à lui, peut poursuivre son travail de musicien, et il aide également à se cacher le décorateur Alexandre Trauner, recherché par les allemands. Son recueil Paroles, publié en 1946, obtient un vif succès, et la même année naît sa fille Michèle. Il épouse Janine Tricotet en 1947

Son domicile parisien est situé dans le quartier de Montmartre, au fond d’une petite impasse derrière le Moulin-Rouge, sur le même palier que Boris Vian. Sur les conseils du décorateur Alexandre Trauner, il achète alors une maison en 1971 à Omonville-la-Petite, dans la Manche. Le 11 avril 1977, il y meurt des suites d’un cancer du poumon, lui qui avait toujours la cigarette à la bouche. Il avait 77 ans.

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Les Enfants du Paradis, c’est l’histoire d’un mime, d’un acteur, d’un as-sassin, d’un noble richissime. Tous quatre désirent la même femme, Garance. Mais seul Baptiste, le mime, l’aime vraiment. Alors que Frédérick – l’acteur – et Baptiste connaissent la célébrité, Garance doit faire la part entre ces quatre prétendants, alors qu’elle est prise contre son gré dans la spirale d’un des coups manqué de Lacenaire, le troisième, l’assassin. Accusée à tort par la police, elle part avec le quatrième larron, un richissime comte, Edouard de Montray.

Sept ans plus tard, Frédérick et Baptiste sont devenus très célèbres, tout-Paris se presse à l’entrée des théâtres où ils jouent. Garance est reve-nue, et tous les soirs, incognito elle se glisse dans une loge du Théâtre des Funambules, dans lequel Baptiste joue la pantomime. C’est alors que tour à tour, les quatre aspirants à l’amour de Garance, ouvrent leurs cœurs, parlent d’eux-mêmes et de leurs faiblesses dans quelques-unes des plus belles scènes de l’histoire du cinéma.

Le récit

Les Enfants du Paradis

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Équipe artistique

Fiche artistique

Comédiens Meguy Araujo, Robin Beorchia, Victorien Cacioppo, Anna Chabat, Amely Colas, Nina Ciutat, Juliette Dumas-Moreau, Emma Fidelin, Antoine Houdinet, Lola Kolenc, Jean Lagrave, Juliette Missud, Daphné Ricquebourg, Maria Vedel Petersen, Marine Simon, Marine Soulié, Patrick Swale, Dominique Unternehr, Laura Van Puymbroeck, Pauline Vic, Juliette Villenave.

Mise-en-Scène, Adaptation & Scénographie Enzo Cescatti

Dramaturgie Dominique Unternehr

Collaboration Artistique Dominique Unternehr & Laurence Haumont

Assistantes à la mise en scène Marine Soulié & Amely Colas

Graphisme, Visuels & Affiches Laurence Haumont

Création des Costumes Amely Colas & Hervé Poeydomenge

Collaboration à la création des costumes Caroline Martineau, la troupe de l’Infini

Relation avec les publics & communication Laura Van Puymbroeck & Maria Vedel Petersen

Décors, peintures & trompe l’œil Benjamin Le Houezec & Lorea Chevallier

Saisie du texte Enzo Cescatti & Marine Soulié

Photographies Michael Marceny & Laurence Haumont

Soigneur & ostéopathe Ginette Poloni

Juriste Karine Cassa-Cescatti

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Frontières…

Où est la frontière entre ce que le public – la mémoire collective – attend de notre spectacle, et ce que nous – la troupe – voulons lui montrer ? C’est la question que je me pose à longueur de temps. Dès le lancement des Enfants du Paradis, je savais que je ne voulais pas refaire le film. Refaire aurait été sans intérêt théâtral. Mais que proposer ? Où s’arrêter ? Que Les Enfants du Paradis peuvent-ils supporter ? Toutes ces questions, j’ai choisies de ne les garder que pour moi et pour le dramaturge, en demandant au reste de la troupe de ne pas visionner le film, évitant ainsi un débat sur ces « frontières »

Il a fallu faire des choix. Avant même de commencer le travail au plateau. Dans l’adaptation, je me suis gardé de changer les dialogues de Prévert, et j’ai essayé d’imaginer une scénographie et l’écrivant, changeant certains lieux pour d’autres, simplifiant des situations pour qu’elles puissent rester plausibles sans champs-contrechamps et mou-vements de caméra.

Subvenir aux rêves de ces gens qui viennent nous voir, que symboliquement nous invitons, qui nous font confiance pour les faire voyager est l’objectif de la troupe du Théâtre de l’Infini. Ils ont le droit de rêver, de «sortir d’eux-mêmes» comme un comédien sort un peu de lui-même pour devenir un personnage. Je n’aime pas parler de ces gens comme d’une entité linéaire qu’habituellement on appelle public. Il s’agit d’humains, d’âmes, d’histoires, de personnages, de vies différentes. Le jeu est probablement d’essayer de trouver l’état de grâce qui va nous être com-mun. « Nous », ces gens, les acteurs, toutes personnes dans le théâtre au moment du spectacle.

Du film, le grand public connaît surtout les plans, les costumes, Arletty et sa gouaille, Jean-Louis Barrault le magnifique, Pierre Brasseur le lion, Maria Casarès l’amoureuse. Mais au fil des discussions qui accompagnent tout projet, je me rends compte que plus rarement on parle du texte, de la poésie, des mots de Jacques Prévert, de sa syn-taxe si particulière, de son vocabulaire. Ses échanges dialogués semblent d’une malicieuse simplicité dans les mots, mais trouver la simplicité pour les dire n’est évidemment pas aussi simple. Il est important je crois, de noter que le projet que je mène avec le Théâtre de l’Infini n’est pas un simple visionnage du film et d’un coup de foudre. Il s’agit d’une véritable passion de ma part pour la thématique du désir, du désir refoulé, de la jalousie qui n’en est pas une (l’amour étant encore plus fort), de l’érotisme chaste. Et les personnages que sont Lacenaire, Baptiste, Frédérick, Jéricho, Madame Hermine, Nathalie. J’ai à ce jour beaucoup de mal à définir mon sentiment envers Garance, pour laquelle j’ai l’impression d’éprouver plus une sorte d’attachement ému qu’une réelle passion. La comédienne ou le comédien qui interprétera Garance m’éclairera sans aucun doute.

Mon histoire personnelle est sûrement responsable de mon désir de remontrer, aujourd’hui, cette histoire qui parle de théâtre. Mais cette fois de manière différente, parler de théâtre en faisant du théâtre est une difficulté terri-blement excitante. Il ne faut absolument pas avoir peur de donner une nouvelle lecture de ce monument. Sinon, le Théâtre en lui-même n’aurait plus de légitimité à exister, puisqu’il propose sans cesse de nouvelles lectures d’oeuvres précédemment écrites. Nous prenons donc Les Enfants du Paradis comme oeuvre littéraire (et elle en est une, sans aucun doute possible), et y travaillons avec passion, et envie de dire ce texte en l’imageant de la façon qui nous pa-raîtra la plus juste.

Enzo Cescatti

Note d’intention du metteur en scène

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Garance

Il y a longtemps… Je connus un mime et un acteur… C’était avant que Paris ne soit défigu-rée, avant que le Boulevard du Crime ne soit détruit pour laisser passer le boulevard du Temple… Avant. Le Boulevard du Crime était parsemé de théâtres, de guinguettes, d’hôtels scabreux : c’était un immense déambulatoire d’artistes, de camelots et de cracheurs de feu. Les badauds criaient, les bonimenteurs tentaient de crier plus fort, les marchands ambulants, plus fort que les bonimenteurs… On entend vaguement des bruits de foule, de boniments, de musique, de spectacles de rue…

C’était pendant la Restauration, et nous vivions des temps heureux. Nous étions fauchés comme les blés, mais notre jeunesse faisait exploser en vol tout sentiment bassement réaliste. Il y a longtemps, je connus un mime et un acteur… Moi je n’aimais personne, d’amour. Mais tous les hommes m’aimaient, j’étais « désirable ». De toute façon, je ne comprenais pas ce qu’étais l’ « amour ». A l’époque, du moins. Parce que l’amour, je ne le compris que sept longues, très longues années plus tard. La voix de Garance laisse, pour quelques instants, place à la musique. Puis, elle reprend.

Le mime m’avait sorti d’un mauvais pas et avait une grâce inimagi-nable, et le comédien m’avait donné du rêve. La question du choix ne s’était pas posée, elle ne s’était jamais posée pour moi, de toute façon. Je suppose qu’ils avaient dû en souffrir, mais je ne me posais pas ce genre de question. Le réalisme m’ennuyait, j’étais bien là où j’étais, et je crois qu’eux aussi. Je ne vous raconterais pas ce que nous sommes devenus, je ne vous raconterais pas la suite. Vous êtes venus, aujourd’hui, à l’aube de ma vie, je vais vous transporter vers l’univers baroque et chatoyant qui régnait dans nos esprits à cette époque… Lentement elle se dirige vers les panneaux scéniques et tire doucement sur les voilages noirs, qui tombent mélancoliquement sur le plateau et découvrent le décor du Boulevard du Crime, en deux dimensions et peu habité par le Théâtre. Pendant cette action, sa voix continue :

A cette époque donc, je devais avoir vingt ans ou presque, et je travail-lais dans une sordide baraque de toile où des badauds égrillards venaient contempler mon corps nu… Notre vieille Garance disparaît dans le bruitage des badauds et camelots du boulevard, alors que les serviteurs de scène (qui peuvent être des comé-diens) viennent pousser les panneaux scéniques, les mettent dans la position « Boulevard du Crime », disposent la découverte trompe-l’oeil, et mettent en place la toile et la guinguette. La lumière change et tous les comédiens envahissent l’espace.

Prologue

Les mémoires de Garance

Les panneaux scéniques sont refermés sur l’avant-scène, recouverts d’un voilage noir.

Après un prélude musical, la lumière se fait et Garance apparaît, dans sa forme âgée et diminuée.

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Formation2000-2010 Formation au violon, classes de Lilla Papp, cours Weiner2002-2012 Formation au jeu d’acteur, classes d’Odile Belle, Compagnie CorZeAm2009-2012 Option Théâtre du Lycée de Nérac (47), classes de Dominique Unternehr

Vie artistique amateur2008-2010 Poste de premier violon, Orchestre agenais Pupitre 777Juin 2006 Assistant, court-métrage L’Envie des Autres, réalisation Miren Pradier, production OffshoreSaison 2008-2009 Scénographie de Silence, on joue, mise en scène Odile BelleSaison 2011-2012 Mise en scène et adaptation d’Exercices de Styles, de Raymond QueneauSaison 2011-2012 Participation dans la création collective d’Agamemnon, d’Eschyle, Option-Théâtre du Lycée de Nérac

Vie artistique professionnelle Saison 2011-2012 Assistant à la Création Lumière d’Alain Unternehr et régie-lumière de Toujours Personne… d’après Matéï Visniec, mise en scène Dominique Unternehrfévrier 2012 Rencontre avec Ariane Mnouchkineavril-mai 2012 Mise en scène & scénographie de L’Indiade, ou l’Inde de leurs Rêves, d’Hélène Cixous, Théâtre de l’Infini, soutien du Théâtre du Soleil Fondation du Théâtre de l’Infini, direction Enzo Cescattiaoût 2012 Stage pluridisciplinaire lors de la tournée du Théâtre du Soleil, pour Les Naufragés du Fol-Espoir, Édimbourg, Écosse. janvier 2013 Création Lumière de Le Cirque des Petits-Personnages, mise en scène David Ponce, Compagnie La Nuit Venuefévrier 2013 Création Lumière de Le Vieil Homme et la Mer, d’après Ernest Hemingway, mise en scène Jean LagraveSaison 2014-2015 Assistant metteur en scène de Protée de Paul Claudel, mise en scène Dominique Unternehr, Companie La Nuit VenueSaisons 2012-2013, 2013-2014, 2014-2015 Mise en scène, scénographie et adaptation de Les Enfants du Paradis, d’après Jacques Prévert, Théâtre de l’Infini

Enzo Cescatti