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« Ce ne serait pas bientôt l’heure d’aller au lit ? le tourbillon de ses aventures sexuelles, Lette néglige son travail et sa femme; il n’est plus qu’une coque vide, un

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Traduction Hélène MaulerRené ZahndDistributionNathalie RaphaëlJacques ArnouldRomain OzanonJ.-J. ParquierMise en scèneJ.-J. ParquierJulia FriedbergScénographieCédric TouzéVideoTony GagniarreLumièreBruno MarchettiBande sonLéo PaolettiCostumesChloé JeanginDiffusionGaëlle AboutGraphismeMatthieu Fernandes

« Ce ne serait pas bientôt l’heure d’aller au lit ?  

Maintenant que nous sommes riches et beaux ?  

Pour que nous soyons heureux et puissions dormir. »

LE MOCHEDe Marius von Mayenburg

Par Le Théâtre à Cran

Lette, brillant ingénieur, ne comprend pas pourquoi c’est son assistant qui doit présenter sa nouvelle invention, le connecteur 2 CK, à la conférence de Brigue. « Votre nez nous l’avons dans le nez ! » Fanny, sa femme, le trouve très beau intérieurement, elle aime sa voix, mais elle n’aurait jamais imaginé avoir un mari si moche. « Allez-y, charcutez. » Le résultat est au-delà de toutes ses espérances. « Une tête d’oeuf dur sans coquille ! » Fanny est folle de lui, son patron l’envoie aux quatre coins du monde pour vendre le connecteur 2CK, une file de 25 femmes l’attendent après chaque congrès, le chirurgien loue ses services à prix d’or pour la promotion de son visage. Happé par son succès et le tourbillon de ses aventures sexuelles, Lette néglige son travail et sa femme ; il n’est plus qu’une coque vide, un visage parfait qui éveille le désir et qu’on s’arrache. Tout le monde finit par se payer sa tête et son clone est partout, au supermarché, dans les parcs. Son patron le vire sans ménagement. « Karlmann le fera lui-même à l’avenir. » Fanny finit par le tromper. Sans femme et sans travail, Lette n’est plus rien. Il aspire à retrouver son visage d’autrefois. « Ce qui a été découpé, ça ne peut pas se rafistoler. » Il ne lui reste plus qu’à se jeter du 25e étage d’une tour pour écrabouiller ce visage qui l’a détruit. Mais est-il nécessaire de mourir pour se retrouver lorsque l’on peut s’adonner à la contemplation de soi-même dans l’autre ?

L’HISTOIRE

« Lette - Ne soyez pas triste Karlmann, tout le monde ne peut pas avoir un visage comme le mien.Fanny - C’est aussi ce que je pensais, mais maintenant c’est déjà la troisième fois que ça arrive.Lette - Quoi ?Fanny - D’abord au supermarché, ensuite dans le bus, et juste à l’instant au parc.Lette - Au parc ?Fanny - Je suis sur un banc, et quelqu’un s’assied à côté de moi, je jette un coup d’oeil, et c’est toi.

Lette - Moi ?Fanny - Oui. Avec un nouveau manteau. Je te regarde encore, une femme arrive dans l’allée, et tu lui fais un baiser.Lette - Je n’ai pas…Fanny - Et alors tu as ouvert la bouche et parlé avec la femme, mais ta voix était complètement différente. Et la femme a dit que l’opération s’était apparemment bien passée et que tu étais exactement comme sur la photo.Lette - Mais je n’ai pas été au parc.Fanny - Je sais, c’était un autre homme, avec ton visage. »

Dès  la  première  lecture,  la  pièce 

m’a  semblé  simple  et  directe,  elle 

m’a  rappelé  les  jeux  d’enfants  que 

je  pratiquais,  celui  du  docteur,  ou  celui  du  patron.  Peut-être  parce  que  les 

personnages  gardent  le  même  nom  et  changent  d’identité,  alors  qu’ils  sont 

joués  par  le  même  acteur ;  cette  confusion  déroute  ma  pensée  d’adulte  mais 

rassure l’enfant qui est en moi. La perte de son identité, sa dilution dans l’acte 

de paraître tellement mieux,  le faire-savoir qui vide l’individu de son savoir-

faire,  sont  des  données  révoltantes  de  notre  société.  Nous  devenons  tous 

interchangeables,  simples  numéros  sur  une  liste  d’attente  sans  fin.  Faire  du 

théâtre, c’est forcément s’opposer à cette volonté d’uniformiser le monde, c’est 

entretenir  par  la  mise  en  valeur  des  défauts,  des  soi-disant  tares  de  chaque 

individu, un espoir de poésie et de différence. Après quelques années passées 

à revisiter la farce et le vaudeville, la pièce de Marius von Mayenburg répond 

exactement à mon désir d’associer la vitesse d’exécution de ces mécaniques à 

faire rire, avec la pertinence d’un sujet à vif de notre société. Cela grâce à une 

écriture drôle, vivace et enlevée, qui laisse une liberté très grande à la mise en 

scène. Celle-ci suivra l’écriture, avec des transitions nettes voir brutales, une 

série de séquences montées en cut, le travail de l’acteur au centre du dispositif 

scénique lui-même réduit au plus simple.

POURQUOI MONTER CETTE PIÈCE ?

Les  indications  de  l’auteur  vont  dans  le  sens  du  dépouillement.  Le  corps  des 

acteurs  devient  machine,  il  est  interchangeable  et  représente  le  connecteur, 

l’invention  de  Lette.  Comme  dans  les  jeux  d’enfants,  des  cubes  blancs  de 

différentes tailles et de différentes textures sont manipulés par les acteurs tout 

au long de la pièce. Ils forment un jeu de construction permettant de symboliser 

tour à tour des éléments du connecteur, les sièges du bureau de l’entreprise, la 

forme brute du visage de Lette, les instruments de chirurgie. Pendant l’opération, 

une chorégraphie associe les cubes au corps de Lette pour composer une image 

abstraite, la vidéo projetant sur les cubes différentes parties du visage de Lette en 

une recomposition absurde. Nous avons conçu la vidéo et la bande son pour créer 

un univers  fantasmatique, où  le visage de Lette se démultiplie, et se mélange 

avec les visages des autres comédiens. Le son contribue à rendre l’impression 

mêlée de malaise et de rêve qu’entraîne la perte du visage, et de l’identité. Est-

ce un cauchemar, est-ce la réalité ? La bande son plonge le spectateur dans un 

univers à la fois mécanique, et onirique.

Il aime jouer avec les codes et les conventions. La forme de la pièce épouse le propos : un même acteur joue plusieurs personnages portant le même nom et on passe d’une situation à une autre sans transition. Le rythme est donné, vif et sans temps de repos, entraînant le spectateur dans une mise en abîme dont il ne sort pas indemne. Marius von Mayenburg est né à Munich en 1972. Après des études de langue, littérature et civilisation allemandes, il s’installe à Berlin où, de 1994 à 1998, il suit au Conserva-toire les cours d’écriture scénique de Yaak Kar-sunke et Tankred Dorst. En 1996, il écrit à partir d’un fait divers des années 1920 Haarman, la chronique d’un tueur en série surnommé le « boucher de Hanovre » et il obtient plusieurs prix l’année suivante pour une pièce qui très vite fera le tour du monde : Visage de feu. Devenu dès lors collaborateur artistique de Thomas Ostermeier d’abord à la Baracke du Deutsches Theater de Berlin puis, à partir de 1999, à la Schaubühne, Marius Von Mayenburg conjugue les activités de dramaturge, de traducteur (Sarah Kane, Martin Crimp...) et d’auteur. Ont été également jouées en France à ce jour L’enfant froid, Cible mouvante, Eldorado et Parasites.

L’AUTEUR

UNE SCÉNOGRAPHIE SIMPLE & SOPHISTIQUÉE COMBINANT, CUBES, VIDÉO & UNIVERS SONORE

Jean-Jacques Parquier Directeur artistique comédienFormé à L’ENSATT, il crée le Théâtre à Cran en 1998, d’abord basé à Culles-les-Roches, puis au Grain de Sel à Chalon-sur-Saône depuis 6 ans. De nombreux spectacles accompagnent la vie de la compagnie dans lesquels il est soit acteur, soit metteur en scène, soit les deux. Il se définit comme meneur de projet.

Julia FriedbergConseillère artistique mise en scèneTrès tôt ballottée entre les civilisations extrême-orientale et occidentale : d’un côté le théâtre balinais, les transes, de l’autre la rationalité d’une famille vouée aux sciences, Julia a longtemps cherché sa voie. Elle la trouve par la pratique de la danse expérimentale, puis passe un DEA d’anthropologie et une maîtrise de chinois.

Bruno Marchetti Responsable technique éclairagisteEst successivement pépiniériste, mécanicien, marin, il se forme à la régie à l’Espace des Arts et au cours de stages de formation continue. Depuis 10 ans, il est régisseur de la Compagnie. Pianiste de blues autodidacte, il a par ailleurs composé la musique de plusieurs spectacles.

Léo PaolettiMusicien sonorisateurDécouvre le monde de la musique électronique et électroacoustique au CRR de Chalon-sur-Saône. Il a une profonde curiosité sur la démarche

artistique de Pierre Schaeffer et Aphex Twin qui analysent la composition musicale d’un point de vue sociologique et culturel. Il mène un travail sur la musique atmosphérique, sur les sons électroniques, l’ambiance expérimentale ou encore le paysage sonore.

Tony GagniarrePeintre vidéasteÀ grandi dans une salle de cinéma, engloutissant des kilomètres de pellicules. Il se lance dans toute une série d’expérimentations visuelles sur tous les supports existants : Super 8, VHS, Hi-8, Béta SP, mini DV, mais aussi dessin, peinture, graffiti, graphisme et 3D. A travers son travail à Nicéphore Cité, il cherche à plonger le spectateur dans un bouillonnement visuel et émotionnel, un maelström organique d’images brassant toutes ses pratiques créatrices à un niveau moléculaire.

Cédric TouzéMarionnettiste scénographe Marionnettiste depuis plus de 10 ans, Cédric Touzé fonde la compagnie Tête d’enclume en 2000. Son théâtre, issu de l’Arte Povera et du théâtre de rue, est d’abord visuel et gestuel. En 2010, il décide de se rapprocher du texte et crée le spectacle Cadavre Exquis basé sur la littérature fantastique du XIXe siècle. L’univers du « Moche », à la fois drôle et inquiétant, s’inscrit donc dans une réelle continuité de recherche

L’ÉQUIPE

autour de cette « schizophrénie théâtrale ».

Romain Ozanon ComédienAnthropologue ou comédien, Romain doit faire un choix. Préférant Shakespeare à Bourdieu, il frappe à la porte des écoles de théâtre. Il est reçu au cours Myriade fondé par Georges Montillier (sociétaire de la comédie Française) et, l’année suivante, au Conservatoire de Lyon. Pendant 3 années, il peaufine sa technique et son langage théâtral sous la direction de Philippe Sire, Laurent Brethome et Magali Bonnat. Sa formation finie, il se lance à l’assaut des théâtres, des compagnies et du voyage sans fin vers l’intermittence pour jouer, créer et s’amuser.

Jacques ArnouldComédien Après avoir débuté, dans les années 80, une carrière prometteuse, après avoir incarné, servi par un physique d’Apollon et une sensibilité à fleur de peau, les jeunes premiers de théâtre, Valère dans Tartuffe, Colin dans L’écume des jours, après avoir joué Marivaux, Jean Genet ou Eric Westphal sur les plus grandes scènes parisiennes, après avoir fui la capitale pour échapper à une meute d’admiratrices hystériques et s’être installé en Saône-et-Loire, Jacques Arnould joue... : Le Moche !

Nathalie RaphaëlComédienneFormée au Théâtre de Bourgogne avec

Michel Azama et Solange Oswald, puis à Paris au Théâtre-École du Passage (Niels Arestrup) et au Théâtre National de Chaillot auprès d’Andrzej Seweryn, elle jouera dans sa première mise en scène Peines d’amour perdues de Shakespeare à Gennevilliers. Joue le rôle de Zazou dans la comédie musicale Zazou de Jérôme Savary, au T.D.B avec A.Mergnat, et avec J.V Lombard, elle est à l’initiative d’Attentat texte contemporain de P. Demossier.

Gaëlle AboutChargée de diffusionÉtudes de lettres classiques, terminées par une maîtrise et un CAPES. Journaliste pendant 10 ans notamment à la radio pour ITW d’artistes. Rencontre le théâtre à partir de 1986 des deux côtés du plateau. Comédienne dans une troupe amateur à Paris, puis metteur en scène. Formation en administration des structures du spectacle vivant à Nanterre, puis au GRETA de Bagnolet. Suit en diffusion, relations publiques, montage de productions de nombreuses équipes depuis 1995.

Chloé JeanginCostumièreFormée à l’ENSATT, Chloé travaille avec le Théâtre à Cran depuis la création du Médecin malgré lui. Elle a ensuite conçu les costumes de L’affaire de la Rue de Lourcine et de La demande en mariage. Elle intervient régulièrement à l’EDA et travaille avec plusieurs compagnies régionales.

Le Théâtre à Cran tire son nom de la 

terre  rouge  de  Culles-Les-Roches 

qui  recouvre  le  sol  du  premier  lieu 

de  la  Compagnie  créée  en  1998 

dans  ce  village  de  200  habitants, 

où  pendant  5  ans  elle  organise  un 

festival ouvert aux arts de la scène. 

La  Compagnie  s’installe  au  Théâtre 

Grain de Sel en novembre 2005 pour 

la création de A tous ceux qui de Noëlle Renaude. Depuis elle anime le lieu avec 

une programmation éclectique associant jeune public, créations des équipes 

régionales  et  action  culturelle  en  direction  de  l’agglomération  chalonnaise. 

Après avoir connu une première période de créations de textes contemporains 

questionnant le thème de la famille et de l’origine sociale, nous avons monté 

des textes classiques adaptés à un théâtre de tréteau en mêlant comédiens 

amateurs et professionnels. Cette deuxième période correspond à la reprise 

du  Grain  de  Sel  dans  une  logique  d’action  culturelle  forte.  Une  troisième 

période s’ouvre qui renoue avec la création de textes contemporains. 

HISTORIQUEDE LA COMPAGNIE

Période 1 . Cendres de cailloux de Daniel Danis - 1998

. La solitude du coureur de fond d’Allan Sillitoë - 1999 . Effroyables jardins de Michel Quint - 2002 . A tous ceux qui de Noëlle Renaude - 2005

Période 2 . Le médecin malgré lui de Molère - 2006

. L’affaire de la rue de Lourcine de Labiche - 2007 . La demande en mariage de Anton Tchékov - 2008

Période 3 . 4,48 Psychose de Sarah Kane - 2010

. C’est à dire de Christian Rullier - création avril 2011 . Le Moche de Marius von Mayenburg - octobre 2011

Création du 30 septembre au 8 octobreThéâtre Grain de Sel à Chalon-sur-Saône

. 15 & 16 octobre 2011 au théâtre des Copiaux à Chagny. 20 et 21 octobre 2011 à l’ECLA de St-Vallier

. 03 novembre 2011 au Réservoir de St-Marcel à 20 h. 04 novembre 2011 à Chatenoy-le-Royal à 20 h

. 09 décembre 2011 à l’Auditorium de Joigny à 20 h 30. 19 janvier 2012 à la salle Jean-Genet de Couches à 20 h 30

. 09 février 2012 au théâtre Municipal d’Autun à 14 h 30 et 20 h 30. 06 octobre 2012 à la Grange -Théâtre de Culles-les-Roches

. 16 & 17 novembre 2012 avec le Théâtre du Pilier à Belfort. 13 & 14 décembre 2012 au théâtre Gaston Bernard de Châtillon/Seine

DATES DE CRÉATION & DE TOURNÉES EN RÉGION

Théâtre à Cran

6, rue des Places - 71100 Chalon-sur-Saône

www.theatre-a-cran.org

03 45 28 33 90LE M

OCH

E

 > 2500 euros : 6 personnes en tournée : 2 régisseurs & 4 interprètes

> Fiche technique : Voir fiche technique jointe au dossier

PRIX DE CESSION