20

« Ce sont les évènements qui commandent HERODOTELorsqu’il monte sur le trône de Lagash, la cité est secouée par de grands troubles sociaux. Il s’attache aussitôt à rétablir

  • Upload
    others

  • View
    6

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  • 2

  • 2 2

  • 2 3

    « Ce sont les évènements qui commandent aux hommes et non les hommes aux évènements »

    HERODOTE

  • 2 4

  • 2 5

    Le stylo immobile devant la page blanche, j’étais

    bloquée. Incapable de trouver comment présenter ces « Chroniques d’Antan »

    Et puis, soudain, l’évidence m’est apparue. Il suffisait de les classer par siècles et de commencer par… le commencement : l’Antiquité.

    Certes, cette découverte n’était pas aussi révolutionnaire que la théorie de Newton, mais j’étais toutefois tentée de crier, à l’instar d’Archimède : « Eurêka ».

    Sans avoir l’outrecuidance de me prendre pour une disciple d’Hérodote ; en toute humilité, je m’en suis inspirée. Ce « père de l’Histoire » comme le surnommait Cicéron, n’est-il pas l’initiateur d’un genre nouveau : le reportage ?

    En présentant au public ses « Histoires » (ou « Enquêtes »), Hérodote d’Halicarnasse « préserve de l’oubli les actions des Hommes ».

    Tout au long des pages qui vont suivre, je vous invite donc à une balade dans 40 siècles d’histoire. Un personnage, une date, un événement raconté. En un mot, une Chronique…

  • 2 6

  • 2 7

    ANTIQUITE

    (-> 1er Siècle de notre ère)

    L’ANTIQUITE. Quel voyage extraordinaire ! Se promener dans les siècles qui ont précédé notre ère est une aventure troublante et riche de découvertes.

    Et s’il est vrai que nous ne disposons que de bien peu de documents authentiques, que les dates ne sont pas précises encore moins rigoureusement exactes et que les trop rares témoignages sont souvent contradictoires ; cela reste une balade merveilleuse, essaimée de mots magiques : Mésopotamie, Assur, Sumer, Egypte, Israël… Et plus près de nous, la Grèce et Rome…

    Les grands empires que furent l’Egypte et la Mésopotamie

    Représentent les premières tentatives de l’humanité pour organiser la vie de communautés d’agriculteurs.

  • 2 8

    Ils réussissent principalement à faire vivre des foules humaines au service des Dieux et des Rois.

    Si l’Egypte, figée par son organisation dans un monde aux structures sociales et intellectuelles étonnamment stables est entravée par son système d’écriture limité à la Vallée du Nil ; la Mésopotamie est au contraire plus ouverte sur un monde extérieur. Elle connaît la multiplicité des centres politiques. Ses Rois vont codifier les lois, le commerce et les rapports sociaux.

    Une langue « officielle » est parlée dans toute la Mésopotamie : l’akkadien. Mais, vers le VIIIème siècle av. J.C., l’araméen va la supplanter et devenir la langue de l’éducation et du commerce avant d’être, dès le VIème siècle, la langue administrative de l’Empire perse.

    ROME

    Selon Tite-Live, la fondation de Rome date de 753 av. J.C. Cette date est officiellement retenue par les historiens.

    Mais, loin de la légende de Romulus et Remus, admirablement contée par l’historien romain, l’archéologie nous indique que le site de Rome est déjà occupé au Xème siècle avant notre ère par un ensemble de villages répartis sur les collines environnantes.

    Bien avant d’être la plus grande ville du Latium, Rome, semblable à de nombreuses cités, est une petite forteresse protégée par l’escarpement de ses collines, les marais et le Tibre. Cependant, sa capacité à assimiler, à refaçonner et à faire siennes les coutumes

  • 2 9

    venant de cultures étrangères sont autant d’éléments qui, très, vite, vont contribuer à son épanouissement.

    Avec les premiers rois étrusques, Rome recueille un héritage matériel et moral considérable. Ses institutions politiques et religieuses, son architecture s’inspirent du génie étrusque. Et, même les vêtements sont calqués sur la mode de ce peuple de Toscane.

    En quelques siècles, Rome s’impose aux dépens des autres peuples de la péninsule, une région d’une extrême bigarrure ethnique, culturelle et linguistique. Elle prend le contrôle de la « Ligue Latine ». Puis, après avoir triomphé des invasions gauloises, elle la dissout et intègre les cités membres à la République.

    Rome peut alors commencer sa politique d’expansion. La République et, plus tard, l’Empire, vont transformer la Méditerranée en un immense lac romain et grignoter presque tout l’Occident.

    ET PUIS, IL Y EUT L’EMPIRE,

    Au lendemain de la Bataille d’Actium (31 av. J.C.) Octave met fin à la dernière guerre civile qui déchire Rome depuis près d’un siècle. Il dirige seul désormais.

    Il lui incombe, maintenant, d’édifier un nouvel état politique, d’instaurer un ordre nouveau.

    En 27 av. J.C., le Sénat lui décerne le titre d’Auguste. Octave devient Imperator Caesar Augustus. L’Empire est né. Il survivra à son créateur plus de quatre siècles.

    La « Pax Romana » va s’étendre à tous les territoires conquis ou associés. Ce sera la plus longue période de paix et de stabilité qu’ait connue l’Europe jusqu'à aujourd’hui.

  • 2 10

    La Rome Impériale, une ville à la population considérable dont la grandeur architecturale et la beauté marmoréenne de ses édifices publics contrastent avec l’entassement anarchique d’immeubles abritant la plèbe urbaine, la masse anonyme d’un prolétariat.

    Dès lors, comment concilier la haute tenue morale des penseurs avec les applaudissements inhumains et la frénésie qui saluent dans l’arène, la mise à mort du vaincu ou le martyr d’un supplicié.

    « Panem et Circenses » une expression qui exprime une réalité de l’organisation impériale. En effet, depuis Néron « le peuple romain est absorbé par deux choses : son ravitaillement et ses divertissements », et l’Empereur se doit d’en assurer le bon fonctionnement. Le pain quotidien est garanti par la distribution mensuelle du « Portique de Minucius » tandis que les distractions sont réglées par un calendrier rigoureux.

    Une chose est évidente : l’Empire romain va dominer les premiers siècles de l’ère chrétienne.

    Le premier siècle de l’ère chrétienne, le ton est donné. Jésus mort sur la croix sous le règne de Tibère, le christianisme va se propager grâce aux apôtres. Que Pline le Jeune ne fasse aucune allusion à son existence, que Tacite ou Suétone n’en parle que par ouï-dire, il n’en demeure pas moins que parti de Jérusalem, le christianisme est déjà présent à Rome dès le règne de Claude (41->54).

    Un peu plus de trois siècles plus tard, Constantin Ier en fera une religion d’Etat.

  • 2 11

    MESOPOTAMIE – 3 souverains, 3 « Codes », – 689 av. J.C., Babylone est détruite, – 539 av. J.C., Cyrus II le Grand – Le Cylindre de Cyrus.

    ROME : – 640 av. J.C. : Ancus Marcius est élu Roi, – 56 av. J.C. : Et l’Armorique devint romaine, – 29 av. J.C. : Virgile commence « l’Eneide », – 9 av. J.C. : Tite-Live arrête son Histoire de

    Rome, – 19 ap. J.C. : Tibère fait déporter 4000 Juifs, – 29 ap. J.C. : la mort du Baptiste – 73 ap. J.C. : la chute de Massada, – 79 ap. J.C. : le Vésuve détruit Pompéi,

    Herculanum et Stabies.

  • 2 12

  • 2 13

    MESOPOTAMIE

    3 SOUVERAINS, 3 « CODES »

    En 7 siècles, trois souverains mésopotamiens vont promulguer 3 « Codes » juridiques, jetant ainsi les bases d’une législation plus équitable.

    TROIS DATES : 2350 av. J.C., 2100 ou 2050 av. J.C., 1750 av. J.C.

    TROIS SOUVERAINS : URUKAGINA, UR-NAMMU et le plus célèbre : HAMMOURABI.

    TROIS ETATS : LAGASH, UR et BABYLONE.

    Ces trois Codes juridiques, les plus anciens connus aujourd’hui, nous dévoilent l’évolution et l’organisation de la société mésopotamienne du IIIème et du IIème millénaire avant Jésus Christ.

    L’appellation « Code » en Mésopotamie, désigne des œuvres à caractère législatif comprenant trois parties :

    – 1 prologue exaltant l’autorité et la légitimité du législateur,

  • 2 14

    – 1 corpus représentatif des décisions de justice, – 1 épilogue traduisant la sagesse et l’expérience

    du monarque et devant inciter ses successeurs à utiliser son Code.

    – 2350 av. J.C. : le 1er Code de Justice Sociale

    Près de 600 ans avant le célèbre Code d’Hammourabi, URUKAGINA, Roi de Lagash, Cité-Etat du pays de Sumer, établit le 1er Code connu de Justice sociale. Ce Code est parvenu jusqu'’à nous grâce à la grande quantité d’archives cunéiformes découvertes sur le site de l’antique cité de Girsu (actuelle Tello dans le sud-ouest de l’Irak).

    URUKAGINA , Roi de LAGASH, est généralement considéré comme un usurpateur, car on suppose qu’il n’appartenait pas à la dynastie royale.

    Lorsqu’il monte sur le trône de Lagash, la cité est secouée par de grands troubles sociaux. Il s’attache aussitôt à rétablir la paix sociale en éliminant l’iniquité qui règne dans la cité.

    Six documents, découverts sur le site archéologique de Tello, nous enseignent la manière dont il a réglé tous les abus en révoquant notamment une partie des percepteurs d’impôts, en diminuant les taxes sur les funérailles que percevaient les prêtres et en interdisant l’oppression des pauvres par les riches.

    Une tablette nous décrit la terrible défaite infligée par Umma, une cité voisine, à Lagash. C’est un fait unique dans l’histoire de la Mésopotamie, où l’on ne relate, en général, que les victoires.

    Suite à cette défaite et à la victoire de Sargon d’Akkad sur Umma, Lagash perd son indépendance et

  • 2 15

    devient la capitale d’une province de l’Empire d’Akkad. Le règne d’Urukagina s’achève.

    Urukagina s’est-il rallié à Sargon d’Akkad ? C’est possible, car on retrouve son nom sur l’obélisque de Manishtusu.

    On peut voir au Musée du Louvre, à Paris, un fragment de cône d’argile mentionnant le creusement d’un canal par Urukagina.

    LAGASH, cette Cité-Etat est la mieux connue de Basse-Mésopotamie (actuel Irak) pour la seconde moitié du IIIème Millénaire avant Jésus Christ. Située sur le fleuve Euphrate, elle possède un débouché à la mer sur le Golfe Persique. Grâce à ce fleuve qui sert de source pour un important réseau d’irrigation, Lagash est une des plus riches régions agricoles de Sumer. Nous connaissons peu la vie sociale des cités sumériennes. Il semble toutefois que la femme y fut particulièrement libre et l’égale de l’homme. Elle pouvait exercer une fonction importante, acheter et vendre maison et jardin attenant et posséder des esclaves. Les archives retrouvées témoignent de la prospérité de Lagash et de Girsu (capitale religieuse).

    AKKAD, en annexant un ensemble de micro-Etats et notamment Sumer, SARGON d’AKKAD fonde un vaste empire qui va dominer la Mésopotamie dès la fin du XXIV ème siècle av. J.C. Pour la première fois, apparaît une grande construction étatique

  • 2 16

    qui s’étend du golfe persique à la Méditerranée. Il s’impose comme conquérant et administrateur. Ses successeurs vont régner sur ce vaste territoire durant près de deux siècles grâce à une organisation politique souple, centralisée à Akkad, et appuyée par un personnel administratif et une armée performante. 5000 tablettes en caractères cunéiformes et rédigées en akkadien provenant de plusieurs sites dispersés géographiquement, nous documentent sur cet empire.

    2100 ou 2050 av. J. C. : le CODE d’UR-NAMMU.

    Le Code d’UR-NAMMU est le plus ancien Code juridique qui nous soit parvenu dans sa quasi intégralité. Il est rédigé en sumérien. Bien que le prologue attribue les lois au Roi Ur-Nammu, certains historiens estiment qu’il pourrait s’agir de l’œuvre de son fils SHULGI. En effet, Ur-Nammu serait mort en 2094 av. J.C. et une datation précise des tablettes, à 50 ans près, est impossible.

    Si les deux premiers fragments découverts à Nippur en 1952 et traduits par l’assyriologue Samuel Kramer ne permirent d’en connaître que le prologue ; en 1965, à Ur, des tablettes furent trouvées contenant 40 des 57 lois soit presque l’intégralité de ce Code qui précède d’environ trois siècles le Code d’Hammourabi.

  • 2 17

    Les Lois y sont exprimées sous la forme casuistiques et les arrêts sont dépersonnalisés ;

    Exemple : – « Si un homme commet un meurtre, cet homme doit être tué. »

    Crime, vol, enlèvement, viol, divorce ou sorcellerie sont envisagés dans ce Code qui s’appuie sur un système où les témoins déposent sous serment devant des juges professionnels.

    Ur-Nammu, soucieux de justice, institue également une forme de compensation financière en cas d’atteinte physique. Toutefois, le meurtre, le vol, l’adultère et le viol restent punis par la peine capitale. La protection de la veuve, de l’orphelin et du pauvre est également prévue.

    Enfin, en instituant ce Code, le souverain décrète « l’équité dans tout le pays », non seulement par les lois édictées mais aussi en standardisant les poids et mesures et en créant l’étalon monétaire (argent).

    UR-NAMMU, Au milieu du XXIIème siècle av. J.C., l’Empire

    d’Akkad est détruit par les Gutis, peuple barbare qui domine le pays de Sumer et d’Akkad. Mais les Sumériens vont réagir à cette domination. Un homme : Ur-Nammu, va les libérer et fonder la 3ème DYNASTIE d’UR. Il se fait couronner Roi d’UR, de SUMER et d’AKKAD. Son but : réunir toutes les puissantes cités du sud de la Mésopotamie dans un grand Empire Sumérien. Il se présente en continuateur du puissant Royaume d’Akkad. Son autorité est fermement établie.

    Durant son règne de 18 ans, Ur-Nammu va consacrer son énergie à la remise en état du réseau de

  • 2 18

    canaux d’irrigation sans lequel aucun développement économique n’est possible. Il développe l’agriculture, fait drainer des marais pour y planter des dattiers. Pour faciliter le transport des marchandises et ainsi augmenter les échanges commerciaux, il lance un grand programme de réaménagement des routes. Ur retrouve sa richesse de grand port commercial. Il instaure également le cadastre.

    Si Ur-Nammu est principalement connu pour son Code de lois, il ne faut pas oublier son rôle de bâtisseur, les grandes cités sont restaurées et agrandies. Leurs fortifications relevées.

    A sa mort, son fils SHULGI lui succède.

    3ème DYNASTIE D’UR, Ur est une des plus anciennes villes de Mésopotamie. Située sur l’Euphrate et proche du Golfe Persique, c’est une ville sumérienne très puissante en ce III ème millénaire av. J.C. Dans l’Ancien Testament, Ur est la ville d’origine d’Abraham. La période de la 3ème Dynastie d’Ur est remarquable par la quantité de documentation écrite qui nous est parvenue et qui nous renseigne sur le fonctionnement du royaume, son économie et certains aspects de sa société. Les souverains ont essentiellement fait usage du sumérien qui reste la langue dominante. A la mort d’UR-NAMMU, son fils SHULGI hérite d’un état bien organisé, servi par des fonctionnaires efficaces.

  • 2 19

    Tout en poursuivant l’œuvre de son père, Shulgi se lance dans une politique expansionniste, notamment vers le nord de la Mésopotamie et Elam. Après 48 ans de règne, Shulgi meurt. Amar-Sîn lui succède, il s’empare d’Assur. Ses victoires assurent le calme dans le royaume. Ces trois souverains ont fait d’Ur une ville qui s’est grandement enrichie par le commerce international. Ce sont également de grands bâtisseurs, sous leurs règnes sont apparues les premières grandes ziggurats dans les principales villes religieuses. Ils ont posé les bases des grands royaumes qui vont succéder.

    1750 av. J.C. : LE CODE D’HAMMOURABI

    En 1901, l’archéologue français Jacques de Morgan, découvre à Suse (Iran), une stèle de 2,5 m. de haut surmontée d’une sculpture représentant Hammourabi debout devant Shamash, Dieu du Soleil mésopotamien. En dessous un long texte est écrit en caractères cunéiformes akkadiens : le CODE d’HAMMOURABI. Comparé aux Codes d’Urukagina et d’Ur-Nammu, ce code constitue, grâce à son étonnante conservation, le document le plus complet de l’abondante production juridique des Cités-Royaumes de Mésopotamie. On peut admirer cette stèle au Musée du Louvre à Paris. Une copie est également

  • 2 20

    exposée au Musée Archéologique de Téhéran.

    Le texte est plus légal que juridique. L’écriture y est simplifiée, utilisant un nombre restreint de signes, afin d’être comprise par tous.

    Tous les articles sont construits sur le même schéma grammatical : une phrase au conditionnel suivie d’une réponse annonçant la sanction.

    Il est à noter que ce style casuistique servit de modèle aux scribes durant plus de 1000 ans.

    Après une apologie du Roi vantant ses grandes qualités et les motivations qui l’ont poussé à mettre en place ce Code afin que « le fort n’opprime plus le faible », viennent les différents articles qui détaillent non seulement les crimes et délits et leurs sanctions, les droits de la famille, les conditions d’exercice de certaines professions, l’esclavage et le traitement des prisonniers de guerre ; mais, également, la responsabilité professionnelle, la gestion du domaine agricole, l’irrigation, le creusement et l’entretien des canaux.

    Hammourabi fit graver ce Code dans plusieurs ville « afin de proclamer la justice en ce pays, de régler les disputes et réparer les torts ».

    – « Si quelqu’un a assez de discernement pour se trouver capable de tenir en ordre ce pays, qu’il prenne garde aux paroles que j’ai marquées sur la présente stèle. Celles-ci lui montreront la marche et la conduite à tenir. »

    Ainsi se conclut le Code d’Hammourabi.

    Enfin, le Code d’Hammourabi est une source exceptionnelle de connaissance de la société, de la