2 ----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Grand format (170x240)] NB Pages : 162 pages

- Tranche : (nb pages x 0,072 mm) = 13.34 ----------------------------------------------------------------------------

« Giuseppe, tu me fais tourner la terre ! »

Giuseppe Genova

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Giuseppe Genova

« Giuseppe, tu me fais tourner la terre ! »

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Légende des images de couverture :

1 L’auteur en 2011 à Chadrac.

2. Le Saintonge à Aiguilhe (chantier de 1972)

3. La Cité Tuja , au Puy-en-Velay (chantier de 1985)

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A mon épouse

A mes enfants et petits-enfants A mes parents,

A mes nombreux amis :

Ce livre témoignage : un homme, une vie

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4. Ma mère et moi1935 2 ans et 24 ans.

5. Ma mère et moi en 2005. 70 ans après

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A tous ceux qui ont fait de moi et avec mon consentement ce que je suis devenu, pour être la matière de ce livre. A mes amis des bars et brasseries Majestic et Michelet pour m’avoir encouragé dans ce pari fou. A Gérard Roche, sénateur et Président du Conseil Général pour son amitié et sa préface. A l’Eveil Editions pour ses conseils techniques. Au Cafe-Lecture pour la prestation publique que j’y ai faite le 11 juillet 2013 A mes écrivains, linguistes et grammairiens : André Michel, professeur d’Allemand retraité pour le recueil de la matière première, Catherine Vidalin, écrivain conseil®pour sa patience et la qualité de son style. A René Mansard, proviseur honoraire pour le suivi de l’opération. Et à Jean-Marc Ghitti, mon compatriote, Professeur agrégé de philosophie, Docteur en philosophie, pour la qualité de son avant-propos. Je n’oublie pas mon fils, architecte qui incarne en conclusion la génération qui suit.

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Préface

Je souhaite à chaque lecteur le même plaisir que j’ai eu moi-même en lisant cet ouvrage.

Suis-je un proche de Giuseppe Genova ? A chacune de nos rencontres, j’ai ressenti entre nous un tel courant de sympathie, une telle complicité dans l’amour de la vie, qu’une profonde amitié aurait pu naître si nos chemins s’étaient plus souvent croisés.

De ce véritable roman qu’est la vie de cet enfant de Sicile, je retire trois enseignements :

Sur l’homme d’abord. Giuseppe Genova est une personnalité forte par son physique, sa stature, sa voix et son charisme. Quand il est là, il s’impose. Mais derrière cette façade, derrière la truculence du personnage, ce livre révèle une grande richesse de sensibilité, d’attention aux autres qui sont amour pour ses parents, son épouse, sa petite famille et amitié fidèle, affective pour ses proches.

Sur son énergie hors du commun. Cette énergie lui a permis de supporter une longue absence de son père, les épreuves de l’immigration et toutes les embûches d’une vie trépidante. Giuseppe Genova n’a pas subi son destin, il l’a forgé. Alors ni les succès, ni les échecs n’ont eu d’emprise sur lui, puisqu’il assumait les décisions que lui-même avait prises pour tracer le chemin de sa vie.

Sur ses racines. Certains immigrés restent à jamais des expatriés, d’autres, au contraire, savent se trouver une deuxième patrie. Guiseppe Genova était Italien peut-être, Sicilien c’est certain, mais surtout enfant de Délia. Sa deuxième patrie a été la France peut-être, Saint-Etienne certainement, mais surtout Le Puy-en-Velay. C’est là qu’à défaut d’un Délia

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trop éloigné de sa petite famille, il a choisi de s’enraciner pour continuer sa vie devenue paisible tout en luttant contre son « ennemi invisible ». Bonne lecture

Gérard Roche

Sénateur de la Haute-Loire Président du Conseil Général

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Avant-propos

Giuseppe Genova, je l’ai connu au Majestic.

L’établissement d’Eric Dubois est une Institution au Puy-en-Velay. Tenu avec beaucoup de goût, ce bar, cette brasserie, ce restaurant a l’âme des lieux qui semblent avoir toujours été là et qui, cependant, semblent toujours neufs, en évolution permanente. Il accueille une clientèle extrêmement variée, selon les jours et les heures, et l’ambiance se module en fonction, sous la houlette vigilante du patron. Le matin, c’est la présence de Robert Dubois. Il n’est pas seulement au service : il accueille, il connaît ses clients presque comme des amis, il nourrit les conversations, des plus ordinaires (le temps qu’il fait, la politique, les journaux) jusqu’à celles qui exigent un haut niveau de connaissances historiques et culturelles (car c’est un homme cultivé). Autour de lui, un groupe de retraités qui ont pris l’habitude de se retrouver au Majestic, pour évoquer leur vie, leur histoire. Parmi eux, Giuseppe Genova.

Celui-ci, quand il y est, il ne passe pas inaperçu. Sa stature impressionnante et surtout sa voix tonitruante. Les Italiens parlent fort, c’est bien connu. Je me souviens de la voix sonore de mon père que j’ai surtout tenté de ne pas imiter (j’aime bien parler bas) mais qui m’échappe quelquefois comme si elle dormait toujours quelque part en moi, par une fidélité enfouie. La voix de Giuseppe Genova est marquée d’un franc accent italien, cet accent familier que j’aime entendre au Majestic parce qu’il est celui qui berça mon enfance.

Ce n’est qu’après l’avoir souvent vu et entendu que nous avons vraiment fait connaissance, à l’occasion de la soirée où il est venu présenter son histoire « Aux cordes sensibles », ce café-lecture que j’avais ouvert rue Chèvrerie. Il avait déjà largement avancé dans l’écriture de ces Mémoires.

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Beaucoup de choses me touchent dans le récit que Giuseppe Genova fait de sa vie d’immigré italien. L’Histoire est le tricot commun où nous sommes des mailles certes différentes mais passées par les mêmes aiguilles et prises dans la même étoffe. Nous sommes parfois les héritiers d’une décision d’expatriation qui n’a pas été prise par nous et qui garde, comme le dit bien Giuseppe, un noyau obscur et inexplicable. Pourquoi les Genova, qui avaient assurément un avenir possible en Sicile, franchissent-ils ce pas, en 1947 : venir en France ? L’Histoire, après-coup, explique à peu près tout, mais au niveau grossier des mouvements massifs. En revanche, les histoires individuelles semblent frappées au sceau du Destin : pourquoi telle famille part alors que telle autre reste ? Les Italiens ont inventé les Parques énigmatiques pour donner figures au sort, bon ou mauvais.

Les individus sont loin de pouvoir expliquer les décisions qu’ils prennent. Il est pour moi émouvant de lire ce que Giuseppe Genova dit du silence de son père. Ce père qui enferme dans l’incommunicable une décision qui engage toute sa descendance. Lorsqu’on s’établit ailleurs et qu’on a le désir d’y réussir, on ne cultive guère la nostalgie. Une page est tournée et mon père, mes grands-parents maternels ne parlaient pas davantage de la patrie perdue que Raffaële Genova.

Il m’arrive d’imaginer ce qu’a pu être, pour mes propres ancêtres, ce voyage parfois sans retour, ce saut dans l’inconnu. Les pages qui suivent donnent une bonne description du grand départ. Le train, les Alpes au loin, le Mont Cenis, Modane. Bien sûr, il avait préalablement fallu choisir une destination. Il est vrai que, souvent, la présence d’un membre de la famille ou un ami du village dans une ville française incline ceux qui veulent partir à choisir ce point de chute : ils n’y seront pas tout à fait perdus, ils pourront bénéficier du soutien d’un prédécesseur. Saint-Etienne a attiré beaucoup d’Italiens, mes ancêtres tout comme les Genova. Châteaucreux, Raspail, la grande communauté des Ritals, etc.

Giuseppe Genova et mon père sont nés avec un an d’écart. Ils ont le même âge quand ils arrivent à Saint-Etienne, l’un Sicilien, l’autre Lombard. Un Italien reste fier de son pays d’origine, un pays de beauté naturelle, de vestiges et d’Histoire, surtout lorsqu’il s’agit de cette Sicile à propos de laquelle l’anglaise Virginia Woolf ne trouvera rien d’autre à dire que : « Ici

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tout est parfait ! ». Néanmoins, un immigré part pauvre de sa patrie et se retrouve pauvre à Saint-Etienne. D’une pauvreté différente, à vrai dire. A Saint-Etienne, la pauvreté devient presque misère. Giuseppe Genova décrit bien les conditions de vie de ceux qui arrivent dans la cité minière après la deuxième guerre mondiale. S’y ajoutent les difficultés d’être étranger : la langue, le désarroi, l’humiliation. Mais cette pauvreté est désormais ouverte. Le joug des traditions est brisé, ce qui donne un sentiment de libération, et surtout l’espoir est là : la pauvreté devient active, elle devient désir de s’en sortir. Elle était fatalité, elle devient liberté. La vie de Giuseppe Genova illustre bien cette trajectoire de l’immigré qui réussit.

Qu’est-ce qu’on appelle réussir ? Tout est relatif assurément. Mais c’est certainement en deux sens qu’il y a réussite. D’abord, se mettre à son compte, devenir patron, c’est important pour ces Italiens arrivés en France avec la volonté farouche d’entreprendre. Genova réussit dans le Bâtiment le jour et dans la restauration la nuit : le goût du travail et le goût de la fête, de la convivialité. Genova le constructeur contribue à façonner le visage de la cité ponote. Lui, venu d’ailleurs, inscrit concrètement son activité dans le tissu urbain de son lieu d’accueil et se fait l’instrument de sa modernisation. Genova le restaurateur propose de la cuisine italienne dans l’une des maisons les plus facétieuses de la ville. C’est une façon d’être reconnu comme Italien, sans rien céder de son identité natale.

Mais la réussite, c’est aussi parvenir à trouver sa place quelque part et à se sentir chez soi en France. Lorsqu’on rompt son premier attachement, il n’est pas facile d’en tisser un autre. Dans ma famille, j’ai su par un de mes grands-pères à quel désespoir peut conduire le sentiment persistant de demeurer un exilé. Eh bien, c’est au Puy-en-Velay que Giuseppe Genova a trouvé sa deuxième patrie. Au point que, même après avoir vécu dans des endroits de paradis, c’est là qu’il choisit de poursuivre sa retraite. C’est pourquoi on le trouve chez Eric Dubois, le matin, un peu comme s’il avait toujours été là, Giuseppe Genova !

Jean-Marc GHITTI,

Agrégé de Philosophie, Docteur en Philosophie

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