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le Journal d’information SELMER Paris - N° 13 - décembre 2002 • James Carter • la clarinette contrebasse • les instruments d’ordonnance • Selmer Paris et le répertoire actuel pour instruments à vent • le Tremplin Jeunes • les Selmer Sessions • le Kiosque

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Page 1: • James Carter • la clarinette contrebasse • les instruments d

le Journal d’information SELMER Paris - N° 13 - décembre 2002

• James Carter• la clarinette contrebasse• les instruments d’ordonnance• Selmer Paris et le répertoire actuel

pour instruments à vent• le Tremplin Jeunes• les Selmer Sessions• le Kiosque

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“Frequence SELMER” est un journal d’information gratuit.Si vous désirez le recevoir, écrivez-nous :18, rue de la fontaine au roi 75011 Paris Francetél. : 01 49 23 87 40 fax : 01 43 57 24 95 www.selmer.frDirecteur de la publication : Patrick SelmerRelations extérieures et artistiques : Jean-François BescondConception rédactionnelle : PMRSecrétariat de rédaction/PAO : Catherine GeorgoudisCrédit photos : Jean-Claude Meignan, PMR, DRFlashage & impression : SiciISSN n° : 1161-7829 - Dépôt légal : 4e trimestre 2002

Créé à l’initiative de la Confédération Musicalede France (CMF), l ’Orchestre Nationald’Harmonie des Jeunes (ONJH) est devenuréalité l’été dernier. Les 65 musiciens (de 16 à28 ans) sélectionnés sur l’ensemble du territoi-re ont répété du 15 au 27 juillet, encadrés partrois solistes de l ’Orchestre National deFrance : Michel Cantin, Philippe Hanon etGilles Rancitelli. Dès la fin juillet, trois concertsdirigés par Claude Kesmaecker ont démontréla qualité du travail accompli devant plus de1500 personnes enthousiastes. Après cedémarrage “en fanfare”, la CMF travaille d’oreset déjà activement à la préparation de la ses-sion de l’été 2003. Les compositeurs ne sontpas oubliés, la CMF lançant la commanded’une œuvre de 15 à 20 minutes qui sera inté-grée au répertoire de l’ONJH. Une présélec-tion se fera sur dossier avant le 31 décembre2002. Inscriptions et renseignements pour lasession 2003 : CMF, tél. : 01 48 78 39 42.

édito

C’est en juin dernier que l’association Terre desHommes a lancé sa campagne en faveur desenfants des rues à travers le monde. À cetteoccasion, Sax & Co a rassemblé 150 saxopho-nistes à Berne devant le Palais Fédéral, pourinterpréter cinq arrangements de PhilippeGeiss sous la direction de Daniel Küpfer. Laréaction du public a été enthousiaste.

Deux trompettistes très en vue aux Pays-Basviennent d’adopter les instruments Selmer. Il

s’agit de Jan vanDuikeren (photo) (NewCool Collective, CandyDulfer Band) qui jouedésormais la Concept TT,et de Ruud Breuls quisouffle la Chorus 80J.Ruud est soliste du DutchMetropole Orchestra etdu Jazz Orchestra of theConcertgebouw. Il a par-ticipé à de nombreuxenregistrements avec desmusiciens comme BobBrookmeyer, VinceMendoza, Mike Stern,

Joe Lovano, Kenny Barron, Bob Mintzer…

Naissance de l’ONJH

Du nouveau au Nord

Nouvelle parution des éditions Selmer, cettepublication de 24 pages aborde l’instru-ment sous toutes ses facettes. À travers l’his-toire générale de l’ instrument et de sesdifférentes évolutions, l’ouvrage met enperspective le rôle de Selmer Paris dans lafabrication de lac lar inet te . Unemaquet te é lé -gante, de nom-breuses i l lustra-t ions, un textepréc i s e t docu-menté sontautant d ’é lé -ments qui renfor-cent l ’a t t ra i tpédagogique deC l a r i n e t t e sl’essentiel. Le côté pratique n’est pas oubliéavec, en fin d’ouvrage, de précieux conseilssur l’entretien de l’instrument.

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Initié par le GSIV (Groupement des Spécialistesen Instruments à Vent), le concours “5

minutes pourSéduire” auraoffert au publicdu Parc Floral deParis une trèsbelle phase fina-le les 21 et 22juin derniers.Outre un excel-lent niveau musi-cal général, lesparticipants ontfait preuve d'unsens scéniquepeu commun.

Déguisements, mini-scénarios, gags…, uneapproche qui a permis de casser le côté rigidedu concours mais qui n’a rien enlevé à lamusicalité des lauréats.1er prix : Romain Leleu (trompette, photo), 2e prix ex-aequo : Sébastien Decalonne(trombone) et Antoine Berjeaut (trompette).

Le souffle du monde…

Ils nous ont séduits !

Clarinettes, l’essentiel

Sax humanitaire

Shanghai, octobre 2002. Laclasse de saxophone est audixième étage du nouvel

immeuble construit à côté desanciens bâtiments du Conser-vatoire. Quelques élèves entou-rent leur professeur. Un niveauencore incertain, un style loindes canons occidentaux, maisau fond des êtres la raged’apprendre et de s’exprimer.Une volonté de construire sonavenir musical, une énergie rarepour évoluer, pour s’ouvrir àdes horizons pendant long-temps contenus.

Moscou, novembre 2002. LeConservatoire Tchaïkowskyrésonne d’une vibration profon-de. La musique est chez elle. Lanouvelle génération est là, pas-sion au cœur. Les couloirsgrouillent de jeunes étudiantsqui, à force d’efforts, de regardsouverts sur le monde ont main-tenant acquis un niveau excep-tionnel, plein de promessespour les années à venir.

Catastrophes naturelles, ter-rorisme, procès divers, menacesde conflits, encombrent nosesprits et envahissent nosmédias de façon quasi continue.Au moment où notre Occidentvieillissant s’emmêle dans sesangoisses, qu’il est doux deconstater, au cours de ces loin-taines visites, que l’homme estaussi motivé par la soif deconstruire, de s’enrichir spiri-tuellement. Au cœur de cettevolonté et parmi d’autres préoc-cupations, la musique délivreun vrai message d’espérance.

Les vents soufflent de l’Est…

Vents d’Est

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Comment as-tu commencé le saxophone ?La musique a toujours occupé une place centrale dans

notre famille. Quand j’étais enfant à Detroit, un musicien dejazz venait souvent à la maison. Il s’appelait Charles Green.Encore aujourd’hui, j’ai un souvenir très précis de son saxopho-ne ténor. Un Selmer. J’étais tellement fasciné par cet instrumentqu’un jour j’ai profité qu’il l’ait laissé dans une pièce pourm’approcher doucement de l’étui, l’ouvrir et le prendre dansmes bras. Mon père est entré… et peu de temps après, je com-mençais réellement à étudier le saxophone.

Belle rencontre ! Tu as alors étudié avec un jazzman deDetroit. N’as-tu pas été tenté d’aller à Berkley par exemple ?

J’étais encore un peu trop jeune ! Je dois dire que mon profDonald Washington m’a sauvé des cours de musique dis-pensés à l’école. Répéter indéfiniment “Mary Had A Little Lamb”a de quoi vous dégoûter de la musique pour longtemps !Donald m’a fait travailler l’instrument et, surtout, m’a faitdécouvrir les grands stylistes du jazz. Je pense notamment autrompettiste Clifford Brown qui m’a profondément influencé ouencore à Ornette Coleman, dont l’album Ornette on Tenorm’a incité à explorer les tonalités comme le ré bémol majeur,qui permet d’avoir une sonorité très particulière. Les musiciensde Detroit comme Harold McKinney et Larry Smith m’ont égale-ment beaucoup apporté au cours de ces années de formation.

En 2000, tu as sorti deux albums très différents (Chasin’ theGypsy en hommage à Django Reinhardt et Layin’ In The Cut,électrique et plus expérimental). Comment expliques-tu cebesoin de balayer des styles aussi éloignés ?

Je me soucie peu des styles. Du Dixieland des années 20 aubop ou au free jazz, ou même au funk, tout m’intéresse. Jecrois qu’on est dans une époque où on doit garder les oreillesgrandes ouvertes et ne pas s’enfermer dans un style. De toutefaçon, le jazz est avant tout une expérience spirituelle et unmoyen unique de rentrer en contact avec le public. La ques-tion du style de musique joué est, à mon avis, secondaire.

Même éclectisme du côté des instruments. Je crois que tuen possèdes une soixantaine…

Effectivement. Je joue de tous les instruments à anches !

Tous les saxophones bien sûr, mais aussi la clarinette basse, lehautbois… Pour les saxophones, dès que j’aipu, j’ai acheté un Selmer. Il faut dire quele ténor de Charles Green m’avait telle-ment impressionné que c’était unchoix inévitable ! J ’aime cettemarque, l’esprit familial de cettemaison. Je passe souvent dans leslocaux quand je suis à Paris. Maisl’essentiel, c’est que les instrumentssont vraiment excellents.

Pour finir, as-tu des conseils ànous donner ?

L’important, c’est de jouer le pluspossible, sans trop rester enfermé seulchez soi. Il faut faire des jam sessions,jouer avec des amis…, plutôt que detravailler des plans, il vaut mieuxécouter de la bonne musiqueet tâcher de se donner desdirections pour seforger sonpropre style.

Saxophones

CASQUETTE VISSÉE À L’ENVERS FAÇON RAPPEUR NEW-YOR-KAIS, JOGGING ROUGE FLASHY AVEC, EN BRODERIE, L’INÉVI-TABLE DRAGON TRÈS TENDANCE, JAMES CARTER A OPTÉ

POUR LE LOOK D’UNE STAR DU HIP-HOP PLUTÔT QUE POUR

LE COSTUME CINTRÉ DU BOPPER CHIC. POUR AUTANT, LE

JEUNE HOMME N’A PAS OUBLIÉ SES CLASSIQUES…

James Carter

Né à Detroit en 1969, James Carter débute le saxophoneà l’âge de onze ans. Il se forme auprès d’un vétéran de lascène bop locale, Donald Washington, en participant auxstages du Blue Lake Fine Arts Camp et en jammant avec lesgroupes de la région. Ses progrès sont rapides puisqu’à dix-sept ans il se fait remarquer dans le groupe de WyntonMarsalis (en remplacement de Branford !).

Sa carrière solo décolle dans les années 90, ce quine l ’empêche pas de travail ler avec desensembles très en vue (Lester Bowie, TheCharlie Mingus Big Band…).

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Clarinettes

Apparue au début du XIXe siècle(1808), la clarinette contrebasse vas’imposer réellement dans l’esprit des

compositeurs à la fin du XIXe/début du XXe

siècle : Vincent d’Indy (Fervaal), Saint-Saëns(Hélène), Schönberg (Orchesterstücke) l’utilise-

ront. Durant leXXe siècle, larecherche denouvelles pos-sibil ités musi-cales, l iée àl’évolution del’écriture et del ’e s thét ique,tout commeun goût plusd é v e l o p p épour lesr e g i s t r e sextrêmes dansle public ( lesuccès desmusiques à

“infra-basse” comme le rap ou la techno maisencore des effets home cinema avec lefameux caisson de basse en sont les témoi-gnages les plus récents) vont conduire lescompositeurs à s’intéresser de près à la clari-nette contrebasse. Mais comment en vient-onà pratiquer l’instrument ? Pour Alain Billard,Clarinette basse solo à l ’EnsembleIntercontemporain, la contrebasse s’estimposée d’elle-même : « j’ai commencé surune Mib à l’âge de cinq ans et très rapidementje me suis passionné pour l’instrument, ce quime conduisait à aller visiter les fabricants. J’aiétudié auprès de Nino Chiarelli àChartres, puis Richard Vieille àParis et, enfin, Jacques Di Donatoet Robert Bianchotto à Lyon.D’une manière assez naturelle,mon instrument a grandi enmême temps que moi et je mesuis mis à la basse, puis à lacontrebasse lorsque je suis rentréà l’Ensemble Intercontemporain. »

Le mastodonte apprivoiséQu’on ne se f ie pas à ses

apparences, la contrebasse est

plus docile qu’elle ne le laisse paraîtrecomme le souligne Pierre-François Boët de

l ’ensemble Ébène Bleu :« Certes, l’instrument demandedu volume d’air mais il est fina-lement plus facile à jouer que lapetite Mib. D’ailleurs, si ce n’estla tail le, je considère qu’unenfant qui respire vite pourraitla jouer. En ce qui concerne lejeu, la sensation des vibrationslentes qui passent du bec à lamâchoire supérieure sur cer-tains sons, reste longtemps pré-sente. Elle peut même fairetourner la tête. En tout cas, la

capacité extraordinaire de cet instrument àproduire des sons “ultra piano” et “tripleforte” est vraiment impressionnante. » AlainBillard est lui aussi conquis par les possibilitésde l’instrument : « descendre autour des 55hertz est assez grisant. Le répertoire est éga-lement une autre source de satisfactionpuisque nous pouvons nous frotter à despièces comme Ombra de Franco Donatoni(1984), Anubis/nout de Gérard Grisey(1985) ou le double concerto clarinettecontrebasse/violoncel le de Liza Lim :Machine for contacting the Dead.

IrremplaçableLa clarinette contrebasse

susci te des pass ions…extrêmes. « Aujourd’hui,Ébène Bleu n’en compor-te qu’une seule, sontimbre la différencie desbasses, commente Pierre-François Boët. Ce que jesouhaiterais ? Qu’el lesoient deux ou trois defaçon à rendre un « son depupitre ». Sans la contre-basse, on a toujoursl’impression qu’il manquequelque chose. Lorsqu’elleest là, l’ensemble, bien assissur ses fondat ions, peuts’envoler ! ». Enfin, pour ceuxqui en veulent toujours plus,rappelons que Léon Leblancavait conçu, il y a quelquesannées, un prototyped’octocontrebasse !Un monstre quipermettait de des-cendre une octave en-dessous la contrebasse !I l faudra certa inementattendre encore un peuque nos oreilles évoluentpour le voir rentrer en fabri-cation et jouer par les musi-ciens… Rendez-vous dansdeux siècles ?

La contrebasse LA CLARINETTE CONTREBASSE EST UN INSTRUMENT HORSNORMES. SA TAILLE IMPOSANTE ET SA TESSITURE ÉTENDUE LUICONFÈRENT UN STATUT PARTICULIER DANS LA FAMILLE DESCLARINETTES. UNE SINGULARITÉ QUI SÉDUIT LES COMPOSI-TEURS D’AUJOURD’HUI, TOUJOURS PLUS NOMBREUX ÀMETTRE EN VALEUR SES CAPACITÉS EXPRESSIVES ET SONORES.au royaume du grave…

Moins onéreuse que la contrebasse, laclarinette contralto est plus accessiblepour les écoles de musique qui veulentcompléter leur instrumentarium.Pourtant, si l’instrument ne manque pasde charmes, autres que pécunier, il estdans une certaine mesure moins facile-ment abordable que la contrebasse, enraison de sa taille et parce qu'il est enMib. D’autre part, son positionnementcomme “extension de la clarinette basse”lui laisse une place étroite entre la basseet la contrebasse. Est-ce pour cette rai-son que les compositeurs contemporainsont finalement peu écrit pour la contral-to, lui préférant une clarinette contre-basse plus “extrême” ? Cette questionlégitime ne doit pas faire oublier les qua-

lités de l’instrument qui demanderait,d'une certaine manière, à être “redécou-vert” comme le souligne Marc Boutillot(Sextuor Baermann) : « au sein duSextuor, nous avons choisi la contralto,car elle apportait une richesse et unecomplémentarité de timbre avec notreinstrumentarium. En fait, nous avonstrois instruments en Mib : petite, alto etcontralto ; et trois en Sib. C’est l'équi-libre parfait ! L’instrument a une granderichesse de timbre, c’est pourquoi ilserait injuste de l’oublier. »

Redécouvrir la contralto

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Marc Boutillot

Alain Billard

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Cuivres

«Issus à l'origine de la Musique desTroupes de Marine, nous sommes 18copains qui avons décidé de créer

notre batterie-fanfare. C’était en 1990.Comme nous étions rentrés auparavantdans différentes formations, la création dela Malmaison répondait à un besoin de gar-der le contact en plus de jouer dans unensemble que nous apprécions tous. » Enquelques mots, Christophe Lefèvre(trompette) résume bien le côtéconvivial de la batterie-fanfare, unedimension qui, sans conteste, faitle charme de ce type de formation.Pour autant, le plaisir de la ren-contre entre amis ne doit pas faireoublier le principal objectif : lamusique. En effet, c’est bien pourl’amour du répertoire et des possi-bilités uniques de la batterie-fanfa-re, que des musiciens se réunissentrégulièrement un peu partout enFrance. « Dans ce domaine, onpeut parler “d’exception culturelle”,soul igne, amusé, ChristopheLefèvre. La batterie-fanfare est unespécialité française même si on entrouve un peu en Suisse. Dans cer-taines régions, la vie tourne autourde la batterie-fanfare qui rythme les événe-ments importants. Je pense qu’il doit y avoirenviron 5000 formations de ce type actuel-lement dans l’hexagone. L’avantage, c’estque nous avons un répertoire assez déve-loppé. Un jeune orchestre peut donc mon-ter un programme rapidement avant mêmede susciter des créations originales auprèsdes compositeurs d’aujourd’hui. »

Less is more…Cantonnés historique-

ment à une fonction préci-se (donner des ordres oufaire les sonneries régle-mentaires), les instrumentsnaturels (ou d’ordonnance)imposent leurs limites aux

musiciens comme aux compositeurs. PourMickey Nicolas : « le fait de disposer d’unnombre restreint de notes peut semblerune gageure surtout à notre époque desurenchère généralisée. En fait, cette limita-tion naturelle des moyens mis à notre dis-position ne nous empêche pas d’écrire dela musique intéressante, bien au contraire !J’aborde ça un peu comme un puzzle. Tout

réside dans l’art de l’assemblage ! Et puis,les couleurs sonores d’une batterie-fanfare

sont vraiment superbes. Personnellement,je trouve la trompette en mi bémol extraor-dinaire. »

Ce côté “minimaliste” a séduit ChristopheLefèvre qui apprécie également le caractère“vrai” des instruments naturels : « pour par-ler vulgairement, ce sont des tubes !Quand on les joue, il n’y a pas de triche,tout se fait par la pince. Prenons les trilles :

il faut un travail extrêmement pré-cis de la langue pour bien lesjouer. Ces instruments deman-dent un travail spécifique, si onveut réellement les maîtriser. Pourma part, je travaille les deux enparallèle. » Assurément, le jeu envaut la chandelle car en dehorsdu plaisir musical de l’interprète,la réaction du public est une autresource de satisfaction : « les réac-tions ne sont jamais tièdes et pourtout dire, elles sont généralemententhousiastes, précise ChristopheLefèvre. Le public est le plus sou-vent étonné d'entendre ce quenous pouvons tirer de nos instru-ments rudimentaires. C’est lecontraste entre la simplicité appa-rente de ces instruments et

l’impact sonore qui touche les gens. »

ALORS QUE LE HIGH-TECH TRIOMPHE DANS NOTRE VIE QUOTIDIENNE, LES INSTRUMENTS NATU-RELS PARAISSENT DÉFIER LES LOIS DE L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE. MAIS DERRIÈRE LEUR

APPARENTE SIMPLICITÉ, CES INSTRUMENTS RECÈLENT BIEN DES RICHESSES MUSICALES ET EXPRES-SIVES. LEUR UTILISATION DANS LA BATTERIE FANFARE EN APPORTE LA MEILLEURE ILLUSTRATION.

ChristopheLefèvre

Les premiers clairons et trompettes de la nouvelle série PRO-LINE vont être commer-

cialisées au premier trimestre 2003. En collaboration avec les meilleurs instrumentistes

français, la cellule R&D Selmer Paris a effectué un important travail de conception puis

de mise en fabrication. Si l’on s’en tient à l’extérieur, les PRO-LINE adoptent désormais

les mêmes finitions que les modèles à pistons. Le design, du clairon comme de la trom-

pette, a été étudié pour imposer une griffe qui distingue les instruments Selmer Paris

du reste de la production. Enfin, une pompe permet de passer de mi

bémol à ré en quelques instants. Côté son, le clairon a vu sa justesse

améliorée, tandis que sa chaleur de son lui confère une profondeur

exceptionnelle. La nouvelle trompette PRO-LINE délivre, elle aussi, un

son plus chaleureux tout en ayant de la clarté et de la présence. Avec

de telles caractéristiques, c’est la voix même du soliste qui prend plus

de “corps” et qui se place naturellement devant l’orchestre.

Les instruments d’ordonnance…100% naturel !

Les nouveaux modèles Selmer, naturels mais perfectionnés

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Dossier

Ces trente dernières années aurontvu un formidable essor de la littéra-ture pour instruments à vent, tant

sur le plan pédagogique que sur celui dela création pure. Une vitalité qui fait lebonheur des enseignants et des inter-prètes, solistes ou ensembles.

Rendre compte de manière exhaustivede la diversité et de la richesse de la créa-tion contemporaine dépasserait de loin lecadre de ces colonnes. D’ai l leurs, i lconviendrait plutôt de parler de créationau pluriel tant ses visages peuvent êtredifférents : musique “sérieuse”, jazz,répertoire d’harmonie-fanfare, piècespour ensemble ou soliste… Néanmoins,les témoignages que nous avons recueillisillustrent bien la réalité de ces différentesformes de créations, avec leurs inévitablessatisfactions et difficultés, le principalécueil étant sans aucun doute la « barriè-re médiatique » comme la nomme si bienJérôme Naulais.

Toucher le public

« Depuis près de dix ans, il n’y a plus demusique vivante, j’entends par là jouée endirect par des musiciens à la télé, fulmineJérôme Naulais. Je parle ici des chaînesgénéralistes et non pas des spécialiséescomme Arte ou Mezzo. Alors, bien sûr,cette situation de fait ne nous empêche pas

d’écrire de la musique, mais ce qui pourraitêtre une formidable caisse de résonanceagit presque comme une barrière en habi-tuant les gens à un seul type de musique,le plus souvent électronique et assezpauvre sur les plans rythmique et mélo-dique. » Pessimiste le compositeur pourtantprolixe (son catalogue comprend plus de100 œuvres) ? Pas sûr, mais un rien déçudevant l’indifférence assez générale desmédias (et même de la presse écrite dite“spécialisée”) envers la musique actuellepour les vents : « Pour de nombreuses per-sonnes, dont certains critiques, les harmo-nies ont conservé à tout jamais le côté mili-taire qui les cantonne à une fonction trèsparticulière. Dans le milieu, nous savonstous que les choses ont beaucoup évolué,notamment avec l’arrivée des jeunes géné-rations qui possèdent un bon bagage tech-nique et qui veulent jouer des choses plusactuel les ; reste à le fa i re savoir…Actuellement, je constate donc souvent ungrand écart entre la réalité de terrain etl’image dévalorisée des ensembles d’instru-ments à vent. Souhaitons que les chosesévoluent rapidement dans le bon sens ! »

Gagner sa vie

Fort heureusement, ce manque demédiatisation n’empêche pas les composi-teurs d’écrire même s’ils savent pertinem-ment que leurs œuvres généreront desdroits “minimes“ par rapport à des musiquesde film ou de variétés : « C'est grâce auxdifférentes commandes publiques et privéesque j’ai la chance de vivre uniquement dela composition, précise Krystof Maratka,compositeur tchèque installé en Francedepuis 1994. On ne peut pas compter surla vente des disques ou des partitions pourboucler ses fins de mois ! ». Constat partagépar Jérôme Naulais qui, pourtant, fait partiedes compositeurs souvent joués et pro-grammés en France : « vivre avec les seulsdroits d’auteur me paraît difficile. Qui plusest, si on est spécialisé sur les instruments àvent. De ce point de vue, la commande estun soutien indispensable. » Jeune éditrice,sa maison d’édition CPEA a été créée enjuin 1989, Christ ine Paquelet-Lussac

constate que « les partitions de création sevendent peu, sauf lorsqu’elles sont pro-grammées dans des concours. Comme lesfrais de gravure et de promotion représen-tent des investissements non négligeables, ilfaut travailler le copyright pour dégager desressources, ce qui suppose une bonneconnaissance du droit d’auteur et des méca-nismes de répartition. »

Rencontres et création

Difficulté à faire connaître les œuvres auplus grand nombre, difficulté à dégager desdroits d’auteur conséquents (les deux étantliés)… la création serait-elle menacée ? Enréalité, aucun de nos interlocuteurs ne s’estmontré pessimiste. Bien au contraire ! Le faitde regretter la place modeste qui leur estlaissée dans le “concert mondial” ne lesempêche pas de créer avec une certainedélectation : « c’est un privilège d’écrire entoute liberté et de pouvoir entendre ensuitesa musique jouée en concert prendre toutesa dimension », reconnaît Krystof Maratka.De son côté, Jérôme Naulais évoque « leplaisir de travailler sur les contrastes, les cou-leurs » comme il l’a fait pour le quatuor de

Jérôme Naulais6

Krystof Maratka

Le répertoire actuel pour instru

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trombones de Gilles Millière qui vient decréer Quatre à Quatre lors de la Journéedu Trombone, le 23 novembre à Paris. Fortheureusement, c’est donc bien la notion deplaisir qui prévaut dans la démarche de cescréateurs. Plaisir de l’écriture et plaisir de larencontre comme le soul igne KrystofMaratka : « j’aime écrire avant tout pour lesgens que je connais. D’une certaine maniè-re, la création doit être reliée à une ren-contre musicale et humaine. C’est de cettefaçon que j’ai écrit Luminarium pour MichelLethiec. Avec ses 9 mouvements, cettepièce est très physique. Pendant toute laphase d’écriture, qui a duré 9 mois, j’ai tra-vaillé en étroite collaboration avec MichelLethiec. À mon sens, la création ne peutqu’être un dialogue. »

Nouveaux horizons

La créativité des compositeurs, la deman-de des musiciens et les progrès techniquesréalisés par les facteurs d’instruments agis-sent comme autant de moteurs à l’évolutiondes modes de jeu. Pour les instrumentistesclassiques, c’est d’une certaine façon ladécouverte d’une plus grande liberté et

l’occasion de rencontres inattendues commel’illustre Diversions d’Alain Crépin, piècecréée par le Quatuor des Hauts de France etla Musique Royale de la Force Aérienne, le 4octobre dernier à Dinant. « Dans cettepièce, apparentée au concerto grosso, lequatuor de saxophones établit un dialogueconstant avec l’orchestre d’harmonie, préci-se Michel Supéra, saxophoniste du Quatuordes Hauts de France. L’équilibre musical estadmirable. Diversions permet d’exploiter lesmultiples facettes de l’instrument : le slap, legrowl, un déploiement de tessiture vers lesuraigu et des plages d’improvisation…Alain Crépin a réussi à mettre parfaitementen interaction la musique et la l ibertéd’expression. » Cette ouverture vers de nou-velles formes d’expression, de nouveaux lan-gages (Luminarium de Krystof Maratka estconstruit autour de 27 fragments inspirés de27 pays différents) et d’une plus grande partde liberté dans l’interprétation est certaine-ment l’une des pistes d’évolution les plusexcitantes pour les années à venir. Avec ousans télé, et plutôt sans, la création a debeaux jours devant elle, à condition quenous sachions garder notre curiosité intacte.

Chaque année Selmer Paris soutient des pro-jets de création. Voici quelques exemples decommandes récentes :NAON Luis (ArgentineALTO VOLTANGO Saxophone alto & vibraphoneSUZUKI Jummeï (Japon)EMBELLIE Saxophone soprano solo &

quatuor de saxophonesGRAETZER Carlos (Argentine)TRANSMUTANGO Saxophone alto & vibraphoneJODLOWSKI Pierre (France)MIXTION Saxophone ténor & dispositif

électroacoustiqueNAULAIS Jérôme (France)3 DANSES pour l’Orchestre d’Anches de ParisCONTR’AIRS pour le Quintette de Saxophones

ATOUT SAXSAXTORY pour le Quatuor de Saxophones

DIASTEMAMARATKA Michel (Tchéquie)LUMINARIUM pour Michel Lethiec (clarinette)CRÉPIN Alain (Belgique)DIVERSIONS pour le Quatuor de Saxophones

des Hauts de France

SELMER PARIS & LA CRÉATION

ments à vent, une belle vitalité !

Professeur à l’École Nationale de Musique etd’Art Dramatique de Saint-Quentin etmembre du Quatuor des Hauts de France,Michel Supéra juge primordial l’apport de lamusique contemporaine dans l’enseignementdu saxophone (ces réflexions pourraientd’ailleurs s’appliquer à d’autresinstruments) : « La musique contemporaine apermis à notre instrument de s’épanouir dansun espace qu’il fallait conquérir. Depuis unetrentaine d’années environ, le répertoires’est considérablement élargi. Ce langage asouvent été rejeté, par l’ignorance bien sûr !Effectivement, peu de pièces ont été écritespour les jeunes élèves, le contemporainn’étant imposé aux examens qu’à partir de lafin de 2e cycle. Aujourd’hui, les saxopho-nistes se rendent compte que l’éducation doitse faire dès le plus jeune âge. Des effortssont donc réalisés avec la création d’œuvres

nouvelles qui mettent en forme des modes dejeu naturellement utilisés par ailleurs… Quin’a jamais entendu derrière une porte de clas-se des élèves improviser, jouer un détaché quiclaque (slap), varier les timbres sur une note(bisbigliando) ? Peut-être avons-nous retrouvédes formes de jeu plus naturelles par le biaisde cette écriture ? Parallèlement, nous avonsremarqué le retour de la mélodie et nousdécouvrons des œuvres qui s’articulent, avecune très grande cohérence, entre la recherched’effets sonores et les phrases mélodiques. Entant qu’enseignant, interprète ou tout simple-ment musicien, je crois qu’il faut être attentifà l’intérêt des pièces nouvelles, ne pas oublierque certains de nos jeunes élèves seront lepublic de demain et que la notion de plaisirdoit être partagée. »

Saxophone, musique contemporaine & pédagogie

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Le Quatuor des Hauts de France :Pierre Grzeskowiak (soprano), Michel Supéra (baryton),

Grégory Letombe (alto), Marc Host (ténor).

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Ici & Ailleurs

Accompagné par Benoît Sourisse à l’orgue Hammond, Stéphane Guillaume aouvert le cycle des Selmer Sessions 2002. Ces nouveaux rendez-vous Selmer-Paris

remplacent désormais les Jeudis Musicaux qui se sont tenus pendant trois saisonsdans les locaux de la rue de la Fontaine au Roi. Devant une trentaine de participantsdont la plupart avait amené leur instrument, le saxophoniste a indiqué des pistespour aborder au mieux l’improvisation, le tout avec un ton décontracté. L’auditoire aété séduit par cette approche concrète, et nombreux sont ceux qui sont montés surscène pour y aller de leur chorus. Sans jamais adopter un ton docte ou sentencieux,Stéphane a rappelé quelques principes qu’il considère comme essentiels dansl’improvisation : « attention de ne pas jouer la grille et d’oublier de jouer les notes quivont toucher les gens » ; ou encore : « j’ai une phrase dans la tête, je la sors ». Cettevision tournée vers la musique même, et l’émotion qu’elle peut véhiculer à travers unson, une respiration, s’ inscrit dans une

démarche humaniste. D’ailleurs, il aura été peu question de technique… Le concert du soir (avec FrédéricFavarell à la guitare et Antoine Banville à la batterie) a enflammé un Sunset archi-comble.

Selmer essionsS

Le fameux Festival de Montreux (Suisse) propose depuis quelques années un concours de piano solo qui connaît unbeau succès. 2002 aura marqué une nouvelle évolution avec la première édition du concours de saxophone jazz, sur

une idée de Jeremy White, lui-même saxophoniste. Réservé aux moins de 30 ans non professionnels, ce concours a ras-semblé 15 demi-finalistes (sur 70 inscrits) durant une semaine. « Nous souhaitions que les musiciens soient dans uneambiance agréable et décontractée, précise Stéphanie Aloysia Moretti, du Montreux Jazz Festival. Il ne s’agit pas d’unconcours classique ! Toute la phase finale a eu lieu en public, le saxophoniste étant accompagné par un trio piano-basse-batterie. Le niveau général était très élevé, avec des candidats venus d’un peu partout, d'Europe, mais aussi des USA, desPays de l’Est et même d’Australie. Le public venu nombreux et le jury qui comprenait des figures comme Lee Konitz, DavidSanborn ou Kenny Garrett, ont été conquis par la qualité musicale du concours. »

Parfois cités comme la version “vents” du fameux Quatuor (cordes), les déSAXés ou Dany Aubert(baryton), Michel Oberli (ténor), Bruno Duret (alto), Guy Rebreyend (soprano), ont leur univers

bien particulier, un rien loufoque et déjanté, ce qui aurait plutôt pour effet (bénéfique) de détendreles zygomatiques. Leur dernier spectacle, “La Planète des Sax”, joue brillamment la carte du décalageen faisant endosser aux quatre comédiens-musiciens les habits de clowns, danseurs, jongleurs, équi-libristes, hypnotiseurs… Quant aux instruments, ils se transforment en animaux divers et variés augré des envies du scénario. Avec tant de fougue et de fantaisie sur scène, Jean-Marie Lecoq et Anne-Marie Gros (metteurs en scène) s’en sont donnés à cœur joie pour concevoir un spectacle décoiffantqui donne un visage différent à l’instrument. À ne pas manquer s’ils passent près de chez vous !

Les DéSAXés brûlent les planches

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Grande figure de la clarinette française, Guy Dangain a littéralement conquis un auditoireattentif et venu nombreux le samedi 16 novembre à la Salle Cortot (École Normale de

Musique, Paris 17e). Émaillant son propos d’anecdotes savoureuses sur sa vie de musicien àl’Orchestre National de France et de pensées finement ciselées sur la pédagogie (« la pédago-gie suppose le don de soi »), l’importance de la musique dans notre société et dans nos vies(« la musique nous élève »), le clarinettiste a donné moult conseils pratiques pour bien aborderet travailler l’instrument, tout en rappelant opportunément que « le don n’existe pas, mais ledon du courage oui ! ». Le verbe a cédé la place à la musique, et de fort belle manière, àl’occasion d’un duo avec Maguy Giraud, puis en récital, accompagné par Misaki Baba au

piano. Une après-midi qui devrait rester dans bien des mémoires.

Stéphane Guillaume fait le plein au Sunset

Soweto Kinch,premier prix

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Saxophone Jazz Competition à Montreux

Guy Dangain à l’École Normale

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L’Académie d’été Habanera 2002 aura connu encore une foisun beau succès. Une édition un peu particulière, puisque leQuatuor Habanera avait invité Louis Sclavis à se joindre à la

fête pour un concert le mardi 21 août, suivi d’une master class le len-demain. Avec une intelligence musicale et un sens de la répliqueuniques, Louis Sclavis s’est littéralement fondu dans le programme duquatuor qu’on aurait pu croire écrit expressément pour quintette ! Ilfaut également saluer la qualité du concert de première partie donnépar les stagiaires sous la direction de Guillaume Bourgogne. Un résul-tat qui confirme la qualité du travail fourni lors de cette Académie (lescours étaient assurés par les membres du quatuor et Vincent David).Quant à Louis Sclavis, il a concentré son discours sur l’improvisation« qui est une façon comme une autre de faire de la musique ».

ClarinetFestival 2002Tout en restant un rendez-vous incontournable pour les clarinettistes du monde entier, ce

cru 2002 ne restera pas comme l’un des plus grands. Effet post-11 septembre, coût élevéde la vie en Suède ? Toujours est-il, moins de musiciens avaient fait le déplacement àStockholm. Des petites réserves qui n’enlèvent rien à la grande qualité des concerts. Lasoirée Selmer Paris fut particulièrement appréciée pour son éclectisme : Sean Osborn, JozéKotar, Louis Sclavis, le duo Guitarinet et Sylvie Hue pour la création mondiale de la pièce deGraciane Finzi. Le point culminant a été atteint lorsque tous les clarinettistes se sontretrouvés sur scène en fin de concert pour un véritable bouquet final. Prochain rendez-vous : 9-13 juillet 2003 àSalt Lake City (USA).

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C’est dans le cadre bucolique de la ville de Dinant (Ardennes belges) qu’a eu lieu le 3e concoursinternational Adolphe Sax. À n’en pas douter, le millésime 2002 restera dans les annales avec

134 participants au premier tour, 18 demi-finalistes et enfin 6 finalistes dont 3 français issus duCNSMDP (classe de Claude Delangle). Le niveau particulièrement élevé du concours n’a pas empê-ché que s’installe une certaine convivialité qui, au demeurant, fait le charme de la manifestation.Ainsi, les concerts de phases finales (8 et 9 novembre) ont rassemblé chacun plus de 1000 per-sonnes dans la Collégiale, tandis que plus de 1300 saxophonistes se sont rassemblés le samedi 9novembre pour un concert inédit sur la grande place. Prochain rendez-vous : 2006. On noteraque deux boursiers Tremplin Jeunes Selmer Paris occupent les 2e et 3e places.

Dinant mise à sax 2002

Louis Sclavis chez les saxophonistes

Hiroshi Hara, Premier Prix (à gauche)et Patrick Selmer

De gauche à droite : Louis Sclavis, Krystof Pelech,Jakub Bokun, Sean Osborn, Jozé Kotar et Sylvie Hue.

4 - David Alonso Serena (Espagne)5 - Jérôme Laran (France)6 - Gérard Etrillard (France).

1 - Hiroshi Hara (Japon)2 - Julien Petit (France)3 - Antonio Felipe Belijar (Espagne)

Le virtuose de la clarinetteklezmer est venu dansl ’hexagone à la mi-

novembre pour quatre rendez-vous exceptionnels. DavidKrakauer a commencé satournée par une master class àl’ENM de Villeurbanne le lundi18. Cinquante participants,souvent constitués en petitsensembles, ont pu découvrirles subtilités du style klezmer.Devant un public nombreux etattentif, David Krakauer adonné deux autres masterclasses à Chambéry (mardi 19)et Lyon (mercredi 20, classe deJacques Di Donato). Dans une

atmosphère conviviale, il a également rencontré les musiciens de larégion le vendredi midi à l’Espace Robert Martin. Le bouquet finalaura été sans conteste le concert du soir avec le quatuor Debussy àLa Chapelle de la Trinité. Plus de 350 spectateurs ont pu assister à unrécital de grande qualité qui a clôturé brillamment cette mini-tournéeen région Rhône-Alpes.

David Krakauer en France

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En Vue

Avec le Tremplin Jeunes, Selmer Paris a souhaitéaller plus loin que l ’attribution d'une simplebourse. Il s'agit en effet d'aider 7 jeunes ins-

trumentistes à vent à bien débuter leur carr ière.Voilà pourquoi ce soutien prend plusieurs formes :

• une aide au perfectionnement musical lors de stages de haut niveau,

• un accompagnement d’un projet artistique fort,• une participation aux grands Congrès Mondiaux

(saxophone, clarinette et trompette),• un concert de présentation et de promotion

à Paris,• la réalisation d’un dossier de présentation

individuel.Bien entendu, le suivi de chaque boursier permet

de tisser des liens privilégiés avec chacun d’eux etdonc de réaliser un véritable travail de fond. Uneperspective de moyen et long termes qui s’ inscritparfa i tement dans la logique de développementsuivi par Selmer Paris.

Tremplin Jeunes Selmer

Né en 1978 , Anton io Fe l i pe Be l i j a rgrandit dans une famille de musiciens.Vers l’âge de 7 ans, son père lui offre unsaxophone. Après de brillantes études auConservatoire Supérieur de Madrid (clas-se de Francisco Martinez), il décroche denombreuses distinctions internationales :Ben ido rm (1999 , 1 er p r i x ) , Bay r eu th(2001, 1er prix), Dinant (2002, 3e prix). Ilest fasciné par la littérature pour violonce qui l’a conduit à réaliser de multiplestranscriptions d’études et de pièces vir-t u o s e s , m a i s é g a l e m e n t d e c e r t a i n sg r a n d s c o n c e r t o s d u r é p e r t o i r e(Beethoven, Katchaturian…). Une pas-sion qui l’a poussé à se mettre à l’étudedu violon, il y a un peu plus d’un an !Dans ses pro je ts , f igure log iquement

l’envie d’enregistrer des transcriptions d’œuvres pour violonavec son quatuor de saxophones.

Né en 1980, Miha Rogina étudie le piano avant de se mettreau saxophone à l’âge de 12 ans, son père jouant de l'instru-ment en amateur. Diplômé de l ’Académie de Musique deLjubljana, i l travai l le actuel lementavec Jean-Yves Fourmeau (CNR deC e r g y - P o n t o i s e ) . L a u r é a t d e sc o n c o u r s d ’ A l p e s - R h i n - D a n u b e( 2 0 0 1 , 1 e r p r i x ) e t d e B a y r e u t h(2001, 5e prix), il fait de la musiquede chambre au se in du qua tuor4 s a x e s . T r è s i n t é r e s s é p a r l amusique contemporaine, il s’accor-de quelques escapades vers le jazze t é c o u t e s a n s d é p l a i s i r l e smusiques plus actuelles. Séduit parla France, Miha Rogina appréc ieparticulièrement « l 'élégance et lac la r té des g rands saxophon i s te sfrançais. »

Antonio Felipe BELIJAR Miha ROGINA

Née en 1982, Maguy Giraud suitles traces de sa grande sœur etcommence par étudier le piano.Sur les conseils de son professeur,elle décide d’aborder un secondinstrument. Après l’audition de laclasse de Richard Rimbert, ellechoisit sans hésiter la clarinette.Elle poursuit alors un cursus com-plet, tant en piano qu’en clarinet-te, et s’offre même le plaisir deréussir un bac scientifique avecmention. Lauréate du concours deDos Hermanas (2001, 2e prix), ellerentre au CNSMDP en septembre2001, dans la classe de MichelArrignon. Curieuse, ouverte àtoutes les formes de répertoire,

Maguy Giraud est particulièrement attirée par l’orchestre et la musiquede chambre : « ce qui me plaît, c’est tout simplement faire de lamusique ensemble .»

FIDÈLE À SA POLITIQUE ACTIVE DE SOUTIEN AUX MUSICIENS DE TOUS STYLUNE NOUVELLE ACTION D’ENVERGURE : LE TREMPLIN JEUNES. CETTE PREMCIENS EUROPÉENS QUI DONNERONT UN CONCERT EXCEPTIONNEL LE 30 JAN

Clarinette (France)

Saxophone (Slovénie)

Maguy GIRAUD

Saxophone (Espagne)

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r 2002-2003

Né en 1977, Erwan Fagant étudie lepiano avant de se mettre au saxopho-ne à l’âge de 12 ans. Il poursuit debrillantes études auprès d’EmmanuelHody (ENM de Saint-Brieuc), Jean-YvesFourmeau (CNR de Cergy-Pontoise),Claude Delangle (CNSMDP). Lauréat deplusieurs concours (Saint Nom-la-Bretèche, 1999 ; Avant-Scènes, 2001 ;Fnapec, 2002), il a le privilège de tra-vailler avec de grandes figures musi-cales de notre temps : Pierre-AndréValade, Pascal Rophé, DavidRobertson, Christophe Eschenbach,Peter Eötvös et, surtout, Pierre Boulez.Une collaboration qui lui permet departiciper à l’enregistrement de Pliselon pli avec l’EIC en janvier 2001 (Deutsche Grammophon).Titulaire du Certificat d’Aptitude, Erwan Fagant enseigne à l’ENM deChartres et Bourg-la-Reine.

Né en 1979, Julien Petit a commencé par l’étude de la clarinette àl’âge de six ans avant de se mettre au saxophone quatre ans plustard. Il étudie auprès de Jacques Net (CNR de Bordeaux) et Claude

Delangle (CNSMDP). Premier Prix duCNSMDP en 2001 et lauréat de nom-breux concours internat ionaux(Bayreuth en 2000, Limoges et ARD deMunich en 2001), Julien Petit vient toutjuste de se distinguer au 3e concoursde Dinant en remportant la deuxièmeplace. Membre du Quatuor Carré Mêlé,i l t ravai l le depuis trois ans avecKarlheinz Stockhausen. Très impliquédans la création contemporaine, il n’enapprécie pas moins le répertoire “clas-sique” de l’instrument : Glazounov,Martin…, et se montre même séduitpar les musiques tradit ionnel les.Influencé par les grands violonistes, ildit admirer particulièrement, outre sesprofesseurs, Jean-Marie Londeix : « unmusicien complet ».

Erwan FAGANT

Julien PETIT

Davide BANDIERI

Saxophone (France)

LES, SELMER PARIS A INITIÉ EN 2002MIÈRE PROMOTION RASSEMBLE 7 MUSI-NVIER 2003 À PARIS. PRÉSENTATION.

Clarinette (Italie)

Né en 1981, Kaspar-Laurenz Märtig a été élevé dans une famille demusiciens. Son frère aîné lui donne ses premiers cours de trompettedès l’âge de six ans. En 1989, il suit l’enseignement de Rovert M.Lanese (Glenn Mille Orchestra) et I l ieMountean (trompette solo de l’OrchestreSymphonique de Hambourg). À partir de1996 il travaille avec Eckhard Schmidt(trompette solo de l’Opéra de Hambourg),et depuis octobre 2001 il est élève deMatthias Höfs au Conservatoire Supérieurde Musique et d’Art dramatique deHambourg. Lauréat de plusieurs concoursnationaux en 1995 et 1997, il reçoit le Prixspécial du Philharmonique de Hambourget de l’Orchestre Symphonique de la NDR.En 1998 il remporte le prix de la meilleureinterprétation des pièces imposées lors duconcours international “Concertino Praga”.Ces dernières années, il a joué dans denombreux orchestres et depuis 2000 tientla place de trompette solo dans l’OrchestreAllemand des Jeunes.

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Trompette (Allemagne)Kaspar-Laurenz MÄRTIG

Comment y participer ?Le Tremplin Jeunes est ouvert aux candidats :- âgés de moins de 25 ans,- originaires du continent européen,- diplômés d’un conservatoire supérieur ou en fin

de scolarité- ayant déjà été distingués dans une compétition

nationale ou internationale.Les candidats sont sélectionnés sur dossier par un comité

artistique représentatif, présidé par Patrick Selmer.Pour tout renseignement écrire à : [email protected]

Saxophone (France)Né en 1979, Davide Bandieri étudie actuellement sous la direc-t ion d’Alessandro Carbonare à la Fondat ion Toscanini deBologne. Lauréat du Concours de Clarinette A. Ponchielli de

Crémone et Mention Spéciale du Jury auconcours In ternat iona l de “C i t tà d iPinerolo”, il est actuellement première cla-rinette à la Camarata Strumentale Città diPrato et col labore avec l ’orchestre duMaggio Musicale Fiorentino, l’orchestrePhilharmonique de la Scala de Milan etl’orchestre de l’Opera di Roma. Son acti-vité de concertiste l’a déjà conduit à effec-tuer des récitals en Italie et à l’étranger.Amoureux de la musique française et durépertoire du début du XXe siècle, il vienttout juste d’enregistrer un CD en tr io(piano et flûte) d’œuvres de Saint-Saëns,Poulenc et Ibert.

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Prochaine parution de “Frequence SELMER” : mai 2003

K iosque

Nota : SELMER Paris ne distribue aucun des CD présentés dans cette page.

ClarinaissancePrague Clarinet QuartetEIH Promotion 71771 00001-02

Créé en 1998 par quatre jeunes clarinettistestchèques de l’Academy of Performing Arts dePrague, ce quatuor s'est déjà vu décerner plu-sieurs prix internationaux pour la qualité de sontravail. Pour ce baptême discographique quiporte bien son nom - Clarinaissance -, les quatremusiciens (Milan Rericha, Karel Dohnal, Jan

Hejhal et Jan Mach) ont choisi un répertoire éclectique, mêlant adaptations etpièces originales. Assez logiquement, le disque s’ouvre sur les pièces clas-siques (Haendel, Albinoni) ce qui permet de goûter la cohésion sonore duquatuor : sonorité chaleureuse (presque “charnelle” sur les pièces lentesd’Albinoni), mise en place et respiration tirées au cordeau (qualité de l’articu-lation sur l’Arrivée de la Reine de Sabat de Haendel), justesse irréprochable.Les pièces “modernes” de Tomasi, Harver et Gyulai s’inscrivent assez biendans le programme : plutôt mélodiques, elles permettent au quatuor de jouerla carte d’un certain “lyrisme contemporain”. On saluera également la qualitédes arrangements (bel entrain rythmique sur America de Bernstein). La prisede son privilégie le naturel en évitant toute agressivité.

Kle-ZKlezmer LatitudesPygmalion Records 144322Comme de nombreuses musiques “tradition-nelles”, la tradition yiddish d’Europe Centrale susci-te un intérêt croissant. En parallèle à la vision élec-trique et new-yorkaise d’un clarinettiste commeDavid Krakauer, d’autres artistes prennent deschemins plus acoustiques, d’une certaine manièreplus conformes à une vision “traditionnelle”. C’estle cas de Klezmer Latitudes, une formation regrou-pant des musiciens français de premier plan(Michel Goldberg aux clarinettes et saxophone,

Antoine Illouz à la trompette, Philippe Monange au piano, Étienne Roumanetà la contrebasse, Marc Slyper au trombone, Karim Touré aux percussions). Sil’approche acoustique avec des instruments typiques du style et des titresessentiellement tirés du répertoire traditionnel donne une certaine authenticitéau disque, les musiciens sont allés plus loin que le simple témoignage. Il fautpréciser que le réputé Yvan Jullien a œuvré aux arrangements ce qui nousvaut une orchestration chatoyante. Tout en respectant la tradition, ce disques’offre des incursions colorées vers le jazz et s’autorise même des clins d’œilnon dénués d’humour (Le shnorer des Lilas directement adapté duPoinçonneur des Lilas de Serge Gainsbourg). Très belle prise de son.

Le saxophone lumineuxŒuvres complètes de Charles Koechlin poursaxophone et pianoFederico Mondelci (saxophone), Kathryn Stott(piano)Chandos 9803Personnalité singulière de la vie musicale de la pre-mière moitié du XXe siècle, Charles Koechlin (1867-1950) aura essentiellement gagné sa vie commeprofesseur, critique et auteur, très peu de sesœuvres ayant été publiées de son vivant. Son écri-ture élégante s’inscrit dans la tradition française dela fin du XIXe siècle (harmonies colorées, superbes

lignes mélodiques) ce qui explique son positionnement atypique au milieu desmini-révolutions musicales qui ont secoué le début du siècle. Théoricien de lamusique (on lui doit d’importants manuels d’harmonie), Charles Koechlin adéveloppé un univers personnel sans se soucier de créer un nouveau système.Un univers où la rêverie, parfois teintée de mélancolie, tient une grande part.Conquis par cette esthétique, Federico Mondelci s’est immergé dans l’œuvre deKoechlin dès 1979, durant ses études au Conservatoire de Bordeaux auprès deJean-Marie Londeix. Son interprétation toute en finesse, la chaleur de sa sono-rité, la justesse de son phrasé font de chacune de ces pièces (15 Études op.188et 7 Pièces pour saxophone et piano op.180) un petit joyau. Une approchesubtile partagée par la pianiste Kathryn Stott qui accompagne le soliste avecbeaucoup de tact. Au fil des plages, le titre de l’album prend tout son sens pourune musique toute en détente… En somme, lumineuse.

Frag’sStraSaxWM001Dès les premières notes de ce disque, le ton estdonné : un cocktail détonnant et étonnant d’éner-gie brute avec des grooves imparables mais ausside la subtilité avec une répartition des rôles (et desvoix) qui vise la perfection. Véritable tour de contrô-le du groove aux côtés du batteur Francesco Rees,Franck Wolf (baryton) assure un soutien sans failleà ses compagnons de jeu : Michael Alizon (sopra-no, alto, ténor), Christophe Fourmaux (alto, ténor)et Laurent Wolf (soprano, alto, ténor). Mais plus

que distiller des combinaisons rythmiques ensorcelantes (Funky Franckie),StraSax démontre une réelle maîtrise des arrangements : finesse de la réparti-tion et de la conduite des voix, effets sonores, sens du développement avec desrebondissements idéalement placés… le tout avec une originalité bienvenue.Ce travail d’écriture finement ciselé laisse la place à des plages d’improvisationpermettant de goûter les qualités des solistes tout en ménageant des espacesde liberté. À la croisée des chemins entre les jazz américains, européens et uneapproche “classique”, StraSax pourrait bien, à l’avenir, occuper une place dechoix au sein des quatuors de saxophones “qui comptent” dans l’hexagone. Laprise de son live transmet bien la spontanéité et l’énergie de la formation.

OblikJef Sicard (saxophones), François Méchali(contrebasse), François Laizeau (batterie)Charlotte Productions 199Enregistré en live au Carré Bleu à Poitiers, Oblik estconstruit autour des compositions originales destrois musiciens ici réunis, Jef Sicard assumant le rôlede leader avec 7 compositions sur 11 titres enregis-trés. Dans la lignée d’un jazz européen qui se récla-me d’une démarche improvisée ouverte avant dese référer au swing et à un langage codé (commele bop et ses déclinaisons modernes), le trio invite lepublic à un voyage en “terra incognita”, puisqu’il

n’y a pas ici d’emprunts à des chansons ou des standards qui seraient danstoutes les oreilles. Plutôt funambules, Sicard, Méchali et Laizeau ne se laissent pasimpressionner par cette apparence de vide, mais tissent leur toile autour ducanevas, parfois réduit à quelques éléments, qui sert de noyau à chaque pièce.Dans cette optique, la contrebasse et la batterie quittent leurs habits de sectionrythmique pour accéder au rang de soliste en développant, le plus souvent, unvéritable contrepoint au discours du saxophone. La souplesse de la formule per-met d’ailleurs que les rôles ne soient jamais figés. Évidemment, cette liberté peut,d’une certaine manière, effrayer ou lasser l’auditeur en mal de repères. C’estpourquoi cette musique prend toute sa dimension en direct sur scène, là oùl’interaction avec le musicien est la plus forte, dernier lien concret dans un uni-vers sonore abstrait. L’enregistrement en live s’imposait ; la prise de son restituebien la magie de la rencontre ; le voyage fera découvrir de nouveaux horizons.

Portrait in Black and WhiteJean-Charles Richard (saxophone) etChristopher Culpo (piano)Exhaustive 001D’une rencontre lors d’une jam session est né leduo Jean-Charles Richard-Christopher Culpo.Formule moins ascétique que le duo contrebasse-saxophone, cette formation demande des res-sources musicales solides de la part des instru-mentistes. En effet, en l’absence de soutien d’unesection rythmique, il faut tenir un discours impro-visé suffisamment captivant pour susciter l’intérêtconstant de l’auditeur. En se donnant un cadre

(une majorité de standards face à 4 compositions originales de ChristopherCulpo), en se limitant sur les durées (peu de titres dépassent les 6 minutes), leduo pose autant de guides pour l’auditeur et, d’une certaine manière, délimi-te son terrain de jeu. Au demeurant, il reste assez vaste pour que la liberté s’yépanouisse pleinement. Revisitant complètement un standard du top tencomme All the things you are (réharmonisé et exposé de manière très person-nelle), le duo sait également tendre le velours sur la superbe ballade de Kirk(Haunted Melody). L’évidente complicité qui se dégage de chaque plageillustre bien la force de ce duo qui ne craint pas d’insuffler une certaine ten-sion à un thème (Retrato em branco e preto de Jobim) qui aurait pu, sanscela, tomber dans un pathos douteux. La prise de son colle bien à ce partipris esthétique : précise et vivante, mais sans fioritures.

du côté du jazz