19
- Archives Municipales - Ville de Brignoles « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles… »

« J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

- Archives Municipales -Ville de Brignoles

« J’étais là etje me souviensde la Libérationde Brignoles… »

Page 2: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

Paul Blanc écrit dans une lettre :« En juin 1939, à la suite d’un acci-dent survenu à M. Roux (Maire deBrignoles depuis 1937) je dusaccepter la charge de maire (alorsqu’il était adjoint)… il faut avoirvécu ces années douloureuses auxpostes que nous occupions pourcomprendre toute la délicatesse, lesdifficultés, les embûches et lapatience dont il a fallu faire preuveau cours de conversations journel-lement renouvelées par nos occu-pants pour des motifs chaque jourdifférents…

Je puis cependant citer lesdémarches faites par nos soins pouréviter certaines arrestations,d’autres ayant contribué à la miseen liberté des détenus, le refus derenseignements sur certaines per-

sonnalités ou militants politiquesde la ville, les fausses cartes d’iden-tité à des Français authentiques,l’établissement de cartes d’alimen-tation à des réfractaires, le jour dusabotage de la flotte de Toulon lecamouflage de 15 marins échappésde Toulon, dont certains sont restésà la table de M. Jean Ciavaglini(alors secrétaire général de la mai-rie) pendant plusieurs jours, le tru-chement des listes de requis pour letravail obligatoire, la reprise delocaux réquisitionnés par la troupe,les démarches auprès des familleset des corps de résistants assassinésdans les bois, etc. » Archives Pri-vées de M. Paul Blanc.

22 juin 1940, fin de la guerre, l’Ar-mistice signé à Rethondes divise laFrance en deux zones définies parune ligne de démarcation. La zoneNord est sous tutelle Allemande, lazone Sud va rester libre jusqu’en1942. Le gouvernement s’installe àVichy.

À ce t t e époque Br igno l e scompte 5 580 habitants, mais leshommes manquent pour les tra-vaux, particulièrement pour l’agri-culture et les mines. Ils sont mili-taires, prisonniers ou réquisitionnésou encore incorporés dans les chan-tiers de jeunesse formés sur ordredu gouvernement de Vichy dès1940. Ces chantiers destinés auxtravaux agricoles ou forestierscomme la fabrication de charbon debois pour les véhicules à gazo-gènes, sont divisés en groupes sur41 lieux dans la zone sud non occu-pée. Parmi eux certains Brignolais :Baccuzzi Joseph, Broquier Fer-nand , Ber t Gabr ie l , Car r ie reMarius, Chabas Roger, DopferEtienne, Gardiol Gaston, GellyLouis, Ghio Albert, Ghio Marcel,

LE MOT DU MAIRE…

« Cette brochure n’a puêtre réalisée qu’à partirdu travail de MichelDutto qui a collecté denombreux témoignagesqui font revivre de façonsaisissante la libérationde Brignoles. En resti-tuant, sans prétentionhistorique, le quotidiende nos aînés pendantcette période drama-tique, ces récits doiventinciter les générationsfutures à rejeter touteidéologie totalitaire ».

Photo de Paul Blanc, Maire de Brignoles (1939-1944)pendant toute la période de lʼoccupation.

De 1939 à

1

Page 3: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

Girodengo Henri, Jordy Fernand,Marchesani Robert, Michel Marcel,Mouttet Gabriel, Ottaviani Pascal,Unia Marcel, Escudier Lucien,Piasco Pierre, Pradurat Pierre, Plu-cheu Lucien, Barbier Jean, RochasPierre, Flayols Georges, Panuel gil-bert, Brun Frédéric, Héraud Mar-cel, Pavoni Alex, Brun Louis,Ambard Henri, Bonno Lucien, BigiDelme, Narice René, Mail letAlbert, Soldi Jean, Sérazio Charles,Blanc Raymond, Pollet Marcel,Gavoty Georges.

Des soldats français stationnentencore dans la ville. Une partie defootball est organisée entre l’ASBet le parc de l’aviation, 3 à 0 pourles locaux. Le cinéma l’UniversPalace ne désemplit pas, Fernandelest à l’affiche.

Dés les années 1940 le rationne-ment se met en place. Pour se nour-rir, il faudra dorénavant présenterune carte d’alimentation avec lecachet de la mairie. La distributions’organise soit par ordre alphabé-tique soit par numéro.

Au mois de septembre, le cha-noine Bonifay et de nombreux pèle-rins de Brignoles, partent en pro-cession à la Sainte-Baume. Lebuste de Saint-Louis, protecteur desprisonniers de guerre, est conduitsu r une cha r re t t e pu i s à dosd’hommes jusqu’à la Grotte deSainte Marie-Madeleine.

Dés la fin de l’année 1940, laLégion Française des Combattants,créée pour soutenir le MaréchalPétain, compte 170 adhérents àBrignoles.L’hiver 1941 amène son lot de

neige, de pluie et d’inondations LeCaramy déborde, le Pré de Pâqueset la route de Vins sont sous l’eau.Dans la soirée du 23 février, les Bri-gnolais ressentent une secousse sis-mique.

Les restrictions sont amplifiées,la ration mensuelle de beurre passede 125 gr à 60 gr. Des publicitésvantent le goût du cochon d’Inde etconseillent son élevage.

À l’occasion des fêtes de laSaint-Louis, le chanoine Bonifayavec les tambourinaires rétablit laprocession dans les rues de Bri-gnoles, elle avait disparu depuis1902.

Au début de l’année 1942, c’estle retour de la neige. Il y a unepénurie de bois de chauffage et lemaire lance un appel au calme. Lesagriculteurs ont l’interdiction debrûler des sarments de vignes maisle ramassage devient obligatoire etle stockage a lieu soit à la coopéra-tive la Brignolaise soit route deVins où des Annamites préparentdes fagots qui seront transportés àla Farlède, la première usine detransformation pour obtenir du car-burant solide et liquide.

Le journal du Progrès Républi-cain propose les recettes de l’aïolisans œufs ou de la crème de mar-rons sans marrons.

Les postes de radio envahissentles foyers mais les informationsofficielles se font principalementpar affichage. Un tableau noir, situésur la place devant la mairie,

annonce les nouvelles comme ladistribution des denrées selon leurarrivage, par exemple le 19 mars :arrivage de 3500 kg de poireaux etsalades.

Après un hiver rigoureux, l’étéapporte une grande sécheresse. Lesusagers doivent consommer lemoins d’eau possible. Des incen-dies éclatent au Canadel.

Les temps sont de plus en plusdifficiles. Durant l’été 1942, 10 sui-cides ont été recensés en moinsd’un mois, le manque d’alimenta-tion en est souvent la cause. Dessauf-conduits sont instaurés pour ledéplacement de la population.

Le 24 et 25 août, le chanoineBonifay fait de nouveau le pèleri-nage à la Sainte Baume. Le buste deSaint-Louis est placé sur la char-rette de la Viguière avec Cadet lecheval d’Antoine Bacuzzi ainsi quedeux chars à bancs, des jeunes genssuivent à bicyclette.

1942…

Ticket de rationnements

Le sauf conduit de Madame Dutto

2

Page 4: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

Dans la journée du 28 novembre1942, les soldats Italiens de la 4earmée occupent totalement ledépartement du Var.

L’armée italienne avait installédes tentes sur la place Saint-Pierre.Les dépôts de vivres se trouvaientaux Ursulines et à l’école des Frèresde la doctrine chrétienne, aujour-d’hui école Jean XXIII, en bas de larue du Dr Barbaroux. L’infirmeriese situait à la maison des Francs-maçons (13, rue du Palais). Les sol-dats occupaient le garage de l’hôtelde Provence, et avaient fermé lesextrémités de la rue Emilien Lebrunpour entreposer le bois. Leur dépôtde munitions se situait au champ detir route de Bras. Un dimanche dejuillet 1943, le feu se déclara prèsdu champ de tir et embrasa le dépôt.L’explosion, très forte, est ressentiedans tout Brignoles, de nombreusesvitres sont brisées, même le cinémaPalace est évacué.Si certains Brignolais s’aventu-

raient dans les rues de la ville aprèsle couvre feu entre 23 heures et5 heures, ils étaient arrêtés et enfer-més dans une maison rue PetitParadis jusqu’au matin 6 heures.

D’autres se souviennent que lechanoine Bonifay, un homme deforte personnalité, interdisait auxsoldats italiens d’entrer armés dansl’église. Il arrêtait son sermon et leterminait souvent en provençal enne s’adressant qu’aux Brignolais.

Après la destitution de Musso-lini, le 9 septembre 1943, l’Italiecapitule en faveur du camp Allié.Par peur des représailles de l’arméeallemande, les troupes italiennessont en déroute et les soldats quioccupaient Brignoles s’enfuient.Les dépôts, laissés sans sur-veillance, sont pillés pendant la nuitpar les Brignolais qui transportè-rent les sacs de farine, de riz, dechâtaignes séchées dans les cuves àvin qui existaient encore dans lesmaisons. « Nous manquions telle-ment de tout que nous avons prisn’importe quoi, certains ont mêmeemporté les chaises ». Au matin ilne restait plus rien.Certains soldats italiens ont

choisi de déserter pour rester vivreà Brignoles où ils se sont mariés.D’autres ont rejoint le maquis,comme Monsieur Del Vicario, aidépar François Astier et Jean Ferrari

qui lui ont procuré des vêtementscivils et un faux certificat de travail.M. Del Vicario participera par lasuite à la Libération de Camps et deBrignoles (témoignage de Mon-sieur Del Vicario dans La Résis-tance dans le pays Saint-Maximoisd’Alain Decanis).

La défense passive…

En 1943, selon les consignes dela défense passive, les Brignolaisdoivent occulter les lumières, lesampoules sont passées au bleu etles volets sont recouverts de papier.Toute infraction est sévèrementpunie. Les patrouilles italiennes ontreçu l’ordre de faire feu sur lesfenêtres où filtre la lumière.

Sur les places Saint-Pierre,Cours de la Liberté, des Cordeliers,place du Palais de Justice, rebapti-sée en 1940 place du MaréchalPétain, et du Palais des Comtes deProvence, des tranchées ont étécreusées, pour abriter la populationdurant les alertes. D’ailleurs début1944, un crédit de plus d’un millionest voté par la municipalité pourcette réalisation.

L’occupation Italienne

3Plan des tranchées sur une place (défense passive)

Page 5: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

L’occupation AllemandeLes occupants italiens ont laissé laplace aux troupes allemandes. Bri-gnoles est occupée, en plus de l’ar-mée, par l’organisation Todt* quitravaillait à l’extraction de labauxite.Les soldats allemands sont pos-

tés un peu partout dans la ville (voirplan dernière page). Il n’y a plusd’hôtel pour recevoir les voya-geurs, seul l’hôtel de l’Universaccueille encore du public. Lacohabitation avec les Brignolaisreste très distante, la méfiance estde rigueur. « Le soir après lecouvre-feu, je me souviens encoredu bruit que faisaient leurs bottesen passant dans la rue SainteCatherine ».En fin d’année 1943, le groupe

Brandebourg de la gestapo, créé lamême année à Toulon, s’installe àBrignoles.Le stade municipal avait été

transformé en casernement où leservice de la Todt logeait dans desbaraquements en planches, des pri-sonniers italiens et des centaines detravailleurs du S.T.O. (Service duTravail Obligatoire) pour les mines.Les ingén ieu r s a l l emands

avaient construit un quai aérien(mur de la Todt) sur lequel un petittrain ramenait le minerai de Vins,de Cabasse ou du Thoronet. Cespetites locomotives avec leurswagonnets à caisses basculantesarrivaient sur ce mur et déversaientdirectement la bauxite dans leswagons de la grande ligne située encontrebas, en partance pour l’Alle-magne. Sur cinq mille tonnes par-ties du Var, trois mille tonnes sontpour l’Allemagne, la Belgique et laSuisse.Ce mur dont une partie existe

encore (voir photo), est nommé par

les Brignolais « la taude » par« extension provençale ».

Le stade municipal étant indis-ponible, les deux vice-présidents duclub, Adolphe Lion et Marius Bon-naud prennent l’initiative de trou-ver un autre terrain pour accueillirles matchs de football. Melle Cou-lomb et M. Faucher vont mettreleurs terrains derrière la coopéra-tive la Brignolaise, à la dispositiondes joueurs. Ce stade provisoire,

inauguré le 23 novembre 1943, por-tera le nom de Raoul Delpon, jeunefootballeur, qui trouva la mort le28 mai 1940 durant la campagne deFrance.En 1947, le stade municipal

rénové prendra officiellement lenom de Raoul Delpon.

Les écoles sont réquisitionnées…

Les écoles du cours de la Libertéont été réquisitionnées par les Alle-mands, les écoliers ont été transfé-rés aux Ursulines. Le matin c’étaitl’école des filles et l’après midicelle des garçons et vice et versa.Gabriel Guibert se souvient lorsqueson père était « granger » à la cam-pagne Saint Pierre que les soldatsallemands, cantonnés à l’école duCours de la Liberté, venaient s’en-traîner au tir aux fusils et aux pisto-lets-mitrailleurs contre la butte deterre (actuellement dépôt SELME).

En plus des soldats, l’actuellycée Raynouard abritait le collègede garçons. Des tranchées avaientété creusées à l’extérieur des mursd’enceinte, les écoliers s’y réfu-giaient durant les alertes.*(Organisation crée en 1933 par Fritz Todt ayant pour but laréalisation des grands travaux décidés par le Reich. C'estelle qui fut chargée de la construction duMur de l'Atlantique.Elle est dirigée à partir de 1942 par le ministre de l'Arme-ment Albert Speer, après la mort dans un accident d’avion deTodt)

Vue aérienne du quartier : mur de la Todt

Photos du mur aujourdʼhui

Le lycée Raynouard camouflé4

Page 6: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

L’année 1944Dès le début de l’année 1944,

l’armée Allemande renforce lesdéfenses du front méditerranéen.Les plages sont fortifiées.À partir de février 1944, les

hommes de 16 à 60 ans sont réqui-sitionnés pour aller travailler aumur de la Méditerranée.Serge Rizzo a été requis avec

son père pendant un mois, commebeaucoup d’autres Brignolais, pourplanter des piquets en pin, commu-nément appelés « les asperges deRommel », sur les plages d’Hyères.Ces piquets servaient à empêcherl’atterrissage des planeurs et lesparachutages.Il nous raconte : « Nous

logions dans la casernedésa f f e c t é e d ’Hyère s ,c’é tai t des dortoirs detrente à quarante per-sonnes. Nous dormionsdirectement sur le matelasavec seulement une couver-ture. Le matin, nous par-t ions à pied jusqu’auxplages. Nous devions fairedes trous d’un mètre de pro-fondeur sur cinquante cen-timètres de diamètre pour y planterdes piquets que d’autres équipesavaient coupés dans la forêt voi-sine. Ces piquets étaient reliés pardes fils de fer de trois à quatre mil-limètres. Le terrain était ensuiteminé. C’est d’ailleurs là que deuxBrignolais ont perdu leur jambe. »D’autres étaient envoyés au Pra-

det, ils logeaient dans les écoles.

La Résistance à Brignoles…

Dés 1942, la Résistance s’orga-nise dans la région. Le « réseau desInstituteurs » se forme autour deJean Ferrari (nommé Elan dans laclandestinité) avec Henri Berto-lucci (Lyon), Joseph Ducret(Dumont), Marius Brunet (Vins) etFrançois Clavel (Sully).

« La Mission des Femmes dansla Résistance » article signé LaRésistance, paru dans le BrignolaisN° 2 du 9 septembre 1944 : « Leurrôle se déroulait parallèlement àcelui de leurs camarades de lutte,jusqu’au jour où les chefs de laRésistance, à Brignoles furentenfermés dans les dures prisons dela Gestapo ou furent obligés deprendre le maquis afin de continuerla Résistance secrète. À ce moment-là, trois femmes restaient pourassurer la liaison entre les diffé-rents groupes, organiser leurréunion, transmettre les ordres

venant de haut lieu, maintenir l’es-prit de Résistance à Brignoles ; ilfallait des femmes, car les hommesétaient systématiquement connus,dénoncés et enfermés ; elles répon-dirent présentes et accomplirentleur mission jusqu’au bout.

Nous nous permettons de lesnommer ; ce sont : Mme Ferrari, Mlles

P. Ferrari et A. Sauve. »

Nous apprenons dans le livre« L’innocence et la Ruse » de Gré-goire GEORGES-PICOT, qued’autres femmes : Hélène Taich,agent de liaison, membre du M.O.I.(main-d’œuvre immigrée) et Léo-nie Diamantakiou se sont illustréesau sein du détachement Marat àMarseille. Elles firent de nombreuxvoyages en car à Brignoles pour

récupérer dans une ferme tenue pardes Italiens, les explosifs que lesmineurs subtilisaient dans lesmines. Ces explosifs serviront à denombreux attentats à Marseille.

Les parachutages…

Grâce au travail de mémoire deDominique Loggiaco, présidentdépartemental de l’ANCVR, et dePaul Boudoube nous découvronsque : « Dans la nuit du 27 mai 1944,à 4 heures du matin, la gendarme-rie de Brignoles était avisée que dumatériel de guerre avait été para-chuté aux abords et sur l’agglomé-r a t i o n même d e l a v i l l e d eBrignoles, par des avions de natio-nalité étrangère, au cours de la nuitprécédente. Le personnel de la bri-gade s’est immédiatement rendusur les lieux du parachutage et aconstaté à son arrivée que la Feldgendarmerie allemande ainsi quequelques hommes de la Wehrmachtétaient déjà occupés au ramassagedes armes de guerre et des muni-tions.

Il s’agissait de huit parachutesauxquels étaient rattachés des réci-pients et des caissons contenant desmitrailleuses, des munitions, desvivres et des produits pharmaceu-tiques. La gendarmerie n’a pas eu àintervenir quant à la récupérationde ce matériel. À notre connais-sance, il n’existe aucun noyau sus-pect à Brignoles. Ce parachutagesemble être une erreur, du matérielétant tombé dans les cours et sur leszones occupées par les troupesallemandes.

Rapport du lieutenant SPECQ,commandant la section de gendar-merie de Brignoles, sur le parachu-tage du matériel de guerre par desavions étrangers. »

5

Monsieur Jean Ferrari (Instituteur à Brignoles)

Page 7: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

L’année 1944Un autre témoignage nous

indique qu’un conteneur a atterripar erreur sur la façade de la Bou-cherie d’Emile Benedetto, rue desLanciers, est-ce un des conteneurségarés?

Jean Jauffret, alors chef depatrouille chez les scouts, se sou-vient avoir participé lors d’uncamp, avec les scouts de Saint-Maximin et le père DominicainPortier, en juillet 1944, à un para-chutage. « Une nuit, j’ai été choisiavec deux autres, pour tenir leslampes-torches sur un terrainproche de notre campement. Aprèsle passage dans un bruit infernald’un avion tous feux éteints, un lar-gage de parachutes avec des conte-neurs arriva sur nous et deshommes sortant des bois s’empres-sèrent de les récupérer. En remer-ciement ces hommes nous offrirentle chocolat « anglais » qu’ilsavaient sorti des conteneurs. Dansl’inconscience de ma jeunesse j’ai

pris le risque d’en ramener à mafamille et mes amis. »Malheureusement, certains ontpayé de leur vie l’organisation deces parachutages.

Argentine Lassoutanie qui habi-tait place Saint-pierre a assisté àl’arrestation des Mozzone et deM. Linari, membres actifs de laS.A.P, organisation qui était char-gée de la réception des parachu-tages – la SAP (Section atterrissageet parachutage) – dont les chefslocaux étaient les Brignolais Ferrariet Brunet.

« Ce soir-là, il y avait uneréunion chez les Mozzone, c’étaitl’été, tout le monde était dehorspour profi ter de la fraîcheur.Quand Adrien Ruland est passépour les rejoindre, M. Hugon Almirqui était sur le devant de sa portelui a dit : Adrien, ne va pas chez lesMozzone, les Allemands viennentd’arriver. »

« Adrien et les Mozzone allaientensemble au parachutage sur lesplaines de Vins-sur-Caramy.Adrien était en retard, c’est ce quil’a sauvé. Ils étaient tous là, je n’aipas vu M. Linari mais il était dansla maison. »

« Je me souviens bien avoir vusortir M. Mozzone et ses deux fils,le plus jeune avait le poste radiosur l’épaule. Cela s’est passé le27 juillet 1944. »

Jean MOZZONE (50 ans), sesdeux fils Eugène et Louis âgés res-pectivement de 31 et 22 ans ainsique Théodore LINARI (42 ans)sont soumis à un long et pénibleinterrogatoire. Le 29 juillet, ils sontconduits à la grotte de Vins, ayantrefusés d’indiquer où les armesavaient été transportées, ils sontfusillés sur place.

A u c o u r s d e c e m o i s d ejuillet 1944, d’autres perquisitionsvont être effectuées par l’occupant.

Madame Joséphine Bertoluccinée Tournel et son mari Dante habi-taient avec leur jeune fille Renée au15 rue des Templiers au deuxièmeétage de la maison de Madame etMonsieur Joseph Palmaro, qui étaitrevenu de captivité d’Allemagnegrâce à la possibilité de travaillerdans les mines (comme biend’autres Brignolais).

Une nuit la gestapo frappa à saporte. Avant d’ouvrir, il tambourina6

Photo de la boucherie rue des Lanciers

Louis Mozzone

Eugène Mozzone

Page 8: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

avec son balai au plafond pour pré-venir Dante qui vite sortit par lafenêtre (photo ci-jointe), atteignitles toits des maisons voisines etéchappa ainsi à son arrestation. Ilrejoignit ensuite la colline d’Engar-din, à la Celle et resta caché dansles bois jusqu’à la veille de la Libé-ration.

Une autre nuit, quelques mai-sons plus loin, au 6 place des DeuxFours, la famille Raynaud reçutégalement la visite de la Gestapoqui venait arrêter louisRaynaud, le père etson fils Joseph. Ilspurent s’échapper enmontant sur les toitsp a r l e u r t e r r a s s e(photo ci-jointe). Ils secachèrent derrière les

cheminées pour éviter les faisceauxdes lampes torches. Puis, ils des-cendirent dans les ruines d’unemaison de la rue des Meuniers etréussirent à se réfugier chez Mon-s i e u r Tr u c y, b ou l a n g e r r u eCavaillon.

Pendant ce tempsles Allemands arrê-tèrent la fille aînée,Ro s e t t e , q u i f u temp r i s o n n é e a usiège de la gestapo,38 rue République.

C’est Monsieur Marcel Rampin,habitant Correns, du groupe duBessillon, qui achemina Louis etJoseph jusqu’à son cabanon dit« Les Cannebières », près du vil-lage, où ils séjournèrent jusqu’à laLibération.

À c e t t e m êm e p é r i o d e ,Alexandre Brun qui faisant parti dugroupe SAP, fut recherché par lagestapo, il échappa deux fois à sonarrestation au 4 de la rue Saintecatherine. La maison fut entière-ment fouillée, ils obligèrent sonpère, sous la menace, malgré sonâge, à retourner durant toute uneaprès-midi le foin entreposé dans legrenier, car ils pensaient découvrirdes armes.

« L’opération Anvil-Dragoonva commencer…

le débarquement estimminent. »

L’année 1944

7

Photo de la fenêtre de Dante Bertolucci

Madame et mademoiselle RaynaudJoseph et de Louis Raynaud

Photo de la terrasse dela famille Raynaud

Joseph RaynaudDante Bertolucci

Page 9: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

Le mardi 15 août, les Alliésdébarquent sur les plages médi-terranéennes.

L’après midi, des avions volanttrès bas mitraillent la ville pendantprès d’une demi-heure. La gare, laroute de Toulon… sont touchées.

M. Guibert nous raconte que cejour-là, son père qui travaillait pourles marchands de bois (Pérano,Alberto et Verlaque) de la rueCariamette, était allé faire un char-gement au quartier des QuatreThermes. Le soir en redescendant àBrignoles, sur la route de Marseille,un avion le mitraille et tue son che-val. M. Guibert a été criblé de mor-ceaux de goudron. Quelqu’un l’aramassé et l’a amené chez le DrAntoine Rochas qui l’a soigné.Le lendemain matin M. Ver-

laque avec des bûcherons creusentun trou pour enterrer le cheval etcertains en profitent pour prendrede la viande. L’un d’eux M. Bassoen arrivant à Brignoles avec sonchargement sur le dos est arrêté parles gendarmes. Il restera en prisonjusqu’à la Libération.

Le mercredi 16 août 1944…

Le lendemain des avions Alliésbombardent sans relâche les bâti-ments occupés par les Allemands.

L’Hôtel Tivoli (actuellement écoleJeanne d’Arc), l’hôpital route duLuc, la rue Joseph Lambot, le quar-tier des Capucins, celui de Saint-Lazare, non loin du collège de gar-çons l’actuel Lycée Raynouard et lacampagne Perrochia, appartenant àMelle Rostans (emplacement de l’hô-pital actuel) sont touchés.

Lors de ces bombardementsaériens, la Traverse et l’avenueDréo ont été les rues les plusendommagées. Dans la rueJules Ferry, des vitrines ontvolé en éclats. Des victimessont à déplorer : Mme

Pélissier, mère de dixenfants, qui avait reçul’année précédente la

médaille d’or de la famillefrançaise, M. ParonciniBaptiste, Mme Revel Mou-roz Noémie, M. GarciaJean, M. Durand Louis,cult ivateur, M. CaputoRaphaël, 33 ans de Mar-seille, M. Beltramo Joseph,Mme Guitard, M. Michel(entreprise Samat), M. Car-raz-Bil l ia t Victor, Mme

Bagnasco et M. Guidice Elie, jeunehomme du Val, qui était à bicycletteà hauteur du quartier Saint-Lazare.

Ce même jour, Madame AnaïsBlanc qui venait avec sa fille duquartier de la Bétoride où de nom-breux Brignolais étaient réfugiés,pour chercher du ravitaillementdans sa maison avenue Dréo, estabordée par un infirmier pour veniren aide à un accouchement. Ce seraun petit garçon nommé MarcelCavallo.

Madame Rosi nous raconte :« Vers 11 heures, nous avons étéprévenus que mon pèreM. Bono quiétait allé au jardin des famillesnombreuses, situé au lotissement

Buzzegoli actuel sur la route deCamps, avait été blessé par lesouffle d’une bombe et qu’il avaitété transporté à la campagneCadagne (actuel collège PaulCézanne). Nous l’avons rejoint etsommes restés avec lui jusqu’à midipuis avec un brancard nous l’avonsporté à la campagne Pellegrino, auravin des cardeurs. Nous l’avonsinstallé dans une des chambres. Lelendemain matin tôt, un obus a tra-versé la chambre où nous étions.D’ailleurs les éclats d’obus sontaujourd’hui fixés sur la façade.

Nous avons alors emmené mon

père dans le poulailler où nousnous sommes cachés jusqu’à laLibération.»

Tous les Brignolais se réfugiè-rent dans les caves de leur maison,ou partirent dans les campagnes oudans les cabanons.Les Allemands avaient ordonné delaisser les portes des maisonsouvertes avant de partir.La ville était déserte.

La Mairie avait fait percer descommunications entre les cavespour permettre une évacuation plusfacile en cas d’un bombardement etde démolition d’une maison.

La Libération de Brignoles

8

Photo dʼun avion Lightning P. 38

Photo de la façade de la campagne Pellegrino

Page 10: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

« Quand je suis rentré chez moi», nous raconte Pierre Piasco, « il yavait une note sur la table de la cui-sine : « nous sommes dans les cavesdu Docteur Antoine Rochas (10,rue des Cordeliers). »

« En rasant les murs, je suis alléles rejoindre. Tout à coup la portes’ouvre à grands coups de pied, unallemand est entré, la mitraillettepointée dans notre direction, il nousdi t : « Arz t , Apotheke ! » . Jeconnaissais un peu l’allemand, arztsignifie médecin, et apotheke phar-macien. Nous avons fait dans unvieux drap une espèce de chasubleattachée avec une ficelle, avec des-sus une grande croix rouge, aumercurochrome . Le doc t eu rAntoine Rochas, Monsieur Cauvetet moi, suivions l’Allemand jusqu’àla pharmacie Cauvet(elle se situait où setrouve la Civette actuel-lement). Il y avait uneentrée rue Louis Maîtreet la porte avait étédéfoncée. On est entré, etderrière le comptoir, unallemand était allongéavec la moitié de la

figure arrachée. Nous lui avons faitdes pansements puis nous sommesretournés dans notre abri. »

« Des douaniers de Mentonétaient en uniforme ils circulaientdans les rues pour enlever lescadavres. Je me souviens avoirramassé ma tante, Madame Pélis-sier et Monsieur Carraz-billiat. »

« Nous avons transporté leurscorps au Palais des Comtes de Pro-vence (actuel Musée), où se trou-vait, au rez-de-chaussée, le dispen-

saire d’hygiène sociale. MadameMarcy leur faisait un peu de toiletteet les arrangeait quand ils étaientvraiment abîmés. »

La Libération de Brignoles

Livre dʼinstruction pour se protéger des bombardementsPhoto du trou dʼobus à lʼangle de la façade de lʼan-

cienne pharmacie Cauvet (place Carami)

Route du Luc

Les Ursulines en 1947

Les Ursulines côté avenue Dréo

Ancien dispensaire (Actuel Musée du Pays Brignolais)

9

Page 11: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

La Libération de BrignolesLe jeudi 17 août 1944…

Après un long silence radio,Vichy déclare : « grâce à la vigi-lance de la défense côtière, la ten-tative de l’ennemi a échoué –

l’« ennemi » c’est notre arméed’Afrique dont les officiers sautantsur les plages embrassent le sol dela patrie… ». Alors que les blindésroulent déjà vers Brignoles et lesMosquitos de la RAFmitraillent lesconvois nazis.

Le 1er et le 2nd bataillon de la 3eDIUS (armée d’infanterie améri-caine) arrivent le jeudi soir sur Bri-gnoles. Des t irs de pistolets-mitrailleurs se font entendre.Les Américains pilonnent les

quartiers généraux allemands(Hôtel Tivoly, Lycée Raynouard).Les obus pleuvent. Les réservoirsde la distillerie (quartier de la Bur-lière) s’enflamment. (Voir plan endernière page.)

Pierre Piasco : « Avec AndréPuchi, nous avons demandé àMadame Larose si nous pouvions

faire deux cercueils, dans l’atelierde son mari ; nous avons coupéquelques planches et fabriqué deuxmodestes cercueils où nous avonsmis Monsieur Carraz-billiat et matante (MmePelissier). C’était « Sac à

péu », comme nous l’appelions, quiavait le corbillard et Léon Gassierqui tenait les brides du cheval.Nous sommes partis vers le cime-tière. Les douaniersétaient en train defaire une grande tran-chée pour y mettre lescorps. À ce moment-là, il y eut des avionsaméricains à doublequeue qui descendi-rent en piquet (light-ning P38), et Bonifayleur adressa en pro-vença l : « aque lobande de coun nousvei bèn d’en aut ».

De même Mon-sieur Edouard Duttodans son atelier demenuiserie de la placeParrocel avec l’aidede voisins, GabrielBa r rue t e t Pa sca l

Luciani ont fabriqué dans la jour-née quatre cercueils qu’ils apporte-ront avec le charreton avenue Dréopour les morts du bombardement dela veille.

Le Dr Pierre Rochas raconte :« Lorsque nous sommes arrivés aucimetière, le Chanoine Bonifayétait là, tout à coup on entendit lebruit terrible d’un bombardement,nous nous sommes précipités dansles trous. Je me rappelle d’AntoineBonifay qui était de la même géné-ration que mon père et qui avaitconnu les abominations de laguerre de 14-18. Je l’ai vu, cethomme fort, pleurer, puis il estretourné à l’église Saint-Sauveur.Le sacristain « Fonfon » l’a vu arri-ver en rage, il a pris le buste deSaint-louis, placé devant la cha-pelle, l’a mis devant le maître-autelen disant « demerde ti » et il estparti. »

Avenue Dréo dévastée

Reservoirs de la distillerie

10

Page 12: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

Le vendredi 18 août 1944…

Toute la journée les Brignolais,réfugiés dans les cabanons prochesde la route du Luc, entendent auloin les premiers bruits assourdis-sants des chars Américains.

René Héraud écrit « C’est trèstôt le matin, alors que le soleil n’estpas encore levé, qu’un groupe d’al-lemand conduisant un véhicule àneuf places couleur sable, tractantun canon antiaérien, arrive à lacampagne de mon grand-père, auquartier Piégros sur la route duVal. Comme leur véhicule est troplarge pour emprunter le chemin quiconduit jusqu’à la bastide, les sol-dats éboulent le mur en pierressèches en bordure de la route, puistraversent le champ de vigne, avantd’arrêter leur véhicule derrière lesbâtiments, où le canon est mis enposition de tir. Tirés brutalement deleur sommeil, voyant le danger,parents et amis quittent la bastide,et trouvent refuge chez un voisin.Seul mon grand-père se refuse àpartir. Bientôt la batterie Alle-mande entre en action. Mon grand-père se résigne, il va chercher son

âne à l’étable, et prend le cheminde la colline pour rejoindre lessiens. Pour cela, il doit franchir

une mince passerelle de pierres. Unobus éclate, l’âne prend peur, unfaux pas et le voilà dans le ruisseau.Sans l’aide de ces artilleurs alle-mands, mon grand-père, avec ses 68 ans,n’aurait pu remettrel’animal sur le cheminde l’exode. La bataillese poursuit. La bastideest touchée par un obusde char américain quiheureusement n’explosepas. Il endommage lafaçade sud du bâtimentet un plancher intérieur,

avant de se loger dans le mur cen-tral de la bastide… »

Sur le registre tenu par la mèresupérieure de l’école Jeanne d’Arcnous lisons que trois sœurs, restéesà l’école, se réfugient dans lescaves du presbytère. Elles enten-dent sans cesse le grondement descanons et le bruit des mitrailleusesdes avions. « Des combats de ruedurent jusqu’au petit matin ».

Avant leur départ, les Alle-mands décident de faire sauterle Hall des Expositions. Heu-reusement le bâtiment exté-rieur n’a pas trop souffertmais l’intérieur est trèsendommagé. La fontaine auxvins est encore là.

Il pleut, il tonne, un orageterrible gronde sur la ville.

Brignoles est désert, les habi-tants sont depuis plusieurs joursréfugiés dans les collines.

La Libération de Brignoles

Photo de la partie arrière du camion

Photo dʼun tracteur dʼartillerie semi-chenille

11Photo du hall des expositions en 1939

Plan militaire de lʼarrivée des troupes

Page 13: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

Dés l’aube des salves demitraillettes commencent à retentir.Les Américains se rapprochent ;dans les environs de violentsaffrontements débutent, ils durenttoute la journée et toute la nuit.M. Dalmasso est blessé par untireur allemand posté dans unpigeonnier situé sur un terrain auquartier des capucins. Cet allemandavait mitraillé toute la campagneSaint-Pierre.

Le Docteur Pierre Rochas sesouvient : « Les Alliés ont canonnéle quartier de l’hôpital (avenueDréo, actuellement H.L.M. route deNice) durant des heures. Ils ont tirétellement d’obus sur l’hôpital qu’iln’est resté qu’un amas de pierres,c’est dire l’intensité du bombarde-ment. »

De nombreux soldats allemands,qui s’étaient abrités sous les mar-ronniers de l’allée de l’hôpital,gisaient ça et là.

« Avec mes grands-parents, nousétions repliés, à la campagne Four-nery, au quartier de la Perte, nousdit Monique Casimir. Nous avonsvu arriver, au détour du chemin,une colonne d’hommes qui mar-chaient par deux. Mon grand-père,

q u i a v a i t v é c u l aguerre de 14, a eu peurque ce soient les Alle-mands. C’étaient lesA m é r i c a i n s . I l svenaient installer leurquartier général dansle grand champ de lacampagne Fontlade, à50 mètres de notrecabanon. »

« Ils avaient mis en batterie tousles canons qui tiraient sur la ville. Il

y avait un camionradio, des tentes ettoute l’intendance. »

« Ils nous distri-buaient des rations.C’était des grossesboîtes de conserve encarton paraffiné, avecune clé pour ouvrir. Ily avait des sucreries audessus (chocolats, che-wing-gum, galettes), etdes cigarettes. Au des-sous il y avait du corn-beef. »

« Ce Q.G est resté pen-dant une semaine. En par-tant les Américains ontlaissé beaucoup de choses(culots d’obus, essence,filets…) »

« Je me souviens m’êtreblessée, j’avais 8 ans, unaméricain avait cassé surmon genou une ampoule deliquide rouge, c’était dumercurochrome. Je neconnaissais pas ce produitet j’étais très fière de mongenou ! »

« Les combats dureronttoute la nuit. »

La Libération de Brignoles

Lʼhôpital avant le bombardement

Intendance Américaine

Des soldats Américains dans un champ près de Brignoles

12

Page 14: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

Le samedi 19 août 1944à 10 heures, la ville est libérée…

Des chars arrivent par le nord dela ville : route de vins et route duval. Un char est détruit au pré dePâques en face de la passerelle.

D’autres contournent Brignolespar le sud, arrivant de Flassans, ilss’engagent sur le Collet Rouge, lepremier de la colonne est touché.Les autres continuent vers la routede Camps, traversent la campagneGadagne (actuellement CollègePaul Cézanne) et le quartier Saint-pierre sans se soucier des murs declôtures qui s’abattent comme unjeu de cartes.

Une quinzaine de chars, de plu-sieurs tonnes chacun, sont arrivés àsaint Sumian. Ils ont tiré près d’unedemi-heure vers la route de Mar-seille. La toiture d’une des maisonsrue des Rhodes est soulevée par lesouffle d’un des tirs.

Les uns se dirigent vers la routede Toulon (au début de l’avenueFrédéric Mistral, à la sortie de Bri-gnoles). L’un d’eux est tombé dansle fossé en contrebas les Améri-cains l’ont abandonné. Il est restétrès longtemps dans ce ruisseau.

Tandis que d’autres passent parle boulevard des Voûtes, normale-ment interdit aux poids lourds, puisplace Portail Neuf. Là ils sedéploient en plusieurs colonnes.

Certains sont descendus par larue sainte Catherine, la place Saint-pierre, la rue des religieuses où leschenilles des chars ont éraflé tousles murs.D’autres ont descendu la rue

Saint François, une partie s’est diri-gée vers le chemin de Cumin puisl’avenue Frédéric Mistral et l’un estpassé devant le couvent des Corde-liers, pour rejoindre la placeCarami en passant par la rue d’en-traigues.

Dans un grondement ininter-rompu, les chars avançaient imper-turbablement en tirant.

D’autres qui venaient de libérerCamps la source sont guidés par lesBrignolais jusqu’à la place dupalais de justice.

À la fin des combats, la placeCarami était jonchée de débris deverre, de bois des volets, la vespa-sienne n’avait pas résisté. Beau-coup de grenades allemandes

avaient été abandonnéesdans les maisons et dans lesrues.

En fin de matinée desjeunes Brignolais, commeGilbert Panuel, louis et jeanJauffret, sont partis sonnerles cloches.Toutes les cloches de laville, de Saint-sauveur àNotre-dame d’Espérance,sonnèrent ce jour-là.

Fernand Jordy nous raconte quele matin du 19 sa mère a confec-tionné à l’aide de chiffons le dra-peau français, il l’a ensuite emportéà l’église. Au clocher, il y avait plu-sieurs personnes dont EtienneFaraon, Raymond Antoniol i ,MariusAubert et d’autres.Après unessai infructueux de Raymond,Etienne est monté par le paraton-nerre et a accroché l’étendard trico-lore.

JeanArnal les félicitaen leur offrant unepièce.

L’article de Var-matindu 19 août 2002 : « Etle drapeau françaisflotta au sommet duclocher », signé A.R.relate l’événement :« …Au sommet des

marches (du clocher) Fernand(Jordy) n’est pas rassuré. Il lui fautencore escalader le paratonnerrepour accrocher l’emblème trico-lore. Et cela, il n’en était pas ques-tion. J’ai alors fait appel à Etienne

La Libération de Brignoles

13

Américain marchant sur le portrait dʼHitler

Soladts américains installant les lignes téléphoniques

Char américain (Sherman M4)

Page 15: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

Faraon, un collègue résidant rueSaint-Esprit. Il était bien plus cos-taud que moi et surtout plus enclinà accomplir une telle mission ». Enmoins de temps qu’il ne faut pour ledire, le bleu, le blanc et le rougeflottent à nouveau sur Brignoles.Une montée des couleurs au sondes cloches de Saint-Sauveur. L’ar-chiprêtre Bonifay n’a pas manquéde faire appel à Gilbert Panuel,Louis et jean Jauffret et Justin Brunpour actionner les masses decuivre. « Durant deux heures, nousnous sommes pendus aux cordes.Nous sommes même parvenus àfaire tourner la plus importante.C’est vous dire si nous étions heu-reux ».

En début d’après-midi, le cha-noine Bonifay accompagné de Gil-bert Panuel portant l’encensoir, estallé bénir les corps des soldats amé-ricains morts lors du combat. Enface de l’hôtel Tivoly, les corpsétaient allongés sous des couver-tures.

Les blessés sont amenés au dis-pensaire ou à la clinique Guilloninauguré le 20 mai 1943 (Hôtel deParis inscrit sur la façade avenueDréo). Cette clinique servira jus-qu’à la construction de l’hôpitalactuel (Hôpital Jean Marcel).

Ce même jour un soldataméricain dira : « Vous avezeu de la chance à Brignoles, ilétait prévu de raser la ville,mais avec ce temps (oragesviolents) les bombardiersn’ont pas pu sortir. »

Certains parleront dumiracle de Saint-Louis…

La Libération de Brignoles

Façade de lʼhôtel «Le Paris» ancienne clinique Guillon

« Jeune, toute d’allégresse,de délire, de liberté ;

Elle a traversé les flots sousles drapeaux amis.

Elle nous fait revivre etnous la bénissons.

Qui est-ce?Pour une fois je vous le dis :

C’est la Libération ! »14Soldats américains sur lʼavenue Dréo

Page 16: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

À peine les combats terminés, denombreux jeunes Brignolais sontrecrutés place Carami, par un offi-cier Américain accompagné duMaire M. Paul Blanc. Ayant juste letemps de prévenir leurs familles, ilspartent en camion militaire pouraller sur les plages du débarque-ment, décharger les munitions et leravitaillement. Ils sont logés àmême le sol dans les hôtels en ruinel’Arbois et la Tartane à Sainte-Maxime. Le travail de nuit estpénible mais les boites de ration etles cigarettes récompensent l’ef-fort. De plus cette équipe est fièrede servir les libérateurs.

Parmis eux : Broquier Paul, BœufMarius, Louis et Gabriel Blanc, Ber-trant Louis, Floége Roger, InaudiLouis, Gozzi Jean, Rébuffat Adrien,Sauvaigo Gilbert, Scandroglio Mar-cel, Iccardi françois.

Une délégation spéciale prend ladirection de la commune :• VAUFFREY Paul, directeur de laSociété des mines Alais Froges etCamargue fut responsable dugroupe clandestin Alliance dont leposte émetteur « Canari » fut cachédans la mine d’Engardin,Président : Front National• FERRARI Jean, Vice-président :Mouvement de Résistance• MICHEL Henri : Parti Commu-niste• BRUN Alexandre : Défense pay-sanne• RAPELLO Joseph : CGT• GRISOLLEAuguste : Parti S.F.I.O.

Les élections municipales sedérouleront en février 1945.

Après la Libération, des exécu-tions ont lieu, c’est le temps del’épuration. Un homme originaire

de Marseille, âgé de 23 ans, accuséd’avoir collaboré avec les Alle-mands, est amené à la mairie, où ilest sommairement jugé. Aprèsavoir été emprisonné, place duPalais de Justice, il est conduit aucimetière, là, il est obligé de creusersa tombe. Une fois le trou fait, il estexécuté. Son corps est toujoursenterré dans une des allées du cime-tière.

Le 1er novembre 1944, Brignolescommémore ses martyrs : Jean,Louis et Eugène Mozzone et Théo-dore Linari fusillés à Vins, NicolasMartin et Sylvestre Vinçon fusillésau Bessillon 18 juillet 1944, RolandBertolucci et Jean Magakian fusilléle 16 juin 1944 à Saint-Martin deBrômes, Roattino Jean fusillé en1944, Gabriel Simondi, Léon Bot-tero et Clément Pisano, mort pourla France.

Nous lisons dans le Brignolaisdu 30 décembre 1944 : « tandisqu’elle se préparait à passer, joyeu-sement peut-être, mais dans ladignité qu’imposent les circons-tances actuelles, la nuit de ce pre-mier Noël de libération, la popula-tion apprenait, non sans quelque

stupeur, le rétablissement ducouvre-feu. La messe de minuit estannulée. »

« La raison en était que des évé-nements graves venaient de se pro-duire. »

« En effet, le bruit courait dansla ville que des parachutistes alle-mands avaient été lâchés sur larégion de Barjols, avec mission dedélivrer les prisonniers de guerre etde reprendre la lutte. »

Peu à peu c’est le retour au calme…

15

Après la libération…

BIBLIOGRAPHIE

• DECANIS Alain, « La Résis-tance dans le pays Saint-Maximi-nois », Une publication de l’asso-ciation Polypus, 1997.• DEGIOANNI André, « Félicitéou le tourbillon de 1900 à 2000 »,édition 2001.• Centre départemental de docu-mentation pédagogique du Var,« Les Gueules rouges, un siècle debauxite dans le Var », éd. 1989.• GUILLON Jean-Marie, « LaRésistance pendant la deuxièmeguerre mondiale à Tourves » ;texte publié dans la brochure« Résistances. L’insurrection dedécembre 1851 ». 2001.• GEORGES-PICOT Grégoire« L’innocence et la ruse », éd.Tirésias 2000.• HISTORIA, « 1944, la victoire dudébarquement à la Libération »,éd. 1994.• Journal de France N° 175 « Del’occupation à la Libération », éd.1971.• Journal « Le progrès Républi-cain », années 1940 à 1944.• Journal « Le Brignolais » ,années 1944 et 1945.

Arrestation dʼun milicien sur la place Carami

Page 17: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

16

Page 18: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

• Projet :ARCHIVES MUNICIPALES DE BRIGNOLES

• Conception et réalisation maquette :SERVICE COMMUNICATION - Mairie Brignoles

Nous remercions pour leur participationtoutes les personnes qui ont permis par leurtémoignage de reconstituer un épisode de l’his-toire de Brignoles.

Page 19: « J’étais là et je me souviens de la Libération de Brignoles…randojp.free.fr/0-Diaporamas/Steles/BrignolesResistance.pdf · 2009. 3. 29. · zone Sudva rester libre jusqu’en

Ville de Brignoleswww.ville-brignoles.fr