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« Là où je vais, je suis déjà. » 26 septembre — 19 octobre 2008

« Là où je vais, je suis déjà....du Mamco à Genève, il assurera la direction artistique du Printemps de septembre pour les années 2008 et 2009. C’est sans doute à lui que

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« Là où je vais, je suis déjà. »

26 septembre — 19 octobre 2008

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«Quand je pense aux expositions, à ce que j’aimerais faire à Toulouse, me revient souvent à l’esprit, comme un leitmotiv, une obsession, le titre d’un livre d’Henry Miller : Printemps noir. »

Christian Bernard

— Édito

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[D]

Régis Durand — Il a été le directeur artistique à mes côtés lors des six premières années, dès la création du festival à Cahors en 1991. On lui doit une grande partie de notre crédibilité, très rapidement acquise. Après sa dernière fonction en tant que directeur du musée du Jeu de Paume à Paris, il vient d’accepter – pour ma plus grande joie – une mission de prospective et de développement du Printemps de septembre. À suivre.

[E]

Élitisme — Un mot qui revient souvent dans la bouche de nos détracteurs ! Alors que nous cher-chons la qualité et l’exigence par respect de notre public. Pour reprendre le mot d’Antoine Vitez, nous nous voulons « élitaires pour tous » !

[F]

Financement — Le finance-ment du Printemps de septembre est exceptionnel et relative-ment unique car plus de la moitié provient du mécénat privé.

[G]

Gratuité — J’ai tenu à maintenir la gratuité qui me semble indispensable pour donner au plus grand nombre l’opportunité de visiter, de regarder, d’appré-cier…ou non. C’est la démocratie de l’art.

[H]

Historique du festival — Créé en 1991 à Cahors sous le nom « Printemps de la photo », puis « Printemps de Cahors », ses premières orientations étaient la photo d’art ou photo plasticienne avant de s’ouvrir à la vidéo, aux installations et au spectacle vivant (Les Soirées Nomades) pour devenir petit à petit un véritable festival de création contemporaine, qui a trouvé sa place à Toulouse dès 2001 sous le nom de Printemps de septembre.

[L]

Lieux d’exposition — Ils sont le cœur du festival. Ils sont souvent la source d’inspiration des artistes qui y exposent. Ils reflètent la personnalité de Toulouse et ils seront plus nombreux que jamais cette année, puisque nous avons décidé de nous étendre dans d’autres quartiers.

[A]

Art — On ne peut pas vivre sans art. L’art contemporain nous concerne, nous amuse parfois, nous dérange aussi…

Artistes — Ils sont les témoins de notre société. Ils nous interrogent et nous font rêver.

[B]

Christian Bernard — Directeur du Mamco à Genève, il assurera la direction artistique du Printemps de septembre pour les années 2008 et 2009. C’est sans doute à lui que je dois le plus ma curiosité pour l’art contemporain car j’ai participé il y a bien longtemps à de nom-breux voyages culturels avec lui. Il a ce don unique de transmet-tre un savoir et une envie.

[C]

Communication — La com-munication est une part très importante de l’organisation d’une manifestation culturelle. Édition, signalétique, publicité, presse, sont essentielles pour véhiculer une image, une information, attirer le public et s’orienter vers le succès.

[M]

Mécénat — Parmi ceux qui nous ont soutenu dès les premières années et qui nous sont restés fidèles, notons la Fondation Cartier pour l’art contemporain, le champagne Pommery, la Fondation EDF - Diversiterre, la Caisse d’Épargne ; plus récemment le Casino Barrière et bien d’autres. C’est grâce à eux que le Printemps de septembre existe et vit, nous ne les remercierons jamais assez.

[N]

Nuits Blanches — Les Nuits Blanches à Cahors créées par Jean Lelièvre en 1991 pour animer un parcours nocturne, lier les lieux d’exposition entre eux par des jeux de lumière et de projections géantes et accueillir les visi-teurs jusqu’à 1h30 du matin étaient un concept nouveau – repris depuis par la ville de Paris. À Toulouse, elles ont été rebaptisées « Nocturnes ».

[O]

Organisation — On sous-éva-lue l’importance de l’organisation d’une telle manifestation qui nécessite une année entière de travail pour une équipe répartie entre Paris et Toulouse, à laquelle s’ajoute les intervenants exté-rieurs tels que le directeur artistique, les graphistes, le metteur en scène des Nocturnes, la programmatrice des Soirées Nomades, les attachées de presse, etc.

[P]

Partis pris — Ils se discutent, mais rien ne se fait sans l’engagement qu’ils représentent.

[S]

Soirées Nomades de la Fondation Cartier — Devenues incontournables au fil des éditions, elles offrent un panorama exigeant et éclectique de concerts, spectacles, performances qui contribuent largement à toucher un public plus jeune et l’encouragent à franchir le seuil des expositions.

[T]

Toulouse — Ville d’accueil du festival depuis 2001. Il manquait un festival d’art contemporain à Toulouse. Le Printemps de septembre a comblé cette lacune et les Toulousains se l’approprient chaque année davantage.

[V]

Visiteurs — Environ 120 000 chaque année, d’origines diverses, de tous les âges. Ils viennent de Toulouse, de la Région, d’ailleurs en France mais aussi de l’étranger.

Visites guidées — De plus en plus prisées, elles sont en augmentation chaque année. 6 700 visiteurs ont participé à des visites guidées lors de l’édition 2007

[W]

Web — Le site du festival : www.printempsdeseptembre.com

Mathé Perrin directrice du festival

— Abécédaire

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— Sommaire

Delphine Reist Hôtel-Dieu 26

Lili Reynaud-DewarCentre culturel Bellegarde 35

Samuel RichardotBBB 36

Yvan Salomone Centre d’art Le Lait 39

Denis Savary Espace Croix Baragnon 34Centre d’art Le Lait 39

Marion Tampon LajarietteGalerie Sollertis (Espace II) 25

Sada Tangara Espace Écureuil 22

The Red Krayola Les Soirées Nomades 45

Gisèle Vienne Les Soirées Nomades 45

Hannah Villiger Lieu à déterminer 38

Raphaël Zarka Lieu Commun 32

Presse nationale et internationale Claudine Colin CommunicationValentine Dollat +33 (0)1 42 72 60 [email protected]

Presse régionale Johanna Tilchet +33 (0)5 61 14 23 [email protected]

Conception éditorialeAngelo Cirimele

Direction artistiqueJulie Joliat

Rédaction en chefJean-Max Colard

PhotographieOlivier Amsellem

ImpressionSio 94 120 Fontenay-sous-Bois

© tous droit de reproduction réservés.

Åbäke Lieu Commun 32

Boris Achour Lieu Commun 32

Lara Almarcegui Espace public 42

Luc Andrié Galerie Exprmntl 37

John Armleder Musée les Abattoirs 10

Bettina Atala Musée les Abattoirs 10

Stéphanie BéghainLes Soirées Nomades 45

Botto e Bruno Château d’eau 14Espace Écureuil 22

Alain Bublex Musée les Abattoirs 10

Daniel Buren Théâtre Garonne 28

Rodolphe Burger Les Soirées Nomades 45

Jonathan CapdevielleLes Soirées Nomades 45

Janet Cardiff Cloître des Jacobins 16

Stéphane Dafflon Espace public 42

Philippe DecrauzatMusée les Abattoirs 10

Benoît DelbecqLes Soirées Nomades 45

Marcelline Delbecq Les Soirées Nomades 45

Alexandre Dimos Lieu Commun 32

Maud Fässler Château d’Eau 14Galerie Kandler 38

Laurent Faulon Hôtel-Dieu 26Espace Écureuil 22

Sylvie Fleury Espace public 42

Aurélien Froment Lieu Commun 32

Fabrice Gygi Musée les Abattoirs 10

Alex Hanimann Maison éclusière 30

Éric Hattan École des beaux-arts 20

Alain Huck Galerie Sollertis 25Centre d’art Le Lait 39

Joris Lacoste Les Soirées Nomades 45

Bertrand Lamarche Espace Croix-Baragnon 34

Vincent LamourouxMusée les Abattoirs 10

Claude Lévêque Maison éclusière 30

Renée Levi Galerie Jacques Girard 19

Mark Lewis Théâtre Garonne (Atelier 2) 28

Élisabeth Llach Galerie Exmprmntl 37Centre d’art Le Lait 39

Jean-Luc Moulène Centre d’art Le Lait 39

Patrick Neu Centre d’art Le Lait 39

Amy O’Neill Centre d’art Le Lait 39

Michel Perot BBB 36

Renaud Regnery Galerie GHP 37

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L’envers. Cette année, la tonalité dominante tiendra plutôt aux rapports (politiques, esthétiques, critiques, etc.) au lieu et/ou au réel : où je suis. L’an prochain, j’aimerais inverser les termes : « Là où je suis n’existe pas. » Des pagures aux tortues, à ceux qui apportent avec eux leur monde possible.

[…]

Accents. D’abord, élargir la géographie du festival (plus de vingt lieux). Ensuite, produire autant de pièces nouvelles et inédites que possible (plus de trente artistes). Enfin, se saisir fortement des différents espaces afin d’atténuer leur disparité. Donner donc l’impression d’une même exposition, disséminée à l’échelle de la ville, ou, mieux, d’une exposition d’expositions, d’un festi-val d’expositions.

[…]

D’un Printemps l’autre. Une manifestation qui ne dure que trois semaines et puis s’interrompt jusqu’à l’année suivante : tant d’énergie pour si peu de temps. D’où l’idée de concevoir un petit lieu où elle se retirerait, se condenserait dans l’intervalle, un nid pour maintenir sa flamme (comme dans La Guerre du Feu), un écran de veille. Et que ce lieu soit également une œuvre. Cet objet, mi-sculpture, mi-architecture, cette chambre tem-poraire pour surfer sur le temps intermédiaire, cette « capsule de temps » (mémoire et prospective), il allait de soi d’en confier la réalisation à Alain Bublex. « Si l’ennemi se concentre, il faut se disperser ; s’il se disperse, il faut se concentrer » enseignait le général Giap. Se disperser en ville dans le temps bref du festival, se concentrer dans le module aux Abattoirs, dans le temps dilaté de l’intermède.

[…]

Oriflammes. Une manifestation ainsi disséminée court le risque de disparaître dans le paysage urbain. Intervenir dans l’espace ouvert, les rues, les places, suppose des moyens financiers dont ne dispose pas le Printemps. Et qui ne correspondraient pas à sa brièveté. Et nous aurions probablement des problèmes de réception. D’où le projet d’installer des bannières contempo-raines aux abords des espaces d’accueil, sur les parcours qui les relient et parfois en d’autres lieux où elles ne signifieraient plus qu’elles-mêmes, leur simple événement plastique et les asso-ciations d’idées qu’elles susciteraient. Les damiers noir et blanc imaginés par Stéphane Dafflon pour ces bannières évoquent en effet aussitôt les drapeaux qui saluent les vainqueurs des courses automobiles. Mais ce sont aussi de parfaits tableaux abstraits de l’époque où il n’y a plus d’abstraction pure, plus que des images d’abstraction. Ce quadrillage visuel sévère, géométrique, cinétique, catégorique offrirait un contraste radical au pittores-que toujours réinventé de la ville rose. Le signe d’une affirma-tion esthétique actuelle, d’une offensive ludique et austère à la fois. Comme un signal qui dirait : « Du présent, nous voudrions vous parler sans détours. » Le rêveur pourra aussi y retrouver les oriflammes des anciennes batailles, exotiques ou médiévales, que le cinéma épique a ressuscitées. C’est l’idée d’un surgisse-

Import-Export. Travailler avec les acteurs locaux et régionaux. Investir le centre d’art de Castres (Le Lait) en le transformant en « Hôtel des spectres familiers », et inviter à Lieu commun les artistes (et les commissaires) des Ateliers des Arques de cet été. Nouer de nouveaux liens entre professionnels de terrain, publics, associatifs, privés ; un réseau irrégulier, vaste et fragile.

[…]

Vœu. J’espère qu’à la fin tout cela se tiendra ensemble, que le visiteur, dans cet erratique labyrinthe urbain, aura le senti-ment d’être, ou de revenir, au « bon endroit » à chaque fois qu’il franchira une nouvelle porte, qu’il ne s’égarera pas dans cette diversité décousue des lieux et des formes ; et que, tout en ayant pris des chemins de traverse, je n’aurai pas entraîné les artistes dans un bois trop obscur…

Christian Bernard(Fragments issus d’une conversationavec Jean-Max Colard)

Christian Bernard — Après avoir dirigé la Villa Arson à Nice de 1986 à 1994, Christian Bernard (Strasbourg, 1950) est devenu directeur du Mamco, le musée d’art moderne et contemporain de Genève, qu’il a conçu comme une exposition globale où se mélangent expositions temporaires et collections permanentes, faisant encore varier les types d’espace et d’accro-chage (l’appartement du collectionneur, le white cube, l’atelier, l’entrepôt, etc.). C’est encore sous l’enseigne du Mamco que Christian Bernard ef-fectue des commissariats extérieurs, pour le Tramway des Maréchaux Est à Paris, en 2012, après celui de Strasbourg en 2001, ou sur l’invitation de l’artiste Claude Lévêque pour le pavillon français de la prochaine Biennale de Venise. Il assurera la direction artistique du Printemps de septembre à Toulouse en 2008 et 2009.

Festival. Dans le monde comme il va, difficile pour l’art d’être à la fête. L’art n’est pas le dimanche de la vie. La célébration n’est pas son seul destin. Je n’aime pas quand il fait bien dans le décor, quand on le prend pour un divan : il n’est pas là pour faire le beau, il n’est pas là pour faire joli (je ne sais plus qui a eu cette formule imparable). Je voudrais que ce « festival » du Printemps de septembre à Toulouse soit aussi l’occasion d’exprimer cette dureté des circonstances, cette inquiétude ambiante.

[…]

« Là où je vais, je suis déjà » : un énoncé générique, pas un thème, plutôt un motif ouvert, un mot de passe, un embrayeur en forme d’énigme. Je me méfie des thèmes ; j’ai toujours préféré les versions. En 1982 ou 83, j’avais invité Markus Raetz à participer à une exposition de Polaroids d’artistes. Il m’avait répondu par une carte postale où était dessinée de sa main au pastel l’injonc-tion : « Pas d’expositions thématiques ! » J’en ai d’abord conçu une tristesse un peu vexée, puis cette règle de vie m’a souvent paru salubre.

[…]

Formules. J’ai toujours travaillé les expositions en jouant avec les titres, les mots : pas de communication à proprement parler, plutôt des petites unités syntaxiques, curieuses, flottantes et qui ont pour moi la capacité de cristalliser, d’amplifier, de densifier ou d’agacer l’imagination. Des commentaires discrets, indirects ; façons de dire en contrebande.

[…]

Titre. Il vient d’une traduction que j’avais faite avec Axel Huber d’un tout petit poème de Hubert Kiecol, le sculpteur alle-mand. Nous l’avions publié sous la forme d’une plaquette à la Villa Arson « à l’occasion de la fin de la décennie » quatre-vingt (achevé d’imprimer le 18.12.1990) : « … Les filles restent, / Les bateaux partent. » Le poème suggérait ce sentiment diffus qu’on peut avoir, sur les quais des ports, au petit matin, de n’être nulle part dans l’espace et dans le temps ; et infiniment seul. Je m’étais inspiré, pour rendre le titre, d’un ancien slogan de la compagnie d’aviation belge : « Par Sabena, vous y seriez déjà. » L’art comme dépaysement ici et maintenant.

[…]

L’immédiat. J’entends aussi sous ce titre l’idée d’une certaine inanité des voyages, « le vain travail de voir divers pays » comme disait Valery Larbaud. « Les livres sont les ascenseurs les plus rapides » notait, quant à lui, Francis Ponge. L’art comme moyen de transport instantané ou comme bulle. Ce n’est pas le déplace-ment du corps qui nous fait voyager mais l’imaginaire, le travail de la pensée. Les œuvres opérantes nous transportent soudain au-delà de nous-mêmes et nous retiennent brièvement de vieillir. Même quand il l’affronte, l’art nous décolle la rétine du réel.

[…]

ment polysémique qui semblerait venu de loin dans le temps ou l’espace mais dont la langue serait plus actuelle que le présent de la ville-musée. Ce ne serait pas un mobilier urbain de plus, mais une foule de fantômes venus au jour.

[…]

Transports aériens. Une ville qui s’enorgueillit à juste titre de sa position de pointe dans le domaine sensible de l’aéronautique moderne suscite naturellement bien des convoitises et des curio-sités. Rien d’étonnant à ce que des soucoupes volantes viennent s’y poser à l’occasion du Printemps. Sans doute une avant-garde téléguidée par Sylvie Fleury. Un projet d’avenir.

[…]

Le musée en abîme. Les Abattoirs se prennent pour une église : longue nef, chapelles latérales, cavalcade d’arcades. Et puis, au lieu du chœur, un gouffre (de ceux dont regorge la région) au fond duquel les visiteurs se font fourmis. Et toujours ces briques obsédantes qui ne s’effacent pas devant les œuvres ; beau bâtiment, musée contraint. Revenir à ce que Pascal Pique appelle l’esprit chiriquien du lieu. Employer les sept salles latérales, réouvertes sur la nef, à sept exercices d’acccrochage à partir de pièces des collections publiques toulousaines. Cela sur sept couleurs et sept murs peints de John M. Armleder, lui-même auteur des accrochages. Et faire réapparaître ces couleurs, une par une, dans tous les autres lieux d’accueil du festival. Autant de fragments d’un arc-en-ciel partout diffracté. Une signalétique abstraite, silencieuse et volubile à la fois. Confier ensuite la nef et le gouffre (salle Picasso comprise) à l’enchaînement acrobatique de trois artistes : Fabrice Gygi, Vincent Lamouroux et Philippe Decrauzat. D’une « machine infernale » qui semble réhabiliter les anciens abattoirs à un enfer optique abyssal en passant par un envahissant défilé de nuages hybrides… Ici le saisissement simultané de l’espace et du spec-tateur proposera l’expérience d’une beauté qui serait tramée des Souvenirs de la vie moderne.

[…]

Du bon usage de la déception. L’ensemble risque de provoquer une certaine « déception ». Je continue de préférer les œuvres dé-senchantantes, les usages multiples de l’humour, de l’ironie, de la cruauté aussi. Je ne crois pas que l’art doive être de tout repos. Le beau est une vieille histoire que chacun voudrait voir à sa porte mais dont l’art n’est plus comptable depuis longtemps. Les artistes invités ne vont pas tendre des images complaisan-tes du monde. Au nom de l’art (aux nombreux noms que l’art prend désormais), ils proposeront des regards dont le moins qu’on puisse attendre est qu’ils nous soient inconfortables. Plusieurs générations, de très jeunes inconnus, quelques notorié-tés : des artistes au travail aujourd’hui.

[…]

— Premières intentions

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Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà ? »De là où je suis, j’irai ensuite.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ? « Cuius est solum, ejus est usque ad caelum et ad inferos » (celui à qui appartient la terre la possède depuis son centre jusqu’au ciel).

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? (Me) donner des ailes.

Vincent Lamouroux — Né en 1974 à Saint-Germain-en-Laye, vit à Paris. Entre science-fiction et quantique physique, l’artiste Vincent Lamouroux œuvre notamment à une conception ouverte de la sculpture, élargie au champ entier de l’espace. À l’exemple de « Scape » (2005-2006), sa fameuse rampe de flipper qui traversait tout l’espace du Mamco de Genève et plus tard du Palais de Tokyo. L’art virtuose de mettre en apesanteur la notion de « sculpture monumentale ».

Air right #01, 2008 — Sculptures flottantes, bulles remplies d’hélium.

Winch, Fliessband et stars system, 2008 — Une sculpture-machine effrayante…

Quel est votre projet pour le Printemps de septembre ?Quand j’ai visité le lieu, cet énorme couloir central des Abattoirs qui amène à la fosse, je me suis dit qu’il fallait l’occuper dans la lon-gueur. Je ne me suis pas renseigné pour savoir s’il s’agissait vraiment ici d’anciens abattoirs, je prends juste les choses au pied de la lettre, et donc j’ai imaginé cette machine dure, une sorte de hachoir qui irait jusqu’à remplir la fosse. Avec des tapis roulants pour amener les cadavres, parce qu’il y a dans les abattoirs l’idée d’une mort en masse, d’une mort industrielle. Et donc je l’ai dessinée comme ça, avec des dents, des tapis. Si tu tombes dedans, c’est le poids de ton corps qui l’actionne. Et tu sors de là mal en point.

D’où vient le titre de cette pièce, « Winch, Fliessband et stars system » ?C’est un titre assez travaillé, écrit en trois langues du centre de l’Europe qui correspondent aussi aux trois moments de la machine. Il y a d’abord le « winch » auquel on peut suspendre quelque chose, puis le tapis roulant, en allemand, et enfin « stars system » — je trouve assez drôle d’employer cette expression pour désigner les étoiles métalliques du hachoir. Il faut dire que j’étais à Los Angeles quand j’ai dessiné une première version de cette pièce, il y a trois ans environ, et c’était d’abord une œuvre en extérieur : des guirlandes en métal, avec ces étoiles posées sur des câbles, comme un système anti-hélicoptère.

Fabrice Gygi — Né en 1965, vit à Genève. C’est dans la violence et la terreur sécuritaire du monde contemporain que cette haute figure de la scène suisse trouve l’essentiel de ses formes critiques, sculptures, performances, gravures ou installations. Tribunaux, tentes, aires de jeu, barrières anti-émeutes, instruments de torture, grillages interrogent les mécanismes de l’autorité et placent le spectateur dans une situation ambiguë : « Chaque citoyen(ne) est une figure autoritaire potentielle, puisque sa position est toujours contiguë et perméable au pouvoir ». Fabrice Gygi représentera la Suisse à la prochaine Biennale de Venise.

— Fabrice Gygi — Vincent Lamouroux

— Musée les AbattoirsDe type néo-classique industriel, les anciens abattoirs de Toulouse, conçus en 1831 par Urbain Vitry, ont été confiés en 1995 aux architectes Stinco et Papillault par la Ville de Toulouse, le Conseil Régional de Midi-Pyrénées et l’État pour en faire un Musée d’art Moderne et Contemporain. Vaste espace de 7 000 m2 qui intègre aussi le Frac Midi-Pyrénées et un centre d’art contemporain, la collection rassemble plus de 2 500 œuvres de la seconde moitié du xxe siècle et du xxie siècle.

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Canal de Mangue, Rio de Janeiro — Projet en cours de réflexion.

Sans titre — Éléments préparatoires à un dialogue sur les murs entre John Armleder et les collections publiques de la ville de Toulouse.

Sans titre, 2008 — Alain Bublex s’est vu confier la con-struction d’un module d’exposition présent à l’année dans le hall des Abattoirs. Une time capsule qui rassemblera de la documentation visuelle sur les expositions en cours et per-mettra d’anticiper sur la prochaine session du Printemps.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Badlands, 1973, Terence Malick. En fuite, Holly et Kit se sont réfugiés dans la forêt… Kit perché sur la branche d’un arbre, lit le National Geographic Magazine et guette. Holly (voix off) « Un frémissement de feuilles, c’étaient les esprits qui murmuraient leur mécontentement. »

Un jeu de cartes stéréoscopiques dispersées sur le sol, Holly en prend une et la glisse dans son stéréoscope. Le canal de Mangue, à Rio de Janeiro, apparaît, bordé par des rangées de palmiers.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ?Lentilles prismatiques, perception du relief, image stéréo.Canal en perspective, reflets des palmiers sur la surface de l’eau, démultiplications du motif et rythmique lumineuse.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?

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Philippe Decrauzat — Né en 1974 à Lausanne, où il vit. Sur toile ou wall-over, en installations et avec sculptures, la peinture de Philippe Decrauzat élabore de complexes compositions visuelles avec une gamme de couleurs assez limitée, privilégiant le noir et blanc. Pas un hasard si son œuvre se nourrit d’influences très diverses, où le psychédélique se conjugue au minimalisme conceptuel, où l’Op art fait bon ménage avec le cinéma expérimental. Bandes, lignes, plans, aplats, tout est bon pour faire vibrer la surface et sortir l’œil de ses perceptions ordinaires.

Vous préparez une intervention aux Abattoirs avec l’artiste John M. Armleder. De quoi s’agit-il ?Christian Bernard : Dans le monde actuel de l’exposition, un musée qui ne met pas en perspective les possibilités qu’offre la contextualisation des œuvres est un musée qui s’asphyxie. Or John M. Armleder a continûment réinventé la manière d’exposer son tra-vail et celui des autres. Son spectre est très large, il peut travailler au plus grand de la saturation et au pire de la raréfaction. On va donc organiser un dialogue avec lui dans les parties latérales des Abattoirs. Il s’agit de demander à un artiste de regarder les ressources de la ville en matière de collections publiques, et de les donner à voir autrement : pour introduire une crise dans le musée même, une crise de sa représentation et de sa manière de se représenter l’art. De ce point de vue, l’artiste a une légitimité plus grande que le commissai-re ou le directeur de musée. On espère ainsi donner un avant-goût de ce que pourrait être une circulation créative des collections.

John M. Armleder — Né en 1948 à Genève, vit entre New York et Genève. Figure majeure de la scène suisse et artiste internationalement reconnu, John Michael Armleder fonde en 1969 le groupe Ecart, proche de l’esprit Fluxus, et se fait ensuite remarquer pour ses « Furnitures Sculptures » associant objets de mobilier et peintures. Investissant tous les médiums, ne se réduisant à aucun style et critiquant même la notion de style, son œuvre polymorphe interroge l’abstraction, l’idée d’œuvre, la notion d’auteur et les contradictions de la modernité.

Que vous inspire le thème « Là où je vais, je suis déjà » ? Il y a quelques années je regardais souvent le même film, enregistré sur une cassette VHS. Comme c’était souvent le cas, la bande avait déjà été utilisée pour un autre enregistrement, si bien que lorsque le générique de fin s’interrompait, une autre émission apparaissait à l’écran, et l’atmosphère tranchait radicalement avec celle du film. Je n’ai que rarement arrêté la lecture à ce moment. Il s’agissait d’une conférence donnée par Jacques Lacan dont il manquait évidemment le début ; la tête en noir et blanc du psychanalyste apparaissait à l’écran, et d’un ton posé mais amusé, détachant bien chaque groupe de mots, avec plein de petites poses au milieu des phrases, comme font les gens pour souligner l’intensité de leur réflexion et l’impor-tance de ce qu’ils vont dire, et, par gentillesse, nous laisser le temps d’intégrer chaque parole : « … m’intéresse… m’intéresse beaucoup…m’intéresse beaucoup en ceci que… mff… toute question… ne se fonde jamais que… sur une réponse… C’est certain… on ne se pose de question que… là où on a déjà la réponse… … »Ce début fracassant en plein milieu de mon générique m’a, à chaque fois, surpris. On ne se pose de question que lorsque l’on a déjà la réponse, c’est, je crois, la même idée que poursuit Christian Bernard en proposant : « Là où je vais, je suis déjà ».

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? Aidez (aider) à sauvegarder un des plus beaux paysages au monde ?

Alain Bublex — Né en 1961, vit entre Paris et Lyon. À l’image de Glooscap, cette ville imaginaire dont il relate et documente l’évolution sur plus d’un siècle, Alain Bublex déploie depuis le début des années 90 un art certain du récit. Quand bien même ses divers chantiers prennent les formes descriptives de la photographie ou celles momentanément arrêtées du paysage. Une contre-manière de préférer sans cesse l’activité en cours au produit fini de l’œuvre. De maintenir une fiction d’activité, et l’activité d’une fiction.

— Philippe Decrauzat — John M. Armleder — Alain Bublex

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— Le Château d’EauUn haut lieu de l’histoire de la photographie en France. Créé en 1974 par Jean Dieuzaide, c’est la plus ancienne institution publique exclusivement consacrée à la photographie, installée en bordure de Garonne dans une architecture originale du xixe siècle. Depuis, le programme affiche complet : plus de 440 expositions, mono_ graphiques ou thématiques, attachées à montrer la photo- graphie sous toutes ses facettes, une collection itinérante et un centre de documentation riche de 10 000 ouvrages.

Paysage disloqué, 2008 — Projet virtuel du diorama circu-laire qui plonge le visiteur dans un paysage de banlieues.

Autopsie, 2006 — une série d’images réalisée en 2006 à l’hôpital universitaire de Lausanne, service pathologie.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Quand nous découvrons une ville pour la première fois, nous avons besoin de marcher dans sa périphérie pour comprendre son humeur, son esprit : et nous y trouvons aussi une sensation de familiarité. Nés dans la banlieue de Turin, nous avons trouvé là notre poétique. Car c’est seulement au bord de la cité qu’on trouve la vie réelle, c’est en banlieue que se développent les problématiques de la vie contempo-raine.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ?Nous transformons l’espace circulaire intérieur du château d’eau de manière à créer une surface continue, une image panoramique des banlieues urbaines. Architectures périphériques, ciels nébuleux, terrains vagues, c’est un espace inquiet. La seule présence humaine est celle du spectateur. Il y aura aussi des fanzines réalisés par collage de textes et d’images, et du son, hardcore punk, musique indus-trielle, et deux nouvelles chansons de notre groupe Botto&Bruno + TheFamily. Avec la froideur du néon et, au sol, du linoléum gris asphalte pour donner à tout cet environnement une atmosphère plus industrielle.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?L’art nous permet de réapprendre à voir, de réfléchir à la réalité, de réagir aux choses que nous n’acceptons pas, de transformer la rage en créativité, de chercher à comprendre les problématiques de la ville contemporaine, d’insinuer des doutes sur le cliché très diffusé que la banlieue est un lieu seulement négatif, sans aucune possibilité de renaissance sociale. Et c’est seulement à travers l’art que nous avons finalement réussi à faire de la musique.

Gianfranco Botto e Roberta Bruno — Nés en 1963 et 1966, vivent à Turin. C’est en faisant un détour critique par la périphérie des villes que ce duo de photographes italiens questionne en retour le cœur déchiré de notre société contemporaine et de ses représentations forcément « douteuses ». Vastes installations ne documentant jamais une banlieue existante mais recomposant une fiction péri-urbaine, leurs montages d’images opèrent « une vraie déconstruction de la photographie à travers ses moyens et ses matériaux ».

Quelle série photographique montrerez-vous au Printemps de septembre ? Christian Bernard a choisi d’exposer une série qu’il a été le seul à voir pour l’instant, Autopsie. Je l’avais rangée au fond de mes tiroirs parce qu’elle avait été très dure à faire. La vision, l’odeur de la mort… il faut réussir à se détacher complètement de cette émotion pour photographier. C’est une série de 21 images réalisée en 2006 au moyen format 6/7, à l’hôpital universitaire de Lausanne, service de pathologie. Ce ne sont pas des autopsies policières où on cherche la cause de la mort, mais un secteur de la recherche médicale, où l’on trouve dans le corps des informations sur une maladie. Lorsque j’étais enfant, mes parents m’ont expliqué qu’ils avaient donné le corps de mon frère décédé à la science. Je voulais savoir ce que cela voulait dire. Depuis ce jour, je me pose la question de la vie du corps après la mort, mais aussi de la décision que je prendrai par rapport à ma propre mort.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ? Dans notre société actuelle, on doit toujours se projeter, aller de l’avant, regarder vers le futur, et mentalement on y est déjà. On n’a plus conscience du présent. Mais là où est l’esprit, tout est. Par rap-port à mes photos, un autre sens se dégage : peu importe où on va, à la fin on finit tous pareils.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? La photographie, plutôt, car je ne m’exprime pas par d’autres moyens, me permet d’aller voir ce que j’aimerais savoir.

Maud Fässler — Née en 1980 à Zurich, où elle vit et travaille. Sortie en 2006 de l’Ecal, la fertile école d’art de Lausanne, cette jeune photographe suisse se signale par la dureté et la force des sujets qu’elle choisit d’af-fronter à froid et sans pathétique : autopsies de cadavre, dissections, sexes excisés de femmes africaines.

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— Les JacobinsL’un des plus importants couvents dominicains, l’ordre des Frères Prêcheurs ayant été fondé par Saint Dominique à Toulouse en 1215. Construit à partir de 1229, le site accueille en 1369 les reli-ques de Saint Thomas d’Aquin. Transformé en caserne au début du xixe siècle, il est sauvé en 1845 par Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments Historiques, et restauré au xxe siècle. Le célèbre « palmier » de son église, chef-d’œuvre de l’art méridional, s’élève dans le ciel coloré de la voûte comme une muette prière.

The Forty Part Motet, 2001 — Un chœur polyphonique dans la grande salle des Jacobins.

Quelle œuvre montrerez-vous au Printemps de septembre ? D’habitude, dans un concert, vous êtes assis face à l’orchestre. Mais avec l’œuvre sonore The Forty Part Motet (2001), basée sur une pièce de musique chorale de la Renaissance anglaise (Spem in Alium de Thomas Tallis, 1573), je veux que l’auditeur fasse l’expérience d’un morceau de musique du point de vue des chanteurs. Et qu’il se déplace à travers la pièce, ce qui lui permet d’être dans une relation intime avec les voix. Cela révèle aussi la construction évolutive qu’est le morceau de musique. Je suis intéressée par la manière dont le son structure physiquement l’espace et comment le spectateur trouve son chemin à travers cet espace à la fois physique et virtuel. J’ai placé les haut-parleurs en ovale tout autour de la pièce pour que l’auditeur puisse réellement sentir la construction sculpturale du morceau de musique composé par Tallis. Vous pouvez entendre le son se déplacer d’un élément du chœur à l’autre, faire des allers-re-tours, entrer en écho, et quand les vagues de son vous parviennent et que tous les chanteurs se font entendre simultanément, vous faites l’expérience d’un sentiment sublime.

Janet Cardiff — Née en 1957 à Brussels (Canada) vit, travaille à Berlin. Entendre des voix : c’est d’abord l’utilisation du son, dans ses diverses textures, de la voix humaine aux bruits citadins, qui caractérise le travail plastique de Janet Cardiff. Elle fut notamment remarquée pour ses « walks » initiées dans les années 90 : fictions sonores où elle entraîne le spectateur, conduit par un walkman, un audio-guide voire une caméra digitale, dans la réalité de la ville. Cet art du récit est également à l’œuvre dans de vastes installations acoustico-schizophréniques, tel le Paradise Institute, Prix spécial du jury de la Biennale de Venise en 2001, réalisé avec la collaboration de son compagnon Georges Bures Miller.

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— Janet Cardiff

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— L’Espace EDF BazacleC’est en 1889 que le vieux moulin du Bazacle fut converti en cen-trale hydroélectrique dans le but d’alimenter l’éclairage de la Ville de Toulouse. Exploitées depuis 1946 par EDF, partenaire régulier du Printemps de septembre, ses sept turbines produisent toujours l’équivalent de la consommation d’une agglomération de 4 000 habitants parallèlement à un programme d’expositions très varié, souvent axé sur le thème de l’environnement.

Programmation à définir. « Que reste-t-il à la peinture quand elle se prive de l’objet tableau ou de ses substituts et dérivés ? – Le mur, la paroi, le panneau. Autrement dit, le plan premier et dernier de l’habiter. Le tableau en était une synecdoque mobilière. Que reste-t-il à la couleur quand elle se refuse les variations de tons et de teintes, le glacis, l’aplat, la tou-che ou l’empâtement ? – L’empreinte monadique, telle que Toroni l’a employée comme recouvrement générique, ou la ligne seule, monochrome. Au fil de son ascèse analytique, Renée Lévi s’est donc récemment trouvée au bord du dénuement du seul dessin. Mais au lieu de renoncer au jeu de la couleur, c’est bien à la réinvention d’un geste peintre du dessin qu’elle s’est affrontée – comme s’il s’agissait de recommencer la peinture à partir du dessin. » (Christian Bernard, « Les écheveaux d’Ariane », mars 2001).

Renée Lévi — Née en 1960 à Istanbul, vit à Bâle. Architecte de for-mation, Renée Lévi œuvre à une conception élargie et multiforme de la peinture abstraite, qu’elle pratique de manière très concrète en vérité, au croisement de la sculpture, de l’installation et de l’architecture, portant une attention toute particulière aux volumes et aux problèmes d’espace. Car l’essentiel de son travail consiste à modifier la perception de l’envi-ronnement dans lequel elle intervient en jouant sur les matériaux choisis, leur couleur et leur inscription dans le site.

— Renée Levi

Lemniskate, 2007 — Une nouvelle série de tableaux aux formes inédites.

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— L’École des beaux-artsSi l’École supérieure des beaux-arts de Toulouse remonte au xviie siècle et reçoit en 1750 le titre prestigieux d’Académie Royale, son implantation au 5, quai de la Daurade, dans une ancienne manufac-ture des tabacs, ne date que de 1892. Le Palais des Arts, élevé entre 1892 et 1895 sur les dessins de l’architecte Esquié, rassemble une bi-bliothèque et une vaste salle d’exposition investie par le Printemps de septembre. Dans la cour auront également lieu les Soirées Nomades.

Projet d’une installation de vidéos dans toute la galerie.

— Éric Hattan

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Mes pensées sont en route pour… et pour que le printemps fleurisse en automne, j’arrose en continu…

En quoi consiste votre projet ou votre proposition artistique ? Pour l’heure, je peux seulement évoquer ma manière de développer mes projets : que ce soit pour des lieux d’exposition, des publica-tions, ou toute autre forme à penser, j’essaie d’abord de comprendre la situation, de me sentir à l’aise avec le volume ou le vide. Regarder le plan architectural, être présent dans les salles, examiner les détails, comprendre l’histoire d’un espace. Ma perception est de réagir à, de repenser, d’ajouter ou de couper. Au centre de mes pensées est la question de « faire mieux ». Vu de près, ce n’est parfois rien d’autre que de renverser quelque chose, de manière presque invisible, mais avec beaucoup de conscience, pour voir les choses d’une manière décalée.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? L’art est pour moi un travail de transformation. Ce n’est ni une solu-tion, ni vraiment un produit. Il faut entendre cette attitude comme point de départ : je considère mon travail comme un outil pour m’ouvrir de nouvelles portes, de nouveaux points de vue, sans en connaître le but. Je me trouve à chaque fois face à des situations- carrefours qui m’obligent à prendre une décision quant à la direc-tion, au chemin à poursuivre. Mais comme avec les plans d’une ville que l’on déplie, je ne vois jamais l’ensemble du réseau.

Éric Hattan — Né en 1955, vit à Bâle et à Paris. Question de perception et d’environnement : l’artiste suisse a le sens des situations, et tout son travail, qu’il s’agisse de sculpture, de vidéo, d’installation ou d’interven-tion dans l’espace public, s’attache à modifier l’étant donné du réel. Pour modifier sensiblement notre perception du banal.

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— La Fondation Espace ÉcureuilSitué place du Capitole, initié par la Caisse d’Épargne de Midi-Pyrénées dès 1994, et constitué en fondation d’entreprise depuis janvier 2004, ce partenaire régulier du Printemps de septembre accueille sur ses deux étages, dont un sous-sol tout en pierres voû-tées, des expositions annuelles, un cycle de conférences en histoire de l’art, une salle de documentation et un service éducatif.

Le Grand Sommeil, 1998 — Enfant des rues de Dakar, Sada Tangara photographie ses « frères » endormis.

Garden Party, 2008 — Vidéo d’une performance diony-siaque d’une table à l’autre.

Comment avez-vous découvert ce travail ?Christian Bernard : Frédéric Roux m’a montré ces images. C’est je crois la seule série photo qu’on ait de lui, et elle forme un ensemble très homogène. Comme s’il était photographe de naissance, alors qu’il n’avait jamais eu d’appareil entre les mains, Sada Tangara montre immédiatement un sens du cadre et de la lumière absolument saisissant. Il photographie ses frères, ces jeunes parmi lesquels il vi-vait, la nuit, quand ils sont endormis. C’est-à-dire dans le moment de leur plus grande fragilité. Ces êtres qui ne survivent qu’en se faisant choses, notamment par la prostitution, sont ici saisis comme des choses, voire des empilements de choses. Mais sans aucun pathéti-que de l’image : ce sont des corps durs, endoloris, dans la torpeur de l’épuisement.

Comment cette série s’inscrit-elle dans votre programmation du Printemps de septembre ?Elle trouve sa cohérence dans une sorte de triangle que ces images forment avec celles d’Hannah Villiger et de Maud Fässler. Quelque chose comme une pratique de l’image comme salut devant la mort. Ce sont trois regards sur le corps sans sujet : les enfants de Dakar endormis et presque minéralisés par Sada Tangara, les autopsies dé-sacralisées de la jeune photographe suisse Maud Fässler, les autopho-tographies désérotisées, désubjectivées où Hannah Villiger use de son corps comme objet et instrument de sa sculpture, pour en finir avec le regard masculin posé sur le corps féminin dans l’histoire de l’art. Trois cas où les corps sont dans l’horizon du répulsif ou de la défas-cination, et échappent à la marchandisation, symbolique ou réelle.

Sada Tangara — Né en 1984 à Kaolac (Sénégal), vit à Dakar. Enfant des rues de Dakar, c’est en 1997, à l’âge de 13 ans que Sada Tangara commence son unique série photographique, Le Grand sommeil. L’histoire commence avec une opération d’aide aux enfants errants organisée par la Maison-école d’art Man-Keneen-Ki, fondée à Dakar par Oumar Sall et Jean-Michel Bruyère. Exposé parmi d’autres jeunes pensionnaires à qui on avait prêté des appareils-photos jetables, Sada Tangara montre un premier état de cette série d’images faites qu’il continue et complexifie dès l’année suivante. Il reçoit le prix Gilles Dusein en 2003.

— Sada Tangara — Laurent Faulon

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?C’est absolument impossible que j’y sois déjà. Surtout à Toulouse, c’est forcément quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui me ressemble peut-être et cherche à m’imiter. Il suffira que j’arrive pour qu’il soit démasqué.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?Écouter les sons d’une machine à laver durant 4 heures d’affilée, élever un porc, commander 40 religieuses au pâtissier du quartier, acheter 20 tables de jardin en plastique moulé blanc, porter des baskets rouges, récupérer 42 frigos en état de marche… me permet de communier avec les réparateurs de frigos et de machines à laver, les mangeurs de porc et de pâtisseries, les acheteurs de tables de jardin et les porteurs de baskets rouges… Autant de gestes miméti-ques et irréels qui ménagent une faille poétique dans la trivialité de mon existence domestique. L’art me permet d’accomplir des gestes et d’adopter des comportements nécessaires et frivoles, que je ne trouverais pas à motiver autrement.

Laurent Faulon — Né en 1969 à Nevers, vit à Grenoble, Annecy et Genève. Qu’il se vautre littéralement comme un porc sur des gâteaux posés sur le sol, qu’il se livre « dans la chambre des parents » à une perfor-mance débridée sur le lit familial ou qu’il organise un méchoui de cana-pés qui tournent à la broche dans une odeur de fumier, l’artiste Laurent Faulon cultive une radicalité violente, animale, angoissante, et immerge le spectateur de ses installations dans un univers absolument inconfortable. À distance du bon goût ambiant et du paysage artistique dominant.

Laurent Faulon est aussi présenté à l'Hôtel-Dieu, p. 26.

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Kids Play, 2004 — Deux vidéos d’enfants face à face.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Quand nous découvrons une ville pour la première fois, nous avons besoin de marcher dans sa périphérie pour comprendre son humeur, son esprit : et nous y trouvons aussi une sensation de familiarité. Nés dans la banlieue de Turin, nous avons trouvé là notre poétique. Car c’est seulement au bord de la cité qu’on trouve la vie réelle, c’est en banlieue que se développent les problématiques de la vie contempo-raine.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?L’art nous permet de réapprendre à voir, de réfléchir à la réalité, de réagir aux choses que nous n’acceptons pas, de transformer la rage en créativité, de chercher à comprendre les problématiques de la ville contemporaine, d’insinuer des doutes sur le cliché très diffusé que la banlieue est un lieu seulement négatif, sans aucune possibilité de renaissance sociale. Et c’est seulement à travers l’art que nous avons finalement réussi à faire de la musique.

Gianfranco Botto e Roberta Bruno — Nés en 1963 et 1966, vivent à Turin. C’est en faisant un détour critique par la périphérie des villes que ce duo de photographes italiens questionne en retour le cœur déchiré de notre société contemporaine et de ses représentations forcément douteu-ses. Vastes installations ne documentant jamais une banlieue existante mais recomposant une fiction péri-urbaine, leurs montages d’images opè-rent « une vraie déconstruction de la photographie à travers ses moyens et ses matériaux ».

Botto e Bruno sont aussi présentés au Château d'eau, p. 14.

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Manderley, 2007 — À partir des photogrammes du film Rebecca d’Alfred Hitchcock, une maquette virtuelle du com-plexe décor du château Manderley.

Je vais raconter 1, 2008 — Une nouvelle série de dessins, sur des grands formats de papier dressés au mur ou posés à l’horizontale.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?« Le nouveau toujours le nouveau mais c’est vieux comme le monde » (Francis Picabia)

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ?Ailleurs

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?Une promenade dans les hors champs, un saute-mouton sur les dos d’Alfred et Jean-Luc, une exploration mentale de contrées déjà traversées, un jogging toujours vivifiant dans la cour des Grands, la conquête hasardeuse d’un terrain vague.

Marion Tampon Lajariette — Née en 1982 à Paris, vit entre Genève et Paris. Toute jeune artiste issue de la Villa Arson de Nice en 2005, Marion Tampon Lajariette prolonge cette façon qu’a eue l’art contempo-rain de s’insérer dans le cinéma pour en dégager, notamment, des états psychiques. Travaillant à partir de photogrammes ou de séquences fil-miques empruntées à Hitchcock, Godard, Bertolucci ou Philippe Garrel, chez elle le remake se conjugue aux évolutions récentes des nouveaux médias et à une pratique interactive de l’image, interrogeant la place du spectateur.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ? Aller encore, je me dis. Être ce que je suis, suivre ce qui sera. Pencher, osciller entre la verticale et l’horizontale, le pas et la pause. Dans un songe, un journal lumineux clignote « ce que vous êtes, nous l’étions, ce que nous sommes, vous le serez ».

En quoi consiste votre projet ou votre proposition artistique ? « Je vais raconter les histoires les plus vraies sur chacun d’entre nous et je m’arrêterai quand le pire sera dit. » Sur des grands formats de papier dressés au mur ou posés à l’horizontale, la proposition inverse pourra aussi être lue à travers le voile noir de la cendre de fusain qui les recouvre. Saisie, La ronde, Le salon, Kuroi ame, Mortmore, Velum, Secteur, No see no bomb, Omertà, Devenir un devenir deux sont les dessins autour desquels s’articule actuellement mon projet.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? Je pense parfois retrouver des instants perdus qui me rendent la réalité plus supportable et que des échos leur en parviennent.

Alain Huck — Né en 1957 à Vevey (Suisse), vit à Lausanne. Même s’il s’associe parfois à d’autres médiums (vidéo, installation ou projection d’images numérisées), Alain Huck n’en demeure pas moins un adepte d’abord et avant tout du dessin, au croisement délibéré du figuratif et de l’abstraction. C’est chez lui une pratique régulière, donnant lieu notam-ment à la suite Vite soyons heureux il le faut je le veux, initiée dès 1993, mais qu’il peut tout aussi bien pousser jusqu’au format monumental. Les éditions JRP/Ringier lui ont consacré en 2006 une importante monographie.

— Marion Tampon Lajariette — Alain Huck

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— L’Hôtel-DieuÉtabli dès 1257 sur les rives de la Garonne, l’hôpital Saint-Jacques devient en 1554 l’Hôtel-Dieu (ou Maison-Dieu). D’abord lieu d’ac-cueil pour les malheureux, les mendiants, les femmes de mauvaise vie et les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, il devient au xixe et xxe siècles un véritable centre de soins. Siège administratif des Hôpitaux de Toulouse, ce monument historique héberge le musée d’Histoire de la médecine.

Fusil, 2008 —Une installation « en chien de fusil ». Dessin préparatoire.

Printemps de septembre, premiers achats, 2008 — « Cette photo montre les premiers objets que j’ai choisis pour Toulouse, photographiés sur le parking du supermarché où je viens de les acheter ».

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Ce qui est excitant entre là où je suis et là où je serai, c’est ce qui se passe dans l’intervalle. Pour une exposition en tout cas. Me captivent les erreurs, les découvertes, les changements de piste, enfin tout ce qui diffère entre projet et réalisation, tout ce qui fait que ce que je produis dépasse ce que j’avais imaginé. C’est étrange, car pour toutes sortes de raisons : recherche de financement, travail des organisateurs, édition d’un pré-magazine… l’anticipation est de mise. Le projet doit être précis, interprétable, les budgets, détaillés. Finalement, ce moment capital, celui pour lequel je fais cette acti-vité, doit, pour l’intérêt de tous, être minimisé – il est obscène.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ?J’aimerais jauger les spectateurs par le canon d’un fusil, saouler les gardiens d’effluves de vin et éteindre la lumière en explosant les luminaires.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?Il me permet de m’occuper ces cinq prochains mois.

Delphine Reist — Née en 1970 à Sion (Suisse), vit à Genève. « Il y a dans tous ses travaux l’utilisation de matériaux trouvés, disponibles, voire gratuits, mais également une sophistication technique qui va jusqu’à permettre à ce matériel d’exprimer sa fonction en éliminant l’élément humain que représente son utilisateur. On roule des bidons pour les déplacer : ici, le bidon roule tout seul. On fait démarrer des voitures : là, elles démarrent par elles-mêmes. On n’a plus besoin de pousser les caddies : finalement, on n’a qu’à les regarder bouger. Par rapport aux happenings, ces installations en mouvement ont un avantage, c’est qu’elles n’ont pas vraiment besoin de spectateurs, ce qui leur donne une qualité fatale qui est celle de l’art. Le regardeur devient dans ces circonstances ce qu’il est vraiment : un voyeur. » (Olivier Mosset)

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?C’est absolument impossible que j’y sois déjà. Surtout à Toulouse, c’est forcément quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui me ressemble peut-être et cherche à m’imiter. Il suffira que j’arrive pour qu’il soit démasqué.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ?Arrivé à Toulouse au printemps, je visite l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. Je réfléchis au plan de table idéal pour la réception du vernissage. Est-ce que les tables de jardin en plastique conviendront ? Les salles de l’Hôtel-Dieu peuvent accueillir combien de personnes ? Et le service des grands brûlés ? Il faudra sans doute choisir un linoléum ignifugé, des plaques chauffantes avec fusibles et une vaseline cica-trisante.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?Écouter les sons d’une machine à laver durant 4 heures d’affilée, élever un porc, commander 40 religieuses au pâtissier du quartier, acheter 20 tables de jardin en plastique moulé blanc, porter des baskets rouges, récupérer 42 frigos en état de marche… me permet de communier avec les réparateurs de frigos et de machines à laver, les mangeurs de porc et de pâtisseries, les acheteurs de tables de jardin et les porteurs de baskets rouges… Autant de gestes miméti-ques et irréels qui ménagent une faille poétique dans la trivialité de mon existence domestique. L’art me permet d’accomplir des gestes et d’adopter des comportements nécessaires et frivoles, que je ne trouverais pas à motiver autrement.

Laurent Faulon — Né en 1969 à Nevers, vit à Grenoble, Annecy et Genève. Qu’il se vautre littéralement comme un porc sur des gâteaux posés sur le sol, qu’il se livre « dans la chambre des parents » à une perfor-mance débridée sur le lit familial ou qu’il organise un méchoui de cana-pés qui tournent à la broche dans une odeur de fumier, l’artiste Laurent Faulon cultive une radicalité violente, animale, angoissante, et immerge le spectateur de ses installations dans un univers absolument inconfortable. À distance du bon goût ambiant et du paysage artistique dominant.

— Delphine Reist — Laurent Faulon

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— Atelier 2 / Théâtre GaronneC’est en 1986 que la Ville de Toulouse décide d’affecter au projet du Théâtre Garonne l’ancien château d’eau de Bourrassol, situé sur la rive gauche du fleuve. Dans les années 2 000 a eu lieu une vaste restructuration du site, confiée aux architectes Loupiac Nicole et Jean-Philippe (Atelier 13), avec la création d’un nouveau bâtiment et des ateliers. Entre création, production et diffusion, le Théâtre Garonne se consacre essentiellement à ces autres arts contempo-rains que sont la danse et le théâtre.

Spadina: Reverse Dolly, Zoom, Nude, 2006 — Un des court métrages prévus par l’artiste.

Photo-souvenir : Couleurs superposées, Acte II 60’, travail in situ, Musée La Forêt, 1982, Tokyo, détail — Rarement joué sur scène depuis sa création en 1982, Couleurs superpo-sées organise le spectacle d’une peinture.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?Je ne suis pas sûr que l’art permette d’accomplir quoi que ce soit d’extérieur à sa propre logique et à ses règles. Et cela signifie actuel-lement pour moi que j’essaie d’apporter quelque chose de ma rela-tion quotidienne à la vie moderne dans des formes filmiques et pho-tographiques, afin de mieux comprendre et mieux apprécier tout à la fois l’image et ma vie de tous les jours. Je suppose, d’une manière plus générale, que nous pourrions dire que selon Kant, le caractère désintéressé de l’art encourage à s’arrêter, à prendre du temps, et à ne pas réduire une rencontre avec l’art à des fins économiques. Mais les gens le font de toute manière, et ils le font à leur guise, et non pas à la demande de l’œuvre d’art. Une œuvre est appropriée à ce genre d’engagement ou d’expérience désintéressés, mais je ne crois pas que cela se produise. Peut-être un signe de qualité pour l’art serait que le spectateur désire s’y arrêter. Mais alors, quand vous y pensez, c’est vraiment le fait du spectateur, et non le travail de l’œuvre.

Mark Lewis — Né en 1957 á Hamilton au Canada, vit á Londres. L’artiste canadien Mark Lewis œuvre depuis des années á un retrai-tement du cinéma : à la manière d’un anatomiste, il en dissèque dans ses propres films, souvent de format court, les éléments constitutifs, retravaille les figures emblématiques du travelling, du figurant ou du générique. Il propose ainsi au spectateur un exercice de décodage, une expérience étrange de déjá-vu, et recompose aussi sa propre idée, éclatée, d’un « cinéma permanent ».

Dans le spectacle « Couleurs superposées », on vous voit faire faire une peinture en direct à des assistants. C’est très proche de l’atelier. Il y a sur scène un grand mur vide sur lequel vous commandez à cinq personnes de coller ou de déchirer des papiers colorés…Oui, je suis là comme un chef d’orchestre qui dirigerait une musique qui n’est pas encore écrite. C’est comme un ballet, et j’improvise au fur et à mesure de ce qui se passe, avec toutes les surprises qui peuvent arriver. Mais mon point de départ n’était pas du tout le théâtre, plutôt le « faire » de la peinture : le spectacle de ces pein-tres amateurs qu’on voit parfois dans la rue. Aux États-Unis, il y a même des émissions où on apprend aux téléspectateurs à faire de la peinture. En général, il s’agit toujours de peindre un paysage de montagne avec un lac ! et on assiste à la fabrication progressive du tableau. C’est ce qu’il y a de pire en matière de peinture, mais il y a malgré tout quelque chose de fascinant dans la manière dont le tableau se fait. C’est la fascination de ce « faire », que ce soit exécuté par un peintre du dimanche ou bien par Picasso, qui m’intéresse. Ça a déclenché chez moi ce type de performance. Dans ces émissions, la fin est toujours catastrophique. Quand le type finit son paysage de montagne, c’est horrible. Mais pendant tout le temps où on le voit faire, il y a quelque chose de fascinant. Le problème, c’est le résultat. Alors, à la fin du spectacle des Couleurs superposées, la scène s’éteint, l’œuvre réalisée sur scène est détruite, il n’en reste plus rien. Ce qui compte ici c’est uniquement le processus, pas son résultat . (Les Inrockuptibles, hors-série « Vidéodanse 2008 », Centre Pompidou)

Daniel Buren — Né en 1938 à Boulogne-Billancourt, vit et travaille in situ. L’un des artistes contemporains les plus connus, en France comme à l’étranger. Et l’un des plus productifs, avec plus de 1 600 expositions depuis le milieu des années 60. C’est à l’aide de son principal outil visuel, ses bandes alternées blanches et de couleur d’une largeur de 8,7 cm, que ce maître de l’in situ investit espaces publics ou musées dans une pers-pective où la critique du lieu se conjugue à sa révélation esthétique.

— Mark Lewis — Daniel Buren

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— La Maison éclusièreL’un des lieux les plus pittoresques et énigmatiques du Printemps de septembre. C’est au cardinal Loménie de Brienne, ministre des Finances du roi et vice-président des États du Languedoc, que l’on doit les quais, la maison éclusière, l’écluse et le canal de Brienne, inauguré en 1776, qui permit à la Garonne d’être navigable. Située face à l’ultime écluse du canal, la maison abrite toujours des élé-ments susceptibles d’endiguer les crues du fleuve.

Quel est la nature de votre projet ?Rendez-vous d’automne est le titre d’une chanson de Françoise Hardy qui sera reprise dans l’exposition, chantée par la chorale d’une maison de retraite.

C’est un parcours auquel vous inviterez le spectateur…Je ne révèle jamais trop les choses avant qu’elles soient faites, et d’abord parce que ça peut changer. Pour l’heure, j’imagine une atmosphère d’automne « augmenté », avec des feuilles mortes en décomposition partout sur le sol, aussi bien dans l’entrepôt que dans les petits appartements privés de l’éclusier situés à l’étage. J’adore ce lieu, et j’ai eu très vite cette idée d’une situation automnale enva-hissante.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?C’est un superbe titre-générique, ça aurait pu être le titre de ma pièce. C’est très mental, comme une sorte de retournement schi-zophrénique qui ouvre sur un parcours, mais sans au-delà.

Claude Lévêque — Né en 1953 à Nevers, vit et travaille à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et Pèteloup (Nièvre). Baigné d’abord dans la scène punk et dans l’énergie trash des années 80, Claude Lévêque est aujourd’hui une figure à la fois très instituée et toujours alternative de la scène artistique française. Noir génie du lieu, il revisite les lieux d’expo-sition par le biais de créations environnementales où lumières, objets et sons contribuent à une atmosphère toute particulière.

Que vous inspire le thème du Printemps, « Là où je vais, je suis déjà » ? C’est le paradoxe qu’on est en route, qu’on voyage toujours, en cherchant quelque chose et on ne trouve rien. Si on réalise qu’il y a des choses et des événements juste à côté qu’on ne connaît pas, la vision change complètement. C’est une question de perspective. Nous cherchons ce qui est déjà trouvé, ou nous oublions ce que nous cherchons dans le temps même où on le cherche. Reste à la fin la perplexité, le désarroi, l’embarras.

En quoi consiste votre projet ou votre proposition artistique ? Le film que Christian Bernard a choisi de montrer est une vidéo de 20 minutes intitulée Shifting. Ça raconte l’histoire d’un chien qui change complètement d’attitude pendant une promenade avec son maître. Et la raison de ce changement, c’est la caméra immobile et braquée sur lui. Enfin, qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? Je peux encourager l’espace spirituel de l’exposition. Je peux soute-nir l’ambiance, l’atmosphère, le climat et, à la fin, aussi le moral.

Alex Hanimann — Né en 1955 à Mörschwil (Suisse), vit à Saint-Gall. Les rapports de l’homme et de l’animal sont au cœur de l’œuvre d’Alex Hanimann, qui adopte pour cela quantité de supports très différents : dessins, peintures, vidéos, installations. Autant dire que son travail d’ar-tiste relève de l’expérimentation, au croisement des sciences humaines et des sciences naturelles. Mais chez lui, l’éthologie, c’est-à-dire l’étude du comportement des animaux dans leur milieu naturel, dévie rapidement vers une analyse sociologique et critique de notre société contemporaine. À l’image par exemple de son installation Bird Watching (2004), où une cinquantaine de canaris soumettaient leur comportement à l’observation du public du musée.

— Claude Lévêque — Alex Hanimann

Rendez-vous d’automne, 2008 — Claude Lévêque vient hanter la Maison éclusière.

Shifting, 2004 — Plan-séquence filmé en night shoot dans une rue parisienne : un face à face entre un pitbull et une caméra vidéo. Une fable contemporaine.

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— Lieu CommunSigne de l’élargissement cartographique des manifestations du Printemps de septembre, cet espace de 900 m2 situé au cœur du quartier Bonnefoy est un outil idéal pour l’art contemporain. C’est dans cette ancienne atelier de confection textile, devenue ensuite un magasin de mobilier design, que se sont regroupées trois associations culturelles toulousaines au dynamisme inébranlable : ALaPlage, Annexia et Volksystems. Pour un mix continu d’exposi-tions, de vidéos, de résidences d’artistes et de concerts.

À l’occasion du xxe anniversaire de l’Atelier des Arques, le projet « Grand Chaos et Tiroirs », conçu par Claire Moulène et Mathilde Villeneuve, sonde en filigrane les enjeux de la célébration. À travers l’écriture collective d’une petite histoire du Lot dont ils deviennent partie prenante, les sept artistes et graphistes invités cette année en résidence prennent au mot l’idée de célébration, en « illustrant » et en « rendant célèbre » à proprement parler, les pratiques, découvertes et épiphénomènes qui jalonnent leur séjour dans la région. À travers deux expositions – l’une, pensée in situ pour le village des Arques et ses alentours, l’autre conçue a posteriori pour le Printemps de sep-tembre comme le compte-rendu de cette expérience inédite d’im-mersion collective – et par le biais d’un livre qui élabore au gré de documents d’origines diverses, un récit communautaire mêlant sans hiérarchie la parole et les sources iconographique de la population locale et des artistes, la manifestation « Grand Chaos et Tiroirs » fait le grand écart entre la grande et la petite histoire. En s’autorisant des rapprochements formels et critiques entre les coagulations minérales des grottes préhistoriques et les concrétions d’un Boris Achour, en-tre les cavités indigènes de cette région rurale et les formes en creux de Jean-Luc Moulène ou de Raphaël Zarka, le tourisme local et les recherches de Benoît-Marie Moriceau, et encore la parole active de quelques ressortissants lotois et l’intérêt qu'Aurélien Froment porte au témoignage, « Grand Chaos et Tiroirs » joue la carte du handicap de proximité.

Les artistes : Åbäke, Boris Achour, Alexandre Dimos, Aurélien Froment, Jean-Luc Moulène, Benoît-Marie Moriceau, Raphaël Zarka.

Les commissaires : Claire Moulène et Mathilde Villeneuve

« Grand Chaos et Tiroirs » Du 5 juillet au 13 septembre 2008 aux ArquesÀ partir du 25 septembre à Lieu Commun

Communauté pirate du xviie siècle, qui aurait été implantée pendant 25 ans sur la côte nord de Madagascar, Libertalia a été relatée par Daniel Defoe, l’auteur de Robinson Crusoé, dans son Histoire géné-rale des plus fameux pyrates, écrite sous le pseudonyme de Charles Johnson. Par son caractère mythique et utopique, cette tentative annonçait différents mouvements tels que le Fouriérisme, et plus certainement les collectivités agraires d’Aragon en 1936 ou les Zones d’Autonomie Temporaire énoncées par Hakim Bey.

« Libertalia », c’est aussi le titre de l’exposition proposée par Lieu Commun dans le cadre du Printemps de septembre 2008. Sans faire l’apologie d’une pensée communautaire, mais en reprenant l’idée de Defoe, qui s’est servi de son récit pirate pour exposer librement ses thèses égalitaires et donner l’exemple d’une société libertaire.

Les artistes invités : David Coste, Laurent Mulot, Jean Denant et Yannick Papailhau ne sont ni auteurs de travaux documentaires, ni vecteurs de pensées utopistes contemporaines. Leurs travaux, plasti-quement hétérogènes, sont tendus par des intentions proches. David Coste est le « promoteur » d’univers étranges, comme son projet Nowhere où s’interpénètrent réel et fantastique. Laurent Mulot fonde des centres d’arts « au milieu de nulle part ». Propositions évocatri-ces de bureaux d’études décalés mais à mettre en balance avec les univers plus foutraques de Jean Denant. Chez Yannick Papailhau les délires d’un architecte édifiant des tours de Babel volontairement bancales. Chez Jean Denant, la force narrative fictionnelle des matiè-res premières : une plaque de polystyrène extrudé bleu, devient une ville rampante.

Ces quatre artistes investissent le champ d’une anticipation nostalgique de ses futurs vestiges. « Libertalia » est une tentative, une cartographie floue d’un univers mouvant où se mêlent fiction et concret. Pas une carte qui impose ses plis, mais un planisphère sur un papier à cigarette.

Les artistes : David Coste, Laurent Mulot, Jean Denant, Yannick Papailhau.

Commissaires : Lieu Commun.

« Libertalia »À partir du 25 septembre à Lieu Commun

L’espace d’un Printemps, Lieu Commun devient le territoire partagé de deux expositions collectives.

Une pré-affiche de la deuxième exposition invitée à part-ager l’espace de Lieu Commun.

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Premiers essais à Rue depuis le château avec le n° 1, 1898-2004 — Une tentative d’envol du capitaine Ferber.A Hole in the Screen / Un Trou à l’écran, 2008 — Un film

conçu comme un scénario météorologique.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Un acte manqué. Une contrepèterie. Le krrrriiiiissssssshhhhhhh du jet.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ?L’inauguration de la galerie Ferdinand Ferber au 24, rue Croix- Baragnon. La teneur et la nature de ce projet demeurent relative-ment floues, mais y sera présentée à coup sûr une exposition réalisée par mes soins mettant en scène mon travail et le travail d’autres artistes, notamment les peintures de Luc Andrié. L’exposition étant en dernière analyse une manière de regarder les choses. Ce qu’est, je pense, précisément l’art aujourd’hui.

Voici quelques lignes tirés des agendas du capitaine Ferdinand Ferber.«Essais de l’aéroplane n° 2 : Vent 8 m. Nuageux.

1 — Se jeter d’une hauteur de 1,50 m. Résultat : on sent une pression, mais insuffisante.

2 — Se jeter du haut d’une échelle. Résultat : on ne sent aucune pression, les voiles ne se gonflent pas. On se pince le pouce.

3 — On descend la côte vers le Rhône mais, le vent ne soufflant pas dans ce sens, aucun résultat.

4 — Essai en cerf-volant, un cheval attelé. On constate que l’appareil est un excellent cerf-volant.

5 — On se jette du haut du poteau de gymnastique : aucun résultat.»

Denis Savary — Né en 1981 à Granges-Marnand (Suisse), vit à Lausanne. S’il pratique un art allusif et lacunaire du dessin, c’est d’abord par l’emploi de la vidéo que Denis Savary s'est fait remarquer : ses films, souvent en plan fixe, proches de l’instantané, hésitant entre suspens, attente passive et contemplation, s’attachent à retenir des pans infra-min-ces et inaperçus de la réalité.

Denis Savary est aussi présenté au Centre d'art Le Lait, p. 39.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ?Pour le Printemps de septembre, je travaille à la conception d’un espace de projection avec comme idée de départ, les liens que le cinéma entretient avec la météorologie ; tout d’abord à travers la notion de visibilité : faire apparaître, faire disparaître, éclairer, voiler, détruire, assombrir, mouiller… et aussi en travaillant sur une icône de la météorologie et parfois du cinéma : la tornade. La pièce pourrait s’appeler A Hole in the Screen, Un Trou à l’écran. Ce film est un scénario météorologique dans lequel seront engloutis le paysage, les choses, les images à travers la figure d’un vortex. Je tente de concevoir cette projection non pas comme un film d’images, mais comme un système, où les images seront avalées et disparaîtront. Si l’on peut considérer une séance de cinéma comme un trou dans sa propre vie, je voudrais que la projection de la tornade dans le lieu en devienne l’écho amplifié, résonant.

Bertrand Lamarche — Né en 1966 à Levallois-Perret, vit à Paris. S’il aime à inscrire son travail, qui peut prendre la forme de vidéos, d’installa-tions, de maquettes, dans le champ des « arts visuels », c’est que Bertrand Lamarche privilégie la vision. Et ses vertiges. À l’image du vortex, du tourbillon, de la tornade, des trous noirs qui hantent son univers et qui sont chez lui des figures autant stylistiques que des forces cosmiques. À la recherche d’une réalité hypnotique.

— Denis Savary— Bertrand Lamarche

Espace Croix-Baragnon

Quelle proposition avez-vous faite à Lili Reynaud Dewar pour le Printemps de septembre ?Jean-Max Colard : Cette invitation s’inscrit dans la série disparate des « time capsules », des capsules de temps où l’on essaye des for-mats temporels singuliers de l’œuvre d’art. Relèvent de cette expé-rience le spectacle Couleurs superposées de Buren, le module installé à l’année aux Abattoirs et construit par Alain Bublex, la visite guidée d’un site urbain par Lara Almarcegui, et enfin avec Lili Reynaud-Dewar l’idée d’une forme brève de l’exposition, d’une exposition qui durera peut-être seulement une demie heure. Cette chose étrange qu’on appelle un « festival d’art contemporain », et que Christian Bernard envisage comme un « festival d’expositions », devrait pou-voir se prêter tout particulièrement à ce genre d’expériences.

Plus précisément, quel est le projet de Lili Reynaud-Dewar ?Jean-Max Colard : Pour l’heure, les choses ne sont pas encore fixées, à cinq mois du Printemps le travail de réflexion est en cours. Est-ce que ce sera un film, une performance, ou un décor ? Il est trop tôt pour le préciser. Récemment, cette artiste a conçu ses expositions comme les résidus d’une performance initiale. Dispositif hybride, où les éléments changent de statut : le décor devient le paysage de l’installation, les accessoires de la performance sont re-gardés comme des objets d’art. Nous lui avons proposé d’investir le Centre culturel Bellegarde et de chercher à faire coïncider le temps de la performance et celui de l’exposition. C’est le rôle d’un festival de participer au travail en cours des artistes, et de les accompagner dans cette glorieuse incertitude.

Lili Reynaud-Dewar — Née en 1975, vit à Bordeaux. Figure active de la scène artistique issue des Beaux-Arts de Nantes au milieu des années 90, critique d’art en même temps que plasticienne, Lili Reynaud-Dewar met en place des dispositifs hybrides, situés au croisement de l’installa-tion et du décor, de la performance et de la sculpture, où elle retraite une quantité de sources émanant de cultures alternatives « black, rasta, punk, queer, gay, féministe ».

— Lili Reynaud-Dewar

Sans titre — L’affiche énigmatique d’un format hybride : le spectacle d’une exposition.

Centre culturel Bellegarde

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Uwweuhh, 2007— Une œuvre au noir.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?C’est une notion à la fois fatale et dynamique : là où je vais, je suis déjà, j’y vais cependant dans un souci de vérification et avec l’espoir de pouvoir, dès aujourd’hui, contribuer à la nature de ce que j’y trouverai. C’est une parabole de l’action artistique.

Quelle proposition artistique préparez-vous?Un accrochage de tableaux très récents conçus comme un ensemble d’images allant du gris au noir et se correspondant dans des rapports de tension. Une attention toute particulière sera prêtée à la gestion du lieu qu’il s’agira de transformer en espace mental.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? L’art, justement, permet de ne rien accomplir. Il est simplement le lieu qui permet de mettre à distance ou de se mettre à distance d’une certaine organisation sociale trop exiguë sur le plan de l’émancipa-tion psychologique et spirituelle.

Renaud Regnery — Né en 1976, vit à Berlin. Le mode opératoire mis en place par Renaud Regnery pour la production de ses peintures relève d’un protocole précis. Il applique des nappes de formes noires qu’il efface pour en appliquer d’autres et ainsi de suite. Cette accumulation de matière noire apparaît comme un magma froid, univers tellurien hanté par un saturne dévorateur d’images. (Cédric Aurelle)

— Renaud Regnery

Galerie GHP

Untitled, 2007 — Des toiles où l’artiste collecte des rythmes, des souvenirs, des impressions.

Rond-point à Carrière-sur-Seine, 2008 — Un ensemble de paysages urbains.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ?Il est encore trop tôt pour le dire. Pour l’instant, je fais essentiel-lement de la peinture. Mais je n’exclus pas la possibilité d’investir un autre médium, d’aller vers l’installation, la sculpture, vers des constructions en volume. Je ne tiens pas à m’enfermer dans une pratique en particulier. Je me sens d’ailleurs beaucoup plus proche d’artistes qui ne sont pas des peintres.

Samuel Richardot — Né en 1982 à Aurillac, vit à Paris. « Les tableaux de Samuel Richardot traitent du commencement de la peinture. Qu’y a-t-il au commencement ? Le déjà-là, le monde, ici la nature – sensations et sentiments –, l’histoire (de la peinture) aussi, ineffaçable, et la forme-tableau, toile tendue sur châssis. Donc, le réel et son double, son écran (jamais vide). La peinture de S. Richardot commence devant le double paysage de la nature et de la peinture, avec les sensations (colorées, olfactives, sonores) mais également avec la mémoire, l’imaginaire (celui du rêve, en l’occurrence inattendue), et avec la blancheur assumée de la toile. Ce qui saisit devant ces tableaux, c’est leur aisance, la clarté de leur polyphonie. (…) Dans leur exacte ambivalence, les tableaux de Samuel Richardot sont tout empreints d’une fraîcheur d’aube. » (Christian Bernard, mars 2007)

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Le paradoxe indique combien notre présent n’existe que par pro-jection vers l’avenir, il le construit en s’activant. Là où je vais , je ne suis pas encore, mais je m’y projette comme fait accompli. Ainsi procède l’artiste : quand il brûle ses vaisseaux, c’est qu’il est vraiment projeté vers là où il va.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ? Je compte présenter un ensemble de peintures sur toile de grand for-mat (187 x 250 cm). J’y peins des aménagements urbains ou périur-bains, qui tiennent la frontière entre le fonctionnel et le factice, des lieux et des choses souvent que l’on n’a pas l’habitude de regarder.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? Ce que l’art m’apporte, ce sont des découvertes profondes et parfois bouleversantes, une patience infinie, et de temps en temps j’espère, l’exigence de l’audace.

Michel Perot — Né en 1981 à Paris, où il vit. « Au long de mon appren-tissage aux Beaux-Arts, je me suis intéressé aux paysages de la banlieue parisienne, puis aux paysages urbains en général. Ils sont dans le tableau en dehors de leur quotidienneté, dans un espace temporel ouvert et une lumière particulière qui les restaurent aux yeux du regardeur qui les sait pourtant déjà condamnés à une disparition ou une dépréciation prochai-nes. » (Michel Perot)

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Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?« L’état transitoire d’un chantier commencé et terminé dans un même geste économique et, dès lors, pas du tout destiné à être occupé ou rempli d’une manière quelconque. » (Emmanuel Latreille, in Andrié, l’Africain).

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ? Exciter, tourner autour du pot.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? Un sentiment plastique problématique, impossible à nommer avec certitude.

Luc Andrié — Né en 1954 à Pretoria (Afrique du Sud), vit à Lausanne. « La peinture de Luc Andrié est mal léchée. Ses tableaux paraissent vite peints et assez soucieux de se montrer agaçants. Ils ont souvent quelque chose de vide, de saugrenu et d’ingrat. C’est dans la complexité retorse du désagrément qu’elle suscite que se révèlent sa singulière lucidité, son sens cruel du réel, sa très salubre entreprise de déception. Rien de specta-culaire ici. » (Christian Bernard)

D’autres œuvres de Luc Andrié seront présentées dans l’exposition conçue par Denis Savary à l’Espace Croix-Baragnon, p. 34.

Parallèlement la galerie Exprmntl présentera des dessins d’Elisabeth Llach.

— Luc Andrié

2008 (3) — Une série d’autoportraits grotesques.

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Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ? Dans notre société actuelle, on doit toujours se projeter, aller de l’avant, regarder vers le futur, et mentalement on y est déjà. On n’a plus conscience du présent. Mais là où est l’esprit, tout est. Par rap-port à mes photos, un autre sens se dégage : peu importe où on va, à la fin on finit tous pareils.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? La photographie, plutôt, car je ne m’exprime pas par d’autres moyens, me permet d’aller voir ce que j’aimerais savoir.

Maud Fässler — Née en 1980 à Zurich, où elle vit et travaille. Sortie en 2006 de l’Ecal, la fertile école d’art de Lausanne, cette jeune photographe suisse se signale par la dureté et la force des sujets qu’elle choisit d’af-fronter à froid et sans pathétique : autopsies de cadavre, dissections, sexes excisés de femmes africaines.

— Maud Fässler

Bouteilles, 2005 — Une série photographique d’embouteillages ratés.

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Skulptural, 1986 — Une exposition d’une photographe es-sentielle, confiée à l’artiste Éric Hattan.

Invité à exposer au Printemps de septembre, l’artiste Éric Hattan se voit aussi confier le commissariat d’exposition du travail photographique d’Hannah Villiger, née en 1951 à Cham (Suisse) et décédée en 1997.

Comment l’avez-vous rencontrée ?Éric Hattan : J’ai d’abord connu son travail, elle était plus âgée que moi, déjà réputée. Puis on s’est rencontrés à Bâle au début des an-nées 80. Mais le contact beaucoup plus proche date de 1985-1986, quand on était en même temps résidents à la Cité des Arts à Paris. On était voisins d’atelier, et c’est là que le discours sur le travail a commencé entre nous deux. Je n’étais pas un ami intime d’Hannah. On s’est vus moins régulièrement ensuite, je suis revenu à Bâle et elle s’est installée à Paris.

Comment en êtes-vous arrivé, après sa mort, à prendre en charge son travail artistique ?Éric Hattan : J’ai toujours exposé d’autres artistes, notamment quand j’ai fondé à Bâle l’espace FilialeBasel, et c’est presque une partie intégrante de mon travail. Je ne suis pas légataire d’Hannah Villiger, tous ses travaux appartiennent à son fils, âgé de 15 ans, et à son mari qui connaît bien son œuvre mais qui n’a aucun rapport avec la scène artistique. Sa famille m’a demandé si je voulais bien m’en occuper. Tout simplement parce qu’on a géré un dépôt en-semble à Bâle, et que j’en avais la clé !

En quoi son travail vous semble-t-il important ?Éric Hattan : C’était une personnalité très forte, très stricte, et une grande artiste dont j’adore vraiment le travail. Elle était d’abord sculpteur, et elle utilisait son corps de manière « Skulptural », le titre de sa première grande exposition personnelle à la Kunsthalle de Bâle en 1985. A partir de 1983, elle se photographie elle-même, et la distance la plus longue c’est son bras. Les Polaroïds lui permet-taient de contrôler le résultat presque instantanément, et d’ajuster sa pose. Ensuite elle les rephotographie, et les agrandit, puis les expose individuellement, ou les arrange dans des compositions complexes intitulées Block. Elle a aussi commencé à changer le sens de l’image : elle tourne ainsi autour de son corps, comme autour de la sculpture.

— Hannah Villiger

Lieu à définir

Neufcercles — Une odyssée inlassable des zones portuaires.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Il me plaît d’imaginer que, cela dit, les objets soient toujours à leur place…

En quoi consiste votre projet ou votre proposition artistique ?En une répétition… ou, autrement dit : au mur, quelques tableaux remplis de quelques formules, sortis d’une série, qui aujourd’hui est constituée de 653 numéros.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?L’art, comme la science des mirages, me permet d’aller vérifier en effet que les quelques objets qui apparaissent et qui m’occupent, sont à leur place…

Yvan Salomone — Né en 1957 à Saint-Malo, où il vit. « Peinture à l’eau » : la pratique assidue de l’aquarelle, au rythme d’une par semaine, aboutit à faire de l’œuvre d’Yvan Salomone une longue chronique, en même temps qu’une odyssée inlassable des zones portuaires. Docks délaissés, privés de présence humaine, entre ruine et chantier, sont ainsi continûment hantés par sa vision liquide, lieux à la fois d’errance et de déshérence d’une modernité en cale sèche.

— Yvan Salomone

Centre d’art Le Lait / Castres « Hôtel des spectres familiers »

Désireux d’élargir la cartographie du Printemps de septembre, Christian Bernard a conçu au centre d’art Le Lait à Castres, laboratoire artistique international du Tarn, l’exposition « Hôtel des spectres familiers ».

Quelle est l’idée de cette exposition ?Christian Bernard : C’est un petit centre d’art installé dans un vieil hôtel particulier, mais qui, derrière le voile de la poussière du temps, n’a rien perdu de son charme (ni le jardin de son éclat). On y a le sentiment d’un décalage horaire. « Hôtel des spectres familiers » tente d’introduire le fantôme d’un passé improbable par le choix des œuvres et le biais du dispositif d’exposition. Des couleurs choisies par John M. Armleder pour les Abattoirs de Toulouse seront aussi utili-sées ici, mais pour favoriser le sentiment de troublante quiétude d’un intérieur récemment abandonné.

Qu’y montrerez-vous ?Christian Bernard : Des travaux sur papier, qui sont comme des bulles d’imaginaires qui viendraient exploser à la surface du mur. Par exemple les iris de Patrick Neu rappellent les peintures de fleurs qu’on trouve dans toutes les maisons. Même idée avec les vues de chalets d’Amy O’Neill, qui sont comme ces souvenirs de vacances à la montagne qu’on peut voir dans les intérieurs de la middle-class américaine. Ou encore les aquarelles atypiques d’Yvan Salomone qui soudain focalisent sur des trophées insolites. Sans parler des petites filles ou des adolescentes malsaines qu’épingle le pinceau cruel d’Éli-sabeth Llach. Ou des dessins littéralement hantés d’Alain Huck…

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Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ? Aller encore, je me dis. Être ce que je suis, suivre ce qui sera. Pencher, osciller entre la verticale et l’horizontale, le pas et la pause. Dans un songe, un journal lumineux clignote « ce que vous êtes, nous l’étions, ce que nous sommes, vous le serez ».

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? Je pense parfois retrouver des instants perdus qui me rendent la réalité plus supportable et que des échos leur en parviennent.

Alain Huck — Né en 1957 à Vevey (Suisse), vit à Lausanne. Même s’il s’associe parfois à d’autres médiums (vidéo, installation ou projection d’images numérisées), Alain Huck n’en demeure pas moins un adepte d’abord et avant tout du dessin, au croisement délibéré du figuratif et de l’abstraction. C’est chez lui une pratique régulière, donnant lieu notam-ment à la suite Vite soyons heureux il le faut je le veux, initiée dès 1993, mais qu’il peut tout aussi bien pousser jusqu’au format monumental. Les éditions JRP/Ringier lui ont consacré en 2006 une importante monographie.

D’autres œuvres de Alain Huck seront présentées à la galerie Sollertis, p. 25.

Patrick Neu — Né en 1963 à Bitche (France), vit à Enchenberg. Il y a d’abord chez Patrick Neu une grande virtuosité technique, dans ses dessins d’iris évidemment, mais encore plus dès qu’il touche au cristal : reproductions minutieuses de chefs-d’œuvres de la peinture ancienne au fond d’un verre, armures en cristal… Mais par-delà son geste technique, se joue une poétique du matériau, une capacité imaginaire, et l’explora-tion sensible des relations étroites entre le minéral et l’organique.

— Alain Huck— Patrick Neu

Le salon II, 2007 — Dessins au fusain de grand format.

Moulage en aluminium de patte de moineau — Portrait inso-lite réalisé avec une extraordinaire minutie.

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Série : Ne t’inquiète pas, 2007 — un ensemble de petites peintures sur papier.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Oui, certes. Est-ce une question pessimiste ou sage ? Mais ce que je sais, c’est que « là où je suis, je vais déjà ».

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ? Je travaille des séries en peinture et en dessin. Je peux ainsi travailler sur ce qui manque ou qui est incomplet dans l’image unique. Les titres génériques de mes séries traduisent ce désir de tendre, telle une collectionneuse, vers des ensembles qui s’éclairent, se préci-sent : « Femmes couchées », « Au pays des merveilles », « Fantasmes », « Hystéries », « Un Abus agréable »… Pour le Printemps de septem-bre, je présenterai une partie de ma collection « Ne t’inquiète pas ». C’est un ensemble de petites peintures sur papier.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?J’aime poser mon regard sur les diverses facettes de ce monde : joie, dérive, déviance, attachement, cruauté, effort, légèreté, futilité, etc. Je théâtralise, j’exagère les traits, je décolle les éléments du réel pour en extraire plus de vérité. L’ensemble des sentiments et leurs contra-dictions qui définissent notre monde contemporain m’intéresse. Ce qui est complexe, c’est de ne pas pouvoir contourner ni l’histoire de l’art en général, ni l’histoire de la peinture en particulier tout en voulant déposer quelque chose dans la continuité de cette histoire, quelque chose de notre temps, de notre monde contemporain. La peinture et le dessin m’offrent une manière de rechercher de la précision.

Elisabeth Llach — Née en 1970 à Neuchâtel (Suisse), vit à Les Clées. On sait depuis Lewis Carroll combien la perversité trouve une place « au pays des merveilles », titre d’une série de dessins d’Elisabeth Llach. Et, en effet, c’est essentiellement par le biais du dessin que cette artiste suisse, sortie en 1995 de l’Ecal, l’école d’art de Lausanne, élabore un univers de personnages, notamment féminins, « travaillés » jusque dans leurs formes apparentes par leurs fantasmes, leurs désirs, leurs déviances.

Elisabeth Llach est aussi présentée à la galerie Exprmntl, p. 37.

— Elisabeth Llach

Vous avez choisi de montrer les dessins de chalets d’Amy O’Neill…Christian Bernard : Quand elle est arrivée en Europe (et en Suisse), une des premières choses qu’a faites Amy O’Neill, c’était de dessiner des chalets. Voilà une artiste qui n’a pas peur d’affronter le mythème hyper-kitsch de la Suisse, et qui pose un regard subtil sur les formes aberrantes ou les hypertrophies de la culture popu-laire. Mais le chalet est aussi pour elle un objet : la force du chalet, c’est son unité, une structure tout en bois, une espèce de sculpture, comme les coucous suisses. Amy O’Neill le saisit comme cela, et dans une esthétique imprégnée d’expressionnisme, qui fait corps avec la montagne. Ce ne sont pas des chalets paisibles, ils apparais-sent plutôt comme le théâtre d’une catastrophe, d’un drame. Il y a donc chez elle une double opération du regard : d’un côté elle arra-che le chalet à l’iconographie débilitante, elle regarde le vernaculaire comme une sculpture, et d’autre part elle le montre dans toute sa charge fictionnelle.

Amy O’Neill — Née en 1971 à Beaver en Pennsylvanie, vit à New York. Les concours de beauté des miss américaines, les défilés de chars fleuris, les chalets suisses et la botte du Père Noël : Amy O’Neill puise dans la culture vernaculaire, dans le folklore kitsch, forestier ou western de l’Amérique ou de la Suisse, des motifs qu’elle charge d’une force surnaturelle et fantasmatique : « L’objet rustique s’imprègne ainsi d’un style étrangement mythique, comme si Méduse et Persée combattaient d’égal à égal. »

Chalet Oldenhorn, 2005 — Des vues de chalets suisses au fusain.

— Amy O’Neill

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— Espaces publics Plutôt que d’afficher la vaine ambition de se « saisir » de la ville, le Printemps de septembre organise à l’extérieur une série d’événe-ments plastiques qui font signe dans l’espace ouvert de Toulouse, qui parlent à son imaginaire comme à sa réalité présente : une foule de bannières, la visite artistique d’un terrain vague, et une soucoupe volante au futurisme d’un autre âge.

Vitteaux, 2007 — Atterrissage délicat dans l’espace public : une soucoupe volante de 5 mètres de diamètre.

Ouvrir une friche, 2000, Brussels — La visite publique et guidée d’un terrain vague au cœur de Toulouse.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Le problème de l’artiste n’est-il pas d’avoir toujours une longueur d’avance ?

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ? Venir à Toulouse en soucoupe volante.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? Par exemple, passer le réveillon avec un chaman au fond de la Sibérie.

Sylvie Fleury — Née en 1961, vit à Genève. Célèbre pour ses œuvres directement extraites de l’univers de la mode et du luxe, pour son traitement glamour et lipstick du pop art, Sylvie Fleury joue avec les codes et met en exergue la customisation généralisée de soi dans notre société contemporaine. À l’image de son message le plus manifeste, Yes to all, titre d’une de ses expositions à la galerie Ropac : « oui à tout », à la fourrure comme aux traces de pneu, à la chromothérapie comme à la science-fiction.

Que préparez-vous pour le Printemps de septembre ?À Toulouse, mon plan est de trouver des terrains vides au centre de la ville, friches industrielles ou sites en démolition. Je vais choisir le plus intéressant, puis je vais essayer d’avoir un permis, une auto-risation pour l’ouvrir au public pendant un maximum de temps : un jour, un week-end ou un mois… Ainsi, ce terrain secret et interdit deviendrait un espace public, où chacun pourra faire sa propre ex-périence d’un site qui n’est évidemment pas médiatisé par les guides de la région ou de la ville.

Lara Almarcegui — Née en 1972 à Saragosse (Espagne), vit à Rotterdam. Délaissant la production d’objets artistiques, entretenant une filiation forte avec le land art, le travail très souvent in situ de Lara Almarcegui investit principalement l’espace de la ville : terrains vagues, jardins ouvriers, chantiers, friches. Ce sont ces espaces pris entre la démolition et la construction, entre la ruine et le chantier, qu’elle désigne, cultive, documente, qu’elle expose pour ainsi dire à la vue du public.

— Sylvie Fleury — Lara Almarcegui

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B3, 2005 — Des bannières au motif en damier dispersées dans la ville.

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?Qu’il m’arrive souvent de me perdre dans une ville, car je me dépla-ce sans plan et en n’ayant qu’une idée approximative du lieu où je dois me rendre. Parfois, en demandant mon chemin, on m’informe que c’est juste là. Mais je dois dire que c’est assez rare.

Un mot sur votre projet ou proposition artistique ?Cette idée remonte à 2005, et n’a encore jamais été réalisée. Il s’agit d’oriflammes de grandes dimensions qui seront dispersés dans la ville. Le motif reprend le damier du drapeau de fin de course, l’idée étant de déterminer un parcours et des étapes dans un quartier. L’implantation des oriflammes dans la Ville de Toulouse sera peut-être différente, pour l’heure, ce n’est pas encore défini.

Stéphane Dafflon — Né en 1972 à Neyruz (Suisse), vit à Lausanne. Au mur, sur toile, ou en volume, la peinture abstraite de Stéphane Dafflon se dégage du modernisme en empruntant ses motifs à la stylistique contemporaine : culture populaire, design industriel, graphisme ambiant. Une œuvre très raisonnée (à l’image des titres classificatoires et sériels qu’il donne à ses variations picturales), mais également atmosphéri-que, brouillant les repères visuels ordinaires par une subtile stratégie de déplacement.

— Stéphane Dafflon

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Que sont Les Soirées Nomades ? Isabelle Gaudefroy : Elles existent depuis 1994 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, où elles proposent chaque se-maine des événements liés aux arts de la scène dans le cadre des expositions. Ce cadre atypique, dans lequel les univers artisti-ques se confrontent, fait la spécificité des soirées et permet des « regards croisés » sur différentes formes de création contempo-raine. Depuis la création du Printemps de septembre à Toulouse en 2001, les Soirées Nomades proposent, au cours des deux premiers week-ends, une sorte de « fenêtre » sur les recherches formelles dans les domaines de la danse, de la performance ou des musiques actuelles.

Quelle est la spécificité de la programmation toulousaine par rapport aux Soirées Nomades de la Fondation Cartier ? Isabelle Gaudefroy : On est là plus proches d'un festival où l'on peut découvrir différentes propositions, aux formats et aux contenus variés, mais faisant sens les unes par rapport aux autres. Cette mobilité, alliée à la gratuité, permet de toucher des publics extrêmement diversifiés. Elles sont également l’occasion de très proches collaborations avec des institutions toulousai-nes, en termes de programmation comme de production. C’est notamment le cas avec le CDC Toulouse Midi-Pyrénées, avec lequel qui nous travaillons depuis les débuts du festival.

Quel lien entre Les Soirées Nomades et les expositions ? Isabelle Gaudefroy : Au cours des Nocturnes, les spectateurs peuvent librement passer des expositions aux Soirées Nomades. J’essaie de créer une cohérence entre elles, mais aussi de faire en sorte qu’elles fassent écho, même de loin, au propos des expositions. Dans le cas présent, la référence au réel se retrouve dans plusieurs propositions : dans la pièce de Gisèle Vienne, Jerk, ou bien dans le film de Bettina Atala. Christian Bernard répond à une carte blanche et invite Rodolphe Burger et The Red Krayola, deux projets dont je me sens très proche. Enfin, il y a des convergences entre les recherches de certains artistes de l’exposition, comme Vincent Lamouroux, avec des artistes que j’ai invités. Nous essaierons d'en tirer parti pour des collabora-tions impromptues.

9 lyriques pour actrice et caisse claire— spectaclede Joris Lacoste et Stéphanie BéghainVoix : Stéphanie BéghainCaisse claire : Nicolas FenouillatTexte : Joris Lacoste (à partir de chansons de/par Diana Ross, Björk, David Bowie, Elton John, Marvin Gaye, Michael Jackson, James Brown, Bob Marley, New Order)

Vrai-faux concert pour plateau de théâtre, 9 lyriques met en scène une succession de « chansons parlées » composées à partir de tu-bes chantés par Diana Ross, David Bowie ou encore Bob Marley. Malgré les apparences, il ne s’agit pas ici de faire de la musique mais des exercices de translation : à la fois traductions, déplace-ments, déportements, dérives, entre des langues, des genres, des disciplines, des techniques, des codes et des contextes.

Soirée Hommes orchestres — parcours musicalProgramme réalisé en collaboration avec Les Siestes électroniques

À la fois entertainers virtuoses et phénomènes de foire, les hom-mes orchestre ont longtemps fasciné le public avant de tomber dans l’oubli. S’appuyant sur les technologies modernes, de nom-breux musiciens ont repris depuis quelques années le flambeau de cette tradition et ont choisi de se produire sur scène en solo. Chacun de ces « one-man-band » a son univers musical propre : l’allumé qui pianote sur son laptop et compense par son jeu de scène le côté peu spectaculaire de sa performance musicale ; le multi-instrumentiste qui boucle avec des pédales de guitare les sons de ses instruments, donnant l’impression qu’une quinzaine de musiciens se cachent en coulisse ; l’inventeur qui bricole son propre instrument à partir d’objets vintage et de vieux pick-ups… Ce parcours musical propose d’en découvrir quelques-uns parmi les plus inventifs, sans souci d’homogénéité : on pourra ainsi en-tendre du blues, de la pop, de l’électro ou même du rock « garage ».

Jerk— solo pour un marionnettisteConception et mise en scène : Gisèle VienneCréé en collaboration avec, et interprété par : Jonathan CapdevielleDramaturgie et adaptation : Dennis CooperEn co-réalisation avec le Centre de Développement Chorégraphique Toulouse Midi-Pyrénées

Au milieu des années 70, le tueur en série Dean Corll tua une vingtaine de jeunes garçons avec l’aide de deux complices ado-lescents. Jerk, pièce aux accents batailliens de l’écrivain américain Dennis Cooper, raconte cette épopée sanglante à travers la voix de l’un d’entre eux. En confiant ce texte à l’acteur et marionnet-tiste Jonathan Capdevielle, Gisèle Vienne poursuit son travail sur le rapport entre fiction et réalité. La forme parfaitement maîtrisée du spectacle, la finesse des marionnettes et la narration presque plaintive du personnage principal déréalisent la violence du texte et plongent le spectateur dans un malaise diffus.

Vert Pâle— concert-lecturede Marcelline Delbecq et Benoît DelbecqMarcelline Delbecq : textes, installation, lecture, chantBenoît Delbecq : piano, piano préparé, électronique, samplers, voix

Installation live sonore et visuelle réalisée en duo et qui met en jeu littérature, musique, manipulation en direct du son et cinéma muet, Vert Pâle rend hommage à l’actrice russe Alla Nazimova. Icône charismatique de l’âge d’or du muet hollywoodien, elle est aujourd’hui tombée dans l’oubli, tout comme la couleur de ses yeux, vert pâle, que le noir et blanc ne peut restituer.Sur un écran placé derrière les performeurs, des éléments de tex-tes se succèdent tels les sous-titres d’un film invisible ainsi que l’image fascinante de Nazimova dans un court extrait de Camille (1921) de Ray C. Smallwood. C’est donc autour d’une scéno-graphie minimale que Marcelline Delbecq et Benoît Delbecq déroulent un récit morcelé fait de voix, notes et sons dont les déclinaisons infinies se répondent en écho.

— Parcours Nocturne — Les Soirées Nomades

Lors des deux premiers week-ends du festival, jusqu'à 1h30 du matin, un parcours lumière est spécifiquement conçu pour guider les visiteurs d'un lieu d'exposition à l'autre. Le long des quais, sur les ponts, les places, dans les rues, cet éclairage parfois spectaculaire modifie l'espace urbain en un paysage insolite confinant à l'étrange. Cette année, des projets d'éclairage créés en collaboration avec les artistes mettront en exergue les œuvres présentées dans l'espace public.

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Saison 1, épisode 2— filmde Bettina Atala

Où est placé le caméraman ? A quel moment le plan va-t-il chan-ger ? Cette scène a-t-elle été tournée dans l’ordre chronologique ? Combien de prises ont été nécessaires avant d’obtenir la bonne ? Telles sont les questions posés par les personnages du film, et qui servent de matière principale aux dialogues. Présents pen-dant la projection, la réalisatrice et quelques acteurs racontent des anecdotes de tournage, reviennent en arrière pour mettre en évidence tel ou tel détail caché, et, le cas échéant, passent en accéléré les séquences ennuyeuses. Dans ce « film-spectacle », Bettina Atala met en lumière avec humour les mécanismes et conventions de l’écriture cinématographique. Avec un regard faussement naïf, elle nous perd dans la logique du montage, énu-mère des évidences qui nous avaient toujours échappé, et nous réserve des apparitions surprises.

Carte blanche à Christian Bernard

The Red Krayola — concert

Fondé par Mayo Thomson à Houston en 1966, The Red Krayola est l’un de ces groupes méconnus du grand public dont l’influence sur la scène musicale américaine a été décisive. Dès son premier album, The Parable of Arable Land (1967) le groupe inaugure ses trois mots d’ordre : « Expérimenter, ne pas répéter, ne pas reproduire ». The Red Krayola donne à entendre une musique fragmentée, expressive, bruyante, et ne s’embarrasse pas de contraintes techniques : instrumentistes limités, voix à la lisière du faux, enregistrements à petits budgets. Parmi les nombreuses collaborations du groupe, figure, dès les années 70, le fleuron de l’avant-garde artistique. The Red Krayola a ainsi produit entre 1979 et 2007 quatre albums avec le collectif d’ar-tistes conceptuels Art&Language, dont le dernier, Sighs Trapped by Liars, aux tonalités plus pop, est notamment accompagné de Jim O’Rourke et du leader de Tortoise, John Mc Entire.

Rodolphe Burger — concert

Artiste singulier, le guitariste et chanteur Rodolphe Burger, ex-leader de Kat Onoma, est une figure essentielle de la scène rock française. Compositeur prolifique, compagnon de route de Bashung ou de Françoise Hardy, il fait preuve d’une curiosité musicale sans limite et multiplie les collaborations, de Doctor L. à James Blood Ulmer ou Rachid Taha, en passant par les écrivains Olivier Cadiot et Pierre Alferi. Très différents les uns des autres, ses trois albums solo (Cheval-Mouvement, 1993, Meteor Show, 1999 et No Sport, 2008) reflètent cette ouverture d’esprit et cette capacité de renouvellement exceptionnelles. No Sport, volontaire-ment minimaliste et sans artifice, se veut un retour aux sources, un rock poétique aux accents du blues du sud des États-Unis.

Programmation sous réserve, disponible dans sa version définitive à partir du 23 juin sur : www.printempsdeseptembre.com.

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Jerk, Gisèle Vienne et Jonathan Capdevielle

Vert Pâle, Benoît Delbecq et Marcelline Delbecq

Saison 1, épisode 2, Bettina Atala

— L’équipe

Organisation générale

Présidente de l’association du Printemps de septembreDirectrice du festivalMarie-Thérèse Perrin

Chargé de mission Régis Durand

Directeur artistiqueChristian Bernard associé à Catherine Pavlovic(sous l’enseigne du Mamco, Genève)

Commissaire associéJean-Max Colard

Déléguée généraleFrédérique Mehdi

Régisseur généralBlandine Orfino

Chargés de productionMarie-Frédérique HallinThierry Leviez

Chargée de communication,Attachée de presse en régionJohanna Tilche

Régie des transportsCorinne Bocquet

Direction recherche en mécénat d’entreprise (depuis 2008)Pascale Cayla / L’art en direct

Presse nationale et internationale

Claudine Colin & Valentine DollaClaudine Colin Communication

Les Soirées Nomades de la Fondation Cartier pour l’art contemporain

ProgrammationIsabelle Gaudefroy

Chargée de productionAnne-Laure Belloc

Parcours nocturne

ConceptionJean Lelièvre

Réalisation et coordinationgénérale des projets en extérieurPascal Lelièvre / Abax

Actions pour les publics

Responsables de la pédagogieFrançois Saint-Pierre & Dominique Blanc

Signalétique

ConcepteursMichael Huard & Lef Kazouka

Quelles actions pour mettre les expositions du Printemps de Septembre à la portée du plus grand nombre ? Passage en revue.

GratuitéDes expositions, des Soirées Nomades : la gratuité contribue pour une grande part à l'accessibilité de tous à des propositions souvent pointues.

Médiation culturelle Mises en place dès 2001, les actions de médiation culturelle se développent et attirent chaque année davantage de visiteurs (près de 7000 personnes en 2007). Menées en étroite collabora-tion avec le Centre de photographie de Lectoure, elles prennent différentes formes: présence renforcée de médiateurs formés à l'accueil du public en vue de l'informer sur les œuvres exposées; organisation de parcours commentés ouverts à tous ; ateliers de photographie numérique pour les enfants, etc.

ÉducationEn liaison avec le Ministère de l’Éducation nationale, publi-cations et formations sont proposées aux enseignants pour les accompagner dans l'encadrement de leurs classes avant les visites des expositions. Cette action devrait s’étendre en 2008 à d'autres professeurs que les enseignants en arts plastiques. Au-delà du temps de la manifestation, près de trente artistes sont intervenus auprès d'élèves d'une soixantaine de collèges, lycées et établisse-ments supérieurs de l'Académie de Toulouse. Poursuivant une action mise en place en 2007, l'équipe du festival proposera à nouveau des temps de formation aux animateurs des centres culturels et de loisirs de Toulouse, ainsi que des visites guidées à destination des publics de ces centres.

RencontresSur une idée de la Médiathèque José Cabanis, le Printemps de septembre participe à une série de conférences d'initiation à l'art contemporain, qui s'appuieront sur les expositions présen-tées lors de l'édition 2008. Ce sera notamment l'occasion d'une rencontre ouverte avec le directeur artistique Christian Bernard. Sont également organisés des rendez-vous réguliers avec des ar-tistes ou d'autres acteurs du festival au Pavillon de la médiation, ou à la Librairie Ombres Blanches.

Résidences d’artistesLe festival a initié plusieurs résidences d'artistes au cours des dernières éditions. Il est en projet, pour 2008, que le Centre culturel Alban Minville accueille en résidence les artistes Delphine Reist et Laurent Faulon.

AmisEnfin, le Printemps de septembre est heureux d'annoncer la création de l'association "Les amis du Printemps de septembre", qui proposera à ses adhérents un accès privilégié aux exposi-tions et spectacles de la manifestation, et organisera tout au long de l'année, des visites de musées, des voyages culturels et des conférences.

— Les publics

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— Infos pratiques — Lieux

Presse nationale et internationale Claudine Colin CommunicationValentine Dollat +33 (0)1 42 72 60 [email protected]

Presse régionale Johanna Tilchet +33 (0)5 61 14 23 [email protected]

Pour télécharger les images pour la presse :www.printempsdeseptembre.com, rubrique : pressePour obtenir les login et mots de passe, contacter Valentine Dolla pour la presse nationale et internationale et Johanna Tilche pour la presse régionale.

Point Presse et ProfessionnelsÉcole supérieure des Beaux-arts de Toulouse, 5, quai de la DauradeUn numéro de téléphone spécifique sera mis en place au moment du festival

Bureaux du Printemps de septembre – à Toulouse:

5, rue de Charonne 75 011 Parist +33 (0)1 43 38 00 11f +33 (0)1 43 38 00 66

18, rue Saint-Rémésy 31 000 Toulouset +33 (0)5 61 14 23 51f +33 (0)5 61 14 26 59

Le Printemps de septembre se tiendra du 26 septembre au 19 octobre 2008.

VernissageVendredi 26 septembre à partir de18h

NocturnesVendredi 26 septembre de 18h à 1h30, Samedi 27 septembre, vendredi 3 et samedi 4 octobre de 11h à 1h30

Horaires d’ouverture du festival(hors vernissage et nocturnes)Du lundi au vendredi de 12h à 19hSamedis et dimanches de 11h à 19h

Point Info / Billetterie des Soirées NomadesFondation Espace Écureuil, 3, place du CapitoleUn numéro de téléphone spécifique sera mis en place au moment du festival

Pavillon de la médiation Lieu à déterminerUn numéro de téléphone spécifique sera mis en place au moment du festival

Le site Internet Le site Internet du festival est mis en ligne le 23 juin : www.printempsdeseptembre.comRetrouvez le blog du festival sur : www.myspace.com/printempsdeseptembreL’inscription aux newsletters permet de connaître l’actualité du festival.

Lieu Commun23/25, rue d’Armagnacwww.lieu-commun.fr

« Libertalia » David CosteJean DenantLaurent MulotYannick Papailhau

Sur une proposition des ateliers des Arques :

« Grand Chaos et Tiroirs »ÅbäkeBoris AchourAlexandre DimosAurélien FromentJean-Luc MoulèneBenoît-Marie MoriceauJean-Luc MoulèneRaphaël Zarka

Maison éclusière5, allée de Briennewww.toulouse.fr

Alex HanimannClaude Lévêque

Théâtre Garonne, Atelier 2 (face au Théâtre)1, avenue du Château d’Eauwww.theatregaronne.com

Mark LewisDaniel Buren

Dans l’espace public :

Sylvie FleuryStéphane Dafflon

En région :

Centre d’art Le Lait35, Rue de la Chambre de l’Edit81 100 Castreswww.centredartlelait.com

Alain HuckElizabeth LlachPatrick NeuAmy O’NeillYvan SalomoneDenis Savary

Les Soirées Nomades de la Fondation Cartier :

Centre de développement chorégraphique Toulouse Midi-Pyrénées5, avenue Etienne-Billièreswww.cdctoulouse.com

Saint-Pierre-des-CuisinesAuditoriumPlace Saint-Pierrewww.toulouse.fr

Jardin Raymond-VI74, allées Charles-de-Fitte

Cours de l’école des Beaux-Arts5, quai de la Dauradewww.esba-toulouse.org

Le BBB96, rue Michel-Angewww.lebbb.org

Michel PerotSamuel Richardot

Musée les Abattoirs76, allées Charles-de-Fittewww.lesabattoirs.org

John M. ArmlederAlain BublexPhilippe Decrauzat Fabrice Gygi Vincent Lamouroux

Château d’Eau1, place Lagannewww.galeriechateaudeau.org

Botto e BrunoMaud Fässler

Centre culturel Bellegarde17, rue Bellegardewww.bellegarde.toulouse.fr

Lili Reynaud-Dewar

École des Beaux-Arts5, quai de la Dauradewww.esba-toulouse.org

Éric Hattan

Espace Croix-Baragnon24, rue Croix-Baragnonwww.toulouse.fr

Bertrand LamarcheDenis Savary

Espace EDF Bazacle11, quai Saint-Pierrefondation.edf.com

Programmation à déterminer

Fondation Espace Écureuil3, place du Capitolewww.caisseepargne-art- contemporain.fr

Sada TangaraBotto e BrunoLaurent Faulon

Galerie Exprmntl18, rue de la Boursewww.exprmntl.fr

Luc AndriéElisabeth Llach

Galerie Jacques Girard20, rue des Blancherswww.galeriegirard.free.fr

Renée Lévi

Galerie Kandler14, rue Bayardwww.galeriekandler.com

Maud Fässler

Galerie Sollertis12, rue des Régans Espace II 47, rue Pharaonwww.sollertis.com

Alain HuckMarion Tampon Lajariette

GHP11, descente de la Halle aux Poissonswww.espaceghp.monespace.net

Renaud Regnery

Hôtel-Dieu2, rue Vigueriewww.chu-toulouse.fr/-hotel-dieu-saint-jacques

Laurent FaulonDelphine Reist

Les JacobinsPlace des Jacobinswww.jacobins.mairie- toulouse.fr

Janet Cardiff

Lieu à déterminer

Hannah Villiger

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Le Printemps de septembre remercie les producteurs d'œuvres suivants :le Centre national des arts plastiques, Parisla Direction régionale des affaires culturelles Midi-Pyrénées, Toulousela Fondation EDF - Diversiterre et l'association Électra, Parisla Maison européenne de la photographie, Parisle Jeu de Paume, Parisle Centre de développement chorégraphique Toulouse Midi-PyrénéesTraphot, Montrouge

Avec l'aide de :l'Académie de Toulouse, des Amis du Jeu de Paume, l'office du tou-risme de Toulouse

Le Printemps de septembre soutiens la candidature de Toulouse 2013.

— Partenaires

Page 27: « Là où je vais, je suis déjà....du Mamco à Genève, il assurera la direction artistique du Printemps de septembre pour les années 2008 et 2009. C’est sans doute à lui que

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Boîtier 42 mm et bracelet en or gris 18 carats rhodié. Mouvement mécanique

à remontage automatique calibre Cartier 049 (21 rubis, 28'800 alternances par heure),

quantième à guichet. Saphir cabochon bleu serti sur la couronne cannelée.

Cadran opalin argenté, guilloché et laqué. Verre saphir inrayable bombé.

Existe aussi en acier et or jaune 18 carats.

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