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Les parcours de la mémoire industrielle du Musée de la Rubanerie cominoise
Olivier Clynckemaillie Conservateur du Musée de la Rubanerie cominoise
Pour en savoir plus (bibliographie non exhaustive) :
. DELMOTTE, P., SENCE, M., Comines (=Mémoire en images, tome I),
Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2005.
. DU CHATEAU A LA GARE (=promenade découverte du patrimoine),
Comines (F), Office de Tourisme, s.d.
. EXERCICE DE STYLES. 1920-1950 (plaquette touristique), Comines (B),
Office de Tourisme de Comines-Warneton, 2010.
. LA GRAND’PLACE (=promenade découverte du patrimoine), Comines (F),
Office de Tourisme, s.d.
. MESSIAEN, L.J., Histoire (…) de Comines, Paris, L’Harmattan, 1995 (3 vol.).
. RAVAU, J., L’industrie du ruban à Comines. Du XVIIIè siècle à nos jours,
Comines, Société d’Histoire, 1979, tome IX, fascicule 1.
. SCHOONHEERE, A., Les ventres bleus des fabriques. Evolution de Comines
au siècle industriel.1800-1914 (=Etudes et documents, tome VIII), Comines,
Société d’Histoire de Comines-Warneton, 1988.
. SCHOONHEERE, A., Comines de siècle en siècle. Une double destinée,
Paris, L’Harmattan, 1998.
. SENCE, M., Comines (=Mémoire en images, tome II), Saint-Cyr-sur-Loire,
Alan Sutton, 2006.
une publication du Musée de la Rubanerie cominoise, en partenariat avec la Ville de Comines-Warneton. Le Musée de la Rubanerie cominoise est une institution reconnue par le Ministère de la Culture de la Communauté Française de Belgique (http://cfwb.be/)
Editeur responsable : Olivier Clynckemaillie, rue des Arts, 3, 7780 Comines-Warneton.
Centre de la Rubanerie cominoise asbl : [email protected] + 32 (0) 56 58 77 68
Textes et photos : © O. Clynckemaillie Ŕ Musée de la Rubanerie cominoise, 2010. Tous droits réservés,
excepté le cliché noir et blanc représentant une navette © Maurice Delplace
et celui d’une caricature de Désiré Ducarin: © photo Michel Sence. Première édition – Décembre 2010. Avec le concours du service impression de la Ville de Comines-Warneton
En traversant le pont, arrêtons-nous un instant pour contempler les rives de la Lys en
direction de Warneton et d’Armentières. Au bout de la perspective, sur le versant français,
se dressent quelques toitures en dent-de-scie (appelées « toitures à sheds », alternant un
versant de tuiles mécaniques et des rampants vitrés exposés au nord) au centre desquelles
se dressent de hautes cheminées de briques. Si nombre d’usines ont été remaniées, voire
détruites à la fin du vingtième siècle, les témoins restant appellent à se souvenir du passé
industriel prospère des deux Comines. Aujourd’hui, neuf rubaneries historiques de
Comines (dont Schoutteten et Froidure, fondée en 1788, et les établissements Ducarin)
sont toujours en activité grâce au maintien du savoir-faire des maîtres tisserands et à la
volonté d’un patronat opiniâtre autant qu’altier. Sur les mêmes berges, en 1719, un
importateur de lin, Philippe Hovyn, créa la première manufacture de rubans. Sans peut-
être le savoir, il instaurait une tradition industrielle qui cristallisait une fois pour toutes
plusieurs siècles de tradition textile à Comines (les premiers tisserands s’y installant vers
1150). Profitant d’une lacune douanière du traité d’Utrecht, instauré en 1713, Hovyn put
inonder le marché français en devant payer un minimum de taxes. Un peu plus d’un siècle
plus tard, la révolution industrielle importée du Royaume-Uni allait faire tourner à plein
régime des milliers de métiers modernes grâce à la force de la vapeur. L’eau, l’air et le
feu, associés à la terre cuite formant les briques des usines, témoignaient de la pertinence
de l’usage des quatre éléments primordiaux dans le développement économique,
historique, social et culturel…
Des vitraux de Comines-France à la presse à rubans belge… plusieurs siècles d’histoire industrielle !
En revenant vers la rue des Arts, un dernier vestige rubanier se dresse au beau milieu du
rond-point de la place du Pont-Neuf (qui tire son nom d’un petit pont franchissant la
Morte-Lys, ancien bras de rivière aujourd’hui voûté) : une presse à rubans. Si elle servit à
égaliser les pièces faites à la main par les plieuses (ou ouvrières chargées du
conditionnement du produit fini), elle joua un rôle tout aussi important dans l’histoire de
la contrebande. En effet, on y pressait des feuilles de tabac avant de les dissimuler sur soi
ou dans les poils de chiens pour passer la frontière, comme le raconte un de nos grands
écrivains dans « La maison dans la dune » : Maxence Van Der Meersch. Mais ce genre
de fait d’armes procède d’une autre forme d’éthique, voire d’esthétique… industrielle ! 11
Autour de « l’esthétique industrielle » en un clin d’œil !
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Industrie et histoire : de fil en aiguilles…
Depuis la nuit des temps, l’homme, au gré de ses expériences et de ses connaissances, n’a
eu de cesse d’interagir avec son environnement en le modifiant, le sculptant. Des premiers
regroupements de campements aux villes et villages d’aujourd’hui, il a modelé son
univers pour le rendre signifiant, fonctionnel, productif. Notre ville de Comines n’a pas
échappé à ce phénomène. Au contraire, c’est la force de sa dextérité dans l’univers du
textile qui lui a permis de gagner ses galons industriels au fil des siècles.
Des entreprises familiales aux gildes de drapiers, du rubanier isolé à la manufacture de
Philippe Hovyn et aux usines de Désiré Ducarin et autres d’Ennetières, Schoutteten et
Froidure, Bonduel, Berghe… les deux Comines ont imposé leur production dans le monde
entier. Et si la guerre de 1914-1918 a vu notre entité presque entièrement rasée, elle n’a
pas tiédi l’ardeur des ouvriers ni la volonté des patrons de pérenniser ce mode de travail
sur notre sol. Ainsi, pouvons-nous être fiers d’accueillir, sans discontinuation, une activité
drapière à Comines et ce, depuis plus de huit cents ans.
Ce parcours transfrontalier, bien que la frontière ne soit pas ressentie par les Cominois car
imposée par les vicissitudes de l’histoire et par le traité d’Utrecht (1713), propose un
complément à la visite du Musée de la Rubanerie cominoise en vous faisant marcher dans
les pas des « Marmousets » et autres « Bleu-Vintes », vous savez, ces gais lurons au
sourire en forme de cœur qui fait décrocher la lune…
Olivier CLYNCKEMAILLIE Gilbert DELEU Conservateur du Musée de la Rubanerie cominoise Bourgmestre de Comines-Warneton
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Revenons sur nos pas et reprenons la rue Gambetta. Au croisement avec l’avenue du
Maréchal Leclercq s’impose une grande perspective partant de la gare (la ligne
ferroviaire reliant Comines à Lille ne fut ouverte que vers 1876) en direction de la
Belgique. Cette artère majestueuse est encore une conséquence de l’esthétique
industrielle. En plus de comporter des bâtiments d’obédience art-déco et art nouveau
dignes d’intérêt, elle témoigne d’une volonté haussmannienne (le baron Haussmann
est l’homme qui, sous Napoléon III, perça les grands boulevards parisiens et y édifia
des immeubles bourgeois) de tracer des axes rectilignes desservant le cœur de la cité.
Pour la réaliser, il fallut sacrifier quelques jardins bourgeois dont celui, à l’anglaise,
de monsieur Jules Lambin. On démolit également quelques maisons et détruisit une
pâture.
L’ancienne « rue de la Gare » s’est très vite parée de bâtisses d’exception comme ici, au numéro 43.
En descendant l’avenue, on sera surpris par la diversité des édifices et leur
homogénéité d’inscription dans le paysage urbain. C’est que les parcellaires et les
matériaux s’entendent à merveille pour célébrer la gloire d’une société nouvelle :
brique, bois, fer forgé, stucs et tuiles. De nombreuses demeures y ont conservé leur
caractère bourgeois, notamment par le biais d’une porte cochère jouxtant un huis de
service, ou encore par un petit jardin attenant à l’immeuble. Cà et là, des garages
d’époque (vers 1925-1930) rendent compte de la possession d’une automobile,
privilège alors peu répandu dans les cités ouvrières.
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Pour goûter pleinement la grandeur et l’harmonie du bâtiment de la rubanerie Ducarin, un
petit détour par la rue Carnot, via la rue Gambetta, s’impose. La façade arrière de chez
« DMR » y a gardé sa physionomie d’époque, ouverte par de hautes et gigantesques
fenêtres au maillage serré. Des ancres métalliques, des briques de couleurs et des
décrochements la font vibrer de tous ses feux… comme à l’époque où les grandes
cheminées des établissements textiles drapaient le ciel du Nord de nuages
supplémentaires.
Les bains publics et l’hôpital : deux maillons de « l’œuvre Ducarin »…
Reprenons la rue du Quesnoy. Dès le rond-point, apparaissent les silhouettes massives de
la crèche et de l’hôpital. Nous entrons dans le quartier de Comines nommé « Œuvre
Ducarin ». Ici, toute la politique sociale, industrielle et culturelle du petit vétérinaire
devenu patron d’usines s’impose. Avant Désiré Ducarin, Comines ne disposait presque
pas d’infrastructures collectives. Grâce à lui, la ville se dote d’un nouveau visage, acquis à
la contemporanéité : elle participe au bien-être de tous ! En outre, le couple Ducarin met
sur pied une caisse de secours et accorde une retraite décente aux vieux travailleurs de ses
usines. Une prime d’accouchement est même délivrée aux jeunes mères. Ducarin est
encore l’instigateur d’un grand banquet républicain, en 1912, alors qu’il célèbre ses noces
d’argent, entouré de « ses » 875 ouvriers. Assurément, tout cela permet aujourd’hui de
mieux comprendre l’animosité générale du patronat local de l’époque vis-à-vis d’un
Désiré Ducarin, certes bien nanti, mais à l’écoute de chacun de ses collaborateurs.
Plus loin dans la rue, les établissements de bains publics et les habitations ouvrières
attestent de cette conception paternaliste, même s’ils furent reconstruits après la première
guerre. Mais qui sait encore aujourd’hui que peu de gens, à la fin du dix-neuvième siècle,
avaient accès à des installations sanitaires décentes pour se laver ? Aux bains publics de
Comines, en plus de nager dans la piscine, l’on pouvait louer pour quelques dizaines de
minutes une véritable salle de bains munie de lavabo et d’une baignoire. 9
Au Musée de la Rubanerie cominoise, à côté des machines et des objets rendant
hommage à la grandeur textile de notre entité, deux œuvres d’art témoignent de
l’esthétique industrielle en renvoyant à deux époques différentes. La première, une
planche originale de bande dessinée réalisée par Manon Textoris en 2010, fait écho à
la trace laissée par un grand personnage cominois : Désiré Ducarin (1859-1918). Fils
d’un maréchal-ferrant, Désiré Ducarin sera, avant l’heure, une véritable réclame
vantant les vertus de l’ascenseur social si cher à nos politiciens contemporains. Après
des études de vétérinaire aux facultés de Maisons-Alfort, près de Paris, il ouvre un
cabinet puis, sous les conseils de Monsieur Lauwick, se lance dans le textile. Très
vite, il crée sa propre entreprise qui atteint le top 3 des rubaneries cominoises.
Un des épisodes saillants de la saga « Ducarin » illustré en 2010 par Manon Textoris, et « Un fils
de la démocratie » caricature du début du XXè siècle en hommage à l’œuvre de Désiré Ducarin.
Acquis aux progrès sociaux, il cherche à moderniser sa ville dont il ambitionne le
maïorat. Les Cominois lui seront redevables de bien des innovations. En effet, Désiré
Ducarin n’hésite pas à doter Comines d’infrastructures collectives de qualité,
inexistantes avant lui : des bains publics, un abattoir, un hôpital, une crèche, une
« goutte de lait » (ou institution délivrant des œufs, du lait et de la farine aux plus
nécessiteux, un siècle avant les « Restos du cœur »), un jardin public… Il crée aussi
des logements pour ouvriers dont la modernité détonne : demeures avec avant-cour,
jardin privatif, petite véranda et sanitaires intégrés au bâti.
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« Empreinte » (1975), une tapisserie au jacquard de Michel Degand (Loos-Lez-Lille, 1934),
réalisée sur un métier de même type que celui présenté à droite (métier à ruban « nominettes »).
Accrochée aux murs du Musée, une tapisserie contemporaine met en valeur le labeur des
hommes à travers l’outil et son ennoblissement. Réalisée par Michel Degand, un artiste du
Nord à la réputation internationale, « Empreintes » offre toute la maestria d’un tissage
d’art réalisé selon la technique du jacquard. Avec ce qui constitue le point d’identité le
plus propre à l’homme, le plasticien évoque combien le geste, combiné à la passion et à la
précision, peut fédérer, mutualiser, donner naissance à… Le fait d’agrandir au maximum
un détail intime sorti du patrimoine anatomique de tout un chacun participe à la
célébration des temps de l’homme et à la cristallisation de ses actes.
Difficile de croire qu’après avoir été dessiné, le motif ait été traduit en cartons perforés
qui, lus par une tête de mécanique constituée d’aiguilles horizontales et verticales donnant
les impulsions nécessaires à chaque lisse, ont patiemment tissé chacune des lignes de ce
tapis d’art. Et pourtant, l’Atelier Art de la Lys qui l’a exécuté d’après les projets du
maître-licier a respecté les moindres fioritures pour livrer une œuvre d’art d’exception
offrant un prolongement esthétique inattendu à l’outil industriel. La machine et l’homme
se mettent alors au diapason du Beau et de l’histoire…
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Quittons la Grand’Place en empruntant la rue de la République. Si les vitraux, à la
gloire de la rubanerie, qui ornent le grand escalier de l’Hôtel de Ville, illustrent
parfaitement bien l’essor industriel de l’entité, de nombreuses demeures s’inscrivant
dans la mouvance Art Déco-Bauhaus dévoilent en façade leurs trésors : céramiques
de verre singeant des colonnes dorées, vitrages brouillés ou assemblés, tout en
couleurs, autour de châssis à petit bois… Bien des façades de cette artère cominoise
ne manquent pas d’intérêt, de même que les détails de leurs ornements.
Des éléments architectoniques issus du savoir-faire industriel, au service de la bourgeoisie.
Empruntons à présent la rue du Quesnoy jusqu’aux usines « DMR ». De part et
d’autre de la rue s’élèvent deux beaux exemples de devantures industrielles faisant
écho au début du vingtième siècle, lorsque Comines était la capitale mondiale du
ruban utilitaire (avec plus de 400 millions de mètres produits par an). La manufacture
de rubans Désiré Ducarin, à la façade altière faisant retrait par rapport à la rue, tutoie
celle des tissages du même propriétaire.
Deux cartouches à la gloire des usines de Désiré Ducarin (tissage et rubanerie « DMR »)
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L’Hôtel de Ville, le Beffroi et l’église Saint-Chrysole : trois gestes architecturaux au service de l’histoire…
Symbole du partage des trois pouvoirs (spirituel, temporel et économique), la Grand’Place
voit maisons, hôtels, beffroi et église rivaliser d’audace pour se faire remarquer. Mais dans
chaque architecture se cache ou se dévoile des héritages liés à l’industrie. Ainsi, en
examinant l’église Saint-Chrysole, œuvre de Dom Paul Bellot (1876-1944) et de Maurice
Storez (1875-1959), ferronneries art-déco, briques en terre cuite vernissée, parpaings et
ossatures de béton armé témoignent de la foi en de nouveaux matériaux d’une facture sans
doute banale mais aux qualités esthétiques détonantes ! Ses emprunts aux styles
« mudéjar » (ou néo-mauresque) et byzantin en font un édifice contemporain d’exception.
Et si le beffroi qui lui fait face n’est qu’une reconstruction à l’identique d’un bâtiment plus
ancien, sa charpente métallique, ses linteaux et autres pièces architectoniques de béton
suppléent à merveille les poutres et pierres de taille d’antan. Nul doute que ces critères ont
fait pour beaucoup pencher la balance en vue de son classement à la fois comme monument
historique et comme élément du patrimoine mondial de l’Unesco.
Autour de la Grand’Place, les demeures chantent avec brio et diversité les triomphes de l’industrie.
Enfin, les maisons particulières, à l’image de celle du patrimoine (rue du Pont, n°4/6), ne
sont pas en reste et cherchent à évoquer toute la puissance de la ville en puisant leur
vocabulaire, qui vers le moyen âge, qui dans celui de la Renaissance, qui encore en
mélangeant les ornements et les époques dans une symphonie où l’esbroufe sert de chef
d’orchestre… 7
Notre parcours débute en remontant la rue du Fort. Artère de choix menant outre-
Lys, elle rappelle aux Cominois l’atmosphère grouillante de la sortie des usines
(d’Ennetières, Plovier…) et le brouhaha suivant le retour au bercail des travailleurs
transfrontaliers. Entièrement rasée lors de la guerre 1914-1918, ses demeures ont été
reconstruites dès après le conflit dans des styles à la gloire de la bourgeoisie
triomphante (numéros 19 et 28) ou en accord avec les nouvelles idées architecturales
de l’époque (des influences manifestes du mouvement hollandais d’art total « De
Stijl », marqué par un géométrisme puissant mais à taille humaine, sont clairement
perceptibles au numéro 40). Les infrastructures collectives n’y ont pas été oubliées
comme en atteste encore l’enseigne du cinéma et dancing « Royal Palace » (aux
numéros 44 et 46) administré par la dynastie des Brussin dont la renommée dans le
monde des gestionnaires de salles obscures a largement traversé nos frontières.
La sortie des usines, rue du Fort, avant 1918 et une demeure sous l’égide de « De Stijl » (au numéro 40).
Sous le pont rehaussé en 2010, la Lys, artère vitale de Comines, charrie ses eaux qui,
dès le douzième siècle, lavèrent les pièces de drap produites par nos tisserands, avant
de connaître le succès du transport fluvial que sa mise à haut gabarit n’a pas tiédi. La
rivière franchie, Comines-France dévoile sa place, entièrement reconstruite et
réorganisée après la première guerre mondiale. Si le beffroi (dont la construction
s’échelonne de 1276 à 1623) reprend la physionomie et les caractéristiques de celui
que dynamitèrent les Allemands en 1918, le nouvel hôtel de Ville est l’œuvre de
Louis-Marie Cordonnier (1854-1940, concepteur, entre autres, des beffrois
d’Armentières et de la Chambre de Commerce de Lille). Erigé en 1929, il est un bel
exemple d’architecture liée à la mémoire industrielle : mêlant briques, béton et
pierres de taille, il s’inspire des palais urbains flamands de la Renaissance tout en
affichant un goût prononcé pour l’éclectisme (c’est-à-dire un mélange d’éléments
architectoniques glanés çà et là dans d’autres styles). Sa bretèche (ou balcon couvert)
rappelle l’endroit d’où étaient rendues publiques les lois, au moyen-âge. 6