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This article was downloaded by: [Laurentian University] On: 05 October 2014, At: 07:16 Publisher: Routledge Informa Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK Canadian Foreign Policy Journal Publication details, including instructions for authors and subscription information: http://www.tandfonline.com/loi/rcfp20 « Oui » à l'Irak? Le baptême du feu de Stephen Harper et l’émergence du néocontinentalisme (2002–2003) Manuel Dorion-Soulié a & Stéphane Roussel b a Université du Québec à Montréal, Québec, Canada b École nationale d'Administration publique (ENAP), Montréal, Québec, Canada Published online: 29 Jul 2014. To cite this article: Manuel Dorion-Soulié & Stéphane Roussel (2014) « Oui » à l'Irak? Le baptême du feu de Stephen Harper et l’émergence du néocontinentalisme (2002–2003), Canadian Foreign Policy Journal, 20:1, 9-18, DOI: 10.1080/11926422.2014.906360 To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/11926422.2014.906360 PLEASE SCROLL DOWN FOR ARTICLE Taylor & Francis makes every effort to ensure the accuracy of all the information (the “Content”) contained in the publications on our platform. However, Taylor & Francis, our agents, and our licensors make no representations or warranties whatsoever as to the accuracy, completeness, or suitability for any purpose of the Content. Any opinions and views expressed in this publication are the opinions and views of the authors, and are not the views of or endorsed by Taylor & Francis. The accuracy of the Content should not be relied upon and should be independently verified with primary sources of information. Taylor and Francis shall not be liable for any losses, actions, claims, proceedings, demands, costs, expenses, damages, and other liabilities whatsoever or howsoever caused arising directly or indirectly in connection with, in relation to or arising out of the use of the Content. This article may be used for research, teaching, and private study purposes. Any substantial or systematic reproduction, redistribution, reselling, loan, sub-licensing, systematic supply, or distribution in any form to anyone is expressly forbidden. Terms & Conditions of access and use can be found at http://www.tandfonline.com/page/terms- and-conditions

« Oui » à l'Irak? Le baptême du feu de Stephen Harper et l’émergence du néocontinentalisme (2002–2003)

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Canadian Foreign Policy JournalPublication details, including instructions for authors andsubscription information:http://www.tandfonline.com/loi/rcfp20

« Oui » à l'Irak? Le baptême du feude Stephen Harper et l’émergence dunéocontinentalisme (2002–2003)Manuel Dorion-Souliéa & Stéphane Rousselba Université du Québec à Montréal, Québec, Canadab École nationale d'Administration publique (ENAP), Montréal,Québec, CanadaPublished online: 29 Jul 2014.

To cite this article: Manuel Dorion-Soulié & Stéphane Roussel (2014) « Oui » à l'Irak? Le baptême dufeu de Stephen Harper et l’émergence du néocontinentalisme (2002–2003), Canadian Foreign PolicyJournal, 20:1, 9-18, DOI: 10.1080/11926422.2014.906360

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« Oui » a l’Irak? Le bapteme du feu de Stephen Harper etl’emergence du neocontinentalisme (2002–2003)

Manuel Dorion-Soulie∗ et Stephane Roussel1∗∗

∗Universite du Quebec a Montreal, Quebec, Canada;∗∗Ecole nationale d’Administration publique (ENAP), Montreal, Quebec, Canada

Keywords: Stephen Harper; foreign policy; Iraq; neocontinentalism; strategic culture

Introduction

En decembre 2005, Stephen Harper, alors chef du Parti conservateur, faisait une declarationetonnante dans une lettre envoyee au Washington Post pour fustiger l’un des ses detracteurs.En evoquant sa position a propos de l’intervention en Irak en 2003, il affirme que

while I support the removal of Saddam Hussein and applaud the efforts to establish democracy andfreedom in Iraq, I would not commit Canadian troops to that country. I must admit great disappoint-ment at the failure to substantiate pre-war intelligence information regarding Iraq’s possession ofweapons of mass destruction. (Harper 2005)

Cette declaration, faite en pleine campagne electorale qui allait mener Harper a la tete du gou-vernement, semble marquer un changement de cap : a titre de chef de l’Opposition officielle, ilavait condamne la position du gouvernement de Jean Chretien lors de la crise de 2002–2003. Cedernier avait surpris les observateurs en affirmant, le 17 mars 2003, que le Canada ne rejoindraitpas la Coalition levee contre l’Irak. A posteriori, on peut voir dans la position de Chretien desreticences a abandonner certains principes fondamentaux de l’approche « internationaliste »en politique etrangere canadienne (PEC) (Massie et Roussel 2005). Mais qu’en est-il de l’attitudede Stephen Harper lors des debats de 2002–2003 sur cette question? Que peut-elle reveler de lapensee de celui qui deviendra Premier ministre en janvier 2006?

Cet article propose une analyse de l’une des premieres expressions du discours « neocontinen-taliste » en PEC. Le debat sur la participation du Canada a la « coalition des volontaires » a offert aStephen Harper l’occasion d’exposer une conception de la politique etrangere tres differente decelle de Jean Chretien. En ce sens, le discours de Harper a cette epoque represente l’emergenced’une « idee dominante rivale » (Massie et Roussel 2013, p. 36) de l’internationalisme qui aguide la PEC depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce texte vise a demontrer l’existence d’unerupture entre la vision des conservateurs et celle des liberaux sur la maniere d’aborder les

# 2014 NPSIA

∗Manuel Dorion-Soulie est candidat au doctorat a l’Universite du Quebec a Montreal (UQAM).∗∗Stephane Roussel est professeur a l’Ecole nationale d’Administration publique (ENAP) de Montreal.Email: [email protected]

Canadian Foreign Policy Journal, 2014Vol. 20, No. 1, 9–18, http://dx.doi.org/10.1080/11926422.2014.906360

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questions strategiques, et a etablir que celle-ci est attribuable a l’evolution du paysage ideologiquecanadien.

Il convient d’abord de faire une distinction entre « ideologie », d’une part, et « idees domi-nantes » et « culture strategique », d’autre part. La culture strategique est un ensemble stableet coherent d’idees et de pratiques entretenu par une communaute a l’egard des questions dedefense et des institutions militaires (Longhurst 2004, p. 17, Haglund 2007, p. 485, Roussel etMorin 2007, Massie 2009, pp. 628–629). Cette notion comprend l’ideologie (entre autres facteursideels), de meme que les decisions et les actions politiques, pour former un ensemble semi-permanent et coherent. Autrement dit, une nouvelle pensee et de nouvelles politiques coherentesdoivent voir le jour pour qu’une nouvelle culture strategique devienne « l’idee dominante » enPEC. Celle-ci contient necessairement une definition de la place et du role du Canada dans lemonde, de ses valeurs, de ses interets, ainsi qu’un « code operationnel », une strategie liantfins et moyens. La culture strategique n’est pas concue ici comme la cause directe des decisionsen politique etrangere, mais comme un outil heuristique qui permet de comprendre les change-ments et les continuites engendres par des facteurs ideels en ce qui touche aux politiques de secur-ite internationale d’un Etat. Les ideologies contribuent a determiner la culture strategique d’unEtat, mais elles n’en sont pas le seul facteur causal. Contrairement a l’internationalisme(Nossal et al. 2007, Massie 2009), le neocontinentalisme n’a pas atteint le statut d’idee dominante.Toutefois, il est possible de soutenir qu’il constitue l’expression, en PEC, de l’ideologie neocon-servatrice, et qu’il peut etre considere comme une idee dominante en emergence (Massie etRoussel 2013, p. 37).

La premiere partie du texte definit les sept elements du neocontinentalisme. La seconde partieanalyse les discours de Stephen Harper en 2002–2003 afin de verifier s’ils correspondent a cettedefinition. L’analyse des discours de Jean Chretien permettra ensuite de mesurer s’il existe bienune divergence entre le neocontinentalisme et l’internationalisme.

Les sept elements du neocontinentalisme

A l’ete 2003, Stephen Harper tente d’unir les conservateurs canadiens (Alliance canadienne etProgressistes-conservateurs) sous sa houlette. Dans son « discours de Civitas » (du nom del’organisation devant laquelle il le prononca), Harper definit le conservatisme canadien commela synthese du neoconservatisme (qu’il decrit comme le conservatisme economique associe au« liberalisme classique ») et du « theo-conservatisme », c’est-a-dire le conservatisme moral.2 Le con-servatisme, selon Harper, trouve sa raison d’etre dans l’opposition aux exces de « la gauche ». Econ-omiquement, le conservatisme l’a emporte : le socialisme est mort et la gauche economique,desormais « corporatiste », ne menace plus le conservatisme economique, bien qu’il s’agisse d’unmauvais choix politique. Le conservatisme luttera donc sur le terrain de la morale :

The real challenge is therefore not economic, but the social agenda of the modern Left. Its system ofmoral relativism, moral neutrality and moral equivalency is beginning to dominate its intellectualdebate and public-policy objectives. The clearest recent evidence of this phenomenon is seen ininternational affairs in the emerging post-Cold-War world – most obviously in the response ofmodern liberals to the war on terrorism. There is no doubt about the technical capacity of oursociety to fight this war. What is evident is the lack of desire of the modern liberals to fight, andeven more, the striking hope on the Left that we actually lose. (Harper 2003)

Ainsi, lorsque Harper enonce le « programme » qu’il souhaite faire adopter aux conservateurs,il le fait dans le langage de la clarte morale, liant explicitement la sante morale d’une societe a lamoralite de sa politique etrangere. C’est la une posture typique du neoconservatisme, qui est ne,aux Etats-Unis, en opposition a la « decadence morale » attribuee au liberalisme des annees 1960

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(Vaisse 2008), et qui fait de la clarte morale en politique etrangere la cle de la sante morale d’unesociete (Williams 2005). Harper, contrairement aux Liberaux, est capable de reconnaıtre leBien du Mal, et il comprend les responsabilites qui en decoulent, c’est-a-dire qu’il comprendla necessite de la puissance :

Conservatives must take a moral stand, with our allies, in favour of the fundamental values of oursociety, including democracy, free enterprise and individual freedom. This moral stand should notjust give us the right to stand with our allies, but the duty to do so and the responsibility to put“hard power” behind our international commitments. (Harper 2003)

Le neocontinentalisme canadien en politique etrangere est constitue de sept principauxelements. Cette definition, concue comme un ideal type, permettra de mesurer jusqu’a quelpoint la PEC sous Harper peut etre qualifiee de neocontinentaliste, et de quelle maniere elle sedistingue de l’internationalisme. Les deux premiers elements sont fondamentaux; les cinq sui-vants sont des principes operatoires decoulant des premiers.

D’abord, le neocontinentalisme est un neoconservatisme economique (attachement au libre-marche, au libre-echange, aux droits de propriete et a l’Etat minimal), social (foi en la tradition,aux valeurs religieuses, a la famille) et politique (importance de la souverainete etatique, de la loi,de l’ordre et de la stabilite).

Du neoconservatisme, le neocontinentalisme retient aussi la necessite d’exercer la clartemorale en politique etrangere. Contre le relativisme moral associe a l’internationalisme, ils’agira de distinguer amis et ennemis [l’une des « attitudes » du neoconservatisme tel qu’articulepar Irving Kristol (2003)], ainsi que Bien et Mal, et de prendre les moyens pour agir contre lesseconds.

Decoulant de la clarte morale, le premier principe operatoire du neocontinentalisme consisteen la promotion de la democratie et des droits humains dans le monde. Le lien entre la santed’une societe et la moralite de sa politique etrangere mene les neocontinentalistes a definirl’interet national comme incluant les principes et valeurs fondatrices de cette societe. Ainsi,malgre un discours centre sur l’interet national, les neocontinentalistes partagent avec les inter-nationalistes un attachement envers la democratie et les droits humains.

Dans l’ideologie neoconservatrice, la puissance est une condition prealable et indispensable al’exercice de la clarte morale, car elle permet d’evaluer lucidement les menaces internationales etd’agir pour les eliminer (Kagan 2003, pp. 53–55). Le deuxieme principe operatoire du neocon-tinentalisme consiste donc en un desir de redonner au Canada son importance dans le monde.Sous Trudeau et Chretien, le Canada aurait perdu sa preeminence dans la hierarchie internatio-nale; le neocontinentalisme cherchera a remedier a cette situation en augmentant ses capacitesmilitaires et diplomatiques (Boerger 2007, pp. 123–130), par exemple en etablissant son statutde « superpuissance energetique » (Hester 2007). En ce sens, le neocontinentalisme tourne ledos a la tradition internationaliste qui se contentait du statut de « puissance moyenne » pourle Canada. La puissance du Canada etant liee a sa relation avec Washington, le troisieme principeoperatoire du neocontinentalisme est d’ameliorer les relations commerciale et securitaire avec lesEtats-Unis. La relation avec les Etats-Unis devient la pierre d’assise de toute la PEC, et il est man-ifestement dans l’interet national du Canada d’etre le meilleur allie possible pour les Etats-Unis(Hart 2002–2003), car les neocontinentalistes tiennent pour acquis que la puissance du paysdecoule presque exclusivement de la perception internationale de son influence sur Washington(MacMillan 2011, Robertson 2011). Concretement, cela requiert des investissements substantielsdans les capacites militaires (hard power), que ce soit dans la defense continentale aerienne ou lacapacite de projeter la puissance canadienne, afin de ne plus etre percu comme un « resquilleur »en matiere de securite. Autrement dit, pour avoir une voix dans le monde, le Canada doit assumer

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des responsabilites militaires plus grandes. Dans les termes de la theorie neorealiste des RelationsInternationales (RI), le Canada doit suivre une strategie de hard bandwagonning (Hansen et al.2009), ce qui signifie soutenir militairement les initiatives americaines au-dela des limites du con-tinent nord-americain.

Suivant ce principe, les neocontinentalistes jugent que l’hegemonie americaine est benigne,voire positive, et que les contraintes qui lui sont imposees par les organisations internationalessont nefastes.3 Leur quatrieme principe operatoire est une tendance a minimiser l’importancedes organisations comme l’Organisation des Nations Unies (l’ONU), qu’ils croient incapablesde contribuer a l’atteinte des objectifs de politique etrangere de par leur faiblesse congenitale.Ils souhaitent agir pour la securite mondiale en soutenant l’hegemon americain (en envoyantdes troupes en Afghanistan et des avions en Libye, par exemple) et non pas en participant auxorganisations multilaterales (Robertson 2011) qui font parfois obstacle a ceux qui sont prets aagir pour defendre l’ordre international, comme ce fut le cas en Irak (Boerger 2007, pp. 133–135).

Le cinquieme principe operatoire du neocontinentalisme decoule du rejet du multilatera-lisme : le Canada doit etre pret a faire usage de sa puissance pour defendre l’ordre hegemoniqueamericain meme si le droit international semble parfois y faire obstacle ou en l’absence d’un con-sensus international. Pour les neocontinentalistes, les Etats-Unis (et, dans une moindre mesure, leRoyaume-Uni et la France) sont le seul allie dont l’opinion importe. Opposant beaucoup moinsde contraintes a l’usage de la force que les internationalistes, le neocontinentalisme reflete unevision de la politique internationale dans laquelle la puissance joue un bien plus grand role.Comme le fait valoir Johnston (1995), la conception de l’usage de la puissance est l’un deselements distinctifs d’une culture strategique, et c’est l’un des points sur lesquels l’oppositionentre internationalisme et neocontinentalisme est la plus nette.

Sur la base de ces elements, le neocontinentalisme propose une transformation radicale del’identite internationale du Canada. Loin de l’image de gardien de la paix et d’arbitre impartial,le Canada des neocontinentalistes est fier de son passe guerrier, il exalte les vertus martiales et ilest desireux de reprendre sa place au sommet de la hierarchie internationale (McKay et Swift 2012).

Si ce discours existe bel et bien, il y a lieu de le rechercher non seulement dans les initiativesmenees par le gouvernement Harper depuis 2006, mais aussi plus tot, alors que l’Alliancecanadienne, puis le Parti conservateur unifie, formaient l’opposition officielle. En effet, c’estd’abord la qu’il convient de le chercher, dans la mesure ou, n’etant pas encore soumis aux contra-intes inherentes a l’exercice du pouvoir, Harper et ses deputes pouvaient s’exprimer librement. End’autres mots, l’agent etait alors moins soumis a la structure.

Le « oui » de Stephen Harper a la guerre en Irak (2002 –2003)

A l’hiver 2002, le debat sur l’intervention americaine en Irak retient encore peu l’attention desCanadiens. Ainsi, lorsque Stephen Harper tente de se faire elire comme chef de l’Alliancecanadienne, il n’a qu’un message relatif a la politique etrangere et a la defense : le Canada doitrenouer avec une politique fondee sur la clarte morale. Selon lui, le 11 septembre 2001aurait revele les faiblesses de la politique pratiquee par les Liberaux, qu’il attribue directementa l’ideologie de leur parti :

Far too many Liberals are ensnared in the fallacy of “moral equivalence”, believing that the shortcom-ings of the western democracies are on the same moral plane as those of authoritarian and totalitarianregimes. They have trouble accepting, or even understanding, who Canada’s true friends are in theinternational sphere. The trouble with Liberals, in short, is that they are liberals. (Harper 2002)

Harper attaque aussi la croyance dans le soft power : « They think that cajolery, with bits of softpower, humanitarian action, and peace building thrown in, will resolve conflicts even with

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non-democratic states ». Soulignant le lien entre liberalisme, relativisme moral et antiamerica-nisme, il explique que « where Liberals peddle moral equivalence, conservatives feel moraloutrage. Where Liberals seek to make headlines by tut-tutting the slightest American misstep,conservatives want Canada to stand abreast of our US allies in their time of need » (Harper2002). Mais la consequence la plus desastreuse de la politique etrangere (PE) des Liberaux, auxdires de Harper, reside dans l’asphyxie des Forces canadiennes (FC) :

The real danger of moral equivalence is that its outcome is exactly the opposite of what the Liberalsclaim to desire. It makes Canada’s influence even more irrelevant on the world stage, our military evermore dependent on the United States, and our citizens ever more susceptible to renewed threats ofterrorism. (Harper 2002)

La lecon est claire : « As our military capability deteriorates, Canada’s credibility with our alliesdeclines proportionally. To have influence with our major allies, including the United States, wehave to bring real capabilities to the table » (Harper 2002).

Ainsi, avant meme de refaire son entree au Parlement, Harper a expose son programme pourune politique etrangere fondee sur la clarte morale : reconnaissance de la distinction amis-ennemis, rapprochement avec les Etats-Unis et retour au hard power.

Lors de son premier discours en Chambre comme chef de l’Opposition officielle, Harpers’affiche comme un partisan du continentalisme. La question primordiale pour le Canada, dit-il, est sa relation avec les Etats-Unis. Or, le PLC sous Jean Chretien l’aurait gravement endom-mage, en partie par antiamericanisme. Le Canada aurait perdu toute influence a Washington,entraınant une perte de souverainete car, sans influence, le Canada ne peut agir pour protegerses interets. Ici encore, Harper parle de rapprochement canado-americain dans le langage de laclarte morale :

[...] not only does the United States have this special relationship to us, it is the world leader when itcomes to freedom and democracy. We can never allow our affections for our own country to becomethe basis of resentment toward the United States. This realization is both the essence of our own self-interest and a moral imperative for any Canadian leader.

If the United States prospers, we prosper. If the United States hurts or is angry, we will behurt.(Harper 2002b)4

Renforcer la relation bilaterale signifie regler des problemes de securite interieure et continen-tale, ainsi que redonner au Canada les capacites d’une puissance preponderante. C’est ainsi que lacredibilite internationale perdue par les Liberaux sera retrouvee.

Le 1er octobre 2002, Harper repond au discours du Trone. Il attaque le gouvernement Chre-tien pour le sous-financement des FC, qui diminuerait l’influence du Canada aupres de ses allies.Il l’accuse aussi d’antiamericanisme alors que les coupes dans le budget de la Defense accroissentla dependance securitaire canadienne envers les Etats-Unis. Harper, lui, menerait une PE fondeesur le hard power, qui permettrait au Canada de soutenir ses allies et de faire une « promotionagressive » des valeurs canadiennes dans le monde. A propos de l’intervention en Irak, Harperaffirme le necessite de se debarrasser de Saddam Hussein. Notons que l’argumentaire deHarper sur l’intervention en Irak est en partie « legaliste » : il repetera a plusieurs reprisesdans les mois suivants que la credibilite de l’ONU est en jeu (il s’appuie a de nombreuses reprisessur la resolution 1441 du Conseil de securite pour justifier l’intervention). Selon Harper, il ne fautpas que l’ONU determine la PE et le Canada peut tres bien agir dans le cadre de l’Organisation dutraite de l’Atlantique Nord (OTAN), bien qu’il semble tenir a la credibilite de l’ONU. Ceci etantdit, il insiste aussi sur le fait que la posture « moralement neutre » de Chretien est intenable, du

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fait des liens geographiques, economiques et historiques entre le Canada et les Etats-Unis. Il reaf-firme son attachement au dogme de la clarte morale en des termes on ne peut plus clairs :

I also think it is important, in particular, not to make any comparison with Israel and the UnitedStates, which are our allies, our friends, but also members of the democratic family of nations. Itis totally pointless to make any comparison between these countries and Irak under the regime ofMr. Hussein. (Harper 2002c)

Durant l’automne et l’hiver, Harper revient souvent sur le sous-financement des Forces cana-diennes et sur la perte de souverainete et de credibilite internationale qui en decoule. La credibiliteet l’influence internationale du Canada sont aussi mises a mal par l’indecision du gouvernementChretien quant a sa participation a la coalition des volontaires. Elles pourraient etre restaurees parune politique fondee sur la clarte morale, opposee a l’antiamericanisme qui saperait la politiqueetrangere du gouvernement Chretien (Harper 2002c, 2002d, 2002e, 2003b, 2003c, 2003d).

Le 17 mars 2003, Chretien annonce que le Canada ne participera pas a la coalition des volon-taires. Trois jours plus tard, dans un discours en grande partie emprunte a une allocution duPremier ministre australien John Howard (Cauchy 2008), Harper attaque cette decision :d’une part, car le droit international et les resolutions du Conseil de securite de l’ONU justifientl’intervention contre Saddam Hussein, et d’autre part parce que le Canada doit maintenir debonnes relations economiques et securitaires avec les Etats-Unis. Mais surtout, c’est l’amoralitede la politique des Liberaux qui attire les foudres de Harper : la decision de ne pas interveniren Irak serait un abandon des allies traditionnels et des valeurs du Canada, un rejet de la clartemorale :

My great fear: a country that does not embrace its own friends and allies in a dangerous world butthinks it can use them and reject them at will. Such a country will in time endanger its own existence.

However, to have the future once again of a great country, we must do more than stand with ourfriends in the United States. We must rediscover our own values. We must remember that thiscountry was forged in large part by war, terrible war, but not because it was terrible and notbecause it was easy, but because at the time it was right.

In the great wars of the last century, against authoritarianism, against fascism and against commun-ism, Canada did not merely stand with the Americans, we, more often than not, led the way. We didso for freedom, we did so for democracy, we did so for the values of civilization itself, valueswhich continue to be embodied in our allies and their leaders and are represented in their polaropposites, embodied and personified by Saddam Hussein and the perpetrators of 9/11. (Harper2003e)

Le 3 avril, Harper propose une motion presentant des excuses aux Etats-Unis pour lescommentaires antiamericains de certains Liberaux et affirmant l’amitie canado-americaine et ledesir canadien de contribuer a la reconstruction de l’Irak. L’objectif avoue de la motion est deretablir la credibilite du Canada aupres de ses allies et sa place dans le monde. Pour Harper, la« neutralite » du gouvernement Chretien est l’antithese de la clarte morale et decoule del’antiamericanisme des liberaux canadiens. Or, cet antiamericanisme, loin d’etre un signed’independance, est une preuve d’immaturite et d’irresponsabilite. Une politique etrangerefondee sur la clarte morale reconnaıtrait les Etats-Unis comme un ami et comme l’Empire leplus bienveillant de l’histoire de l’humanite :

What other great power has ever rebuilt the enemies it has defeated? Even with the trade difficulties wehave, what other great and huge country throws open its market in a way similar to what the UnitedStates does? What other dominant force has ever so clearly stood for the hopes, the dreams and thecommon good of ordinary people everywhere? (Harper 2003f)

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Jean Chretien et l’intervention americaine en Irak

Jusqu’a quel point le discours tenu par Stephen Harper represente-t-il une rupture par rapport ala position de Jean Chretien? Pour eliminer l’hypothese d’une rupture sur des points de detailsplutot que sur la substance (apres tout, les deux politiciens peuvent tenter de seduire un electoratsemblable), il convient de revenir sur le discours tenu a la meme epoque par le Premier ministre.

Dans le discours du trone de 2002, le gouvernement liberal de Jean Chretien expose les grandsaxes qui guideront sa politique etrangere au cours de la crise irakienne :

Les evenements du 11 septembre nous ont montre que des evenements se produisant ailleurs dans lemonde peuvent en un instant avoir des repercussions sur les progres dans notre pays. Nous consta-tons l’agitation qui regne dans plusieurs parties du monde. Nous voyons encore beaucoup trop depauvrete.

Le gouvernement poursuivra sa collaboration avec ses allies pour assurer la protection et la securitedes Canadiens. Notre pays continuera d’œuvrer au sein d’organisations telles que les Nations uniespour faire en sorte que les regles de droit international soient respectees et mises en application.Mais le gouvernement restera egalement vigilant et pret a proteger les Canadiens contre les nouvellesmenaces. Il travaillera avec les Etats-Unis afin de combler nos besoins communs en matiere desecurite.

Nous pouvons cependant faire davantage. A de nombreuses reprises dans le passe, le Canada a con-tribue a trouver des solutions a des problemes mondiaux. Chaque fois que l’occasion nous seraofferte, nous continuerons de promouvoir le pluralisme, la liberte et la democratie, et contribueronsa reduire l’ecart toujours croissant dans le monde entre riches et pauvres. Nous doublerons notre aideau developpement d’ici 2010 et consacrerons au moins la moitie de cette augmentation a l’Afriquedans le cadre de notre participation au Nouveau partenariat pour le developpement de l’Afrique.Le 1er janvier 2003, le Canada eliminera les tarifs et les contingents sur la plupart des importationsprovenant des pays les moins developpes. (Chretien 2002a)

Ce sont donc les themes classiques de l’internationalisme liberal qui sont repris, de l’interde-pendance a la lutte contre la pauvrete dans le monde, en passant par le multilateralisme et le roled’arbitre impartial du Canada. Par la suite, et jusqu’en mars 2003, Chretien soulignera maintesfois que toute intervention du type desire par l’administration Bush doit etre sanctionnee parun vote du Conseil de securite (2002b, 2003a, 2003b, 2003c). Un mois avant d’annoncer sadecision de ne pas participer a la coalition americaine, Chretien resumera ainsi sa position :

S’ils veulent y aller tout seuls, ils peuvent le faire. Toutefois, nous disons qu’ils doivent y aller avecl’autorite des Nations Unies. S’ils ne le font pas, c’est le systeme international de paix et de securitequi sera probablement plus destabilise qu’il ne le faudrait. (Chretien 2003d)

Par ailleurs, Chretien presente sa decision du 17 mars comme le fruit de l’independance duCanada face aux Etats-Unis. Il reitere cette idee a de nombreuses reprises, a partir de fevrier2003 (2003e, 2003f, 2003g, 2003h). Mais surtout, ce qui distingue le discours de Chretien decelui de Harper est l’importance que le premier accorde au soft power : le Canada doit aider lesnegociations au sein des instances internationales (2003i) et servir de modele pour le monde(2003h). La puissance militaire n’est pas la voie privilegiee pour atteindre la paix :

We must also recognize that long-term peace and security require not only better intelligence, orarmed responses. For hundreds of millions of people, the main threats to their well-being arethose of famine, disease, feeble economies, lack of educational opportunity, corrupt or inept govern-ance, and regional conflicts. (2003h)

Ce sont la les principes qui guident la PEC sous Jean Chretien, et ils doivent avoir preseancememe sur l’amitie canado-americaine (2003h).

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Conclusion

En 2002–2003, et en particulier autour de la question irakienne, Stephen Harper a enonce lesgrands axes d’une PE qui correspond a la majorite des caracteristiques que nous attribuons auneocontinentalisme : conservatisme, clarte morale, importance de la puissance, desir de se rap-procher des Etats-Unis, moralisme de la PE (promotion de la democratie et des droits del’homme) et usage plus « spontane » de la puissance. Harper ne denigre pas systematiquementles organisations internationales, mais il tente d’etablir une certaine distance entre la formulationde la PEC et les resolutions de l’ONU. A cette epoque, la politique etrangere que prone Harper estclairement differente de celle du gouvernement Chretien, a tout le moins au niveau du discours.Le neocontinentalisme n’est pas qu’une simple variation sur la tradition de la PEC que representeChretien : de par sa conception de la puissance, de la relation avec les Etats-Unis et, plus que tout,par l’emphase qu’il place sur la clarte morale comme principe moteur de sa politique etrangere,Harper contribue a l’emergence d’une nouvelle facon de penser cette politique qui, a terme pour-rait supplanter l’internationalisme, dominant depuis plus d’un demi-siecle.

Notes1. Ce texte a fait l’objet d’une communication presentee a la reunion annuelle de la Societe quebecoise de

Science politique (SQSP) a Montreal le 28 mai 2013. Les auteurs tiennent a remercier Claire Turenne-Sjolander (Universite d’Ottawa), ainsi que les deux evaluateurs anonymes, pour leurs commentaires.

2. Ce programme est aussi celui que William Kristol a enonce en 1996 pour le conservatisme americain.Kristol parlait alors d’un nouveau conservatisme, synthese d’une « politique de la liberte» et d’une« sociologie de la vertu » (1996).

3. Sur le role contraignant des organisations internationales sur la puissance americaine et la theorie ducontrepoids, voir Holmes (1982, pp. 252–253), Sokolsky (1992, pp. 97–98), Roussel et al. (1994,p. 24) et Haglund (1999, p. 224–225).

4. Toutes les references a des discours prononces a la Chambre des communes sont donnees par le nom del’auteur et la date. Les discours originaux sont disponibles dans le Hansard de la 37e legislature, 2e

session.

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