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Colloque international La reformulation : à la recherche d’une frontière 8-9 juin 2017 Université d’Uppsala, Suède Livret des résumés Communications orales 1

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Colloque international

La reformulation : à la recherche d’une frontière8-9 juin 2017

Université d’Uppsala, Suède

Livret des résumésCommunications orales

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Les enjeux argumentatifs de la reformulationCas du discours politique algérien

Ferhat BALOULIUniversité Bouira - Algérie

Résumé

Il est conventionnellement admis que le discours politique vise à proposer des solutions ; mais aussi à convaincre, une activité que les politiciens exercent tout au long de leur parcours en développant plusieurs stratégies discursives ; entre autres, la stratégie de reformulation, dans ce sens, les reformulations du discours politique ne peuvent s’inscrire que dans les processus d’argumentations.

Les problématiques 

Quelle sont les éléments du contexte (Linguistique et pragmatique) qui interviennent dans l’explication des reformulations et de leurs visées argumentatifs ? Quelles sont les visées argumentatives des segments de reformulation dans les discours politiques ? Autrement dit ; quelles sont les fonctions des segments de reformulation dans les discours politiques ? et, enfin, quelle définition de la reformulation peut-on déduire de ces investigations ?

La méthodologie

Le corpus de notre travail sera les discours politiques qui seront produit lors de la compagne électorale des élections législatives 2017 en Algérie, nous allons nous concentrer, notamment, sur les interventions des responsables politiques ; principalement dans les Média en français (Radio Algérie 03, chaîne de télévision algérienne « Canal Algérie », les journaux francophones).     Le travail sera, au début, un inventaire des reformulations, puis une analyse qualitative de ces reformulations ; qui va se pencher sur les visées argumentatives des discours. Nos instruments méthodologiques seront les concepts de l’analyse du discours et de la pragmatique ; à l’image des travaux de P. Chareaudeau, O. Ducrot.  Il sera question de relier segments de reformulations aux aspects linguistiques qui orientent vers la compréhension des visées argumentatives, mais aussi aux aspects contextuelles (pragmatiques) qui font la même chose.

Les principaux résultats qui seront développés

Nous estimons que notre travail va relever dans les discours politiques un certain nombre de processus discursifs récurrents qui utilisent la reformulation pour des visées argumentatives divers, on pourra distinguer des fonctions récurrentes, mais qui ne peuvent s’expliquer que localement. Il sera possible, aussi, de constater que la reformulation peut être une explication ou une réitération des propos… ceci dit que la reformulation est un carrefour de beaucoup de phénomènes ; ce qui nous incite à ne définir la reformulation qu’en fonction des contextes.  

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Bibliographie

Agnès Steuckardt, « Décrire la reformulation : le paramètre rhétorique », Cahiers de praxématique [En ligne], 52 | 2009, mis en ligne le 10 novembre 2013, consulté le 15 février 2017. URL : http://praxematique.revues.org/1415

Martine Schuwer, Marie-Claude,  Le Bot et Élisabeth Richard (dir.) : Pragmatique de la reformulation : Types de discours, interactions didactiques, Collection : Rivages linguistiques, PUR, 2008.

Oswald Ducrot : Les échelles argumentatives, Paris, Ed. Minuit, 1980.Patrick CHARAUDEAU, Dominique MAINGUENEAU (dir.), Dictionnaire d’analyse du

discours, Paris, Éd. du Seuil, 2002.Philippe Breton, Gilles Gauthier : Histoire des théories de l’argumentation, Paris, La

découverte, 2000.

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La reformulation entre re-dit et non dit

Houda BEN HAMADIInstitut Supérieur des Langues de Tunis

Université de Carthage

Nous nous proposons de traiter la question de la reformulation en tant que stratégie de communication qui peut prendre la forme d’un côté de la répétition, de l’autre de la paraphrase. Dans le premier cas, le locuteur reprend mot à mot les propos de son interlocuteur, alors que dans le second cas, il essaie de paraphraser, c’est-à-dire de garder le sens tout en utilisant d’autres mots qui pourraient parfois ne pas correspondre à ce qui a été déjà dit. A cet effet, il ne s’agit plus de reformulation paraphrastique, mais de « reprise interprétative », telle qu’elle a été définie par Murât et Cartier-Bresson (1987). Notre objectif est d’étudier les marqueurs de reformulation de l’arabe dialectal tunisien, tels que « macnȃhȃ » avec sa variante « macnithȃ » (c’est-à-dire) et « ẖasȋlu » (bref), afin de les comparer à leurs équivalents du français, et ce en essayant de voir s’ils sont soumis aux mêmes conditions sémantico-argumentatives. Les propriétés de chaque marqueur aidant, nous essaierons de vérifier si l’on peut les classer, selon qu’ils introduisent des segments paraphrastiques ou des segments interprétatifs.Notre corpus comparable sera constitué de séquences d’interactions verbales tirées d’émissions télévisées : « ça se discute » diffusée sur F2 et « ẖikayyȃt tounisiyya (Histoires tunisiennes) », réalisée à la manière de l’émission française et diffusée sur la chaîne privée « El-hiwar ettounsi ».Notre approche de l’analyse conversationnelle tiendra compte du fait que le discours est constitué « de suites illocutoires » et s’inscrira ainsi dans le cadre des travaux de Moeschler (1996).

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Références bibliographiques

Gülich. E et Kotschi. T (1983), « Les marqueurs de reformulation paraphrastique », Cahiers de linguistique française, n°5, pp. 305- 346.

Kanaan. L (2011), Reformulation, contacts de langues et compétence de communication : analyse linguistique et interactionnelle dans des discussions entre jeunes libanais francophones, Université d’Orléans, (thèse en ligne : htpps : //halshs.archives-ouvertes.fr)

Moeschler J. (1996), « Les connecteurs pragmatiques et la cohérence conversationnelle », Etudes romanes, n° 35, pp. 15-32.

Moeshler J. (1989), « Signification et interprétation dans la conversation », Verbum, XII, pp.193-206.

Montagne C. (2008), « La reformulation : une stratégie en situation de débat politique ? » in Schuwer M., Le Bot M. C. et Rchard E. (éd.), Pragmatique de la reformulation, Presses universitaires de Rennes, pp. 91-103.

Murât. M et Carlier-Bresson. B (1987), « C’est-à-dire ou la reprise interprétative », Langue française, n°73. La reformulation du sens dans le discours. pp. 5-15.

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La représentation de la parole de l’adversaire dans les débats politiques télévisés : de l’indispensable reprise à la reformulation orientée.

Domitille CAILLAT

Université Lumière Lyon 2 / ICAR

Lors des débats de l’entre-deux-tours des présidentielles françaises, interactions au déroulement relativement normé, les échanges se présentent souvent comme une succession de longues tirades monologales ne laissant pas la possibilité aux candidats de réagir immédiatement aux propos de leur adversaire. Il leur est alors indispensable, lorsqu’ils reprennent la parole, de resituer ce sur quoi ils souhaitent réagir, opération réalisée le plus souvent par le recours à différentes formes de discours rapportés (DR). Si ces reprises assurent ainsi lors des débats une fonction primordiale dans la dynamique même des échanges, il ne s’agit pas pour autant pour les candidats de reprendre l’intégralité des propos énoncés par leur adversaire. Non seulement ces reprises témoignent alors en soi de la sélection opérée par les candidats au sein du discours de leur adversaire —véritable « marché de la récupération » (Torck 1994 : 29) —, mais encore elles constituent d’incontestables reformulations. De fait : il est aujourd’hui communément admis qu’il est moins question lors de DR de reproduire un discours que d’en représenter les points saillants — et ce, pour des raisons aussi bien mémorielles (il n’est pas toujours possible de se rappeler des propos tels qu’ils ont été dits) que communicatives (il faut aller au plus pratique).Dans le cadre des débats, les reformulations du discours de l’adversaire présentent encore des caractéristiques particulières : dans la mesure où il s’agit pour les candidats, par leur discours, de montrer qu’ils sont plus aptes que leur adversaire à briguer la fonction présidentielle — entreprise simultanée d’auto-valorisation et d’hétéro-dévalorisation —, ces reprises se trouvent être intégrées à un programme argumentatif. On constate alors que la sélection comme la reformulation même du discours représenté sont le plus souvent orientées de manière à servir les besoins argumentatifs des candidats. Bien sûr, les candidats ne peuvent jamais complètement s’éloigner, si ce n’est de la forme, tout du moins de la teneur des propos d’origine (la ressemblance étant une des conditions sine qua non pour qu’il y ait « DR »), mais force est de constater combien le vocabulaire, la syntaxe, l’intonation et la gestuelle mobilisés lors des « reprises » sont autant de composantes participant, sous couvert de la représentativité que prétend garantir l’énoncé attributif «  vous dites », à donner à voir une version biaisée (car souvent caricaturale) du discours de l’autre. C’est donc sur la base d’un corpus composé des six débats de l’entre-deux-tours des présidentielles françaises ayant eu lieu à ce jour et dans le cadre d’une approche d’analyse du discours en interaction (Kerbrat-Orecchioni 2005) que nous proposons d’étudier les différentes formes de reformulation opérées par les candidats lorsqu’ils reprennent les propos de leur adversaire. Nous tâcherons ainsi de démontrer comment, tout en assurant la continuité et la cohérence d’une intervention par rapport à celle qui la précède sur la base de la similarité de quelques points saillants, ces reprises constituent pour la plupart des reformulations réinterprétées servant les objectifs argumentatifs particuliers des candidats.

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Bibliographie sélective :

CAILLAT, D. (2013), « Le traitement multimodal des discours rapportés (en style direct) à l’oral  : procédés énonciatifs et argumentatifs du recours aux émotions », Semen n° 35, Les émotions en débat  : modes de sémiotisation et fonctions argumentatives, 83-99.

CONSTANTIN DE CHANAY, H. (2006) : « Dialogisme, polyphonie, diaphonie : approche interactive et multimodale », dans L. PERRIN (éd.) Le sens et ses voix. Dialogisme et polyphonie en langue et en discours, Metz : Publications de l’Université Paul Verlaine, 49-75.

KERBRAT-ORECCHIONI, C. (2005), Le discours en interaction, Paris : Armand Colin.KERBRAT-ORECCHIONI, C. (2012), « Analyser du discours : le cas des débats politiques

télévisés », acte du 3e Congrès Mondial de Linguistique Française, http://www.shs-conferences.org

ROULET, E., AUCHLIN, A., MOESCHLER, J., RUBATTEL C., SCHELLING M (1985), L’articulation du discours en français contemporain, Berne : Peter Lang.

SANDRÉ, M. (2012) « Discours rapportés et stratégies argumentatives : Royal et Sarkozy lors du débat de l'entre-deux tours », Langage et société n°140, 71-87.

TORCK, D. (1994), « Diaphonie et interaction dans le débat politique », in Littérature n°93, Le partage de la parole, 15-30.

VINCENT, D., TURBIDE, O. (2006), « Le discours rapporté dans le débat politique : une arme de séduction », in J.M. LOPEZ MUÑOZ, S. MARNETTE, L. ROSIER (éd.), Dans la jungle des discours. Genre de discours et discours rapporté, Cadix : Servicio de Publicaciones de la Universidad, 307-318.

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La reformulation en classe de français langue étrangère : considérations syntaxico-sémantiques

Sewoenam CHACHUUniversité de Ghana

La problématiqueLa plupart des travaux existants sur la reformulation concerne principalement la reformulation en Langue Maternelle. Dans les situations de l’apprentissage d’une langue étrangère, la reformulation semble se concentrer sur la reprise de ce qui est dit par l’enseignant en réponse à une production de l’apprenant avec pour objectif de guider l’apprenant ou de corriger l’apprenant. Cependant, nous postulons que les apprenants d’une langue étrangère effectuent très souvent des reformulations. Notre communication s’insère dans un projet plus large de Claire Martinot (1994, 1996, 2000, 2009, 2013, 2015) qui travaillent sur la reformulation et l’acquisition depuis plus de deux décennies. Ce projet cherche à étudier le rôle de la reformulation dans l’appropriation des langues parmi les enfants de 6 à 14 ans. Cependant, il existe aussi un volet qui traite de la reformulation dans l’apprentissage des langues étrangères. Nous nous intéressons au rôle de la reformulation dans l’apprentissage du Français Langue Etrangère par des apprenants anglophones. En sachant que la reformulation des prédications dépend de la plasticité paraphrastique, nous nous intéressons à savoir les types de paraphrases produites par les apprenants et aussi à savoir si des différences vont se manifester selon le niveau des apprenants – démontrant une différence des niveaux de compétence des apprenants.

La méthodologie 30 étudiants du Département de Français à l’Université du Ghana se portent volontaire pour une expérience. 15 d’entre ces étudiants sont en première année de la licence et les 15 autres sont en deuxième année. Après une lecture deux fois de l’histoire de Tom et Julie, on demande aux apprenants du Français Langue Etrangère à l’Université du Ghana de raconter l’histoire qu’ils ont entendue. Leurs réponses sont enregistrées et transcrites. Ensuite, on entreprendre une analyse des productions des apprenants. La démarche que nous suivons pour l’analyse des productions des apprenants est la démarche universelle du projet : une comparaison entre le Texte source et la production de l’apprenant des différentes séquences, c’est-à-dire le texte reformulé. Ensuite, nous présentons et une analyse qualitative et une analyse qualitative des séquences analysées, (1, 4, 6 et 11) en commentant les différentes procédures utilisées par les deux groupes d’étudiants.

Les principaux résultats qui seront développés.Dans cette étude, nous analyserons les données de la manière suivante : Nous allons considérer trois aspects de la complexité dans la production des apprenants. En premier lieu, nous allons nous concentrer sur les reformulations des verbes complexes des séquences 4, 6 et 11. Ensuite, nous allons discuter de la complexité prédicative attestée lors de la restitution des

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quatre séquences. Finalement, nous allons présenter la complexité des procédures de reformulation mises en œuvre par les apprenants.

Références bibliographiques

Ellis N.C., 2005. At the Interface: Dynamic Interactions of Explicit and Implicit Language Knowledge, SSLA, 27, 305–352, Cambridge University Press

Ellis N. C., 2006. Selective Attention and Transfer Phenomena in L2 Acquisition: Contingency, Cue, Competition, Salience, Interference, Overshadowing, Blocking, and Perceptual Learning. Applied Linguistics 27(2). 164-194.

Ellis, N.C., 2008. Implicit and Explicit knowledge about language, J. Cenoz and N. H. Hornberger (eds), Encyclopedia of Language and Education, 2nd Edition, Volume 6: Knowledge about Language, 1–13. Springer Science+Business Media LLC.

Gerolimich, S., (forthcoming), Reformulation et acquisition d’une langue étrangère : De la reformulation en langue maternelle à la reformulation en langue étrangère.

Gülich, E. Kotschi (1983). Les marqueurs de la reformulation paraphrastique. Cahiers de Linguistique.

Harris, Z. S., (1988, 2007), Language and information, trad. Amr H. Ibrahim and Claire Martinot. Paris : CRL.

Ibrahim, A. H., Martinot, C., 2003, Les reformulations lacunaires des enfants, La reformulation un principe universel d’acquisition (sous la direction de Claire Martinot & Amr H. Ibrahim), Paris : Kimé, 15-35

Martinot, C., 1994, La reformulation dans les productions orales de définitions et d'explications, Thèse NR (sous dir. Blanche-Noëlle Grünig), Université Paris VIII.

Martinot, C., 2000a, Présentation acquisition et reformulation. In: Langages, 34ᵉ année, n°140, Acquisition et reformulation.pp.3-8.

Martinot, C., 2000b, Étude comparative des processus de reformulation chez des enfants de 5 à 11 ans. In: Langages, 34ᵉ année, n°140, Acquisition et reformulation. pp. 92-123;

Martinot, C., 2009, Reformulations paraphrastiques et stades d’acquisition en français langue maternelle, Cahiers de praxématique 52, 29-57.

Martinot C., 2015, La reformulation: de la construction du sens à la construction des apprentissages en langue et sur la langue, Corela [online], HS-18 | 2015, placed online on 15th November 2015, consulted on 17th January 2017.

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Aux limites de la reformulation : quand des marques interprètent des citations d’auteurs

Oriane DESEILLIGNY Université Paris 13 – GRIPIC

Université Paris Sorbonne

Sur le réseau social Instagram, les images ou les photos sont mises à l’honneur, mais ne prennent pleinement leur sens qu’accompagnées d’un court texte rédigé par l’individu, l’institution, l’entreprise ou la marque détenteurs du compte. Outre ces quelques mots – parfois plusieurs phrases – qui constituent (apparemment) une légende de l’image, les instagrameurs ont l’habitude de clore la publication par un ou plusieurs mots-clefs – parfois des phrases également, signalés par le recours à un ou plusieurs hashtags (#).

Massivement utilisé sur Twitter, le hashtag s’est également déployé dans d’autres espaces discursifs numériques. Comme toute pratique d’écriture numérique, l’utilisation du hashtag permet de mettre en œuvre plusieurs pratiques, qui relèvent de la simple documentation de contenu en contextualisant l’image ou le discours publiés, en l’associant par un mot-clef à d’autres contenus semblables, ou en détournant cette fonction d’archive au profit d’usages politiques, idéologiques, humoristiques notamment. Marie-Anne Paveau1 a ainsi bien montré les différents usages de ces « technomorphèmes » sur Twitter (depuis l’usage idéologique, ludique des hashtags jusqu’à des formes de modalisation du discours).

Dans le cadre de cette proposition de communication, nous souhaitons nous intéresser à la relation entre les trois éléments d’un post sur Instagram : l’image, l’énoncé associé à l’image et le(s) hashtag(s) qui rendent le contenu investigable et l’associent, selon le processus de la conscription2, à des mots clefs déjà utilisés ou nouvellement créés. À partir d’un corpus d’une centaine de publications (issues de comptes essentiellement privés qui seront anonymisés, mais aussi de comptes de marques au service de leur branding) sur Instagram, nous souhaitons analyser cette relation à l’aune de la notion de reformulation qui constitue une bonne entrée pour saisir la construction du sens au sein de ces pratiques textuelles feuilletées. L’énoncé associé à la photo peut-il être considéré comme une légende – et donc une reformulation, de l’image ? Et le(s) hashtag(s) constituent-il des reformulations, des dérivations ou des compléments de l’énoncé et de l’image ?

1 Marie- Anne Paveau,, 2013, “ Technodiscursivités natives sur Twitter. Une écologie du discours numérique”, Epistémé (Revue internationale de sciences humaines et sociales appliquées, Séoul), n°9, p.139-176.2 Gustavo Gomez Mejia, Les fabriques de soi ? Identité et industrie sur le web, MKF éditions, 2016. L’auteur entend par conscription le fait d’écrire ensemble sur le web : lorsque les instagrameurs choisissent des hashtags, ils empruntent des mots clefs déjà référencés ou en créent de nouveaux. Lorsqu’ils sont déjà utilisés par d’autres, les contenus sont ainsi archivés et associés.

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Ces pratiques textuelles diverses – on considère ici le texte dans une extension large3 - interrogent la relation sémantique et sémiotique du discours à l’image et la relation interactionnelle de l’énonciateur (individu, organisation ou marque) à ses affiliés : énoncés destinés à décrire l’image, à l’archiver, à capter l’attention4 du public, à compléter le discours, les hashtags permettent de poser la question de la relation entre énoncé et image, entre reformulation et équivalence, entre reformulation et déjà-dit, mais aussi entre reformulation et pragmatique. Le hashtag peut-il être considéré comme un connecteur sémiotique ou typographique qui introduirait la reformulation ? Nous analyserons à cet égard les marqueurs de la reformulation (le caractère typographique du hashtag, le dièse, mais aussi l’usage des lettres majuscules dans le cas des hashtags très longs - proches de phrases, qui facilitent la saisie de cette séquence discursive) en tant qu’ils inaugurent une autre séquence du discours et signalent une rupture sémantique. Dans quelle mesure, en outre, le hashtag introduit-il des segments documentaires (entrées d’archives du discours reformulant l’énoncé) ou plutôt, pour reprendre les termes d’A. Seuckardt, des « discordances » ? Peut-il également être considéré comme un opérateur de « double-jeu » ?5. Analyser ces relations suppose d’examiner les stratégies textuelles et/ou communicationnelles dans lesquelles elles s’inscrivent. Notre approche sera ainsi communicationnelle, sémiotique et discursive pour tenter de comprendre les relations complexes qui unissent les trois pôles composant une publication sur Instagram et pour essayer de définir les enjeux du hashtag au prisme de la notion de reformulation entendue ici dans une acception large.

3 Yves Jeanneret et Emmanuël Souchier, « Pour une poétique de l’écrit d’écran », in Xoana, n° 6, 1999, p. 97-107 ; Yves Jeanneret, Joëlle Le Marec, Emmanuël Souchier (dir.), Lire, écrire, récrire, Objets, signes et pratiques des médias informatisés, Paris, BPI, 2003. 4 Yves Citton, Pour une écologie de l’attention, Paris, Seuil, 2014. 5 Agnès Steuckardt, « Décrire la reformulation : le paramètre rhétorique », Cahiers de praxématique, 52, p. 159-172.

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Caractérisation et marquage de reformulations

Iris ESHKOL-TARAVELLA (1) et Natalia GRABAR (2)(1) CNRS, Université d’Orléans

(2) CNRS, Université Lille 3

Le phénomène de reformulation est abordé dans de nombreux travaux selon une dimension donnée : syntaxique [Bouamor, 2012], sémantique [Vezin, 1976; Beeching, 2007], pragmatique [Flottum, 1995; Fuchs, 1994], etc. Nous concevons la reformulation comme un processus complexe et multidimensionnel [Eshkol & Grabar, 2014, 2016]. Au sein de la reformulation, le segment source, qui est reformulé, et le segment cible, qui correspond à la reformulation sont distingués. Un schéma d'annotation de la relation entre ces deux segments combine plusieurs dimensions: syntaxe (rôle syntaxique des segments cible et source), transformation syntaxique et/ou morphologique (par exemple, temps et modes verbaux, composition morphologique, flexion, dérivation, etc.), relation lexicale (synonymie, hyperonymie, méronymie, instanciation, etc.), fonction pragmatique ou raison pour laquelle la reformulation a été effectuée (paraphrase, exemplification, explication, dénomination, résultat, etc.). Cette classification est inspirée des travaux existants [Rossari, 1990; Flotum, 1995; Kanaan, 2011] et des observations de deux corpus analysés : corpus oral transcrit et corpus dialogique du Web.

Nos travaux sont interdisciplinaires et s’inscrivent dans deux domaines : linguistique de corpus et traitement automatique des langues. Une attention particulière est dédiée à l'identification de la reformulation. Ainsi, la présence de marqueurs fournit un indice assez fiable [Gulich & Kotschi, 1983, 1987; Roulet, 1987; Hwang, 1993], surtout lorsque la nature reformulative du contexte peut être vérifiée et désambiguïsée [Teston-Bonnard, 2008; Eshkol & Grabar, 2014, 2016]. Cependant, la reformulation peut également apparaître sans marqueurs typiques. Ainsi, plusieurs unités linguistiques peuvent jouer ce rôle : les marqueurs de reformulation comme dans "des morceaux nobles ce qu'ils appellent quoi c'est à dire les rosbifs les biftecks et tout ça", les marqueurs de disfluence, comme dans "dont deux vraiment minables euh infects", les organisateurs textuels comme dans "c'était les années quatre-vingt donc c'était les années euh Mitterrand", les marqueurs de glose ou d'exemplification comme dans "des choses un peu plus sympa genre guinguette", ou bien sans aucun marqueur linguistique comme dans "je suis très polar j'aime beaucoup les polars". Dans ce dernier cas, un marquage prosodique pourrait être présent à l'oral.

L’analyse des corpus a permis de constater un lien entre la reformulation et les genres discursifs : les genres discursifs peuvent avoir une influence sur les types et caractéristiques de reformulations et la reformulation, à son tour, peut être typique de certains genres.

Notre travail s'inscrit dans plusieurs axes qui structurent le colloque : configurations syntaxiques et caractéristiques sémantiques (identification et qualification des segments

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source et cible, processus souvent réglés par un travail ad hoc sur le contexte) ; marqueurs de reformulation (unités linguistiques qui peuvent jouer le rôle de marqueurs de même que l'absence de tout marquage) ; caractéristiques pragmatiques et valeurs argumentatives (difficulté de délimiter ce phénomène aux frontières strictes). L’objectif de la communication proposée est de montrer la multidimensionnalité de la reformulation et la typologie des éléments pouvant introduire ce processus.

Références :

K. Beeching, La co-variation des marqueurs discursifs bon, c’est-à-dire, enfin, hein, quand même, quoi et si vous voulez : une question d’identité ? Langue française, 154(2), p. 78-93, (2007).

H. Bouamor, Étude de la paraphrase sous-phrastique en traitement automatique des langues. Thèse de doctorat, Université Paris Sud, Paris, (2012).

I. Eshkol-Taravella, N. Grabar, Repérage et analyse de la reformulation paraphrastique dans les corpus oraux. TALN2014, (2014).

I. Eshkol-Taravella, N. Grabar, Reformulation à l’oral et dans le forum Web. CMLF2016, (2016).

K. Flottum, Dire et redire. La reformulation introduite par "c’est-à-dire". Thèse de doctorat, Hogskolen i Stavanger, Stavanger, (1995).

C. Fuchs, Paraphrase et énonciation. Paris : Orphys, (1994).E. Gulich, T. Kotschi, Les marqueurs de la reformulation paraphrastique. Cahiers de

linguistique française, 5, p. 305-351, (1983).E. Gülich, T. Kotschi, Les actes de reformulation dans la consultation La dame de Caluire. In

P. Bange, (ed.), L’analyse des interactions verbales. La dame de Caluire : une consultation, P Lang, Berne, pp. 15–81, (1987).

Y. Hwang, Eh bien, alors, enfin et disons en français parlé contemporain. L’Information Grammaticale, 57, p. 46-48, (1993).

L. Kanaan, Reformulations, contacts de langues et compétence de communication : analyse linguistique et interactionnelle dans des discussions entre jeunes Libanais francophones. Thèse de doctorat, Université d’Orléans, Orléans, (2011).

C. Rossari, Projet pour une typologie des opérations de reformulation. Cahiers de linguistique française, 11, p. 345-359, (1990).

E. Roulet, Complétude interactive et connecteurs reformulatifs. Cahiers de linguistique française, 8, p. 111-140, (1987).

S. Teston-Bonnard, Je veux dire est-il toujours une marque de reformulation ? In M. L. Bot, M. Schuwer, E. Richard, Eds., Rivages linguistiques. La Reformulation. Marqueurs linguistiques. Stratégies énonciatives, p. 51-69. Rennes : PUR, (2008).

L. Vezin, Les paraphrases : étude sémantique, leur rôle dans l’apprentissage. L’année psychologique, 76(1), p. 177-197, (1976).

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Quelles reformulations pour construire un discours explicatif chez le jeune enfant ? Exemple de reformulations en situation de jeu

Natacha ESPINOSAUniversité Paris Nanterre

Problématique : Nous appuyant sur les travaux de Vion (1992, 2000 : 219), qui définit la reformulation comme une « reprise avec modification de propos antérieurement tenus » et de Rabatel (2007 : 87), pour qui la caractéristique principale de la reformulation réside dans ce qu’elle a pour fonction de « construire le sens des énoncés », nous souhaitons étudier la fonction et les formes de reformulations utilisées par les enseignants de maternelle dans la perspective du développement du langage, mais aussi le développement général des enfants, reprenant l’idée que c’est « dans les énoncés que l’enfant entend – qui le concernent et qu’il retient – que l’enfant cherche à savoir comment il va dire ce qu’il veut dire » (Martinot 2010 : 69).

A partir d’une recherche sur le type de discours spécifique des situations de jeux à règles et les interactions langagières proposées dans des classes de maternelle, nous avons montré comment les interactions éducatives peuvent favoriser l’apprentissage du langage oral de l’enfant (Canut et Espinosa 2016). Nous souhaitons dans cette communication présenter une analyse linguistique des reformulations offertes par l’adulte et produites par l’enfant pour observer comment peut se construire dans ces situations langagières un discours narratif et explicatif complet et structuré qui aide l’enfant à expliquer les règles du jeu auquel il joue.

La méthodologie L’analyse linguistique d’échanges adulte-enfants en situation scolaire portera principalement sur les constructions syntaxiques des reformulations de l’adulte adressées aux élèves dans trois moments de jeu (au début, pendant et à la fin). Nous montrerons ainsi que les formes de reformulation varient selon le type de discours utilisé mais aussi, dans le cadre de l’explication de règle de jeu, selon les étapes du jeu lui-même.

Les principaux résultats exposés - Description des formes variées de reformulations qui constituent le discours narratif et

explicatif que l’adulte peut proposer aux jeunes élèves pour les aider à expliquer une règle de jeu.

- Description des reformulations que les élèves sont capables de produire en s’appuyant sur les offres langagières des adultes dans ces situations de jeu.

L’objectif de cette communication sera d’amorcer une étude descriptive des formes de reformulation dans les situations d’apprentissage en milieu scolaire et d’envisager un éclairage didactique qui permette aux enseignants, et aux éducateurs, de poursuivre une réflexion formative sur les interactions langagières et la diversité des formes linguistiques

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nécessaires au développement des capacités linguistiques des élèves (Canut, Espinosa et Vertalier, 2013).

Pistes bibliographiques

Canut, E., Espinosa, N. (2016). Jouer pour apprendre à parler à l’école maternelle. Regard sur la posture langagière de l’enseignant, Le français aujourd’hui, 195, 93-104.

Canut, E., Espinosa, N. & Vertalier, M. (2013). Corpus et prise de conscience des processus interactionnels d’apprentissage du langage pour repenser les pratiques enseignantes en maternelle, LINX, 68-69, 69-94.

Martinot, C. (2010). Reformulation et acquisition de la complexité linguistique. Travaux de linguistique, 61, 63-96.

Rabatel, A., (2007), « Répétitions et reformulations dans l’Exode : coénonciation entre Dieu, ses représentants et le narrateur », in : M. Kara (éd.), Usage et analyse de la reformulation, Recherches linguistiques 29, 75-96.

Vion, R. (1992, 2000), La communication verbale. Analyse des interactions, Paris, Hachette.

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La vulgarisation scientifique comme reformulation du discours scientifique

Hend GHIDHAOUIUniversité de Salamanque, Espagne

Notre proposition s’introduit dans l’axe de La reformulation : caractéristiques pragmatiques et valeurs argumentatives. Le projet de notre communication est de comparer la reformulation des discours scientifiques hautement spécialisées dans la presse et ce, à partir d’une perspective multilingue. Nous partons de définitions comme celle de Peytard, de Jacobi ou de Loffler-Laurian. Pour Peytard la reformulation est « l’ensemble des transformations qu’un discours (littéraire, scientifique) admet d’une même et unique source, pour devenir « autrement » équivalent » (1984 : 17). Jacobi affirme que « les vulgarisateurs s’efforcent de reformuler le discours ésotérique que les spécialistes mobilisent pour présenter et décrire cette théorie complexe, afin qu’elle devienne compréhensible pour le public des non-initiés » (1999 : 82). Pour Loffler-Laurian « La vulgarisation scientifique est une reformulation par un chercheur ou un enseignant scientifique lui-même, ou par un journaliste dit scientifique » (1984 : 124). Nous nous proposons de comparer des titres d’articles de vulgarisation scientifique parus dans la presse, comme reformulation des discours savants et de démontrer que le contexte social est largement impliqué dans leur reformulation. De nombreuses recherches ont été menées sur des corpus de discours spécialisés et de reformulations (Mortureux 1983, Candel 1984, Jacobi 1984). Nous proposons une vision multilingue et multiculturelle.Nous avons réuni un corpus d’articles de vulgarisation scientifique parus dans différents journaux se rapportant à une découverte publiée online par la revue spécialisée Nature, le 29 août 2014. Il s’agit d’une expérience faite sur des singes qui prouve l’efficacité d’un médicament -ZMapp- contre le virus Ebola :

- Des journaux en langue espagnole : El Mundo Un espaldarazo para ZMappEl País El fármaco experimental cura el ébola en monos (Science)

Un nuevo ensayo del suero ZMapp en monos tiene una eficacia del 100% (Société)

ABC El fármaco contra el ébola ZMapp demuestra su efectividad en primates- Des journaux en langue française :

Le Figaro L’espoir des premiers traitements expérimentauxLe Monde L’espoir d’un traitement contre Ebola conforté par de nouvelles étudesLa Presse (Canada) Lueur d’espoir canadienne au bout d’un tunnel qui s’obscurcit

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Nous avons soumis ce corpus à une analyse comparative tout en tenant compte du contexte sociolinguistique. Nous avons observé que les titres des articles en espagnol sont plus rassurants et plus convaincants que les titres français ou canadiens qui parlent d’espoir. L’Espagne a été touché par le virus Ebola. Par conséquent, les espagnols ont besoin d’être rassurer et de savoir qu’il y a enfin un remède.Nous pensons qu’une vision multilingue et multiculturelle de la reformulation est nécessaire, afin d’établir une définition plus ample de la reformulation.

Bibliographie

Candel, D. (1984). Une approche de la langue des physiciens. Langue française(64), 93-108.Jacobi, D. (1984). Recherches Sociolinguistiques et interdiscursives sur la diffusion et la

vulgarisation des connaissances scientifiques (Thèse d'Etat). Besançon.Jacobi, D. (1999). La communication scientifique : Discours, figures, modèles. Grenoble:

Presses Universitaires de Grenoble.Loffler-Laurian, A.-M. (1984). Vulgarisation scientifique: formulation, reformulation,

traduction. Langue française(64), 109-125.Mortureux, M.-F. (1983). La formation et le fonctionnement d'un discours de la V. S. au

XVIIIe siècle à travers l'œuvre de Fontenelle. Didier érudiation.Peytard, J. (1984). Problématique de l'altération des discours: reformulation et transcodage.

Langue française(64), 17-28.

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Au seuil de la reformulation

À savoir ou le pouvoir de l’explicitation

Houda LANDOLSIUniversité d’Uppsala

Que pourrait introduire le marqueur à savoir ? une énumération ? une nomination ? une explication ? un commentaire métalinguistique ? une glose ? une interprétation ? une réinterprétation ?

Les segments introduits par ce marqueur polyfonctionnel sont en effet susceptibles d’avoir l’une de toutes ces valeurs argumentatives. Or, il est légitime de se demander ce que ces différentes valeurs ont commun et c’est précisément à l’étude de cette problématique que sera consacrée la présente intervention. Notre recherche vise en effet à discerner les caractéristiques formelles, sémantiques et surtout argumentatives des segments introduits par à savoir dans l’objectif de comprendre, dans un premier moment, le genre de contribution sémantique que le marqueur peut véhiculer au sein des constructions dans lesquelles il est intégré et de montrer, dans un second moment, que d’un point de vue argumentatif, à savoir établit, dans tout contexte, une relation d’explicitation.

Nous essaierons également de mettre en lumière l’influence du genre auquel appartient le texte sur l’emploi et les caractéristiques du marqueur. Par conséquent, nous analyserons les fonctions du segment introduit par à savoir dans deux genres différents :

- Dans un corpus composé de récits fictionnels en prose tirés de la base textuelle Frantext. Les œuvres choisies sont publiées durant une période qui s’étend sur soixante ans (de 1950 jusqu’à 2010) et catégorisées comme des romans, contes et nouvelles. Le nombre total de mots dans ce corpus de travail est de 2 835 893.

- Dans un corpus nommé C-ParaFraSe-HumSam, constitué de vingt-trois livres de littérature spécialisée et composé par Svensson (2010). Les ouvrages appartiennent à différents domaines des sciences humaines et sociales. Le nombre total de mots est 1 956 974.

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Bibliographie indicative

Fløttum, K. (1996), La reformulation introduite par c’est-à-dire, Stavanger, Hegskolesenterct i Rogaland.

Fuchs, C. (1994), Paraphrase et énonciation, Paris, Ophrys.Gülich, E. et Kotschi, T. (1983), « Les marqueurs de la reformulation paraphrastique »,

Cahiers de Linguistique Française, 5, p. 305-351.Steuckardt, A. (2009), « Décrire la reformulation : le paramètre rhétorique », Cahiers de

praxématique, 52, p. 159-172.Vassiliadou, H. (2008), « Quand les voies de la reformulation se croisent pour mieux se

séparer : à savoir, autrement dit, c’est-à-dire, en d’autres termes ».  In M.-C. Le Bot, M. Schuwer & E. Richard (éds), La reformulation : marqueurs linguistiques, stratégies énonciatives, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 35-50.

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De quelques formes non canoniques de reformulation dans les conversations électroniques en français et en allemand

Céline LARGIER VIÉUniversité Sorbonne Nouvelle Paris 3

Cette communication reprend une partie des résultats obtenus dans le cadre de ma thèse de doctorat (Largier, 2005) portant sur la reformulation dans les forums de discussion de la presse allemande et française en ligne, qui sont plus précisément des forums de débat. L’objectif de cette thèse était de répertorier l’ensemble des forme identifiables de reprise du discours autre – des plus explicites, comme la citation dûment marquée, aux plus implicites – observable dans ce corpus et de déterminer la fonction de ces reformulation dans un contexte de communication polémique dans lequel le discours argumentatif tenait une place majeure.

Il existe déjà de nombreux travaux sur la reprise du discours autre dans les genres électroniques (Mondada, 1999 ; von Münchow, 2004 ; von Münchow/Rakotoelina, 2006 ; Marcoccia, 2010 ; Devilla, 2014). Reprenant deux des axes proposés – celui des formes syntaxiques de la reformulation et celui de ses caractéristiques pragmatiques – cette communication portera sur ce que j’ai considéré dans mon travail comme étant des formes non canoniques de reprise d’un discours autre. L’analyse du corpus montre en effet qu’il arrive que le locuteur ait recours, pour signaler qu’il reprend un discours dont il n’est pas l’auteur, à des structures syntaxiques d’usage courant utilisées, en quelque sorte, comme des marqueurs indirects de reformulation. Ces formes, plus rares, sont généralement plus difficilement identifiables que les formes évidentes de reprise, comme la citation sous forme de copier-coller, par exemple, très fréquente dans les genres électroniques. Elles font partie des modalités de reprise du discours qui peuvent être rapprochées de ce que l’on observe dans les conversations ordinaires à l’oral (Devilla, 2014).

Nous présenterons trois de ces structures : le recours à la négation, appelée « négation polyphonique » (« Avoir un enfant n'est pas qu'une histoire de femmes, il faut etre deux, de sexe oppose, pour avoir un enfant ») ; le recours à une complétive en tête d’énoncé (« Que tu sois énervée par cette "morale à deux balles" soit. Qu'elle n'ait aucun fondement, je ne te suis plus ») ; le recours à une structure hypothétique (« Si le canabis n'est pas mauvais ou moins mauvais que l'alcool et le tabac pourquoi l'interdire et vendre de l'alcool et du tabac ? »). A partir de cas dans lesquels le recours à ces structures correspond effectivement à la reprise de propos antérieurs attestés, nous montrerons que ces structures peuvent également être utilisées

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pour réagir à des éléments discursifs qui n’ont pas été produits dans l’interaction que constitue le forum de discussion, voire relevant davantage de la doxa.

Dans tous les cas, nous montrerons que le recours à ces formes de reprise du discours s’inscrit dans une visée pragmatique assez univoque : il s’agit pour les locuteurs de se positionner, dans un discours à forte dimension argumentative et polémique, par rapport à un discours autre. La reprise sert alors de support pour manifester son accord ou, plus fréquemment, son désaccord avec ce qui a été énoncé par un autre locuteur.

Travaillant dans une perspective contrastive sur l’allemand et le français, nous montrerons que le recours à ces structures s’observe dans les deux langues avec une visée pragmatique semblable.

Bibliographie :

Devilla, L. (2014) : « La reprise du discours des autres dans les interactions pédagogiques plurilingues en ligne : une affaire de genre(s) ? », Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2014 SHS Web of Conferences

Largier, C. (2005) : Le travail de la reprise discursive dans un genre émergent : les forums de débat de la presse allemand et française en ligne, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

Marcoccia, M. (2010). « Formes et fonctions de la citation et du copier-coller dans les discussions en ligne. » In Communications du IVe Ci-dit.

http://revel.unice.fr/symposia/cidit/index.html?id=550. Mondada, L. (1999). « Formes de séquentialité dans les courriels et les forums de discussion.

Une approche conversationnelle de l'interaction sur Internet. Apprentissage des Langues et Systèmes d'Information et de Communication (Alsic) », Vol. 2, 1, 3-25. http://alsic.u-strasbg.fr/Num3/mondada/alsic_n03-rec1.htm

Von Münchow, P. (2004). « Le discours rapporté dans un forum de discussion sur l’internet. » Les Carnets du CEDISCOR, 8, 91-112.

Von Münchow, P. et Rakotoelina, F. (2006). « L’interrogation et le discours rapporté dans les forums de discussion sur l’environnement en français et en anglo-américain. » Les Carnets du CEDISCOR, 9, 93-112.

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Marqueurs d’exemplification et de reformulationEntre fonctions cognitives et pragmatiques

Simona MARINOUniversité de Palerme

Cette recherche se concentre sur les notions d’exemplification et de reformulation, et sur ce qui à la fois distingue et apparente les deux procédés langagiers et cognitifs. D’ailleurs, du point de vue textuel, l’exemplification et la reformulation partagent la même nature de fonction discursive selon laquelle une seconde unité est une réaffirmation ou une élaboration d’une première unité avec des mots différents, pour présenter ce qui a été énoncé, d’un point de vue différent et pour renforcer le message véhiculé (Hyland 2007: 269). L’objectif visé est de décrire et d’analyser les fonctions cognitives et pragmatiques de quatre marqueurs ayant une valeur d’exemplification ou de reformulation – mettons, disons, par exemple et genre. Deux corpora de français parlé (plus de 5 millions de mots) et un corpus de Newsgroup UseNet (environ 174 millions de token) ont été examinés selon une approche hybride corpus-based et corpus-driven, s’appuyant sur une analyse quantitative des corpora et une analyse qualitative du discours. Cette recherche a donc exploré la connexion entre les procédés de catégorisation (Barsalou 1983 ; Mauri & Ramat 2015), le vague (Channell 1994) et la référentialité, afin d’illustrer le processus de pragmaticalisation des quatre marqueurs, qui finissent souvent par développer des valeurs subjectives (Traugott 1995) en tant que hedge exprimant l’attitude du locuteur par rapport au dégrée d’information dans l’énoncé (Fleischman & Yaguello 2004), ou en tant qu’approximateurs.

Au niveau cognitif, la reformulation est un important outil linguistique qui permet au locuteur de spécifier des catégories communes ou de se référer à des catégories qui pourraient créer des problèmes de conceptualisation ou de dénomination. Les locuteurs ont recours à la reformulation ainsi qu’à l’exemplification pour dénoter des catégories qui manquent d’une étiquette spécifique mais qui ont une réalité conceptuelle : les énoncés reformulés peuvent être considérés comme des membres potentiels d’une catégorie ouverte ou même d’une catégorie ad hoc. Dans les phrases (1) et (2), le locuteur peut inférer, en suivant un raisonnement analogique basé sur le contexte, d’autres instances potentielles, aboutissant ainsi à la construction d’une catégorie inférée par le locuteur. Au niveau pragmatique, les quatre marqueurs permettent au locuteur de ne pas imposer son opinion à son interlocuteur, donc ils limitent la force assertive de l’acte de parole et dans ce cas on parle de hedging devices. En tant que tels, ils présentent l’énoncé reformulé comme une option par rapport à un ensemble idéal de choix, afin de réduire l’engagement du locuteur envers ce qu’il dit, comme on le voit dans l’exemple (3).

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(1) Je n’ai pas la moindre idée de ce que je dois faire. Mon but est de transférer mes documents (mettons des PDF) pour pouvoir les imprimer depuis le Mac.

(2) Je suis à la recherche d’un bâtiment à acheter genre grande grange, entrepôt, hangar, friche industrielle d’environ 200 m² sur la région de Boulogne au sens large (disons entre la baie de la Canche et Wissant).

(3) Je vais vous demander quelque chose de… disons quelque chose d’inhabituel. C’est assez embarrassant et auparavant, je voudrais que vous me promettiez de garder ça secret

Bibliographie

Barsalou, L. W. (1983). Ad hoc categories. Memory & cognition, 11(3), 211-227.Brown, P., & Levinson, S. C. (1987). Politeness: Some universals in language usage (Vol. 4).

Cambridge University Press.Channell, J. (1994). Vague language. Oxford University Press.Diewald, G. (2011). Pragmaticalization (defined) as grammaticalization of discourse

functions. Linguistics, 49(2), 365-390.Fleischman, S., & Yaguello, M. (2004). Discourse markers across languages. In Ed. by

Moder C. L. & Martinovic-Zic A., Discourse across languages and cultures, John Benjamins Publishing, 129-148.

Hyland, K. (2007). Applying a gloss: Exemplifying and reformulating in academic discourse. Applied linguistics, 28(2), 266-285.

Mauri, C., & Ramat, A. G. (2015). "Piuttosto che": dalla preferenza all’esemplificazione di alternative. Cuadernos de Filología Italiana, 22, 49-72.

Tognini-Bonelli, E. (2001). Corpus linguistics at work (Vol. 6). John Benjamins Publishing.Traugott, E. C. (1995). Subjectification in grammaticalization. In Stein D. & Wright S.

(Eds.). Subjectivity and subjectivisation. Cambridge University Press, 31-54.Vincent, D. (2005). The journey of non-standard discourse markers in Quebec French:

Networks based on exemplification. Journal of Historical pragmatics, 6(2), 188-210.

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La reformulation dans les entretiens non-directifs de recherche

Corinne MARTINUniversité de Lorraine

Notre proposition s’inscrit dans l’axe 4 : « En-deçà et au-delà de la reformulation ». En nous situant hors des frontières de la linguistique, et pour apporter un regard complémentaire aux tentatives de définition de la reformulation par la linguistique, notre proposition souhaite revisiter l’approche de la reformulation de Carl Rogers (1942/2008), telle qu’elle a été prioritairement définie dans une perspective psychothérapeutique. Puis nous montrerons comment cette approche rogérienne a permis à d’autres auteurs (Alain Blanchet, 1986 ; Alain Blanchet et Anne Gotman, 1992 ; Magioglu, 2008) de définir et caractériser la notion d’entretien non-directif de recherche. Il est ainsi question d’une écoute à différents niveaux, au niveau du contenu, au niveau du contexte de la communication (le cadre de la communication, cf. école de Palo Alto) et au niveau des sentiments/émotions, et ce dans des situations d’entretien oral en face à face. La reformulation doit ainsi être envisagée comme indissociable d’une attitude compréhensive et d’une certaine empathie6, ouvrant ainsi à une réelle sensibilité à la communication non-verbale.

Notre corpus est constitué de près d’une centaine d’entretiens : ces entretiens sont issus d’une part de l’enquête de terrain de notre thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication sur les usages et représentations du téléphone portable chez de jeunes adolescents et leur famille (Martin, 2007), entretiens d’1h à 1h30 avec le jeune adolescent, puis avec chacun de ses deux parents. D’autre part, d’autres enquêtes conduites ultérieurement, sur la photographie mobile, sur les pratiques médiatiques numériques (actualités sur médias numériques via smartphones, tablettes, dans un contexte transfrontalier), conduites auprès de publics différents – jeunes étudiants, salariés frontaliers français au Luxembourg – constituent l’autre partie de ce corpus. A partir de l’ensemble de ce corpus, nous montrerons combien des reformulations permettent à l’interviewé de se sentir en confiance et de dérouler, voire reconstruire son histoire, son récit de vie, dans une perspective narrative. A l’inverse, par comparaison, par une mise en tension, nous analyserons des tentatives de reformulation manquée, – attitudes non compréhensives, sans empathie –, et leurs effets potentiels sur l’interaction. Nous espérons ainsi apporter quelques éléments de réponse à la volonté de définir et caractériser la reformulation.

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Bibliographie

BLANCHET, Alain, 1985. L’entretien dans les sciences sociales. L’écoute, la parole et le sens. Paris : Dunod.

BLANCHET, Alain et GOTMAN, Anne, 1992. L’enquête et ses méthodes : l’entretien. Paris : Nathan.

HALL, Edouard T., 1978. La dimension cachée. Paris : Points. (1re éd. 1971, 1re éd. en anglais, The Hidden Dimension, New York : Double Day, 1966).

ROGERS, Carl, 2008. La relation d’aide et la psychothérapie. Paris : ESF. (15e éd., 1re éd. en anglais, Counseling and Psychotherapy, 1942).

MAGIOGLU, Thalia, 2008. L’entretien non directif comme modèle génératif d’interactions, In : Cahiers Internationaux de psychologie ; 2008. vol. 2, n° 78, p. 51-65.

MARTIN, Corinne, 2007. Le téléphone portable et nous. En famille, entre amis, au travail. Paris : L’Harmattan.

WAAL, de Frans, 2010. L’âge de l’empathie. Leçons de la nature pour une société solidaire. Paris : Ed. Les liens qui libèrent. (1re éd. en anglais, 2010. The Age of Empathy. Nature’s Lessons for a Kinder Society. New York: The Crown Publishing Group).

WATZLAWICK, Paul, BEAVIN, Janet H., JACKSON, Don-D, 1972. Une logique de la communication. Paris : Seuil.

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Les procédés syntactico-sémantiques de reformulation dans un contexte altéritaire

Le cas du corpus viatique

Afsaneh POURMAZAHERIUniversité de Téhéran - Iran

Dans le récit de voyage, toute forme qui incarne la présence d’une entité autre que « le référent » réel peut altérer la représentation de ce celui-ci et perturber l’ekphrasis et son élaboration. Le récit viatique a souvent tendance à mettre son lecteur en difficulté, et ce, en raison du nombre de référents nouveaux qu’il fait intervenir manière exogène. Il s’agit d’un type de texte dont la grande capacité d’intégration de diverses formes morphosémantiques est susceptible d’en rendre difficile l’ « intellection ». Un brouillage ou une incertitude sémantico-textuel localisé (Bakhtine, Volochinov, 1977 : 136) peut alors se produire. L’insertion du discours « autre », issue des phénomènes d’hétérogénéité (hétérogénéité montrés (Authier-Revuz, 1982 : 91)), confère donc un caractère polymorphe au discours par le biais d’un échange entre les locuteurs. La dialectique entre l’interaction verbale et le dialogisme confirme qu’un énoncé est tourné vers le discours d’autrui » portant sur l’objet dont il parle. (Bakhtine, 1984 : 302) Le récit de voyage est constitué de discours antérieurs qui forment l’arrière-plan culturel et idéologique dont « une bonne moitié nous vient d'autrui ». (Bakhtine, 1978 : 158) dont une meilleure saisie nous amène déceler la distinction entre les trois ordres de manifestation de l’interaction dialogique (interdiscursif, interlocutif, intralocutif). L’intertextualité peut offrir à un énoncé un supplément de consistance culturelle. L’intérêt de ces énoncés est qu’ils convoquent un énoncé antérieur dans une double lecture. Il est question donc d’une double énonciation qui autorise tout un jeu d’influences réciproques (Grésillon, Maingueneau, 1984 : 115).

La conception de la transmission du savoir basée sur la perception et l’observation n’est donc pas toujours celle qui prévaut dans le récit de voyage car le fait attesté par la pure observation du locuteur entre parfois en contradiction avec les propos des devanciers. « L’image qu’un énonciateur construit de son propre discours est très fortement liée à celle qu’il construit d’autres énonciateurs auxquels il s’oppose » (Authier-Revuz, 1985 : 19). Le récit viatique, imprégnés d’intertextualité, est confronté aux textes précédemment rédigés dans les mêmes régions. Il doit donc faire face à de nombreuses contradictions. Ces passages critiques sont dotés, dans la plupart des cas, des structures canoniques telle que X a dit que… mais c’est faux… j’ai au contraire remarqué que, dont la forme peut varier selon les auteurs mais qui dans tous les cas, est la formulation d’une négation polémique typiquement dialogique (Bres, 1999). Par le rejet des propos d’autrui, la négation s’octroie un surplus de légitimité.

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Nous allons relever des formules de répétition ou de reformulation de la gestion des bribes de textes où l’auteur-voyageur adopte deux attitudes différentes : Il peut transmettre une répétition des données antérieures en y apportant son approbation ou, au contraire, donner la primauté à ses propres observations en réfutant catégoriquement d’autres textes qui préexistent au moment de la relation. Ces contradictions sont majoritairement dues au changement d’époque et à l’évolution culturelle, sociétale et démographique qui constituent des facteurs majeurs de sémantisation des référents. Le sens critique du narrateur-voyageur l’aide à effectuer efficacement ses analyses comparées. Il se permet donc d’évoquer les données produites par les voyageurs antérieurs, qui lui paraissent justes, et d’annoncer comme non-fondées ou erronées, celles qui lui paraissent problématiques en les remplaçants par d’autres propos du même ou d’un autre texte. L’article comprendra une réflexion sur le traitement du savoir via le dialogisme interdiscursif et la place occupée par ce même savoir dans la production de l’écart sémantique. Diverses sources de savoir (attestées et empruntées) et leur impact sur notre problématique y seront donc étudiés en tenant compte du pacte référentiel proposé par Philippe Lejeune. Précisons que si le savoir emprunté a ici retenu notre attention, c’est pour la bonne raison que la modalisation en discours second ( la reformulation et la répétition) et la présence des éléments hétéroclites dans le texte discriminent le référent concret, nous le constateront, au profit du potentiel interprétatif.

Nous tenons également à souligner que d’après Dendale (1993 :174) le principe du discours emprunté introduit tout naturellement de l’incertitude et du brouillage dans le discours d’accueil car « une information empruntée est par définition une information qui n'est pas créée par le locuteur lui-même, qui ne provient pas de lui », d’où son caractère incertain. Par conséquent, le discours second sous-tend que le procès est donné à voir comme non intégré à la réalité du locuteur. Cela montre tout simplement que le locuteur formule des propos sans les garantir. Les informations provenant des connaissances de seconde main sont donc perçues par les énonciateurs comme peu sûres. On peut même parfois parler d’excès de références aux sources déjà existantes, d’analyses intertextuelles ou de critiques qui ont de quoi rendre le lecteur perplexe, en lui fournissant trop peu d’information, en l’abandonnant dans un méandre d’hypothèses et de thèses qui demandent à être confirmées.

Les phénomènes de cet ordre constituent des facteurs majeurs d’écart dans les textes « viatiques ». La quasi-absence de travaux d’analyse concernant les récits de voyage français et iraniens sur l’Iran du XIXe siècle a tout naturellement attiré notre attention de par la profusion des publications sur la Perse de l’époque et la nouvelle vision du « mondialisme » qu’apportait cette altérité Orientale. Notre corpus est évidemment non-discriminatoire. Cela pour la simple raison qu’il a pour vocation de rendre compte dans son ensemble des modalités de représentation de l'autre dans les textes concernant l'Iran du XIXe siècle. Certains des ouvrages riches en occurrences constituent naturellement notre corpus restreint. Pour effectuer nos analyses, nous nous sommes majoritairement intéressés aux travaux effectués par J. Kristeva (1969) (dialogue interdiscursif), de G. Genette (1982) ainsi que ceux d’Authier-Revuz (1982), de Bres (1999) et de Bakhtine (1978). 

Mots clés : récit viatique, répétition et reformulation, brouillage sémantico-référentiel, dialogisme interdiscursif, altérité, savoir, référent

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Du statut des marqueurs donc et c'est-à-dire dans un cours magistral en L1 Sciences du Langage

Marie-France ROQUELAUREUniversité de Poitiers

RésuméÀ l’Université, l’exposé magistral est le mode de communication principal (Bouchard et Parpette, 2007, 2009), les reformulations y occupent une place importante (Gülich, Kotschi, 1987). Notre recherche porte sur l'enseignement-apprentissage du lexique à l'université en français langue maternelle. Elle a pour but de déterminer quelle est le statut et la fonction des mots-outils donc et c'est-à-dire dans les reformulations orales de l'enseignant dans un cours de première année de Sciences du Langage. Nous nous centrerons spécifiquement sur les reformulations de l'enseignant au niveau de la transmission de la terminologie lexicale (définitions et exemples de notions). Le corpus que nous nous proposons d’analyser est composé de huit séances encadrées par deux enseignants expérimentés et par deux enseignants débutants. Les enseignants s’appuient sur différents supports pédagogiques : supports technologiques (PowerPoint) ou traditionnels (polycopiés et inscription au tableau). Sur la base des travaux de Coltier (1988) sur les reformulations introduisant un exemple et en nous référant à la typologie de Riegel (1990) et Rebeyrolle (2000), nous allons tenter de caractériser et de comprendre dans quelle mesure donc et c'est-à-dire peuvent être considérés comme marqueur de reformulation. L’étude de la reformulation dans l’enseignement supérieur nous permet, par la proposition de nouvelles catégories d’analyse, d’affiner les modèles d’analyse théorique de la définition et des exemples utilisés et de dégager les spécificités du discours enseignant à l’université. Les questions que nous nous poserons seront les suivantes : Peut-on appréhender donc comme une particule énonciative et/ou connecteur de structuration du discours ? Que pouvons-nous apprendre du statut de c'est-à-dire comme marqueur paraphrastique utilisé par l'enseignant pour introduire des exemples liés à l'explicitation d'une notion ?

Mots clefs : discours enseignant, reformulations, exemplification, définition, enseignement supérieur.

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Bibliographie :

BOUCHARD R., (2001) « Alors,donc,mais...,"particules énonciatives" et/ou "connecteurs"? Quelques considérations sur leur emploi et leur acquisition », Syntaxe et sémantique, 1/2002 (N° 3), p. 63-73.

BOUCHARD R., (2007) : « Les appuis iconiques (type powerpoint) pendant les Cours Magistraux : quelle aide à la compréhension des étudiants étrangers ? », Cahiers du CLA, Besançon.

BOUCHARD R., PARPETTE C., (2010) : «Plurisémioticité et multimodalité dans un cours magistral scientifique » in Rabatel A., (éd.) Reformulations pluri-sémiotiques en situation de formation didactique et professionnelle. Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté, pp.97-116.

BOUCHARD R., PARPETTE C., (2012) : Littéracie universitaire et oralographique : le cours magistral entre écrit et oral. Revue Pratiques, 153.

COLTIER D., (1988) Introduction et gestion des exemples dans les textes à thèse, Pratiques, n°58, p.23-41.

GÜLICH E., KOTSCHI T., (1986) : « Les actes de reformulation dans la consultation La Dame de Caluire » in BANGE P., (Ed) L’analyse des interactions verbales, La Dame de Caluire. Berne, Peter Lang, pp.15-81.

MOURAD G., DESCLES J.-P., (2002) : « Citation textuelle : identification automatique par Exploration Contextuelle », Faits de Langue, n°19. Le discours Rapporté : formes et frontières, pp.179-189.

REBEYROLLE J., (2000) : « Formes et fonction de la définition en discours » Thèse de Doctorat Nouveau Régime.

RIEGEL M., (1990) : La définition, acte du langage ordinaire – De la forme aux interprétations. In J. Chaurand & F. Mazières (eds), La définition, pp.97-110.

STEUCKARDT, A. (2009), « Décrire la reformulation : le paramètre rhétorique », Cahiers de praxématique, 52, p. 159-172.

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Hétéro-répétitions « à l’identique » (ou presque) dans des contextes interactionnels : identification pragmatico-syntaxique d’un sous type de

reformulationSandra TESTON-BONNARD

Université Lyon2

Les réalisations répétitives à l’oral non préparé sont produites selon différents formats : des auto ou hétéro-répétitions à l’identique, ou avec modifications - modalisations, expansions -, de manière contingente ou différée, ou encore des auto ou hétéro-reformulations paraphrastiques et synonymiques.

1) Méthodologie et corpusNous choisissons ici de décrire les contextes d’apparition de différentes productions de répétitions6 de segments identiques (ou presque) par un interlocuteur -vs locuteur- dans le cadre d’une syntaxe à deux modules en articulation avec les approches interactionnelles.Les occurrences traitées sont issues de la base Clapi7 et recueillies avec l’outil concordancier associé.

2) ProblématiqueEn définissant plus précisément ce qu’est la répétition à l’identique, on posera qu’elle est sûrement impossible. Comme le souligne Prak-Derrington (2008 : 252) : « le seul fait de répéter implique un changement de perspective énonciative ».Par ailleurs, il est évident que le changement d’intonation et toute autre modification prosodique réalisée presqu’obligatoirement lors de la répétition d’un segment verbal, induit que le segment répété n’est plus vraiment le même que le segment source.Prak-Derrington estime que «  Il existe deux types fondamentaux de répétition verbale  : la répétition comme reprise du sens et la répétition comme reprise du matériau formel » (id.) Il est en fait difficile de distinguer ces deux « types » puisque la reprise du sens peut être compatible avec la reprise du matériau formel. L’auteure précise bien qu’il existe

la répétition comme reprise du sens avec un autre matériau formel, et la répétition comme reprise du matériau formel. Répéter, c’est soit redire autrement (avec d’autres mots), soit ne pas redire autrement, mais au contraire à l’identique (avec les mêmes mots).(id.)

6 Voir annexes7 http://clapi.ish-lyon.cnrs.fr/ : banque de données orales en interaction outillée et annotée, conçue et développée par ICAR.

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Cependant, nos analyses sur des corpus de la langue parlée montrent que le critère « même matériau formel ou figural » est malaisé à valider : non seulement l’intonation et le plan énonciatif sont modifiés, mais en outre le matériau formel n’est jamais (ou presque jamais) absolument identique. Nous montrerons que dans de très nombreux cas (ou est-ce tous les cas?) la répétition « simple » «  à l’identique » correspond à quelque chose qu’on re-dit autrement.La problématique envisagée ici conduit à poser certaines questions cruciales :Les répétitions à l’identique sont-elles compatibles avec des opérations de reformulation au sens de Clinquart8 (1996 : 153) ce qui, selon Prak-Derrington, « suspend la dichotomie reprise/reformulation ». (Prak-Derrington 2008 : 2) et va dans le sens de ce que nous suggérons.Les extraits de nos corpus montrent bien qu’il s’agit de redire autrement chaque fois, pourtant avec les mêmes mots. La répétition « à l’identique », ne serait qu’une catégorie de reformulation.Par exemple, il est envisageable d’observer dans le phénomène de répétition à l’identique, des synthèses d’énumérations, des segments à valeur conclusive, des résomption d’information (Bertrand, Chanet, 2005).9

Résultats envisagésSelon nous, il est plus intéressant de considérer le phénomène de reformulation constitué de différents sous groupes, dont l’un se réalise par la répétition simple, « à l’identique ».Il est donc important d’examiner les rôles spécifiques que joue ce sous-type de reformulation : produit dans un format particulier avec un matériau formel (presque) identique, sa réalisation induit une intentionnalité accompagnée d’effets singuliers qui sont à distinguer des autres sous types de reformulation.Cette contribution donnera à observer les marqueurs, constructions syntaxiques et phénomènes interactionnels combinés qui autorisent à discriminer ce sous type de reformulation.

Bibliographie citée dans ce résumé

Bertrand, Roxane et Catherine Chanet, (2005) Fonctions pragmatiques et prosodie de enfin en français spontané. Revue de Sémantique et Pragmatique, Presses de l'Université d'Orléans, pp.41-68.<hal-00353742>

Clinquart, Anne-Marie. (1996). « Fonctions rhétoriques des reformulations ». Cahiers du français contemporain, Hétérogénéités en discours, 151-175.

Henry, S. (2002). « Quelles répétitions à l’oral ? Esquisse d’une typologie », Actes des 2èmes Journées de Linguistique de Corpus, Lorient. [http://www.univ-provence.fr/delic/papiers/Henry-2002lorient.pdf].

Henry, S. (2002). « Étude des répétitions en français parlé spontané pour les technologies de la parole », Actes de RÉCITAL 2002, Nancy, 24-27 juin 2002, pp. 467-476.

Pallaud, B., Henry, S. (2004), « Amorces de mots et répétitions : des hésitations plus que des erreurs en français parlé » ; PUL, p. 848-858., « Étude des répétitions en français parlé spontané pour les technologies de la parole », p. 467-476.

Kara, Mohamed (dir.), (2007). Usages et analyses de la reformulation, Metz, Université Paul-Verlaine. Picoche, Jacqueline, (2007.) : La reformulation, base de l'enseignement du vocabulaire, In Kara, p.

296Prak-Derrington (2008), Emmanuelle, « Thomas Bernhard, la répétition impertinente ou le refus de

reformulation : l'exemple du récit autobiographique 'La cave' », in Le Bot, Marie-Claude, 8 « […] la reformulation (ou la reprise) est le phénomène par lequel une séquence discursive antérieure est reprise au cours d'une même interaction, inférant ainsi un changement de perspective énonciative. »,9 voir le concept de gestion des tâches discursives développé par Bertrand et Chanet à propos de « enfin ».

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Schuwer, Martine, Richard, Elisabeth (eds.), La reformulation, marqueurs linguistiques, stratégies énonciatives, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 251-264.

Teston-Bonnard, Sandra, Colon de Carvajal, Isabel, Markaki-Lothe, Vassili, (2015). « Etudes des interactions dans les lieux de vie d’un patient aphasique. Auto-répétitions, répétitions collaboratives, et reformulations des aidants » in LOPEZ MUÑOZ, Juan Manuel (éds.), Aux marges du discours. Personnes, temps, lieux, objets, Paris, Editions Lambert-Lucas, p. 337-349.

Toutes sortes de reformulations : doit-on et/ou peut-on atteindre un consensus terminologique ?

Hélène VASSILIADOU

Université de Strasbourg

L’objectif de notre contribution est de retracer les différentes acceptions de la notion de reformulation, de son émergence jusqu’à nos jours. Il s’agit de pointer les difficultés qui traversent plus ou moins les époques et les genres littéraires. Toutefois, il n’y a rien d’original dans le constat que ce terme renvoie à l’heure actuelle à des réalités différentes selon le cadre d’analyse ou le point de vue choisi (cf. Garcia-Debanc 2015). S’agit-il pour autant d’un faux problème terminologique ? L’idée est de parcourir les situations linguistiques dans lesquelles le concept de reformulation est employé et/ou mentionné afin de tracer les liens avec les autres termes auxquels il est souvent associé, à savoir, entre autres, commentaire métalinguistique, reprise, ajout, paraphrase, glose, réinterprétation, rephrasage (Jakobson 1963 ; Fuchs 1982). Le flou terminologique concerne chacun de ces termes qui, même s’ils désignent « une méthode spécifique, bien souvent ils paraissent interchangeables » (Jeanneret, 2006 : 1026).Quelles sont alors les caractéristiques propres à ces termes et les restrictions qui peuvent expliquer, justifier et distinguer les différences d’emploi ?

Nous répondrons à ces questions en recourant dans un premier temps à des exemples issus de plusieurs articles de linguistique à propos desquels nous montrerons, avec des critères sémantiques, que tout travail métalinguistique et/ou mouvement de retour sur le dire et le dit (Rossari 1994 ; Authier-Revuz 1995 ; Julia 2001 ; Colombat & Savelli 2001), n’est pas une reformulation (Vassiliadou 2016).Ceci nous permettra d’écarter du champ de la reformulation toute sorte d’ajout qui facilite la progression textuelle et surtout toutes les opérations de nomination, désignation et dénomination (voir aussi Pons-Borderia 2013).

Dans un deuxième temps, nous exploiterons l’hypothèse générale selon laquelle la reformulation peut être abordée par le biais de ses marques (cf. Gülich & Kotschi 1983 ; Steuckardt 2003, par exemple). Mais si on ne sait pas ce qu’est au juste une reformulation stricto sensu (qu’elle soit paraphrastique ou non-paraphrastique), dans quelle mesure un indicateur et/ou une marque linguistique pourra signaler sa présence ? On verra dans cette étude que les multiples facettes de la reformulation se retrouvent dans la grande

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variété de ses marques. Aussi essayer de saisir la notion par le biais de ses « instruments » peut-il avoir pour effet de biaiser à la fois son repérage et l’étendue de sa définition. Dans cette perspective, distinguer la reformulation des opérations qui la sous-tendent ainsi que les frontières de ces activités (mots, choses, phrases, interaction, etc.) peut être une mission délicate, mais nécessaire à toute modélisation linguistique (comme par exemple le domaine du TAL avec les patrons d’extraction, les taxinomies, etc. ; Mela 2004 ; Grabar & Eshkol-Taravella 2015). Des critères syntaxiques de repérage des segments reformulés complèteront notre périple terminologique.

Références bibliographiques

AUTHIER-REVUZ, J., (1995), Ces mots qui ne vont pas de soi  : Boucles réflexives et non-coïncidences du dire, t. 1 et 2, Paris : Larousse, collection Sciences du Langage.

COLOMBAT, B., SAVELLI, M., (éds), (2001), Métalangage et terminologie linguistiques, Actes du colloque international de Grenoble, Université Stendhal - Grenoble III, 14-16 mai 1998, Louvain : Peeters, coll. Orbis Supplementa, vols.1 et 2.

FUCHS, C., (1982), La paraphrase, Paris : PUF.GARCIA-DEBANC, C., (2015), « La reformulation : usages et contextes », Corela [En

ligne], HS-18, consulté le 17 janvier 2017, URL : http://corela.revues.org/4032GRABAR, N. & ESHKOL-TARAVELLA, I., (2015), « ...des conférences enfin disons des

causeries... Détection automatique de segments en relation de paraphrase dans les reformulations de corpus oraux », TALN2015, Caen, France.

GÜLICH, E. & KOTSCHI, T., (1983), « Les marqueurs de la reformulation paraphrastique ». Cahiers de linguistique française 5, 305-351.

JAKOBSON, R., (1963), Essais de linguistique générale, (trad. N. Ruwet), Minuit.JEANNERET, M., (2006), « La glose, le commentaire, l’essai à la Renaissance », in F.

Lestringant & M. Zink (éds), Histroire de la France littéraire, Paris : PUF, 1025-1053.JULIA, C., (2001), Fixer le sens ? La sémantique spontanée des gloses de spécification du

sens, Presses de la Sorbonne Nouvelle.MELA, A., (2004), « Linguistes et "talistes" peuvent coopérer : repérage et analyse des

gloses », Revue Française de Linguistique Appliquée IX (1), 63-82.PONS-BORDERIA, S., (2013), “Un solo tipo de reformulación”, Cuadernos Aispi 2, 151-

170.ROSSARI, C., (1994), Les opérations de reformulation : analyse du processus et des

marques dans une perspective contrastive français-italien, Berne : Lang.STEUCKARDT, A., (2003), « C’est-à-dire au XVIIIe siècle », in A. Steuckardt, et A. Niklas-

Salminen, (éds), Le mot et sa glose, Publications de l’Université de Provence, 223-244.VASSILIADOU, H., (2016), « Mouvements de réflexion sur le dire et le dit : c’est-à-dire,

autrement dit, ça veut dire », in L. Rouanne & J.-C. Anscombre (éds), Histoires de dire. Petit glossaire des marqueurs formés sur le verbe dire, Berne : Peter Lang, 339-364.

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Genre en français, like en anglais : des marqueurs de reformulation ?

Jeanne VIGNERON-BOSBACHUniversité de Poitiers

La reformulation peut être définie comme un « retour sur un segment afin d’en modifier l’un des aspects syntaxiques ou sémantiques » comme le proposent les organisateurs de ce colloque, ou bien plus largement comme une « succession en discours de deux segments qui visent le même état de chose » (Steuckardt, 2007 : 59). Notre étude s’intéresse à deux marqueurs, genre en français et like en anglais dans des corpus d’oral spontané, afin de voir si, dans certaines configurations, ils peuvent être envisagés comme des marqueurs de reformulation.

Dans les exemples ci-dessous, on voit que ces deux marqueurs peuvent s’insérer entre deux segments :

(1) en plus c'était en altitude c'était genre à deux mille mètres comme ça (OFROM, unine12-avb)

(2) KARE: &=in And I said oka:y (..) we're closed .

KARE: (..) Out . KARE: &=laugh &=laugh

And [% laugh] (..) so I was moving them like making them go o ⌈ ut .

SCOT: ⌊ Mhm ⌋ . KARE: an⌉d they were (.) trying to be cute

and (.) say sweet things (SBCSAE, 34)

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En (1) comme en (2), les deux segments soulignés décrivent le même référent de deux façons différentes. La relation entre ces deux segments peut être matérialisée sur l’axe paradigmatique par une représentation en « grille » (Blanche-Benveniste et Jeanjean, 1987) :

c’était en altitude

c’était genre à deux mille mètres

so I was moving them out

like making them go out

En (1), en altitude et à deux mille mètres sont tous deux régis par le prédicat c'était. On note ici que  ce prédicat est répété et dans le deuxième cas le segment à deux mille mètres est précédé de genre. On voit que à deux mille mètres peut être envisagé comme une explicitation du syntagme en altitude. Cette relation semble pouvoir être décrite comme un cas de reformulation au sens de Martinot (2010)  : « Tout processus de reprise d’un énoncé antérieur qui maintient, dans l’énoncé reformulé, une partie invariante à laquelle s’articule le reste de l’énoncé, partie variante par rapport à l’énoncé source, est une reformulation ». En (2) like introduit le segment making them go out qui semble être une reformulation du segment précédent moving them out. Les deux formes en -ing sont toutes deux à rattacher à I was. La position charnière de genre et like nous incitent alors à les analyser comme des marqueurs de reformulation.En nous appuyant sur un corpus d’occurrences issues d’interactions présentant un faible degré de planification, nous proposons de décrire comment genre et like s’insèrent entre deux segments d’un point de vue syntaxique et prosodique, et de montrer les relations sémantiques qui sont à l’oeuvre. Pour ce faire, nous aurons recours à des approches syntaxiques par « mise en grille » et par « entassement » (Kahane et Pietrandrea, 2012), en interface avec une analyse prosodique. Cette étude contrastive nous amènera à envisager genre et like comme des marqueurs de reformulation et à questionner la notion de frontière entre segment source et segment reformulé.

Bibliographie indicative :

BLANCHE-BENVENISTE, Claire, BILGER, Mireille, ROUGET, Chrisitine, VAN DEN EYNDE, Karel, MERTENS, Piet, 1990, Le Français parlé : Études grammaticales, Paris : CNRS.

BLANCHE-BENVENISTE, Claire, JEANJEAN, Colette, 1987, Le français parlé : transcription et édition, Publication du Trésor de la langue française, INALF, Didier Érudition, 155-171.

HANOTE, Sylvie, VIGNERON-BOSBACH, Jeanne, 2016, « Genre, like, so, du micro au macro et vice et versa », revue Modèles linguistiques Tome XXXVII, vol.73, Toulon : Éditions des Dauphins, 77-108.

KAHANE, Sylvain, 2012 « De l’analyse en grille à la modélisation des entassements », in Sandrine CADDEO, Marie-Noëlle ROUBAUD, Magali ROUQUIER, Frédéric SABIO (eds.), Penser les langues avec Claire Blanche-Benveniste, Presses de l’université de Provence, 101-116.

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KAHANE, Sylvain, PIETRANDREA, Paola, 2012, « La typologie des entassements en français », in Franck NEVEU, Valelia MUNI TOKE, Peter BLUMENTHAL, Thomas KLINGLER, Pierluigi LIGAS, Sophie PRÉVOST, Sandra TESTON-BONNARD (éds.), Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 12, Paris : Institut de linguistique française, 1809-1828.

MARTINOT, Claire, 2010, « Reformulation et acquisition de la complexité linguistique », Travaux de linguistique, n° 61, 63-96.

PALLAUD, Berthille, 2006, « Troncations de mots, reprises et interruption syntaxique en français parlé spontané », JADT 2006, 8èmes Journées internationales d’Analyse statistique des Données Textuelles, Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté, 707-715.

STEUCKARDT, Agnès, 2007, « Usages polémiques de la reformulation », in : M. Kara (éd.), Usages et analyse de la reformulation, Recherches linguistiques 29, 55-74.

VIGNERON-BOSBACH, Jeanne, 2016, Analyse contrastive des marqueurs genre en français, like en anglais et so en allemand dans des corpus d’oral et d’écrit présentant un faible degré de planification, Thèse de doctorat, dir. Sylvie Hanote et Hermine Penz, Université de Poitiers.

La citation dans le discours de controverse religieuse : un cas particulier de reformulation ?

Sophie YVERT-HAMONUniversité de Stockholm

Se donnant pour cadre méthodologique l’analyse du discours, cette recherche porte sur la place de la citation dans le discours de controverse religieuse opposant catholiques et protestants en France aux XVIème et XVIIème siècles, et examine la possibilité de considérer celle-ci comme un cas particulier de reformulation.

Retraçant l’évolution du discours théologal au fil des siècles, Compagnon (1979 : 159) rappelle que celui-ci a pour principe la répétition. En l’expliquant, en l’interprétant, en la paraphrasant, le théologien redit la Bible. À l’origine commentaire expliquant les textes sacrés de façon linéaire (gloses), le discours théologal a peu à peu évolué vers la compilation (chaînes, sommes) induisant une fragmentation des textes commentés. Au cours du XVIème siècle, l’opposition entre l’Église catholique et les différents mouvements réformateurs favorise une autonomisation du discours théologal, en particulier lorsqu’il traite de questions controversées : les ouvrages de controverse recourent à la citation qui, utilisée comme argument en faveur des propos du théologien, en épouse la démarche. Ce basculement, essentiel dans la perspective qui nous intéresse ici, confère à la citation un rôle de reformulation du discours de l’auteur citant.

Le régime de coexistence religieuse instauré par l’Édit de Nantes (1598) est marqué par une augmentation importante des publications de controverse, la plume prenant la place de l’épée. Le corpus retenu pour cette recherche est constitué de passages extraits du Traité de l’eucharistie (édition de 1604) du théologien protestant Philippe Duplessis-Mornay. Ouvrage de controverse majeur publié dès 1598, le Traité suscite une vive polémique obligeant son

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auteur à se repositionner, ce qui se traduit par la publication de réponses et de nouvelles éditions.

Notre première question de travail porte sur la dimension spatio-temporelle de la reformulation. La reformulation peut être définie comme un autrement-dit suivant une formulation initiale. Or, selon le principe protestant de la sola scriptura, la Bible doit être considérée comme seule autorité, texte-source guidant le chrétien dans sa foi. Nous nous intéresserons donc à la façon dont le théologien gère cette inversion de principe plaçant la citation biblique en situation de dépendance par rapport à son propre discours. Dans la lignée de cette première question, nous examinerons la dimension stratégique de la reformulation. L’objectif du controversiste est de convaincre. Ses propres mots n’ayant aucune valeur aux yeux de ses adversaires, il recourt à l’argument d’autorité, mettant en scène auteurs bibliques et autres auteurs reconnus par les catholiques, et utilisant en cela les armes adverses pour atteindre son objectif. Nous nous interrogerons enfin sur le métadiscours du théologien concernant l’acte de reformulation.

Notre étude s’inscrit donc essentiellement dans l’axe des caractéristiques pragmatiques et des valeurs argumentatives de la reformulation. Cependant nous réfléchirons aussi à la question plus générale de la définition de la reformulation afin de la distinguer de procédés proches (exemplification, glose, réinterprétation…). Nous examinerons l’emploi des citations dans le corpus choisi en distinguant plusieurs cas afin de mettre en évidence différentes fonctions et ainsi les stratégies discursives de l’auteur. Nous espérons ainsi contribuer à une délimitation plus précise de la reformulation.

Nos Adversaires pour fonder la Messe en l’Escriture saincte, la nous veulent deriver de l’Institution de la saincte Cene de nostre Seigneur : Et marquent ordinairement auiourd’hui sur les passages esquelles elle nous est instituée ; Ici est l’Institution dela Messe : au lieu que leurs predecesseurs, & nommément la Glosse ordinaire souloient noter ; Ici est instituée l’Eucharistie, le Sacrement pour mémoire de la Passion du Seigneur.

Traité de l’eucharistie, chapitre 1, page 1.

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