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Module 4 : Déséquilibres, régulation et action publique Thème 13 Les politiques conjoncturelles : présentation et historique 1 ère partie : Présentation des politiques conjoncturelles Chapitre 1 : La politique budgétaire 1) Action par la fiscalité, par les recettes 2) Action par les dépenses publiques 3) Action par le solde budgétaire Chapitre 2 : La politique monétaire 1) Les objectifs des politiques monétaires 2) La nécessaire indépendance des Banques Centrales 3) Le mode de conduite de la politique monétaire : règle, politique discrétionnaire, règle contingente Chapitre 3 : Le courant de la synthèse et le modèle IS-LM 2 ème partie Historique des politiques conjoncturelles depuis le début du XXème siècle Chapitre 1 : Les politiques conjoncturelles adoptées au cours des années 1930’s 1) Les politiques de rigueur, de déflation des années 30 (politiques procycliques) 2) Les politiques de relance des Etats Unis ; les New Deals (politiques contracycliques) 3) Politique de relance au Japon et en Allemagne 4) Le Front Populaire en France Chapitre 2 : Les politiques conjoncturelles depuis 1945 1) 1945 à 1957 : un « interventionnisme libéral » Plan Mayer (janvier 1948) Plan Pinay de 1952 Plan d’Edgar Faure 1953-54 2) 1958-1972 : Politiques de régulation conjoncturelle 3) 1973 à 1992 : orientation vers des politiques de règles Hésitations de la période 1973-1978 1

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Module 4 : Déséquilibres, régulation et action publique

Thème 13  Les politiques conjoncturelles : présentation et historique

1ère partie : Présentation des politiques conjoncturelles

Chapitre 1 : La politique budgétaire

1) Action par la fiscalité, par les recettes2) Action par les dépenses publiques3) Action par le solde budgétaire

Chapitre 2 : La politique monétaire

1) Les objectifs des politiques monétaires2) La nécessaire indépendance des Banques Centrales3) Le mode de conduite de la politique monétaire : règle, politique discrétionnaire, règle contingente

Chapitre 3 : Le courant de la synthèse et le modèle IS-LM

2ème partie  Historique des politiques conjoncturelles depuis le début du XXème siècle

Chapitre 1 : Les politiques conjoncturelles adoptées au cours des années 1930’s1)  Les politiques de rigueur, de déflation des années 30 (politiques procycliques)2) Les politiques de relance des Etats Unis ; les New Deals (politiques contracycliques)3) Politique de relance au Japon et en Allemagne4) Le Front Populaire en France

Chapitre 2 : Les politiques conjoncturelles depuis 1945 

1) 1945 à 1957 : un « interventionnisme libéral »Plan Mayer (janvier 1948) Plan Pinay de 1952 Plan d’Edgar Faure 1953-54

2) 1958-1972 : Politiques de régulation conjoncturelle

3) 1973 à 1992 : orientation vers des politiques de règlesHésitations de la période 1973-1978Le tournant de la rigueur de 1979

4) Les causes du retournement de tendancel’ouverture des économies modèle IS/LM/BP, modèle Mundell-Flemingles rigidités de l'économie étatisée (Kydland et Prescott)L’épuisement de la logique de la courbe de Phillips  

5) 1992 à 2007 : Atténuation des clivages doctrinaux et pragmatisme des politiques avec divergences dans la conduite des pol conjoncturelles (EU, UE, France)

6) Crise de 2008 : retour de Keynes ou exception à la règle ?Des politiques monétaires accommodantes ; quelques différences selon les zones monétairesPolitiques budgétaires : de la relance mondiale à l’austérité

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Module 4 : Déséquilibres, régulation et action publique

Thème 13  Les politiques conjoncturelles : présentation et historique

1ère partie : présentation des politiques conjoncturelles

Chapitre 1 : La politique budgétaire

Le premier moyen de la politique conjoncturelle réside dans la détermination du budget en grande partie discutée tous les ans au niveau parlementaire dans le cadre de la Loi des Finances. Action par la fiscalitéAction par les dépenses publiquesAction par le solde budgétaire

1) Action par la fiscalité, par les recettesCela consiste d’une part à déterminer la politique fiscale cad le niveau et les modalités des prélèvements fiscaux et parafiscaux.

Il s’agit de déterminer la part des impôts directs, indirects, des cotisations sociales dans l’ensemble des prélèvements.

Les « assiettes » à la base des calculs :

On peut agir sur son degré de redistributivité avec le degré de la progressivité de l'impôt (bouclier fiscal), la hausse ou la baisse du nombre de tranches d'imposition

On distingue les options de hausse de l'imposition ou au contraire de "tax cut" via la baisse des taux d'imposition ou de taxes à la consommation Une baisse de la fiscalité génère des effets que l’on appelle le "multiplicateur fiscal".

La question qui se pose porte ensuite sur l’utilisation faite de l’impôt : est-ce un instrument de pol éco pouvant être mis au service d’objectifs conjoncturels (pol fiscale conjoncturelle : régulariser le cycle) ou structurels (pol fiscale structurelle : agir sur les données ou segments particuliers d’une eco nationale, où s’observe un besoin d’action ou de correction) ?? est il efficace ? rentable ?

Quid de la rentabilité des prélèvements fiscauxUn système très compliqué en France : 179 taxes différentes qui rapportent moins de 150 millions par an ; à la rentabilité très faible, voire négative puisque leur recouvrement coûte plus cher que la somme perçue.

Sur quoi doit-on taxer le plus ? selon Ramsey (mathématicien anglais mort à 26 ans) a montré en 1927 qu’il fallait taxer les produits à faible élasticité prix car incontournable

Quel degré d’acceptabilité ? un bon impôt est un impôt acceptéEn période de guerre ou de reconstruction comme le montrent Peacok et Wiseman il y a un fort degré d’acceptabilité de l’impôt

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Mais progressivement il y a dénonciation de cette taxationSinon « vote par les pieds » ;

Il diffère du « brain drain » qui trouve son origine dans des différences de niveau de développement entre pays.

D’où le dilemme fondamental entre équité et efficacité qui préside à la détermination de la politique de redistribution optimale ; conflit entre volonté redistributive et désir de maintenir le revenu national par tête.

2) Action par les dépenses publiques

Cela consiste d’autre part à déterminer le montant et l'affectation des dépenses publiques, les choix d’utilisation du budget 

3) Action par le solde budgétaire

Il faut ensuite déterminer le degré d’équilibre du solde budgétaire : excédentaire auquel cas les recettes publiques sont supérieures au dépenses, à l’équilibre, ou encore en déficit (pendant longtemps, on parlait d’  « impasse budgétaire ». Décision très importante car il en dépend de la conjoncture.

dettes publiques en 2016Etat 1750Local 194Sécu 233

Déficits 2016Social 6Budgétaire 70Local à l’équilibre

Aux Etat Unis : en 2016 déficit 590 mds et 19 000 mds de dette

En matière d'équilibre budgétaire, 2 conceptions s'opposent : une conception libérale pour laquelle l'équilibre budgétaire doit être assuré quelle que soit la

situation conjoncturelle.

une conception keynésienne qui considère que l'objectif d'équilibre entre les dépenses et les recettes des administrations publiques importe moins que la recherche d'un équilibre macroéconomique

Chapitre 2 : La politique monétaire

La politique monétaire est l'ensemble des mesures prises par l'État mais surtout et de plus en plus exclusivement par les autorités monétaires (les banques centrales indépendantes) pour réguler le crédit et la masse monétaire ; le crédit est stimulé lorsque l'objectif est de favoriser la croissance et il est limité lorsqu'il faut lutter contre l'inflation.

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La politique monétaire dispose d'un nombre important de moyens : il s'agit de la détermination des taux directeur (de réescompte, de réserves obligatoires, de rémunération des dépôts en monnaie centrale) et de l'action sur les quantités de monnaie par intervention directe sur le marché monétaire appelée aussi politique de « l'open market », mais aussi, en période exceptionnelle, des actions non conventionnelles

1) Les objectifs des politiques monétaires

Les différents acteurs qui interviennent dans le processus de création monétaire, à commencer par la banque centrale qui contrôle les autres, ne peuvent pas créer cette monnaie de manière anarchique, à l’envi sinon il y a un risque de perte de crédibilité de cet outil qu’est la monnaie accusé de ne plus avoir aucune valeur (accusée d’être surévaluée et donc menacée de dévaluation prochaine). Il faut donc déterminer des objectifs à ces politiques monétaires. Quels peuvent être les objectifs poursuivis ?

Hiérarchie des objectifs La politique monétaire peut chercher à réaliser les grands équilibres macroéconomiques de Kaldor : - internes (stabilité des prix, plein emploi, croissance) et externes (équilibre de la balance des paiement).

Il faut parfois faire des choix en se déterminant un objectif qualifié d’objectif final : - l’objectif final de stabilité des prix à moyen et long terme (faible inflation et taux de change fixe) même si cela génère une variabilité forte de l’activité économique y compris dans le sens d’un ralentissement économique et d’une hausse du taux de chômage. - l’objectif final de stabilisation de l’activité économique (croissance et plein emploi) , même si cela génère une instabilité des prix (inflation).

Une fois déterminé l’objectif final et pour l’atteindre, les autorités monétaires sélectionnent un (ou plusieurs) instrument(s) monétaire(s) sur lequel (lesquels) elles cibleront leurs interventions. Ce choix d’instrument monétaire est appelé objectif intermédiaire

Supposons par exemple que la lutte contre l’inflation soit l’objectif final, l’objectif intermédiaire retenu peut être :- soit le contrôle de la croissance de la quantité de monnaie, - soit la manipulation des taux d’intérêt.

Le choix des objectifs de la politique monétaire (final et intermédiaire) sera très souvent influencé par des considérations théoriques

Pour les monétaristes,

Pour les keynésiens,

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Risque de « trappe à liquidité » en deça d’un certain niveau de taux d’intérêt (2

Cela influe par ailleurs sur le taux de change ; politique de dévaluation compétitive.

La Banque centrale n'a plus d'obligation d'intervention quant à  la valeur de sa monnaie par rapport aux autres, mais elle peut toujours intervenir pour limiter l'ampleur des variations via des politiques monétaires qui contribuent à la dépréciation ou l’appréciation de la monnaie nationale sur le marché des changes

2) La nécessaire indépendance des Banques CentralesLe triomphe du modèle de la BC indépendante au cours des 90’s marque une étape importante dans l’émergence de la politique monétaire « moderne ». Jusque là le modèle de la BC « sous tutelle » était très répandu,

Toutefois, face à ces nouvelles contraintes intérieures et extérieures et afin d’honorer les nouveaux objectifs fixés de maîtrise directe et serrée de M3 en vue d’une parfaite stabilité des prix, les Banques Centrales ont progressivement hérité d’une totale indépendance vis-à-vis des gouvernements. Il faut neutraliser et dépolitiser la création monétaire 

En effet, tout le temps que les BC sont soumises à l’autorité des gouvernements, elles peuvent être contraintes d’utiliser la création monétaire pour résoudre les déficits publiques (plutôt que les impôts ou l’emprunt qui sont plus douloureux), en d’autres termes monétiser les déficits publics trop souvent motivés par le souci d’assurer la réélection des gouvernements. Théorie du « public choice » de Buchanan et Tullock.

Il est évident que cette indépendance est contrebalancée par l’obligation de rendre compte vis à vis des institutions démocratiques et du public pour son action dans le cadre de sa mission

3) Le mode de conduite de la politique monétaire : règle, politique discrétionnaire, règle contingente Les gouverneurs des Banques Centrales fixent donc les objectifs et définissent la rigueur avec laquelle ils vont les suivre ; choix entre une politique de règle et une politique discrétionnaire ; on verra que dans la réalité on se situe dans l’intermédiaire, le pragmatisme, la contingence.

Une politique de règle consiste à se fixer des objectifs, de moyen ou long terme : exemple définir un objectif de taux d’inflation et de s’y tenirUne politique discrétionnaire consiste au contraire à agir au coup par coup en fonction de l’état de la conjoncture et de l’inflation. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’objectif à long terme, mais il s’agit surtout d’une régulation conjoncturelle

On peut considérer que l’origine des politiques de règle remonte aux mécanismes de l’étalon or. Mais c’est surtout au monétarisme friedmanien que l’on doit l’idée de se fixer des objectifs pluriannuels de croissance de la masse monétaire

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Les politiques discrétionnaires s’inscrivent plutôt dans la logique keynésienne. Les autorités monétaires peuvent réagir, presque au jour le jour, en fonction de la situation économique. La politique monétaire est asservie aux objectifs réels

Les effets positifs d’une politique de règle : - efficacité. Cela permet d’éviter le risque de procyclisme comme vu dans le chapitre précédent

crédibilité car dans la mesure où politique alignée sur le moyen et long terme, il y a fort à parier que les résultats seront fidèles aux annonces. De ce fait les anticipations des acteurs ont un sens et la politique a une influence, elle modifie réellement les comportements et atteint ses objectifs. A l’inverse si manque de crédibilité, pas de modification dans les comportements des agents et donc pas d’influence de la politiqueKidland et Prescott publieront en 1997 un article intitulé « rules rather than discretion » ; ils recevront le prix Nobel 2004 pour leur démonstration sur le sujet

Les effets positifs d’une politique discrétionnaireLe fonctionnement de la politique monétaire américaine conduit à nuancer les éventuels effets négatifs d’une politique discrétionnaire. En effet, le système de la FED fonctionne selon le modèle : « un Dieu, mais pas de règles ». Elle n’a pas précisé comment elle interprète son mandat ; elle n’annonce ni cible d’inflation, ni projections sur les perspectives de la croissance potentielle. Comme le dira Minsky en 2004,  « l’ancrage nominal reste donc implicite et repose sur la personnalité des banquiers centraux ».

Dès lors, le débat porte plutôt sur la nature de la règle. En effet, face aux incertitudes de la BC sur l’état et la structure de l’économie mais aussi sur l’effet exact de ses actions, il paraît plus efficace de se fixer, plutôt que des règles passives, immuables, des règles actives, des règles contingentes, plus pragmatiques. Elles ont pour but d’assurer la crédibilité sur le long terme mais en laissant la possibilité d’une action à court terme ; elles doivent prévoir tous les évènements possibles et les solutions à y apporterExemple autour d’un objectif intermédiaire de taux d’intérêt, on peut tolérer une montée en cas de surchauffe et une baisse en cas de croissance faible ou de déflation

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Chapitre 3 : Le courant de la synthèse et le modèle IS-LM

Le courant de la synthèse en construction

Le policy mix consiste à associer une politique monétaire restrictive (contre l'inflation) à une politique budgétaire expansive contre le chômage. C'est une synthèse pragmatique : on utilise des méthodes libérales contre l'inflation car elles semblent être meilleures pour lutter contre l'inflation et des méthodes keynésiennes pour lutter contre le chômage.

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2ème partie  Historique des politiques conjoncturelles depuis le début du XXème siècle

Chapitre 1 : Les politiques conjoncturelles adoptées avant 1945

C’est à partir des années 1930’s, que l'État va réellement assumer cette nouvelle fonction de stabilisation, c’est-à-dire une fonction conjoncturelle de lutte contre la crise. Ainsi les Etats interviennent pour enrayer les désordres monétaires et économiques de l'entre-deux-guerres, puis, face à la crise des années 1930, la plupart d'entre eux appliquent - dans un premier temps des politiques de déflation - et dans un deuxième temps des politiques de relance.

1)  Les politiques de rigueur, de déflation des années 30 (politiques procycliques)

La crise des années 1930 est perçue, dans un premier temps, comme une crise purement conjoncturelle, s'inscrivant dans le schéma de Juglar pour qui « la crise naît de la prospérité » quand l'économie est en «surchauffe ». L'État doit donc opérer une purge de l'économie, il doit l'assainir. Ces politiques ont pour objectifs principaux de rétablir l'équilibre budgétaire et monétaire.

Par politique de rigueur budgétaire, on entend la limitation du déficit budgétaire qui est considéré comme le résultat d'une mauvaise gestion de l'économie.

Par politique de rigueur monétaire, on entend les politiques de déflation qui visent à rétablir la stabilité et la valeur d’une monnaie nationale.

Certains comme la Grande-Bretagne, abandonne dès 1931, la convertibilité or de la Livre afin de pouvoir la laisser se déprécier et gagner ainsi de la compétitivité. La France avec 5 autres pays (Suisse, Belgique, Italie, Pays-Bas, Pologne) crée, au contraire, le « bloc or» confirmant ainsi son intention de conserver une monnaie forte. Elle ne se résignera à la dévaluation qu'en 1936 lors du Front populaire.

Ces politiques budgétaires et monétaires sont qualifiées de malthusiennes car elles ont tendance à limiter l'offre plutôt qu'à augmenter la demande.Cela a déprimé la demande globale, et eu tendance à ralentir l'activité. De plus, elles suscitent une instabilité politique car les gouvernements successifs sont incapables, contrairement à leurs promesses, de réduire dramatiquement le déficit ; ainsi, en France, en douze mois répartis sur 1932 et 1933, 4 gouvernements furent renversés pour des raisons financières.

En ce qui concerne leurs relations avec l'extérieur, la plupart des pays mettent en place des mesures protectionnistes afin de protéger leurs industries et de ne pas importer le chômage des autres pays.

Ces politiques sont des échecs et, excepté la Grande-Bretagne qui, quoique fortement touchée par la crise de 1929, renoue assez rapidement avec la croissance (en particulier grâce à la dépréciation monétaire), les autres pays semblent s'enliser dans la dépression.

2) Les politiques de relance des Etats Unis ; les New Deals (politiques contracycliques)

Lorsqu'en mars 1933 (après avoir été élu fin 1932), F. D. Roosevelt accède au pouvoir succédant à Hoover, il n'a pas de prétention interventionniste très précise ; il n'a pas pour objectif de mettre en cause le libéralisme.

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Ces mesures seront surtout dictées par la conjoncture et par son « brain trust » (ce que l’on appelle aujourd’hui Think tanks ou laboratoires d’idées) c'est-à-dire ses conseillers économiques. Les Etats-Unis s'engagent dans les New Deals (nouvelle donne) et leur exemple sera suivi par de nombreux pays industriels. Il faut savoir que ces politiques étaient de nature empirique, la théorie économique de l'intervention de l'État n'était pas encore formulée ; J. M. Keynes n'est pas à l'origine de ces politiques, mais il les a, par la suite, théorisées, modélisées. Il n’a fait que justifier théoriquement ce qui est alors, mis en place par RoosveltLes 2 se rencontreront le 28.05.34. Entrevue qui se passera mal, Keynes estimant que le président ne comprenait rien à l’économieSi les New Deals ne furent pas de franches réussites économiques, ils furent des réussites politiques (le terme de « New deal » était la formule électorale du président) puisque Roosevelt sera réélu en 1937, 1941 et 1945 sachant qu’il décèdera en avril 45 qques mois après sa 4ème réélection.

Le premier New Deal s'échelonne de 1933 à 1934 et met en place un nombre important de mesures ;

- Dès mars 1933, l'Emergency Banking Act a pour objectif de stopper l'épidémie des faillites bancaires.

- En avril 1933 Roosevelt décide de dévaluer le dollar.

- En mai 1933 l'Agrical Adjustment Act (AAA) est mis en place ; les revenus du secteur agricole se sont contractés de plus de 50% de 1929 à 1932 et l’objectif est de favoriser la remontée des prix agricoles et d'améliorer la situation financière des agriculteurs très endettés.

- Le National Industry Recovery Act (NIRA) «loi de redressement industriel national» a le même objectif que le AAA, mais il concerne l'industrie. Afin de briser la spirale déflationniste, l'État incite les entreprises à s'entendre pour se partager le marché, et pour fixer les prix et le niveau de la production (cartellisation). L’État fixe un salaire minimum et encourage les entreprises à négocier avec les syndicats.- Le premier New Deal se caractérise aussi par une politique de grands travaux publics qui avait d'ailleurs débuté sous la présidence de Hoover.

Socialement, ce New Deal réussit à faire baisser le taux de chômage de 24,8 % en 1933 à 22,7 % en 1934 et à 20,1 % en 1935. En revanche, la reprise économique fut de très courte durée

En effet les promoteurs du New Deal ont encore des réflexes malthusiens : pour enrayer la surproduction, plutôt que de ne jouer que sur la demande, le New Deal a tendance, en laissant les entreprises s'accorder sur un niveau de production, à bloquer la reprise.

Roosevelt met en place un second New Deal à partir de 1934 car les effets du premier sur la croissance furent modérés et parce que la Cour suprême a jugé anticonstitutionnels les AAA et NIRA. Le deuxième New Deal est surtout orienté vers le domaine social (création de l’Etat providence et nouveau rapport salarial). Ainsi, en 1935, le Wagner Act reprend une partie du contenu social du NIRA ; il renforce, entre autre, le rôle des syndicats et des négociations collectives.

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La même année le Social Security Act met en place un système de sécurité sociale et le Work Progress Administration est créé afin d'employer directement de nombreux chômeurs pour des travaux d'utilité générale. De plus, à partir de 1937, une nouvelle politique de grands travaux est menée ; elle portera sur un montant d'environ 5 milliards de dollars. Mais à partir de 1937, crainte d’un dérapage de la dette et baisse du soutien budgétaire

3) Politique de relance au Japon et en Allemagne

Dès 1932, le Japon s'engage dans une politique de relance. Les deux volets principaux de celle-ci sont la diminution des taux d'intérêt et, surtout, l'accroissement important des dépenses publiques. Près de la moitié de ses dernières sont des dépenses militaires.

En Allemagne, devenu chancelier du Reich en 1933, A. Hitler applique une politique de relance par le déficit budgétaire. De 1933 à 1936, l'État passe des commandes de matériels divers pour 19 milliards de marks ce qui est considérable comparé à la production nationale, 45 milliards de marks en 1932. Il embauche des milliers de fonctionnaires et s'engage dans une politique de grands travaux comme la construction d'autoroutes stratégiques.

4) Le Front Populaire en France

En 1935, les partis radical, socialiste et communiste élaborent un programme commun et nomment leur proposition économique « politique du pouvoir d'achat ». L'objectif est d'augmenter le pouvoir d'achat de la population et ainsi favoriser la demande et la reprise de la production. Déjà à cette époque L. Blum déclare qu'il faut inverser les priorités entre le réel et le financier. Le programme, qui utilise le néologisme de « reflation » pour désigner sa politique, prévoit de créer un fond national de chômage, de mettre en place un plan de grands travaux et de réduire la durée du travail de quarante-huit heures hebdomadaires à quarante heures.

En 1936, le gouvernement du Front populaire présidé par L. Blum prend le pouvoir. Très rapidement, les accords de Matignon décident un nouveau rapport salarial : une majoration des salaires de 12 % et mettent en place des délégués d'atelier dans les grandes entreprises. Le gouvernement fait aussi voter les congés payés, la semaine des 40 heures et une loi sur les conventions collectives. De plus, le Franc est dévalué (abandon du bloc or et franc élastique). L’État renforce son pouvoir sur l'économie et prend le contrôle de certaines entreprises comme la SNCF,

Malgré tout cela, le Front populaire ne parvint pas à faire sortir la France de son enlisement économique.

La dévaluation n'a pas permis à LT d'augmenter la compétitivité : stagnation des exportations (fameuse courbe en J).Donc mécaniquement, on M plus et donc nouvelle hausse des prix.

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-->climat social difficile : la population ouvrière prend peur.Car la hausse des prix a baissé le saleur réel. Le chômage tend à se maintenir.

1937 : BLUM réclame une pause pour stabiliser et se donner les moyens économiques car les charges sociales ont plombé le Front Populaire. Blum veut imposer le capital et contrôler les changes pour éviter l'attaque de la monnaie française : mais le « mur de l'argent » refuse de collaborer avec les socialistes.Démission de Blum en 1937.

Blum a échoué car hostilité viscérale du patronat et des détenteurs de capitaux.Et il a augmenté les salaires sans parvenir à améliorer la productivité et donc la compétitivité donc hausse des prix ...Et car pas de réformes structurelles.

Blum a essayé un système socialiste dans un cadre qui restait capitaliste.

En 1938 on revient sur les 40 heures.

Chapitre 2 : Les politiques conjoncturelles depuis 1945 

1) 1945 à 1958 : un « interventionnisme libéral »

Qui s’inspire du courant de synthèse en construction Modèle IS/LM de Hicks (1937) Hansen (1952)Mais aussi du théorème d’Haavelmo (1945) k=1

Asselain (2010, in La politique économique et ses instruments, La Documentation Française) : « L’expérience de la IVe République n’évoque que de très loin l’avènement d’une ‘régulation keynésienne’, premièrement parce que l’implication directe du gouvernement dans le choix des priorités et l’attribution des financements va bien au-delà de l’interventionnisme libéral de Keynes ; ensuite parce que la régulation conjoncturelle tend bien plus à calmer l’inflation qu’à soutenir la demande globale, dont la progression spontanée est le plus souvent excessive. »

a) Plan Mayer (janvier 1948) : Première véritable politique d’assainissement d’après-guerre.Plan de redressement d’inspiration libérale (contre la politique « socialisante » menée à la libération), combinant :→ des mesures de libéralisation de l’économie et des marchés :

• fin du blocage des prix• relèvement des tarifs publics• rattrapage des salaires

→une pol. d’assainissement des finances publiques :• ↓ des subventions publiques• ↑ de la pression fiscale (↑ de 50 % des prélèvements 1948-50)• d’où ↓ de moitié du déficit public en 1950

→ et un contrôle monétaire rigoureux visant à contenir l’inflation liée au très lourdes charges de reconstruction, de mise en place du système de sécurité sociale mais aussi « charges administratives d’une économie bureaucratique », charges militaires, charges coloniales et enfin « charges dues à un appareil de distribution pléthorique » et « à une consommation excessive de certaines classes ». Donc risque de dévaluation ce qui est impossible si on veut bénéficier du plan Marshall

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b) Plan Pinay de 1952 ; Plan de stabilisation, afin de :→ réduire l’inflation :

Baisse de la pression fiscale Mesures incitatives, puis impératives de réduction (blocage) des prix et des tarifs publics lancement d’un grand emprunt public (60 ans) et faiblement rémunéré (3,5 %), mais attractif, car

remboursement indexé sur l’or (sur le « napoléon ») et exonération des droits de succession.→ redresser les comptes publics :

Baisse des dépenses publiques

Résultats : Baisse de l’inflation dès 1953, pour 4 ans et légère hausse du taux d’épargneMais le plan Pinay ne parvient pas à contenir le déficit budgétaire. Et surtout, il provoque un net ralentissement conjoncturel : quasi-stagnation du taux de croissance (3 % en 1953, contre 8 % en 1950).

c) Plan d’Edgar Faure de 1953 à 1954 : plan de redressementSituation économique suffisamment alarmante (déflation) pour qu’Edgar Faure (ministre des Finances) lance un plan de redressement éco. et financier : 140 décrets en moins de 50 jours ayant pour objectifs :

une réduction du déficit public par une baisse des dépenses publiques mais surtout une action de relance de la demande par les investissements et l’augmentation des salaires une baisse du taux d’escompte et l’octroi de facilités de crédit (logement, notamment)

Les objectifs sont atteints :– ↑ de + de 7 % par an des revenus des ménages entre 1952 et 1956– La hausse du revenu disponible des ménages profite à la consommation (+ 5 % par

an) qu’à l’épargne– ↑ des exportations, notamment des produits agricoles et alimentaires– Le solde commercial redevient excédentaire.

En juin 1957, Félix Gaillard (aux Finances, puis à Matignon en 1958) met en œuvre une politique d’austérité afin d’enrayer la surchauffe.

Tous ces plans montrent donc bien que c’est l’expansion dans la stabilité des prix qui est recherchée dans la 2ème moitié des années 1950.

C’est donc le début de l’enchaînement de politiques de « stop and go », d’un lissage du cycle conjoncturel de type keynésien

2) 1958-1972 : Politiques de régulation conjoncturelle,

La France adopte une série de mesures pour favoriser son ouverture au commerce international ; bilan un rattrapage technologique et une balance financière largement positive ainsi qu’un excédent migratoireLa croissance provient aussi du marché intérieur : baby boom, exode rural, plan Marshall

Les Etats ont soutenu l'activité éco par des politiques de relance budgétaire d’inspiration très keynésienne, avec pour objectif majeur de garantir le plein emploi y compris au risque de l’inflation.

- 1958-60: plan de stabilisation Pinay/Rueff: inflation maîtrisée : 16.2% en 58, 5.7% en 59 et 3.5% en 60 mais ralentissement de la croissance- 1961-62: Période de relance Debré (Go)  croissance relancée : 6.6% par an jusqu’en 63 grâce à la demande mais celle-ci augmente plus vite que l’offre et donc résurgence de l’inflation : 4.8% en 63- 1963-67: plan Giscard (stop)

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- 1967-68: Plan Debré (Go)- 1969: plan Giscard (stop)- 1972 : plan Giscard (Go)

La politique monétaire et la politique budgétaire étaient combinées dans le cadre de politiques « stop and Go» visant à maintenir l'économie sur un sentier de croissance de plein emploi compatible avec la stabilité des prix et l'équilibre extérieur. VGE a la réputation de grand maître de la régulation conjoncturelle comme ministre des finances entre 1963-65 puis ministre de l’éco et des finances 1969-74Le « miracle allemand » s’explique notamment par l’habileté de Ludwig Ehrard (Ministre fédéral de l’Économie de 1949 à 1963 et chancelier fédéral de 1963 à 1966, il est considéré comme le père du « miracle économique allemand » de l’après-guerre et de l’économie sociale de marché), les talents de Schiller et de Schmidt ministres des finances socialistes fin des 60’s et au cours des 70’s

politique de GO ou relance politique de STOP ou stabilisation

Diagnostic * Faible croissance* Fort chômage* Equilibre ou excédent extérieur (avec la reprise, on ne risque pas de creuser le déficit commercial)* Déficit faible ou nul des budgets publics (car on a des marges de manœuvre)

* Forte croissance et risque de surchauffe et d’inflation* Faible chômage, plein emploi et risque de revendications de hausse de salaire (donc menace d’une hausse de salaire qui va rajouter à la surchauffe et à la spirale inflationniste)* Déficit extérieur fort et donc propension à importer forte * Fort déficit public avec risque qu’il devienne structurel (demande du secteur public très forte qu’il faut donc ralentir)

Action * Budget expansionniste : activation des multiplicateurs d’investissement, fiscal*Crédit facilité : hausse de la masse monétaire, taux d'intérêt réduit, multiplicateur de crédit* Réglementation allégée : prix et salaires libérés, hausse des revenus contrôlés (SMIC, transferts), conditions du crédit assouplies

* Budget récessionniste : dépenses en baisse, fiscalité alourdie, solde positif ou nul*Crédit entravé : baisse de la masse monétaire, hausse du tx d'intérêt* Réglementation alourdie : prix et salaires bloqués

Résultat attendu * Positif : Expansion, chômage réduit* Négatif : Déficit extérieur, inflation accélérée

* Positif : Retour à l'équilibre extérieur, désinflation* Négatif : Récession, hausse du chômage.

On fait jouer l’arbitrage entre le taux de chômage et le taux de croissance des salaires mise en évidence par Phillips en 1958Samuelson et Solow (1960), « Pour avoir un accroissement des salaires à un taux qui ne soit pas supérieur à 2.5% par an, correspondant à la croissance de notre productivité, l’économie américaine paraît devoir, sur la base du vingtième siècle et de l’expérience d’après guerre, subir quelque chose comme 5 à 6% de chômage de la main d'œuvre civile. Un tel chômage pourrait apparaître comme le

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coût de la stabilité des prix dans les prochaines années. », « Pour réaliser l’objectif non perfectionniste d’une production suffisamment élevée pour ne pas donner plus de 3% de chômage, l’indice des prix pourrait avoir à monter autour de 4 à 5% par an. Une telle hausse des prix pourrait apparaître comme le coût nécessaire pour un haut niveau d’emploi et de production dans les prochaines années. »

Donc politiques de réglage fin dans un contexte de croissance forte et de tensions inflationnistes croissantes. Si on regarde bien, cela a plutôt été une politique de « stop » que de « go » étant donné que le marché de l’emploi était très tendu (pas de chômage) et que les salaires étaient élevés (pouvoir syndical à son zenith) et que le système de protection sociale jouait un rôle essentiel de « stabilisateur automatique » ; donc peu de nécessité de politique de relanceLe pilotage conjoncturel semble efficace : les cycles du 19ème siècle sont remplacés par l'alternance d'expansions et de récessions mais il n'y a plus de dépression.On croit avoir effacé les cycles.

3) 1973 à 1992 : orientation vers des politiques de règles

a) Tout d’abord hésitations de la période 1973-1978Cependant, dès le début des 70’s, cette hiérarchie d’objectifs change ; une multitude de nouvelles donnes apparaissent à cette même époque qui dictent aux autorités monétaires un changement de cap vers les pol de règles ; la suprématie retrouvée de la pol monétaire et la volonté de retour à l’orthodoxie budgétaireAsselain (2010) : « Le retournement durable vers une politique restrictive, qui domine toute la période ultérieure, n’est certes pas le propre de la France – mais elle est parmi les premières à s’y engager. »

- 1974 : Plan de « refroidissement » (dérgradation de l'emploi) par Pierre Fourcade- 1975 : Plan de relance de Jacques Chirac représentant 2,8 points de PIB a été « un succès mitigé : croissance de + 4,4 % en 1976, forte inflation (+11 %) et un gros déficit du commerce extérieur » la politique de relance se heurte à la contrainte extérieure (dégradation des comptes)- 1976-1981 : Politique de désinflation compétitive des gouvernements de Raymond Barre (chômage et restructuration)- 1981-1982 : Plan de relance socialiste de Pierre Mauroy Représentant « 1,7 point du PIB sur deux ans ». Lancé alors que les partenaires extérieurs de la France adoptaient des politiques restrictives (on parlera de la « parenthèse française », il a provoqué une dégradation des comptes extérieurs

b) 1979-1992 : Le tournant de 1979. La logique de la rigueur ou le choix de la désinflation compétitive

Contrairement aux politiques keynésiennes de relance par la demande, la nouvelle politique c'est de laisser les entreprises se fortifier elles-mêmes en leur permettant de refaire des marges bénéficiaires importantes (théorème de H .Schmidt en 1974 : « Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et l’emploi d’après demain ») pour la reprise de l'investissement et de l'autofinancement. Pour cela ces politiques cherchent à augmenter la part du profit dans la valeur ajoutée (taux de marge) grâce à la modération des salaires (désindexation des salaires sur les prix) et à la baisse des impôts sur les entreprises (baisser l'impôt sur le bénéfice et la taxe professionnelle) ; baisser le taux d’imposition sur les revenus (surtout les hauts). L’objectif est double : d'une part la baisse des prélèvements obligatoires est censée encourager les individus à travailler et à produire davantage et, d’autre part, la limitation de la redistribution favorise l'épargne.

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Le gouvernement accepte par ailleurs les licenciements collectifs dans l'automobile y compris chez Renault, dans la sidérurgie et les chantiers navals (40 000 licenciements au moins par pré-retraite surtout).

L’effort consiste à compenser le ralentissement de la demande intérieure par la hausse des exportations mais sans dévaluation (par compétitivité produit). L’idée est d’avoir une monnaie forte et une balance commerciale excédentaire.

- En Angleterre, évolution vers un Welfare State minimum (la troisième voie) dès 1979Une nouvelle phase de réforme idéologique, en rupture avec le passé, sous la férule de Mme Thatcher et le cadre d’une nouvelle doctrine « le Thatcherisme » incarnée par le projet « The Right Approach » de 1976.

Doctrine poursuivie par John Major en 1992. L’objectif n’est plus le plein emploi ni la croissance indifférenciée et le mode de fonctionnement n’est plus le keynésianisme ; au contraire on utilise l’emploi et le chômage comme variables d’ajustement éco et le recours à la concurrence comme facteur d’arbitrage entre croissance ou déclin des secteurs, des régions et des professions qui forment le tissu économique du pays. Elle a contribué à la mise à mort des syndicats en GB

Mais la rupture du consensus n’a pas débouché sur une remise en cause du Welfare State trop enraciné dans le contrat social mais désormais, c’est aux individus ou aux familles de prendre en charge leurs responsabilités en matière de retraite, d’éducation, de logement ou de santé, l’Etat n’intervenant que pour établir un niveau minimal de garantie, une sorte d’ultime filet de protection

Le nouveau contrat social est bâti sur les convictions thatchériennes d’individualisme : le rejet de la « société » et la priorité à l’individu, la méritocratie fondée sur la compétence et l’argent, la valorisation de l’effort et du travail et le refus de l’assistance et de l’égalitarisme, l’autorité de « la loi et de l’ordre » face à toutes les contestations et à tous les corporatismes, l’exaltation de la grandeur nationale face à tous les abandons passés. Pour les conservateurs au pouvoir de 1979 à 1997 (Thatcher sur 3 mandats (1979-1983-1987) puis Major pour 2 mandats), le nouveau contrat social est d’abord un combat contre le « consensus mou » de l’après guerre et ses propagandistes, le corporatisme d’Etat et sa bureaucratie omniprésente, omnipotente, coûteuse.

Projet qui devient progressivement excessif  du fait de sa droitisation (débat et révoltes fiscales sérieuses à propos de la poll tax (capitation lourde et uniforme) en 1989-90 ; Major essaie d’y mettre un visage plus humain (remplacement de la poll tax en 1993 par un council tax plus équitable

- Aux Etats Unis Le reaganomics ou “Reaganomie” qui est un terme populaire qui fait référence à la politique économique adoptée par Ronald Reagan, le 40ème président des États-Unis (1981-1989) La différence avec ses prédécesseurs n’est pas tant dans les actions qu’il a mené que nombreux avant lui avaient mené (ex Nixon) ; la différence réside dans le ton volontariste et mobilisateur du discours. Le désengagement de l'Etat devient un véritable credo. «  Jusqu’à présent on a cru que la solution aux problèmes c’était l’Etat. Aujourd’hui le problème c’est l’Etat » (Ronald Reagan. Discours d’investiture, janvier 1981)

Cette politique se fondait sur

- une réduction des dépenses sociales .15

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- la déréglementation des marchés intérieurs. Des actions structurelles sont entreprises pour dérèglementer les activités économiques, pour favoriser la concurrence : réduire l'emprise de la bureaucratie, libéraliser en profondeur les activités économiques, favoriser la cpp).

- une réduction générale des impôts (Tax Cut). Cela aboutit à d'importants déficits d'autant que les dépenses publiques se sont accrues ( « guerre des étoiles »). Le déficit public devient très important (4,1% du PIB en 1983).

- une augmentation du budget de la défense

Dans les faits et à l'inverse du discours officiel, le budget a fonctionné comme un facteur de relance. En fait, le « reaganisme » a été du keynésianisme inavoué. On peut parler de l’exception américaine en matière budgétaire

Ce à quoi il faut ajouter la politique monétaire monétariste de Volker qui a fait flamber le taux de change du $ jusqu’aux accords du Plaza en 1985

Le bilan : globalement une réussite liée sans doute à des facteurs externes favorables : désinflation à l'étranger, hausse du $ ... :- retour d'une forte croissance dès 1983.- recul durable du chômage de 8,5 % en 1982 à 5% en 1988.- recul net de l'inflation : de 10% en 1981 à 4% en 1988.

Mais des effets pervers de la déréglementation :- dans le secteur du transport aérien : la concentration des entreprises a entraîner la faillite d'entreprises ( Eastern Airlines). Hausse des accidents. - les inégalités sociales se sont accrues. Le nombre de pauvre passe de 23 à 40 millions de personnes.

Bush (1989-1993) a suivi Reagan mais retournement de conjoncture d'où récession marquée 90 -> 92. Les impôts ont du être augmentés à cause du déficit grandissant. Et réduction des taux d'intérêts par la FED pour permettre la reprise économique.

- En Allemagne : imposé par les circonstances. Introduction d’une politique de l’offre dès le début des 1980’s alors que l'Allemagne était considérée comme étant sur le déclin.

Le Conseil des experts économiques allemands, concluait dans ses rapports de 1981-1982 qu'une politique de régulation de la demande ne permettrait en rien de résoudre le problème de l'emploi et qu'il fallait au contraire conduire une politique de modération salariale et de consolidation du budget de l'Etat en réduisant la part des dépenses publiques pour permettre une croissance souhaitable de l'investissement privé. Le programme du chancelier Kohi fut fondé sur cette approche de l'économie de l'offre.

89-90 : réunification avec même niveau de parité entre les 2 monnaies d'où explosion à l'est, donc reprise forte de l'inflation. D'où hausse des taux d'intérêts de la Bundesbank avec une politique monétaire restrictive. Mais en même temps, politique budgétaire expansive car les Allemands refusent d'augmenter les impôts et jouent donc sur le déficit budgétaire et sur les emprunts.La reprise est vigoureuse surtout grâce à la demande. Début 90's, ralentissement car il faut digérer la réunification : suppose la privatisation des entreprises de l'Est, l'harmonisation de la fiscalité et des mœurs.

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- En France - depuis 1983 : Politique de désinflation compétitive face à la dégradation de la balance commerciale (-100 milliards de francs en 1982), au niveau élevé de l'inflation (12%) et du nombre de chômeurs (il passe la barre des 2 millions en 1982), le choix a été fait de donner la priorité à la lutte contre l'inflation. la même pol. éco., dénommée « désinflation compétitive » ou « politique du franc fort », sera menée quelle que soit la majorité au pouvoir, et malgré les fréquents changements de majorité :- 1982-84 : gvt. Mauroy, Delors Min. des Finances et Union de la gauche (i.e. ministres communistes)- 1984-86 : gvt. Fabius, Bérégovoy Min. des Finances- 1986-88 : 1ère cohabitation, gvt. Chirac, Balladur Min. des Finances- 1988-93 : gvt. Rocard (puis Cresson), Bérégovoy Min. des Finances, puis gvt. Bérégovoy, Sapin Min. des Finances- 1993-95 : 2ème cohabitation, gvt. Balladur, Alphandéry Min. des Finances.

Donc politique du franc fort aligné sur le DM puis monnaie unifiée gérée par la BCE adepte de la monnaie forte

RésultatsCes politiques ont effectivement permis la désinflation ainsi que, en France, le redressement relatif de la position extérieure. Mais elles semblent avoir été coûteuses en termes d'emploi et de croissance.

Par ailleurs, ces politiques ne sont pas parvenues à diminuer les déficits budgétaires. Bien au contraire, à la faveur de la récession et de la tendance à la baisse des prélèvements obligatoires, les déficits budgétaires se sont généralement creusés.

Donc une inflexion idéologique et pratique – montée du libéralismePourquoi ce retournement de tendance ?

4) Les causes du retournement de tendanceOn se rend progressivement compte que l’on est dans une crise de régulation

a)- l’ouverture des économies modèle : impossibilité de politique conjoncturelle autonome dans un contexte de mondialisation 

- d’une part l'effet escompté d’un redressement voire d’un excédent de la balance commerciale ne se produit pas instantanément ce qui aboutit à ce qu’il est commun d’appeler la courbe en J ; mais surtout, il peut arriver que l’effet ne se produise pas du tout. Toute relance budgétaire se heurte à une reprise plus forte des importations comme le montre les échecs des relances françaises isolées de 1975-76 et 1981-82. Le multiplicateur keynésien (k) est réduit par les importations. En effet, en économie fermée : k = 1/(1-c), mais en économie ouverte k’= 1/(1-c)+m (m = propension à importer) donc k’ ˂ k. Seules peuvent marcher des relances concertées

- d’autre part sanctionné sur les marchés financiers Revirement également dû à l’ouverture des marchés financiers et donc à la libre circulation des capitaux entre les pays, car, en effet, comme le démontrera Mundell dans ce qu’il est courant d’appeler le triangle d’incompatibilité ou triangle de Mundell, on ne peut plus se permettre une quelconque politique monétaire autonome de type expansive 

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Le triangle de Mundell est un principe économique développé par Robert Mundell et Marcus Fleming dans les années 1960, selon lequel, une économie ne peut :

avoir une parfaite liberté de circulation des capitaux (intégration financière)et simultanément

avoir un régime de change fixe cad garantir, à travers diverses opérations des BC de rachat ou de vente de la monnaie nationale ce qui dès lors garantie à cette dernière la même valeur sur le marché des changes

disposer d’une politique monétaire autonome.

Illustration :

Une politique monétaire autonome dans le sens d’une progression de la masse monétaire plus rapide que celle des autres pays, des taux d’intérêt plus faibles, ou un différentiel d’inflation positif, se traduisent par une dégradation du taux de change (baisse de la valeur de la monnaie par rapport aux autres ; si déficit de balance alors pression à la baisse du taux de change)  Et donc nécessité de relever ses taux d’intérêt  (politique monétaire contrainte mais aussi politique budgétaire contrainte)

C’est donc entre l’autonomie de la politique monétaire et la stabilité de changes que les gouvernements doivent choisir.Les EU ont choisi de conserver leur autonomie monétaire parce qu’ils le peuvent ; de ce fait, le dollar n’a jamais conservé une valeur stable très longtemps au cours des 25 dernières années vis à vis des autres monnaies, sans en être sanctionné parce que le $ n’est pas une monnaie comme les autres.

A l’inverse, l’UEM privilégie la stabilité du change de l’euro et dès lors absence de toute marge de manœuvre en matière de politique monétaire.

b)- les rigidités de l'économie étatisée, incohérence temporelle et crédibilité politique (Kydland et Prescott 1977) l'interventionnisme génère des rigidités qui limitent l'effet de nouvelles mesures : rendement décroissant de l'intervention. La pesanteur du système nuit à son efficacité ; plus l'État est important moins il est flexible. Les lourdeurs de l'administration et de la bureaucratie créent des dysfonctionnements considérables. L'excès de l'outil budgétaire finit par le rendre inutile: des dépenses que l'on ne peut augmenter n'ont plus d'effet contracyclique.

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c) Par ailleurs, parce qu’épuisement de la logique de la courbe de Phillips  ; l’inflation ne sert plus à résorber le chômage. Les années 70 sont marquées par un contexte de dérapage inflationniste et de ralentissement conjoncturel (stagflation)

Critique de la courbe de Phillips et des politiques fondées sur cette courbe formulées par Friedman puis radicalisées par Lucas. Selon eux, indépendance du chômage ; relation verticale du taux de chômage qui butte contre un taux naturel, fonctionnel + volontaire + inadaptation de certains individus. Ceci donne le « NAIRU » (Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment)le chômage que l’on croyait conjoncturel apparaît de plus en plus structurel,

5) 1992 à 2007 : Atténuation des clivages doctrinaux et pragmatisme des politiques avec divergences dans la conduite des pol conjoncturelles (EU, UE, France)

Contrairement aux proclamations libérales, chacun continue à défendre ses champions.

Depuis le début des années 1990 mais aussi depuis le début des 2000, un retour relatif aux politiques keynésiennes semble s'amorcer. Ces politiques de relance restent modérées en raison de leur risque inflationniste, mais elles ont tendance à être de plus en plus fréquentes.

Il s'agit tout d'abord de l'amorce d'un revirement théorique.

Les théories de la croissance endogène redécouvrent l'intervention publique

Il s'agit aussi de l'amorce de nouvelles politiques de relance tant les politiques d'inspiration libérale semblent peu efficaces dans la lutte contre le chômage,

En AngleterreLe travailliste (Labor) Tony Blair s’installe au pouvoir entre 1997 et 2007 et instaure « la 3ème voie » dite blairiste (recentrage du Thatchérisme) ; le RU tente alors une nouvelle synthèse entre les exigences de son contrat social fondamental (Welfare) et les impératifs de la modernité.Il s’agit de trouver un compromis qui garantisse un équilibre des marchés par l’Etat en même temps que de mettre l’Etat « sous la surveillance du marché » afin de limiter les risques à commencer par les risques d’endettement

Mais la « révolution tranquille » ne diffère pas dans son principe de la révolution thatchérienne. « Oui à l’économie de marché, non à la société de marché » d’où le maintien d’une forte régulation étatique, la persistance d’un Welfare State sélectif, l’acceptation de la mondialisation 

Ainsi, si les fondements de la politique éco demeurent libéraux, la pratique éco s’avère plus souple qu’au temps des Tories (conservateurs); le nouveau contrat social se veut aussi efficace mais plus consensuel que celui des conservateurs. La « stakeholder society » de Blair (dans le respect des intérêts de toutes les parties prenantes en opposition à la logique du « shareholder » cad des actionnaires) repose sur le volontarisme, l’effort et le travail 

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Aux EUClinton (1993-2001): hausse des impôts pour le retour à l'équilibre : mais majorité républicaine au Congrès : d'où une limitation de l'aide sociale. Le déficit commercial persiste mais la politique monétaire est + accommodante Greenspan -1987-2006)Amélioration du solde public qui est plus dû pour 60 % à la forte contribution des recettes qui apparaît de nature très conjoncturelle, et à hauteur de 40% sur l’infléchissement des dépenses (du fait de la reprise et des baisses d’aides sociales mais aussi baisse des dépenses militaires avec la fin de la guerre froide)

L’Europe qui demeure la plus rigoristeLa politique éco de la zone, qui résulte de la combinaison d’une politique monétaire unique et de 19 politiques budgétaires décentralisées n’existe que par défaut, et n’est par conséquent ni active, ni réactive. Elle ne remplit pas, de ce fait, l’un des rôles primordiaux de la pol éco : ancrer les anticipations des agentsUn gouvernement qui entreprend une réforme budgétaire ne peut espérer aucun soutien de la BCE parce que celle-ci ne peut pas compromettre son indépendance en s’engageant. Elle pourrait accompagner les réformes seulement si celles-ci sont conduites conjointement par plusieurs grands pays, ce qui est peu probable compte tenu de l’hétérogénéité des préférences en zone euro et du caractère non synchrone des cycles électoraux. De ce fait, elle est contrainte par la situation éco moyenne de la zone euroCe qu’il y a de commun : choix de la rigueur et de l’Euro fort formalisé à travers les critères de convergence (1992) puis du Pacte de stabilité et de croissance (1997)

Est-ce que c’est suffisant pour expliquer les différences de croissance et d’équilibre entre les EU et les pays de l’UE ? Non il faut surtout y voir le différentiel de pol structurelle

6) Crise de 2008 : retour de Keynes ou exception à la règle ?

a) Des politiques monétaires accommodantes ; quelques différences selon les zones monétaires

Lors de la première phase de la crise financière (2007-2008), les stratégies suivies par la FED, la BCE, mais aussi d'ailleurs par la Banque d'Angleterre étaient à peu près les mêmes : baisse de taux et efforts pour faciliter l'accès au crédit afin de fournir de la liquidité au système financier et éviter ainsi un credit-crunch.

Par contre, à partir de l'été 2008, la politique monétaire de la BCE a divergé de celle adoptée par les banques centrales anglo-saxonnes. Ce changement de cap est caractérisé par l'injection de liquidité aux USA via ce que l'on appelle le Quantitative Easing, qui consiste à racheter sur les marchés de la dette souveraine avec de l'argent nouvellement créé. La masse monétaire triple aux USA et en Angleterre

Dans la zone euro aux on voit bien l'absence de réelle rupture entre fin 2008 et début 2010  : légère augmentation de la base monétaire, mais dans des proportions infimes (à peine 28%), en comparaison avec la situation américaine et anglaise.  Alors que les rachats de dette par la FED et la BoE étaient déjà impressionnants dès mi-2009 (proche de 10% du PIB), la BCE a commencé à racheter de la dette uniquement à partir de mai 2010,  Le rachat de dette souveraine par la BCE est interdit par le fameux article 123 du traite de Lisbonne, mais une petite astuce a permis de contourner cette interdiction, la BCE annonçant que ces opérations étaient légales car consistant en "un rachat sur le marché secondaire, accompagné d'une stérilisation des opérations" et "que ces programmes ne sont réalisés qu'à titre temporaire et limité".

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 Mais notons que les montants engagés par la BCE (200 milliards environ dans le cadre du SMP et 50 mds pour le CBPP) n'ont rien à voir avec ceux de la BoE et de la FED,  Alors, pourquoi la BCE n'a t-elle pas adopté une politique monétaire de rachat de dette et d'injection de liquidité, comme ses deux confrères ?

Tout d'abord, lorsque la FED rachète de la dette, elle achète une dette encore considérée comme sans risque (la probabilité de voir un défaut américain à moyen terme étant faible), tandis que lorsque la BCE rachète de la dette grecque, portugaise ou espagnole, elle prend un risque réel de crédit, même à court terme  De plus, contrairement à la FED qui a en face un seul interlocuteur (le gouvernement américain), la BCE doit jongler entre 17 pays aux contraintes et besoins très différents. Si la BCE garantissait explicitement d'une manière ou d'une autre toutes les dettes, alors se poserait un problème d'aléa moral et un risque de passager clandestin.

 Encore pire, en cas de défaut et de sortie de la zone euro d'un pays dont une majeure partie de la dette serait détenue par le BCE, alors les conséquences seraient limitées pour le "pays mauvais élève" (ce qui n'est pas le cas si sa dette est détenue par ses banques commerciales nationales ou par les habitants du pays), et ce serait donc les "bons élèves" qui en paieraient le prix via les pertes de la BCE (risque d'inflation zone euro)  2) Politiques budgétaires : de la relance mondiale à l’austérité

a) Les relances budgétaires dans le mondeLa crise économique qui frappe durement l’ensemble du monde a conduit, dans tous les grands pays, à la mise en place de plans massifs de sauvetage du système financier et de plans de relance de taille importante afin de limiter l’ampleur de la récession.

Exemple de la France Durant tout l’été 2008, malgré une croissance déjà négative au 2ème trimestre, les pouvoirs publics ont officiellement affirmé la nécessité de maintenir l’objectif de maîtrise des dépenses pour contenir la dette publique.Ce n’est qu’à la fin du mois d’octobre 2008 que la gravité de la crise financière et économique amène les pouvoirs publics à annoncer la nécessité de mesures de relance

Le plan de relance annoncé la 4 décembre 2008 par le Président de la République assume une augmentation de la dépense publique évaluée à 26 milliards d’euros sur deux ans. Les principales mesures annoncées portent sur :- l’accélération des investissements publics : 4 milliards supplémentaires pour le développement des réseaux des grandes entreprises publiques (ferroviaire, énergétique, postal), 4 milliards d’investissements directs de l’Etat dans des secteurs "stratégiques (défense, enseignement supérieur et recherche, développement durable), remboursement anticipé et définitif du Fonds de compensation de la TVA aux collectivités qui accepteront d’investir plus,

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- l’emploi et le pouvoir d’achat : exonération de charges pour les entreprises de moins de 10 salariés qui embaucheront en 2009, versement d’une prime exceptionnelle de 200 euros pour les bénéficiaires du RSA, amélioration de l’indemnisation du chômage,

- le logement : doublement du montant du prêt à taux zéro pour l’achat d’un logement neuf, achat ou construction par l’Etat de 100 000 logements sociaux sur la période 2009-2010,

- le soutien à l’industrie automobile : passage à 1000 euros de la prime à la destruction d’un véhicule de plus de 10 ans en cas d’achat d’un véhicule neuf peu polluant (moins de 160 g/CO2), financements supplémentaires accordés aux filiales de Renault et PSA spécialisées dans le crédit, aides à la recherche sur les véhicules électriques et hybrides,

- des mesures en direction des entreprises : remboursement par anticipation des dettes aux entreprises, versement par l’Etat d’un acompte de 20% au lieu de 5% lors de la passation d’un marché public, allègement des procédures d’appel d’offres, etc...

Le coût total du plan de relance 2008-2010 a été de 34 milliards d'euros  Le plan devait initialement se monter à 26 milliards d'euros, mais a été renforcé par d'autres mesures comme les prêts consentis à des constructeurs automobiles ou les aides aux ménages les plus touchés par la crise dans le cadre du volet social adopté lors du sommet social du 18 février 2009, durant lequel le gouvernement a annoncé un ensemble de mesures dont le coût est estimé à 2,6 milliards d'euros :

- Les salariés qui perdent leur emploi sans avoir cotisé suffisamment longtemps pour toucher des indemnités de chômage» (quatre mois sur les vingt-huit derniers) recevront 500 euros de l'État.

- L'indemnisation du chômage partiel passera à 75 % du salaire brut (au lieu de 60 %) dans les branches signant des accords avec l'État.

- La formation professionnelle sera réorientée vers les jeunes peu qualifiés, les chômeurs et les salariés en chômage partiel, plutôt que les cadres solidement installés dans les entreprises.

- Ces dispositifs seront financés par un «fonds d'investissement social » Il disposera d'un milliard et demi d'euros : 200 millions du «fonds d'expérimentation pour la jeunesse» de Martin Hirsch, 500 millions représentant le volet «emploi» du plan de relance annoncé fin 2008, et 800 millions supplémentaires débloqués le 18 février 2009. Nicolas Sarkozy a appelé les partenaires sociaux à doubler ces sommes en puisant dans des enveloppes qu'ils gèrent via l'Unedic ou les organismes de formation professionnelle.

- Les deux premiers tiers de l'impôt sur le revenu (IR) seront supprimés pour les 4 millions de foyers imposés dont les revenus vont de 5 852 à 11 673 euros (première tranche imposable).

- Une réduction d'IR un peu moindre sera accordée pour les 2 millions de contribuables dont les revenus imposables vont de 11 674 euros à 12 475 euros.

- Une « prime de solidarité active » de 200 euros sera versée en avril 2009 en attendant le RSA (prévu pour l'été 2009) par les Caisses d'allocations familiales. Son coût, de 760 millions, n'est pas inclus dans l'enveloppe du 18 février 2009. 3,8 millions de ménages modestes sont concernés par cette mesure.

Au Etats Unis aussi, on enregistre un fort déficit public : en 2009 1400 milliards de $, soit 9% du PIB

b) Déficits, dette et austérité

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Page 23: prepanoisy.files.wordpress.com · Web viewl’ouverture des économies modèle IS/LM/BP, modèle Mundell-Fleming les rigidités de l'économie étatisée (Kydland et Prescott) L’épuisement

Si ces politiques de soutien du système économique et financier ont été le seul rempart à la crise systémique qui menaçait l’économie mondiale, elles ont néanmoins un coût. À l’impact des politiques budgétaires discrétionnaires s’ajoute le coût conjoncturel pour les finances publiques des stabilisateurs automatiques (chute des recettes fiscales due à la baisse de l’activité, accélération de certaines prestations sociales liées à la hausse du chômage) qui permettent aux économies d’amortir le choc récessif. Sous ces effets cumulés, les déficits et dettes publics dans tous les pays augmentent très fortement. La reprise spontanée de la croissance et la fin progressive des plans de relance ne seront pas suffisants à court terme pour revenir à la situation budgétaire d’avant crise.

Face à cette dégradation brutale des finances publiques et à des économies en convalescence à la croissance encore très incertaine, les gouvernements sont confrontés au dilemme chômage-dette : Renvoi au débat sur les manières de sortir de la crise. - soit ils cherchent rapidement à réduire les déficits budgétaires et mettent en place des politiques très restrictives afin de limiter la hausse de la dette publique au risque d’amputer la reprise et de voir augmenter durablement le chômage ; - soit les gouvernements privilégient le retour durable de la croissance avant de mener une politique budgétaire restrictive au risque de laisser les dettes publiques augmenter rapidement.

À moyen terme, il est fort probable que tous les pays adoptent des politiques budgétaires restrictives (hausse des prélèvements obligatoires, coupes dans les dépenses publiques) pour éponger l’endettement public passé à cause du problème de la soutenabilité de la dette publique dans la plupart des pays occidentaux.

Cependant, certains propos des économistes tel que Krugman soulignent le danger de réduire trop rapidement le déficit public : les déficits publics ne constituent pas un problème dans une situation de crise, c’est au contraire la solution. Ils ont été creusés au début de la crise, et selon ces auteurs, le danger viendrait d’une volonté dans le contexte de l’influence de l’orthodoxie budgétaire, de réduire trop rapidement les déficits. Krugman (2010) « Il y a de grandes chances que les nouvelles économiques que vous allez entendre dans un futur proche soient un pic et non une indication que nous sommes en route vers une reprise durable. Mais les politiques interpréteront-il ces nouvelles de travers et répéteront-ils les erreurs de 1937 ? En fait, c’est déjà le cas. » Ce à quoi il fait référence est le scénario du W (double dip ou double plongeon) : une nouvelle récession assortie d’un rebond (scénario en W), ou alors le scénario d’une stagnation de l’activité pendant cinq à dix ans, ou, pire, un plongeon des pays de l’OCDE dans une dépression longue et douloureuse, rappelant celle des années 1930. Quant à un éventuel scénario rose de reprise, plus personne n’ose désormais l’envisager.

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