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CHAPITRE 1 : CLASSES, STRATIFICATION ET MOBILITE SOCIALES. 1.1 – Comment analyser la structure sociale ? A. Comment mesurer les inégalités de revenu et de patrimoine Des différences aux inégalités sociales Inégalités sociales : traitements différents qui peuvent avantager une classe sociale, un groupe ou un individu par rapport à d'autres et qui établissent des hiérarchies sociales. *Si une différence ne se traduit pas par un désavantage, elle est uniquement une différence. Si par contre elle se traduit par un avantage/désavantage dans l’accès aux ressources socialement valorisées, alors c’est une inégalité. *Max Weber va distinguer 3 types d’inégalités qui peuvent se renforcer et se cumuler ; la hiérarchie « économique » (selon l’accès des individus aux biens et services), la hiérarchie « sociale » (selon l’accès au critère du prestige) et une hiérarchie « politique » (selon l’accès au pouvoir politique). Mesure des inégalités et problèmes méthodologiques. *Selon le type d’inégalité et l’outil utilisé pour la mesurer on n’aura pas la même représentation de l’inégalité en question. *Selon le choix de la population (ménage, individus, foyers fiscaux) étudiée le résultat sera différent. Chaque population étudiée va entraîner un certain nombre de limite. De plus certaines populations échappent au calcul. *on utilise deux types d’outils pour mesurer les inégalités : - la disparité (basée sur écart des valeurs moyennes de plusieurs populations) 1

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CHAPITRE 1 : CLASSES, STRATIFICATION ET MOBILITE SOCIALES.

1.1 – Comment analyser la structure sociale ?

A. Comment mesurer les inégalités de revenu et de patrimoine

Des différences aux inégalités sociales

Inégalités sociales : traitements différents qui peuvent avantager une classe sociale, un groupe ou un individu par rapport à d'autres et qui établissent des hiérarchies sociales.

*Si une différence ne se traduit pas par un désavantage, elle est uniquement une différence. Si par contre elle se traduit par un avantage/désavantage dans l’accès aux ressources socialement valorisées, alors c’est une inégalité.

*Max Weber va distinguer 3 types d’inégalités qui peuvent se renforcer et se cumuler ; la hiérarchie « économique » (selon l’accès des individus aux biens et services), la hiérarchie « sociale » (selon l’accès au critère du prestige) et une hiérarchie « politique » (selon l’accès au pouvoir politique).

Mesure des inégalités et problèmes méthodologiques.

*Selon le type d’inégalité et l’outil utilisé pour la mesurer on n’aura pas la même représentation de l’inégalité en question.

*Selon le choix de la population (ménage, individus, foyers fiscaux) étudiée le résultat sera différent. Chaque population étudiée va entraîner un certain nombre de limite. De plus certaines populations échappent au calcul.

*on utilise deux types d’outils pour mesurer les inégalités : - la disparité (basée sur écart des valeurs moyennes de plusieurs populations) - la dispersion (basée sur écart des valeurs extrêmes dans une même population).

Les outils les plus classiques sont les études des déciles (le rapport inter-décile en particulier), la courbe de Lorenz et l’indicateur de Gini.

Revenu et patrimoine des ménages en 2010, en euros.

Revenu primaire : revenu qu’on tire de l’activité primaire

Revenu disponible : revenu disponible a la consommation ou à l’épargne après prélèvement et redistribution. (revenu primaire-prelev.obligatoire+cotisations sociales)

*Le patrimoine : stock alimenté par des flux de revenus. Il existe différents types de patrimoines ; professionnels, financiers, mobiliers, immobiliers…)

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*Le revenu est un flux qui permet de constituer un patrimoine, donc plus les revenus sont élevés plus le patrimoine est important. Le patrimoine va alors lui aussi générer des revenus.

Niveau de patrimoine moyen des ménages en 2004, en euros.

*Les PCS au patrimoine le plus élevé sont les gros indépendants et les professions libérales. C’est à dire celles qui mettent en jeux du capital (investissement +propriétaires des facteurs de production). Cependant les cadres supérieurs font exception, leurs unique K étant leurs diplômes.

La répartition du revenu et du patrimoine. (2010)

*Les 10% les plus pauvres possèdent 0% du patrimoine total. *Les 10% les plus riches possèdent 48%du patrimoine total. 90% des ménages possèdent 50% du patrimoine.*Les inégalités du patrimoine sont plus importantes que les inégalités de revenus.

Synthèse   : Notre société se caractérise par de nombreuses différences entre les individus ou les groupes sociaux (âge, genre,…). Cependant les différences ne constituent des inégalités que lorsqu’elles se traduisent en termes d’avantage ou d’inconvénient dans l’accès à des ressources socialement valorisées. Les inégalités sont des inégalités sociales lorsqu’elles touchent tout un groupe social.

La mesure des inégalités pose des problèmes méthodologiques : le choix des inégalités à mesurer (de revenus, d’accès à la culture,…), la population à étudier (PCS, ménages, …), le type d’outils choisis (moyenne, médiane, quantiles,…) changent la perception des inégalités et de leur évolution.

Les inégalités de revenus et de patrimoine sont généralement analysées avec le rapport interdécile, la courbe de Lorenz ou le coefficient de Gini. Les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus importantes que les inégalités de revenu : les 10 % des ménages les mieux lotis disposent d’un revenu annuel au moins 4,5 fois supérieur à ceux des 10 % les moins bien lotis, et d’un patrimoine environ 43 fois supérieur à ceux des 10 % les moins bien lotis.

Le revenu permet de constituer un patrimoine qui à son tour génère des revenus, créant un cercle vertueux qui se transmet par l’héritage, de génération en génération. Les inégalités de revenus et de patrimoine sont donc cumulatives, et varient considérablement en fonction de la PCS ou de l’âge.

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B. Comment mesurer les inégalités sociales   ?

Espérance de vie totale et sans incapacité à 35 ans chez les hommes en années. *Les cadres ont une espérance de vie plus importante que celle des ouvriers. Les ouvriers ont des emplois plus pénibles, exposés aux accidents, aux maladies, leurs emplois étant plus physiques. De plus les cadres ont accès à de meilleurs soins et ont une meilleure hygiène de vie.

Répartition par filière des bacheliers 2009 selon leur origine sociale

*Il y a une différence d’orientation selon l’origine sociale. Cette différence est liée au capital social, économique et culturel, dotation différente selon l’origine sociale mais aussi de de l’ambition par rapport au milieu social (effet de mimétisme).

Taux de chômage après la fin des études selon l’origine nationale et le diplôme.

*Le fait d’avoir des parents étrangers hors UE entraîne un taux de chômage plus important. Si les parents viennent de l’UE le taux de chômage est plus faible. Un enfant ayant 2 parents français aura 2 fois moins de chance d’être au chômage qu’un enfant ayant des parents immigrés.Cela s’explique à travers différents éléments ;

- le capital social, les individus nés à l’étranger ont un moins bon réseau social - autres capitaux comme la maitrise de la langue, les codes sociaux.- discrimination (même si on ne peut pas réellement la mesurer)

*D’autres paramètres font aussi varier le taux de chômage : le diplôme, l’âge, le sexe et l’origine sociale.

Les inégalités de fréquentation des équipements culturels.

*La culture classique appartient à la bourgeoisie, donc au milieu des classes supérieures. Pour faire partie de cette bourgeoisie il faut posséder cette culture qui lui est rentable, mais qui a cependant peu de valeurs pour les milieux populaires. Elle est acquise par l’éducation et est aujourd’hui omnivore (milieu populaire = univore).C’est le jugement de la classe supérieure (ce jugement ne portant pas uniquement sur la culture classique), qui s’impose aux autres et détermine « le bon goût ».

Les inégalités devant la politique.

*Le Droit de vote des femmes en France = 1944.*Les immigrés extra-européens, et les mineurs n’ont pas le droit de vote. Par définition les gens pouvant voter = les nationaux. * Inégalité de fait = personnes âgées, handicapées qui ont du mal à exercer leur droit de vote. Inégalité de compétence politique qui n’est pas également distribuée dans l’espace social.* « Cens caché » = le cens est l’impôt sous l’Ancien Régime qu’il fallait payer pour pouvoir voter, ce qui excluait une bonne partie de la population, et qui posait une barrière économique au vote.

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Aujourd’hui subsisterait encore une barrière culturelle qui dissuaderait/empêcherait la part la plus défavorisée de la population de voter, celles-ci s’auto déshabilitant.

La polarisation des inégalités.

*Polarisation des inégalités = idée qu’aux deux extrêmes de la hiérarchie sociale il y a des privilèges/handicap qui renforcent les privilèges/handicap ; processus cumulatif.

Synthèse   : Les inégalités sont multidimensionnelles. On peut les mesurer en termes d’espérance de vie (6 ans d’écart entre les cadres et les ouvriers), de taux de chômage (les sans diplômes sont 5 fois plus nombreux au chômage que les bac +3, phénomène renforcé par l’origine nationale), d’accès à la culture, mais aussi en termes d’éducation (environ 8 fils de cadres sur 10 ont un bac général, contre seulement un fils d'ouvrier sur 2), ou de compétence politique.

Les inégalités spécifiquement économiques constituent souvent une matrice sur laquelle se développe une multiplicité d’inégalités sociales. Par exemple, les inégalités de revenu et de patrimoine donnent naissance à des inégalités d’accès au logement, d’accès à la santé, etc. Les inégalités sont donc interactives. Plus encore, elles sont liées entre elles par des processus cumulatifs qui alimentent la polarisation de la structure sociale : les avantages des uns s’additionnent pendant que les désavantages des autres se renforcent mutuellement.

C. Comparer les inégalités dans le temps et dans l’espace

Les inégalités au sein de l’OCDE.

*Coefficient de Gini = indicateur allant de 0 (plus faible) à 1 (plus fort) qui sert à mesurer la concentration des inégalités. Il se mesure par l’écart entre la courbe de Lorenz et la droite d’égalité parfaite.*Les pays les plus inégalitaires sont souvent des pays du sud : Mexique (0,48), Turquie (0,41), Portugal (0,35). *En France le niveau d’égalité est en-dessous de la

moyenne de l’OCDE (6,8), les inégalités y sont moins importantes. La redistribution des revenus est assez importante en France afin d’arriver à une égalité de fait. En revanche elle réalise assez mal l’égalité des chances La France n’est donc pas bonne en terme de méritocratie mais corrige fortement les inégalités à l’arrivée.

Le rapport inter décile du niveau de vie entre 1970 et 2010.

Lorsque le PIB augmente, les inégalités augmentent dans un premier temps puis au bout d’un certain temps celles-ci diminuent. (Cas dans les pays émergents actuellement)La croissance repose d’abord sur un phénomène de rattrapage et sur l’accumulation du capital. Elle va donc d’abord profiter à ceux possédant le capital et aux investisseurs.

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Dans un second temps les salaires augmentent, les salariés sont en position de force car ils ont réalisé de grands gains de productivité. Ils attendent alors un meilleur partage de la VA et la mise en place par l’Etat de règles qui les protègent. Ils vont alors se réunir en syndicats pour lutter. Tout au long du 20ème siècle on constate une baisse des inégalités, conforme à la loir de Kuznets, grâce à différents mécanismes :

- la fiscalité, mise en place d’impôt sur les successions (euthanasie les rentiers) par la suite impôt progressif et ISF.

- les luttes sociales qui ont participé à la réduction des inégalités, les ouvriers se sont organisés pour obtenir de meilleurs salaires… Désormais il y a un meilleur partage de la VA, des congés payés, des salaires minimaux.

- les guerres et les crises économiques qui participent à la réduction des inégalités car détruisant le patrimoine.

- l’Etat-providence qui met en place une protection sociale (système d’assurance et d’assistance).

Part dans la masse salariale brute totale des salaires des 1% les mieux rémunérés.

Masse salariale = ensemble des salaires versé par l’entreprise. (nombre de salariés X salaires totaux)

* Depuis 1994 la part dans la masse salariale des 1% les mieux rémunérés a augmenté. Cela résulte du capitalisme actionnarial un régime de croissance qui s’est mis en place progressivement à partir des années 1980. L'accumulation de richesses financières par les entreprises et leurs actionnaires en constitue le cœur.Les actionnaires vont mettre en place des mécanismes d’intéressement pour prendre le contrôle sur les dirigeants (par exemple à travers les stock-options). Les dirigeants vont eux s’intéresser à l’augmentation de la valeur de leurs entreprises et vont chercher à diminuer les coûts de production à travers l’externalisation (avantage comparatif) et vont limiter la progression des salaires et les investissements.

La fin de la dynamique d’égalisation des revenus.

*Pour Louis Chauvel la principale cause de la fin de la dynamique de réduction des inégalités (déformation des revenus par le haut) est la diminution de la croissance, si bien que les entreprises pour rester rentable ont dû chercher à maitriser leurs coûts de production. Le partage de la valeur ajoutée est alors plus favorable à l’entreprise qu’aux salaires, la rémunération (travail, K, Patrimoine immobilier et financier) des 1% les plus riches augmente alors considérablement. On assiste également à une montée du chômage. Henri Ford au 20ème siècle préconisait un rapport entre salaire médian et patron entre 1 à 20 fois supérieur, aujourd’hui il est parfois 200 fois supérieur.

* Dans les années 80, la politique de libéralisation des marchés a été favorable aux détenteurs du patrimoine; l’inflation et les taux d’intérêts élevés ont permis aux très riches d’augmenter leur patrimoine financier (de 12%), le marché financier est plus accessible et évolue à travers des innovations financières comme le produit spéculatif ou les obligations.

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Il y a aussi persistance des inégalités sociales ; - entre les sexes : ineg domestique (F consacrent 2x plus de temps aux tâches

ménagères que H). Les tâches sont sexuées même si certaines sont partagées. Ineg dans l’emploi, F occupent essentiellement des emplois à temps partiels (offre souplesse en termes d’horaires), mènent une « double-vie ». F occupent quasiment pas postes à forte responsabilité et st moins bien rémunérées.

- ineg scolaire, beaucoup baissé depuis le début du 20ème avec scolarisation massive et création des filières pro/techniques. Forte inégalité par rapport aux milieux sociaux persiste cependant, l’écart se creuse en ce qui concerne les fillières selectives.

Synthèse   : Les pays de l’OCDE présentent des inégalités plus ou moins élevées : faibles au nord de l’Europe, fortes aux Etats-Unis (l’écart entre les 10% des américains les plus riches et les 10% les plus pauvres est deux fois plus élevé qu’en France) ou au Mexique.

Après avoir connu une dynamique forte d’égalisation des revenus au XXe siècle (Thomas Piketty y a vu une « euthanasie des rentiers »), les pays de l’OCDE ont vu la fin de ce mouvement depuis les années 1980.

Les revenus du dernier centile ont augmenté beaucoup plus vite que ceux du reste de la population, ce qui s’explique par les transformations des modes de gouvernance de l’entreprise (capitalisme actionnarial), mais aussi les évolutions de la fiscalité.

D. La stratification sociale dans la tradition sociologique

La nuit du 4 aout 1789, intervention à l’Assemblée Nationale du duc d’Aiguillon.

* Cette nuit marque la fin de la société d’ordre et la mise en place de l’égalité de droits.

L’évolution de la structure sociale en Inde.

*La société indienne a abolit son système de caste en 1950 (système hiérarchique fondé sur la religion hindou, héréditaire et endogame) et donc par là l’inégalité de droits, cependant les inégalités de faits subsistent puisqu’une certaine distance sociale entre les groupes persiste.

Stratification sociale : existence au sein d’une société de groupes sociaux hiérarchisés en fonction de différents critères (le revenu, le pouvoir, le prestige, la religion).

On distingue 3 grands types de hiérarchie sociale : - le système d’ordre- les castes- les classes sociales

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La lutte des classes, moteur de l’histoire.

*Prolétariat = classe ouvrière qui loue sa force de travail contre un salaire de subsistance

*Karl Marx (1818-1883), sociologue, philosophe, économiste allemand. Le Capital (1867) et LeManifeste du Parti Communiste (1848) et utilise la méthode holiste pour analyser la société.

Il va distinguer les prolétaires des bourgeois par leur place dans les rapports de production. Bourgeoisie détient la propriété des moyens de production et s’approprie la pluvalue (différence entre salaire de subsistance et le prix des biens qu’il réalise) tandis que prolétaire loue sa force de travail.

*Avec le développement des industries, les ouvriers prennent conscience qu’ils sont une classe (unité de situation; l’exploitation). On entre alors dans le processus de lutte des classes.

*D’après Marx, chaque période a sa lutte des classes avec distinction entre la classe propriétaire et la classe non-propriétaire.

Il a une conception réaliste des classes sociales ; elles existeraient réellement et chaque classe existe en soi. Quand il y a prise de conscience de l’appartenance à une classe elle devient une classe pour soi.

Il a aussi une conception conflictuelle/antagoniste. Pour lui la classe représente une place dans le rapport/processus de production (selon que l’on détienne ou non le moyen de produc). Le rapport de domination existe à différents niveaux :

- économique : les propriétaires ont le pouvoir de décision.- politique : le parti au pouvoir défend les intérêts de la classe dominante.- idéologique, social, culturel ; le mode vie bourgeois est le bon goût, considéré

comme étant supérieur, l’étalon de la société.

Marx pense que l’Etat est au service de la domination de la bourgeoisie (même critique chez Bourdieu notamment à travers l’école et les médias). D’après Marx, le capitalisme est voué à sa perte, victime de ses contradictions. La concurrence est telle qu’elle va conduire à une baisse tendancielle du taux de profit (rendements décroissants) et afin de maintenir leurs profits la classe ouvrière sera d’avantage exploitée. Pour Marx, le chômage est l’armée de réserve du capitalisme.

Situation de classe et groupe de statut chez Weber.

Max Weber (allemand, 1864-1920) est l’un des pères fondateurs de la sociologie (avec Durkheim). Il est l’auteur d’Ethique protestante et esprit du capitalisme. Sa méthode est l’individualisme méthodologique. * Pour Weber les classes sociales existent mais plus en tant qu’outil de classement sociologique (à la différence de Marx).

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*Pour Weber les classes sont fondées sur 3 ordres :- un ordre économique (manière dont sont distribués les biens dans la société entre les propriétaires et les non-propriétaires et les chances d’obtenir des biens valorisés.).- un ordre statuaire (distribution du prestige permet de distinguer les individus dans différents groupes de statut). Les groupes de statut peuvent interagir avec les classes (superposition, la position sociale/prestige augmente grâce à l’ordre éco et politique).u- un ordre politique (parti, individus, associations qui se battent pour obtenir le pouvoir et les avantages matériels). Un parti peut incarner un groupe social mais ce n’est pas obligatoire.

Groupe de statut : groupe social qui partage le même niveau de prestige social, de style de vie, de consommation qui est plutôt fondé sur l’ordre social. Le prestige diffère en fonction des sociétés et des périodes dans le temps. Classe et statut ne se recoupent pas forcément.

*prestige dépend des valeurs que se donne/possède la société. Selon qu’une société soit de type religieuse, démocratique, etc on aura une échelle différente de prestige. Il peut être en relation avec la force physique, le diplôme, les richesses… Le prestige évolue et dépend du type de société.

La typologie de Warner.

* Warner va distinguer 3 grands groupes de classification ; la classe supérieure, moyenne et inférieure. Chacune des 3 classes se substitue en 2 (uper et lower) :

- la upper-upper class : aristocratie (familles riches depuis plusieurs générations) à position importante dans la société. Petit milieu très fermé et endogamique.

- la lower-upper class : milieux supérieurs fortunés ; les parvenus (richesse plus récente) indiv moins distingués cherchant à ressembler aux upper-upper.

- la upper-middle class : classe moyenne aisée ; hommes d’affaires, professions libérales ayant souvent des responsabilités dans la société.

- la lower-middle class : la petite bourgeoisie soucieuse de la respectabilité et cherchant à se distinguer de ceux d’en dessous/montrer qu’ils ont plus de moral.

- la upper lower class : la classe inférieure honnête ; petits employés, ouvriers plutôt qualifiés ayant des valeurs traditionnelles honnête et respectable.

- la lower lower class : population ayant un statut précaire (saisonnier, chômeur, minorité ethnique + habitat dégradé et comportement asociale).

*La hiérarchisation des groupes/représentation de la société de Warner se fonde sur une approche nominaliste et empirique (on observe la pop à partir de données objectives ; pas de schéma théorique comme chez Marx) :- des critères subjectifs (« participation évaluée ») : jugements qu’a un échantillon représentatif d’une pop sur le prestige de telle ou telle profession. - des critères quantitatifs/objectifs (« indice statuaire) : somme pondérée de diverses caractéristiques ordonnées selon des échelles hiérarchiques (on va faire rentrer avec un système de coef des données comme la profession, l’origine des revenus K ou W, le type d’habitat, le quartier). Cela aboutit à une série de groupes rassemblant les individus ayant un indice statuaire similaire.

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Les catégories socioprofessionnelles, un outil d’analyse des classes sociales + l’évolution de la structure de la pop française.

PCS : outil de l’INSEE pour analyser les classes sociales. Elles permettent d’avoir une vision fine de la société, de comprendre ses évolutions, de pouvoir étudier les pratiques sociales et culturelles/les comportements politiques des indiv et de mesurer la répartition revenu/patrimoine. On s’en sert également pour mesurer les inégalités.

On utilise 5 critères pour classer les professions: le statut professionnel (distinction entre indépendant et salarié), le secteur d’activité, le niveau de qualif, la place/statut hiérarchique, le type de travail (manuel ou non).

*Depuis 1936 avec la tertiarisation de la société on observe une diminution des professions indépendantes et une montée des professions d’encadrement. La société évolue au fil du temps et les suivent cette évolution.

CSP et classes, proches et lointaines.

*Le classement PCS se rapproche de la conception marxiste puisque la classe est supposée avoir une conscience collective. Il se rapproche également de la conception de Weberienne puisque les individus sont placés dans des groupes en fonction de leurs situations et cela pas uniquement économique, et sans qu’il y ait conflit.

*Louis Chauvel va faire des reproches aux PCS :- le classement d’un métier dans une PCS est toujours un peu arbitraire, un même

métier peut se retrouver dans 2 catégories différentes, de plus le critère de la profession peut poser des problèmes aujourd’hui avec la montée de l’emploi atypique

- elles peuvent être hétérogènes- les classes sociales et les PCS ne se recoupent pas toujours. Elles ne montrent

donc pas l’opposition centrale entre les indiv qui possèdent le K et les prolétaires- on établit la PCS d’un ménage par rapport au chef de famille, on occulte le

conjoint et sa prof.

L’analyse des classes sociales au-delà de l’économie.

Bourdieu (1930-2002), «   La Distinction   » (1979) «   Les héritiers   » , «   La sociologie est un sport de combat   » , est un sociologue engagé, héritier de Durkheim et voulant faire apparaître la structure de domination cachée ainsi que transformer la société.

Il suit Marx dans : l’idée de lutte des classes et de classe dominante ayant conscience d’elle meme et qui cherche à se reproduire dans le temps grâce à des stratégies délibérées (maitrise du K culturel ; école reproduit et valorise/avantage l’enfant bourgeois donc école est un outil au service de la bourgeoisie). Cependant il ne considère pas la lutte des classes comme le moteur du changement social. D’après lui la société est composée d’une multitude de champs sociaux et chaque champs = une lutte/ compétition pour le pouvoir/prestige et à ses codes et règles spécifiques. Bourdieu parle d’espace social et pas de structure sociale.

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Selon Bourdieu l’espace social est structuré par les différents capitaux, il dépend du volume global de K qu’on possède ainsi que de la structure du K en question (+ ou – éco, culturel, social par rapport au volume de K global).

Il emprunte à Weber : l’idée qu’il n’y a pas que l’ordre éco qui est mis en jeu. Bourdieu a une analyse multidimensionnelle et pense que les classes sociales ne sont pas figées et qu’il y a possibilité de mobilité sociale race à des stratégies. Chaque classe aurait un habitus (ensemble de pratique, de manière de faire et de penser liée à un groupe social).

Il y a 3 grands K chez Bourdieu :Le K éco (revenu + patrimoine), culturel (niveau de diplôme + maitrise de la culture légitime/dominante/cultivée + maitrise de la langue) et social (ensemble des relations sociales, amicales, professionnelles, familiales qui sont socialement valorisables). Ses K sont mobilisés par les agents, les indiv les utilisent (leur simple possession ne suffit pas) ; il faut les mobiliser et les mettre au service d’une stratégie.

Synthèse   : Il existe dans toute société une structure sociale, c’est-à-dire une répartition de la population en groupes sociaux différenciés. Ces différences peuvent être multiples : âge, sexe, style de vie,…Cependant ces groupes sont généralement hiérarchisés en fonction de différents critères : revenu, prestige, pouvoir, etc. La stratification sociale désigne l’existence et l’organisation dans une société de ces groupes sociaux hiérarchisés. Les sociétés traditionnelles sont parfois organisées en ordres, ou en castes. En revanche dans les sociétés qui ont aboli ces hiérarchies sociales officielles, peut exister une organisation en classes sociales.

Selon Marx, les membres d’une même classe sociale se caractérisent par une même place dans les rapports de production. La bourgeoisie est la classe dominante car elle possède les moyens de production, tandis que le prolétariat est dominé et ne possède que sa force de travail.

Max Weber complète et nuance cette analyse : la stratification sociale n’a pas qu’une dimension économique, mais repose également sur le prestige des individus (ordre statutaire) et leur pouvoir (ordre politique). Ces trois critères permettent de déterminer des groupes de statut, qui regroupent tous les individus auxquels est associé un même niveau de prestige et qui adoptent un même style de vie.

L’approche wéberienne est dite nominaliste : les classes sont seulement des catégories de perception de la réalité créées par l’observateur, et rien ne dit que les individus ont le sentiment d’appartenir au groupe. L’approche de Marx est dite réaliste : les classes sociales sont en lutte et leurs membres ont conscience d’appartenir à un groupe.

Lloyd Warner préfère une analyse empirique et pragmatique de la stratification sociale à l'élaboration d'une théorie des classes. Il part de la perception qu'ont les individus de la hiérarchie sociale et cherche à obtenir un outil opératoire de classement. On obtient ainsi une superposition de strates qui s'inscrivent dans une hiérarchie sociale, qui est une hiérarchie de prestige et de considération sociale, mais ne sont pas en opposition.

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Pour opérer un classement, l’INSEE a mis au point la nomenclature des PCS (professions et catégories socioprofessionnelles), qui regroupe les individus dans 8 groupes présentant une certaine homogénéité sociale. Pour cela, l’INSEE s’appuie en particulier sur le métier, le statut économique et le niveau de qualification.

Les PCS servent à connaitre les pratiques, les caractéristiques économiques ou sociales, et les évolutions des différents groupes sociaux. Elles présentent cependant certaines limites (hétérogénéité, absence de sentiment d’appartenance,…).

Bourdieu emprunte à Marx et Weber. Il existe bien pour lui des classes sociales, qui luttent pour imposer leur vision du monde en mettant en œuvre des stratégies de distinction dans le champ social, mais elles reposent sur la détention de plusieurs capitaux : économique, social, culturel, et symbolique.

E. Peut-on encore parler de classes sociales aujourd’hui   ?

L’éclatement de la classe ouvrière + équipement des ménages…

Les ouvriers formaient une classe relativement homogène depuis la fin du 19ème siècle. A partir des années 60 il y a embourgeoisement de la classe ouvriere (compromis fordiste fait augm. le revenu, accès a conso de masse)  et éloignement de la précarité (protection soc. +mobilité, +baisse de la natalité+arrivée des femmes sur marché du W). Il y a égalisation des conditions ou moyennisation.

Fin des années 70/80 on assiste au déclin de la classe ouvrière : moins nombreux (baisse des effectifs à cause des gains de productivité et du déversement d’emplois dans le secteur tertiaire) perte de sentiment d’appartenance (disparition des grandes industries) + disparition des grands bastions d’ouvriers.

Avec la crise se développent les emplois atypiques, la classe ouvrière éclate alors en 2 : -d’une part « l’aristocratie ouvrière » (élite bien payée, qualifiée, protégée par syndicat, choyé par les patrons …) -d’autre part l’ouvrier précaire (moins qualifié, bcp de femmes ou jeunes, immigré, mal payé, peu protégé, difficulté à accéder à la protection sociale). Ce nouveau prolétariat, jamais unis, peu encadré, s’abstient politiquement ou FN.

Le début des années 80 signe donc la fin de la culture ouvrière/populaire balayée par la mondialisation et la culture de masse.

Les déclarations d’appartenance de classe par CSP.

*Plus de la moitié de la pop française (63%) se sent appartenir à la classe moyenne.*Pour calculer la classe moyenne plusieurs approches sont possible : -subjective par le sentiment d’appartenance des indiv (les 2/3 de la pop en ferait alors partis)- par le revenu (classe moyenne = entre 0,75x le rev médian et 1,25x ou 1,5 selon les définitions ; environ 50% des français en ferait alors partis)- par catégorie sociale (addition PCS en-dessous des cadre sup/au-dessus des employés-ouvriers-petit commerçant-artisan ; 30% en ferait alors partis).

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L’évolution des inégalités de revenus en France au XXème siècle.

*Les crises éco et les guerres font chuter le patrimoine et donc réduisent les inégalités. 1944-1982 = loi de Kuznet, phénomène de reconstruction durant lequel des ineg ↗Années 60= baisse des ineg, 1984= capitalisme actionnarial donc hausse des ineg.Sur 1919-2004 on voit bien une baisse des ineg Une société en toupie.

La classe moyenne est devenue une vraie classe dont les membres partagent une conscience, des valeurs, des objectifs, des mœurs, des modes d’actions communs. Elle s’est constituée par l’ascension sociale des fils d’ouvriers et le jeu d’augmentation des revenus. Elle est constamment en interaction avec les autres classes. Son objectif est l’ascension sociale (imitation de la classe supérieure) + distinction de la classe populaire.

*Henri Mendras (premier à écrire sur la moyennisation) conteste l’existence des classes sociales telles que Marx les décrit en les décrivant comme non figée. Selon lui la classe moyenne est venue s’imposer entre bourgeois et prolétaires.

La moyennisation a plusieurs arguments en sa faveur dans la société :- enrichissement de la pop - baisse des ineg (meilleur partage de la VA, rôle de l’Etat providence,

redistribution)- harmonisation des modes de vie (équipement du foyer en terme de

consommation, refus culture/origine populaire dans l’optique d’atteindre les classes sup).

L’égalisation des conditions de Tocqueville s’est un peu réalisée.

Des dissonances culturelles chez chaque individu.

*Des pratiques très diverses peuvent coexister chez un même individu. On ne peut donc pas cantonner un indiv dans un type de pratiques. Le brouillage des classes sociales en terme de pratiques culturelles peut s’expliquer à travers la mobilité sociale, la mixité à l’école, la diffusion de culture de masse et l’accès plus facile a la culture légitime.

Un nouveau « prolétariat » des travailleurs précaires ?

*un nouveau prolétariat de travailleurs précaires est apparu. Il est mal payé (inférieur au smic), à des conditions de travail très difficile avec des horaires décalées, des temps de trajet très long, un statut très instable (licenciement) peu de chance de reprise d’étude et de mobilité, et n’a quasiment pas de solidarité (pas de collectif de travail, syndicats).

Le maintien de la bourgeoisie.

* la bourgeoisie à une très forte conscience de classe, c’est une classe en soi et pour soi et met en œuvre des stratégies pour maintenir sa position.

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* « Les Ghettos du gotha » Pinçon-Charlot ; titre sous-entend le fort communautarisme chez les plus riches où il y a accumulation du K et stratégies de reproduction sociale (importance des réseaux club/cercle/rallye/diners, cooptation, militantisme cette classe se mobilise très bien)

NUANCEMENT DE LA MOYENNISATION : Le mouvement de moyennisation a ralenti à la fin des années 80. Il y a moins de possibilités d’ascension sociale, le diplôme n’en est plus la clé magique (Louis Chauvel « inflation du diplôme »)le chomage se dvlp, les revenus augmentent – vite et un nouveau prolétariat se crée. Le niveau de vie des classes moyennes n’a pas augmenté aussi vite que celui des pauvres ou riches, puisqu’ils bénéficient le moins de la structure de redistribution. La classe moyenne se sent alors fragilisée.

L’intérêt de la notion de classe.

Anomie : concept de Durkheim correspondant à un affaiblissement du pouvoir de régulation des normes sociales.

*Selon F.Dubet les classes sociales n’ont pas disparu, le rapport de domination existe toujours et on ne peut pas comprendre les phénomènes sociaux si on ne garde pas en tête le rapport de classe.

* « Société d’individus » : idéal où chacun est libre de sa position sociale.

Les problèmes sociaux ne sont pas le fruit d’une trajectoire individuelle mais le produit d’une domination de classe qui maintient un certain nb de personnes dans la précarité.

Les clivages ethniques.

*Origine joue également un rôle dans la différentiation. Le tx de chômage, la réussite scolaire et la délinquance diffèrent selon la nationalité. On assimile alors un caractère à une nationalité, et les individus en question se sentent discriminés et finissent par le revendiquer.

Le sexe, source d’inégalités.

*Les femmes ont intériorisé leurs double-vie, elles ont un salaire inférieur et un statut inférieur à celui des hommes, sont parfois victime de stéréotypes. Elles sont cantonnées aux métiers féminins (services en général). Elles ont donc un traitement différencié sur le marché du travail.

La jeunesse existe-t-elle ?

* le parti pour lequel on vote est principalement lié au patrimoine. C’est pour cela que les jeunes votent plus a gauche, et les personnes âgées plus à droite.

Désormais on cherche à valoriser la diversification culturelle. Plutôt que de rechercher l’unité on cherche la différenciation. Il y a donc une valorisation des autres identités mais qui entraîne une difficulté par la suite pour s’intégrer à la population. Les indiv

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défendent leur autonomie, liberté de choix et ils recherchent plutôt la différenciation (par leur style de vie, religion, genre, nationalité). Dans un certain nombre de cas ils combattent pour les minorités sexuelles (féminismes), combat qui est venu se substituer aux conflits de classe (obscurcissement).

Synthèse   : La diminution des effectifs ouvriers, la montée des effectifs d’employés, des professions intermédiaires ou des cadres du fait de la tertiarisation et de la salarisation de la société, s’est accompagnée d’une dynamique de moyennisation de la société. En effet, on assiste depuis les années 1960 à la formation d’une vaste classe moyenne, permise par la progression des revenus, la diminution des inégalités, la consommation de masse et la scolarisation de masse qui permet la mobilité sociale. Cette moyennisation, prophétisée par Tocqueville, est constatée par Henri Mendras : la société autrefois pyramidale, prend la forme d’une toupie, mettant fin à la lutte entre deux classes sociales comme moteur de l’histoire (Marx).

Par ailleurs les individus ont des pratiques culturelles plus diversifiées que par le passé, et auraient aujourd’hui des identités plurielles (Lahire). En effet ils sont soumis à des instances de socialisation variées, où ils sont confrontés à une diversité de cultures, notamment à l’école. Confrontées à la diffusion d’une culture de masse, les catégories supérieures seraient devenues polyvalentes sur le plan culturel, ou omnivores (Coulangeon), pendant que les catégories populaires restent davantage marquées par des comportements univores.

Cependant, la fin du XXe siècle aurait vu l’augmentation des inégalités de patrimoine et de revenus, que l’on peut attribuer à la fiscalité sur les hauts revenus (niches fiscales), ou encore aux pratiques de management du capitalisme actionnarial, mais surtout à la compression des bas salaires du fait de la mondialisation, notamment pour les moins qualifiés. On constate ainsi la montée d’un nouveau prolétariat, marqué par l’emploi atypique, et à l’autre pôle de la structure sociale, la persistance de la bourgeoisie comme classe homogène et visant la reproduction sociale.

Cependant la conscience de classe s’affaiblit au profit d’autres appartenances, les individus privilégiant leurs identités culturelles, religieuses, ethniques, d’âge, d’orientation sexuelle, etc.

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