9
Au moment j’écris cet éditorial nous sommes entrés dans la lutte contre la pandémie de « Covid-19 » qui occupe l’actualité de notre monde. J’aime à reprendre les mots de notre évêque qui nous invite à la prière, à la charité et à la prudence ! Mais aussi au « bon sens » et à l’esprit de responsabilité, ajouterai-je ! Il va de soi que les chrétiens ne sont pas immunisés par une grâce spéciale et que ce fameux « virus » ne disparaît pas en franchissant les portes de nos églises ! Viendra le temps, plus tard, de réfléchir spirituellement à cette traversée de l’épreuve mais d’ores et déjà notre mission, comme toujours, c’est de nous réveiller, de garder confiance, d’agir en conformité avec les instructions sanitaires de notre pays, de vivre la fin de ce Carême et du temps Pascal avec un surcroît de foi, d’espérance et de charité ! Il nous faut être proche de celles et ceux qui souffrent du mal et de la solitude, prier pour eux et pour les soignants que nous devons soutenir, aider à notre mesure et continuer à mettre sourire et joie au cœur de notre monde éprouvé ! Actuellement la situation de confinement que nous subissons est aussi l’occasion de téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très belle inventivité dans l’humour pour mon plus grand bonheur, vous me connaissez…) mais aussi d’écrire aux personnes que nous aimons, de prendre le temps de lire et de prier… J’aime à relire en ce moment la fable célèbre de La Fontaine : « Les Animaux malades de la peste ! », un petit bijou de notre littérature que l’on peut fort bien paraphraser en l’adaptant à notre situation… Ce « mal qui répand la terreur, mal que le Ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre, le « Covid-19 » (puisqu’il faut l’appeler par son nom) (…) faisait aux humains la guerre… » Il s’agit de « sourire » - un peu - bien sûr, et de ne pas trop voir dans cette épidémie une punition divine ou encore l’injustice qui oppose toujours le « puissant » et le « misérable » (cf. la morale de la fable) mais de nous interroger sérieusement sur la grande fragilité de notre humanité ! De ce « mal » objectif peut aussi sortir, je le crois, je l’espère, du « bien » en termes de solidarité, de courage, de remise en cause de nos modèles économiques et sociaux, de dépassement de nos égoïsmes nationaux et de notre « chacun pour soi », de l’urgence de mettre en pratique une écologie intégrale… Croyons-le ! Espérons-le ! Je souhaite que le Seigneur nous donne la force de lutter intelligemment et la patience nécessaire pour attendre des jours meilleurs, des jours de résurrection où cette pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Mais, frères et sœurs, il nous faudra aussi, après l’avoir « panser », « penser » cette grave crise sanitaire ! Ne tournons pas la page trop vite et prenons le temps de la relire à la lumière de l’Evangile et du Seigneur qui nous redit : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (cf. Ap. 21,5)… Vivons ce Carême bien spécial que nous traversons parfois dans l’angoisse en n’oubliant pas l’Espérance, le partage, la prière et le jeûne qui prennent, en ces temps troublés, tout leur sens ! P. Bertrand Godefroy, curé Paroisse St Henri –St Ursin La lettre aux paroissiens 27 Mars 2020 Edito « Ce trésor, nous le portons dans un vase d’argile » 2 Cor 4,7 La lettre aux paroissiens Comment rester chrétiens, paroissiens, dans ce temps si particulier que nous vivons ? D’où l’idée de cette lettre, chaque semaine, à l’occasion du week-end, comme un lien, un rendez-vous dominical, malgré tout, au bord d’un puits, comme un chemin de confiance au milieu des inquiétudes, une communion… Nous vous invitons à la partager largement, en le diffusant auprès de vos proches, de vos voisins, … Proposez-leur de nous faire parvenir leurs adresse mail afin qu’il puisse la recevoir directement. Voici la nôtre : [email protected] Pendant le temps du “confinement” (et tant que cela sera possible…) notre église St Henri reste ouverte toute la journée (en gros de 9h à 19h). N’hésitez pas à venir y prier à l’occasion d’un temps pour s’aérer et dans le respect, bien évidemment, des consignes sanitaires. C’est aussi une façon de rappeler que la vie paroissiale continue… autrement ! 1

0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

Au moment où j’écris cet éditorial nous

sommes entrés dans la lutte contre la pandémie de

« Covid-19 » qui occupe l’actualité de notre monde.

J’aime à reprendre les mots de notre évêque qui nous

invite à la prière, à la charité et à la prudence ! Mais

aussi au « bon sens » et à l’esprit de responsabilité, ajouterai-je ! Il va de soi

que les chrétiens ne sont pas immunisés par une grâce spéciale et que ce

fameux « virus » ne disparaît pas en franchissant les portes de nos églises !

Viendra le temps, plus tard, de réfléchir spirituellement à cette traversée de

l’épreuve mais d’ores et déjà notre mission, comme toujours, c’est de nous

réveiller, de garder confiance, d’agir en conformité avec les instructions

sanitaires de notre pays, de vivre la fin de ce Carême et du temps Pascal

avec un surcroît de foi, d’espérance et de charité ! Il nous faut être proche de

celles et ceux qui souffrent du mal et de la solitude, prier pour eux et pour les

soignants que nous devons soutenir, aider à notre mesure et continuer à

mettre sourire et joie au cœur de notre monde éprouvé ! Actuellement la

situation de confinement que nous subissons est aussi l’occasion de

téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne

ne s’en prive apparemment avec une très belle inventivité dans l’humour

pour mon plus grand bonheur, vous me connaissez…) mais aussi d’écrire aux

personnes que nous aimons, de prendre le temps de lire et de prier… J’aime

à relire en ce moment la fable célèbre de La Fontaine : « Les Animaux

malades de la peste ! », un petit bijou de notre littérature que l’on peut fort

bien paraphraser en l’adaptant à notre situation… Ce « mal qui répand la

terreur, mal que le Ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre,

le « Covid-19 » (puisqu’il faut l’appeler par son nom) (…) faisait aux humains

la guerre… » Il s’agit de « sourire » - un peu - bien sûr, et de ne pas trop voir

dans cette épidémie une punition divine ou encore l’injustice qui oppose

toujours le « puissant » et le « misérable » (cf. la morale de la fable) mais de

nous interroger sérieusement sur la grande fragilité de notre humanité ! De

ce « mal » objectif peut aussi sortir, je le crois, je l’espère, du « bien » en

termes de solidarité, de courage, de remise en cause de nos modèles

économiques et sociaux, de dépassement de nos égoïsmes nationaux et de

notre « chacun pour soi », de l’urgence de mettre en pratique une écologie

intégrale… Croyons-le ! Espérons-le ! Je souhaite que le Seigneur nous donne

la force de lutter intelligemment et la patience nécessaire pour attendre des

jours meilleurs, des jours de résurrection où cette pandémie ne sera plus

qu’un mauvais souvenir. Mais, frères et sœurs, il nous faudra aussi, après

l’avoir « panser », « penser » cette grave crise sanitaire ! Ne tournons pas la

page trop vite et prenons le temps de la relire à la lumière de l’Evangile et du

Seigneur qui nous redit : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (cf. Ap.

21,5)… Vivons ce Carême bien spécial que nous traversons parfois dans

l’angoisse en n’oubliant pas l’Espérance, le partage, la prière et le jeûne qui

prennent, en ces temps troublés, tout leur sens !

P. Bertrand Godefroy,

curé

P a r o i s s e S t H e n r i –S t U r s i n

La lettre aux paroissiens 27

Ma

rs 2

02

0

Edito « Ce trésor, nous le portons dans un vase d’argile »

2 Cor 4,7

La lettre aux paroissiens

Comment rester chrétiens,

paroissiens, dans ce temps si

particulier que nous vivons ?

D’où l’idée de cette lettre,

chaque semaine, à l’occasion

du week-end, comme un lien,

un rendez-vous dominical,

malgré tout, au bord d’un

puits, comme un chemin de

confiance au milieu des

inquiétudes, une communion…

Nous vous invitons à la

partager largement, en le

diffusant auprès de vos

proches, de vos voisins, …

Proposez-leur de nous faire

parvenir leurs adresse mail

afin qu’il puisse la recevoir

directement.

Voici la nôtre :

[email protected]

Pendant le

temps du

“confinement”

(et tant que

cela sera

p o s s i b l e … )

notre église St

Henri reste ouverte toute la

journée (en gros de 9h à 19h).

N’hésitez pas à venir y prier à

l’occasion d’un temps pour

s’aérer et dans le respect, bien

évidemment, des consignes

sanitaires. C’est aussi une

façon de rappeler que la vie

p a r o i s s i a l e c o n t i n u e …

autrement !

1

Page 2: 0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

En ce temps-là, Marthe et Marie, les deux sœurs de

Lazare, envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est

malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit

pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils

de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que

Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux

jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux

disciples : « Revenons en Judée. » À son arrivée, Jésus trouva Lazare

au tombeau depuis quatre jours déjà. Lorsque Marthe apprit

l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait

assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.

Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui

dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier

jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt,

vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je

le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » Jésus, en son esprit, fut

saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : «

Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »

Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher

Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une

pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est

le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la

gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends

grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à

cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria

d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des

bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Beaucoup

de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

PAGE 2

L’Evangile 5ème Dimanche de Carême — Année A

L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S

Jea

n 1

1,

3-7

.17.2

0-2

7.3

3b

-45

« Je suis la résurrection et la vie »

Prions en Eglise Halte spirituelle

Protégez, Saint Gardien, notre

pays.

Éclairez les responsables du bien

commun, afin qu’ils sachent –

comme vous – comment prendre

soin des personnes qui leur sont

confiées.

Donnez l’intelligence de la science

à ceux qui recherchent des

moyens adéquats pour la santé et

le bien-être physique de leurs

frères et sœurs.

Soutenez ceux qui se dépensent

pour les nécessiteux : bénévoles,

infirmières, médecins, qui sont en

première ligne pour soigner les

malades, même au prix de leur

propre sécurité.

Bénissez, Saint Joseph, l’Eglise : à

commencer par ses ministres, fais

d’elle un signe et un instrument

de ta lumière et de ta bonté.

Accompagnez, Saint Joseph, les

familles : par ton silence priant,

construis l’harmonie entre les

parents et les enfants, surtout les

plus petits.

Préservez les personnes âgées de

la solitude : ne laissez personne

dans le désespoir de l’abandon et

du découragement.

Réconfortez ceux qui sont plus

fragiles, encouragez ceux qui

vacillent, intercédez pour les

pauvres.

Avec la Vierge Marie, priez le

Seigneur de libérer le monde de

toute forme de pandémie.

Amen.

Pape François

19 mars 202O

Il y a de nombreux exemplaires de

« Prions en Eglise » pour vivre la

Semaine Sainte du 5 au 12 avril qui

sont à votre disposition à l’entrée de

l’église St Henri.

N’hésitez à venir en prendre pour vous

et votre entourage. C’est aussi une

façon de garder ou même de créer des

liens… même distanciés !

Page 3: 0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

PAGE 3

Homélie

L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S

Le retour à la vie de Lazare.

Voici notre Evangile, notre Bonne Nouvelle de ce 5e

dimanche du Carême, alors que le « Comité

Catholique contre la faim et pour le développement

– Terre Solidaire » nous invite au partage et à la

solidarité avec nos frères et sœurs les plus

pauvres, un peu justement comme on sort d’un

tombeau pour revivre et faire revivre l’humanité. Le

thème de cette année est le suivant : « Contre la

faim, l’heure de l’écologie intégrale a sonné ! »…

Car il n’y a pas que le « Covid-

19 » dans la vie ! Il y a aussi bien

d’autres pandémies dont

personne ne parle parce qu’elle

ne concerne pas directement

nos pays riches (paludisme,

choléra, lèpre…). Il y a encore

des frères et des sœurs qui

meurent de faim et d’autres qui

sont contraints à l’exil du fait de

la guerre, des dérèglements

climatiques ou de la misère économique. Ne les

oublions pas. Et prenons conscience, nous le

voyons bien, que l’humanité est une seule et même

famille, fragile, bien petite devant les assauts d’un

simple « virus » ! Tout cela doit réveiller une

nouvelle solidarité entre nous. Nous la voyons à

l’œuvre cette solidarité et nous nous réjouissons de

tout ce qui se met en place pour sauver des vies et

nous maintenir la tête hors de l’eau. Les textes de

ce dimanche sont d’ailleurs extraordinairement

d’actualité puisqu’il est question d’un Dieu qui

ouvre les tombeaux et qui donne le repos à notre

terre (Lecture du prophète Ezéchiel). Il est question

d’un peuple qui crie vers le Seigneur depuis les

« profondeurs » (Psaume 129). Il est enfin question

du retour à la vie de Lazare dans le long récit de

l’évangile de ce dimanche (Jean 11, 1-45). Dans la

situation que nous traversons, ces textes nous

redonnent confiance et espérance ! Oui, Dieu, notre

Dieu, est le Dieu qui ouvre les tombeaux et qui

libère son peuple de toutes les formes de mort à

commencer, sans doute, de la pandémie actuelle.

Et nous attendons tous que revienne le repos sur

notre terre. Beaucoup d’entre vous se sont

exprimés sur l’arrivée du printemps - qui ne connaît

par le « Covid-19 » - en montrant des photos d’une

nature déjà florissante ! Le signe de la vie plus forte

que la mort ! Voilà déjà une 1ère ESPERANCE !

« Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, écoute

mon appel »… Là encore, les événements actuels

nous obligent à vivre un vrai Carême de pauvretés,

de « profondeurs », de retour sur soi et sur les

autres, de prière plus forte que d’habitude pour les

malades, les soignants, pour ceux et celles qui font

« tourner » le pays et qui nous permettent de tenir.

Nous développons aussi une nouvelle proximité

entre nous grâce aux moyens modernes de

communication. Jamais les « réseaux » que l’on dit

souvent « a-sociaux » se révèlent aujourd’hui

« sociaux » (bienveillance généralisée, humour

incroyable, bavardage sympathique entre nous…).

Bien sûr que tout cela passera, et c’est tant mieux,

car rien ne vaut les rencontres en « chair et en

os » (enfin pour moi ce serait plutôt en « chair », ou

même en « chaire » !) ! Il n’empêche que nous

aurons vécu autre chose, peut-être le désir de prier

davantage, d’être plus proche des autres, de

découvrir d’autres formes de solidarités et

d’humanité ! Voici une 2ème ESPERANCE !

Et puis je repense enfin au récit

de Lazare ! « Seigneur celui que

tu aimes est malade ! »

Aujourd’hui c’est l’humanité tout

entière qui est malade, peut-être

pas seulement du « Covid-19 »

mais aussi de peur, d’anxiété,

d’angoisse… Or le Seigneur nous

redit aujourd’hui que « cette

maladie ne conduit pas à la

mort » mais qu’elle est au service

d’un projet plus grand, celui de la résurrection et de

la vie ! Oui, si nous croyons du plus profond de

notre cœur que le Seigneur est la résurrection et la

vie nous ne mourrons jamais ! Croyons-nous cela ?

La question que Jésus adresse à Marthe est une

question qu’il adresse à chacun et à chacune

d’entre nous aujourd’hui. Croire que le Seigneur est

la résurrection et la vie c’est croire en cette

humanité qui se bat pour la vie, aux chercheurs,

aux soignants, à tous ceux que l’on appelle les

« personnels essentiels » et dont nous

redécouvrons le rôle « essentiel » pour faire vivre

notre société ! Si j’osais je dirais bien : bienheureux

« virus » qui nous permet de prendre conscience de

cette humanité au service de la vie ! Croire que

Jésus est la résurrection et la vie c’est croire qu’il

est celui qui ne cesse de nous délier et de nous

envoyer hors de nos tombeaux comme Lazare !

Pour dire la vérité j’ai d’abord songé à ces mots de

l’évangile : « Déliez-le et laissez-le aller… » Et je

pensais surtout à nous tous, liés que nous sommes

dans nos confinements plus ou moins facile à vivre

et aspirant vraiment à être libéré et à pouvoir

reprendre notre vie « normale » ! Eh bien croyons

que le Seigneur peut faire cela, qu’Il le fera avec

l’aide des hommes, qu’Il le fera sans doute, qu’Il le

fera déjà à Pâques que nous continuons à préparer

dans nos « petites églises » que sont nos familles et

nos domiciles. Oui, le Seigneur viendra bientôt nous

délivrer mais nous n’oublierons pas cette épreuve

et, avec la grâce de Dieu, nous saurons en tirer le

meilleur ! C’est ma 3ème ESPERANCE !

Amen !

P. Bertrand Godefroy,

curé

Page 4: 0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

Sont entrés dans la paix du Seigneur :

• Andrée PILLET

• Ginette DAMOISEAU

• Yvonne MONDIN

• Jean-Marc DEVULDER

• Jean DAGOIS

• Jean-Noël DERBOIS

• Simone BREIL

CCFD—Terre solidaire : campagne 2020

PAGE 4 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S

Messes

Le dimanche à 1Oh15 :

Messe célébrée par Mgr Beau,

archevêque de Bourges.

Le dimanche à 11h00 :

Messe célébrée dans le cadre

du Jour du Seigneur.

Tous les jours à 09h15 :

Messe célébrée par Mgr

Jérôme Beau , archevêque de

Bourges, en direct de la

chapelle de l’archevêché.

Sur la chaîne You Tube du

diocèse ou sur le site internet

du diocèse.

Tous les jours à :

•07h00 : messe célébrée par

le Pape François à la chapelle

Sainte-Marthe à Rome.

Dessin de Coolus

LA MISSION DE L’EGLISE CONTINUE :

MERCI DE VOTRE GESTE.

En cette période de confinement qui nous oblige à trouver

de nouvelles formes de rassemblement, nous vous

proposons de verser en ligne le montant de votre offrande

habituelle à la quête. Nous vous en remercions : votre

générosité permettra à notre paroisse de poursuivre sa

mission.

L’offrande de la quête est

un acte liturgique associé

à l’offrande du pain et du

vin eucharistique.

L’offrande pour les

pauvres et l’Eglise lors de

l’Eucharistie participe du

sacrifice eucharistique lui-

même. Il est dans l’Eglise une expression de la générosité

du Christ qui s’est livré à la mort pour nous, ce sacrifice

dont l’eucharistie est le sacrement.

Pour ce faire vous pouvez vous connecter au lien suivant :

www.quete.catholique.fr

Quêtes : vous pouvez donner !

APPEL AU DON POUR LE 5e DIMANCHE DE CAREME

Comme chaque année, le

CCFD– Terre solidaire

appelle l’ensemble des

chrétiens au partage

pendant le carême.

Cette mission s’inscrit dans

notre démarche de carême.

Elle nous invite, à l’écoute

de la Parole, à la conversion et au partage aux

dimensions du monde. Grâce au soutien de tous, le

CCFD-Terre Solidaire peut soutenir sur tous les

continents des organisations qui luttent contre la faim et

ses causes. Ce temps fort représente pour l’organisation

près de 30% de sa collecte annuelle. Avec la crise que

nous traversons, la campagne de carême du CCFD-Terre

Solidaire est bouleversée. Toutes les animations autour

de la solidarité internationale organisées par ses

bénévoles ont été annulées. La collecte du 5ème

dimanche de Carême dans toutes les églises de France

reversée au CCFD-Terre Solidaire est elle aussi annulée.

Toutes ces actions de collecte et de mobilisation de

terrain qui nous permettent, nous bénévoles, de lever

des fonds n’auront donc pas lieu. Nous invitons donc

l’ensemble des communautés chrétiennes à faire vivre à

distance ce geste de partage lors du 5ème dimanche de

carême, pour continuer notre action auprès du CCFD-

Terre Solidaire et de ses partenaires locaux pour qu’ils

poursuivent leurs projets et aident les plus vulnérables

dans leur lutte contre la faim et les inégalités. Il est

important de continuer à les soutenir .

Pour faire un don en ligne :

https://soutenir.ccfd-terresolidaire.org/

Gardons le sourire

Page 5: 0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

PAGE 5 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S

Se confesser en période de confinement

Durant ce carême, nous sommes confrontés au mystère de la Passion du Christ. Nous avons les yeux fixés sur

l’homme des douleurs, sur l’Agneau de Dieu qui, pour nous, a fait le don de sa vie. Pâques sera l’affirmation que

ce sacrifice est la victoire de la vie et de l’amour. Durant ce temps de douleur où nous ne pouvons même pas

accompagner nos proches à l’hôpital et qu’ils ne peuvent pas recevoir les sacrements, nous sommes profondé-

ment unis à la solitude du Christ sur sa croix. Que ce temps de douleur ne nous vole pas l’Espérance ! Dieu est

miséricorde, il veut nous sauver et nous donne dès aujourd’hui la grâce de nous savoir être pardonné. Malheu-

reusement, ce temps de confinement va rendre impossible pour la très grande majorité d’entre nous de recevoir

l’absolution sacramentelle. C’est pourquoi, le Saint Père nous offre la possibilité d’être renouvelé intérieurement

d’une autre manière.

A tous les malades du Coronavirus, à tous les confinés qui ne peuvent pas vivre le sacrement de la réconciliation

en cette période de Carême, le pape François rappelle ce que prévoit le Catéchisme pour demander pardon à

Dieu.

« Je sais qu’à l’occasion de Pâques, beaucoup d’entre vous allez vous confesser pour retrouver Dieu », a dit le

pape lors de la messe qu’il célébrait ce 20 mars 2020. « Mais nombreux me diront aujourd’hui : “Mais, père, où

puis-je trouver un prêtre, un confesseur, puisque je ne peux pas sortir de chez moi ? Et je veux faire la paix avec

le Seigneur, … Comment faire sans prêtre ?” »

« Fais ce que dit le Catéchisme », a-t-il répondu : « C’est très clair : si tu ne trouves pas de prêtre pour te confes-

ser, parle avec Dieu, il est ton Père, et dis-lui la vérité : “Seigneur, j’ai manigancé ceci, cela, cela... pardon”, et

demande-lui pardon de tout ton cœur, avec l’Acte de contrition et promets-lui : “Je me confesserai plus tard, mais

pardonne-moi maintenant”. Et tu reviendras immédiatement dans la grâce de Dieu. ». Ainsi, a ajouté le pape, « tu

peux t’approcher toi-même du pardon de Dieu, comme l’enseigne le Catéchisme, sans avoir de prêtre sous la

main… Trouve le moment juste, le bon moment. Un Acte de contrition bien fait, et ainsi notre âme deviendra

blanche comme la neige ».

Le pape François citait les articles 1451 et 1452 du Catéchisme de l’Eglise catholique, qui stipulent que la « con-

trition « parfaite » remet les fautes vénielles ; elle obtient aussi le pardon des péchés mortels, si elle comporte la

ferme résolution de recourir dès que possible à la confession sacramentelle ». « La contrition dite » imparfaite »

(ou « attrition »), poursuit le texte, est, elle aussi, un don de Dieu, une impulsion de l’Esprit Saint. Un tel ébranle-

ment de la conscience peut amorcer une évolution intérieure qui sera parachevée sous l’action de la grâce, par

l’absolution sacramentelle.

Une indulgence plénière, c’est-à-dire non seulement le pardon mais aussi une guérison de l’empreinte que tout

péché laisse dans notre être, est accordée pour tous ceux qui meurent, qui sont atteints par cette maladie, à

ceux qui les soignent, à ceux qui prient pour eux.

Cette démarche demande donc que, lorsque « les temps seront meilleurs », vous preniez rendez-vous avec un

prêtre pour recevoir l’absolution sacramentelle.

Mgr Jérôme BEAU

Archevêque de Bourges

15 Mars 2020

Page 6: 0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

PAGE 6 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S

Vivre la « communion spirituelle » : repères pour le discernement « La « communion spirituelle » désigne l’union au Christ qui se réalise par le désir de la réception du sacrement, un désir qui, par

nature, est donc assorti de l’attente de la communion sacramentelle ».

Comment discerner la question de la « communion spirituelle » lorsque les fidèles n’ont plus accès à la

communion sacramentelle ?

En raison des décisions de confinement prises pour lutter contre le coronavirus, et par conséquent dans un

contexte inédit touchant la vie sacramentelle, la proposition faite aux fidèles de remplacer

la communion sacramentelle (qui peut être sous une seule ou sous les deux espèces) par une

« communion spirituelle » ou mieux une « communion de désir » est désormais largement relayée dans les

médias. Cependant si des circonstances exceptionnelles conduisent à opter pour des pratiques inhabituelles,

il est toujours nécessaire d’exercer un discernement ecclésial afin de préserver la cohérence de la foi et des

pratiques.

Cette proposition de « communion spirituelle » s’enracine dans la tradition de

l’Église au temps des martyrs qui a parlé du baptême et de

la communion « de désir ». On visait alors des fidèles, qui se trouvaient dans

l’impossibilité de recevoir ces sacrements pour des raisons de persécutions

ou d’isolement. S’ils venaient à mourir dans la persécution, l’Église de cette

époque a estimé qu’ils avaient reçu le « baptême du sang » même s’ils

n’avaient pu recevoir le baptême d’eau. De ce point de vue, la situation

provoquée par le coronavirus trouve un certain écho dans cette expérience

des premières générations chrétiennes. Et en conséquence ceci peut

éclairer non seulement l’accès à la table eucharistique mais aussi la

question complexe des célébrations catéchuménales et des sacrements de

l’Initiation chrétienne (célébration des scrutins, et bien sûr celle de la Nuit

pascale).

Il convient cependant de préciser ce que signifie l’expression

« communion spirituelle » car elle reçoit des interprétations fort diverses :

elle désigne l’union au Christ qui se réalise par le désir de la réception du

sacrement, un désir qui, par nature, est donc assorti de l’attente de

la communion sacramentelle1. L’adjectif « spirituel » attire d’ailleurs

l’attention sur ce que le Catéchisme de l’Église Catholique souligne dans un

développement sur « la communion de l’Esprit Saint » : le terme de la mission de l’Esprit Saint dans toute

action liturgique est de mettre en communion avec le Christ pour former son Corps. L’Esprit Saint est comme

la sève de la Vigne du Père qui porte son fruit dans les sarments (cf. Jn 15, 1-17 ; Ga 5, 22). Dans la Liturgie

se réalise la coopération la plus intime de l’Esprit Saint et de l’Église. Lui, l’Esprit de Communion, demeure

indéfectiblement dans l’Église, et c’est pourquoi l’Église est le grand sacrement de la Communion divine qui

rassemble les enfants de Dieu dispersés. Le fruit de l’Esprit dans la Liturgie est

inséparablement Communion avec la Trinité Sainte et Communion fraternelle (cf. 1 Jn 1, 3-7)2.

Il faut sans cesse souligner que c’est l’Esprit-Saint – et lui seul – qui est le maître de la communion :

la communion n’est ni une chose, ni une volonté humaine mais un don reçu d’En-Haut, « le don » par

excellence. Et nous avons l’assurance que le Christ ressuscité donne l’Esprit pour conduire les fidèles au Père.

C’est pourquoi le Notre Père est une entrée dans la communion trinitaire à laquelle toute la vie liturgique, et

pas seulement la communion eucharistique, nous invite.

Situer la communion spirituelle dans l’histoire

Au cours de son cheminement dans l’histoire, l’Eglise a connu des pratiques et des théologies de

l’Eucharistie diversifiées. La notion de communion spirituelle s’est surtout développée à un moment de

l’histoire où, pour les fidèles, la communion eucharistique était rare voire exceptionnelle. Il est donc

nécessaire d’enraciner le discernement actuel dans cette longue histoire pour mieux mesurer combien les

conditions actuelles transforment l’approche d’une réalité ancienne.

La notion a été reprise en particulier par le Concile de Trente sur la base d’une approche médiévale

distinguant trois manières de communier : « sacramentellement seulement » (ce que fait le pécheur qui reçoit

l’eucharistie sans véritable désir), « spirituellement seulement » (c’est la communion de désir) et enfin

« sacramentellement et spirituellement », ce qui correspond à la pleine vérité de la vie sacramentelle qui

consiste à recevoir la communion avec foi et intention droite3. On voit ainsi que la notion de

« communion spirituelle » est liée en profondeur avec un modèle théologique spécifique, qui est aujourd’hui en

grande partie étranger à beaucoup de fidèles.

Page 7: 0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

PAGE 7 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S

De plus, on ne peut oublier que dans un monde façonné par les modèles de la consommation, notre rapport à

la communion est imprégné par la volonté de satisfaire un besoin plutôt que de rencontrer le désir d’un Dieu qui

vient à notre rencontre parce qu’il aime et sauve toute l’humanité. Ceci se traduit parfois dans le langage. Ainsi

on peut entendre : « je n’ai pas eu ma messe » ou « je n’ai pas eu ma communion ». En d’autres termes,

la communion spirituelle ne peut être pensée comme une manière d’avoir quand même la communion dans un

temps de privation. Elle doit être l’expression d’un désir de relation et de vie, une relation qui comme toujours

dans le christianisme ne peut séparer l’amour du prochain de l’amour de Dieu.

En s’appuyant sur l’enseignement de Sainte Thérèse d’Avila, Jean-Paul II a fait sienne l’idée de

« communion spirituelle » dans l’Encyclique Ecclesia de Eucharistia en notant qu’elle s’est « heureusement

répandue depuis des siècles dans l’Église » et qu’elle est « recommandée par de saints maîtres de vie

spirituelle »4. Ceci peut se comprendre à la lumière de l’histoire des pratiques eucharistiques. Au XVIe siècle,

la communion spirituelle était vécue alors qu’il existait une sorte de césure (matérialisée dans l’espace par la

séparation entre nef et sanctuaire) entre le prêtre qui « disait » la messe et les fidèles qui « l’entendaient ».

D’autre part, l’accès à la communion sacramentelle était lié à une discipline rigoureuse (jeûne strict, confession,

etc.) qui tenait même des religieuses, éloignées de la communion sacramentelle5. Or cette discipline a été

profondément modifiée au début du XXe s. par le Pape S. Pie X qui fut un fervent partisan de

la communion fréquente6. Et c’est sur la base de ses impulsions que Vatican II affirme : on recommande

fortement cette participation plus parfaite à la messe qui consiste en ce que les fidèles, après la communion du

prêtre, reçoivent le Corps du Seigneur avec des pains consacrés à ce même sacrifice7.

Il ne conviendrait donc pas de penser la communion spirituelle comme une sorte d’alternative à la vie

sacramentelle. La communion spirituelle doit demeurer en lien profond avec le mémorial eucharistique dont la

célébration communautaire de la messe est l’expression ordinaire.

Penser la proposition à la lumière du renouveau théologique contemporain

Il est important de souligner que la théologie au XXe siècle a apporté un regard renouvelé sur les pratiques

eucharistiques et leur signification : la participation à la table eucharistique – ou son impossibilité dans les

conditions actuelles – doit donc être pensée à la lumière de ce renouveau. Dans un paragraphe portant sur la

« participation » à l’Eucharistie, et sur la base d’un ressourcement en tradition puisé dans les écrits des Pères de

l’Église, la Constitution sur la liturgie du dernier concile énonce un principe qui unifie le rôle de présidence du

prêtre et la « participation » des fidèles dans une action qui est celle, conjointe, du Christ et de l’Église8.

Aussi l’Église se soucie-t-elle d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des

spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent de

façon consciente, pieuse et active à l’action sacrée, soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table

du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu ; qu’offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du

prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés,

par la médiation du Christ, dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, Dieu soit tout en tous9.

Il faut donc que la proposition de « communion spirituelle » reste en cohérence avec cette réappropriation de la

Tradition et ses conséquences sur les pratiques sacramentelles. On notera en particulier que cette doctrine de

la participation au mystère eucharistique tient ensemble quatre aspects : l’écoute de la Parole qui est une forme

de communion, la communion sacramentelle, l’action de grâces et, reliée intimement à la mémoire du sacrifice

du Christ, l’offrande de notre vie dans l’union avec nos frères. Il ne faudrait pas que la promotion de

la communion spirituelle aboutisse à séparer ce que l’enseignement de l’Église prend soin d’unir étroitement.

Des repères pour exercer un discernement

• Toute communion sacramentelle est communion spirituelle : Augustin souligne qu’il s’agit de manger la

chair du Christ, non seulement sacramentellement, mais aussi spirituellement10. Dès lors, la distinction

entre communion « sacramentelle » (au corps et au sang du Christ) et communion « spirituelle »

présuppose une séparation entre deux voies de communion, qui en réalité forment une unité

inséparable.

• L’idée de « communion spirituelle » en tant que communion sans réception du sacrement faisait partie

(avec l’élévation ou l’adoration) des moyens pour rapprocher les fidèles d’un contact avec

l’eucharistie alors même que la peur de la communion en état d’indignité et de péché mortel les en tenait

éloignés11.

• La notion de « communion spirituelle » a été dans le passé d’autant plus compréhensible qu’il était

habituel pour tous, de voir la messe célébrée sans autre communion que celle du prêtre.

Page 8: 0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

PAGE 8 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S

• Pour l’antiquité chrétienne, « aller à l’assemblée » surtout le dimanche, constituait un aspect décisif de

l’appartenance à la communion ecclésiale12. En faisant de l’assistance à la messe une obligation (sous

peine de péché), la communion sacramentelle en a reçu en retour le caractère d’une pratique

d’exception, souvent réservée à une élite. Le XXe s. a redécouvert le lien fondamental

entre communion sacramentelle et participation à l’assemblée chrétienne comme l’indique St Augustin

dans un célèbre sermon adressé aux nouveaux baptisés :

Si tu veux savoir ce qu’est le corps du Christ, écoute l’Apôtre dire aux fidèles : « Vous, vous êtes le corps

du Christ et ses membres » (1 Co 12,27). Puisque donc vous, vous êtes le corps du Christ et ses

membres, c’est votre mystère à vous qui est placé sur la table du Seigneur ; c’est votre mystère que

vous recevez. C’est à l’affirmation de ce que vous êtes que vous répondez : Amen, et votre réponse est

comme votre signature. On vous dit : « Le corps du Christ », et vous répondez : « Amen ». Soyez donc

membres du corps du Christ, pour que soit vrai votre amen. (…) Soyez ce que vous voyez, et recevez ce

que vous êtes »13.

• Vatican II et, à sa suite la réforme liturgique, a voulu renouer avec une vision unitive de

l’Eucharistie supportée par la notion de mystère. C’est toute la célébration qui est un mystère sponsal

d’union entre le Christ et l’Église. La liturgie de la Parole en tant qu’elle manifeste le dialogue de l’Époux

et de l’Épouse ne fait qu’un avec la partie eucharistique14. L’Eucharistie est donc inséparablement

« parole et pain » : la liturgie de la Parole trouve son accomplissement sacramentel dans la liturgie

eucharistique. C’est cette unité fondamentale de l’Eucharistie que la pratique de la

« communion spirituelle » ne doit pas effacer.

La Présentation générale du Lectionnaire romain15 et surtout l’exhortation apostolique Verbum

Domini de Benoît XVI ont par ailleurs souligné la dimension sacramentelle de la proclamation de la

Parole de Dieu dans la liturgie16. A ce titre, l’idée de « communion spirituelle » ne peut réduire

l’affirmation de la valeur sacramentelle de la liturgie de la Parole à une formule sans consistance

véritable. Benoît XVI déployait alors une affirmation capitale de Vatican II concernant la « présence » du

Christ – et donc une véritable expérience de communion spirituelle – dans toute liturgie de la Parole et

notamment dans la liturgie des Heures :

Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures.

Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : « Là où deux ou trois

sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20)17.

• Vatican II a développé une théologie de la participation active à la liturgie qui en fait l’une des voies de

l’exercice du sacerdoce commun des baptisés devenus par les sacrements de l’Initiation chrétienne,

prêtres, prophètes et rois18. La vie de prière et la communion sacramentelle font donc partie de

l’exercice même du sacerdoce commun. Mais l’exercice de la charité au quotidien, particulièrement

sollicité dans un temps de confinement, est aussi un lieu d’exercice de ce même sacerdoce commun.

• Les auteurs qui à l’époque contemporaine ont approfondi la théologie de l’Eucharistie ont souligné

l’unité entre communion au Christ et communion ecclésiale19. De là résulte l’insistance sur l’unité

entre communion eucharistique et communion ecclésiale, dont la mémoire du Pape et de l’évêque

diocésain dans la Prière eucharistique est l’une des manifestations les plus concrètes. La

« communion spirituelle » ne peut donc être séparée de la communion ecclésiale et de ses signes.

Dans le monde occidental contemporain, la catégorie de « spirituel » est confondue trop souvent avec un

aspect de la vie intime des personnes, et le terme de « spiritualité » est devenu un mot flou utilisé dans

des contextes très larges et sans référence avec la vie chrétienne, ce qui justifie parfois une vision

subjective de la foi. Dans ce contexte, en invitant à la « communion spirituelle », on doit faire en sorte de

ne pas alimenter une tendance « spiritualisante » qui ôte la dimension concrète aux pratiques

liturgiques. Celles-ci ne concernent pas seulement l’individu (« moi et mon Dieu ») mais le corps de

l’Église. La communion spirituelle n’est pas une forme d’isolement dans un face à face avec Dieu, mais

elle est une rencontre avec un Dieu qui fait alliance avec un peuple.

C’est pourquoi la liturgie s’exprime habituellement en « nous » et rarement en « je ». Et parce que le

Corps ecclésial n’est pas seulement une réalité spirituelle dépendant de la volonté individuelle

subjective d’adhérer à ce corps, la dimension corporelle de la liturgie est un aspect décisif de

l’édification du Corps de l’Église. A l’heure, où se multiplient les propositions de célébration via internet,

il est vital de manifester la différence entre « prier devant la télévision » (ce qui se comprend comme

manière de communier « spirituellement ») et « participer » à la célébration de la messe. Ceci ne dévalue

pas la valeur surtout en période de confinement de ce mode de participation liturgique, mais invite à

trouver les moyens de donner une dimension corporelle à cette pratique de célébration par écran

interposé.

Page 9: 0 La lettre aux paroissiens Paroisse St Henri St Ursin...téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne ne s’en prive apparemment avec une très

PAGE 9 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S

Conclusion

Dans le contexte extraordinaire d’une crise sanitaire qui déroute les habitudes, la proposition de la

« communion spirituelle » comme forme de vie eucharistique doit s’accompagner du discernement

théologique et spirituel auquel invite sans cesse le Pape François. Ce contexte invite surtout à réapprofondir

le sens de la célébration ordinaire de la messe et de la participation à la table eucharistique. Les quelques

éléments historiques que cette contribution apporte, montrent combien la notion même de

« communion spirituelle » s’enracine dans une longue histoire des pratiques et des conceptions théologiques,

qui ne sont plus vraiment les nôtres. En d’autres termes, il convient de ne pas se contenter de répéter des

expressions du passé, mais à l’intérieur de l’héritage que nous a laissé Vatican II relayé et déployé par le

magistère récent de l’Église. La proposition de la « communion spirituelle » doit donc chercher la cohérence

avec l’affirmation que la participation

Patrick Prétot, Theologicum/ Institut Supérieur de Liturgie, Institut Catholique de Paris

1. Mgr Louis de Bazelaire, « Communion spirituelle », Dictionnaire de Spiritualité, II, 1294-1300 : « Communier spirituellement,

c’est s’unir à Jésus-Christ présent dans l’eucharistie, non pas en le recevant sacramentellement, mais par un désir procédant

d’une foi animée par la charité (DTC, art. Communion spirituelle, col. 572-573) ».

2. Catéchisme de l’Église Catholique (CEC), n. 1108.

3. Concile de Trente, Session XIII, 11 octobre 1551, Décret sur le sacrement de l’Eucharistie, ch. 8, Denzinger n. 1648.

4. Jean-Paul II, Encyclique Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003, n. 34, qui renvoie à Ste Thérèse d’Avila, Le chemin de la

perfection, ch. 37 : « Lorsque vous ne recevez pas la communion à la Messe que vous entendez, communiez spirituellement,

c’est là une méthode très avantageuse […] ; vous imprimerez ainsi en vous un amour profond pour notre Seigneur ».

5. Ceci apparaît par exemple dans les écrits de Thérèse de Lisieux ; pour la pratique de la communion au cours de l’histoire, voir

l’article très complet de Joseph Duhr, « Communion fréquente », Dictionnaire de spiritualité, II, 1234-1292 ; des prescriptions

ecclésiastiques médiévales imposaient la continence aux époux tandis que les règles empêchaient les femmes de recevoir

la communion (Ibid., c. 1255-1257).

6. Pie X, Décret Sacra Tridentina Synodus sur la communion fréquente, 20 décembre 1905, Denzinger, n. 3375‑3383.

7. Cf. Concile Vatican II, Constitution sur la liturgie, n. 55 ; voir aussi Présentation générale du Missel romain, n. 85.

8. Ibid., n. 2.

9. Ibid., n. 48.

10. Homélies sur l’Évangile de Saint Jean, XVV-XXXIII, dans Œuvres de Saint Augustin, « Bibliothèque Augustinienne », 72, trad.

introd. et notes par M.-F. Berrouard, s.l., Desclée de Brouwer, 1977, Tractatus XXVI, 11, p. 509.

11. Cf. Concile de Latran IV (1215), Denzinger, n. 812, qui prescrit le minimum de la communion (et de la confession) une fois

l’an, pour la fête de Pâques.