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N ° 12 janvier 2012 Le magazine d’information de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire Le magazine d’information de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire Premières leçons de l’accident Spécial FUKUSHIMA Spécial FUKUSHIMA DigitalGlobe

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N°12janvier 2012

Le magazine d’information de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire Le magazine d’information de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire

Premières leçons

de l’accident

Spécial FUKUSHIMASpécial FUKUSHIMA

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2Repères N°12 I janvier 2012

Sommaire Spécial Fukushima

CRISE 04 à 11

Au JaponCatastrophe nucléaire.Séisme et tsunami, le scénario infernal 04

En FranceMobilisation. Comprendre Fukushima depuis la France 06Mission d’information. Relever le défi de la transparence 08

SoutienDes actions franco-japonaises adaptées à l’urgenceÉducation. Les experts ont redonné confiance à la communauté scolaire au lycée franco-japonais de Tokyo 10Sécurité civile. Accompagner une mission de sauvetagedéblaiement des sapeurs-pompiers 10Musée. Contrôler la radioactivité d’œuvres d’art 10Compagnie aérienne. Rassurer les navigants d’Air France 11Navigation. Évaluation des risques chez Louis Dreyfus Armateurs 11Média. Indiquer les mesures à prendre pour le personnel de Radio-France 11Dosimètres. Qualité maintenue chez le fournisseur de l’IRSN 11Ambassade de France. Expliquer la situation auxressortissants français 11Robotique. Les salariés de Cybernétix protégés 11

ENSEIGNEMENTS 12 à 23

Sûreté nucléaireÉvaluations complémentaires de sûreté.Analyser la résistance des installations françaises 13Stress test. Gros plan sur la centrale nucléaire de Gravelines 17

Conséquences radiologiquesImpact sur la population japonaise.Première carte d’évaluation 20Logiciel Symbiose. Suivre les rejets dans l’environnement 20Réseau Téléray. Pour une meilleure surveillance de l’environnement 21

Organisation de crise Trois questions à. Didier Champion, pilote du travailcollectif mené à l’IRSN sur l’organisation de crise en casd’incident ou d’accident nucléaire en France ou ayant unimpact sur le territoire français 21

RechercheOrientations scientifiques. La crise de Fukushima indique des pistes à développer 22

04. Accident 08. Information

22. Recherche

08. Information

22. Recherche

04. Accident

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Édito

13. Sûreté nucléaire

Repères N°12 I janvier 20123

Repères – Éditeur : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire – 31, avenue de la Division-Leclerc, 92260 Fontenay-aux-Roses – Tél. : 01 58 35 88 88 – Site Internet : www.irsn.fr – Courriel : [email protected]– Directeur de la publication : Jacques Repussard – Directrice de la rédaction : Marie-Pierre Bigot – Rédactrice en chef : Catherine Roulleau – Assistante de rédaction : Isabelle Cussinet – Comité de lecture : Michel Brière et Jérôme Joly – Assistance éditoriale, rédaction, secrétariat de rédaction, direction artistique, réalisation: Emapress – Iconographie : CharlotteHeuzé – Infographies : Hervé Bouilly – Impression : Galaxy (72) – Imprimé sur Cyclus print – ISSN : 2103-3811 – janvier 2012.

L’accident de Fukushima a montré, pourla première fois, qu’un événement natu-rel extrême, engendrant des contraintes

très supérieures à celles retenues lors de laconception d’une centrale nucléaire, pouvaitconduire à un accident de fusion du cœur. Il aaussi montré que la dévastation totale du siteet des infrastructures environnantes retardaitet complexifiait toutes les opérations de gestion de l’accident. Or, dans le monde entier,les réacteurs nucléaires ont été construits sansprendre en compte le risque, certes minimeen termes de probabilités, associé à de tels événements. Pour l’IRSN, il ne suffit pas devérifier l’importance des marges de sûreté disponibles face à ces agressions, ni de procéder ici ou là à quelques ajustementspour optimiser ces marges. L’IRSNestime qu’il est nécessaire d’ajouter unniveau de défense en profondeur desinstallations nucléaires, pour disposerd’une capacité à assurer la disponibilitédes fonctions vitales de sûreté del’installation pendant une duréesuffisante en toutes circons-tances d’agressions environne-mentales physiquement possi-bles. C’est la notion de “noyaudur”, que l’Institut va s’atta-cher à promouvoir, en Franceet à l’international.

Le “noyau dur” inspiré par Fukushima

Jacques Repussard,directeur général de l’IRSN.

Olivier Seignette/Mikaël Lafontan/IRSN

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sur irsn.fr rubriquePublications

13. Sûreté nucléaire

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En couverture : les réacteurs endommagés de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi après l’accident.

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Repères N°12 I janvier 2012

12 mars, 7h36Réacteur n°1. Explosion dans la partiehaute du réacteur n°1. Quelques heu-res plus tôt, un éventage a été engagépour réduire la pression dans l’encein-te de confinement. Du fait de l’indispo-nibilité des moyens de refroidissement,le directeur de la centrale décidera endernier recours d’injecter de l’eau demer dans le cœur. �

14 mars, 13 heuresRéacteur n°3. Explosion dans la partiehaute du réacteur n° 3. Un éventage del’enceinte de confinement a été réalisé

24 heures plus tôt. De l’eau de mer estinjectée pour refroidir le cœur. La pis-cine d’entreposage de combustiblesusés fait également l’objet d’inquié-tudes: le 17 mars, de l’eau de mer y estlarguée par hélicoptère, avec peu desuccès. Le lendemain, des moyens anti-incendie sont utilisés pour compenserl’évaporation. �

14 mars, 22 heuresRéacteur n°4. Incendie d’origine incon-nue dans le hall de la piscine du réac-teur n° 4 (à l’arrêt, cœur déchargé).Dans la soirée, nouvel incendie dans la

CRISE > JAPON

Vendredi 11 mars 2011, à 14h46 heure locale (6h46 en France), un séisme de magnitude 8,9 se produit à 80 km à l’est de l’île de Honshu au Japon, entraînant la perte de l’alimentation électrique de la centrale de Fukushima Daiichi. Les réacteursse mettent à l’arrêt et les générateurs électriques de secours prennent le relais. Mais leséisme a généré un tsunami : 55 minutes plus tard, des vagues de 14 mètres atteignent la côte et débordent les murets de protection de la centrale. Les générateurs électriquesde secours sont noyés et les prises d’eau refroidissant le réacteur sont endommagées.Retour sur l’état de l’installation et les répercussions.

4

Catastrophe nucléaire

Séisme et tsunami, le scénario

11 mars 2011Fusion des cœurs. Les réacteurs 4, 5 et 6sont à l’arrêt pour maintenance. Letremblement de terre entraîne l’arrêtautomatique des réacteurs 1, 2 et 3 enfonctionnement. Il conduit aussi à laperte des alimentations électriquesexternes des réacteurs et au démar-rage des alimentations électriques internes (groupes électrogènes desecours à moteur Diesel). Cinquante-cinq minutes plus tard, une vague detsunami de 14 mètres endommage lesprises d’eau en mer et provoque laperte des diesels de secours des réac-teurs 1 à 4. C’est ce qui provoque lafusion du cœur des réacteurs 1, 2 et 3,qui entraîne des rejets. Cette fusionnécessite des éventages, c’est-à-direune mise à l’air, pour réduire lapres-sion dans les enceintes de confine-ment. �

200 km0

Genkai

Shimane

Mihama

Sendai

Hamaoka

Fukushima IFukushima II

Onagawa

Tokaï

Ikata

OCÉANPACIFIQUE

TokyoTakahama

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Tomari

MonjuTsugura

Fugen

Shika

Kashiwazaki-Kariwa

Le parc des

sites nucléaires

japonais

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Contamination maritimeUne forte contamination radioactive du milieu marin s’est produite. C’est la conséquence du déversement direct d’eaux contaminées provenant de la centrale, qui a duré environ jusqu’au 8 avril, et, dans une moindre mesure, des retombées dans l’océan d’une partie des radionucléides (césium 137 par exemple) rejetés dans l’atmosphère entre le 12 et le 22 mars.

Contamination atmosphériqueLes décompressions successives et explosions ont entraîné des rejets radioactifs importants de produits de fission comme l’iode 131 et le césium 137. Les autorités japonaises ont décidé d’évacuer, quelques heures après le début de l’accident, 80 000 personnes dans un rayon de 20 km et de mettre à l’abri la population située dans la zone de 20 à 30 km.

Réacteurs n° 5 et 6D’une construction plus récente, situés à une dizaine de mètres au-dessus du niveau d’implantation des quatre premiers réacteurs, ils ont mieux résisté. Un des quatre générateurs électriques du réacteur n° 6 a permis de refroidir les piscines d’entreposage des combustibles usés des réacteurs 5 et 6 (ceux-ci étaient à l’arrêt). Après l’explosion dans le hall de la piscine n° 4, des ouvertures ont été effectuées dans le bardage des halls des piscines pour favoriser l’évacuation de l’hydrogène de radiolyse.

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partie nord-ouest du bâtiment, puisexplosion dans le hall de la piscine. Del’eau est déversée dans la piscine avecle bras d’une pompe à béton. �

14 mars, 22h10Réacteur n° 2. Explosion en partie bas-se du réacteur n° 2. Une perte du sys-tème de refroidissement a été annon-cée le matin même à 8 heures. De l’eaude mer est injectée pour refroidir lecœur. �

CRISE > JAPON

Repères N°12 I janvier 2012

La centrale de Fukushima Daiichi

Si tous les réacteurs électronucléaires actuels utilisent l’énergie de fission 1 pour produirede l’électricité, leur conception diffère largement. Par exemple, Fukushima est équipée de réacteurs à eau bouillante (REB). En France, le parc d’EDF est constitué de réacteurs à eau sous pression (REP). Deux différences importantes séparent ces technologies:� la taille de l’enceinte de confinement, bien plus petite dans le cas des REB, rend la montée en pression plus rapide;� le système de refroidissement. Dans les REB, la vapeur générée par le refroidissement du cœur est directement envoyée à la turbine. Dans les REP, il existe un circuitintermédiaire: le circuit d’eau refroidissant le réacteur se refroidit lui-même en transférantsa chaleur à un circuit secondaire d’eau qui met en mouvement la turbine.1. Phénomène durant lequel le noyau d’un atome se divise, générant un dégagement d’énergie très important.

Différentes technologies de réacteurs

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Exploitée par Tokyo ElectricPower Company (Tepco),la centrale de Fukushima Daiichi (Daiichi signifie n°1) est constituée de six réacteurs à eau bouillante, de conceptionaméricaine, d’une puissanceélectrique comprise entre 460 et 1100 mégawatts. Ils ont étéconstruits dans les années 1970.

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Les 4 réacteurs endommagés.

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Infographies : Hervé Bouilly - Source : IRSN

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6Repères N°12 I janvier 2012

Mobilisation

Comprendre Fukushima depuis

qu’à présent et des exercices de crisemenés régulièrement par l’IRSN, l’Au-torité de sûreté nucléaire et les exploi-tants nucléaires français, l’organisa-tion a été adaptée pour faire du“sur-mesure”. Dès le mardi, un renfortd’ingénieurs, lisant et parlant le japo-nais, arrive au CTC en roulement pen-dant les quatre semaines de la crise.“Le centre de crise compte normale-ment une cellule de direction, une cel-lule d’évaluation de l’installation, unecellule dédiée aux conséquences radio-logiques, une cellule communicationet une cellule de secrétariat et logis-tique”, explique Éric Cogez, spécialistedes situations d’urgence et d’orga-nisation de crise à l’IRSN, chargé dubon fonctionnement du CTC. “À ceschéma, il a été immédiatement ajoutéune cellule de direction générale.” Lelundi, pour répondre aux questionsqui affluaient, une cellule santé a été

CRISE > FRANCE

V endredi 11 mars, 11 heures. Auregard des premiers élémentsqui filtrent quant à l’impact sur

les réacteurs nucléaires du séisme demagnitude 8,9 qui a ébranlé le Japonà 6h46, heure française, et du tsunamiassocié, l’IRSN active son centre tech-nique de crise (CTC) à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Bien que for-més aux exercices de crise, les expertsmobilisés ne savent pas encore que cemarathon durera quatre semaines,pendant lesquelles ils se relaieront,24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. LeCTC comptera ainsi, en permanence,au moins 30 experts de jour, dont3 porte-parole, et au moins 20 expertsde nuit. Soit au total 200 personnes surles 1700 que compte l’Institut.

Un CTC au format particulier...Fukushima dépassant largement lecadre habituel des crises connues jus-

également mise sur pied, puis une cel-lule environnement.Les équipes de chaque cellule doiventaussi s’organiser. “Dès le lundi matin,nous avons compris que non seule-ment cette crise allait durer, mais qu’ilallait falloir prendre en compte ledécalage horaire avec le Japon. Nousavons instauré un roulement de troiséquipes pour tenir plus longtemps”,se remémore Franck Bigot, un destrois principaux animateurs de la cel-lule d’évaluation de l’installation, spé-cialisé dans les réacteurs à eau souspression.

...pour une crise hors normeLe premier souci que partageaient lesexperts était de recueillir des informa-tions sur un événement qui se dérou-lait à 10000 km. “Nous étions hors detoute procédure habituelle, se rappelleMartial Jorel, directeur du CTC. Leréacteur [REB, réacteur à eau bouil-lante] était d’une technologie peuconnue en France, nous ne pouvionspas interroger l’exploitant japonaisTepco et les informations venaient endifféré de sources diverses. Nous avonssuivi l’état du réacteur à partir des infor-mations disponibles sur les sites Inter-net de Tepco, de l’autorité de sûretéjaponaise Nisa1... afin de connaître l’étatdu cœur ou des piscines, ou de savoircomment l’eau était injectée.”

L’accident japonais a nécessité la mise sur pied du centre technique de crise de l’Institut dans unDerrière les 200 experts entraînés et mobilisés, c’est l’ensemble des compétences de l’IRSN

Au sein du centre technique de crise (CTC), s’est rapidement dessinée la nécessité d’évaluer les conséquences radiologiques de Fukushima sur de grandes distances.Pour répondre à ce besoin, Damien Didier, expert à l’IRSN, met en place la cellule de soutiensur les conséquences radiologiques de Fukushima : “Les outils du CTC sont élaborés pour des calculs à courte distance, entre 50 et 80 km. Il a donc été nécessaire d’utiliser les outils de recherche et développement, de les interfacer avec les donnéesmétéorologiques disponibles sur le Japon et de développer un environnement de productionde cartes et films.” Du fait de cette réactivité, dès le premier week-end, le devenir d’un éventuel panache radioactif sur le territoire japonais était estimé.

Une cellule de soutien au CTC

La salle centrale du centre technique de crise (CTC) de l’IRSN à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine).

Les experts de la cellule santé du CTC rédigent des réponses aux questions posées par la Direction générale de la santé.

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Repères N°12 I janvier 2012

la France

Au final, la cellule dédiée aux consé-quences radiologiques est peut-êtrecelle qui a le plus fonctionné dans lesconditions prévues. Elle disposait desmesures de rejets dans l’air et de don-nées météorologiques ; elle a pu cal-culer les dépôts et trajectoires dupanache.

Synergie de compétencesMalgré les difficultés, les experts pro-posent régulièrement des diagnosticset pronostics de la situation. Dans cettecourse, les compétences de tous sontmises à profit. Un exemple : l’équiped’évaluation de l’installation. “Les troisprincipaux animateurs se distinguaientpar des spécialités différentes, illustreFranck Bigot. Emmanuel Raimond estspécialiste de la phénoménologie desaccidents graves comme la percée decuve ou le relargage d’hydrogène.Karine Herviou possède l’expertisenécessaire pour faire le lien avec lesconséquences radiologiques pour lespopulations. J’étais plus à même d’ana-lyser l’état de l’installation.”Il ne s’agit là que de la face émergée del’iceberg : “Nos collègues ont sponta-nément proposé leurs compétences, parexemple pour réaliser des schémas dela centrale, se souvient Martial Jorel.En marge du CTC, il y a eu un sursautà l’intérieur de l’Institut.” Et ce, bienqu’il faille continuer à traiter les affaires

courantes. “Nous nous sommes tou-jours arrangés pour que la productiondes avis de routine sur les opérationsdes installations françaises reste assu-rée”, témoigne Pascal Quentin, experten sûreté des réacteurs, qui a remplacéMartial Jorel le premier week-end,avant de retourner à son travail quoti-dien, le lundi matin. “Les rapports desgroupes d’experts prévus ont été remisen temps et en heure.”Des partenaires étaient égalementengagés dans la course, tel Météo-France, comme l’explique Jean-MarieCarrière, responsable de la prévision.

“Nous avons fourni à l’IRSN des prévi-sions pour anticiper les déplacementsde polluants et des analyses des condi-tions météorologiques des jours passésafin de comprendre rétrospectivementles observations. Nous lui avons aussitransmis les conclusions de nos proprescalculs de prévisions de déplacementdu panache depuis le Japon en vue decroiser nos résultats.”Vendredi 29 avril, 12 heures en France:au terme de six semaines de crise, dontquatre de présence permanente, leCTC est désactivé. �

CRISE > FRANCE

format particulier. qui a permis de relever le défi.

Si elles n’étaient pas installéesau centre technique de crise,

car non prévues, les cellulessanté et environnement se sontvite révélées incontournables.La cellule santé a utilisé une sallede réunion de l’IRSN. “Huitexperts à plein temps, aidés par16 experts en relais, ont réponduaux 1300 demandes reçues en quatre semaines, de médecinsgénéralistes ou du travail, de journalistes ou du public, enparticulier lors du survol de la France par les masses d’aircontaminées”, résume Alain Rannou, expert enradioprotection de cette cellule.Cette dernière a aussi réalisé des anthroporadiamétries pour mesurer l’éventuellecontamination de 250 personnesrevenant du Japon (journalistes,expatriés, pilotes d’avion...) et fourni plus de 300 dosimètres passifs à des personnes devantse rendre au Japon.La cellule environnement a étémise en place sur le site duVésinet (Yvelines), car il abrite la salle de surveillance Télérayqui centralise les mesures de radioactivité des balisesdisposées sur le territoirefrançais et la majorité desmoyens de traitement et de métrologie des échantillonsde l’IRSN. Rapidement, cette surveillance est renforcée.Des sondes sont envoyées

dans les DROM-COM et àl’ambassade de France au Japon.En parallèle, des cartouches decharbon actif sont mises en placepour piéger l’iode 131, isotoperadioactif créé lors des réactionsde fission dans un réacteur.“Nous avons aussi augmenté de50% la fréquence desprélèvements avec 1200 analysessupplémentaires sur sixsemaines, pour lesquelles nousavons sollicité les agentsterritoriaux de Météo-France, de la DGAL 1, de la DGCCRF 2

afin qu’ils nous envoient desprélèvements de salade, de lait...explique Nathalie Chaptal-Gradoz, une des responsables de cette cellule. Les antennes deCadarache [Bouches-du-Rhône]et d’Octeville [Manche] nous ontaidés à traiter ce supplémentd’échantillons.” �

Santé et environnement: deux cellules en renfort

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Deux cellules du CTC : celle d’évaluation de l’installation (en haut), celle dédiée aux

conséquences radiologiques (en bas).

1. Nuclear and Industrial Safety Agency.

Les examensanthroporadiamétriques

ont été réalisés sur le sitedu Vésinet (Yvelines).

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Les examensanthroporadiamétriques

ont été réalisés sur le sitedu Vésinet (Yvelines).

1. Direction générale de l’alimentation.2. Direction générale de la concurrence, de la

consommation et de la répression des fraudes.

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8Repères N°12 I janvier 2012

préhension mutuelle des contraintes denos métiers ont été très utiles durantcette crise.”

Informer les pouvoirs publicsTout a commencé selon le modus ope-randi habituel. “Nous avons informépar téléphone les principaux cabinetsministériels, à savoir l’Écologie et l’In-dustrie, et celui du Premier ministre,se rappelle Michel Brière, directeurgénéral adjoint, chargé de coordon-ner la mobilisation de l’IRSN durantl’accident. Très vite, au regard de lagravité des événements, nous avonsarmé le centre technique de crise et

CRISE > FRANCE

“En France, nous vivons depuisplus de vingt-cinq ans avec lesouvenir du ‘mensonge’ de

Tchernobyl”, rappelle Marie-PierreBigot, directrice de la communication,qui a piloté la cellule de communica-tion du centre technique de crise (CTC)de l’IRSN. Depuis sa création en 2002,l’Institut mène une politique actived’information. Ainsi, répondre aubesoin d’information des pouvoirspublics, des médias, du grand publicou encore de la société civile s’est natu-rellement imposé durant l’accident duJapon. “Le travail au quotidien avec lesexperts depuis presque dix ans, la com-

1. À la cellule information, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement; Éric Besson, ministre chargé de l’Industrie; Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN; et Marie-Pierre Bigot, directrice de la communication. 2. Christine Goudedranche, responsable du Web, et MichelBrière, directeur général adjoint, à la cellule communication. 3. Pascale Portes, responsable du service de presse, et deux de ses collaboratrices. 4. Conférence de presseanimée par des porte-parole de l’IRSN.

L’IRSN nous tient informés et

nous rendons tout cecipublic de manière tout à fait transparente et immédiate.”“Nathalie Kosciusko-Morizet,ministre de l’Écologie, le 16 mars 2011, lors de sonaudition à l’Assemblée nationale.

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Mission d’information

Relever le défi de la transparencePendant l’accident de Fukushima, l’Institut a informé de manière rigoureuse et en temps réel les pouvoirspublics, les médias, le public et la société civile en mobilisant les experts et la cellule communication.

prévenu de plus en plus de respon-sables politiques et décideurs.” C’esten effet à un drame sans précédentque l’IRSN faisait face. “Sollicités detoute part, nous avons mis en place desbulletins électroniques quotidiens, syn-thétisant notre analyse de l’état descentrales nucléaires japonaises et desconséquences pour les populations etl’environnement.” La quasi-totalité descabinets ministériels ont demandé ày être abonnés. En parallèle, l’IRSN aparticipé, chaque matin, aux réunionsde la cellule interministérielle de crise,pilotée par le secrétariat général de laDéfense et de la Sécurité nationale, unservice du Premier ministre. L’Instituta été sollicité par l’Office parlemen-taire d’évaluation des choix scienti-fiques et technologiques, qui informele Parlement et éclaire ses décisions.“J’ai été convoqué pour une présenta-tion sur les lignes de défense des réac-teurs”, illustre ainsi Martial Jorel,directeur du CTC.

Répondre aux médias de façon compréhensibleÉgalement sur le pont, la cellule decommunication a répondu chaque jourà plus de cent demandes d’interview,avec des impératifs de délais. “LeMonde boucle à 10h30 le matin : il leurfallait un expert au plus tard à 9 heures,raconte Pascale Portes, responsable duservice de presse. Les radios avaientbesoin de flashs d’information régulierset la télévision d’alimenter les journauxde 13 heures et 20 heures.”Rapidement, trois porte-parole sontdésignés sur des domaines distincts :sécurité des installations, environne-ment et santé. Leur plus grande diffi-culté : “Informer en temps réel tout enprenant le temps de valider et de

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Repères N°12 I janvier 2012

remettre dans leur contexte les élémentsqui nous parvenaient : que signifie cettetempérature de cuve mesurée? résumeThierry Charles, porte-parole de la par-tie installations. Nous étions l’un desseuls instituts à donner autant d’infor-mation digérée et interprétée, ce quiexplique sans doute la progressiveaffluence de médias de Chine, Japon,Corée, États-Unis, Grande-Bretagne ouSuisse.” Pendant ce temps, OlivierIsnard, expert de l’IRSN dépêché auJapon, assure des interviews sur placepour les Français séjournant au Japon.En parallèle, le service de presse scruteles médias. “Nous avons eu connais-sance du séisme par les agences AFPet Reuters, et les premières informationssur les centrales nous sont venues parleurs dépêches, explique Pascale Por-tes. Nous étions donc un relais entreexperts et journalistes, et ce dans lesdeux sens.” Spécialiste de l’environnement à RTL,la journaliste Carole Laporte témoignede l’apport de l’Institut : “Durant cettecrise, l’IRSN a été très réactif à traversdes points presse quotidiens, des inter-locuteurs disponibles et une cellulepresse habile à gérer les rendez-vousen respectant les délais des journalistes.C’est d’ailleurs devenu mon interlocu-teur principal. Nous recevions du Japonbeaucoup de données brutes, parfoiscontradictoires. L’IRSN les mettait enperspective, expliquant avec prudencepourquoi telle donnée justifiait de s’in-quiéter ou non. On sentait la volontédes experts d’être le plus précis pos-sible, dans la mesure des éléments dontils disposaient. Le tout en apprenant àutiliser un langage rigoureux sans êtretrop scientifique. Seuls points négatifs :la difficulté d’accès en transports auCTC et le fait d’avoir toujours les mêmesporte-parole. Les journalistes préfèrentvarier les experts interviewés, aussicompétents soient-ils!”

Faire face à l’augmentation du trafic du site InternetL’IRSN étant très présent dans lesmédias, le public s’est vite informégrâce au site Internet. “Dès le samedi,le trafic du site irsn.fr a commencé àcroître, témoigne Christine Goude-dranche, responsable du Web. Le23 mars, le panache a survolé la France :nous avons enregistré 600000 visitesen un jour… contre 35 000 par moishabituellement !” Pour résister à cette

CTC qui pouvaient répondre à leursquestions, qu’elles portent sur le pas-sage des masses d’air au-dessus de laFrance ou sur l’impact de l’accident surla santé d’un enfant expatrié.” Mi-sep-tembre, un séminaire a été mis sur piedavec l’Anccli 1 afin d’échanger sur lesenjeux de sûreté après Fukushima, etnotamment sur les évaluations com-plémentaires de sûreté déclenchées surle parc nucléaire français. �

CRISE > FRANCE

Shohei Sato, directeur du département sécurité des systèmes nucléaires, au sein de la JNES1,organisme technique de sûreté japonais.“Après l’accident de Fukushima, la JNES a collecté desinformations auprès de toutes les autorités de sûreté

nucléaire étrangères et de leurs instituts techniques, afin de les diffuser au sein de notre organisme et de les

transférer à notre autorité de sûreté, la NISA 2. Parmi l’énormequantité d’informations réunies, celles de l’IRSN étaient remarquablestant en qualité qu’en quantité. Nous avons particulièrement tenu comptede la simulation du panache radioactif de Fukushima mise en ligne peu de temps après l’accident. Les rapports sur la contamination et les effets environnementaux, en milieux terrestre et marin, étaientégalement à la fois complets et de grande valeur pour la JNES.”

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DR

L’ampleur du séisme et du tsunami qui ont frappé le Japon a, dès le premier jour,conduit à la mobilisation des structuresgouvernementales françaises de gestion de crise, en soutien à la communautéfrançaise expatriée, et aux efforts desécurité civile des autorités nippones.Dès qu’il est apparu que cette catastropheallait se doubler d’une crise nucléaire, àpartir du 12 mars, l’IRSN a été étroitementassocié à cette mobilisation. La présidenteet le directeur général ont ainsi participéaux réunions quotidiennes organisées parle secrétaire général de l’Élysée et ledirecteur de cabinet du Premier ministre,aux réunions de la cellule de crise du Quaid’Orsay, et à celles du comité interministérielde crise présidé par le secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale.Ainsi, les analyses produites par le centretechnique de crise de l’Institut étaient,quasiment en temps réel, portées à laconnaissance des plus hautes autorités de l’État, éclairant leurs prises de décision.

La direction de l’IRSNau service de l’État

Efficacité et fiabilité de l’information fournie

1. Japan Nuclear Energy Safety Organization. 2. Nuclear and Industrial Safety Agency.

1. Association nationale des comités et commissions locales d’information.

� DURANT LES QUATRE SEMAINES POST-FUKUSHIMA :

� � 5000 retombées de presse � 1365 deman-des d’interviews � 50 notes d’information,bulletins de suivi de la France… � 612 000visites et 1500 000 pages vues sur le siteirsn.fr le 23 mars 2011.

EN CHIFFRE

hausse de trafic, un site miroir dédiéaux visiteurs a été mis en place. Seconddéfi technique: rendre public l’accès àCriter, une base de données livrant, enquasi-temps réel, les mesures de radio-activité des balises de métropole et desDROM-COM. “Nous avons dû passerde 2 à plus de 20 serveurs, et dévelop-per en quelques jours une version allé-gée du logiciel.”Accessibles et téléchargeables depuisle site Internet, les foires aux questions(FAQ) et les bulletins électroniques ontpermis à la presse comme au grandpublic de suivre l’évolution de la situa-tion avec une information de qualité.“Nous savons qu’ils ont même été tra-duits en japonais”, précise Marie-PierreBigot, rapportant une informationfournie par la radio NHK.

Relayer l’information auprès des CLIDe son côté, Michael Petitfrère, chargédes relations avec les commissionslocales d’information, renseigne leursprésidents et chargés de mission.“Nous leur avons fait suivre les notesd’information et identifié les experts du

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Éducation

“Les experts ont redonné confiance à la

communauté scolaire”Michel Sauzet, proviseur du lycée franco-japonais de Tokyo.

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Comment avez-vous fait appel à l’Institut?À la suite du drame du 11 mars, unexpert en radioprotection a été dépê-ché auprès de l’ambassade de France.Avant de rouvrir l’établissement, il estapparu indispensable d’informer lacommunauté scolaire sur l’environne-ment dans lequel allait fonctionner lelycée au quotidien. Les services del’ambassade ont programmé des ré-unions avec la participation des spé-cialistes de l’IRSN, sur place et depuisla France, afin de répondre aux ques-tions des parents et du personnel.Quel type d’information vous ont-ils apporté?Dans un contexte où les informationsmanquaient ou étaient difficiles à véri-fier, et où des rumeurs contradictoires

rendaient la situation stressante, lesexperts ont apporté un réel apaise-ment. Sur le plan de l’organisation del’établissement, les procédures de sécu-rité mises en place ont pu être validéesgrâce à leurs analyses et les modesd’accès aux locaux ont pu être définis. À quel point cela a-t-il rassuré lacommunauté française au Japon? Les interventions des experts ontredonné confiance aux nombreusespersonnes qui les suivaient, de mêmeque la foire aux questions [FAQ] miseen ligne sur les sites Internet de l’am-bassade et du lycée. Même s’il a fallumultiplier les assemblées pour ré-pondre aux inquiétudes de la popula-tion fréquentant l’établissement, la qua-lité du dialogue a toujours été soulignéeet très appréciée par tous. �

I l faut sauver Dalí, Miró et Picasso! Aumoment de l’accident de Fukushima,

170 œuvres du Centre Pompidou sontexposées au National Art Center deTokyo. La direction du Centre et dumusée d’Art moderne prend les dispo-sitions nécessaires pour récupérer lacollection prêtée au terme de l’exposi-tion. En mai, Brigitte Léal, conserva-trice, se rend sur place, accompagnéede deux régisseurs et du responsabledu service des prêts.“Dès que nous avons été alertés durisque de contamination, nous avonscontacté le centre technique de crise del’IRSN”, relate la conservatrice. “Nousétions très inquiets, c’était la premièrefois que nous étions confrontés à unetelle situation. Nous ignorions si lesœuvres étaient susceptibles d’êtredégradées, irradiées, et s’il était pos-sible de les manipuler sans risque pourle personnel du musée. On craignaitque les œuvres, à leur retour, ne conta-minent tout le musée… Très rapide-ment, les spécialistes de l’IRSN onteffectué à Tokyo des analyses desœuvres, des caisses de transport et dessalles d’exposition. Les résultats,détaillés dans un rapport précis, ontpermis de rassurer tout le monde.Aujourd’hui, les œuvres ont regagnéles réserves ou les salles du musée. Parmesure de précaution, et surtout pourlever tous les doutes, les caisses ontété détruites.” �

Alain Savary, expertde l’IRSN, réalise des mesures sur desœuvres d’art.

Musée. Contrôler laradioactivité d’œuvres d’art

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Alain Savary, expertde l’IRSN, réalise des mesures sur desœuvres d’art.

“L’IRSN nous a accompagnés en amont, sur place pendant notre mission de sauvetagedéblaiement et au retour”, explique le lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers, BertrandDomeneghetti, l’un des pilotes de la mission nationale d’appui à la gestion du risquenucléaire, à la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises 1. “Au Japon,

notre détachement intégrait un expert de l’IRSN, Olivier Isnard. Si sa mission principale était d’assister l’ambassade de France,il permettait aussi au détachement de maintenir une liaison avec lecentre technique de crise de l’IRSN. Leurs modèles prévisionnelsétaient indispensables à notre unité. Dès leur retour en France, lesmembres du détachement ont subi un contrôle de contaminationexterne et interne. Les bagages ont été contrôlés ainsi que le matériellourd. Les résultats ont été négatifs pour les hommes, tandis quequelques objets, comme des gants, des parkas, des chaussures ou destentes, affichaient des valeurs positives de l’ordre de 2 à 5 fois le bruit de fond. Ce protocole de retour de mission, construit avec l’IRSN,a vocation à devenir un référentiel pour la sécurité civile.” �

Sécurité civile. Accompagner une mission de sauvetage déblaiement

1. Ministère de l’Intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration.

L’ambassadeur de Franceau Japon accueille les secouristes françaisà l’aéroport de Narita.

Yoshikazu Tsuno/AFP

L’ambassadeur de France au Japon accueille les secouristes françaisà l’aéroport de Tokyo-Narita.

CRISE > SOUTIEN

Des actions franco-japonaisesComment l’IRSN a aidé des expatriés et des entreprises en France et au Japon à

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Robotique

Les salariésprotégés

“Il y a une grande différence entre interve-nir en milieu radioactif confiné sur un chan-tier et dans un milieu ouvert susceptible d’êtrecontaminé et sur lequel on n’a pas de maî-trise”, rapporte Olivier Bernard, ingénieur etpersonne compétente en radioprotection deCybernétix. Au moment du séisme, cettesociété spécialisée en robotique pour les inter-ventions en milieu hostile participait audémantèlement des générateurs de vapeurde la centrale de Tokai-Mura, au sud de Fuku-shima. “Dès le 11 mars, nous avons demandéà l’IRSN des informations sur la situation. Ladifficulté était de caractériser le risque, la dis-persion des radioéléments et le niveau decontamination. Nous avons décidé de rapa-trier nos deux salariés. À leur arrivée, ils sesont rendus au Vésinet [Yvelines] pour desanthroporadiamétries. Les résultats étaientnégatifs. Avant que nous renvoyions du per-sonnel au Japon, la cellule santé de l’Institutnous a aidés à quantifier les risques et à déter-miner les mesures à prendre. Nos salariés ontemporté des dosimètres, des tenues de radio-protection et des compteurs.” �

balises Téléray… au Japon et dans lesDROM-COM pour aider à la sur-veillance de l’environnement. “Nossalariés restent inquiets, notammentpour l’eau et la nourriture au Japon,déplore le médecin. J’ai rapporté del’eau du réseau de Tokyo et des échan-tillons alimentaires pour les faire analy-ser par l’IRSN. Les résultats devraientécarter les craintes, mais il reste beau-coup de pédagogie à faire.” �

1. Examen d’évaluation des doses reçues.

Compagnie aérienne. Rassurer les navigants

Navigation. Évaluation des risques“Avant d’envoyer du personnel dans une zone suscep-

tible d’être contaminée, il est capital d’évaluer la situa-tion et de s’assurer de l’absence de risques”, souligneAlain Coatanhay, directeur de la flotte de Louis DreyfusArmateurs. Un de ses navires devant réparer un câblede fibre optique sous-marin endommagé par le séismeà 120 km à l’est de Fukushima, il s’est tourné vers l’Ins-

titut. “Les informations fournies ont été essentielles pour rassurer l’équipage. Lesexperts nous ont aidés à présenter la situation radiologique et à mettre en placeun processus de surveillance, comprenant des dosimètres individuels et des radia-mètres pour le bateau. Un expert a accompagné le navire jusqu’à la zone d’inter-vention. Fort heureusement, l’exposition y était nulle!” �

11

Ambassade de France Expliquer la situation auxressortissants françaisL’IRSN a dépêché Olivier Isnard, un spécia-liste des situations de crise à l’ambassade deFrance à Tokyo. Il est resté cinq semainesauprès des expatriés, des entreprises fran-çaises et aux côtés de Philippe Faure, alorsambassadeur. Ce dernier a rendu hommageau travail accompli par cet expert et à sonengagement auprès des ressortissants fran-çais. Il a souligné “ses talents pédagogiquespour expliquer la situation et les règles deprécaution à prendre” pendant cette périodeéprouvante.

Repères N°12 I janvier 2012

Le navire câblier qui aeffectué la réparation. Lo

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Le navire câblier qui aeffectué la réparation.

CRISE > SOUTIEN

adaptées à l’urgencetraverser la crise de Fukushima?Quelques témoignages.

“Nous avons travaillé avec le centretechnique de crise de l’IRSN, se

souvient Gérard Desmaris, médecin dutravail d’Air France et spécialiste deradioprotection. Au Vésinet [Yvelines],36 anthroporadiamétries 1, toutes néga-tives, ont été réalisées pour les équi-pages de retour du Japon. Les mesuresont rassuré nos navigants et les orga-nisations professionnelles.” De son côté,la compagnie a acheminé du matérielde radioprotection, de l’iode, des

sollicité l’IRSN et la cellule de crise duQuai d’Orsay. L’IRSN nous a indiqué lesmesures à prendre. Dès leur retour, noséquipes se sont rendues au laboratoired’analyses du Vésinet [Yvelines]. Lematériel a été stocké afin d’être contrôlé.Un magnéto ayant été rapporté dansune rédaction, des techniciens sont allésy prendre des mesures. Aucune conta-mination n’a été relevée.” �

Média. Indiquer lesmesures à prendre

Deux techniciens et quatre journa-listes de Radio-France couvraient

Fukushima au Japon. Partis pour leséisme et le tsunami, ils n’étaient pasprotégés contre la radioactivité. Marie-Pierre Meteau, infirmière, a dû rempla-cer le médecin du travail, absent. “J’ai

de production. L’IRSN avait commandé30000 dosimètres longtemps avant l’ac-cident. Par précaution, la date de livrai-son a été avancée. Pour éviter toutrisque de contamination, les dosimètressont fabriqués dans des régions éloi-gnées de Fukushima. Ils sont aussicontrôlés à l’arrivée par l’IRSN.” �

Fournisseur de dosimètres. Qualité maintenue

Le principal fournisseur de dosi-mètres radiophotoluminescents de

l’IRSN est japonais. Makoto Imai, sondirecteur, explique comment ChiyodaTechnol, à Tokyo, a géré la situation.“Dès l’accident, lors de visioconférencesavec l’IRSN, nous avons précisé l’étatde nos installations et de notre capacité

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Intervention en milieu hostile à l’aide d’un robot découpeur.Intervention en milieu hostile à l’aide d’un robot découpeur.

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12Repères N°12 I janvier 2012

Il faut imaginer l’inimaginable, nous enseigneFukushima. En France, des évaluations sont lancées pour valider la conformité des installations et calculer leur résistance aux catastrophes.Des voies de progrès se dessinent, notamment la constitution d’un ensemble d’équipements aptesà supporter les pires agressions. La recherches’active pour prédire le devenir des radionucléidesrelâchés par Fukushima, mais aussi pour améliorerla surveillance et la radioprotection en France.

Sûreté renforcéeaprès Fukushima

� Organisationde crise

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13 Repères N°12 I janvier 2012

dossiers ECS. C’est sur la base ducahier des charges rédigé par l’asso-ciation européenne des chefs des auto-rités de sûreté nucléaire, Wenra, que lecahier des charges français a étérédigé.”

79 installations prioritairesIl y a quelques différences entre lesstress tests européens et les ECS fran-çais. Ils ont justifié deux rapports dif-férents dans la forme, même si le fondreste le même : “Le périmètre des éva-luations françaises est plus large. Ellescouvrent non seulement les réacteurs,mais aussi les installations de recher-che et les usines du cycle du combus-tible. Un chapitre dédié à la sous-trai-tance a été ajouté à la demande duHaut Comité pour la transparence etl’information sur la sécurité nucléaire”,explique Daniel Quéniart, conseillerdu directeur général de l’IRSN, qui aparticipé à la mise au point du rapport

d’analyse critique des dossiers desexploitants. La quasi-totalité des ins-tallations françaises sont concernéespar les ECS. Cela correspond aux 58 réacteurs à eau sous pression, àl’EPR en construction, aux installationsde recherche et aux usines du cycle ducombustible. Soixante-dix-neuf instal-lations jugées prioritaires par l’ASN,dont les réacteurs ont fait l’objet derapports remis par les exploitants le 15 septembre. Pour les autres, lesexploitants disposent d’une année sup-plémentaire. Dans la pratique, si les installationsvisées sont nombreuses, les opérateursle sont beaucoup moins, avec EDF, leCommissariat à l’énergie atomique etaux énergies alternatives (CEA), Arevaet l’Institut Laüe-Langevin (ILL). Afinde faciliter les ECS, une étape intermé-diaire a été observée. “Début juin, lesexploitants ont transmis un documentsynthétisant la démarche qu’ils comp-

Évaluations complémentaires de sûreté

Analyser la résistance des installations françaisesDerrière le sigle ECS se cachent les évaluations complémentaires de sûreté. Cet état des lieux complet des installations nucléaires a nécessité un long travail.

À LA LOUPE� Le dossier d’évaluation

comporte huit chapitres :� 1. Présentation du site ;� 2. Séisme ;� 3. Inondation ;� 4. Phénomènes naturels extrêmes

(grêle, foudre, tornade) ;� 5. Perte de source froide/

perte de source électrique ;� 6. Gestion des accidents graves ;� 7. Entreprises prestataires ;� 8. Synthèse du site et du plan

d’action associé.

Les accidents de Three MileIsland (États-Unis) ou de Tcher-nobyl (Ukraine) avaient pourorigine des défaillances inter-nes. Celui de Fukushima a été

provoqué par des agressions naturellesextrêmes. Cela a conduit à évaluer jus-qu’à quel niveau de séisme et d’inon-dation les centrales européennes, etnotamment françaises, peuvent résis-ter. Il fallait aussi déterminer les délaisavant que des rejets surviennent dansl’environnement en cas de perte totaled’alimentation électrique ou de sourcede refroidissement. C’est l’objet desévaluations complémentaires de sûreté(ECS) demandées aux exploitants fran-çais le 5 mai dernier par l’Autorité desûreté nucléaire (ASN). La démarche des ECS répond à unedouble demande : celle, en date du23 mars 2011, du Premier ministre,François Fillon, de réaliser un audit dela sûreté des installations françaises etcelle du Conseil européen, lors de saréunion des 24 et 25 mars, de réaliserdes stress tests (tests de résistance).“Les deux requêtes étaient compa-rables, résume Karine Herviou, expertde l’IRSN chargée de l’instruction des

Les visites d’inspection chezl’exploitant (ici, à la centrale de Cruas) sont assurées par desinspecteurs ASN, accompagnésd’experts IRSN.

ENSEIGNEMENTS > SÛRETÉ NUCLÉAIREReportage photo : Grégoire Maisonneuve/IRSN

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Repères N°12 I janvier 2012

ENSEIGNEMENTS > SÛRETÉ NUCLÉAIRE

taient mettre en place pour réaliser lesECS, explique Caroline Lavarenne,expert à l’Institut et pilote de l’instruc-tion des dossiers d’ECS. Les groupespermanents d’experts [GPE] apportentun appui technique à l’ASN. Sur la based’une analyse de l’IRSN, ils ont jugé sa-tisfaisantes ces démarches, en indiquantcertains points de vigilance. Ensuite,l’Autorité a imposé aux exploitants deprendre en compte l’impact d’éven-tuelles installations à risque, comme desusines chimiques, situées à proximitéd’une centrale.”Durant l’été, les exploitants des 79 ins-tallations prioritaires se sont donc

attelés à la tâche pour remettre leurrapport le 15 septembre. “Pendant celaps de temps, nous avons identifié lesécarts de conformité, les points à amé-liorer sur les installations et calculé lesdélais disponibles avant rejets, réexa-miné les aléas sismiques des sites...afin de disposer d’une grille d’analysedes rapports d’ECS en septembre”, ex-plique Karine Herviou. Puis l’analysedes dossiers reçus a eu lieu. Un moiset demi plus tard, l’IRSN présentaitdevant les groupes permanents unesynthèse et une analyse critique despropositions des exploitants, afin queles GPE puissent rendre un avis.

Les conclusions des expertsPremière conclusion : si les installa-tions autorisées en France peuventêtre légitimement considérées commesûres, il s’avère que certaines d’entreelles ne répondent pas complètementaux exigences définies dans les réfé-rentiels de sûreté qui leur sont appli-cables. Ces écarts doivent être résor-bés rapidement.Concernant la résistance des installa-tions à des scénarios dépassant ceuximaginés, lors de la conception ou dela réévaluation de sûreté, la conclusiondes experts est double. D’abord, l’ac-cident de Fukushima et les ECS ont misen évidence certaines limites des réfé-rentiels de sûreté actuels. “Ils ne consi-dèrent pas le cumul de la perte totaledes alimentations électriques ou desources de refroidissement avec lesagressions externes prises en comptedans les référentiels, explique CarolineLavarenne. Or Fukushima a montré quec’était possible.”Aussi, faute d’envisager la concomitan-ce d’événements, les équipements né-cessaires à la gestion de ces situationsne sont pas tous protégés et la surve-nue d’une perte totale de refroidisse-ment ou de sources d’énergie affectantsimultanément plusieurs installationsd’un site n’est pas envisagée. “Certainséquipements comme des pompes ou lesdispositifs de dépressurisation et de fil-tration sont communs à deux tranches.

Examen du canal de transfertdes combustibles usés àl’Institut Laüe-Langevin,Grenoble (Isère).

14

11 mars 2011 :catastrophe nucléaireà Fukushima Daiichi.

Prise de positionde l’ASN : méthodologiesdes exploitants jugéesacceptables moyennantla prise en compte decertaines recommandations.

Transmission par les exploitantsà l’ASN des rapports présentantles conclusions des évaluations.L’ASN saisit l’IRSN pour instruireles 79 dossiers.

Du 15 septembre à début novembre :instruction des dossiers par l’IRSN.

De fin juin à mi-octobre : inspections des 79 installations réalisées par les inspecteurs ASN accompagnés

par les experts IRSN.

Rapport d’expertisede l’IRSN remis à l’ASNet aux membres du GPE.

Réunion et avis des GPEpour les réacteurs, les laboratoires et usines : analyser les rapportsdes ECS des exploitants sur la basede l’instruction réalisée par l’IRSN.

Publication du rapport de l’IRSN.

Demande du Premierministre françaisà l’ASN 1 de réaliserune étude de sûretédes installationsnucléaires.

Demande de l’ASNaux exploitants (EDF, ILL,Areva et CEA) de réaliserdes ECS 2 de leurs installationsnucléaires jugées prioritaires.

Remise d’une note desexploitants à l’ASN, présentantla méthodologie retenue pourmener l’évaluation, l’organisationmise en place pour respecterles échéances et la structure…

Réunion et avis des GPE 3pour les réacteurs, les laboratoires et usines : examiner les démarchesretenues des exploitants sur la basede l’analyse réalisée par l’IRSN.

23mars

5mai

1ER

juin6juillet

19juillet

15septembre

4novembre

8, 9 et 10novembre

17nov

1. Autorité de sûreté nucléaire. 2. Évaluations complémentaires de sûreté. 3. Groupes permanents d’experts.

Les dates clés des évaluations complémentaires de sûreté

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15 Repères N°12 I janvier 2012

ENSEIGNEMENTS > SÛRETÉ NUCLÉAIRE

En complément des évaluationscomplémentaires de sûreté

(ECS), des inspections des sites concernés par les ECS en 2011ont été menées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Elles se sont déroulées entre juin et novembre 2011, sur des thèmesliés à l’accident de Fukushima : protection contre les agressionsexternes (en particulier les séismes et les inondations), perted’alimentation électrique, perte des sources de refroidissement et gestion opérationnelle des situations d’urgence. Objectif de ces 38 inspections de trois jours en moyenne, auxquelles ont étéassociés les experts de l’IRSN : contrôler la conformité du matérielet de l’organisation de l’exploitant au regard des référentiels de sûreté existants. En amont, l’IRSN a rédigé un guide support,sorte de trame commune pour les inspections à réaliser.“Participer aux côtés de l’ASN à ces visites nous a apporté une vision du terrain, reconnaît Karine Herviou, expert de l’IRSNchargée de l’instruction des dossiers ECS. Cela nous a, parexemple, permis de voir que les dispositifs de protection contre les inondations n’étaient pas toujours complètement déployés.” �

Une vision du terrain

Des moyens de secours mobiles exis-tent sur les sites, mais sont prévus pourun réacteur ou une installation unique-ment”, illustre Karine Herviou.Dernière conclusion : la nécessité derenforcer ou de mettre en place deséquipements essentiels à la gestion desituations extrêmes, capables de résis-ter à des séismes ou des inondationsimportants. Ils constitueraient un“noyau dur”. Aujourd’hui, chaque ins-

tallation doit disposer d’un minimumd’équipements vitaux et extrêmementrobustes, disponibles en toutes circons-tances, pour prévenir l’accident graveou en maîtriser les conséquences. “Àne faire que de la prévention, on risquetoujours d’oublier quelque chose etd’assister impuissants à un rejet tel qu’àFukushima, explique Emmanuel Rai-mond, chef de projet des études sur lesaccidents graves. Il faut aussi concevoirdes dispositifs pour maîtriser l’éventuelaccident.” Ce que Karine Herviou ré-sume d’une expression : “ceinture etbretelles”. Les moyens de gestion decrise doivent également être rendusrobustes pour ces situations.

Des items déjà connusCertaines des conclusions des ECSrecoupent des travaux de longue date,par exemple sur les réacteurs. “L’inon-dation survenue en 1999 à la centralenucléaire du Blayais avait déjà posé laquestion du cumul des agressions cli-matiques. La protection face aux inon-dations avait été renforcée, rappelleMartial Jorel, spécialiste de la sûretédes réacteurs à l’IRSN. Après l’accidentde Three Mile Island, les centrales fran-çaises ont été équipées de filtres à sablepour dépressuriser l’enceinte en casd’accident grave, et de recombineursd’hydrogène. À l’issue de la troisièmevague de visites décennales en 2003, la

� Transparence à tous les niveauxDans le dossier des évaluations complémen-taires de sûreté (ECS), l’Autorité de sûreténucléaire et l’Institut ont souhaité la plus gran-de transparence. Nombre de pièces du dossiersont en effet consultables en ligne :• Le rapport d’expertise n° 679 d’environ 500 pages, remis le 4 novembre 2011 par l’IRSNà la suite de l’examen des rapports des ECS desexploitants, sur www.irsn.fr, rubrique Actua-lités et presse > Actualités.Une conférence de presse a été organisée le 17 novembre par l’IRSN et l’ASN.•Les conclusions des GPE rendues, sur la basedu rapport de l’IRSN, les 8-9-10 novembre, surwww.asn.fr, rubrique Les actions de l’ASN> Les appuis techniques > Les groupes perma-nents d’experts > Groupe permanent d’expertspour les réacteurs nucléaires (GPR).•Les inspections de l’ASN sur les sites ont faitl’objet de lettres envoyées aux exploitants, enligne sur www.asn.fr.

LIRE EN LIGNE

décision a été prise de renforcer la bou-lonnerie de l’enceinte de confinement,d’équiper les réacteurs d’un système dedétection de percée de cuve et d’unautre de mesure de l’hydrogène dansl’enceinte.” Autant d’améliorations quiauraient certainement joué un rôle sielles avaient existé à Fukushima, maisqui demeurent incomplètes, car nerésistant pas forcément aux agressionsextrêmes. “Les filtres à sable ne tien-nent pas face aux séismes”, reconnaîtMartial Jorel.Une analyse partagée par ThierryCharles, son collègue en charge de lasûreté des laboratoires et usines.“Comme les réacteurs, les usines ducycle du combustible font l’objet deréexamens de sûreté périodiques oùtout est passé en revue au regard desdernières données et connaissances.Par exemple, l’usine de la société FBFCqui produit du combustible à based’uranium avait bénéficié de nombreuxrenforcements entre 2003 et 2008,notamment en matière de comporte-ment aux séismes : renforcement desbâtiments, du confinement avec la miseen place d’une deuxième barrièreétanche autour des conteneurs d’UF61,de la protection contre l’incendie…”

Au programme en 2012Après les ECS, les conclusions desGPE et les décisions prises par l’ASN

Inspection ASN-IRSN

de la station de pompage

de l’eau derefroidissement

à la centrale de Cruas

(Ardèche).

Prescriptions ASNadressées aux exploitantspour mettre en œuvreles modifications demandées.

Rapport de l’ASN sur les ECS transmisau Premier ministre.

embre3janvier 2012

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Repères N°12 I janvier 2012

ENSEIGNEMENTS > SÛRETÉ NUCLÉAIRE

début 2012, chaque exploitant propo-sera une définition pratique, préciseet concrète des équipements à mettreen place. Un calendrier de mise enœuvre, tenant compte de la sensibilitéparticulière de certains sites, devraêtre proposé. “Les exploitants ont prisun certain nombre d’engagementsdans leurs dossiers, qu’ils doiventaujourd’hui mettre en œuvre”, rappelleDaniel Quéniart. Caroline Lavarenne ajoute : “Les ECSne sont que la première étape d’un longprocessus de retour d’expérience aprèsFukushima. Elles vont déboucher enFrance sur un renforcement de la capa-cité des installations à maintenir leursfonctions fondamentales de sûreté faceà des agressions nettement plus impor-tantes que celles retenues lors de leurconception.”Quid du côté de l’Europe et des stresstests ? Fin 2011, la France, commechacun des États membres, a trans-mis à l’ENSREG (European NuclearSafety Regulators Group, qui coor-donne ce dossier pour le Conseileuropéen et prépare les décisionseuropéennes) et à la Commission

européenne un rapport définitif surles évaluations complémentaires dela sûreté de leurs installations. Cetteversion est un peu différente dans laforme, mais identique sur le fond aurapport français. “Ce rapport sera

soumis à une revue par les pairsdurant le premier semestre 2012”, pré-cise Daniel Quéniart. Avec, en fili-grane, l’idée d’évoluer vers une ap-proche commune. �1. Hexafluorure d’uranium.

Les commissions locales d’information (CLI), qui incarnent le droit de regard et d’informationdu grand public, ont demandé à suivre l’instruction des rapports d’évaluation complémentaire de sûreté (ECS). Elles ont sollicité l’IRSN pour les soutenir dans cette tâche.“Le 14 septembre 2011, nous avons réuni 80 personnes à Paris, surtout des membres de CLI et d’associations, afin de décortiquer avec elles les ECS, de leur donner des élémentsde base et de méthode”, explique Ludivine Gilli, chargée de mission au service de l’ouverture à la société à l’IRSN. Quatre experts sont venus y expliquer l’aléa sismique,l’inondation, la perte de source froide, la perte d’alimentation électrique et la gestion de situations accidentelles. Si les sujets ont tous fait réagir, la perte de source froide etd’alimentation électrique a suscité beaucoup de questions, de même que les séismes.Un mois plus tard, la remise du rapport de synthèse de l’Institut a entraîné un autre rendez-vous IRSN-CLI, où ont été discutées les conclusions rendues le 24 novembre. “Autant deréunions qui soutiennent la montée en compétence de ces commissions et offrent à l’Institutun regard extérieur sur ses travaux. Elles permettent de repérer des questions techniquesémergentes qui alimenteront la réflexion de l’IRSN, tant en recherche qu’en expertise.”

Pour en savoir plus sur le séminaire Anccli-IRSN : www.irsn.fr,rubrique Actualités et presse>Communiqués et dossiers de presse

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Aider les commissions locales d’information dans leur analyse critique

16

Three Mile Island (États-Unis). En 1979,l’accident de Three Mile Island montrait qu’une fusionde cœur était possible. Des procédures pour gérer les situations ultimes, notamment la perte totale de source froide ou d’alimentation, ont été ajoutées.Une gestion de crise a été mise au point. Une nouvelle approche (procédures de conduite dites“par états”), fondée sur l’état réel de l’installation et non plus sur des scénarios supposés, a été définie.“Cet accident a été le point de départ d’un programmede recherche qui permet aujourd’hui d’anticiper et d’établir des parades, ajoute Emmanuel Raimond,chef de projet des études sur les accidents graves à l’IRSN. Aujourd’hui, les REP français sont équipés de recombineurs d’hydrogène qui limitent lapossibilité d’explosion comme à Fukushima, dedispositifs d’éventage et de filtration des enceintes

de confinement permettant de faire retomber lapression tout en limitant les rejets de particulesradioactives. Avec l’usage de tels filtres, combinés à des enceintes de confinement de plus grandedimension, les rejets en césium auraient été 10000 à 100000 fois inférieurs à Fukushima.”

Tchernobyl (Ukraine). 1986, outre l’arrêt del’exploitation des réacteurs RBMK (sauf en Russie),les grandes leçons ont porté sur la gouvernance desrisques nucléaires en Europe, sur la nécessité de latransparence et sur la gestion à grande échelle desterritoires contaminés.

Blayais (Gironde). Lors de la tempête de 1999, la conjugaison d’une forte marée, d’une dépression et de la houle a généré des vagues qui ont inondé le site de la centrale et mis hors d’usage plusieurs de ses systèmes de sauvegarde. Cela a conduit à un renforcement de la protection des sites contre lesinondations. Une liste d’équipements stratégiquesqui, au moyen de digues ou de portes étanches,devaient rester hors d’eau, a été définie. C’est le début d’une approche conduisant à renforcer la défense en profondeur des installations vis-à-vis de risques environnementaux.

Savoir tirer les leçons des événements concernant la sûreté nucléaire

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aisÀ la suite de la tempête de 1999, la digue de la centrale du Blayais

a été rehaussée de 5,20 m à 8,50 m. À la suite de la tempête de 1999, la digue de la centrale du Blayais a été rehaussée de 5,20 m à 8,50 m.

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Repères N°12 I janvier 2012

“Nous avons contrôlé point par pointque tout était conforme”, confirmeDenis Barras, qui pilotait l’opération àGravelines. La tâche se révèle rapide-ment chronophage. “Par exemple, lesite étant situé en bord de mer, il est plusexposé à un risque d’inondation. Il afallu confirmer qu’en cas de montée deseaux, le matériel nécessaire pour réali-menter la centrale en eau ne serait pasnoyé, ce qui suppose de contrôler lesmurets, l’étanchéité des trémies (pas-sages de câbles, tuyaux)… Le seulcontrôle des vannes incendie a occupédeux personnes pendant quatre jourspour les visites, la rédaction et lesphotographies des comptes rendus etle contrôle du travail du rédacteur parune seconde personne.” Des visitesponctuelles ont été organisées avec leséquipes nationales pour vérifier que lematériel de secours répondait auxrequis du séisme.

ENSEIGNEMENTS > SÛRETÉ NUCLÉAIRE

Gravelines (Nord), été 2011. Pen-dant que les touristes visitent laville remaniée par Vauban et

s’essaient aux sports nautiques, l’heuren’est pas aux loisirs pour les salariésde la centrale, plus gros site d’Europeavec 6 réacteurs de 900 MWe. Commepour les 18 autres sites d’EDF, la mobi-lisation est générale pour rédiger lerapport d’évaluation complémentairede sûreté (ECS) à remettre le 15 sep-tembre. Plus de 300 ingénieurs dugroupe y participent. “Dès fin mars,EDF a monté, au niveau de ses servicescentraux, une équipe projet alliant ingé-nierie et production, et associant lesautres compétences d’EDF, telles quela R & D”, retrace Philippe Renoux,chargé de la partie production.

Une rédaction centraliséeLa majeure partie de la rédaction desrapports d’ECS est donc centralisée.“Une équipe nationale d’ingénierie a étémise en place avec autant de respon-sables que de thèmes à traiter : séismes,inondations, perte de sources froides...”détaille Laurent Payen, chef de projetresponsable de la partie ingénierie.Seul le chapitre consacré aux spécifi-cités de la centrale revenait au respon-sable de terrain. Cette répartition dutravail avait été proposée en juin parEDF, expertisée un mois durant parl’IRSN et validée par l’Autorité desûreté nucléaire (ASN). “Il y a 58 réac-teurs, mais ils sont de quatre types seu-lement selon la puissance 1. Si les plansd’ensemble des centrales relèvent desservices d’ingénierie et de productiond’EDF, les plans détaillés sont de la res-ponsabilité des centrales. Les équipesde terrain vérifient la conformité desinstallations”, résume Pascal Quentin,chargé à l’IRSN des travaux d’exper-tise sur les réacteurs à eau sous pres-sion (REP) équipant le parc français.

Rédiger un rapport d’évaluation complémentaire de sûreté représente des journées de travail. Témoignages d’un été pas comme les autres dans le Nord.

17

Pour Denis Barras, le dossier d’ECS areprésenté plus de 1500 heures de tra-vail. “Il a occupé toutes mes journées dejuin à septembre et une partie de cellesde cinq ingénieurs de mon équipe. Il aaussi fallu gérer les inspections del’ASN, tout en continuant à assumer lequotidien, et notamment l’examen de latroisième visite décennale…”

Des visites simultanéesEn particulier, le site a dû gérer les ins-pections de l’ASN consécutives à Fuku-shima. “Soit six jours d’inspection entrefin juin et mi-octobre. Chacune traitaitl’un des thèmes retenus : séisme, inon-dation, source froide, alimentation élec-trique, situation d’urgence et presta-taires, énumère François Godin, quicontrôle le site de Gravelines à l’ASN.Y ont participé des membres de la com-mission locale d’information [CLI],des membres du Haut Comité pour la

Stress test

Gros plan sur la centralenucléaire de Gravelines

Les sources froides sont l’un des thèmestraités dans les évaluations complémentairesde sûreté des centrales.

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18Repères N°12 I janvier 2012

ENSEIGNEMENTS > SÛRETÉ NUCLÉAIRE

transparence et l’information sur lasécurité et des inspecteurs de l’autoritéde sûreté nucléaire belge dans le cadred’échanges de longue date. L’IRSN étaitprésent aux six inspections à Grave-lines, avec un ou deux experts. Ces der-niers étaient soit spécialistes d’une desthématiques abordées, soit chargés dusite de Gravelines à l’Institut.”Un inspecteur pilote de l’ASN prépa-rait la visite avec un copilote de l’Au-torité et des experts de l’Institut. “Desspécialistes de l’IRSN ont participé àla préparation et aux visites. Ils ontcontribué à l’élaboration d’un guidecommun à toutes les inspections,décliné ensuite pour chacun des sites,dont celui de Gravelines, expliqueKarine Herviou, l’une des experts quiinstruit les dossiers d’ECS à l’IRSN.Ce support a représenté plus de dixjournées de travail.”Sur le terrain et en salle de réunion,tout est passé au crible. “On nous ademandé de mettre en œuvre le maté-riel dont on se sert en cas d’accident,témoigne Denis Barras. Nous avonsainsi, en présence des inspecteurs,déclenché les alarmes liées aux capteursde séisme.”

Et après ?Que concluent ces inspections ? “Ellesconfirment que le niveau de sûreté estbon dans nos centrales”, répond Phi-lippe Renoux. “Mais nous sommes atta-chés à l’améliorer sans cesse”, ajoute-t-il. Concernant Gravelines, plusieurspoints ont fait l’objet d’une lettre desuivi appelant une réponse de l’exploi-tant dans les deux mois. “Nous avonsexigé certaines réparations d’urgence,notamment des filtres du système derefroidissement des réacteurs dont lessupports étaient corrodés par l’eau demer et dont certains ancrages étaientmanquants, illustre François Godin.

Nous avons demandé à l’opérateur quesoit revue la procédure de test de laqualité du gazole des moteurs Dieseldes alimentations de secours, qui nousa semblé insuffisante. Pour les inonda-tions, la vérification quotidienne de lafermeture des trappes et portes estapparue non conforme aux procéduresprévues.” Et Laurent Payen ajoute :“Gravelines étant entouré d’un tissuindustriel dense, nous travaillons surune convention avec ces industrielspour limiter les stockages de produitsdangereux à proximité de la centrale,mettre en place un protocole d’alerte encas de problème...”En parallèle, le rapport d’ECS a étéprésenté à la commission locale d’in-formation (CLI) de Gravelines le11 octobre. Ses membres ont pu poserdes questions à EDF. Au regard desréponses obtenues et des informa-tions reçues lors des réunions tech-niques organisées simultanément parl’IRSN, la CLI a reformulé des ques-tions. Ces dernières ont été adresséesà l’ASN pour qu’elle les intègre dansson rapport final de décembre. Le rapport de Gravelines et ceux desautres sites prioritaires sont venus alimenter l’analyse nationale réaliséepar l’IRSN en septembre-octobre.Cette dernière a servi de fondementaux conclusions émises au début dumois de novembre par les groupes per-manents d’experts (GPE) de l’ASN. Surla base des conclusions du GPE, dubilan des inspections et des retours desCLI, l’ASN a élaboré fin décembre unrapport français destiné au Premierministre. Un second rapport, différentsur la forme, mais identique sur lefond, était destiné à l’Europe. Un calen-drier serré, mais tenu. �

1. À savoir : 34 réacteurs REP de 900 MWe, 20 de1300 MWe, 4 de 1450 MWe et un réacteur EPR enconstruction de 1600 MWe.

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Risque d’inondation

2011

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Très faible

Source : Nuclear Power Reactors in the World AIEA (au 31/12/2009)SSouourcrcee : NNuucclear r Power Reaactors in

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8 7 6 4 4 4 2 2 1 1

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Le parc nucléaire européenOn compte 144 réacteurs de puissanceopérationnels en Europe et 6 en construction,répartis dans 14 États membres.La France se classe au premier rang du parc nucléaire européen avec 59 réacteurs, dontun en construction à Flamanville (Manche).

La centrale de Gravelines est le plus gros sited’Europe avec 6 réacteurs de 900 MWe.

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Les exploitants de réacteurs de puis de réacteurs de recherche, des insta du cycle du combustible (enrichissefabrication des assemblages et retrai ont rendu leur rapport d’évaluationcomplémentaire de sûreté le 15 sep En tout, 79 installations sont juprioritaires en France. Les exploides 24 autres devront remettre leurle 15 septembre 2012 au plus tard.

Des installations

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19 Repères N°12 I janvier 2012

ENSEIGNEMENTS > SÛRETÉ NUCLÉAIRE

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20Repères N°12 I janvier 2012

Impact radiologique sur la population japonaise

Première carte d’évaluation

Logiciel Symbiose

Suivre les rejets dans l’environnement

réalisées par les États-Unis et sur lesmodélisations des rejets radioactifs del’IRSN, nous avons établi une carte desdoses que recevraient les Japonais, parexposition externe aux rayonnementsémis par la contamination déposée surles sols, dans l’année suivant l’accident”,résume François Queinnec, alors ani-mateur de la cellule dédiée aux consé-quences radiologiques au centre tech-nique de crise. Les experts se sontnotamment penchés sur une langue decontamination de 20 x 70 km située aunord-ouest de Fukushima, au-delà dela zone d’évacuation. “Entre 20 et 35 kmsur cet axe nord-ouest, les doses attei-gnaient 100 à 500 mSv par an.”

Réagir vite pour protégerPuis les experts de l’IRSN ont croisécette première carte avec les donnéesde répartition de la population danscette zone. “Il ressortait de nos calculsque 2200 habitants pourraient recevoirune dose externe annuelle dépassantles 100 mSv, 3100 des doses comprises

ENSEIGNEMENTS > CONSÉQUENCES RADIOLOGIQUES

70 000 Japonais, vivant jusqu’à80 km de la centrale, sont suscep-tibles de recevoir des doses supé-

rieures à 10 millisieverts (mSv) la pre-mière année suivant l’accident. Tel estle résultat d’une évaluation réalisée enavril 2011 par des experts de l’IRSN.Ils tirent la sonnette d’alarme, quatresemaines après l’accident. “En nousappuyant sur les mesures aéroportées

Que deviennent les radionucléi-des rejetés par une installationnucléaire ? Symbiose, outil

de modélisation des transferts deradionucléides dans l’environnement,apporte des réponses quantifiées, enappui aux investigations de terrain. “Il simule le devenir de radionucléidesdans les milieux constitutifs d’un envi-ronnement continental : terres agri-coles, rivières, zones habitées… résumeMarc-André Gonze, ingénieur au labo-ratoire de modélisation environnemen-tale à l’IRSN et responsable du projet.Et ce, en situation de fonctionnementnormal, accidentel ou lors du démantè-lement des installations.” Dans les pre-

miers jours qui ont suivi l’accident, ce laboratoire a collecté et traité desdonnées caractérisant la région deFukushima afin de “nourrir” lesmodèles: occupation des sols, produc-tions agricoles, rations alimentaires,contamination des eaux de boisson…“Partant d’une estimation du termesource et des dépôts atmosphériques,nos simulations ont permis une pre-mière évaluation de l’évolution surquatre mois des niveaux de contamina-tion attendus dans les sols et les den-rées agricoles dans un rayon de 80 km.Bien que les activités prédites par Sym-biose aient été surévaluées, les ciné-tiques de décroissance se sont avérées

assez réalistes.” Fin avril, les cartes desdépôts de césium radioactif, publiéesconjointement par les États-Unis 1 et leJapon 2, ont permis “d’affiner nos pré-visions et d’appréhender avec plus deréalisme les niveaux de contaminationen césium et leur variabilité spatiale”.L’objectif actuel de l’IRSN est d’analy-ser l’ensemble des informations qui luiparviennent sur l’état de contamina-tion des milieux et d’entamer un tra-vail de qualification et de consolidationdes modèles constituant Symbiose. �

entre 50 et 100 mSv, 21100 des dosesallant de 16 à 50 mSv, 43 000 de 10 à 16 mSv et 292000 de 5 à 10 mSv”, pré-cise François Queinnec.“Vingt-huit jours après la catastrophe,l’IRSN a été le premier institut au mondeà publier une carte montrant que l’im-pact dosimétrique sur la population nonévacuée pouvait être significatif. Dixjours plus tard, une évaluation améri-caine 1 a confirmé les résultats français.Dans la foulée, une évaluation japo-naise 2 obtenait des résultats 2 à 2,5 foissupérieurs, mais globalement cohérentsavec ceux français et américains.” De-puis, des mesures progressives d’éva-cuation ont été prises, permettant deréduire l’impact potentiel calculé. �1. Réalisée par le ministère américain de l’Énergie.2. Réalisée par le ministère japonais de

l’Éducation, de la Culture, des Sports, de laScience et de la Technologie.

28 jours après l’accident de Fukushima, l’IRSN a été le premier institut à publier une carte montrant l’impact radiologique sur les Japonais vivant près de Fukushima.

Pour en savoir plus : www.irsn.fr,rubrique La Recherche >Outils scientifi-ques>Codes de calcul>Code Symbiose

www

Pour en savoir plus : www.irsn.fr,rubrique Actualités et presse•Actualité du 12/04/2011 •Actualité du 23/05/2011

www

1. Ministère américain de l’Énergie. 2. Ministère japonais de l’Éducation, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie.

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Un Japonais mesure le taux de radioactivité de la production de son verger.

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Repères N°12 I janvier 2012

Réseau Téléray

Pour une meilleuresurveillance del’environnement

> ORGANISATION DE CRISE

La rénovation de Téléray, réseau de surveillance de laradioactivité dans l’environnement de l’IRSN, avaitdémarré en 2007. “Nous projetions de tout rénover,

explique Guillaume Manificat, responsable des réseaux desurveillance à l’Institut : les sondes, la transmission du signal,la supervision des données, c’est-à-dire la gestion desalarmes et des réparations, et leur implantation, qu’il s’agissedes 160 sondes existantes ou de celles ajoutées.” Afin dedétecter d’éventuelles anomalies ou accidents, le niveau deradioactivité de l’air du territoire français est ainsi suivi entemps réel. Et pour une surveillance plus fine, il était prévude couvrir le territoire avec au moins une balise par dépar-tement et jusqu’à 16 balises autour des centrales, dans desrayons de 10 à 20 km, et de 20 à 30 km.

Collaboration exemplaireCandidat idéal : le toit des gendarmeries, qui disposent d’unmât et d’un réseau de transmission sur lequel les sondessont connectables. “Les discussions étaient en cours, Fuku-shima les a accélérées, car il a fallu installer des balises avantl’arrivée des masses d’air contaminées au-dessus desAntilles. La collaboration a été exemplaire : rendez-vous lemardi matin, feu vert à 15 heures et 7 sondes fonctionnellesoutre-mer le lundi suivant!” Aujourd’hui, une conventionse conclut pour installer 260 sondes sur des gendarmeries.Ces sites s’ajouteront aux 160 actuels, qui seront dotés debalises neuves. Pour autant, Fukushima, dont les dépôtsdépassent largement la zone de 30 km, fait déjà envisagerun nouveau renforcement du réseau : “Fukushima a validénotre décision d’ajouter des sondes entre 10 et 30 km autourdes centrales, mais soulève la question de savoir si un autrecercle de balises ne serait pas nécessaire à 50 km.” Soit 200balises de plus. �

Davantage de balises, du matériel plusmoderne : la modernisation du réseau Téléray était en cours. Fukushima lui adonné un coup d’accélérateur.

Quels ont été les grands enseignements de Fukushima en gestion de crise?Avant Fukushima, les travaux portaient sur des scéna-rios d’ampleur modérée et des rejets sur une journée.Fukushima a montré une dimension plus complexe, avecdes rejets sur plusieurs jours et des dépôts à partir du16 mars affectant la chaîne alimentaire et l’habitat. Il y aeu un télescopage entre la gestion de l’urgence – avec sesmesures d’évacuation, la question de la distribution ounon d’iode stable… – et le début de la gestion postacci-dentelle sur des territoires plus étendus.L’accident a eu un impact sans précédent sur le milieumarin, soulignant nos lacunes en expertise de crise.Fournir des calculs de dispersion de la pollution en merne suffit pas à prendre la bonne décision. Nous devonsêtre capables de prédire ce que l’on risque d’observer,quand et où, de manière à agir préventivement : quellesespèces marines vont être le plus touchées? La baignadepeut-elle être autorisée?

Qu’en est-il de la protection de la population?Fukushima va aussi conduire à revoir la doctrine de pro-tection d’urgence. Aujourd’hui, les règles sont assezrigides : distribution d’iode stable et mise à l’abri dans les10 km, évacuation dans les 5 km. Or l’expérience montreque si ce périmètre de 10 km reste la zone d’action prio-ritaire, il faut se préparer à aller au-delà dans l’espacemais aussi dans le temps, car les rejets peuvent durer. Deséléments de doctrine complémentaires devraient doncêtre ajoutés à cet effet, et laisser davantage de souplessedans la stratégie de protection.

Fukushima aura-t-il également un impact sur l’Institut?L’IRSN a joué son rôle d’expert au profit de nombreuxacteurs, et pas uniquement de l’Autorité de sûreténucléaire, dont il est l’appui technique. Lors d’une crise,des instances gouvernementales nationales, mais aussilocales sous la responsabilité des préfets, sollicitent l’Ins-titut. Cela nécessite de revoir notre positionnement dansl’organisation nationale de crise.En interne, nous devons faire évoluer nos principes demobilisation, et sortir du système du tout ou rien : il fautprévoir des niveaux intermédiaires de mobilisation denotre organisation de crise, avec la possibilité de mobi-liser des équipes sans nécessairement activer le centretechnique de crise. Enfin, l’expérience a aussi montré quel’IRSN doit être reconnu comme un acteur contribuantpleinement à l’information du public, en direct.

Pilote du travail collectif menéà l’IRSN sur l’organisation decrise en cas d’incident ou d’accidentnucléaire en France ou ayant un impactsur le territoire français.

3 questions à…Didier Champion

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Pour en savoir plus : http://environnement.irsn.frwww

Une balise Téléraynouvelle générationinstallée sur le toitde l’État-major dela Marine, à Paris.

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22Repères N°12 I janvier 2012

Orientations scientifiques

La crise de Fukushima indique

Second axe de recherche renforcé: laprotection de l’homme et de l’environ-nement, l’accident ayant confirmé lavraisemblance de scénarios acciden-tels conduisant à des rejets importants.“La crise a modifié la priorité de cer-tains axes de recherche, confirme Ber-nard Chaumont. Certains sujets sontdevenus plus urgents, telles les étudesdes effets des faibles doses sur la santéou les effets de la contamination surl’environnement, notamment du milieumarin.”

Radioprotection autour des installationsLe champ de travail se révèle trèsvaste : mieux comprendre les effets desrayonnements ionisants, à l’échelle dela cellule, de l’être vivant ou d’unepopulation ; pouvoir cartographierrapidement les zones de contamina-tion pour mieux protéger les popula-tions des retombées radioactives ;améliorer les techniques de dosimé-trie individuelle du personnel interve-nant sur un site accidenté; ou encorerenforcer la plate-forme d’évaluationde la dispersion des radionucléidesdans la chaîne alimentaire. “Certains

ENSEIGNEMENTS > RECHERCHE

n’avions pas songé.” Mais les premiersretours d’expérience de Fukushimarenforcent certains besoins en sûretéet radioprotection.

Prévention et maîtrise dupire dans les installationsLe premier enjeu identifié par l’IRSNconcerne les installations elles-mêmes.Il s’agit de mieux prévenir les acci-dents, et pour cela de mieux caractéri-ser les aléas naturels (séismes, inon-dations…). En leur accordant une plusgrande considération, notammentdans les études probabilistes de sûreté,on identifiera les points faibles des ins-tallations. Cela supposera un travailcollectif avec d’autres organismes derecherche, mais aussi de répondre àdes problèmes de fond : “Se pose parexemple la question de savoir commentnous devons prendre en compte lesévénements rares, comme un séismedépassant toutes les prévisions, illustreVéronique Rouyer, chargée des pro-grammes à l’IRSN. Doit-on les consi-dérer comme suffisamment rares etdonc peu probables pour ne pas êtreprioritaires, ou au contraire leur allouerun budget de recherche au regard deleurs possibles conséquences?”Fukushima a aussi montré que la pré-vention ne suffit pas : il faut mieuxmaîtriser les accidents graves s’ilsdevaient se produire. “La phéno-ménologie de tels accidents est main-tenant bien connue, poursuit BernardChaumont. La pertinence de nom-breuses recherches antérieures a étédémontrée. Par exemple, durant lacrise japonaise, le relâchement de pro-duits de fission a été estimé, notam-ment grâce aux travaux menés dansle cadre du programme Phébus 1. Pourautant, Fukushima souligne la néces-sité d’approfondir certains points. Jus-qu’où est allée la dégradation du cœurdu réacteur ? Qu’en est-il du perce-ment des cuves?”

Grégory Caplin, ingénieur spécialisé dansl’étude et la recherche en criticité à l’IRSN,recevait les questions du centre techniquede crise de l’Institut sur le risque d’un acci-dent de criticité à Fukushima au moment dela crise. “Des mesures, des observations dela zone contaminée au Japon nous parve-naient. Nous devions établir si un tel acci-dent avait eu lieu. Nous disposions d’uneversion en développement de Vesta, un codesimulant l’état du combustible irradié, assezsouple pour modéliser un réacteur à eaubouillante. Nous avons aussi été aidés parune thèse en cours portant sur des algo-rithmes de calcul inverse pour notre logicielProméthée. Car, si habituellement nous exa-minons une situation donnée et cherchonsses conséquences, là il fallait partir des consé-quences de l’accident. Grâce à ces divers tra-vaux, nous avons pu affirmer qu’aucun élé-ment ne confirmait un accident de criticité àFukushima. Plus qu’un concours de circons-tances, j’y vois le résultat d’une rechercheanticipative dotée d’instruments performantset opérationnels. La rapidité de nos réponses

s’explique par nos moyens de calcul, etpar notre habitude d’une recher-

che proche de l’expertise.”

Des outils opérationnels pourune réponse rapide

Grégory Caplin, ingénieurspécialiste de l’étude et de la recherche encriticité à l’IRSN.

Simulation d’un accident de fusion du cœur d’un réacteur à eau sous pression par le logiciel Astec.

IRSN

DR

“Il ne s’agit pas d’une révolution”,insiste Bernard Chaumont, quicontribue à la coordination des

recherches de l’Institut. Il a été chargéde l’animation d’un groupe de travaildédié à la R&D post-Fukushima. “Lacrise n’a pas fait émerger de nouvellesthématiques ou mis en évidence desaxes de recherche auxquels nous

Les chercheurs n’ont pas attendu l’avènement du drame japonais pour travailler sur la prévenAu contraire, nombre d’outils ont servi à gérer la crise. Mais certains axes de recherche s’en

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Repères N°12 I janvier 2012

des pistes à développer

écarts sont apparus entre les prévisionsde contamination du territoire établiespar l’IRSN et les mesures in situ, sug-gérant un besoin d’amélioration de cesmodèles de prévision”, reconnaît Véro-nique Rouyer. Avant d’ajouter : “Fuku-shima a confirmé la nécessité de s’ou-vrir davantage aux sciences sociales,et ce à différents niveaux : que ce soitcelui de l’installation pour une meilleurecompréhension de la place des facteurshumains, par exemple dans la prise dedécision avant ou après l’accident ou,hors du périmètre de la centrale, dansdes travaux sur la résilience de lasociété civile.” �

ENSEIGNEMENTS > RECHERCHE

23

S ismologue, Pierre-Yves Bard est responsable de l’appel à projets Flash Japon lancé

conjointement par l’Agence nationale de la recherche(ANR) et la JST 1 dès le 17 juin. “Cette procédure, dite Flash, répond à des événements exceptionnelspour recueillir au plus tôt les données et en tirer le maximum de leçons.” C’est la deuxième de ce type,déclenchée à la suite du séisme survenu à Haïti. Un mois à peine s’est écoulé entre l’appel et la remisedes projets à l’ANR. Dès octobre, les neuf projetsretenus sont lancés. Un rythme dans lequel a pus’insérer un projet de l’IRSN, porté par ChristelleAdam-Guillermin, biologiste en radioécologie et écotoxicologie. Baptisé Free Bird, il étudie leseffets des rayonnements ionisants sur les oiseaux(hirondelles rustiques, friquets et verdiers de Chine)exposés dans la zone impactée par l’accident deFukushima. “Ces espèces ont été choisies pour leursmodes de vie différents et les caractéristiques de leurplumage. Les plus colorées pourraient être les plus

sensibles aux radiations, si les caroténoïdesantioxydants qui pigmentent leurs plumes diminuenten raison de leur utilisation pour lutter contre le stressoxidatif dû aux rayonnements. L’enjeu est d’évaluerl’impact d’une exposition chronique aux rayonnementsionisants sur sur le vivant. Sur la base d’études enlaboratoire, nous avons pu estimer un débit de doseacceptable en deçà duquel il n’y a pas d’effet délétèreattendu pour la faune et la flore. Pour les oiseaux, cette valeur pourrait être dépassée de un à deuxordres de grandeur dans la zone des 100 km autour du site de Fukushima. Le projet Free Bird vanotamment permettre de tester la robustesse de ce critère de radioprotection.”

Projets de recherchelancés en urgence

1. Le programme “accident grave” Phébus PFa pour objectif de contribuer à réduirel’incertitude relative à l’évaluation des rejets deproduits radioactifs en cas d’accident de fusionde cœur d’un réacteur à eau sous pression et d’accroître les capacités d’expertise et degestion de crise de l’IRSN dans ce domaine.

1. Japan Science and Technology Agency.

“Le combustible usé doit être refroidi pendantplusieurs années dans des piscines avant d’êtretransportable, rappelle Philippe March, res-ponsable d’un laboratoire d’expérimentation àl’IRSN qui travaille sur les gaines de combus-tible. Fukushima a pointé la vulnérabilité ducombustible irradié présent dans les piscinesdes réacteurs, mais l’Institut travaillait depuislongtemps sur cette thématique. Le program-me Mozart avait défini les vitesses d’oxydationde la gaine dans l’air et les seuils d’emballementde cette réaction. Il permettait ainsi d’estimerle temps dont on dispose avant que la gaine necasse et ne laisse échapper des produits radio-actifs... Néanmoins, Fukushima va nous ame-ner à préciser les conditions d’emballementpour mieux définir ces marges temporelles etadapter éventuellement les mesures d’interven-tion. Dans les deux années à venir, nous allonstravailler sur la résistance des gaines de com-bustible dans une atmosphère plus proche des

conditions réelles et évaluer si elles conser-vent leurs propriétés de confinement après undénoyage puis une remise en eau.”Un autre travail a servi durant la crise : “Le codeAstec [Accident Source Term Evaluation Code],qui permet de déterminer la quantité de radio-nucléides rejetés dans l’environnement lorsd’un accident grave”, répond Olivia Coindreau,chercheure chargée de modélisation à l’IRSN.Une version spéciale “piscine” du code Astecdevrait être mise au point, alimentée par lesrésultats à venir sur le comportement desgaines. “Pendant la crise, le code Astec, danssa version actuelle ‘réacteur’, a pu être utilisépour calculer rapidement des délais avant desrelâchements significatifs, au cas où les piscinesse videraient. Heureusement, ça n’a apparem-ment pas été le cas. Mais c’est un signal fortpour poursuivre les travaux relatifs à la problé-matique des accidents de combustible irradiéen piscine.”

Anticiper les rejets en cas de dénoyage des piscines

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Expérimentations dans le laboratoire de radioécologie et d’écotoxicologie.Expérimentations dans le laboratoire de radioécologie et d’écotoxicologie.

tion des accidents nucléaires. sont trouvés renforcés.

Page 24: 0101 R12 190112 BAT...collectif mené à l’IRSN sur l’organisation de crise en cas d’incident ou d’accident nucléaire en France ou ayant un impact sur le territoire français21

Enhancing Nuclear Safety*

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