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GSM/ESC 057 JOINT 16 F Original : anglais Assemblée parlementaire de l’OTAN GROUPE SPECIAL MEDITERRANEE ET MOYEN-ORIENT SOUS-COMMISSION SUR LES RELATIONS ECONOMIQUES TRANSATLANTIQUES RAPPORT DE SÉMINAIRE FLORENCE, ITALIE 26 – 28 NOVEMBRE 2015

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GSM/ESC057 JOINT 16 FOriginal : anglais

Assemblée parlementaire de l’OTAN

GROUPE SPECIALMEDITERRANEE ET MOYEN-ORIENT

SOUS-COMMISSION SUR LES RELATIONS ECONOMIQUES TRANSATLANTIQUES

RAPPORT DE SÉMINAIRE

FLORENCE, ITALIE

26 – 28 NOVEMBRE 2015

www.nato-pa.int janvier 2016

Le présent rapport de séminaire est présenté à titre d’information uniquement et ne représente pas nécessairement le point de vue officiel de l’Assemblée. Il a été rédigé par Henrik Bliddal, directeur de la Commission des sciences et des technologies.

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TABLE DES MATIÈRES

I. INTRODUCTION.....................................................................................................................1

II. SESSION D'OUVERTURE.....................................................................................................1

III. LES ORIGINES IDÉOLOGIQUES, THÉOLOGIQUES ET SOCIO-ÉCONOMIQUES DU

TERRORISME DJIHADISTE..................................................................................................2

IV. FAIRE FACE À LA CRISE DES RÉFUGIÉS..........................................................................4

V. LE FINANCEMENT DU TERRORISME..................................................................................6

VI. L’ÉVOLUTION DES RELATIONS ENTRE L’EUROPE ET LE MOYEN-ORIENT :

GÉRER LES MENACES ET SAISIR LES OPPORTUNITÉS.................................................7

VII. PERSPECTIVE ÉNERGÉTIQUE DANS LA RÉGION MOAN : DIMENSIONS

ÉCONOMIQUES ET SÉCURITAIRES....................................................................................8

VIII. LES DIFFICULTÉS AUXQUELLES SONT CONFRONTÉES LES FEMMES DANS LA

RÉGION MOAN....................................................................................................................10

IX. LIBYE : ENTRE ÉTAT ET GUERRE CIVILE........................................................................11

X. L’IRAN ET L’ORDRE RÉGIONAL ÉMERGENT....................................................................12

XI. SESSION DE CLÔTURE......................................................................................................13

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I. INTRODUCTION

1. Deux semaines après les multiples attaques terroristes qui ont fait 130 victimes à Paris, plusieurs parlementaires issus de pays membres de l'OTAN et des pays de la Méditerranée et du Moyen-Orient se sont réunis lors du séminaire annuel du Groupe spécial Méditerranée et Moyen-Orient (GSM) de l'AP-OTAN à Florence (Italie). Ils ont abordé plusieurs questions préoccupantes pour les régions euro-atlantique et Moyen-Orient et Afrique du Nord (MOAN). Ce séminaire de haut niveau de deux jours, conduit sous la houlette du Parlement italien a réuni plus de 250 participants, dont une centaine de législateurs de 38 pays. Parmi les sujets au centre des débats ont figuré l'élaboration d'une stratégie globale contre Daech et autres groupes terroristes djihadistes, la gestion de la crise des réfugiés, la quête de stabilité en Libye, les relations entre l'Iran et les pays occidentaux, les femmes et leur rôle dans le développement ainsi que les récentes évolutions dans le secteur de l'énergie. Ce rapport vise à présenter une synthèse des débats qui se sont tenus entre parlementaires, responsables politiques et militaires, experts et représentants de la société civile.

II. SESSION D'OUVERTURE

2. Le maire de Florence Dario Nardella a souhaité la bienvenue à la délégation dans sa ville où, au fil de son histoire, la culture et le dialogue international ont joué un rôle fondamental. Les défis sécuritaires du monde moderne sont radicalement différents de ceux auxquels l'OTAN a été confronté durant la Guerre froide, a tenu à préciser M. Nardella. Selon lui, la principale menace actuelle, à savoir le terrorisme, vise les fondements mêmes de nos démocraties. De par leur complexité, ces défis ne peuvent être affrontés seuls : ils nécessitent une coordination et une coopération entre l'ensemble des parties prenantes. Quelques semaines à peine avant le séminaire du GSM, M. Nardella a organisé la « Global Mayors Conference » au cours de laquelle des maires du monde entier ont parlé de la manière dont leurs villes devaient gérer la menace posée par les groupes djihadistes et les attaques terroristes. Selon lui, la clé de la confrontation avec le terrorisme réside dans la préservation et la promotion de l'art, de la culture et de l'identité. Ces qualités que possède Florence ont contribué à l’histoire du monde. « La culture est plus forte que l'ignorance, et la beauté plus forte que n'importe quel acte terroriste », a indiqué M. Nardella à la délégation lors de la session de clôture.

3. Gilbert Le Bris, président du GSM, a tenu à souligner que les législateurs des deux côtés de la Méditerranée et au-delà se rencontraient dans un sentiment de gravité et dans le recueillement à l’égard des nombreuses victimes des attentats perpétrés par un ennemi commun. Il a fait écho à la déclaration « Nous sommes en guerre » prononcé par le président François Hollande à la suite des attentats de Paris. « Daech nous a ciblé pour nos valeurs », a-t-il ajouté. « Le dialogue est impossible avec les terroristes. Nous devons éradiquer Daech », a-t-il affirmé à ses homologues. « Les terroristes sont en guerre contre les peuples représentés dans cette salle en raison de leur mode de vie et de leur culture. Nous devons réagir en démontrant la force de notre civilisation et l'importance du dialogue ». Selon lui, ce séminaire avait donc plusieurs objectifs : renforcer l'engagement politique entre l'ensemble des pays représentés, identifier les individus disposés à faire de la démocratie une réalité au sein de la région MOAN, et être le fer de lance du dialogue entre l'ensemble des parties prenantes.

4. Pietro Grasso, président du Sénat italien, a donné son point de vue sur les défis communs auxquels les régions euro-atlantique et MOAN sont confrontées, notamment la fragilité des institutions, la lutte contre Daech, le financement du terrorisme, le crime organisé, les flux migratoires et les tensions entre la Turquie et la Russie. Tous les participants sont selon lui responsables de l’absence d’une stratégie cohérente et de politiques qui auraient permis d'éviter ces actes terroristes. Il a nuancé qu'il ne fallait pas se focaliser sur les aspects négatifs. La région

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MOAN offre d'extraordinaires opportunités pour l'ensemble de ses habitants, et la région euro-atlantique doit faire preuve de lucidité afin de tisser des liens, tant physiques que psychologiques. L'arsenal militaire ne peut suffire pour lutter contre Daech et les autres groupes terroristes djihadistes, a-t-il souligné. Il est pour lui nécessaire de construire des capacités institutionnelles et politiques, la logique de « guerre de civilisations » doit être rejetée et il faut utiliser l'ensemble de l'arsenal juridique et opérationnel pour lutter contre le crime international. Par ailleurs, il a insisté sur le fait que les États européens ne pouvaient remettre en question leur obligation morale en matière de droit d'asile. L'infiltration des terroristes doit être empêchée, mais les migrants ne doivent pas être systématiquement considérés comme des terroristes potentiels.

III. LES ORIGINES IDÉOLOGIQUES, THÉOLOGIQUES ET SOCIO-ÉCONOMIQUES DU TERRORISME DJIHADISTE

5. Andrea Manciulli, rapporteur du GSM, a présenté son rapport intitulé « Daech : un défi pour la sécurité régionale et internationale » [226 GSM 15 E 3 fin] aux membres du GSM et à l'ensemble des autres participants. Le rapport propose une réponse globale et à divers niveaux au problème posé par Daech. M. Manciulli, qui dédie son rapport aux victimes des attentats de Paris, reconnaît l'efficacité de la stratégie multidimensionnelle de Daech qui conjugue guerre conventionnelle, contrôle de territoire, utilisation intensive des médias et terrorisme. «  Nous devons faire un réel bond en avant dans notre stratégie », souligne M. Manciulli qui ajoute que l'action militaire doit s'accompagner d'un renforcement du partenariat avec les pays de la Méditerranée. « Daech exploite les contradictions de notre société », note M. Manciulli. « Nous devons adopter une nouvelle approche qui ne divise pas nos civilisations ni nos sociétés civiles. »

6. Son rapport aborde notamment les origines et l'évolution du terrorisme djihadiste et notamment de Daech. D'un terrorisme djihadiste « traditionnel », Daech s'est transformé en une organisation menant une guerre hybride asymétrique. Daech se distingue clairement des autres organisations terroristes par sa stratégie de guerre conventionnelle qui vise à établir un État grâce à des tactiques de type « guerre éclair ». Daech mène cette guerre grâce à une structure organisationnelle basée sur l’utilisation des médias qu'elle exploite pour obtenir l'appui des autres groupes terroristes djihadistes internationaux. La réponse à la « guerre des médias » menée par Daech ne peut être militaire. Le rapporteur recommande une approche différente qui nécessite une connaissance des cultures. Par ailleurs, ces actes terroristes perpétrés à l'étranger s'inscrivent dans une logique de « projection de puissance » qui requiert une réponse multidimensionnelle.

7. L'émergence de Daech a contribué à une évolution du terrorisme djihadiste, avance M. Manciulli. À titre d'exemple, des groupes tels qu'Al-Qaïda se sont adaptés au phénomène Daech. Par ailleurs, Daech n'est plus une simple menace djihadiste. Pour commencer, les racines de l'organisation sont ancrées dans la mouvance baasiste de Saddam Hussein. Nombre des principaux responsables militaires de Daech sont issus de ce parti à qui il a emprunté la structure hiérarchique. Daech est ainsi parvenu à préserver une certaine imperméabilité face aux infiltrations, comme ce fut le cas du régime de Saddam Hussein. À titre d'exemple, l'armée de Daech se compose de différents groupes qui fonctionnent de manière indépendante. Daech a également essayé d'établir une structure centralisée dominante qui coordonnerait l'aide sociale, la justice et l'éducation. L’organisation terroriste a par ailleurs noué des alliances avec d'autres groupes, dont Boko Haram, et essayé d'infiltrer des pays au système politique défaillant.

8. Analysant plus particulièrement la situation de la Libye dans son rapport, M. Manciulli craint que ce pays ne devienne la prochaine plateforme de Daech. En outre, ses activités terroristes et son trafic de clandestins font de Daech un problème d'autant plus urgent à régler. Le rapport analyse aussi le terrorisme dans la région euro-atlantique, sans doute le plus difficile à éradiquer.

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M. Manciulli appelle à un nouvel humanisme dans la lutte contre le radicalisme. Contrairement aux autres groupes terroristes djihadistes, les recrues de Daech sont généralement très jeunes, n'ont pas grandi dans des sociétés islamisées et sont familiarisées avec les médias. Il tient à préciser que les facteurs socio-économiques ne sont pas la seule raison de la radicalisation. Daech s'attaque aux contradictions de nos sociétés modernes. Lors de la session de clôture, M. Manciulli a demandé l'appui de « nos amis situés sur l’autre rive de la Méditerranée » afin de résoudre ensemble ce problème générationnel.

9. S'adressant aux participants du séminaire, Marco Minniti, sous-secrétaire d'État italien chargé de la sécurité nationale a expliqué que les attentats perpétrés à Paris marquaient un « tournant dans l'histoire » : Daech a organisé une attaque militaire pour des raisons militaires et selon une logique militaire en frappant au cœur de l'Europe. Daech ne s'en prend plus seulement à nos citoyens, Daech n'est plus une simple organisation terroriste aux capacités militaires limitées. Non, Daech a essayé de prendre le contrôle d'une capitale européenne pendant une durée limitée. Daech mène désormais des activités terroristes à la fois conventionnelles et asymétriques. La coordination des attaques à l'étranger depuis les sièges de Daech en Syrie et en Irak est une grande source de préoccupation pour M. Minniti. En outre, des combattants étrangers ont participé à cette guerre à la fois conventionnelle et asymétrique. Originaires de plus de 100 pays, plusieurs milliers d'entre eux ont quitté leur pays pour lutter aux côtés de Daech. Ils y sont revenus pour y perpétrer des actes terroristes, faisant de Daech une menace mondiale, a souligné M. Minniti.

10. S'il a été impossible à contenir, Daech doit être vaincu, insiste-t-il. Il propose une stratégie à quatre axes : prévention, notamment grâce à un renforcement des services de renseignement et du partage d'informations, rupture des flux financiers de Daech, campagne militaire et qualité de relations diplomatiques entre les acteurs internationaux concernés.

11. En Syrie, Daech ne représente pas la seule menace. La transition démocratique est essentielle tout comme les pourparlers de Vienne. M. Minniti a également rejeté l'idée d'un lien entre les réfugiés et le terrorisme, estimant qu'il s'agissait d'une erreur fondamentale à ne pas commettre. Après tout, les réfugiés ont fui la terreur. Et il estime que l'Europe ne doit pas reculer sur les accords de Schengen et sur la libre circulation des personnes, l'un des fondements de la construction européenne. En revanche, des contrôles plus rigoureux doivent être réalisés aux frontières de l'Europe, conclut-il.

12. Les présentations d’Andrea Manciulli et de Marco Minniti ont été suivies par un débat animé entre les participants. Concernant l'importance de l'échange de renseignements dans la lutte contre Daech, M. Manciulli a tenu à rappeler les récentes réussites en matière de coopération entre les services de renseignement, notamment entre l’Italie, la Tunisie et les Balkans. Il a soutenu que la coopération des services de renseignement dépendait de la qualité des relations sur la scène internationale. Cependant, les récents événements ont démontré qu'un renforcement de ces relations était nécessaire. Le partage d'informations doit reposer sur un esprit d'ouverture et d'échange, et un travail préventif doit primer au sein de la communauté du renseignement.

13. Certains participants pensaient que le monde islamique était témoin d'un schisme entre sunnites et chiites ayant conduit à une guerre civile. Ce point de vue a été critiqué par d'autres participants qui ont jugé imprécise la description faite de l’affrontement entre sunnites et chiites et qui ont tenu à indiquer qu'il existait d'importantes tensions au sein de la communauté sunnite. D'après M. Manciulli, le combat actuel mené contre Daech est une confrontation culturelle. Il ne s’agit pas d’une guerre entre Occident et Islam, mais d’un affrontement entre tolérance et intolérance.

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14. La question de savoir comment empêcher la radicalisation et mettre en œuvre des programmes de déradicalisation a également été au centre des débats. M. Manciulli a noté que les approches des pays européens face à ce défi étaient différentes. Ces derniers ainsi que les pays de la région MOAN doivent apprendre les uns des autres. Par ailleurs, divers outils doivent être mis en place pour garantir une réussite. Il a tenu à ajouter que les pays arabes étaient tout aussi confrontés aux idéologies djihadistes radicales. Pour résumer, les régions euro-atlantique et MOAN doivent régler ce problème de manière interne et en coopérant entre elles. Pour y parvenir, il faudra mettre au second plan les intérêts nationaux.

15. Au terme de la première session, le rapport du GSM [226 GSM 15 F rév. 3] a été adopté.

IV. FAIRE FACE À LA CRISE DES RÉFUGIÉS

16. Joost Hiltermann, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’International Crisis Group, a ouvert cette session en rappelant aux participants que les habitants de la région MOAN rencontraient de nombreuses difficultés au quotidien. Avant d'entrer dans les détails, il a tenu à expliciter plusieurs points à la délégation :

- La région MOAN fait face à une crise des réfugiés qui trouve son origine dans les conflits armés.

- L'Europe a contribué à cette crise tant par ses négligences que par ses maladresses.- Les réfugiés proviennent essentiellement de zones de conflit et non de zones

rigoureusement contrôlées par certains groupes.- Certains conflits, dont ceux de la région MOAN, s'auto-entretiennent et les crises tendent à

s'aggraver lorsque rien n'est fait.- Les réfugiés doivent être maintenus aussi près que possible de leur lieu d'origine, non

seulement en raison de l'opposition des pays vers lesquels ils fuient, mais également car ils seront les plus à même de reconstruire leur pays dès la fin des conflits.

- Parmi les solutions possibles sur le long terme, M. Hiltermann cite la médiation des conflits, l'augmentation des fonds destinés au programme d'aide aux réfugiés, et l'interdiction des ventes d'arme à la région par exemple afin d'éviter de nouvelles victimes.

17. Il relate l'évolution de la guerre civile en Syrie qui a fait plus de 250 000 victimes, 1 million de blessés, 2,1 millions de maisons détruites, 4 millions de réfugiés et 8 millions de déplacés internes (DI). Les programmes destinés aux réfugiés et aux DI manquent de financement  : seul un tiers des promesses de dons a été versé.

18. M. Hiltermann a également tenu à préciser ce qu'il entendait par le caractère auto-entretenu de ces conflits : - La radicalisation et la brutalité vont généralement de pair et progressent dans tous les

camps au fil du temps.- Une économie de guerre aura tendance à se développer avec des trafics d'êtres humains,

de carburant et d'armes qui donnent naissance à des intérêts particuliers.- Ces conflits qui impliquent les États et des acteurs non étatiques peuvent se propager et

créer un conflit à l'échelle régionale.

19. Pendant longtemps, les pays de la région euro-atlantique ont pensé que ces conflits se cantonneraient à la région MOAN, ce qui explique en partie le manque de financement des programmes d'aide aux réfugiés. Ces pays ont également soutenu des acteurs régionaux ayant leur propre agenda et ont poursuivi une approche excessivement sécuritaire et militaire, tient-il à souligner. L'absence de stratégie politique et les ventes d'armes dans la région n'ont fait qu'aggraver la situation. M. Hiltermann a appelé les participants à apporter un soutien indéfectible

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au processus de Vienne, à financer les programmes d'aide aux réfugiés et à interdire les ventes d'armes. Il a également appelé l'Union européenne à s'attaquer à la source du problème.

20. D'après Ferruccio Pastore, directeur du Forum international et européen de recherche sur la migration (FIERI), tous les pays européens n'ont pas compris au même moment que la question des réfugiés devenait un problème pour l'Europe dans son ensemble  : l'Italie en a pris conscience en 2013, la Grèce en 2014, mais l'Union européenne n'a pris les premières mesures qu'en 2015. L'Union européenne se trouvait dans une impasse politique et stratégique : il était clair que le « règlement de Dublin » était mort, et que l'UE n'était pas parvenue à proposer un nouveau règlement cohérent pour le substituer. Selon lui, les dirigeants de l'UE sont désormais contraints de prendre des décisions de la plus haute importance à un moment où la situation évolue chaque jour, en adoptant par exemple des contrôles aux frontières qui se développe en cascade (« effet dominos »). Le mécanisme de relocalisation adoptée par l'UE pour faire face à la crise des réfugiés a été voté et représente une avancée majeure et l'embryon d'une solution européenne, selon M. Pastore. En revanche, la mise en place de ce mécanisme vient à peine de débuter. À ce rythme, l’accueil du nombre convenu de réfugiés ne sera pas assuré avant le siècle prochain. M. Pastore a salué le renforcement des frontières externes communes de l'Europe en consolidant Frontex.

21. Le cœur du problème réside dans le fait qu’il existe une dimension extérieure significative dans ce défi politique. Ceci nécessite une approche globale, qui jusque-là n’était adoptée qu’en cas d'évènements dramatiques. Ce défi politique doit être relevé par la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Il tient cependant à souligner les développements positifs du dialogue avec la Turquie. L'UE dispose d'une marge de manœuvre limitée dans les conflits libyens et syriens. Pour conclure, M. Pastore a indiqué que l'UE ne pouvait plus se contenter d'un statu quo. Pour lui, l'Union européenne a besoin d'une souveraineté plus intégrée afin de regagner en crédibilité. Cela passe non seulement par la mise en place d'un système commun de « garde-frontières » habilité, entre autres, à mener des opérations de recherche et de sauvetage, mais également par une volonté politique et des réformes institutionnelles.

22. Durant le débat, M. Hiltermann a tenu à rappeler qu'il ne fallait pas croire que la plupart des réfugiés provenaient de zones rigoureusement contrôlées par un camp. En effet, 90 % d'entre eux sont issus de zones sur lesquelles Daech n'exerce pas de contrôle, mais sont victimes de bombardements aériens et d'explosions de bombes barils. Il a également rappelé qu'un grand nombre d'habitants des régions contrôlées par Daech se sentait protégé contre le régime syrien et l'influence de l'Iran. D'après lui, ces habitants n'ont pas fini de se sentir menacés.

23. S'opposant à l'idée que Daech envoyait des réfugiés en Europe pour la discréditer, M. Pastore a précisé à la délégation que Daech ressentait de la haine à l'égard des réfugiés qui abandonnaient leurs pays. Une résolution de la crise des réfugiés constituerait une victoire stratégique pour l'Europe dans la mesure où Daech a tout à gagner à ce que notre continent les déteste.

24. D'après M. Hiltermann, l'OTAN pourra devenir un garant de la sécurité en Libye une fois que les factions libyennes seront parvenues à un accord politique. Il pense que la mise en place d'une zone d'interdiction de vol ou d'une zone sécurisée en Syrie n'est pas viable. En effet, une zone d'interdiction de vol serait considérée comme un acte de guerre contre le régime syrien qui entraînerait une intensification du conflit. La situation a été compliquée par l'intervention de la Russie. Selon lui, une zone sécurisée ne peut l’être totalement. La solution politique qu'il entrevoit est un processus de transition accepté par l'ensemble des parties externes et, à terme, un abandon du pouvoir par Bachar al-Assad. Si ces conditions étaient réunies, la communauté internationale serait mieux armée pour combattre Daech. Il a ajouté que les rebelles modérés se radicaliseraient également tant que le régime de Bachar al-Assad resterait en place.

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25. Depuis de nombreuses années, les experts évoquent la possibilité que les terroristes s'infiltrent en se faisant passer pour des réfugiés, rappelle M. Pastore. Après les attentats de Paris, des preuves ont étayé cette théorie qui ne doit pas être négligée. Il a appelé au calme et à la prudence, insistant sur la nécessité de mener une réflexion plus poussée. Après tout, il est possible que Daech souhaite inciter l'UE à remettre en question sa politique à l'égard des réfugiés. M. Pastore rejoint M. Hiltermann en exprimant son scepticisme à l'égard des zones d'interdiction de vol, des zones sécurisées et des « canaux humanitaires ».

26. Laura Boldrini, présidente de la Chambre des députés italienne, s'est également exprimée sur la crise des réfugiés. Elle a tenu à rappeler le nombre excessif de réfugiés qui fuyaient leur pays ou qui y décédaient. « Il y a un an, il aurait été impensable que des centaines de milliers de réfugiés prennent la route vers l'Europe centrale, » a-t-elle souligné. La réponse à la crise des réfugiés doit avant tout être politique, et l'ensemble des actions militaires doit s'appuyer sur une stratégie politique à long terme. Elle a vigoureusement insisté sur la nécessité de bloquer les itinéraires empruntés par les trafiquants d'êtres humains et de pétrole, d'aider les groupes modérés tels que les Kurdes, de lutter contre la marginalisation des migrants et des réfugiés en Europe, de défendre les droits humains, de veiller à ce que les mesures d'urgence ne limitent pas indéfiniment les droits des citoyens, et de lutter contre le changement climatique qu'elle estime être l'une des principales raisons des pressions migratoires.

V. LE FINANCEMENT DU TERRORISME

27. Tom Keatinge, directeur du Centre pour les études sur le crime financier et la sécurité du Royal United Service Institute de Londres (RUSI), a évoqué le rôle des circuits de financement dont l’examen permet l'identification des combattants étrangers provenant de pays occidentaux, insistant notamment sur la manière dont peuvent coopérer les secteurs public et privé. «  Sans partenariat, nous échouerons et nous obtenons moins de résultats que ce que nous pourrions escompter » indique M. Keatinge. Les institutions financières sont à l'avant-garde des activités de contre-terrorisme à l'échelle mondiale depuis les attentats du 11 septembre 2001. En revanche, elles ont surtout participé au traçage des activités financières postérieurement aux actes terroristes. D'après M. Keatinge, ces institutions peuvent jouer un rôle plus important dans la prévention du terrorisme en détectant les mouvements des combattants étrangers provenant de pays occidentaux. Tout d'abord, ceux qui voyagent sont des personnes jeunes qui laissent une trace importante de leurs retraits d'argent. Ensuite, de nombreux retraits en espèces sont nécessaires afin de se rendre dans les zones contrôlées par les groupes terroristes djihadistes. De ce fait, les combattants étrangers laissent une trace de leurs retraits aux guichets automatiques. Enfin, ces institutions se préoccupaient assez peu de la sécurité de ces opérations bancaires jusqu'à maintenant. À ce titre, des progrès doivent être réalisés dans la collaboration avec les établissements financiers, au-delà de la simple coopération sur les transactions financières et celle mise en place uniquement en cas d’actes terroristes. Ces institutions souhaitent apporter leur contribution, mais les réglementations leur en donnant les moyens sont souvent absentes. Bien entendu, les responsables politiques ont dû établir des règles claires en matière de protection de la vie privée dans le cadre du suivi des combattants étrangers potentiels, explique-t-il. En conclusion, M. Keatinge a estimé que ces institutions financières ont un rôle clé à jouer dans la résolution de ce problème.

28. Angelino Alfano, ministre de l’Intérieur italien, a rappelé dans le cadre de l'affrontement face à Daech, l'importance des quatre libertés évoquées par le Président des États-Unis Franklin D. Roosevelt : liberté d'expression, liberté de religion, liberté de vivre à l'abri du besoin et liberté de vivre à l'abri de la peur. La lutte contre Daech est une guerre sans précédent. En effet, il ne s'agit pas simplement d'une organisation terroriste, mais d'une structure aux grandes

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ambitions, aux gros moyens financiers, aux troupes nombreuses et dont l'objectif est de devenir un État. Ils veulent rétablir les frontières de l'ancien califat ; M. Alfano rappelle que même Oussama ben Laden ne s'était jamais proclamé calife. Il a esquissé plusieurs solutions à mettre en œuvre de manière simultanée pour remporter ce combat face à Daech. Les outils militaires doivent être utilisés pour répondre aux attaques de Daech. Les services policiers et de renseignement doivent identifier toutes les infiltrations potentielles en Europe. Les règles et réglementations ainsi que les leviers culturels doivent faire également partie de ces solutions. Il a tenu à rappeler que la résolution du conflit libyen était essentielle tout comme le renforcement des contrôles aux frontières de l'Europe. La communauté internationale a affaire à une organisation terroriste djihadiste devenue une menace mondiale.

29. Durant la période de questions-réponses, M. Keatinge a abordé la question de la dépendance des finances de Daech à l'égard du pétrole. Ses recettes pétrolières représentent en effet entre 33 % et 40 % de ses revenus financiers. Bien que la coalition internationale ait tardé à cibler les infrastructures pétrolières de Daech, elle les attaque désormais de manière agressive. Hormis les huit millions de consommateurs présents sur le territoire contrôlé par Daech, le régime d'Al-Assad et les acteurs locaux et régionaux sont également acheteurs de pétrole et utilisent des voies de contrebande établies de longue date. Selon lui, il est peu probable qu'une partie de ce pétrole finisse par s'échanger sur les marchés mondiaux et il souligne que la finance est transnationale tout comme le terrorisme. En revanche, le travail de lutte contre le terrorisme est souvent cloisonné dans chaque pays. M. Keatinge a également souligné que les organisations non-gouvernementales et les sociétés de transferts d'argent sont très exposées au risque de détournement de l'aide ou d'utilisation de leurs services par les groupes terroristes. Sur la question de l'aide, la communauté internationale doit trouver le bon équilibre en n'imposant pas de règlementations excessives aux organismes d'aide au développement afin qu'ils puissent continuer à fournir l'aide nécessaire et éviter ainsi à des populations de souffrir.

30. D'après M. Keatinge, les gouvernements doivent sérieusement se pencher sur les questions de l'identification et de la déstabilisation des flux financiers de Daech et sur la mise en place de sanctions à l'encontre des pays qui n’ont pas fait assez de progrès en la matière. M. Alfano a souligné que la guerre contre Daech n'était pas une guerre religieuse. En Italie, la communauté musulmane a par exemple fait montre d'une forte opposition à Daech. Si l'échange de renseignements entre les États s'est révélé très complexe dans la pratique, il demeure la seule solution permettant d’enrayer les attentats terroristes. Par ailleurs, il convient de trouver le bon équilibre entre collecte de renseignements et confidentialité des données. Il s’oppose également à l’abandon de l'accord de Schengen tout en reconnaissant qu'il mérite d’être amendé. Pour lui, dans ce contexte, il est essentiel de mettre en place des contrôles plus stricts aux frontières de l'Europe et d'échanger les données sur les passagers des compagnies aériennes.

VI. L’ÉVOLUTION DES RELATIONS ENTRE L’EUROPE ET LE MOYEN-ORIENT : GÉRER LES MENACES ET SAISIR LES OPPORTUNITÉS

31. Pour commencer, Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a insisté sur l'importance des liens entre l'UE et l'OTAN afin de garantir la sécurité dans l'environnement international actuel. Elle entretient de bonnes relations avec le secrétaire général de l'OTAN, avec qui elle a travaillé étroitement sur la coordination des politiques de l'OTAN et de l'UE. Bien que différents par leur nature et par leurs membres, la coopération entre ces deux organisations avait été sensiblement renforcée durant les deux premières années de son mandat grâce à sa coopération avec le secrétaire général.

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32. Sur la question syrienne, Mme Mogherini s'est dite satisfaite de la présence de tous ces acteurs au sommet de Vienne, sommet organisé à la suite d’une crise humanitaire sans précédent et de l'accord sur le nucléaire iranien. Les divergences importantes entre les parties présentes au sommet s'expliquaient en partie par la complexité de la situation en Syrie. En revanche, elle pensait qu'un accord obtenu lors du sommet de Vienne aurait des répercussions sur le terrain. Parmi les sujets à l'ordre du jour de ce sommet figuraient le calendrier de transition, la réforme constitutionnelle, les élections, une proposition de cessez-le-feu sur tout le territoire syrien, et la poursuite des combats contre tous les groupes terroristes, dont l'identification a constitué un point de friction. Sur le plan militaire, l'UE a peu participé. En revanche, Mme Mogherini rappelle que l'Union européenne a instauré un cadre commun en 2014 et qu'à la suite des attentats de Paris, la France a invoqué l'Article 42.7 du traité de Lisbonne, à savoir la clause de défense commune.

33. Mme Mogherini a également abordé le processus de paix au Moyen-Orient entre Israéliens et Palestiniens. L'UE dirige les efforts internationaux dans le cadre du Quartet pour le Moyen-Orient, s’efforcant de donner un nouveau souffle au processus. Elle a dit être convaincue que si le processus de paix s'enlisait, cela pourrait donner lieu à une situation dangereuse. En effet, un tel statu quo nourrirait fortement le discours de Daech et des autres groupes terroristes djihadistes.

34. La haute représentante a également indiqué que Daech pourrait facilement étendre son territoire à la Libye. Ce pays se trouve dans une situation très dangereuse. L'UE a coopéré avec le nouvel envoyé spécial de l'ONU afin d'obtenir la signature de la proposition de compromis politique. Elle a averti que l'absence de compromis national par les factions en guerre aurait des conséquences négatives, le risque étant un effondrement de la Libye. D'après elle, le processus politique dans ce pays doit suivre son cours dans le cadre de la lutte contre Daech. L'UE a préparé un programme de soutien à la Libye dès que la situation politique sera favorable.

35. Lors du débat, la haute représentante, a insisté sur le fait que l'Europe assurerait elle-même sa sécurité sans l'aide des États-Unis. À ce titre, l'Europe doit assumer sa part de responsabilité. Mais selon elle, les pays puissants ont besoin de partenaires. Les États-Unis, l'Europe (dont la Russie) et la région MOAN doivent établir des partenariats. Même si les négociations s'annoncent difficiles, ces acteurs sont d'après elle en mesure de trouver un terrain d'entente. En outre, elle dit être disposée à organiser des conférences sur la situation en Libye. D'ailleurs, elle coopère avec le représentant spécial de l'ONU sur cette question. Elle a par ailleurs admis que l'UE n'était pas prête face à la crise des réfugiés. Certains pays soutiennent depuis le début qu'il s'agit d'un problème européen, mais qu'il a fallu attendre une catastrophe pour en prendre la pleine mesure. Elle s’est dit pressée qu’une décision politique sérieuse soit prise sur la question des réfugiés et des migrants. « Il ne faut pas oublier que la crise des réfugiés est avant tout une crise vécue par les réfugiés et le Moyen-Orient  », a-t-elle insisté face aux parlementaires. Elle a également clarifié le processus nécessaire pour invoquer l'Article 42.7 et les processus qui en découlent, estimant qu'il s'agissait d'une belle preuve de solidarité entre pays européens. La France mène actuellement des discussions avec les États-membres sur leurs possibles contributions. Mme Mogherini a été invitée à faciliter ces pourparlers. À propos des tensions récentes entre Moscou et Ankara après le crash d'un avion russe abattu par la Turquie qui accuse Moscou d’avoir violé son espace aérien et ignoré les avertissements répétés, Mme Mogherini a appelé à la désescalade des tensions et encouragé vivement tous les gouvernements à ne pas oublier l'objectif véritable : Daech.

VII. PERSPECTIVE ÉNERGÉTIQUE DANS LA RÉGION MOAN : DIMENSIONS ÉCONOMIQUES ET SÉCURITAIRES

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36. Bassam Fattouh, directeur du Oxford Institute for Energy Studies, a abordé la situation géopolitique et les marchés de l'énergie au Moyen-Orient ainsi que la nature changeante des risques. Il a tenu à indiquer que les cours du pétrole s'étaient effondrés dans un contexte de dégradation de l'environnement géopolitique, se posant la question de savoir si la prime de risque géopolitique était correctement intégrée au cours du pétrole. Il a expliqué que l'instabilité politique ou les conflits n'occasionnaient pas nécessairement de perturbations importantes de l'approvisionnement en pétrole, citant l'exemple de l'Iraq. Naturellement, il existe de nombreux contre-exemples, comme la Libye, le Yémen et la Syrie. En revanche, l'instabilité politique et les conflits affectent la capacité de production du secteur de l'énergie sur le long terme. Le marché de l'énergie est actuellement témoin d'une évolution de la nature du risque géopolitique qui porte préjudice au marché pétrolier. Il a également remis en question le lien entre le niveau élevé des prix de l'énergie et la stabilité politique. Une période marquée par un prix durablement élevé de l'énergie n'a pas contribué à la stabilité dans la région MOAN et n'a pas non plus amélioré les relations de la Russie avec les pays occidentaux. Toutefois, il s'est demandé si la région MOAN aurait été plus ou moins stable si les cours du pétrole avaient été moins élevés. Tout ceci démontre la complexité des interactions entre géopolitique et marché pétrolier, a affirmé M. Fattouh.

37. Il a fourni aux représentants un aperçu de la situation actuelle du marché de l'énergie dans la région MOAN après qu'elle a été victime d'une série d'évènements ayant profondément modifié son paysage politique depuis le début de l'année 2011. Premièrement, de nombreuses institutions publiques de la région MOAN se sont fragmentées et ont disparu : les gouvernements n'ont plus été capables de protéger leurs frontières, de contrôler leur territoire ni d'extraire les ressources naturelles ; l'armée, le système judiciaire et le parlement se sont désagrégés ; et la légitimité des gouvernements de transition a été remise en question. Deuxièmement, la montée en puissance d'acteurs non étatiques a été observée au sein de la région. Troisièmement, sur fond d'affaiblissement du pouvoir central, de nouvelles puissances locales risquent d'émerger, comme c'est le cas dans certains pays. Ces puissances locales qui ne peuvent être ignorées ont compliqué les relations des acteurs étrangers avec les gouvernements et les acteurs locaux.

38. M. Fattouh a rappelé que les ressources énergétiques étaient convoitées dans de nombreux conflits civils régionaux, entraînant ainsi une paralysie du secteur de l'énergie dans certains pays : pourtant petit producteur de pétrole, le Yémen a interrompu sa production ; la Syrie a quasiment cessé sa production ; la Libye a renoué avec son niveau précédent l'année 2011, avant de rechuter lors de l'aggravation de la guerre civile ; et au Soudan du Sud, la guerre civile a diminué son potentiel de production, actuellement à peine à la moitié de son plus haut niveau. Ces perturbations persistent généralement pendant de longues périodes en raison de contraintes indépendantes du secteur de l'énergie. M. Fattouh a insisté sur les conséquences de cette situation sur l'environnement financier à long terme : premièrement, les risques identifiés augmentent le coût du financement énergétique ; deuxièmement, l'instabilité et l'incertitude politique a pesé sur les décisions d'investissement et a retardé les ventes aux enchères et l'adoption de nouvelles réglementations ; troisièmement, ce contexte a empêché la mise en œuvre de grands projets d'infrastructures dans certains pays ; quatrièmement, il a affaibli les institutions et entraîné des retards bureaucratiques.

39. Prenant un peu de recul, M. Fattouh a parlé du panorama mondial du secteur de l'énergie. Il a examiné en particulier la révolution de l'huile et du gaz de schiste aux États-Unis, qui a selon lui trois conséquences : tout d'abord, un intérêt moindre des États-Unis pour la région MOAN ; ensuite, une érosion possible des recettes des gouvernements de la région MOAN, susceptible d'entraîner des troubles politiques ; enfin, une déviation des flux commerciaux vers l'Asie et vers des marchés plus compétitifs.

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40. Pasquale Salzano, vice-président exécutif, département des affaires gouvernementales d'ENI SpA, a donné le point de vue général de son groupe à l'égard des marchés énergétiques de la région MOAN. Selon lui, le secteur pétrolier peut constituer un facteur de stabilité politique. À titre d'exemple, ENI a découvert un gisement de gaz naturel de taille importante dans les eaux profondes égyptiennes qui peut constituer un facteur de stabilisation du pays à condition que les bonnes décisions politiques soient prises. L'un des anciens paradigmes des marchés de l'énergie perd petit à petit de sa force : en règle générale, les pays producteurs exportaient vers les pays consommateurs. Cette réalité n'est plus tout à fait vraie aujourd’hui. À titre d'exemple, l'Égypte est passée d'un statut de pays producteur à celui de pays hautement importateur, essentiellement en raison de sa politique de subvention du carburant qui a fortement augmenté sa consommation dans le pays. Une entreprise énergétique n'est pas vouée à faire de la politique, mais elle peut jouer le rôle d'acteur responsable dans le cadre de programmes de responsabilité sociale d'entreprise (RSE).

41. Au sujet des découvertes de gisements de pétrole et de gaz dans la partie orientale de la mer Méditerranée, M. Salzano a expliqué que ces nouvelles ressources pourraient contribuer à la sécurité énergétique au niveau local, mais également au niveau européen grâce à une diversification des voies d'approvisionnement. Les marchés locaux ne sont pas de taille assez importante pour consommer tout le gaz produit, ce pourquoi les exportations vers l'Europe ou d'autres régions doivent être encouragées. L'ENI espère que la partie orientale de la Méditerranée deviendra une plateforme énergétique, à condition que la production atteigne une masse critique.

42. Durant cette période d'échanges, M. Fattouh a tenu à préciser que la situation des marchés de l'énergie de la région MOAN n'était pas alarmiste, ajoutant toutefois que plus l'instabilité persisterait, plus les capacités de production en pâtiraient sur le long terme. Invité à s'exprimer sur la production pétrolière de Daech, il a confié aux participants qu'il ne disposait pas de chiffres, mais que leur production était plutôt réduite. Par ailleurs, le prix du pétrole vendu par Daech sur son marché local était extrêmement faible en raison des risques encourus. Les volumes de pétrole exportés en contrebande hors du territoire contrôlé par Daech étaient également réduits. Les délégués ont également abordé avec les intervenants la question de la production énergétique des autres pays, dont l'Algérie, l'Iran et la Russie.

VIII. LES DIFFICULTÉS AUXQUELLES SONT CONFRONTÉES LES FEMMES DANS LA RÉGION MOAN

43. Moushira Khattab, ancienne ambassadrice d'Égypte auprès des Républiques tchèque et slovaque et auprès de l’Afrique du Sud, ancienne ministre égyptienne de la famille et de la population, a abordé la question de la lutte en faveur des droits de la femme dans la région MOAN. Après les soulèvements lors du Printemps arabe, de nombreux pays de la région ont connu une vacance de pouvoir, et dans la quasi-totalité des cas, les groupes ultra-conservateurs ont été les seuls à parvenir à consolider leur pouvoir et diriger leur pays. Ce changement s'est fait aux dépens des progrès précédemment obtenus par les mouvements en faveur des droits de la femme lors de décennies de nombreux efforts et d'activisme, a tenu à préciser Mme Khattab à l'auditoire. Les groupes ultra-conservateurs ont pris des mesures extrêmes à l'égard des femmes, a-t-elle ajouté.

44. Pour elle, il n'a jamais été facile d'étudier le statut des femmes dans la région MOAN d'autant que leur situation diffère d’un pays à l’autre. Les progrès réalisés au cours de ces dernières décennies n'ont été ni linéaires ni réguliers. L'inégalité entre les genres reste flagrante, notamment en matière de participation à la vie politique et économique. Les violations très graves des droits de la femme et les atrocités dont elles sont victimes ne sont toujours pas signalées ni

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prises en compte. De nombreuses femmes ont perdu certains de leurs droits au cours de ces cinq dernières années. Les femmes et les enfants souffrent de plus en plus dans cette crise des réfugiés. Mme Khattab a appelé au développement d'une culture durable qui reconnaît le droit des femmes à être traitées comme des citoyennes à parts entières. À ce titre, la culture et l'éducation jouent un rôle prépondérant.

45. Le phénomène émergent des femmes terroristes est une évolution récente et choquante que déplore Mme Khattab. Environ 200 filles et femmes âgées de 18 à 25 ans ont rejoint les rangs de Daech en Syrie et en Irak. Or la plupart de ces femmes provenaient de pays européens. Les raisons n'en sont pas entièrement connues et doivent être étudiées avec prudence, souligne-t-elle. Les djihadistes radicaux ont très bien su utiliser le pouvoir des femmes. Ceux-ci les recrutent activement, non seulement comme combattantes, mais ils savent réduire au silence celles qui s’opposent à leur idéologie et s'expriment en faveur de l'égalité. En revanche, de nombreuses femmes ont fait preuve d'une grande bravoure en s'opposant aux extrémistes.

46. Durant la période de questions-réponses, Mme Khattab a détaillé la situation dans certains pays de la région MOAN, mais a également abordé des questions transversales, comme la résolution 1325 du Conseil de Sécurité de l'ONU, le rôle des femmes dans les processus de paix, les femmes prises pour cibles dans les conflits, le rôle amoindri de la femme dans la sphère publique des pays de la région MOAN, les droits aux congés maternité et paternité, les mutilations génitales, la stigmatisation sociale des femmes victimes de viols, et enfin, le mariage forcé des mineures.

IX. LIBYE : ENTRE ÉTAT ET GUERRE CIVILE

47. Paolo Gentiloni, ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a présenté la crise libyenne telle qu'elle est vécue depuis l'Italie. M. Gentiloni a rappelé les deux principaux problèmes auxquels l'Europe est confrontée et qui doivent être résolus de manière indépendante, même s'ils sont parfois confondus : le terrorisme et les flux de migrants. La résolution de ces deux problèmes passe selon lui par un élargissement et une consolidation de la coalition internationale opposée à Daech, dans laquelle la Russie doit jouer un rôle, considérant son aide en matière de lutte contre le terrorisme extrêmement importante. À ce titre, il espère que le cas de l'avion russe Su-24 abattu par la Turquie après avoir violé son espace aérien ne mettra pas en péril une solution diplomatique au conflit syrien. Dans les semaines précédant ce séminaire, la communauté internationale a ouvert la voie à une solution du conflit syrien grâce aux pourparlers de Vienne qui doivent être pleinement pris en compte, selon lui.

48. Hormis le conflit syrien, la situation politique en Libye doit être prise très au sérieux afin de relever le double défi de la migration et du terrorisme. L'Italie souhaite une Libye unifiée, stable, forte et qu’elle ne soit pas infiltrée par les terroristes. Le gouvernement italien apportera tout son support au nouveau gouvernement dès l'obtention d'un compromis politique. Il est essentiel d'agir rapidement car le risque d'expansion de Daech en Libye est réel. Plus particulièrement, la région de Benghazi pourrait tomber entre les mains de Daech et d'autres groupes terroristes djihadistes. La réponse à cette menace dépend des Libyens eux-mêmes. Nous constatons une forte résistance interne à un compromis politique. Cette division n'est pas dans l'intérêt du pays ni de ses citoyens, insiste le ministre. L'Italie et l'UE proposent un soutien immédiat dans plusieurs domaines, dont l'économie, la réforme des institutions et le secteur de la sécurité. La réussite de cette approche en Libye aurait une incidence très positive sur la résolution de la crise des migrants. Parmi les facteurs positifs, la Libye dispose d'énormes ressources pour faciliter sa reconstruction et la forme de l'Islam qui y est pratiqué n'est généralement pas contestée.

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49. Le Général Claudio Graziano, chef d'état-major des forces armées italiennes, soutient que l'armée ne peut jouer qu'un rôle modéré dans toute solution aux problèmes de la Libye ou de la Syrie. Une stratégie globale fixant des règles claires à l'armée doit être élaborée afin de créer les synergies nécessaires. La Libye présente un intérêt stratégique pour l'Italie, tant sur le plan économique que social. L'intervention de 2011 n'a malheureusement pas été très coordonnée, précise M. Graziano. Il a précisé que la Libye doit être aujourd'hui construite avant tout dans son intérêt et celui de ses citoyens. L'armée italienne et d'autres armées européennes ont contribué à la formation et à la préparation des forces armées libyennes. Il a également décrit la phase 2 de l'opération militaire de l'Union européenne dans la partie sud de la Méditerranée centrale (EUNAVFOR Med). La force navale européenne qui lutte contre les trafiquants d'êtres humains peut désormais monter à bord, fouiller, saisir et détourner les navires soupçonnés d'être utilisés pour le trafic d'êtres humains ou la contrebande en haute mer, ce dans le respect de la législation internationale.

X. L’IRAN ET L’ORDRE RÉGIONAL ÉMERGENT

50. Louis Racine, chargé de mission à la direction générale des relations internationales et de la stratégie, département de l’Afrique du Nord – Moyen-Orient, ministère français de la Défense, a fait connaître ses positions sur l'évolution de la politique régionale de l'Iran à la suite de l'accord nucléaire obtenu à Vienne. Si l'Iran n'a jamais été aussi fort qu'aujourd'hui, Louis Racine se demande si ce pays pourra devenir une puissance régionale sur laquelle nous pourrons compter. Les personnes qui partagent cette opinion pensent que des opportunités économiques se présenteront dès que les sanctions seront levées, que l'Iran contribuera à la guerre contre Daech et que les pouvoirs se rééquilibreront au Moyen-Orient. Toutefois, les institutions iraniennes sont confrontées à des tensions croissantes et le gouvernement manque généralement de volonté et de capacité pour venir à bout de l'antagonisme à l'égard de la communauté internationale, au point d'empêcher l'Iran de faire les bons choix stratégiques, a souligné M. Racine.

51. L'Iran a remporté une victoire en obtenant la signature de cet accord sur le nucléaire. Mais en dépit de ses nombreux avantages, les opinions divergent entre les dirigeants politiques iraniens ; un camp défendant les qualités diplomatiques de son leader alors que l'autre estime que cette victoire a été obtenue à l’arrachée.

52. Dans la région, l’Iran se trouve dans un équilibre complexe des pouvoirs. La rivalité entre l'Arabie saoudite et l'Iran est un facteur clé à prendre en compte pour comprendre le rôle actuel et futur de l'Iran au Moyen-Orient. Reste à savoir quelle sera l'incidence du retour de la Russie dans la région. M. Racine a tenu à souligner l'interdépendance croissante entre l'Iran et la Russie. Les positions de l'Iran à l'égard de la Syrie n'ont pas changé, elles se sont mêmes durcies. La participation aux pourparlers ne signifie pas nécessairement que l'Iran souhaite jouer un rôle constructif, souligne-t-il.

53. Le régime iranien considère sa survie comme essentielle tant au sein du pays que sur la scène internationale. Après 1979, l'Iran a essayé d'exporter sa révolution ; aujourd'hui, le gouvernement est engagé dans une « défense avancée » de celle-ci par le biais de ses sphères d'influence. Selon lui, les analystes géopolitiques ne devraient pas avoir cette vision monolithique du régime caractérisée par une opposition en coulisse entre les modernisateurs et les partisans du statu quo. Si l'Iran a connu des changements au niveau sociétal, ce n'est pas semble-t-il le cas au niveau de ses élites. Sa ligne politique en matière d'affaires étrangères ne devrait pas évoluer de court à moyen terme. En conclusion, M. Racine a recommandé de maintenir le dialogue avec l'Iran, d'appliquer l'accord sur le nucléaire et de tester ses intentions.

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54. Durant les débats, la question de savoir si l'Iran était disposé et capable de respecter l'accord sur le nucléaire a été posée à M. Racine. Il a répondu qu'il était dans l'intérêt de l'Iran de le respecter, sans pour autant exclure que ce pays testerait les limites de l'accord afin de savoir s'il pourrait y échapper. Quant à la question des partenaires futurs de l'Iran, il a indiqué à la délégation que les relations entre la Russie et l'Iran étaient historiquement tendues et qu'elles étaient actuellement très pragmatiques. Il a ajouté que l'Iran suivait l’évolution d’économies telles que la Chine, la Corée et l'Inde. En revanche, l’Iran ne cherchait pas seulement des partenaires dotés de fonds, mais des partenaires dotés d’expertise. L'UE dispose ainsi d'une certaine influence sur l'Iran, qui accorde une importance toute particulière à une amélioration de ses relations avec l’UE. Il a cependant averti que l'Ayatollah Khomeini était actuellement en désaccord avec une coopération plus étroite avec la région euro-atlantique, notamment avec les États-Unis. De leur côté, les pays occidentaux se montrent réticents en raison du soutien apporté par l'Iran aux acteurs non étatiques tels que le Hezbollah.

XI. SESSION DE CLÔTURE

55. Le vice-amiral Michael T. Franken, adjoint du commandant pour les opérations militaires, U.S. Africa Command (AFRICOM), Stuttgart, a donné son point de vue sur la lutte contre les groupes terroristes djihadistes qui est l'un des objectifs d'AFRICOM. Le Vice-amiral Franken a informé les participants qu'un nombre croissant de membres de Daech pénétrait le territoire libyen. Il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau, mais d'une déclinaison de la stratégie globale de Daech. En Afrique, le groupe terroriste djihadiste le plus meurtrier reste Boko Haram. Al-Qaïda a perpétré un attentat dans un hôtel malien quelques jours à peine après ceux de Paris, illustrant le fait que cette organisation possède toujours des capacités opérationnelles et qu'elle est engagée dans une lutte de pouvoir avec Daech.

56. Le vice-amiral a tenu à préciser que Daech adoptait une politique de recrutement très efficace de ses nouveaux combattants. L’aliénation sur son propre territoire a constitué un facteur clé de recrutement. En outre, il a déclaré que Daech et d'autres organisations terroristes opéraient dans des États en déliquescence ou faillis, des régions touchées par des guerres civiles persistantes ou des zones où le gouvernement n'exerçait aucun contrôle. Ces groupes ne peuvent pas opérer dans des sociétés libres et stables. La communauté internationale ne peut livrer cette guerre contre ces groupes terroristes sans appuis locaux. Dans ce contexte, le soutien aux représentants de la loi, le développement économique, le renforcement de la gouvernance, les contrôles aux frontières ainsi que les efforts de lutte contre la corruption et le crime organisé comptent parmi les axes prioritaires de la communauté internationale. La lutte contre les groupes terroristes djihadistes sera un combat sur le long terme qui nécessite patience, flexibilité et créativité, a conclu le vice-amiral Franken.

57. Durant le débat avec le vice-amiral Franken, celui-ci a déclaré que les États-Unis disposaient d’importants renseignements sur Daech en Libye. Il a concédé que des erreurs avaient été commises par le passé et que désormais, la difficulté résidait en comment les réparer.

58. Roberta Pinotti, ministre italienne de la Défense, a indiqué que la communauté internationale devait se pencher davantage sur les défis actuels en matière de sécurité. Selon lui, il est bien entendu nécessaire de gérer les situations de crise. Dans un même temps, la communauté internationale est amenée à gérer d'autres problèmes. L'Italie est fermement engagée dans le combat contre Daech, sachant que l'armée ne constitue que l'un des axes de la stratégie globale. Abordant les défis en matière de sécurité au sein de la région MOAN, elle a reconnu qu'après l'optimisme extraordinaire suscité dès le début du Printemps arabe, la plupart des pays prenait désormais davantage en compte les risques que cette révolution avait

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engendrés. Elle a fait un tour d'horizon des défis actuels en matière de sécurité, et affirmé que l'Occident devait avancer très prudemment dans la région MOAN compte tenu de l’histoire de l’Occident dans la région. Elle a souligné le rôle des médias sociaux pour élaborer un message à l’opposé de celui des djihadistes radicaux. Puis elle a insisté sur la nécessité d'un renforcement des services de renseignement dont le métier porte notamment sur la prévention du terrorisme et le travail d’enquête. Elle a conclu en déclarant que la victoire contre Daech ne signifierait pas pour autant la fin du terrorisme international.

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