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Document de

La Banque Mondiale 1FILE COpy] A N'UTILISER QU'A DES FINS OFFICIELLES

Rapport No. 4672-GUI

GUINEE

ETUDE DU SECTEUR AGRlOOLE

15 avril, 1984

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•

Departerh .1t des projec ts

Region de 1 'Afrique de 1 'Chest

TRADUCTION NON-OFFICIELLE A TITRE D'INFORMATION

Le present document fait I'objet d'une diffusion restreinte, et ne peut etre utilise par ses destmataires que dans I'exercice de leurs fonctions officielles. Sa teneur ne peut etre autl'l~ment dh'ulguee sans I'autorisation de la Banque Mondiale.

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EQUIVALENTS MONETAIRES

Unite monetaire = Syli

1 $ EU .. 23 sylis 1 syli .. 0,0435 $ EU

.. POIDS ET MESURES

.. Systeme metrique

ANNEE BUDGETAIRE DE L'ETAT

1er janvier - 31 decembre

•

A N'UTILISER. QU' A DES FINS OFFICIELLES

ACDI ADRAO AGCD

AGRIMA HRD ALIMA(}

BAP BGCE BMF BNDA CCCE CCT CEDERG CEM CER CGR CNCIH COTRA DGPS DPSA

ENCOEE ENTA ERC ERCOA FAC FAO FAO/!C FAPA FIDA FMI FRUHEX ICCRr

IDA I.MPOli.TEX

MAEF MDA MFC OBETAIL OCOFI 'OFFITAB ONADER ORG

ABREVIATIONS ET SIGLES

Agence Canadienne de D9veloppement International Association pour le Developpement du Riz en Afrique de l'Ouest Administration Generale pour la Cooperation et le

Developpement (Belgique) Entreprise Nationale de Distribution de Materiel Agricole Associates for International Resources and Development Entreprise Nationale de Distribution de Produits

Alimentaires (Conakry) Brigade Attelee de Production Banque Guineenne du Commerce Exterieur Brigade Mecanisee de Production Banque Nationale de Developpement Agricole Caisse Centrale de Cooperation Economique (France) Cooperative de Consommation des Travailleurs Centre d'Etude du Developpement Rural en Guinee World Bank Country Economic Memorandum (February 1984) Centre d'Education Revolutionnaire Commissariat General de la Revolution Credit National pour Ie Commerce, l'Industrie et l'Habitat Compagnie de Transport Direction Generale du Plan et de la Statistique Drection de la Planification et des Statistiques Agricoles a

la DGPS Entreprise de Commercialisation du Betail Entreprise Nationale des Tabacs et Allumettes Entreprise Regionala du Commerce Entreprise Regionale de Commercialisation Agricola Ferme Agricole Communale Food and Agriculture Organization (Nations Unies) FAO/Programme de Cooperation avec la Banque Mondiale Ferme Agro-Pastorale d'Arrondissement Fonds International de Developpement Agricola Fonds Monetaire International Entreprise Nationale d'Exportation de Fruits Institut Central de Coordination de la Recherche et de

Documentation Association Internationale pour le Developpement Organisme ayant Ie Monopole d'Etat des Importations et

des Exportations Ministere des Affaires Economiques et Financieres Ministere de l'Aericulture Ministere des FAPA et des Cooperatives Office de Commercialisation du Betail Office de Coordination Financiere de l'Industrie Office National de Transport de la Banane Operation Nationale pour le Developpement dela Riziculture Operation Riz Guckedou

I.e priHRt 'oeument fait l'obJet d'une diffusion res.rein.e. el ne peul ftre ullllse par ses destl.alalm que 'ans I'exercice de Jeurs fonc.lons offlcielles. Sa teneur ne peut itre a.trement dhullute sans J'autorlsa.lon de la Banque Mondlale.

(ii)

PAT Projet d'Aaaiatance Technique PDG Parti Democratique de Guinee PWD Programme des Nations Unies pour le Developpement PRL Pouvoir Revolutionnaire Local PROSECO Entreprise Nationale d'Exportation de Produita Agricoles

(sauf les fruits) RPRG Republique Populaire et Revolutionnaire de Guinee SECOMEX Societe holding de Commercialisation Q'Exportationa SEMAPE Entrepriae Nationale de Distribution de Facteurs de

Production Agricolea SNAPE Service National d'Amenagement des Points d'Eau UNESCO United Nations Educational Scientific and Cultural

Organization USAID United States Agency for International Development USOA Usine d'Outillage Agricol~ (Mamou)

(iii)

Table des Matieres

Pages

Liste des tableaux du texte •••••••••••••••••••••••••••••••••••••• v

Liste des annexes •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• vi

Liste des cartes geographi~ues ••••••••••••••••••••••••••••••••••• vii

Listes Q.es documents de reference •••••••••••••••••••••••••••••••• viii

Donnees nationales sur la Guinee ••••••••••••••••••••••••••••••••• x

Avant-propos ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• xi

RESUME I~T REC01·fivlANDATIONS••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• xiii

INTRODU( !TIO:~ ••••••••••••••• a\,•••••••••••••••••••••••••••••••••••••

I. CONTEXTE SECTORIEL •••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 3

A. Caracteristi~ues physi~ues et socio-economi~ues du

pays •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 3

B. Base de ressources agricoles •••••••••••••••••••••••• 4

C. Politi~ue d'investissement dans le secteur agricole •• 6

D. L'intervention sectorielle de la Ban~ue ••••••••••••• 7

II. STATUT ET POTENTIEL DE LA PRODUCTION AGRICOLE ........... 10

A. La crise de la production agricole •••••••••••••••••• 10

B. Analyse de la production agricole ••••••••••••••••••• 11

C. Conse~uence sur la balance des paiements •••••••••••• 16

D. Avantage comparatif de la GUinee pour le riz et le

cafe •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 20

E. Recommandations ••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 22

III. COMMERCIALISATION ET TARIFICATION DES PRODUITS AGRICOLES 23

A. Le systeme publ~c de commercialisation avant avril

1981 23

B. Reformes recentes ••••••••••••••••••••••••••••••••••• 24

C. Evaluation de la performance du systeme public de ••••

Commercia1isation ••••••••••••••••••••••••••••••••• 26

D. Raisons de l'echec du systeme public de ••••••••••••••

Commercialisation ••••••••••••••••••••••••••••••••• 28

E. L'impact de la liberalisation ••••••••••••••••••••••• 30

F. Recommandations ••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 31

IV. ORGANISATION DE LA PRODUCTION ET TECHNIQUE

D'EXPLOITATION AGRICOLE ••••••••••••••••••••••••••••••••• 36

A. Strategie de developpement rural du Gouvernement

depuis l'independance ••••••••••••••••••••••••••••• 36

B. La ferme agro-pastorale d'arrondissement (FAPA) 38

C. Recommendations ••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 46

(iv)

V. PLANIFICATION AGRICOLE ET SERVICES D'APPUI ............. . 51 A. Planification agricole •••••••••••••••••••••••••••••• 51 B. Services d'appu1 du secteur agricole •••••••••• : ••••• 56 C. Recommandat1ons ••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 61

APPENDICES ....................................................... 68 ANNEXE •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

1

(vi

Liste des Tableaux du Texte

Nos. Pages

Superficie, production et rendement des cultures principales (1954-56, 1975 et 1981) •••••••••••••••• 13

Volume annuel des exportations officielles de produits agricoles (1955-58 et 1960-80) ••••••••••••••••••••• 15

Valeur annuelle des exportations de produits agricles et des importations de produits alimentaires (1956-58 et 1975-81) ••••••••••••••••••••••••••••••• 17

Volume annuel des importations de riz et de farine de bl~ (1950 et 1960-82) ••••••••••••••••••••••••••• 18

2.5 Coefficients du CRN pour Ie riz et Ie cafe sous diverses techniques de production et a divers taux de change ,·du syli ..••••.•••.••....••••..••.••..•••• 21

Liste des produits prioritaires •••••••••••••••••••••• 25

Achats de produits agricoles par l'Etat •••••••••••••• 27

3.3 Couts de production estimatifs par produit et de methode de production compares avec les prix officiels et priv~s (1981-82) ••••••••••••••••••••• 29

Compte d'exploitation d'une FAPA moyenne ••••••••••••• 43

Couts de production et rendements de la culture du riz dans differentes regions agro-ecologiques et selon diff~rents techniques ••••••••••••••••••••• 50

5.1 Organigramme des principaux ministeres et institutions associes a la planification du secteur agricole ••••• 53

5.2 Mombre ae ctiplomes des ecoles agro-zootechniques et effectif' du personnel employe dans les serviceszootechniques....................................... 62

Besoins en main d'oeuvre agro-zootechnique en 2000, par niveau ae forlliatioD et par specibli

l'au •••••••• 67

(Vi)

Liste des Annexes

Nos.

1.1 Demographie (1977) et nombre de familIes d'exploitants par region

1.2 Organisation politique et administrative de la republique de Guinee

1.3 Allocations budgetaires - Ministeres de l'Agriculture, des FAPA et cooperatives, de l'Elevage et de la peche (1981 et 1982)

1.4 Personnel agricole dans Ie secteur public par niveau de

formation et sous-secteur d'emploi (juin 1982)

2.1 Superficies cultivees, par recolte et par region administrative (1974-1975)

2.2 Resume de la balance des paiements (1975/76-1981)

2.3 Recettes en devises (1976-1981)

2.4 Exportations de produits agricoles et importations de

produits alimentaires avant l'independance

'~, --. r--i}r 2.5 Derivation des subventions financieres pour importations

de produits alimentaires

3.1 Systeme public de commercialisation

3.2 Prix officiels selectionnes (1958, 1963, 1968, 1974, 1976-81)

3.3 Ajustement des prix au producteur pour les recoltes

d'exportation (septembre 1981)

4.1 Superficie moyenne cultivee, rendements et consommation

d'intrants

Elaboration du quatrieme Plan quinquennal (1980)5.1

Organigramme du Ministere de l'Agriculture des Eaux et Forets5.2

5.3 Organisation des servic~~ agricoles au niveau national et niveau local

(vii)

Liste des Cartes

No

17023 Relief routes et divisions administratives

17025 Zones agro-ecologiques et localisation des projets assistes par la Banque mondiale

14289 R ?luviometrie

•

(viii)

. GUINEE

. ETUDE DU SECTEUR AGRICOLE

Liste des documents de reference rediges par des membres de la mission

I. BASE DE RESSOURCES ET POTENTIEL DE PRODUCTION AGRICOLE

1. Le secteur rural: situation et potentiel actuels (Rapport principal et tableaux), E. Pagacz

2. Palmier a huile, cocotier et hevea, D. Meadows

3. Le sous-secteur de l'elevage, N. Nissen

4. Rapport sur certains problemes de foresterie en Guinee, A. Lafond.

II. COMMERCIALISATION ET TARIFICATION AGRICOLES

5. Rapport d'analyse du marche, M. Roytenberg.

6. Guinee: les importations alimentaires et les exportations de cafe, J. Meerman.

III. MODES ET TECHNIQUES DE PRODUCTION

7. Les modes de production collectifs, A. Peeters.

IV. CONTEXTE INSTITUTIONNEL, PLANIFICATION ET SERVICES DE SOUTIEN

8. Contexte institutionnel, J-P. Le Bouder

9. Planification agricole en Guinee, T. Zalla

10. Statistiques agricoles, T. Zalla

11. Recherche agronomique, D. Meadows

12. Approvisionnement en intrants agricoles, M. Jaudoin

13. Credit agricole, M. Jaudoin

14. Education et formation agricoles (Rapport de l'UNESCO EFM121), A. Magnen.

(ix)

v. AGRO-INDUSTRIES

15. problemes et perspectives des agro-industries, K. di Tullio.

Autres etudes de reference

AIRD, Etudes des Prix et Incitations aux Producteurs Ruraux, fevrier 1983, J. Stryker, H. Tuluy, B. Decaluwe et A. Sisson.

FAO/PC, Le Secteur Rural en Guinee, juillet 1982, A. Kawalec.

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(X)

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(xi)

AVANT-PROPOS

La seule analyse complete de l'agriculture guineenne faite par la BanquH Mondiale avant ce rapport etait une etude realisee par un consultant en 1974 (lui est restee un document interne. Depuis lors, Ie travail sectoriel s'est poursuivi principalement par la mise en oeuvre des trois projets : Daboya (Ananas) (1976), Developpement du riz (1980), et Developpement de l'ele"rage (1981). L'etude du prob19me des incitations a la production (AIRD, 1983), dans Ie cadre du projet de developpement du riz, a contribue a renforcer Ie dialogue amorce avec Ie Gouvernement sur sa politique secto~ielle. Les connaissances que la Banque avait de ce secteur demeuraient toutel'ois fragmentaires. Bien que les opinions de la Banque aient ete claires quant aux principaux problemes (e.g. production par les petits exploitants et commercialisation des produits par Ie secteur prive), il restait ales artic·ller dans une strategie d'ensemble du developpement du secteur. Compte tenu Ie cette situation et du dialogue encourageant avec Ie Gouvernement lors de la discussion de l'''Etude sur les incitations a la production" (mai 1982), il a 3te decide d'entreprendre une etude sectorielle complete pour analyser les p~eblemes et formuler des recommandations au niveau strategique.

Le present rapport est Ie resultat des efforts conjoints d'une grande equip~ qui s'est rendue en Guinee en novembre-decembre 1982. L'equipe etait composee de representants de plusieurs autres institutions: ACDI (Canada), AGCD~Belgique), CCCE (France), FIDA, Unesco et USAID. En Guinee, Ie principal point de contact a ete Ie Ministere de l'Agriculture. D'autres institutions ont egalement apporte leur assistance par l'intermediaire d'un groupe de travail interministeriel qui comprenait des representants des minis teres des FAPA et des cooperatives, de l'Elevage et de la Peche, de l'Education superieure et de la recherche scientifique, et de l'Industrie, ainsi que des representants de la Direction generale du Plan et de la statii3tique. La mission a entretenu des contacts etroits avec les bureaux permanents du PNUD et de la FAO; cette derniere a contribue au soutien logistiqt;e.

Le rapport examine l'evolution de la situation et les politiques generales adoptees a ce jour dans Ie secteur agricole. Le texte en a ete examine avec les autorites guineennes en decembre 1983 et tient compte des resultats de ces echanges de vues. Les principales conclusions et recommandations n'ont pas change mais certains problemes trouveront peut etre maintenant une solution plus rapide, notamment en ce qui concerne la liberalisation des eChanges et la levee des contraintes qui entravent les petits exploitants prives ruraux, a la suite du changement de gouvernement en avril 1984. Le nouveau gouvernement a manifeste de l'interet pour les reformesque suggere Ie present rapport ainsi que son appui general pour les mesures de liberalisation proposees.

(xii)

La mission etait composoe de T. Nkodo (chef d~ mission), J-C. Balcet (coordinateur de la mission et redacteur du rapport principal), K. Di Tullio (WAPIDF), M. Jaudoin (CCCE), A. Lafond (consultant de l'ACDI), J-P Le Bouder (WA2C), A. Magnen (UNESCO), D. Meadows (WAPA2), J. Meerman (WANVP), E. Pagacz (WAPA2), A. Peeters (consultant de l'AGCD), M. Roytenberg (consultant de l'ACDI), E. Scanteie (WA2C) et T. Zalla (consultant de l'USAID). Elle a aussi beneficie de la presence sur Ie terrain de N. Nissen (WAPA2) et K. Oblitas (WAFA5).

Bien que la contribution des autres institutions ait ete importante, la Banque Mondiale a l'entiere responsabilite des points de vues exposes dans Ie present rapport.

(xiii)

GUINEE

ETUDE DU SECTEUR AGRICOLE

RESUME ET RECOMMANDATIONS

La crj~se du secteur agricole

1. La Guinee a un vaste potentiel agricole. L'abondance de ses reSSO:lrces en eau et sa diversite topographique et pedologique devraient lui perme~tre de cultiver une grande variete de produits agricoles pour la trans:>ormation et la consommation locales, ainsi que pour l'exportation. Les analY3es historiques et les comparaisons avec les pays voisins indiquent que la GuLnee peut satisfaire l'ensemble de ses besoins en riz et autres cultures vivri~res et egalement produire plus de cafe, de coton, de palmistes, de copra.l, d'ananas et de betail - pour ne citer que quelques exemples - pour la transformation locale et l'exportation.

2. Ce potentiel reste toutefois inexploite, car la production agricole stest deterioree au cours des vingt-cinq dernieres annees. Durant cette periole, la valeur de la production du secteur rural, en termes reels, a augme2te moins fortement que la population. C'est le sous-secteur des cultures de rente qui a ete le plus affecte: les exportations de bananes ont chute de pres de 100.000 tonnes en 1955 a des montants aujourd'hui negligeables; les exportations officielles de cafe ont decline de plus de 80% depui3 1960; et les exportations d'ananas sont a environ un dizieme de leur apogee de 1971/72. Les produits agricoles de base qui representaient la majeure partie des exportations guineennes en 1955 ne constituent aujourd'hui que 3' de la valeur totale des exportations. D'autre part, la production de cultures vivrieres n'a pas augmente au meme rythme que la population, ce qui fait lue la Guinee qui etait un exportateur net de produits agricoles est devenlle aujourd'hui un importateur net de produits alimentaires. Les importations de riz, qui etaient de 7.000 tonnes en 1958, ont atteint 83.000 tonne::! en 1982, les importations alimentaires totales representant 2.9% du montant des importations generales.

3. Le declin des exportations agricoles et la croissance des importations alimentaires sont particulierement preoccupants par suite du deficit continuel de la balance des paiements guineenne, lequel a ete en moyenne de 93 millions de dollars entre 1976 et 1981. Durant cette periode, le mcntant des importations alimentaires a depasse celui des exportations agricoles de 35 millions de dollars, soit quelque 38% du deficit total de la balance des paiements.

4. Des evenements exterieurs ont joue un role important dans la crise du secteur agricole. La liste des elements defavorables ne relevant pas du contrale direct du Gouvernement est longue. Elle comprend Ie depart soudain des planteurs expatries et des techniciens a l'independance, les deux chocs petrcliers de 1973-74 et de 1979 et, fait plus important, des facteurs

(xiv)

techniques tels que la secheresse, les maladies et l'erosion des sols. Les' secheresses successives des annees 1970 se sont par exemple traduites par un faible rendement des cultures pluviales et une inondation insuffisante du riz de plaine. Par suite de la propagation de la tracheomycose, Ie nombre de cafeiers en production s'est trouve reduit de 70 millions en 1958 a 40-50 millions en 1964. Au debut des annees 1960 les bananes ont aussi souffert d'attaques de maladies et de parasites. Enfin, Ie beboisement et les feux de brousse se sont traduits par de serieux problemes d'erosion dans certaines parties du Fouta Djalon, des savanes de la Haute Guinee et de la Region forestiere.

5. Cependant, il est evident que les facteurs exterieurs ont aggrave une crise qui puise largement son origine dans des politiques interieures qui sont souvent inconsequentes et inappropriees. Nombre des problemes de l'agriculture guineenne sont profonds. lIs decoulent de nombreuses annees d'insuffisances institutionnelles et de politiques qui n'ont souvent pas pris en compte les incitations a la production et les criteres d'efficacite; egalement de l'incapacite du Gouvernement a ce jour a analyser les facteurs de developpement au niveau de l'exploitations individuelle et de reconnaitre Ie role crucial joue par Ie sous-secteur de la petite exploitation paysanne.

6. D'importantes res sources d'investissement public ont ete continuellement affectees a l'agriculture collective et a la mecanisation activites qui sont incompatibles avec l'organisation socio-economique et les ressources de la Guinee rurale. Le dirigisme economique, l'inefficacite du systeme de bareme de prix officiel et la surevaluation du syli ont cree des distorsions au plan des incitations agricoles. Le manque d'institutions adeq~ates et de cadres qualifies, capables de concevoir et de mettre en oeuvre des'olitiques de developpement rural appropriees, a prive Ie secteur de la petite exploitation d'importants services d'appui. Alors que les normes d'enseignement restaient faib1es, i1 y a eu peu d'adequat1on des object1fs d'education, trop ambitieux, avec les besoins reels en main d'oeuvre. Ceci s'est traduit par des surplus d'effectifs et des doubles emplois dans les services gouvernementaux, et par une charge financiere croissante pour l'Etat qui devait entretenir un personnel essentiellement improductif. Les facteurs ci-dessus, tous du ressort du Gouvernement, ont contribue a empecher Ie secteur agricole guineen de realiser son plein potentiel.

Les couts de l'inaction et la necessite d'un changement

7. Les couts associes a la deterioration de l'agriculture sont immenses. Pour ne considerer que Ie revenu perdu par suite de la faiblesse des exportations agricoles et de la subvention du riz, Ie cout en termes de devises est de 125 millions de dollars par an (environ 60% ~es revenus nets en devises, soit 8,3% du PIB). En parallele, les consequences budgetaires d'un soutien continu des Fermes agro-pastorales d'arrondissement (FAPA) couteraient 700 millions de sylis par an (8,4% des ressources budgetaires, ou 2,3% du PIB) et la poursuite de la politique actuelle de formation et d'emploi d'un nombre excessif de diplomes entrainerait des depenses supplementaires de l'ordre de 965 millions de sylis par an (11,2% des recettes budgetaire[. boit 3,2% du PIB).

(xv)

8. Un autre element inquietant est que cette situation restreint la capacite du Gouvernement a mobiliser des ressources exterieures - tant par l'assistance de donateurs que par l'investissement commercial - car de nombreuses conditions prealables a la mise en place adequate de projets dans Ie secteur agricole ne sont pas encore reunies. 11 existe un manque de services d'appui de base, de main-d'oeuvre qualifiee et d'intrants agricoles; les c:)mmunications sont difficiles et les procedures administratives burea~cratiques sont lourdes; et les profits ne peuvent etre rapatries a l'etranger. En fait, des distorsions macro-economiques majeures et la carence de structures operationnelles entravent tous les projets, sauf les projetenclaves produisant pour l'exportation et en fait isoles de l'economie interieure.

9. Bien que les mesures gouvernementales recentes, notamment dans Ie domairre de la liberalisation du commerce, soient prometteuses, il n'est pas evident que le Gouvernement reconnait l'ampleur des problemes de l'agriculture et le besoin d'etablir des prioritesj Ie Gouvernement n'a notamment pas evalue de fa90n assez approfondie Ie lien entre ces problemes de strategie de developpement global - dans Ie contexte de ses objectifs de socialisme et d'autosuffisance - et les moyens qu'il a employes a cette fin. En conseluence. il ne reconnait pas encore le role clef des facteurs economiques et institutionnels affectant le secteur, qui doivent etre traites en conjonction avec la repartition des ressources.

10. Une raison fondamentale de la mediocre performance du secteur agricole gUineen a ete l'accent continuel du Gouvernement sur les modes de prod~ction collectifs - notamment les plus recents, les FAPA - en tant que vecte~r de la promotion du developpement agricole. Les sombres resultats de cette po:itique sont visibles. La superficie cultivee par les FAPA est restee extrernement faible (0,3 hectare par membre) par rapport a leurs inve~tissements en equipement motorise (37.500 dollars par FAPA), et les rendernents n'ont ete que de la moitie ou du tiers de ceux des petits explcitants. causant de vastes deficits d'exploitation (70.000 dollars par FAPA). Qui plus est, le manque d'interet et de motivation du personnel des FAPA a conduit a l'absenteisme,a la faible performance de travail et, fait plus important, a une perte de credibilite des FAPA aupres des agriculteurs. Ceci a contribue a empecher les FAPA d'entreprendre soit la vulgarisation agricole, soit la recherche appliquee, deux des taches principales qui leur ont eta assignees dans leur role de centres ruraux de modernisation.

11. La reprise de 1 'agriculture , essentielle a la reprise generale de l'eccnomie, necessitera l'adoption d'une strategie agricole qui differe considerablement de celle poursuivie a ce jour. Les institutions et les politiques devront etre modifiees et renforcees sur la base de leur capacite a fournir les services et les incitations necessaires aux petits exploitants guineens, et les ressources qui sont rares devront etre dirigees en priorite vera des modes et techniqu~s de production relativement plus efficaces.

12. La reprise du secteur agricole repose sur la petite exploitation paysanne. En Guinee comme dans la plupart des regions de l'Afrique tropicale, la

(xvi)

majeure partie de la production - tant de cultures vivrieres que de cultures de rente - est fournie par ce type d'exploitation. Dans Ie contexte de la GUinee, les autres modes de production n'ont pas eu l'occasion de se developper ni de prouver leur viabilite: il n'existe pratiquement pas de grandes plantations commerciales (sauf les quelques domaines de projets agroindustriels qui ont rarement connu de succes), ni de gros exploitants, et la performance des fermes collectives a ete bien inferieure aux attentes. Dans sa mise en oeuvre du developpement agricole, le Gouvernement ne peut donc plus se permettre de continuer a ignorer Ie secteur de la petite exploitation; il devrait changer sa politique d'indifference en faveur d'une politique de soutien actif a ce secteur.

La strategie de developpement agricole proposee

13. Le present rapport preconise une strategie orientee sur le petit exploitant qui viserait, a court terme, a restaurer les incitations a la production et, a moyen terme, a accroitre la productivite de la petite exploitation paysanne. Le potentiel naturel important de la Guinee d'accroitre sa production agricole est incontestable. Si les incitations a la production etaient restaurees, une reponse rapide pourrait etre escomptee pour les cultures d'exportation telles que le cafe et pour les cultures vivrieres commercialisables telles que Ie riz, meme aux niveaux technologiques actuels. Toutefois, les deux decennies perdues dans le developpement de la technologie agricole, de l'infrastructure physique et d'institutions adequates posent de serieux problemes. De meme, la perte de confiance du milieu rural resultant en grande partie du systeme de collectivisation, de la mobilisation forcee de la production et du decouragement de la commercialisation privee a ete considerable. En consequence, tout programme de reprise a court terme base sur les moyens techniques"..la main-d'oeuvre nationale et les institutions existants serait inevitabt~ment insuff1sant et pourrait s'averer ephemere. 11 devrait etre accompagne d'un programme a long terme centre sur la recherche appliquee, Ie transfert de technologie, la formation des hommes et la creation d'institutions. La mise en oeuvre de ce programme serait longue et une croissance soutenue de la production ne peut etre obtenue qu'a long terme et dans un environnement stable et plus propice a engendrer le developpement de l'agriculture.

14. Dans Ie cadre de la strategie proposee, la prem~ere des priorites est d'ameliorer les incitations economiques a la production. Le but serait de creer un environnement competitif, libere des monopoles d'Etat, qui permettrait aux forces du marche d'assurer l'allocation des ressources. La strategie proposee porte sur la creation d'un environnement de "pluralisllie commercial" et de "prix indicatifs", dans lequel les agriculteurs commercialiseraient librement leur production - soit par l'intermediaire des agences publiques en place, soit par celle de commercants prives autorises a operer librement en parallele aux agences publiques - et ou les prix seraient de plus en plus fixes par Ie jeu des forces du marche. Ce serait la une phase transitoire vers une liberalisation complete des activites commerciales. 15. Simultanement a l'application des autres reformes macro-economiques requises, indiquees dans Ie Memorandum economique de la Banque Mondiale, une attention immediate doit etre portee au developpement d'une capacite de

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planification sectorielle adequate. Cet effort devrait viser Ie renforcement de la capacite administrative et technique du Ministere de l'agriculture. Son Bureau d'etudes devrait se voir attribuer la responsabilite et les moyens d'entreprendre la planification sectorielle globale et une Direction des statistiques agricoles devrait etre creee pour organiser la collecte des donnees et dresser l'inventaire des ressources. Une meilleure capacite de planification sectorielle permettrait au Gouvernement de mieux programmer la strategie de developpement agricole preconisee et de mobiliser et coordonner l'assistance exterieure qu'elle requiert.

16. A moyen terme, l'objectif serait d'etablir un programme de recherche, de vulgarisation agricole et de distribution des intrants oriente sur les petits exploitants. La mise en oeuvre de ce programme se ferait graduellement: les ressources, qui sont rares, seraient d'abord consacrees aux quelques regions et projets dont Ie potentiel est Ie plus grand et aux deux cultures-cibles, riz et cafe, pour lesquelles la Guinee possede un avantage comparatif prouve; ulterieurement, Ie programme couvrirait d'autres cultures et serait elargi a l'ensemble du pays. La disponibilite en main-d'oeuvre qualifiee constituant un element essentiel, la formation ou Ie recyclage serait une composante importante du programme et devrait donc recevoir une haute priorite. De meme, la recherche appliquee necessaire a la mise au point des themes techniques destines aux petits exploitants mais dont les resultats, ne scnt acquis qu'avec un decalage de temps, recevrait aussi une attention immediate.

17. Pour atteindre ces objectifs, les ressources gouvernementales devraient faire l'objet d'une reallocation visant a eliminer l'assistance aux FAPA et la subvention des importations alimentaires en faveur du programme propcse. Les sombres resultats obtenus par les Brigades de production et les FAPA refletent aussi la necessite d'abandonner la motorisation et de se concentrer a la place sur une technologie adaptee aux realites gUineennes. Comp1e tenu de cette strategie axee sur les petits exploitants, nous avons reexsmine la liste des projets agricoles envisages soumise a la Table ronde du PNUD et formule nos observations a ce sujet a l'Appendice II du present rappcrt.

Recommandations detaillees

18 Accent sur les petits exploitants et la technologie appropriee. Vu les resultats d~cevants des modes de production collectifs en Guin~e et l'experience d'autres pays africains, il y a lieu de penser que la Guinee pourrait atte1ndre un bien plus haut niveau de developpement pour son secteur agricole en adoptant une strategie fondee sur la promotion de la petite exploitation paysanne. Au cours des deux dernieres decennies, les petits exploitants guineens ont ete negliges et ont reagi au manque d'incitations en retournant a une economie de subsistance. Les faits indiquent toutefois que la ou il existe de fortes incitations economiques, a savoir dans les regions frontalieres ou les marches sont moins controles et mieux approvisionnes, les agriculteurs guineens repondent positivement par une production et un commerce

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plus actifs. Donc, si les incitations etaient restaurees et une technologie appropriee etait rendue disponible, le petit exploitant produirait de plus en plus pour le marche, generant ainsi des devises supplementaires pour le pays et contribuant a l'objectif national d'auto-suffisance alimentaire.

19. Au-dela des dispositions institutionnelles, les lecons tirees de la motorisation devraient egalement etre dument considerees. L'experience des FAPA et, auparavant, des Brigades de production, indique que la motorisation est pour l'instant incompatible avec les ressources de la Guinee. Elle ne devrait donc avoir aucune place dans la phase initiale d'une strategie orientee sur le petit exploitant. Pour le moment, elle devrait etre abandonnee en faveur de moyens plus compatibles avec les ressources locales, dont des intrants ameliores (engrais et semences), de meilleures pratiques d'elevage, des techniques de controle de l'eau et d'irrigation simples, et la traction animale la ou elle est applicable.

20. Restauration des incitations a la production. Pour que le secteur agricole reprenne sa croissance, engendre des excedents et, finalement, serve de vecteur de croissance a l'ensemble de l'economie, la premiere etape est de restaurer les incitations de la production. Dans ce but, le rapport recommande de s'appuyer sur le marche prive en poursuivant la liberalisation du commerce.

21. Le pluralisme institutionnel dans le domaine commercial est necessaire a la fois pour accroitre les options ouvertes aux producteurs et pour reduire l'hemorragie financiere causae par le systeme public. Le monopole de la commercialisation - mame par le secteur public - n'a pas offert au producteur guineen d'incitations suffisantes. Permettre au commerce prive d'operer librement en parallele au systeme pub11-c pour l'ensemble des activites commerciales fournirait une option souple aux agriculteurs et, par le jeu de la concurrence, ameliorerait aussi l'efficacite des agences publiques. Ceci necessite en particulier que les barrieres administrtives au mouvement interregional des marchandises soient levees (les barrages routiers et les licences, par exemple) et que l'existence des prix du marche prive soit reconnue.

22. Un programme elargi de liberalisation devrait comprendre au m~n~mum la levee officielle du controle sur l'ensemble des marchandises prioritaires et une reduction de la gamme des prix imposes. A titre de mesure temporaire, les baremes de prix officiels devraient etre ajustes en fonction des couts de production et/ou des prix frontaliers et du cout d'opportunite des devises, la Oll:

des produits de base destines a l'exportation (ex: le cafe) ou susceptibles de se substituer aux importations (ex: le riz local) sont concernes;

il n'existe pas d'autres debouches pour l'ecoulement de la production que le circuit public de distribution (ex: le coton);

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les agro-industries doivent etre approvisionnees (ex: les ananas, les citrons);

des achats forces par les agences publiques existent encore (ex: viande et betail par Ie biais des ENCOBE et de l'OBETAIL); et

un element indesirable de subvention entre en jeu (ex: Ie riz importe) •

Ceci )uvrirait la voie a l'etabliseement eventuel, la ou il se jsutifie, de prixninimum garantis qui protegeraient les producteurs c~ntre les fluctlations desavantageuses des prix.

23. Les ajustements ci-dessus auraient sur les finances publiques des effeta a la fois positifs et negatifs qu'il est difficile de predire. Toute~ois, comme les transactions emprunteraient de plus en plus Ie canal du marcha prive, l'impact negatif serait attenue. La seule exception porte sur l'ajustement du prix officiel a la consommation du riz; toutefois, ses ressources etant limitees, Ie Gouvernement aurait a prendre la penible decision de reduire les transferts de revenus vers les salaries et les conso~ateurs urbains, qui sont politiquement importants. La seule preoccupation du Gouvernement serait donc de trouver des moyens de prelever une partie des benefices provenant du volume accru des transactions sur Ie marche prive et de les allouer aux activites de promotion de la petite exploitation agricole.

24. Planification du secteur agricole. Pour determiner la repartition des ressources la plus favorable pour 1 'agriculture, il conviendrait de developper une capacite de planification sectorielle solide et efficace. A cette fin, Ie rapport recommande de renforcer Ie Ministere de l'Agriculture car, des trois ministeres agricoles, c,est celui qui peut Ie mieux influencer Ie de'/eloppement des projets au niveau de base de la production. Cela n'implique pas une reduction du role de la Direction generale du plan et de la statistique, qui concentrerait alors ses efforts sur la planification natio~ale et les liaisons intersectorielles. Cela suppose toutefois de revoir et de limiter eventuellement .le role du Ministere des FAPA et des cooperatives, qui devrait normalement revenir a son statut de direction des cooperatives agricoles au sein du Ministere de l'Agriculture quand toutes les FAPA seront devenuesautonomes.

25. Apres s'etre penche sur les consequences de sa politique actuelle et decide a lancer un nouveau programme, Ie Gouvernement aurait a elaborer de manieredetaillee Ie programme de developpement agricole qu'il propose et a suivre les effets du changement de sa politique. Ceci necessiterait au sein du Ministere de l'Agriculture, une capacite a organiser la collecte des donnees, a dresser l'inventaire des ressources, et a suivre et evaluer les projets. Cette responsabilite incomberait a une Direction des statistiques agricoles (a creer) concurremment avec Ie Bureau d'etudes actuel dont Ie rOle serait elargi aux activites de planification.

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26. Le ministere da l'Agriculture est mal equipe - il doit etre restructure car son personnel manque d'une structure d'incitation appropriee de procedures et de code de travail bien etablis. Bien qu'il existe un besoin net d'assistance technique, il conviendrait d'abord que Ie Gouvernement fasse etat de la maniere d~nt la structure organisationnelle du MDA pourrait etre modifiee pour eviter les doubles emplois et les chevauchements inutiles de responsabilites avec d'autres ministeres. Avant d'elaborer les details de l'assistance necessaire, Ie Gouvernement devrait aussi commencer a mettre en place une strategie agricole qui comprendrait necessairement des mesures pour restaurer les incitations a la production.

27. Formation et services d'appui. L'obstacle essentiel auquel se heurte une strategie orientee sur Ie petit exploitant s'accompagnant d'un programme de renforcement des services d'appui a l'agriculture paysanne est Ie manque de main-d'oeuvre qualifiee. Cela peut sembler paradoxa1 dans Ie contexte des efforts considerables deployes jusqu'a ce jour par Ie Gouvernement pour promouvoir l'education. En effet, la Guinee dispose, grace a ces efforts, d'un vaste effectif de cadres et de techniciens specialises dans les questions agricoles et zootechniques; toutefois, leur formation est insuffisante et ils ont ete en grande partie absorbes par les FAPA; en outre, Ie ratio cadres/techniciens est inadequat (environ 1:1).

28. La recherche appliquee, qui est un autre facteur critique, a ete completement negligee pendant vingt-cinq ans, a l'exception de quelques efforts recents et limites deployes par l'ONADER dans Ie cadre de certains accords bilateraux (ex: Ie centre rizicole de Yativa avec la Republique populaire de Chine). D'autres organismes s'interessent a la recherche, mais l'absence de materiel, d'infrastructure et de budgets de fonctionneme~t appropries et, fait plus important, de personnel qualifie et de programmation adequate, a contribue a la carence en resultats satisfaisants.

29. Les services de vulgarisation agricole, la distribution des intrants et Ie credit sont aussi des composantes essentielles a tout programme de promotion de la petite exploitation paysanne. Dans Ie cadre de la strategie proposee, ces services seraient progressivement renforces. Ceci interviendrait en premier lieu au sein de projets specifiques. Ces projets seraient executes selon les principes eprouves de l'operation ONADER70RG a Gueckedou, ou tous les services d'appui ont ete crees d'une maniere integree. Au fur et a mesure qu'une main-d'oeuvre qualifiee supplementaire deviendrait disponible - liberee des FAPA et recyclee, ou sortant du systeme d'enseignement restructure - des regions selectionnees pourraient etre graduellement dotees de personnel, l'objectif a long terme etant d'atteindre Ie ratio d'un agent par PRL, ou un ratio agent de vulgarisation agricole/agriculteurs d'qnviron 1 :400.

30. La distribution des intrants devrait progresser de la meme fa90n, car la demande en intrants (notamment engrais) augmenterait rapidement. Sous reserve que Ie probleme de determina~ion des prix soit resolu, Ie Gouvernement pourrait envisager de lancer des projets, pour faciliter la distribution, par

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exemple la mise en sac des engrais. Enfin, pour promouvoir une utilisation accrue des intrants ameliores, une expansion selective du credit agricole aux exploitants serait aussi a considerer. 31. Dans Ie domaine de la formation et de la recherche, ou une action immediate est necessaire pou~ assurer l'accroissement futur de la productivite de la petite exploitation paysanne, Ie rapport recommande:

(i) en ce qui concerne la formation:

de reduire considerablement Ie nombre total d'etudiants dans les instituts d'agronomie en limitant les p~omotions annuelles a 70 ingenieurs (venant d'un seul institut) et 500 techniciens (venant de 7 instituts, un par CGR);

de dissocier Ie programme d'etudes des techniciens de celui des ingenieu~s et d'incorporer systematiquement certains cours essentiels tels que la sociologie rurale et les statistiques agricoles dans les deux programmes;

de reoriente~ l'exCedent actuel d'ingenieurs vers l'enseignement et vers les dive~ses occupations creees par l'expansion du secteur prive; et

de recycler certains des cadres actuels du MDA et des FAPA afin qu'ils servent dans les services d'appui agricole elargi.

(ii) en ce qui concerne la recherche appliquee:

de former un groupe restreint de chercheurs de haut calibre; et

de lancer un programme limite de recherche appliquee en plusieur endroits des principales regions agro-ecologiques.

Consequences pour l'intervention sectorielle de la Banque

32. La strategie preconisee comporte des prescriptions economiques qui devront etre affinees par des analyses sectorielles supplementaires et dialogue continuel entre Ie Gouvernement et les bailleurs de fonds. Un accueil favorable des principales recommandations du present rapport par Ie Gouvernement permettra a la Banque de se pencher sur certains problemes specifiques et devrait eventuellement deboucher sur la relance d e son programme de prets. Ceci demanderait un travail d'analyse sectorielle supplementaire pour aider Ie Gouvernement a formuler les mesures economiques requises. Cet effort viserait en partie a: (i) preciser les changements economiques requis pour la poursuite de la liberalisation dans les domaines des prix, des transactions commerciales avecl'etranger, des activites finanoieres, des taxes et tous autres elements associes au taux de change du syli; (i1) evaluer les besoins d'amelioration de la capacite de planification sectorielle, notamment dans les domaines de la collecte des donnees, de la formation et de la preparation des projets; (iii) parachever la strategie de

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deve10ppement des services d'appui en faveur des petits exp1oitants; et (iv), a l'appui des analyses dans tous 1es autres domaines, parfaire 1es connaissances en matiere de systemes de production y compris 1es besoins en intrants et leurs couts. La poursuite du dialogue et des analyses dans ces domaines devrait de boucher eventue11ement sur l'identification d'opportunites de prets au niveau du secteur agrico1e - notamment dans 1e domaine de l'assistance technique - qui contribueraient a promouvoir 1es ajustements de po1itique sectorie11e preconisee.

INTRODUCTION

Ce rapport a pour but de: (i) contribuer a l'amelioration de la connaissance du secteur agricole guineen et des options qui s'offrent a son developpementj (ii) ebaucher une strategie agricole qui servirait de base au dialogue de la Banque Mondiale avec le Gouvernement sur sa politique agricole et (iii) identifier les domaines ou des etudes sectorielles supplementaires seraient necessaires pour formuler le detail des reformes sous-tendant la strategie proposee.

Sans oublier le role joua par les facteurs exterieurs dans la crise de l'agriculture guineenne, l'analyse contenue dans ce rapport se concentre sur l'etude des facteurs de politique generale sous le contrale du Gouve~ement qui expliquent la crise du secteur agricole. Elle d~bouche sur l'~laboration d'une strategie - prealable a un ajustement structurel a long terme - visant a enrayer le declin de la production et a creer un envirmnement propice a une utilisation plus efficace des ressouraes. Cette strat~gie accorde une attention particuliere a la petite exploitation paysanne et s'Jriente vers l'amelioration de la structure des incitations de production et l'introduction de techniques appropriees. Les reformes requises ne sont presentees que dans leurs grandes lignes, la formulation des recommandations detaillees ne devant intervenir qu'ulterieurement lors de l'analyse plus approfondie des differents sous-secteurs ou les mesures sont requises.

Ce rapport tente de concilier l'extreme faiblesse des statistiques de base avec la necessite de rassembler les donnees permettant de documenter l'evolution du secteur et de justifier la strategie preconisee. Comme aucune collecte systematique de donnees n'est entreprise en Guinee. ces statistiques sont soit inexistantes (e.g. donnees relatives aux prix du marche, commerce interieur, activites du secteur prive) ou, au mieux, rudimentaires et incoberentes (e.g. production agricole, commerce exterieur, finances publiq,ues). De ce fait, la plupart des donnees contenues dans ce rapport ont ete soit recueillies directement sur le terrain par la mission sectorielle, (e.g. donnees relatives aux FAPA, prix du marche, rendements), soit recoDstituees sur la base d'informations secondaires. Les autres donnees ont ete synthetisees en utilisant des estimations et des approximations pour combler les lacunes d'information. Enfin, la plupart des donnees macroeconcmiques proviennent du dernier Memorandum Economique de 1a Banque Mondia1e (fevrier 1984) dont la base des donnees a ete reunie de maniere analogue. Bien qu'incompletes, ces donnees sont considerees suffisantes pour etayer 1es conclusions atteintes par la mission qui sont dans leurs grandes lignes tres robulOtes.

Ce rapport a cinq chapitres:

Le Chapitre I presente la situation socio-economique du pays, la base de ressources du secteur agricole, la politique d'investissement sectorie;le du Gouvernement et l'intervention de la Banque dans le secteur.

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Le Chapitre II analyse la production agricole en etablissant Ie contraste entre l'etat de crise profonde du secteur et son potentiel de developpement; il tente de definir l'incidence de cette situation sur les finances publiques et la balance des paiements, et identifie les domaines d'avantage comparatif qui pourraient etre exploites pour engendrer Ie redressement.

Le Chapitre III concerne la commercialisation et la tarificationj il examine les causes de la faible performance du systeme public de commercialisation et les changements decoulant des reformes recentes. Pour rehausser les incitations a la production, il recommande de s'appuyer davantage sur Ie secteur prive en poursuivant la politique de liberalisation du commerce.

Le Chapitre IV porte sur Ie contexte institutionnel de production. II examine tout d'abord la strategie gouvernementale de "collectivisation et mecanisation" depuis l'independance, puis Ie produit Ie plus recent de cette strategie, la FAPA (Ferme agropastoral d'arrondissement) et les causes de sa mauvaise performance. II demontre enfin qu'une strategie fondee sur la promotion de la production paysanne et l'introduction de techniques appropriees est la meilleure voie pour exploiter Ie potentiel agricole de la Guinee.

Le Chapitre V concerne la planification agricole et les services d'appui; il identifie les contraintes'de planification qui proviennent principalement de la mauvaise definition et du chevauchement des responsabilites des ministeres agricoles, et de l'inefficacite generale de l'Administration; enfin, il examine les facteurs qui entravent Ie bon fonctionnement des services d'appui. II recommande Ie renforcement de la capacite de planification du Ministere de l'Agriculture et la rehabilitation des services d'appui au secteur agricole.

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I. CONTEXTE SECTORIEL

A. Caracteristiques physiques et socio-economiques du pays

1.01 Situee sur la cote de l'Afrique de l'Ouest, la Guinee couvre 246.000 km.2 (95.000 miles carres). Elle est bordee par la Guinee Bissau au nordouest, Ie Senegal et Ie Mali au nord et au nord-est, la Cote d'Ivoire a l'est, Ie Liberia et la Sierra Leone au sud. La partie occidentale de la Guinee fait face .'i l'Ocean Atlantique Ie long d'un littoral de 300 km.. Sa largeur d'est en OU(~st est de 800 km. et sa longueur du nord au sud de 550 km.. Toutefois, sa forme en croissant et ses lignes de communications sont telles que N'Zerekore, la principale ville de la region forestiere, se trouve a. 1.200 km. par la route de la capitale de la Guinee, Conakry, alors qu'elle n'est qu'a 360 km de la capit.ile du Liberia, Monrovia. Les frontieres guineennes, comme celles de la plupa~t des pays d'Afrique de l'Ouest, sont artificielles et separent des popul'itions de mame origine ethnique. Ce fait, joint a l'accessibilite a. partir d'autres pays, se traduit par une extreme permeabilite de ses frontleres.

1.02 La population totale est estimee a environ 5,6 millions d'habitants. Le PNB par habitant (295 dollars EU) est l'un des plus faibles du monde. Comme dans la plupart des pays d'Afrique, la population guineenne est jeune: 44% des habitants ont moins de 14 ans. La croissance demographique est rapide due a la politique pro-nataliste de l'Etat 1/. La faiblesse de la dens~te moyen~e de Ie population (18 nabitants/km.2)--masque d'importantes disparites regionales (Annexe 1.1). Quelques 18% de la population vivent dans les villes, dont la moiti~ a Conakry. L'esperance de vie est de 44 ans; 10% seulement de la population ont acces a. l'eau potable; 80% de la population adulte sont illettres et seulement un peu plus d'un tiers des enfants sont inscrits a l'ecole primaire lI. 1.03 Depuis l'independance en 1958, Ie Parti democratique de Guinee (PDG), sous 1a direction du President Ahmed Sekou Toure, a domine Ie systeme politico-economique fortement centralise. L'ideologie guineenne a jusqu'ici favorise une transition directe du communalisme rural traditionnel vers un etat socialiste modeme mettant l'accent sur la propriete collective et l'autosuffisance. Pour essayer d'augmenter la productivite de la main-d'oeuvre rurale, Ie Gouverne- ment a encourage la collectivisation et la mecanisation. D'une maniere generale, tout en reconnaissant la necessite d'une croissance econcmique pour relever Ie niveau de vie de sa population, la Guinee a donne la plus haute priorite a l'independance politique et economique et a. la justjce soc1ale. Son systeme de gestion economique est modele sur les systemes

1/ FPRG, Rapport de synthese a. la Conference des bailleurs de fonds, Juin 1983, p. 1 a. 19.

2/ Ces chiffres, comme beaucoup d'autres concernant la Guinee, doivent etre intelpretes avec prudence. Jusqu'a present, les indicateurs demographiques ont ete particulierement sujets a caution. Les resultats du dernier recensement demographique (fevrier 1983), qui sont en cours de recapitulation, devrE.ient permettre de mettre ces chiffres a jour.

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centralises caracteristiques des pays d'Europe de l'est, lesquels s'appuient fortement sur la planification economique physique. Les criteres d'efficacite economique sont donc implicitement relegues a un rang subalterne, ou sont souvent non existants. Le systeme est fonde sur l'offre, en ce sens que les consommateurs doivent s'adapter a la disponibilite de l'approvisionnement, et ne comporte pas de mecanisme solide pour equilibrer l'offre et la demande.

1.04 La seconde Constitution guineenne (14 mai 1982) definit l'organisation politico-administrative de la Guinee comme englobant 7 Commissariats generaux de la revolution (CGR), 33 regions administratives, 320 arrondissements et 2.500 Pouvoirs revolutionnaires locaux (PRL). A l'exception des CGR qui sont des ministeres par delegation, ces entites possedent un corps politique (generalement elu) et un corps administratif (nomme) (Annexe 1.2). Elles forment la structure du Parti-Etat, dans lequel Ie Parti a la suprematie sur l'ensemble des corps administratifs.

B. Base de ressources agricoles

1.05 La Guinee a de bonnes ressources en terres arables (28,5% de son territoire total). La superficie cultivee a l'heure actuelle est estimee a 1,4 million d'hectares environ (5,7% du territoire total), dont 1,2 million d'hectares (85%) sont cultives par des petits exploitants et 0,2 million d'hectares par des exploitations collectives et agro-industrielles.

1.06 En termes de potentiel agricole, la Guinee peut etre divisee en quatre grandes regions agro-ecologiques:

La Guinee maritime ou Basse Guinee couvre 18% de la superficie du pays et comprend une zone coti~re marecageuse derriere laquelle s'etend une plaine s'elevant en douceur vers les contreforts du Fouta Djalon. Les precipitations annuelles varient de 2.000 a 4.000 mm. Le riz de marais, la noix de coco et la noix de cola sont les principaux produits de la zone catiere, tandis que la banane, l'ananas, les agrumes et les legumes sont cultives en abondance dans Ie piemont.

La Moyenne Guinee englobe Ie haut plateau du Fouta Djalon ou l'altitude va de 600 a 1.500 metres et, au nord, les plaines basses des regions de Gaoual et de Koundara. Elle couvre 20% de la superficie du pays. Elle est plus fraiche et plus seche que la Guinee maritime et les precipitations y varient de 1.500 a 2.000 mm. En bien des endroits, les sols ont ete erodes, se sont couverts d'une croute ou bien se sont degrades, et ils ne peuvent etre utilises que pour la culture du fonio qui est la principale denree alimentaire de la region. Le riz, les legumes et diverses cultures vivrieres se rencontrent dans les tapades (jardins vivriers) et dans les bas-fonds hydromorphes, dont les sols plus riches permettent la culture intensive. Le betail de race N'Dama, qui est trypanotolerant, est eleve en grand nombre et constitue la principale ressource de la region. La densite de la population est relativement forte et s'eleve a plus de 40 habitants par km2 dans certaines regions telles que Pita et Labe.

La Haute Guinee, qui couvre 40% de la superficie du pays, est une region accidentee de savane avec des plateaux en terrasse dont

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l'altitude varie de 200 a 400 metres au-dessus du niveau de la mer. Les precipitations y sont faibles allant de 1.300 a 1.700 mm par an. Le riz, Ie manioc et l'arachide y sont principalement cultives en pluvial ou en inondation non controlee sur Ie bord des cours d'eau. Cette region aura un potentiel agricole considerable qui pourrait etre mobilise par Ie 'contrale des inondations et l'irrigation. La densite globale de la population y est faible et la region comprend certaines des zones les moins peuplees de Guinee aux alentours de Siguiri, Mandiana et Kouroussa.

La Region forestiere comprend 22% de la superficie cultivable de la Guinee. Son climat est equatorial, avec des precipitations qui varient de 1.700 mm au nord jusqu'a 3.000 mm au sud. Situee a la pOinte sud-est de la Guinee, elle est relativement isolee du reste du pays. Le relief montagneux, qui culmine a 1.600-1.700 m d'altitude, rend difficiles les communications et Ie transport des produits. Les frontieres avec les pays voisins (Sierra Leone, Liberia et Coted'Ivoire) sont extremement permeables et permettent des courants commerciaux importants, souvent illegaux. La foret tropicale luxuriante, qui couvrait autrefois la plus grande partie de la region, a ete considerablement eclaircie et n'offre maintenant que des possibilites d'exploitation limitees. Le potentiel de la region est excellent pour la plupart des cultures vivrieres, notamment Ie riz, et pour les cultures destinees a l'exportation telles que Ie cafe et les palmistes.

1.07 Des ressources hydrographiques favorables et l'existence de bas-fonds et de marais qui peuvent etre asseches et mis en valeur conferent a la Guinee des possibilites d'irrigation importantes. Les bas-fonds et les plaines alluviales qui peuvent etre mis en valeur a des couts raisonnables couvrent approximativement 3.000 hectares en Guinee maritime, 300.000 hectares en Moyenne Guinee, 125.000 hectares en Haute Guinee et 50.000 hectares dans la Region forestiere. II en est de meme en Guinee maritime Oll l'irrigation et Ie controle de l'eau pourraient etre introduits sur quelque 65.000 hectares de marah:! actuellement couverts de riz de mangrove. A long terme, avec la construction de barrages et de reservoirs importants, ce potentiel pourrait etre f'ortement developpe, puisqu'il est estime que les plaines basses cotieres et Ie bassin duo Niger permettraient de cultiver respectivement 195.000 et 550.COO hectares suppli3mentaires 1.1.

Jj les donnees concernant la Guinee maritime, la Haute Guinee et la Region fore~tiere proviennent des rapports sur Ie Schema Directeur des Ressources en Eau etablis par Coyne et Bellier, et Sir Alexander Gibbs & Partners (juin 1983); les donnees sur la Moyenne Guinee proviennent du rapport principal prep8re pour la Conference des pays donneurs des Nations Unies sur la RPRG (jui! 1983), p. 1.10.

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C. Politique d'investissement dans le secteur agricole

1.08 Le Gouvernement guineen a donne a l'agriculture une forte priorite dans ses Plans de developpement nationaux 1/, bien que sa part de l'investissement effectif destinee a l'agrTculture ait ete relativement faible dans le cadre des deux premiers de ces plans (11% durant le Plan 1960-63 et 7% durant celui de 1964-71). Le Troisieme Plan (1973-78) mettait l'accent sur le developpement rural avec comme priorite l'autosuffisance alimentaire et l'approvisionnement adequat des agro-industries en facteurs de production. Pres de 20% de l'investissement effectivement debourse durant le Plan 1973-78 est alle au secteur rural. Cet effort a ete maintenu en 1979 et 1980. 11 se poursuit dans le cadre du Quatrieme Plan (19~1-85), avec pour priorite supplementaire l'accroissement du volume des exportations agricoles. L'investissement public global ayant beneficie a l'agriculture au cours des dix dernieres annees semble donc avoir ete adequat mais il n'a cependant pas reflete la preponderance manifeste accordee aux petites exploitations.

1.09 La repartition de l'investissement public en matiere de developpement rural depuis le debut des annees 70 a fortement favorise les fermes collectives et la mecanisation. Dans le cadre du Troisieme Plan, plus de 4.300 brigades de production rurales ont ete creees. Les brigades etaient des unites collectives con~ues pour approvisionner les usines de transformation en produits agricoles de rapport et pour produire des cultures vivrieres pour la consommation locale. La moitie environ de ces unites etaient des Brigades mecanisees de production (BMF) qui etaient equipees de tracteurs et autres equipements mecaniques. Le reste etait des Brigades attelees de production (BAP), dont les besoins d'investissement etaient considerablement moindres. En 1975 et 1976 plus de 4.000 tracteurs ont ete achetes a l'etranger pour satisfaire les besoins des brigades, ce qui, jOint aux besoins en pkeces detachees et carburant, a exerce un lourd tribut sur la faible quantite de devises et de fonds d'investissement disponibles.

1.10 Depuis 1979, une grande partie de l'investissement public en milieu rural a permis de creer 370 Fermes agro-pastorales d'arrondissement (FAPA). Ces fermes co11ectives devaient entreprendre des cu1tures et produire du betail a l'aide de techniques modernes. Elles devaient aussi fournir des services de vulgarisation agricole aux petits exploitants et aux brigades 2/. En 1980, l'achat de materiels agricoles livres aux FAPA representait 130,8millions de sylis, sait 42% de l'ensemble des depenses d'investissement liees au developpement rural.

1.11 Cette orientation s'est poursuivie dans le cadre du Plan quinquennal actuel car le programme des FAPA a pris de l'essor. Au total, quelque 25% des investissements du Plan concernent le developpement rural. Sur ce total, un tiers est affecte a plusieurs vastes projets agro-industriels et un cinquieme

1/ La Guinee a eu ~uatre Plans: le Plan triennal 1960-63, le Plan septennal T964~71; le Plan quinquennal 1973-78; et le Plan quinquennal actuel qui couvre 1981-85.

2/ Ces fermes ont re~u la nouvelle denomination de Fermes agricoles C;ommunales (FAC).

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barrages et a des bassins de retention des eaux d'irrigation, sert en fait pour une large part a soutenir Ie programme des FAPA. Les affectations budgetaires annuelles des minis teres ces dernieres annees refletaient, elles aussi. l'accent mis sur les FAPA de mame que les importantes depenses de fonctionnement propres a la forme de developpement agricole que representent les FAPA. En 1981-82, le'Ministere des FAPA et des cooperatives a recu pres de 70~~ du montant global des credit budgetaires alloues au secteur rural, contre 19% pour Ie Ministere de l'Agriculture et 12% pour Ie Ministere de l'Elevage et de la Peche (Annexe 1.3). Les depenses de personnel representaient 99,8% des cr~dits affectes au Ministere des FAPA. En 1982, l'effectif des FAPA representait pres d'une fois et demie l'effectif total du Minis~ere de l'Agriculture et la proportion de cadres de haut niveau y etait aussi bien plus grande (67% contre 12%, Annexe 1.4).

1.12 Bien que l'investissement public dans Ie developpement rural ait ete important, la majeure partie a ete consacree au paiement des salaires dans les ferme~ collectives ou les grandes exploitations agro-industrielles. La rentaoilite de cet investissement est faible - sinon negative - car les resultats obtenus par ces unites de production sont bien inferieurs aux proje~tions. Par contraste, seule une fraction de l'investissement public total, qui releve dans sa quasi-totalite de l'assistance internationale ou bilat5rale, a vise les petites exploitations. C'est notamment Ie cas du projet de de~eloppement du riz, en cours de realisation avec assistance de la Banque, et du projet de brigades de genie rural finance par Ie FED. Ces projets ont deja fes resultats prometteurs; ils demontrent que les agriculteurs guineens reponlent aux incitations a la production. .

1.13 Enfin, pratiquement aucun investissement, interne ou etranger, n'est venu iu secteur prive. Les raisons pour lesquelles Ie secteur agricole n'a pas reussi a attirer l'investissement prive tiennent: (i) au manque d'incitations des agriculteurs a developper la production; (11) au climat d'investissement defav:)rable qui a decourage les investissements etrangers (probleme de rapat~iement des profits a l'etranger, faible rentabilite financiere des operations agricoles, etc.); et (iii) a la difficulte du contexte d'execution des pcojets (e.g., manque de services logistiques, de main-d'oeuvre qualifiee et d'intrants agricoles; communications difficiles; lourdeur des procedures burea;lcratiques, etc.).

D. r'intervention sectorielle de la Banque

1.14 L'intervention de la Banque dans Ie secteur agricole guineen, depuis Ie milieu des annees 70, a consiste en l'execution de trois projets dans les sous-secteurs de l'ananas, du riz et de l'elevage et la poursuite du dialogue sur les aspects critiques au succes de ces projets.

1.15 Le premier projet agricole auquel la Banque a contribue - Ie Projet d'Ananas de Daboya (1976) - consistait en une plantation centrale en regie avec quelques petits producteurs a la peripherie. Elle a ete essentiellement traitee comme une operation enclave. Le secteur de l'ananas a ete choisi par suite de la tradition et du potentiel de la Guinee dans ce domaine, parce qu'il s'agissait d'une culture destinee a l'exportation et parce que Ie projet etait juge comme une premiere etape facilement realisable qui ne necessitait pas de grands changements dans Ie regime des institutions et de l'economie gUineenne. D'un point de vue purement technique, l~ projet a ete satisfaisant

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mais, a son achevement (1981), Ie probleme crucial de la commercialisation par la societe d'Etat FRUITEX restait irresolu. II persiste encore maintenant.

1.16 Deux etudes de consultants ont ete financees dans Ie cadre du projet Daboya pour preparer un projet de developpement de la riziculture et un projet de developpement de l'elevage. Pour ces deux projets, la strategie adoptee a ete differente de celIe concernant Ie projet Daboya. Plutot que de rechercher une operation enclave non reiterable (qui se justifiait pour Ie premier projet compte tenu des circonstances difficiles du debut et du milieu des annees 70), il a ete decide d'identifier et de suivre des mesures techniques simples et eprouvees pour accroitre la productivite des petits exploitants, tout en essayant, en parallele, de resoudre directement les problemes institutionnels et economiques s'y rapportant. Le plus important de ces problemes portait sur les incitations a la production qui ont ete examinees lors d'une etude conduite par des consultants et financee dans Ie cadre du projet riz 1/. Cette etude a servi de base a l'evaluation de la production agricole E;t des systemes de commercialisation dans Ie contexte d'une politique monetaire et fiscale et d'une strategie d'investissement appropriees. Le marche prive s'etant developpe dans Ie cadre de la liberalisation du commerce, l'objectif specifique de cette etude qui visait Ie systeme public de commercialisation et les baremes officiels de prix n'est plus approprie. Neanmoins, elle a permis de renforcer Ie dialogue economique de la Banque avec Ie Gouvernement.

1.17 Dans Ie cadre du projet de developpement de la riziculture (1980), une operation-pilote dans la region forestiere dont Ie climat est favorable a la culture du riz, vise a amener les agriculteurs a utiliser des semences ameliorees, des engrais et de meilleures pratiques culturales pour Ie riz pluvial et de fas-fonds (sur la base de moyens techniques eprouves dans les pays voisins du Liberia et de la Sierra Leone); elle explore aussi des techniques de controle de l'eau peu couteuses. Le projet comporte en outre un programme national de recherche sur Ie riz dans trois stations situees dans les principales regions ecologiques de la GUinee, et une unite de developpement (l'ONADER) au sein du MDA pour accroitre sa capacite de planification, de coordination et de controle du developpement. En depit du contexte economique et institutionnel difficile, l'execution du projet se poursuit de maniere satisfaisante et une seconde phase est en cours de preparation.

1.18 Le projet de developpement de l'elevage (1981) portait principalement sur les soins veterinaires bien qu'il ait egalement compris de la formation et de l'infrastructure de developpement. Ses principales composantes, qui visaient les familIes d'eleveurs (30% de la population rurale) comprenaient une campagne nationale de vaccination contre les maladies courantes, un approvisionnement en medicaments et des soins anti-parasitaires, ainsi que la vente de pierres a lecher. Bien que Ie projet ait eu une portee nationale, la limitation de ses objectifs et Ie fait qu'il a eu recours a un service de l'elevage utilisant des techniques eprouvees, en ont fait une operation relativement simple. Le principal problem~ a ete la dist~ibution de la viande par les organismes publics de commercialisat'on, les ENCOBE et OBETAIL. Le betail a continue a etre achete de maniere coercitive par Ie Gouvernement au

11 AIRD, Etude des Prix et Incitations aux Producteurs Ruraux, fevrier 1983.

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tiers du prix du marche libre, ce qui a renforce la mefiance des eleveurs a l'egard du personnel du service de l'elevage et a donc serieusement compromie l'exeeut1on du projet. Le Gouvernement n'ayant pas reusei a demanteler les ENCOBE et OBETAIL comme cela etait stipule aux termes de l'Accord de pret, le projet a ete annule en septembre 1983.

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II. STATUT ET POTENTIEL DE LA PRODUCTION AGRICOLE

2.01 L'agriculture variee de la Guinee est Ie soutien principal de l'economie du pays; elle occupe pres de 82% de la population et engendre approximativement 42% du PIB. Une meilleure croissance economique depend donc en grande partie d'une amelioration de la situation de la production agricole. Le present chapitre examine la crise du secteur agricole - crise qui decoule du manque d'appui institutionnel en faveur du protagoniste du secteur rural qu'est Ie petit exploitant, et de politiques qui ne tiennent pas compte du besoin d'accroitre les incitations aux producteurs; il quantifie les consequences sur les finances publiques et la balance des paiements et evalue Ie cout d'une politique sans changement; il indique enfin qu'une politique centree sur Ie riz et Ie cafe est compatible avec la structure de l'avantage comparatif national en agriculture et trace une voie susceptible de contribuer a alleger la crise.

A. La crise de la production agricole

2.02 Au cours des deux dernieres decennies, Ie secteur agricole guineen a connu un serieux decline La contribution de l'agriculture au PIB est tombee de 46% en 1973 a 42% en 1981. Bien que la baisse de sa part dans Ie PIB soit principalement due a la valeur ajoutee supplementaire provenant des mines et des activites qui y sont , la production du secteur rural (y compris elevage, foresterie et peche), aux prix officiels, s'est accrue en termes reels a un taux estime a 2% seulement par an entre 1973 et 1981, taux inferieur a celui de la croissance de la population rurale pendant la meme periode.

2.03 Le sous-secteur des cultures de rapport a ete Ie plus serieusement touche: les exportations de bananes sont passees d'environ 100.000 tonnes en 1955 a des volumes negligeables aujourd'hui; les exportations officielles de cafe ont decline de plus de 80% depuis 1960 par suite d'une baisse des rendements, d'une reduction de mOitie de la superficie plantee et des exportations clandestines. Les exportations d'ananas sont a environ un dizieme de leur apogee de 1971-72. L'agriculture n'a represente ces dernieres annees qu'environ 3% de la valeur totale des exportations.

2.04 En parallele, la production de cultures vivrieres a a peine garde Ie meme rythme d'accroissement que la population rurale, alors que les rendements ont stagne. L'urbanisation a accru la demande en produits alimentaires commercialisees, tels que Ie riz et la farine de bla, tandis que les achats officiels, en pourcentage de la production totale, sont restes bien inferieurs a 10%. En consequence, les importations annuelles de riz sont passees de 7.000 tonnes seulement en 1958 a 70.000 tonnes au cours de ces dernieres annees, et les importations totales de cereales, y compris l'aide alimentaire, ont atteint 87.000 tonnes (moyenne 1979-82). Les importations alimentaj~es representent aujourd'hui environ 20% de la facture totale d'importation generale, soit 16% des importations totales, importations inscrites au Plan et importations des compagnies minieres comprises. Si rien n'est fait pour modifier cette situation, l'un des scenarios possibles indique que, en supposant aucun accroissement des devises, les importations de cereale~

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absorberaient la moitie de l'ensemble des devises d'ici 1999. Qui plus est, malgre un troupeau de betail estime a quelque 1.3 million de tates. la Guinee ne consomme que 3 kg de boeuf par habitant, a comparer a 6.6 kg en Cote d'Ivoire. 9.7 kg au Mali et 13.5 kg au Senegal. D'autre part, les exportations clandestines de betail vers les pays voisins sont estimees a 10.000 tetes par an.

2.05 Ce declin de la production agricole a contribue a l'abaissement du niveau d'utilisation de la capacite des entreprises agro-industrielles. qui n'ont pas eu assez de produits agricoles a transformer. Durant la periode 1976-79. Ie taux d'utilisation de la capacite de ces firmes n'a ete en moyenne que d'environ 18%. ce qui a contribue a leurs pertes importantes.

2.06 Cet etat de production stagnante et de besoins croissants en importations contraste avec Ie potentiel agricole de la Guinee. L'abondance de ses ressources en eau et la diversite de sa topographie et de ses sols perme,ttent au pays de cultiver une grande gamme de produits agricoles destines a la transformation et la consommation locales et a l'exportation. Les analyses historiques et les comparaisons avec les pays voisins laissent penser que la Guinee devrait etre en mesure de satisfaire l'ensemble de ses besoins en rjz et autres cultures vivrieres, ainsi que de produire de plus grandes quantites de cafe, de coton, de palmistes. de coprah, d'ananas et de betail, pour leur transformation locale et pour l'exportation.

B. .!,nalyse de la production agricole

2.07 Base de donnees. En raison de l'absence d'un systeme de collecte de donnE·es en Guin~e, 1 i ~volution de la production agricole dans Ie temps est peu connHe. Bien qu'il existe certains chiffres pour les annees precedant Ie recer ..sement de 1975, ces chiffres sont fragmentaires et difficiles a recor.cilier avec les donnees du recensement. La meilleure comparaison pourI·ai t peut-etre se faire avec les donnees disponibles pour la periode prec~dan

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2.09 Les paragraphes ci-apres decrivent succinctement la production alimentaire et les cultures de rapport de la Guinee. L'appendice au present rapport en donne l'analyse plus detaillee, accompagnee d'une description de ces cultures et des autres sous-secteurs agricoles (elevage, foresterie, peche).

!ilO.i.eav.L • .i. iSuytilrl!t;::1I11t t fJ'oQuccion,e't Rlllde1tleot ~.es Cultures Prindp~___ (J 954-56, 1975 et 1981)

----~---------.-------.----~ .-~~

Culture Superfie ie (ha)

Moyen"e 1954-195.

Rendement Production (kg/h,) (t)

Superfide (ha)

19J1.-75

Rend" .... nt (kR/h,,)

Production (t)

Superfide (Ita)

1981

RendePlent (kg/ha)

Production (t)

Rlz (paddy) 3SO,OOO 740 260,000 468,400 BOO !!J 375,000 494,164 800 395,000

Ftmio (paddy) 148,400 500 74,200 368,000 500 184,000

HAr..

Manioc (frais)

50,000

55,000

1,200

4,500

60,000

250,00

58,800

87,200

I,HO

5,000 !!/

67,700 I

436.000

146,100

104,200

1,150

5,000

168,000

521,000

!U l/sorgho_ 20,000 7SO 15.000 8,000 600 4,800 lO,OOO 800 S,OOO

Aracltid.. (non-dl>eortiquee)

Banane et plant ain

12l,lO!)

21,100

650

4,500

78,800

94,800

144.600

25,000

650

4,500

94.000

113,000 ..... lJ,.l

Cafe 42,900 325 13,900

Maltas 14,200 2,500 !!/ 35,000

~: 1954-56, Service des StllU.tiques d'Outre-Mer. Ontre-Her 1958, Parts, 1959. 1974-15, Recensement 8gricole, Bulletin de Stat1at1quea et d'Etudes Economiques, No. I,

IUnist;;re du Plan et de 1a Cooperation, Conakry, 197R (eauf cblftres eJuatb).1'181 Banque IlIOndiale. .

!!! Estimations de la Banque mondiale.

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Cultures vivrieres

2.10 Les cultures vivrieres sont produites par les petits exploitants selon des techn~ques traditionnelles, soit en monoculture, soit en associat~on. Elles sont principalement auto-consommees ou negociees sur les marches locaux car les agriculteurs, en l'absence d'incitations, sont revenus a une agriculture de semi-subsistance. Elles servent a approvisionner en nourriture les zones rurales et les petites villes. Seule une petite partie de la production trouve son chemin vers Ie systeme public de commercialisation. Ainsi Conakry et les autres grandes villes comptent principalement sur les importations pour leur approvisionnement alimentaire. Les statistiques refletent la grande importance du riz par rapport a la superficie cultivee totale. II en va ainsi particulierement dans la Hegion forestiere et un peu moins dans la Basse et dans la Haute Guinee. Ce n'est qu'en Moyenne ~uinee que la superficie en riz est plus faible que celIe d'autres cereales. Le fonio (digitaria) est partout la seconde culture en termes de superficie cultivee. sauf dans la Region forestiere, et remplace toute les autres cultures sur les sols epuises ou degrades. L'arachide est presque aussi importante dans toutes les regions, a l'exception de la Region forestiere.

2.11 Durant la periode coloniale, l'obJectif etait de produire du riz pour l'exportation, compte tenu des conditions ecologiques tres favorables a cette culture. En depit de ce potentiel, la production de riz ne s'est accrue que de 2% l'an depuis l'independance et la ~uinee a du importer d'importantes quantites de cereales pour satisfaire les besoins croissants de la consommation urbaine. La production totale en 1981 etait estimee a 395.000 tonnes.

Cultures de Rapport

2.12 Au moment de l'independance, les cultures de rapport etaient la principale source de recettes d'exportation de la ~uinee. Depuis lors, leur production a chute, elles ne representent plus que 3% de la valeur des exportations officielles, Ie cafe et Ie palmiste en etant les principaux produits (Tableau 2.2). Sauf pour ce qui est des rendements de quelques grandes plantations etablies pendant la periode coloniale, la majeure partie de la production provient des petites exploitations. ~n raison du manque d'incitations, les petits exploitants ont graduellement adopte les cultures vivrieres qui sont financierement plus attrayantes et les aident a satisfaire leurs besoins de subsistance. La culture de rapport n'est active que dans les reg~ons frontalieres ou la production peut-etre exportee (illegalement) ell echange de devises fortes ou de biens de consommation.

Les petites exploitations

2.13 Pour enrayer la deterioration de la production agricole gUineenne, il faut introduire des modifications de politique generale visant a retablir les incitations a la production commerciale par Ie petit exploitant. Le gouvernement recor~ait egalement qu'il convient egalement d'instituer des mesures a moyen et long terme visant a accroitre la productivite d~s petites exploitations agricoles grace au transfert technologique. a la formation et a l'amelioration des institutions. Si les incitations au producteur etaient retablies, une reponse pourrait etre obtenue presque immediatement pour les produits vivriers commercialisables tel que Ie riz, meme au nive811 technologique actuel.

Tabl""gt! ? _'1 • l1""1","" Ann..""l tlPA RY!lortRtions Officle11es de Produits Agricoles {1955-58 et 1960-802. ~I1_.!!m~i=-1.=:li~e::.!r:.::s~d:!:e-!:.t!...______

Produit 1955-58 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1961 1968 1969 1910

Caf~ 9.9 16.0 19.2' 1.8 10.5 3.8 10.8 12.4 2.2 13.9 9.3 11.0

Pa1mlste 20.8 2].0 18.1 20.2 23.0 21.5 12.0 12.0 15.1 16.1 15.0 15.0

Ananas 2.0 5.5 4.2 2.1 3.0 4.2 5.1 . 6.5 6.1 6.1 8.9 8.2

Bananes 81.8 54.1 59.4 44.1 44.9 30.0 24.9 51.0 33.2 30.8 22.0 20.0 , ;'~'

Mangues n.a n.a n.a n.a n.a n.a n.a n.a ".a n.a n.a 0.6·

Produit 1911 1912 1913 1914 1975 1916 1911 1918 1979 1980

..... VI

Cafe 6.2 4.4 1.4 2.2 3.4 1.2 2.0 0.8 2.2 2.9

Pa1miste 13.5 10.0 13.0 12.5 11.3 1.4 11.0 12.1 15.5 15.0 ,

Ananas 9.3 10.] 8.0 9.3 6.] 3.1 2.1 2.2 2.0 0.9

Bananes 20.0 10.0 10.0 5.0 0.6 0.1 0.1 0.0 0.0 0.0

Mangues 0.7 0.5 0.6 0.8 1.3 0.-2 1.5 1.2 I.] 0.1

Sources IDirection generale du Plan et des Statistiques, Bulletin Statistique 1963 (pour 1955-58). FAO et SECOMEX, rapport AIRD, 1983, OPe cit., page F (pour cafe, pa1miste, ananas et

bananes de 1960 a 1980). Ministere du Commerce Exterieur (SECOMEX), rapport d'achevement du projet de deve10ppement

de 1a culture de l'ananas a Dabpya (Credit 569-GUI), Banque mondia1e, 1981, tableau de l'annexe (pour ananas et mangues).

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2.14 Les deux sections ci-apras et les chapitres III et IV soulignent l'extreme importance d'une strategie de developpement orientee vers le petit exploitant. Une telle strategie viserait d'abord a reinstituer les incitations au producteur et ensuite a augmenter la productivite des exploitations.

C. Consequence sur la balance des paiements

2.15 La faible performance du secteur agricole a eu un effet negatif sur la balance des paiements car les importations alimentaires ont augmente et les exportations agricoles officielles ont pratiquement disparu. Cette situation est particuliarement preoccupante compte tenu du deficit chronique de la balance des paiements guineenne, deficit qui a atteint en moyenne 93 millions de dollars (6% du PIB) de 1976 a 1981 (Annexe 2.2). Durant la meme periode, le montant des importations alimentaires a depasse celui des exportations agricoles de 35 millions de dollars (Tableau 2.3), soit 2,3% du PIB et 38% du deficit total de la balance des paiements. Les paragraphes qui suivent tentent de quantifier le deficit provenant de cette situation depuis l'independance et d'evaluer ce que couterait la poursuite de la politique actuelle du Gouvernement.

Importations alimentaires, exportations agricoles et disponibilite en devises

2.16 Le Tableau 2.4 fournit des donnees historiques sur les importations officielles de riz et de farine de ble. Au milieu et a la fin des annees 60, les importations etaient elevees (66.000 tonnes/an). Elles ont ete plus faibles de 1970 a 1977 (50.000 tonnes/an), mais elles ont de nouveau pris de l'essor (87.000 tonnes/an). Ces chiffres indiquent tres clairement que la Guinee, malgre le desir des pouvoirs publics de mettre fin aux importations de riz, est encore loin de l'autosuffisance alimentaire et que son deficit alimentaire s'est accru pendant ces dernieres annees.

2.17 Quelle est l'incidence de ces importations sur les recettes en devises? En Guinee, le secteur m~n~er absorbe une large part des devises pour ses importations et pour les paiements au titre du service des facteurs. Ces utilisations sont prises en compte a l'Annexe 2.3. Les revenus nets en devises ont ete en moyenne de 200 millions de dollars par an pour la periode 1976-81. Le montant des importations alimentaires dUrant ls meme periode (34 millions de dollars, importations des compagnies minieres non comprises, Tableau 2.3) s'est donc eleve a pres du cinquieme des recettes nettes en devises. 11 est a noter que si les importations de cereales, qui representent la majeure partie des importations alimentaires, etaient restees a leurs niveaux d'avant l'independance, elles n'auraient represente (en prix 1981) que 3,6 millions de dollars (Annexe 9.4).

2.18 Parallelement au cout des importations alimentaires, la performance du secteur agricole peut aussi etre evsluee en termes de manque a gagner du a la chute des exportations agricoles. Si Ie niveau des exportations d'avant l'independance avait ete seulement maintenu - et une bonne gestion agricole l'aurait releve - les recettes en devises se seraient montees, en prix 1981,

(

Tableau 2.3 Valeur Annue11e des Exportations de Produits Agrico1es et des Importations de Produits A1imentaires

(1956-58 et 1975-81)

MoyenneMoyenne / 1976-811956-58 1975-7~ 1977 1978 1979 1980 1981

Prix courants

Exp. produits agricoles Imp. produits a1imentaires /b

(sauf imp. par societes minieres)

Prix 1981

Exp. produits agrico1es /b

Imp. produits a1imentaires

(cerea1es seu1ement)

Repartition pourcentages (prix courants)

Exp. produits agrico1es

Imp. prod'.lits a1imentaires

-