1 M-réveil Médecine Du Sommeil

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    Il y a peu de temps, le sommeil apparaissait la plupartde nos confrres comme un domaine dintrt intellec-tuel certain mais trs la marge de la mdecine, avec de

    grands chercheurs, mais peu dapplications pratiques

    dans la mdecine quotidienne. Ce paradoxe se retrouvaitau niveau des tudes mdicales, pendant lesquelles moinsdune demi-heure denseignement tait consacre ce processus physiologique quioccupe pourtant au moins un tiersde nos vies: le sommeil.

    Depuis quelques annes et par-ticulirement depuis la derniremonographie consacre au som-meil dansLa Revue du Praticienen1996,1 la recherche et la pratiquede la mdecine du sommeil ontconsidrablement volu.

    Plus de 40 centres diagnostiqueset thrapeutiques pluridisciplinai-res sont agrs par la Socit fran-aise de recherche et de mdecinedu sommeil 2 (contre une quin-zaine il y a 10 ans) et une soixan-taine de consultations de pneumologie sont spcifique-ment consacres aux apnes. Deux centres de rfrencemaladies rares pour les hypersomnies ont galement treconnus par le ministre de la Sant en2005 et 2006. 3

    Plus de 200000 patients sont traits par pression posi-tive continue en France.

    Sur Medline, 3931 articles ont t indexs sur cette th-matique lanne dernire, dont 74 publications en franais.4

    Un rapport ministriel sur le sommeil a t demand parle ministre de la Sant en dcembre 2006 pour faire le

    point des priorits de cette spcialit mergente.5Cette transformation de la pratique de la mdecine du

    sommeil a des bases pidmiologiques, technologiques etthrapeutiques qui permettentde comprendre cette volutionrcente.

    UN ADULTE SUR TROIS

    Les pathologies du sommeil sonttrs frquentes dans la populationmondiale, et donc galement enFrance : prs de 20 % dinsom-

    niaques, 5 10 % dapniques,environ 7 % ayant un syndromedes jambes sans repos, environ10 % se plaignant de somnolencediurne. En tenant compte desrecoupements, prs de un Franais

    adulte sur 3 se plaint dun trouble rcurrent du sommeilet de la vigilance. Les mdecins sont donc confronts laplainte rgulire de leurs patients, sans avoir pour autantles outils dvaluation et de traitement.

    Au-del des troubles du sommeil, les habitudes desommeil ont t bouleverses ces dernires dcennies par

    Le rveil de la mdecine

    du sommeilDamien Lger *

    * Centre du sommeil et de la vigilance, Centre de rfrence hypersomnies rares, Htel-Dieu, facult de mdecine Paris-Descartes,75181 Paris Cedex 04. Courriel : [email protected]

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    les changements de mode de vie: augmentation du temps

    de transport, du temps pass devant la tlvision ou Inter-net. Ces changements frappent de plein fouet les adoles-cents et les jeunes adultes professionnels. Une enquteTNS-Sofres ralise pour lInstitut national du sommeil etde la vigilance, en 2007, montre que 47% des Franaisestiment dormir moins quils le souhaiteraient et tout par-ticulirement les femmes, les jeunes entre 15 et 34 ans, lesfoyers avec enfants et les employs.6

    UNE EXPLORATION SIMPLIFIE

    Lenregistrement du sommeil a t considrablement sim-plifi par llectronique et linformatique. Il y a encore

    15ans, lenregistrement polysomnographique tait ralisgrce des lectro-encphalogrammes sur papier. Plus de1 000 pages (soit 10 kg de papier lectro-encphalo-gramme par nuit) devaient tre analyses visuellementpour permettre linterprtation dune nuit de sommeil.Aujourdhui, ces donnes sont directement enregistrespar des polysomnographes numriss ambulatoires oudans les ordinateurs des chambres de sommeil. Leconfort du malade a t considrablement amlior (cequi est fondamental dans le sommeil), ainsi que la facilitde lanalyse par le spcialiste. Une connaissance fine desrythmes physiologiques au cours du sommeil est ainsipossible avec un meilleur dpistage des pathologies. Lex-

    ploration du sommeil (notamment lexploration respira-toire) est devenue un examen de routine, mme si lancessit de porter de multiples lectrodes au cours de lanuit reste une contrainte pour le patient.

    AMLIORER LE DPISTAGE

    DE CERTAINES POPULATIONS

    Les deux mdicaments les plus prescrits dans le mondecontre linsomnie et celui le plus employ contre lhyper-somnie sont issus de la recherche thrapeutique franaiseet ont considrablement chang la prise en charge desmalades. Des innovations thrapeutiques majeures ont t

    galement enregistres pour le traitement du syndromedes jambes sans repos. Des essais en phases 3 et 4 sont encours pour plus de 10 mdicaments contre linsomnie etlhypersomnie. Les principes consistent tablir un traite-ment non plus symptomatique mais curatif de ces patho-logies du sommeil. Le sommeil est aussi un enjeu de qua-lit de vie essentiel dans le traitement de nombreusespathologies chroniques (notamment les maladies psychia-triques et le cancer). Le respect de bons rythmes de som-meil et de vigilance sous traitement est considr commeessentiel dans le dveloppement des nouveaux mdica-ments. Dans le traitement des apnes, la mise au point et ledveloppement du traitement par pression positive conti-

    nue a constitu une rvolution dans la prise en charge deces patients. Il y a donc un espoir thrapeutique fort pour

    une meilleure prise en charge des patients ayant des

    pathologies chroniques du sommeil.Cependant, mme si on peut tre satisfait des avancessignificatives ralises dans le domaine du sommeil, beau-coup reste faire pour mieux dpister et prendre encharge les patients ayant des troubles du sommeil, notam-ment dans les domaines suivants :

    Chez les enfants et les adolescents, une meilleure prise encharge des troubles du sommeil est un rel enjeu de santpublique. Le mauvais sommeil est une perte de chanceimportante chez lenfant, avec des retentissements surlapprentissage, sur la mmoire, sur linsertion socio-professionnelle. Le sommeil est un des facteurs dquili-bre constamment perturb lors de ladolescence la fois

    par le mode de vie et par les transformations biologiques.Il faut savoir lexpliquer et mieux informer les jeunes. 7

    Cest sans doute autour du syndrome dapnes obstructivesdu sommeilque sest dvelopp le plus haut niveau derecherche et dexpertise dans la spcialit sommeil aucours de ces dernires annes. Cette pathologie dont lesretentissements cardiovasculaires et neurologiques sontsvres, apparat galement lie avec une haute frquenceau syndrome mtabolique, lobsit, au point quelle estsystmatiquement recherche chez les patients les plussvres: obses morbides, diabtiques, patients ayant uninfarctus du myocarde ou un accident vasculaire crbral.Le dpistage systmatique et la prise en charge sont

    encore complexes en raison du faible nombre de spcia-listes, et le rseau de soins doit sans doute bnficier desoutiens.8

    Les patients ayant des hypersomnolences diurnes, notam-ment les narcoleptiques, sont encore diagnostiqus trs tar-divement, en moyenne plus de 10 ans aprs leurs pre-miers symptmes. Ces dernires annes ont t marquespar la dcouverte dun dficit en orexine dans la narcolep-sie, ce qui a permis de revoir et de mieux comprendre laphysiopathologie de la narcolepsie et denvisager de nou-velles voies thrapeutiques de lhypersomnie. 9 La mise enplace de centres de rfrence devrait permettre de mieuxaccompagner les patients dans leurs difficults de la vie

    quotidienne.3La somnolence au volantest un facteur majeur dacci-

    dentabilit au volant, notamment chez les jeunes. Malgrplusieurs campagnes nationales sur ce risque, la prven-tion et linformation sont limites et doivent tre dvelop-pes. La privation chronique de sommeil, la conduite noc-turne, la prise de toxiques et de mdicaments participent ce risque dendormissement au volant. Il existe descontre-mesures efficaces la somnolence, qui doivent tremieux connues des mdecins et des conducteurs.10

    Les travailleurs de nuit et postsreprsentent prs de20 % des travailleurs salaris, soit 6 millions de personnesen France qui chaque jour doivent recaler leur horloge

    biologique sur des horaires non physiologiques. Il enrsulte des troubles du sommeil et de la vigilance mais

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    aussi une plus haute frquence de maladies cardiovascu-

    laires ou endocrines, daccidents et de cancers du seindont le mcanisme est encore mal connu. La surveillancede ces salaris en mdecine du travail, tous les 6 mois,devrait permettre damliorer les connaissances pid-miologiques et la prvention.

    Linsomnie chroniquetouche 20 % des Franais et 9 %des adultes prennent un hypnotique sur un mode rgu-lier. La prise en charge de ces patients est souvent insatis-faisante (pour le patient et pour le mdecin) par manquedoutils diagnostiques et dvaluation des traitements. Lesconsquences de linsomnie sur la vie quotidienne despatients sont graves et les intrications avec dautres patho-logies organiques (respiratoires, 11 cardiovasculaires,

    endocrines, etc.) ou psychiatriques mritent dtre mieuxexplores et connues.

    Nous souhaitons que cette monographie deLa Revuedu Praticien permette daller plus avant dans cette thma-tique qui fait le quotidien de la mdecine du sommeil. B

    1. Troubles du sommeil. Monographiecoordonne par Michel Billard. RevPrat 1996;46:2416-47.

    2. http://www.sfrms.org/

    3. http://www.orpha.net/http://www.je-dors-trop.org

    4. http://www.ncbi.nlm.nih.gov

    5.http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/giordanella_sommeil/rapport.pdf

    6. http://www.institut-sommeil-vigilance.org/

    7. Smaldone A, Honig JC, Byrne MW.Sleepless in America: inadequatesleep and relationships to healthand well-being of our nation's

    children. Pediatrics 2007;119:S29-37.8. Mulgrew AT, Fox N, Ayas NT,

    Ryan CF. Diagnosis and initialmanagement of obstructive sleepapnea without polysomnography: arandomized validation study. AnnIntern Med 2007;146:157-66.

    9. Dauvilliers Y, Arnulf, Mignot E.Narcolepsy with cataplexy. Lancet2007;369:499-511.

    10. Philip P, Taillard J, Moore N,et al. The effects of coffee andnapping on nighttime highwaydriving: a randomized trial. AnnIntern Med 2006;144:785-91.

    11. Leger D, Annesi-Maesano I,Carat F, et al. Allergic rhinitis andits consequences on quality ofsleep; an unexplored area. ArchivesIntern Med 2006;166:1744-8.

    R F R E N C E S

    Lobligation de FMC laquelle sont tenus dsor-

    mais tous les mdecins quils soient libraux,salaris ou hospitaliers stipule que chaque pra-ticien devra acqurir en 5 ans, 250 crdits dont100 crdits obligatoires au titre de lvaluationdes pratiques professionnelles (EPP).LES 150 CRDITS RESTANTS DE FMC DOIVENT TREOBTENUS DANS AU MOINS 2 DES 3 CAT GORIESSUIVANTES : les formations avec prsence surplace dlivres par des organismes agrs, lesformations individuelles, et enfin les situationsprofessionnelles formatrices (par exemple laralisation de travaux de recherche).LA CATGORIE DES FORMATIONS INDIVIDUELLESINCLUT LABONNEMENT DES REVUES DE FORMATION

    rpondant des critres de qualit prcis, ce qui est le

    cas des 3 REVUES DE FMC DU GROUPE HUVEAUX :

    La Revue du Praticien, La Revue du Praticien -Mdecine Gnrale et le Concours mdical.

    QUELS SONT CES CRITRES ? Tout dabord que lapolitique ditoriale des titres soit conduite parun comit de rdaction scientifique garant ducontenu ditorial, de la lgitimit des auteurs et dela pertinence du processus de lecture critiquedes articles. Les auteurs des articles doiventpouvoir tre parfaitement identifis, leurs conflitsdintrts dclars et leurs propos soigneusementtays par de solides rfrences bibliographiques.Enfin les articles de FMC ou les travaux origi-naux qui constituent lessentiel du contenu desrevues doivent tre clairement distingus de la

    publicit (rdactionnelle ou visuelle) identifiable

    par une mention explicite. LABONNEMENT

    CHACUNE DE NOS REVUES APPORTE 4 CRDITSANNUELS ET LE DOUBLE SI VOUS VOUS ABONNEZ 2 TITRES (par exemple La Revue du Praticien et La Revue du Praticien Mdecine Gnrale ou LaRevue du Praticien et au Concours mdical). Dansce cas, ce double abonnement vous apportera 8crdits annuels (4 + 4), soit 40 crdits sur 5 ans(le maximum prvu pour labonnement aux revues)soit dj plus du quart des crdits de FMC nces-saires (40 sur 150) ! Labonnement aux revuesmdicales de qualit apparat ainsi doublementvertueux : sil contribue dune faon importante lasatisfaction de lobligation de FMC, il renforce aussilindpendance rdactionnelle des revues et la qua-

    lit de leur contenu ! La Rdaction

    La Revuedu Praticien

    Le Concoursmdical

    La Revue du Praticien -Mdecine GnraleCRDITS DE FMC :

    votre abonnement valoris