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Livret anniversaire du 10ème anniversaire de la galerie Le Manège à Dakar, Sénégal en juin 2015

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10 ans !

Voici une belle occasion de fêter l’anniversaire de ce lieu exceptionnel qu’est Le Manège.

Depuis sa création en 2005, la galerie de l’Institut français du Sénégal n’a eu de cesse de promouvoir et d’accompagner les artistes sénégalais, africains et français. Avec plus de soixante expositions à son actif et cinq participations à la Biennale de Dakar, elle s’est inscrite peu à peu dans le paysage artistique de cette ville d’art et d’histoire et a contribué activement à écrire une page des arts plastiques au Sénégal.

Le Manège n’est pas venu combler un vide infrastructurel qui aurait pu faire défaut au Sénégal, car ce serait faire peu de cas de la vitalité remarquable de ce pays en matière d’arts plastiques depuis l’indépendance, mais il est plutôt arrivé à point nommé pour proposer un espace d’expositions complémentaire, en alliant une architecture patrimoniale exceptionnelle à de nouvelles possibilités techniques offertes par les équipes de l’Institut français.

Notre gratitude va ainsi aux femmes et aux hommes qui ont déployé tous leurs savoirs faires pour accompagner au mieux, au fil des années, les artistes accueillis par la galerie. Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés.

Au-delà de son inscription dans le milieu des arts visuels au Sénégal, Le Manège s’est aussi imposé comme un lieu unique dans le dispositif des Instituts français, et plus particulièrement en Afrique.

Tout d’abord, L’Institut français du Sénégal a pourvu un poste spécifique pour la programmation artistique et l’administration du Manège. Deux directeurs s’y sont succédé, Christophe Roussin et Delphine Calmettes, et chacun a su imposer sa marque sans discontinuité, travaillant en synergie pour poursuivre le chemin de la galerie bien ancré dans ses objectifs, mais en constante évolution.

Remarqué par les différents directeurs de l’Institut français, félicité par le Président Darcos en 2012 dans son introduction du journal Le Manège, Biennale 2012, cet espace a contribué largement à la dynamisation du réseau des arts plastiques sur le continent en proposant des expositions témoins de la vitalité de la scène artistique française, comme celle de Daniel Buren en 2011.

Partenaire, Le Manège l’a été de grands rendez-vous comme la Biennale de Dakar et les Rencontres de Bamako, mais aussi d’autres institutions publiques et de collaborateurs privés : le Ministère de la Culture du Sénégal en premier lieu, le Musée Théodore Monod, la Galerie Nationale des Arts, tous les membres du Partcours au Sénégal, le Quai Branly, l’Institut des Cultures d’Islam, différents FRAC, les fondations Blachère et ONA, les galeries Momo, Stevenson, JM Patras, ou encore Anne de Villepoix. Toute notre gratitude va aux amis et mécènes fidèles de la galerie comme Eiffage Sénégal.

Dans les années à venir, Le Manège poursuivra son engagement en continuant d’offrir un espace propice à l’épanouissement des artistes et d’œuvrer à la réalisation de « Tous les futurs du monde », pour reprendre la formule d’Okwui Enwezor.

Souhaitons donc longue vie au Manège et rendez-vous pour ses 20 ans en 2025 !

Jean Félix-PaganonAmbassadeur de France au Sénégal

Exposition Toguo / Cissé, éléments de scénographie, 2010 © Crédit Laure Tarot

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Imaginer une exposition pour les 10 ans d’un espace comme Le Manège n’est pas chose aisée.

En quelques œuvres, il faut retracer les lignes de plus de cinquante expositions. Ici, nous avons voulu embrasser l’ensemble de cette histoire, comme on étreint des êtres aimés, et sans omettre personne. Mais dans les 350m2 de ce lieu particulier, il faut trancher, sélectionner, ordonner ce corpus artistique pour offrir une réelle lisibilité à cette aventure.

Sélectionner. Les œuvres choisies pour ces 10 ans sont donc le reflet de cette histoire collective, autant qu’un prétexte pour évoquer une décennie d’engagement sur le terrain des arts visuels et la contribution de dizaine d’artistes et de partenaires solidement arrimée aux piliers du Manège.

Loin d’être une simple sélection subjective parmi les quelque cent artistes qui ont exposé dans ce lieu, chaque œuvre révèle un engagement de la galerie. Ainsi, le propos était de croiser l’histoire du Manège, celle des arts plastiques au Sénégal, et celle de l’actualité que traversent aujourd’hui les artistes qui y ont exposé.

Il fallait tenter de créer une rétrospective dynamique, ouverte géographiquement tout en restant centrée sur le Sénégal. Sur les 20 artistes sélectionnés, ceux de la première génération dite « École de Dakar » (Amadou Seck, Iba Ndiaye, Papa Ibra Tall), côtoient les forces vives de la peinture contemporaine (Omar Ba, Soly Cissé), et ceux qui s’inspirent des légendes urbaines pour décrypter les réalités culturelles ou sociales de l’Afrique (Vincent Michéa, Cheikh Ndiaye).

Ces œuvres picturales font écho aux sculptures « pop » de Marc Montaret et à celles, essentialistes, de Ndary Lo. Les photographies se répondent également : les portraits d’Omar Victor Diop, d’Antoine Tempé et du doyen Oumar Ly font face à la femme forte de Fatou Kandé Senghor tandis que Kara Walker dénonce l’histoire de l’esclavage et de ses répercutions dans la société américaine contemporaine. Le Senghor de Samuel Fosso rend hommage à la genèse de cette histoire collective, face aux objets Organik d’Ousmane Mbaye, eux aussi en quête de beauté. La grande Composition bleue d’Abdoulaye Konaté, dont l’esprit mélange contemporain et tradition, la singularité des sculptures de Seyni Camara, le souvenir de Souleymane Keita et de Goddy Leye, sont encore de raisons qui nous poussent à leur rendre hommage.

La scénographie que nous avons choisie explore la longueur atypique de la salle et met en scène des cloisons qui enserrent partiellement les fameuses poutrelles du Manège, tour à tour obstacles indépassables, ou éléments indispensables à la création d’une circulation dans l’espace.

La galerie a connu de multiples transformations au gré des expositions et des artistes qu’elle a accueillies : cloisons, mezzanines, œuvres en suspension, collages au sol et au mur, maquettes, projections vidéos, douches sonores… mais jamais cette configuration n’avait été exploitée. Pourtant, c’est cette particularité qui a attiré tant d’artistes. Là où Daniel Buren voyait une nef d’église, d’autres s’y projetaient comme dans les cales d’un bateau ivre et inversé.

Mais chaque hôte a pu percevoir la sacralité de ce lieu, paisible dans la lumière du matin, qui l’a fait se sentir un peu comme chez lui, dans un sentiment de communion avec ces murs, ce marbre, cette charpente, ces piliers et ces larges fenêtres ouvertes sur le monde. Le Manège porte toutes ces émotions, et ce sentiment partagé d’être chez soi, dans un espace privilégié, reflet d’un pan de l’histoire de la ville de Dakar.

Pour tout cela, nous remercions très sincèrement les collectionneurs qui ont bien voulu nous confier leurs œuvres (Hamady Bocoum, Bassam Chaïtou, Baidy Agne, Abdoulaye Diop et Madame, et Gérard Sénac) ainsi que les galeries que les galeries Cécile Fakhoury, Sikkema Jenkins, JM Patras et la Fondation Blachère ainsi que tous les artistes qui ont participé à cette traversée. Bien sûr il y eut des points d’acmé et des temps forts qui ont marqué les esprits : Buren, Goldin, Toguo et Cissé, Serge Alain Nitégeka, mais chacun d’entre eux est bien vivant dans cet espace.

Au-delà de cet anniversaire, nous souhaitons que cette aventure se poursuive. Le développement de lieux pour créer et pour diffuser l’art contemporain s’avère indispensable. Nous nous heurtons aujourd’hui à cette limite dans l’élaboration de cadres théoriques et esthétiques pour renforcer l’art contemporain africain : il faut que ceux qui le vivent trouvent des solutions pour diffuser leurs idées et leur offrir une réelle visibilité, sans quoi cette « catégorie » restera modelée par des protagonistes qui ne sont qu’indirectement liés à ces réalités.

En témoigne aujourd’hui, la fuite du marché de l’art africain au profit de galeries et de foires occidentales. Pour créer de tels lieux, de telles zones de frottements et d’échanges, il faut un engagement des états mais aussi des acteurs privés : mécènes, sponsors, associations, fondations qui permettent leur multiplication. C’est à cet endroit précis que le Manège a tenté de se positionner.

Cette exposition est l’expression d’une trajectoire commune que nous espérons parcourir avec vous durant la prochaine décennie et les suivantes, avec d’autres capitaines, mais dans le même bateau… Djeredjef !

Delphine Calmettes & Mauro Petroni

À propos de l’exposition

Exposition Serge Alain Nitegeka, Structural-Response 1, 2012 © Anaël Pigeat

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1 – « Lever de la presqu’ile du Cap-Vert. Pointe de Dakar. Plan des alignements auxquels on propose de soumettre les constructions élevées sur la voie publique 1862 » (p 280 – 283 Jacques Charpy – La fondation de Dakar – Larose, Paris - 1958 - 596 p p.)

2 – « Plan de Dakar avec indication sommaire des établissements qu’il y aurait lieu d’y installer pour en faire le chef-lieu de la colonie » avril 1870 (Charpy ibid. p 528)

3 – Claude Faure – Histoire de la presqu’île du Cap-Vert et des origines de Dakar – Larose, Paris – 1914 – 165 pp - p 149 / Charpy ibid. p 292

4 – Charpy ibid. pp. 368/369

Une histoire du Manège

« Le cimetière établi depuis peu d’années dans le voisinage de la batterie de Dakar serait déplacé et transféré dans l’Ouest du fort de Dakar, à 700 ou 800 mètres environ de ce fort. Nous proposerons prochainement les mesures nécessaires pour opérer ce changement ». 1

C’est par ces mots que le Chef de bataillon du Génie, directeur des Ponts et Chaussées, Jean-Marie Emile Pinet-Laprade, le premier urbaniste de Dakar, terminait son rapport présenté au Conseil d’administration du Sénégal le 1er juillet 1862 pour l’approbation du « Plan directeur » de la ville dressé quelques jours auparavant.

Il y a à peine cinq ans que Protet a pris possession de la presqu’île du Cap-Vert pour y concevoir ce qui, très tôt, est destiné à devenir le chef-lieu des établissements français de la côte d’Afrique. Si l’on se reporte à ce Plan, on y voit que le cimetière dont il s’agit se trouve exactement à l’emplacement de notre actuelle galerie ! Le « Plan de Dakar avec indication sommaire des établissements qu’il y aurait lieu d’y installer pour en faire le chef-lieu de la colonie » dressé en avril 1870 indique clairement deux bâtiments construits sur cet emplacement en indiquant « Arsenal en grande partie construit ». 2

La rue porte déjà, depuis qu’il a été adopté en séance du 23 mai 1863, le nom de Parchappe, enseigne de vaisseau, commandant l’aviso « Le Griffon », blessé en Casamance pendant l’expédition de 1860, mort d’un accès de fièvre pernicieuse en 1861. 3

Charpy nous dit qu’en 1861 deux écuries sont construites à l’Ouest et à l’Est du fort, fort qui était édifié sur la partie sud de l’actuelle Place de l’Indépendance. 4

Mais si la caserne de cavalerie, avec ses écuries pour 60 chevaux, est bien mentionnée à l’Ouest du fort sur le plan de 1862, celle de l’Est n’y figure pas, ou, en tout état de cause, n’est pas mentionnée comme telle ; mais les abreuvoirs et mangeoires qui y subsistaient jusqu’à la rénovation et la transformation des lieux par le cabinet d’architectes dakarois Ga2d (Andrée Diop Depret et Eric Mulot), établissent clairement sa destination première. Cette réhabilitation générale du bâtiment et sa transformation en galerie, ont été suivies de plusieurs réaménagements de la cour et des abords par campagnes successives en 2006, 2010 et 2015.

Prendre l’emplacement d’un ancien cimetière et le bâtiment destiné à des chevaux pour en faire une galerie d’art, voilà qui peut sembler symboliquement étrange !

A ses débuts, dans les années 1960, l’Institut français était situé Place de l’Indépendance avant de se déplacer là où il se trouve actuellement. Les expositions se déroulaient à la très célèbre « Galerie 39 », où exposèrent tant d’artistes des cinq continents, au rez-de-chaussée d’un immeuble sis au 39 de l’avenue William Ponty, devenue, depuis 1974, avenue Georges Pompidou.

La France ayant vendu cet immeuble à la fin des années 1990, l’Institut Français se retrouva privé de lieu d’exposition jusqu’à ce qu’il soit décidé de réhabiliter ces anciennes écuries, à la périphérie de l’emprise de l’Ambassade de France, qui ont été inaugurées par l’Ambassadeur André Parant en juin 2005 et baptisées par lui « Le Manège ».

Sylvain Sankalé

Exposition Toguo / Cissé, installation Road for exile, 2010 © Dominique Marsteau

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Le Comité d’orientation du Manège

Précédée par des échanges avec Christian Saglio, directeur de l’Institut français de l’époque, nous recevons le 28 janvier 2005 une lettre d’invitation pour participer à la première réunion du « Comité d’Orientation » de la nouvelle galerie de la rue Parchappe.

Ce Comité, chargé de la programmation, est présidé par Ousmane Sow et composé de Marie-José Crespin, Aïssa Dione, Viyé Diba, Mauro Petroni, Moussa Sakho, Sylvain Sankalé, Gérard Sénac et Ousseynou Wade. Christophe Roussin, premier responsable de la galerie, et les représentants de l’Ambassade et de l’Institut français sont également conviés. Christian Saglio, qui connaissait bien le Sénégal, réalise un savant mélange de personnalités : artistes, passionnés d’art, directeurs de société, une véritable « dream team » comme il se plaisait de l’appeler.

La première réunion, suivie d’un déjeuner, se tient dans le restaurant de l’Institut le mercredi 9 février 2005 à 11h. Tout le monde est présent. Voici ce que note Christophe Roussin dans son compte-rendu : « Lors de la première réunion du Comité, ses membres ont fait le vœu que cette galerie soit dédiée à la création sous toutes ses formes : peinture, sculpture, photographie, design, stylisme ».

Beaucoup d’espoirs sont portés sur le Manège qui est décrit comme un lieu d’excellence qui permettra aux artistes sénégalais d’exposer dans un espace digne de leur art. Ainsi commence une histoire passionnante faite d’intérêts communs autour de l’art. Nous nous retrouvons assez souvent pour débattre, choisir, critiquer, prospecter et donner des indications pour la continuité de la galerie au début de son existence. Des rencontres sympathiques dans un climat amical.

Le 3 mai 2005 (un mardi !) la galerie - qui n’a pas encore de nom - ouvre ses portes. L’exposition inaugurale Création Contemporaine au Sénégal présente le travail de vingt-quatre artistes sénégalais ou vivants au Sénégal : tout en se déclarant « partielle » (introduction de l’Ambassadeur) l’exposition veut refléter l’aspect le plus contemporain de la mouvance artistique du pays. Une brochure/coffret sur l’évènement est conçue par Jenny Gatien. Un texte de l’Ambassadeur André Parant précède les fiches des artistes. Dans son discours d’ouverture, l’Ambassadeur suggère de garder ce nom : « Le Manège ».

Le 25 mai de la même année, le Comité se retrouve pour évaluer ce début d’activité. Les grandes lignes des actions à venir sont tracées. Le 14 juin, ses membres rencontrent l’artiste Iba Ndiaye pour parler d’une exposition personnelle du maître, exposition qui malheureusement ne se fera jamais. Les réunions se tiennent avec régularité, et il dresse la programmation de la galerie pendant les années qui suivent.

Entre temps l’équipe de l’Institut français se renforce et se professionnalise. Les responsables de la galerie gèrent avec équilibre la tâche qui leur est confiée. Le Comité lui-même se rend compte qu’il serait intéressant d’accompagner la galerie sous d’autres formes et avec d’autres collaborations. A partir de 2009, la fréquence des rencontres diminue, mais ses membres sont toujours associés à différents moments de la vie du Manège. Le jeudi 31 mars 2011 nous sommes invités à une réunion sur le bilan de cinq ans de vie du Manège : ce sera la dernière.

Une belle expérience derrière nous, une encore plus belle devant, car nous pouvons voir la vitalité de l’espace que nous avons accompagné se consolider de plus en plus.

Les directeurs du Manège :

Christophe Roussin

Premier directeur de la galerie de 2005 à 2009. Après son passage au Sénégal, cet ancien régisseur des collections au Musée des années trente de Boulogne-Billancourt a été régisseur au Musée du Quai Branly. Il est actuellement directeur adjoint de l’Institut français de Kinshasa.

Delphine Calmettes

Initialement formée en logistique internationale et diplômée des Beaux-arts, elle axe son mémoire de master « Métiers et arts de l’exposition » sur le sujet : « Quel avenir pour l’art contemporain africain après l’exposition Africa Remix ? ». Après une première expérience de coordinatrice du centre d’art Bonapriso Center for the Arts à Douala en 2005, elle commence en 2008 sa collaboration avec les Service Culturel de l’Ambassade de France à Dakar. Elle réalise un guide culturel sur l’art et la culture au Sénégal édité en 2010, puis devient directrice de la galerie Le Manège. Depuis 2009, elle a coordonné environ 60 expositions pour la galerie Le Manège mais aussi pour les espaces réaménagés de l’Institut Français rue Gomis à Dakar.

© Didier Loire

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Un anniversaire c’est une fête. C’est aussi le temps d’un bilan, d’un rapport d’activité : depuis 10 ans Eiffage Sénégal, entreprise citoyenne, est aux cotés de la galerie Le Manège.Dans son soutien constant aux activités de l’Institut français, Eiffage à toujours regardé avec intérêt les évènements de la galerie.

Nous avons toujours aimé cet espace, cette grande nef qui nous fait voyager dans l’histoire, à travers son passé, et dans le futur de ses fictions scénographiques. Nous avons aimé participer à sa vitalité, à son élan : depuis les débuts nous avons contribué à sa programmation et soutenu ses artistes. Nous savons construire, comme d’autres savent peindre ou sculpter. Donc nous avons souvent mis notre savoir-faire au service de l’Institut pour maintenir, améliorer, transformer. Car, au-delà de la conservation du patrimoine, il a fallu constamment rendre les outils de l’Institut français plus adaptés : dans les dix ans de vie du Manège, il y a eu une suite de modifications des espaces pour rendre l’ensemble, bâtiment et cour, plus fonctionnel et esthétique. C’est un chantier qui est toujours ouvert, auquel nous avons participé à chaque fois que la demande s’est exprimée.

Dans la chronologie des expositions, nous avons donné notre soutien à la publication de catalogues, et nous avons accompagné la production d’expositions pour rendre possible leurs réalisations. Passionnés par les arts plastiques, nous avons toujours considéré Le Manège comme un interlocuteur privilégié, comme un partenaire. Porteur d’une vision contemporaine de vaste convergence, Le Manège est un lieu magique où tous les rêves artistiques doivent être permis !

Un anniversaire c’est une fête. C’est aussi le temps de regarder plus loin, vers des actions et des collaborations futures. Dans ce futur, Eiffage sera encore là pour partager, pour accompagner.

Gérard Senac

L’Institut français du Sénégal remercie la participation d’Eiffage Sénégal à la rénovation et à la valorisation de ses sites de Gomis et Parchappe, de son soutien à l’édition de ses programmes et de sa participation aux évènements culturels, comme l’exposition de Buren en 2011.

En 2010, Eiffage a contribué à une rénovation importante des espaces extérieurs du Manège. En 2013 le Théâtre de Verdure de l’Institut a été entièrement restructuré.

Plusieurs catalogues ont été réalisés avec le soutien de l’entreprise (Collections privées, Amadou Sow, le Journal de la Biennale 2012, Toguo / Cissé...) ainsi que le présent ouvrage.

Parmi les tous derniers évènements en partenariat, l’exposition et le spectacle pour le Centenaire de la guerre 14-18, et le spectacle de la compagnie de théâtre « Royal de Luxe » dans le cadre de la Francophonie (novembre 2014).

Un anniversaire

Exposition Daniel Buren, Projections diaphanes, travail in situ, 2011 © Delphine Calmettes

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« Les passions privées » « Paroles tissées »

Le titre de l’exposition célèbre de Suzanne Pagé fait écho à cette section des 10 ans du Manège. En 2007 et en 2008, la galerie présentait deux expositions : Collections privées : Années Senghor et Collections privées : Années 1980-1990. L’objectif de ce diptyque était de valoriser les collectionneurs sénégalais qui accumulent des trésors depuis sept décennies.

Entreprises, banques, fondations, mais surtout particuliers confèrent à Dakar cet attrait particulier de receler de véritables musées privés. Ces lieux se découvrent ou plutôt s’effeuillent délicatement - pour peu que l’on fasse preuve de patience et de sensibilité - et mettent à jour des pans entiers de la grande histoire des arts plastiques au Sénégal.

Avec forces d’anecdotes, l’initié se verra raconter les débuts de nombreux artiste tels Amadou Seck et Iba Ndiaye qui disait à juste titre que « Peindre est se souvenir ». Il comprendra ainsi le cheminement de ces figures de proues et de leurs œuvres, d’expositions en musées, et de biennales en collections. Lors de ces deux événements, de nombreux visiteurs avaient pu in fine pénétrer dans ces sphères très privées, un pari rarement osé en Afrique où l’on reste encore très discret sur ces pratiques quelquefois spéculatives ou compulsives mais surtout passionnées.

Le titre de l’œuvre musicale de Witold Lutoslawski pourrait être la mélopée de cet anniversaire. Car depuis ses débuts, Le Manège a été pensé comme un lieu pluridisciplinaire et ouvert sur le monde.

Les arts textiles ont ainsi eu la part belle avec en 2007 l’exposition La Lune Bleue sur l’indigo au Sénégal, au Mali et au Japon, dont Aïssa Dione était la commissaire.Viendra ensuite, en 2008, celle sur les pagnes manjaks, Pagnes …Panos, orchestrée par Maï Diop, et récemment la magistrale et monographique exposition d’Abdoulaye Konaté dans le cadre de la Biennale de Dakar 2014 : Le Pouvoir du Textile.

La tapisserie de Thiès de Pape Ibra Tall présentée dans cette exposition rétrospective s’inscrit donc dans cette lignée.

Cet anniversaire est aussi une belle occasion de se souvenir de Souleymane Keita, décrit par Sylvain Sankalé comme « un magicien de la peinture et « un peintre de l’absolu », chef de file incontournable et fidèle visiteur du soir de la galerie, dont les œuvres feront l’objet de plusieurs expositions cette année et certainement les suivantes.

Iba Ndiaye

Chanteuse, trompettiste et saxoHuile sur toile97 x 130 cm2001

Collection Bassam Chaïtou

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Souleymane Keita

Full moonHuile sur toileØ 174 cm1986

Collection Bassam Chaïtou

Papa Ibra Tall

Chevauchée solaireTapisserie des Manufactures de Thiès150 x 300 cm2008

Collection de Abdoulaye Diop et Fatoumata Sow

Amadou Seck

Sans TitreTechnique mixte sur contreplaqué245 x 100 cm1982

Collection Eiffage Sénégal

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« Un témoin incorruptible de l’histoire »

« La dialectique des luttes créatives »

Voici comment Octavio Paz décrivait l’architecture et justement, l’évocation du Manège renvoie systématiquement à ses caractéristiques architecturales et plus largement à son inscription dans sa ville. « Dakar commence par un village », disait Oumar Ndao, mais de ce village est née une structure complexe, source d’inspiration inépuisable pour les artistes de la « place ».

En 2008, l’exposition de Vincent Michéa Dakar, Punto final déclinait cet univers urbain en pointillés et sérigraphiait un étonnant ballet anachronique en mélangeant des pochettes de disque des grands salseros de l’époque et des éléments architecturaux emblématiques de la ville de Dakar dans les années 1970, comme le marché Sandaga.

D’autres temps forts comme Démarches urbaines en 2007, Extra-Muros & Inhabitus de Cheikh Ndiaye en 2010, ou Archidakar ! en 2011 nous racontaient cette ville autrement, en explorant toutes ses dimensions : historique, architecturale, sociologique et artistique bien sûr. De Dakar à Venise, où il a participé cette année à la 56ème

biennale, Cheikh Ndiaye poursuit sa quête structuraliste, et dans ses installations et ses œuvres picturales, qui évoquent parfois l’histoire des cinémas perdus de sa ville d’origine, c’est parfois elle qui se dévoile en filigrane : ligne discontinue d’architectures fragiles, ourlée de marchés chaotiques.

Cette citation d’Okwui Enwezor évoque le tour de force joué par certains artistes au Manège. Si les grands peintres de l’école Senghorienne s’y sont illustrés au Manège dans les Collections privées, la génération suivante a également été mise à l’honneur sans oublier les émergents qui y ont fait leurs premières armes. En 2010, Soly Cissé se confrontait au camerounais Barthélémy Toguo dans une exposition miroir. Lors du vernissage, mille personnes étaient rassemblées et tentaient d’en percevoir toutes les formes, entre moutons et inondations.

Soly Cissé déployait son insondable énergie créatrice, et comme dans « Les métamorphoses » d’Ovide, les règnes se confondaient sur fonds noirs et s’épanouissaient sur le papier, la toile et le bois. Cette exposition généreuse illustrait parfaitement la phrase : « Être au monde pour être à l’autre » signée par Philippe Piguet dans le catalogue édité pour l’occasion par a.p.r.è.s éditions. Plus tard, Omar Ba, (sorti de la même promotion de l’École des Arts de Dakar que Soly en 2002), choisissait le Manège pour son retour au Sénégal, après dix longues années d’absence. À cette occasion, la galerie était entièrement tapissée d’un papier peint créé spécialement pour l’occasion avec le soutien de sa galerie genevoise. Dix grandes peintures d’une force saisissante le recouvraient, et forçaient le respect de la communauté artistique.

Cheikh Ndiaye

Cinéma Awa, PikineTechnique mixte sur toileDimensions : 150 x 166 cm2014

Galerie Cécile Fakhoury

Vincent Michéa

Dakar - Saint-LouisAcrylique sur toileDimensions : 100 x 100 cm2010

Collection Baidy Agne

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Soly Cissé

Chien le jour, LOUP le soirAcrylique sur toile150 x 150 cm2013

Collection de l’artiste

Omar Ba

La boîte de PandoreHuile, acrylique, gouache, encre de chine et crayon sur carton ondulé200 x 150 cm2013

Collection de l’artiste

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« Chaque époque rêve de la suivante »

« Le choix des femmes »

Cette phrase célèbre de Walter Benjamin pourrait résumer les échanges intergénérationnels dont les photographes se sont nourris au Manège. Visages d’Afrique d’Antoine Tempé, La Voie du Baye Fall de Fabrice Monteiro, Le Piéton de Dakar produite en 2012 par le Manège, Nan Goldin et Jean-Christian Bourcart, Les chasseurs du Mali de Philippe Bordas, Les Rencontres de Bamako…

Toutes ces expositions ont en commun l’utilisation du médium photographique pour retranscrire des univers et pour « filtrer les yeux du monde ».

De tous les photographes qui ont exposé leurs images à la galerie, Omar Victor Diop, présent aujourd’hui dans les plus grands rendez-vous photographiques, pourrait être l’héritier du doyen Oumar Ly. Tous deux ont manifesté une grande audace en leur temps, l’un en dépoussiérant les codes du « portrait posé » africain pour mieux questionner sa dimension anthroposociologique, et l’autre en imaginant des mises en abîme fascinantes de ses sujets dans la vallée du fleuve Sénégal.

La proximité de Bamako et de ses Rencontres de la photographie a aussi permis, par le truchement de l’Institut français et de ses expositions itinérantes, d’accueillir ses lauréats : Zanélé Muholi, Nestor Da, Elise Fitte-Duval, ou encore Sammy Balodji, un des vingt-et-un artistes africains sélectionnés cette année à la 56ème

Biennale de Venise. Le Manège a ouvert ses portes à trois générations de photographes en tentant de présenter une large palette de formats, de supports et de sujets, pour démontrer que cette pratique est une des plus représentative de l’effusion créative du continent.

Le titre de cette exposition du Consortium de Dijon en 1991 reflète aussi certains choix programmatiques de la galerie tout au long de son parcours. Le 8 mars 2011, à l’occasion de la Journée de la Femme, l’Institut français du Sénégal s’associait à la Fondation Blachère pour produire et présenter Kaddu Jiggeen. La Parole aux Femmes. Cette exposition offrait un instantané de la création des artistes femmes en Afrique.

Son point de départ était l’ouvrage d’Awa Thiam : La parole aux négresses, entendu par la commissaire d’exposition Christine Eyene, comme l’un des premiers écrits féministes africains. Présentée en 2014 et 2015 à la Fondation Blachère en France, elle abordait des thèmes comme l’expérience du corps féminin et noir, les rapports de genre, de race et de classe ou encore la frontière ténue entre les espaces publics et les mondes intimes.

Elle regroupait les artistes suivantes : Ato Malinda, Ayana Jackson, Safaa Erruas, Justine Gaga (2ème prix de la Biennale de Dakar 2014), Pascale Obolo, Billie Zangewa et Kara Walker. Cette exposition donnait également lieu, en 2011, à une table ronde avec différentes intervenantes dont Elvan Zabunyan, et à un numéro spécial d’Africultures intitulé : L’Art au Féminin : approches contemporaines.

Fatou Kandé Senghor faisait aussi partie des artistes sélectionnées pour cette exposition. Cette année, elle présentait à Venise une œuvre vidéo sur l’artiste Seyni Camara. En 2011, Hors des sentiers battus organisée par le Manège, le RAES et Art Work for Change abordait la question de la violence faite aux femmes à travers les œuvres de Fatou Kandé Senghor, d’Amal Kenawy, de Yoko Ono, de Wangechi Mutu, de Félicité Codjo ou encore de Khadidiatou Sow.

Omar Victor Diop

Portrait d’AminataPhotographie sur papier coton 60 x 60 cm 2013

Collection de l’artiste

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Antoine Tempé

Youness Aboulakoul, 2013Tirage pigmentaire sur papier baryté, éd. 1/5 120 x 120 cm et 60 x 60 cm2013

Collection de l’artiste

Oumar LY

Sans titresTirages numériques noir et blanc sur bâche78 x 78 cm et 54 x 54 cmEntre 1963 et 1978

Collection de l’artiste

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Fatou Kandé Senghor

GuemnaTirage lambda sur plexiglas155 x 120 cm2011

Collection de l’artiste

Seyni Camara

Sans TitreTerre cuite Dimensions variablesAnnée inconnue

Collection Hamady Bocoum

Samuel Fosso

Samuel Fosso Autoportrait, série African Spirits (Léopold Sédar Senghor)Tirage numérique noir et blanc 54 x 74 cm2008

Galerie JM Patras

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« Les faiseurs d’exposition »

Harald Szeeman, se définissait lui-même comme un des leurs. Certains artistes qui ont exposé au Manège l’ont aussi été, affirmant leur capacité à porter leur exposition à bout de bras, notamment dans le cadre de la Biennale de Dakar, un point de convergence majeur sur le continent.

Depuis sa création, la galerie Le Manège s’est toujours impliquée dans la vie artistique sénégalaise. De par son appartenance à l’Institut français, cet outil privilégié a accueilli de nombreux événements transversaux mais c’est à travers la Biennale de Dakar que son potentiel s’est le mieux exprimé avec des scénographies singulières.

En 2010, l’exposition Toguo / Cissé utilisait des grands tubes de tissu moustiquaire accrochés aux poutres de la galerie pour relier formellement les œuvres des deux artistes entre elles. Ce duo d’artistes puissant rivalisait d’installations in situ et les deux « minotaures » africains s’affrontaient dans une franche camaraderie et se portaient l’un l’autre pour offrir le meilleur à la Biennale.

L’idée motrice était de se faire croiser deux pays d’Afrique, deux façons de travailler et d’envisager le monde de l’exposition. En 2012, c’était au tour de Serge Alain Nitegeka d’investir le Manège avec une installation audacieuse, Structural Response 1, qui consistait en un amoncellement de tasseaux de bois noirs aux dimensions égales.

Cette exposition, rendue possible par la contribution de la galerie de l’artiste en Afrique du Sud, permettait de créer une passerelle entre l’Afrique francophone et l’Afrique anglophone. En 2014 et après plusieurs passages à Dakar, notamment à la Galerie Nationale des Arts, la grand artiste malien Abdoulaye Konaté (primé lors de la Biennale 1996) déroulait ses œuvres textiles et confirmait le titre de l’exposition : Le Pouvoir du Textile.

L’Institut français a aussi eu le privilège de faire partie des lieux du IN en 2008 avec une nouvelle présentation du Salon du Design de Dak’Art. Plusieurs designers africains y étaient présentés : Cheikh Diallo, Kossi Assou, Joëlle Le Bussy Fall ou encore Ousmane Mbaye. Ce dernier signait d’ailleurs en 2012, aux côtés de David Guyot, une exposition de grande envergure, Amitiés sincères, où les deux créateurs montraient leur double capacité à créer des objets beaux et ergonomiques, autant qu’à les déployer dans l’espace avec brio.

Abdoulaye Konaté

Composition bleue 10ème DakarTextiles218,5 x 148,5 cm 2015

Collection de l’artiste

Ousmane Mbaye

Fauteuils Organik jumeaux Fûts de pétrole et tubes galvanisés, coton 160 x 80 x 75 cm2015

Collection de l’artiste

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Marc Montaret

Princesse XXL Résine polyester et acier 280 x 130 x 70 cm2015

Collection de l’artiste

Ndary Lo

L’AïeulMétal soudé280 x 50 x 50 cm2009

Collection de l’artiste

« Ce par quoi les formes deviennent style »

« La vidéo comme esprit »

Maître de cette discipline, Bill Viola la décrit aussi comme « le support qui rend le mieux compte de la pensée ». L’art vidéo, apparu en Occident dans les années 1970 a connu un essor rapide sur le continent, relayé et réinventé par des artistes comme Barthélémy Toguo, Goddy Leye, Amal Kenawy, Mohammed Elbaz, Berry Bickle, et plus récemment Samson Kambalu ou encore Wangechi Mutu.

Des oeuvres vidéo de ces artistes ont été présentées à plusieurs occasions en Afrique et notamment aux différentes éditions des Rencontres de la photographie et de la vidéo de Bamako. Certaines ont intégrées de grandes collections comme celle de l’angolais Sindika Dokolo, qu’il décrit judicieusement comme « une collection africaine d’art contemporain et non pas une collection d’art contemporain africain ».

Ces artistes ont utilisé cette matière en mouvement dans certaines de leurs œuvres ou en ont fait leur médium de prédilection. La galerie Le Manège a accueilli plusieurs œuvres vidéo ces dix dernières années : Train train Médina de Douts, Prison Sex I and II de Ato Malinda, un très beau triptyque vidéo sans titre de Goddy Leye à l’occasion de l’exposition de l’iFa Prêt à partager, Circumcision de Barthélémy Toguo ou encore Kawotchou de Maeksens Denis. Ici, une des pièces majeures de Kara Walker : 8 Possible Beginnings or : The creation of African-America, rejoue en ombres chinoises, avec force et subversion, l’histoire des noirs aux Etats-Unis. La présence de Goddy Leye est un hommage à ce grand artiste disparu, qui a œuvré toute sa vie pour « entrevoir le beau au-delà des apparences et en dénonçant parfois violemment les injustices sociales ».

L’expression de l’art vue par André Malraux sied tout particulièrement à la sculpture. La charpente de la galerie Le Manège s’élève à plus de huit mètres de hauteur et si à l’origine cet espace était fragmenté en deux étages desservant plusieurs pièces, les architectes qui l’ont réhabilité on décidé d’uniformiser son volume et de laisser sa structure apparente.

Naturellement, et comme la nature a horreur du vide, cette hauteur est un appel à l’utilisation de la verticalité par l’installation de sculptures et de structures scénographiques imposantes. On se souvient ainsi de la superbe exposition de Ndary Lo en 2006 Les attachés célestes, étranges marcheurs ou hommes de fer volants, sculptures d’une étrange légèreté, qui semblaient faire corps avec l’architecture.

En 2009, terreS, sur une proposition de Mauro Petroni, dressait un état des lieux en volumes des pratiques de la terre et du feu au Sénégal et dévoilait un grand nombre d’œuvres majeures de Seyni Camara.

Si Toguo et Cissé avaient esquissé une scénographie aérienne qui utilisait encore timidement cette hauteur, c’est Serge Alain Nitegeka en 2012 qui parvenait à investir tout le volume de la galerie et à contaminer tout l’espace avec ses black lines.C’est grâce à des filtres colorés apposés sur les fenêtres de la galerie et grâce à des étamines flottantes dans l’espace intérieur que Daniel Buren parvenait à créer un ballet de vitraux mouvants et fragiles lors de son exposition Projections diaphanes. Travail in situ en 2011.

Pour cette exposition rétrospective, des pièces maîtresses de Seyni Camara, Ndary Lo et Marc Montaret sont exposées. Elles témoignent de la capacité de cet espace à accueillir et à valoriser des œuvres de grande taille, dont les volumes peuvent s’épanouir en s’enracinant dans cet environnement.

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Si Le Manège a présenté plus de 50 expositions en 10 ans (53 exactement à ce jour), c’est plus de 100 événements autour des arts visuels qui ont été proposés au public sénégalais sur cette même période.

Expositions, résidences d’artistes, débats, conférences, expositions itinérances etc. L’Institut français, à travers la galerie Le Manège et son équipe, a tenté de jouer un rôle de catalyseur dans le réseau, à son échelle, pour contribuer à l’écriture d’une histoire des arts visuels sur le continent.

Dès le début de son histoire, des livres, livrets et catalogues ont accompagné ces événements. Pour l’exposition inaugurale, un coffret comprenant 26 fiches pour chaque artiste de l’exposition était édité. L’année suivante, c’est un livret qui accompagnera l’exposition de Ndary Lo, puis deux catalogues de 64 pages pour les Collections privées qui seront imprimés à Dakar.

A partir de 2010, le parti pris est de procéder à des préachats d’ouvrages et de collaborer avec des éditeurs professionnels. Cette nouvelle direction conduira à la conception du Toguo / Cissé, un beau catalogue DVD produit par a.p.r.è.s éditions, un des éditeurs spécialiste de l’art contemporain en France et notamment de documentaires vidéo associés à des écrits. En 2011, c’est à Africultures que la galerie choisit de s’associer avec la sortie d’un numéro spécial dirigé par Christine Eyene et inspiré par l’exposition La Parole aux Femmes.

Viendront ensuite le Journal de la Biennale 2012, un format original qui permettait de dresser un premier état des lieux de ces sept ans d’activité, puis le Black Subjects de Nitegeka produit en collaboration avec la galerie Stevenson et l’Institut français d’Afrique du Sud. En 2013 et 2014, deux Carnets de la création pilotés par les éditions de l’œil et prenant pour sujets Omar Ba et Omar Victor Diop verront le jour.

Depuis 2010, la plupart des expositions du Manège sont produites au Sénégal. Ainsi, chaque montage s’inscrit comme une aventure humaine et professionnelle qui convoque divers corps de métiers : menuisiers, ferronniers, entreprises locales, vidéastes et techniciens de l’Institut français qui ont acquis au fur et à mesure du temps de beaux savoirs-faires et une compréhension pointue de la démarche des artistes et de leurs désirs.

Certains projets apparaissent au départ comme des objectifs indépassables. Le temps est compté, les matériaux disponibles quelquefois limités. Le résultat n’est pas toujours conforme aux souhaits initiaux mais ils prennent forment et se matérialisent, apportant à chaque fois un sentiment de défi relevé. Mais au-delà de la production des expositions, il était également essentiel de partager ces expositions. Ainsi, plus de vingt d’entre elles ont pu « voyager » dans le réseau des Alliances et des Instituts français Sénégambiens. L’exposition Samuel Fosso, Tout le monde se sent beau a pu être présentée dans huit Instituts français en Afrique.

Si certains événements ont été produits en France pour être ensuite dévoilés au Manège (La Voie du Baye Fall de Fabrice Monteiro en collaboration avec l’Institut des Cultures d’Islam, Jean Rouch : un amateur éclairé », Bamako 7 et 9), certaines ont suivi l’itinéraire inverse et ont été exposées en France après avoir été produites par la galerie comme La Parole aux femmes en collaboration avec la Fondation Blachère ou La Ville, les signes, Dakar 2010 un projet du programme Entre Écoles de l’Institut français.

Quant aux résidences d’artistes, elles ont permis a une dizaine d’entre eux, photographes et graffeurs (Gilles Coulon, Baudoin Mouanda, Monsieur Chat, Da Cruz, Mode 2, Jay One et Marko 93), de nourrir leurs démarches artistiques et de participer à la structuration d’événements culturels tels que le Festigraff, premier festival de graffiti en Afrique, soutenu de 2009 à 2015 par l’Institut français du Sénégal.

Éditions - résidences - itinérances Sénégal ContemporainCoffret première exposition de la galerie Le Manège avec 26 fiches artistes Format : 12 x 25 cmProduction galerie Le Manège2005

Ndary LoLes attachés célestes 25 pages - Format : 15 x 29.5 cmProduction galerie Le Manège2006

Tenguedj41 pages - Format : 17 x 23 cmProduction galerie Le Manège2006

Oumar LYPortraits de brousse172 pages - Format : 17,5 x 17,5 cmEditions Filigranes2009

terreS20 pages - Format : 20 x 20 cmProduction galerie Le Manège en collaboration Eiffage Sénégal2009

Amadou SowItinéraire64 pages – Format : 20 x 30 cmProduction galerie le Manègeen collaboration avec Eiffage Sénégal2009

Toguo / Cissé80 pages - Format : 15 x 21 cmDVD vidéo 33’ a.p.r.è.s éditionsen collaboration avec Eiffage Sénégal2010

La ville, Les signes, Dakar 201038 pages - Format : 29.5 x 42 cm2011

Le Manège, Biennale 201239 pages - Format : 29 x 42 cmEn collaboration Eiffage Sénégal2012

Black subjects Serge Alain Nitegeka 96 pages - Format : 21 x 21.5 cmEn collaboration avec l’IFAS Johannesburg et la galerie Stevenson Johannesburg2012

Carnets de la créationOmar Ba et Omar Victor Diop24 pages - Format : 12 x 17 cmEditions de l’oeil2013 et 2014

10 Le Livre36 pages - Format : 21 x 26 cmEn collaboration Eiffage Sénégal2015

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2005Du 3 mai au 30 juinExposition inaugurale :Création contemporaine au Sénégal (24 artistes)

2006Du 15 décembre 2005 au 21 janvierExposition Tenguedj (3 artistes de Rufisque) Commissaire d’exposition : Christophe Roussin et le comité artistique du Manège (CAM)

Du 1er mars au 20 maiExposition Ndary Lo, les attachés célestesCommissaire d’exposition : Christophe Roussin et (CAM)

Du 22 juin au 15 juilletExposition Encore un regard Commissaire d’exposition : Christophe Roussin et (CAM)

Du 9 novembre au 2 décembreExposition photo Portraits déguisés,portraits réfléchis de Marie-Noëlle Décoret. Commissaire d’exposition : Christophe Roussin et (CAM)

2007Du 14 décembre au 2 janvierExposition Léopold Sédar Senghor L’universel. Commissaire d’exposition Gérard Bosio

Du 16 au 27 janvierExposition La Lune Bleue : Convergences Indigo :Japon-Mali-Sénégal. Commissaire d’exposition : Aïssa Dione

Du 15 mars au 7 avrilExposition de photographies d’Antoine TempéVisages d’Afrique. Commissaire d’exposition : Christophe Roussin et (CAM)

Du 25 avril au 12 maiExposition 100 livre-objets pour SenghorCommissaire d’exposition : Christophe Roussin et (CAM)

Du 7 juin au 7 juilletExposition Collections privées : les années Senghor Commissaire d’exposition : Christophe Roussin et (CAM)

Du 22 novembre au 29 décembreExposition Démarches urbaines : Ousmane Mbaye, Birame Ndiaye, Douts. Commissaire d’exposition : Christophe Roussin et (CAM)

2008Du 15 février au 15 mars

Exposition Collections privées : les années 80/90Commissaire d’exposition : Christophe Roussin et (CAM)

Du 9 au 26 avrilExposition Pagnes…Panos…Commissaire d’exposition : Maï Diop

Du 9 mai au 9 juinSalon du Design de la 8ème Biennale de l’Art Africain Contemporain / In

Du 7 au 18 octobreExposition du Goethe-institut de Dakar : Deutsche Vita - Stefan Moses. En collaboration avec l’IFA et le Goethe institut - Dakar

Du 7 novembre au 31 décembreExposition Instants Sénégal : Peintures de Jean Marc BrunetCommissaire d’exposition : Christophe Roussin

Du 11 décembre au 28 décembreExposition Jean Rouch, un amateur éclairé : Photographies et documentaires. En collaboration avec l’IFAN - Dakar Commissaire d’exposition : Isabelle Merle des Iles

Du 20 juin au 12 juilletExposition « Dakar, Punto final » - Vincent Michéa

dix ans d’EXPOSITIONS

2009 Du 17 février au 28 marsExposition Evocation : peintures - Ceko NihckassonCommissaire d’exposition :Sylvain Sankalé

Du 8 au 30 avrilExposition Aéropostale : peintures - Maya Van BellinghenCommissaire d’exposition : Christophe Roussin

Du 8 au 20 maiExposition Oumar Ly, photographe à Podor Commissaire d’exposition : Christophe Roussin

Du 28 mai au 3 juilletExposition terreSCommissaire d’exposition : Mauro Petroni

Du 10 juillet au 1er aoûtExposition Danses : Élise Fitte-Duval /Antoine TempéCommissaire d’exposition : Christophe Roussin et Delphine Calmettes

Du 6 au 20 aoûtExposition de Cultures France : Bamako VII, Dans la ville et au-delà… Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes. Une exposition de l’Institut français

Du 30 septembre au 13 octobreExposition du Goethe-institut de Dakar / IFA - Berlin : Prêt-à-partager. Commissaire d’exposition : Koyo Kouoh En collaboration avec l’IFA et le Goethe institut - Dakar Du 3 novembre au 2 décembre Exposition Amadou Sow ItinéraireCommissaire d’exposition : Delphine Calmettes. En collaboration avec Eiffage Sénégal

2010Du 27 janvierau 27 févrierExposition Mariame Diagne Chanel : Paris-Dakar, miroirs mortels. Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes

Du 18 mars au 10 avrilExposition du Goethe-institut de Dakar : Sybille BergemannEn collaboration avec le Goethe institut - Dakar

Du 15 avril au 25 avrilExposition Festigraff # 1 / opérateur : Association Doxandem Squad / Graffeur : Docta. Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes

Du 7 mai au 30 juinBiennale de Dakar 2010 : Toguo / CisséGalerie Le Manège. Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes. En collaboration avec a.p.r.è.s éditions, Eiffage Sénégal, et la Fondation Total

Du 6 juillet au 11 septembreExposition La ville, les signes, Dakar 2010. Commissaire d’exposition : Delphine CalmettesEn collaboration avec l’ENA – Dakar et l’ERBA Rennes

Du 22 septembre au 6 novembreExposition Extra-Muros & Inhabitus (Exposition Cultures France et installations de Cheikh Ndiaye)Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes. Une exposition de l’Institut français

2011Du 8 décembre 2010 au 31 janvierExposition Samuel Fosso, Tout le monde se sent beau…autoportraits 1970-2008. Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes. En collaboration avec la galerie J.M. Patras et le FRAC Île de la Réunion

Du 9 février au 16 févrierExposition Maeksens Denis projet vidéo. Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes

Du 9 mars au 30 avrilExposition Kaddu JigeenCommissaire d’exposition : Christine Eyene. En collaboration avec la Fondation Blachère, Africultures et la Fondation Total

Du 14 avril au 23 avrilExposition Festigraff # 2Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes

Du 13 juillet au 27 aoûtExposition Hors des Sentiers Battus. En collaboration avec le RAES et Art Works for Change

Du 16 septembre au 22 octobreExposition Archidakar !Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes. En collaboration avec le Collège d’Architecture de Dakar

Du 3 novembre au 4 février 2012Exposition Daniel Buren, projections diaphanes, travail in situ. Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes. En collaboration avec Eiffage Sénégal

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2012Du 14 mars au 7 avrilExposition Amitiés Sincères : Ousmane Mbaye et David Guyot. Commissaire d’exposition : NKX

Du 13 au 21 avrilExposition Festigraff # 3Commissaire d’exposition : D. CalmettesParrain : Da Cruz

Du 11 mai au 30 juinExposition Structural Response 1 Serge Alain NitegekaBiennale de l’Art Contemporain de Dakar 2014. En collaboration avec la galerie Stevenson – Johannesburg et l’IF d’Afrique du Sud

Du 27 septembre au 30 janvier 2013Exposition Nan Goldin & Jean-Christian Bourcartphotographies et vidéos Commissaire d’exposition :Delphine Calmettes

2013Du 16 janvier au 9 février Exposition Les chasseurs du Mali - photographies de Philippe Bordas

Du 27 février au 30 mars Exposition Cyclicités Commissaires d’expositions : On the roof

Du 12 au 21 avrilExposition Festigraff # 4Commissaire d’exposition : Delphine CalmettesParrain : Mode 2

Du 5 juin au 6 juillet Exposition Le Piéton de Dakar - photographies. Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes

Du 28 novembre au 31 janvier 2014Exposition Pandore - Omar BaCommissaire d’exposition : Delphine Calmettes. Galerie Le Manège. En collaboration avec la galerie Guy Bärtschi et l’Ambassade de Suisse à Dakar. Partcours 2ème édition

2014Du 8 janvier au 1er février Exposition La Voie du Baye Fall - photographies de Fabrice Monteiro. Commissaire d’exposition : Delphine Calmettes.En collaboration avec l’Institut des Cultures d’Islam - Paris

Du 11 au 20 avrilExposition Festigraff # 5Commissaire d’exposition : Delphine CalmettesParrain : Jay One

Du 11 mai au 12 juilletExposition Le Pouvoir du Textile - Abdoulaye KonatéCommissaire d’exposition : Delphine Calmettes.Biennale de l’Art Contemporain de Dakar 2014

Du 11 novembre au 27 janvier 2015 Exposition La BD et les tirailleurs Commissaires d’exposition : D. Calmettes et Vincent Bernière. Dans le cadre des commémorations de la guerre 14-18. En collaboration avec le Musée des Forces Armées de Dakar Partcours 3ème édition

2015Du 2 février au 28 marsExposition – ateliers MÔMA – Les Mômes au Manège, La Fabrique à jouer - marionnettes africaines contemporaines de Yaya Coulibaly. Comissaire d’exposition : Delphine Calmettes.En collaboration avec l’ONG ImagiNation Africa2005

Du 17 juin au 30 septembreExposition – 10 ans du ManègeCommissaires d’exposition : Delphine Calmettes et Mauro Petroni.En collaboration avec Eiffage Sénégal

Omar Ba

Seyni Camara

Soly Cissé

Omar Victor Diop

Samuel Fosso

Souleymane Keita

Abdoulaye Konaté

Goddy Leye

Ndary Lo

Oumar Ly

Ousmane Mbaye

Vincent Michéa

Marc Montaret

Cheikh Ndiaye

Iba Ndiaye

Amadou Seck

Fatou Kandé Senghor

Pape Ibra Tall

ANTOINE Tempé

Kara Walker

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Remerciements

10 Le livre

Une édition Institut français -galerie Le Manège

Conception :

Delphine Calmettes Mauro Petroni

Textes :

Jean Félix–Paganon Delphine CalmettesMauro PetroniSylvain SankaléGérard Senac

Crédits Photographiques :

Delphine CalmettesNadir EssalmiDidier LoireDominique MarsteauAnaël PigeatLaure TarotLes artistes

Couverture : Serge Alain Nitegeka, Structural-Response 1, 2012 © Anaël Pigeat

Graphisme :

Theo PetroniNadir Essalmi

10 Le livre a bénéficié du soutien de Eiffage Sénégal.

Imprimé à Dakar par La Rochette - juin 2015

Les Ambassadeurs de France au Sénégal :

André Parant, Jean-Christophe Rufin, Nicolas Normand, Jean Félix-Paganon.

L’institut français

L’Institut français et ses équipes au Sénégal :

Stéphane Romatet, Didier Le Bret, Jean-Luc Le Bras, Moncef Follain, Christophe Roussin, Christian Saglio, Alban Corbier-Labasse, Lionel Damei.

Thierry Vergon, Guy Gimbert, Amadou Sène,Moustapha Samb, Pierre Chevalier, Romain Delecour, Sigrid Hueber, Géraldine Chazel, Guillemette Gatineau, et tout particulièrement Nadir Essalmi (scénographie et conception graphique de l’exposition). Abdou Diouf, et tous les membres de l’équipe technique ainsi que Djibi Diémé.

Les amis du Manège et de l’Institut français :

Les membres du Comité artistique du Manège :le Président Ousmane Sow, Marie-José Crespin,Aïssa Dione, Viyé Diba, Mauro Petroni, Moussa Sakho,Gérard Sénac, Sylvain Sankalé, Ousseynou Wade.

Cyr Descamps et Pierre Rosière, Sylvain Sankalé,Andrée Diop Depret et Eric Mulot, Vincent Bernière.Sénégal Bois pour la scénographie, IndiceD, Les Jardins du Sahel, et FB Sarl pour la réhabilitation de la cour en mai-juin 2015.

Les collectionneurs et prêteurs :

Baidy Agne, Hamady Bocoum, Abdoulaye Diop etFatoumata Sow, Eiffage Sénégal, Bassam Chaïtou,les galeries Cécile Fakhoury, Sikkema Jenkins & Co.,JM Patras, André Magnin, et la Fondation Blachère.

Les artistes qui ont prêté leurs oeuvres, tous ceuxqui ont contribué à l’histoire de la galerie le Manègedepuis 10 ans…

Un remerciement particulier à Eiffage Sénégal età son PDG Gérard Senac.