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Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 1/9 PRÉSENTATION Emprise Géographique Définition Mur en terre banchée (Pisé) - Matière première : terre grasse plus ou moins argileuse. - Mise en œuvre : matériau coulé et compacté entre deux coffrages modulaires ou banches. - Mur homogène réalisé par assises complètes successives. Milieu La technique des murs en terre banchée n'est pas répandue dans l'ensemble des pays de l'espace méditerranéen. Elle n'est mentionnée que dans six pays : l'Algérie, l'Egypte, l'Espagne, la France, le Maroc et le Portugal. A l’intérieur de ces territoires, on la rencontre couramment tant en milieu rural qu'en milieu urbain, en zone maritime, en plaine ou en montagne. Illustrations Vues générales : Vues de détail : Arts de bâtir: Pays: A8 – Mur en terre banchée (Pisé) Algérie

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Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 1/9

PRÉSENTATION

Emprise Géographique

Défini t ion

Mur en terre banchée (Pisé) - Matière première : terre grasse plus ou moins argileuse. - Mise en œuvre : matériau coulé et compacté entre deux coffrages modulaires ou banches. - Mur homogène réalisé par assises complètes successives.

Mil ieu

La technique des murs en terre banchée n'est pas répandue dans l'ensemble des pays de l'espace méditerranéen. Elle n'est mentionnée que dans six pays : l'Algérie, l'Egypte, l'Espagne, la France, le Maroc et le Portugal. A l’intérieur de ces territoires, on la rencontre couramment tant en milieu rural qu'en milieu urbain, en zone maritime, en plaine ou en montagne.

I l lustrations

Vues générales : Vues de détail :

Arts de bâtir:

Pays:

A8 – Mur en terre banchée (Pisé)

Algérie

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PRINCIPE CONSTRUCTIF

Fondations

Dans l'ensemble des pays où l’usage de cette technique est mentionné, un ouvrage de terrassement en recherche du bon sol est un préalable nécessaire à la construction de ce type de mur. La fouille creusée dans le sol reçoit ensuite la fondation constituée de pierres. Outre sa fonction structurelle d’assise et de répartition des charges, cette fondation permet de protéger la b ase des murs en terre banchée contre les eaux de ruissellement et d’infiltration, en limitant notamment les remontées capillaires. Dans certains cas, la première assise du pisé est mise hors eau grâce à un soubassement constitué par une surélévation de la fondation en pierre hors du sol. Ce dispositif permet de protéger la base du mur en pisé contre le rejaillissement des eaux de pluie. En Algérie, la fondation en pierre a une épaisseur de 80 à 120 cm.

Matériaux construct i fs

Nature -Dureté La nature des terres employées est très variable en fonction des compositions géologiques présentes sur le site de l’extraction de la matière première. Leur résistance dépend directement de la teneur en argile de la terre. Dans certains pays, la chaux ou d'autres agrégats sont ajoutés à la terre argileuse est mélangée à la chaux ou à d'autres agrégats pour améliorer les caractéristiques mécaniques du mélange. La dureté des matériaux qui résultent de ces mélanges est donc diversement appréciée par les pays étudiés : duretés de 2 à 7 sur l'échelle de 1 à 10 établie pour la présente étude (1 = craie – 10 = granit). En Algérie, la terre est mélangée à des débris de briques, de tuiles, de la paille hachée, des galets et de la chaux en bloc. La dureté de la maçonnerie produite par ce mélange est évaluée à 4-5 sur l'échelle fixée pour cette étude. Modules Dans le cas des murs en terre banchée, la définition du module correspond en fait aux dimensions des phases de banchage. En effet, la structure des murs en terre banchée peut être comparée à celle d’un appareillage de blocs homogènes de grandes dimensions non hourdés. Les dimensions de ces phases de banchages varient en longueur de 1 à 3 mètres et en hauteur de 30 à 50 cm. dans les utilisations courantes. Elles sont inférieures d'environ 10 à 30 cm de celles des banches utilisées (généralement réalisées en bois). En Algérie, la hauteur d’une phase de banchage peut mesurer jusqu’à 1,50 m de hauteur.

Hourdage

Mise en œuvre La technique des murs en terre banchée ne donne lieu que très rarement au hourdage des éléments qui composent le mur. Dans le cas de cette technique, la terre est coulée par phases successives entre des éléments de coffrage verticaux. Les murs ainsi constitués comportent toujours une seule épaisseur. D’une assise à l’autre, les phases de banchage sont généralement croisées. La construction est entièrement réalisée par assises successives complètes. On trouve parfois un lit de mortier entre les banches, qui pourrait être assimilé à un hourdage. C'est en réalité un double cordon - l'un à l'extérieur, l'un à l'intérieur -, qui permet une bonne tenue des arêtes d'assises et un meilleur accrochage d'un enduit éventuel.

Liant - Nature Sans objet dans la technique

Agrégat - Nature Sans objet dans l a technique

Agrégat - Granulométrie Sans objet dans la technique

Dosage Sans objet dans la technique

I l lustrations

Principe constructif : Coupe et Elévation (1)

Principe constructif : Coupe et Elévation (3)

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PRINCIPE CONSTRUCTIF (Suite)

Epaisseur et dimensions

Les murs en terre banchée présentent des dimensions très variables de minimum 30 à 90 cm, jusqu’à 120 cm. En Algérie, les murs en pisé sont épais de 80 à 120 cm. La hauteur des constructions varie de 3 à 9 m pour une épaisseur maximale de 120 cm.

Aspect de f in i t ion

La terre argileuse crue est particulièrement sensible à l’action de l’eau. La perméabilité et la solubilité à l’eau du pisé obligent le constructeur à prévoir un traitement spécifique des zones atteintes directement par l’action des pluies : la base du mur, le sommet du mur et le parement extérieur. C’est pourquoi, entre autres précautions de mise en œuvre, les surfaces extérieures des murs en terre banchée sont toujours enduites. Les enduits utilisés sont à base de terre ou de chaux et peuvent parfois être revêtus d'une peinture à la chaux. L’accrochage mécanique des enduits de finition sur les murs en pisé dépend de la texture de la surface de pose. L’utilisation d’un coffrage rend cette surface plus ou moins lisse. Aussi, pour favoriser l’adhérence de l’enduit sur le mur, le constructeur doit parfois créer des aspérités dans le pisé, avant le séchage complet du mur, soit en ajoutant des cales en bois au parement du pisé, soit en modelant le pisé manuellement en surface.

Outi ls

La réalisation de murs en terre banchée nécessite l'utilisation de coffrages en bois pour contenir le pisé lors de la mise en oeuvre des murs. Des dames ou des battes sont employés pour compacter la terre dans les coffrages de manière à éliminer tout vide en serrant au maximum le matériau. En Algérie, les outils traditionnels sont en bois. Le cadre de coffrage est constitué de planchettes (matra). Ces planchettes mesurent de 1 à environ 1,8 m. en longueur. Elles sont munies de huit perforations qui permettent le liaisonnement des planchettes entre elles par des baguettes. Le serrage de la terre est réalisé à l'aide d'une dame (rékkàl) et d'une batte (sa wàtta).

Métiers

Dans la majorité des pays étudiés où l’usage de cette technique est relevée, les maçons sont les seuls opérateurs intervenant dans la réalisation de murs en terre banchée. L’utilisateur, sa famille, sa communauté peuvent intervenir dans le processus de construction, généralement pour fournir les bras d'une manutention importante. En Algérie, le mur est réalisé par un maçon aidé de 2 à 3 manoeuvres.

I l lustrations

Principe constructif : Coupe Elévation et détail photographique (Variante 2)

Outil : cadre de coffrage en planchettes

(matra), dame (rékkàl) et batte (sa wàtta).

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PRINCIPE CONSTRUCTIF (Suite)

Performances Thermique - Acoustique

Les performances thermiques et acoustiques des parois en terre banchée sont renseignées comme étant bonnes à très bonnes dans l’ensemble des pays où cette technique a été mentionnée. La construction en terre banchée privilégie la masse des murs et confère de ce fait à ces parois une grande inertie thermique. Comme pour les briques de terre crue, la qualité de la terre banchée est son pouvoir de régulation de la température intérieure. Cette qualité est particulièrement recherchée dans des régions soumises à de grands écarts de température. Pendant la journée, la pénétration de la chaleur est freinée, tandis que durant la nuit, la chaleur accumulée de jour est rétrocédée. La bonne isolation acoustique procurée par ce type de mur est également mise en évidence dans l’ensemble des pays. Cette isolation bénéficie de la masse des murs construits en terre banchée et de la structure poreuse du matériau. Les conditions climatiques algériennes de type sud-méditerranéen, sont caractérisées par une sécheresse estivale quasi absolue, des précipitations uniquement en période hivernale et peu d'écart de températures : de 12 à 30° C. L'humidité de l'air varie 40 à 60 %. Les dispositifs constructifs assurent le confort des habitations par leur ingéniosité et la simplicité des matériaux locaux employés. L'épaisseur et la masse volumique de la terre banchée présentent une grande inertie thermique et de bonnes qualités d'isolation. L'intervention des enduits est également déterminante pour le bilan thermique du mur. Les enduits et peintures à la chaux, permettent la respiration du mur, absorbent les rayonnements de la chaleur et diminuent les effets des vagues de froid.

Pathologie de viei l l issement

Liée au matériau et aux conditions climatiques : La fragilité de la matière première utilisée est la cause principale des pathologies rencontrées dans les murs en terre banchée. Comme pour les maçonneries en briques de terre crue, les murs en terre banchée sont très vulnérables aux effets de l'eau : eaux de ruissellement, eaux d’infiltration, eaux de toiture et rejaillissement des eaux de pluie. La construction des murs en terre banchée doit être assortie d’une série de précautions de mise en œuvre sans lesquelles la durabilité de la construction est compromise. Contre les eaux de ruissellement et d’infiltration par le sol, le constructeur prend soin de construire un massif de fondation qui, s’il est prolongé en soubassement, permet également de protéger la base du mur contre l’action des eaux de rejaillissement. Les eaux de toiture sont quant à elles rejetées à une certaine distance du parement. L'enduisage de ces murs limite également l'apparition des désordres. En revanche, si ces précautions ne sont pas observées et traduites dans les éléments d’architecture, si la maintenance de l'enduisage n'est pas assurée régulièrement, l'eau s'infiltre dans les parois en terre banchée, creuse des fissures au sein des murs et peut entraîner leur désintégration par saturation d’eau et décomposition du liant qui assure la cohésion du matériau. En Algérie, la vulnérabilité du matériau aux effets de l'eau est également mise en évidence. Les sources d'infiltration sont diverses : défectuosités de l'étanchéité des terrasses, manque d'entretien régulier des canalisations d'eau, des puits et citernes, des égouts, … L'augmentation de l'utilisation de l'eau dans les travaux domestiques est également signalée, depuis l'introduction de l'eau courante dans les années soixante, comme étant à l'origine de nuisances. Liée à la technique : Aucune pathologie de vieillissement liée à la technique des murs en terre banchée n'a été signalée.

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PRINCIPE CONSTRUCTIF (Suite)

DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE En Algérie (Trois variantes) : 1. Mur en pisé (Terre banchée) - La construction du mur a lieu à la belle saison, de mai jusqu'en octobre. Il y faut impérativement conjuguer l'absence de pluies et le soleil pour

sécher la terre. Un maçon qualifié aidé deux manœuvres, qui lui tendent le pisé et le secondent dans le montage du coffrage, sont chargés de le réaliser.

- Une fois les matériaux sont apprêtés, le maçon entame le tracé des fondations. La mesure est prise en coudées; mais l'usage du mètre est

aujourd'hui courant. Les instruments dont il se sert pour ce tracé sont des piquets de bois, qu'il plante aux quatre coins, et qui tendent des cordeaux tressés en diss ( graminée vivace du Tell). Il empreint sur le sol un sillon peu profond, en usant du pic (aquelzim).

- Le maçon, secondé par cinq ou six manœuvres, creusent les fossés de largeur uniforme, égale à celle des murs à maçonner. On commence

le travail par l'un des angles. Sa durée varie selon la profondeur (0.50 à 1.10m). Il exige souvent plusieurs jours. Enfin, combler les fondations avec de grosses pierres, assez nettement taillées de 40cm de côté.

- Monter le coffrage (matra'a), en continuité des fondations. Ses parois sont constituées de deux planchettes, d'une longueur de 1 à 1.80m,

percées de 4 trous opposés dans lesquels on enfile 8 baguettes qui permettent de fixer le cadre et de régler l'épaisseur du mur. - Couler le mélange de terre, de paille, de galets, de chaux et de débris de briques ou de tuiles, dans le moule préalablement confectionné. - Pilonner ce mélange au moyen d'une longue dame en bois en forme de massue (rekkàl). - Après quoi démonter le coffrage et le remonter à côté, pour y mouler un nouveau bloc. Construire ainsi, chaque fois, un demi-mètre cube de

mur. Il faut, à un maçon unique, 2jours de travail pour monter un mur. Les murs sont ainsi montés par pans successifs de 1.50m de hauteur. - Améliorer l'homogénéité du pisé en frappant régulièrement les parois en bois à l'aide d'une batte également en bois (sawatta). - Temps de séchage du mur avant pose du plancher varie d'environ 10 à 15 jours. La finition du mur et sa protection sont renforcées par

l'application d'un enduit de chaux mêlé de cendre de bois. Il reçoit en surface un badigeon au lait de chaux. 2. Mur en pisé alterné de lit de pierre - La construction du mur a lieu à la belle saison, de mai jusqu'en octobre. Il y faut impérativement conjuguer l'absence de pluies et le soleil pour

sécher la terre. Un maçon qualifié aidé deux manœuvres, qui lui tendent le pisé, la pierre et le secondent dans le montage du coffrage, sont chargés de le réaliser.

- Au moment où le maçon taille les pierres, les deux manœuvres lui préparent le pisé. Trier la terre glaise afin d'ôter les cailloux. Procéder

ensuite au gâchage et trituration de la terre additionnée de paille, de fragment de pierre et mêlée d'eau, en piétinant rythmiquement la terre. A la place des pieds, on utilise aujourd'hui la pelle et la pioche..

- Une fois les matériaux sont apprêtés, le maçon entame le tracé des fondations. La mesure est prise en coudées; mais l'usage du mètre est

aujourd'hui courant. Les instruments dont il se sert pour ce tracé sont des piquets de bois, qu'il plante aux quatre coins, et qui tendent des cordeaux tressés en diss ( graminée vivace du Tell). Il empreint sur le sol un sillon peu profond, en usant du pic (aquelzim).

- Le maçon, secondé par cinq ou six manœuvres, creusent les fossés de largeur uniforme, égale à celle des murs à maçonner. On commence

le travail par l'un des angles. Sa durée varie selon la profondeur (0.50 à 1.10m). Il exige souvent plusieurs jours. Enfin, combler les fondations avec de grosses pierres, assez nettement taillées de 40cm de côté.

- Monter le coffrage (tad'abit), en continuité des fondations. Ses parois sont constituées de deux plateaux en planches assemblées, d'une

longueur d'environ 2.50met d'une largueur de 0.75m. Ils sont fixés sur la base du mur, et étayés chacun par trois madriers équarris (tiouq'afine), plantés dans le mur, où les y maintiennent des coins faits de bois dur (libari). Les six madriers soutenant les planches sont assemblés deux à deux par leur sommet, au moyen de poutrelle transversales, percées à leur extrémités de trous carrés, où s'engagent les tenons des madriers. Fermer le coffrage à s es deux bouts, avec deux portes (tabour't). Serrer l'ensemble par des cordes.

- Etendre au fond du coffrage un lit de petite pierre, qu'on tasse en se servant d'une massue de bois, munie d'une manche longue (d'ebouz). - Verser sur la couche ainsi préparée un mortier de terre additionnée de paille et de fragments de pierre sur une hauteur de 40 à 50cm. Pilonner

et comprimer le mélange à l'aide de la dame en bois. Alterner la pose de pisé et de pierre à intervalle régulier. - Après quoi démonter le coffrage et le remonter à côté, pour y mouler un nouveau bloc. Construire ainsi, chaque fois, un demi-mètre cube de

mur. Il faut, à un maçon unique, 2jours de travail pour monter un mur. Les murs sont ainsi montés par pans successifs de 1.50m de hauteur. Le joint de tous ces blocs sont très visibles: les surfaces du mur ressemblent à un damier unicolore à teinte gris brunâtre.

- Améliorer l'homogénéité du pisé en frappant régulièrement les parois en bois à l'aide d'une batte également en bois (sawatta). - Temps de séchage du mur avant pose du plancher varie d'environ 10 à 15 jours. Les murs reçoivent un enduit de terre glaise, de bouse de

vache et de paille finement hachée. Sa protection est renforcée en surface par l'application d'un dressage en terre blanche (temlilith).

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PRINCIPE CONSTRUCTIF (Suite)

DESCRIPTION DE MISE EN ŒUVRE (Suite) En Algérie (Trois variantes) (suite) : 3. Mur en terre banchée à double parement de brique - La construction du mur a lieu à la belle saison, de mai jusqu'en octobre. Il y faut l'absence de pluies et le soleil pour sécher le pisé et le mortier.

Un maçon qualifié aidé deux manœuvres, qui lui tendent le pisé, la brique et le mortier, sont chargés de le réaliser. - Pour réaliser ce mur, on passe par deux phases: celle de la préparation où il faut l'élaboration des matériaux et celle de l'édification où les

matériaux apprêtés sont ajustés entre eux. Des travailleurs assez nombreux, dirigés par le maçon, y coopèrent. - Utiliser une brique régulière de forme et d'aspect, fabriquée avec une argile de qualité très souvent variable, d'une couleur rosâtre rarement

jaunâtre. Elle est façonnée à la main, ensuite cuite dans des fours artisanaux. - Préparer au maçon le mortier de chaux dosée à deux mesures d'agrégat pour trois mesures de liant. Tamiser la chaux et le sable afin d'ôter

les impuretés. Ajouter au mélange des galets fins, prélevés aux abords d'oued. L'ensemble est mêlé alternativement d'eau et d'huile végétale, à des intervalles de temps déterminés, en le battant à l'aide de maillets de bois pendant 3 jours et 3 nuits consécutifs. A la place des maillets de bois, on utilise aujourd'hui la pelle et la pioche. Préparer enfin de grosses boules que l'on lance au maçon.

- Une fois les matériaux sont apprêtés, le maçon entame le tracé des fondations. La mesure est prise en coudées; mais l'usage du mètre est

aujourd'hui courant. Les instruments dont il se sert pour ce tracé sont des piquets de bois, qu'il plante aux quatre coins, et qui tendent des cordeaux tressés en diss ( graminée vivace du Tell). Il empreint sur le sol un sillon peu profond, en usant du pic. Le maçon, secondé par cinq ou six manœuvres, creusent les fossés de largeur uniforme, égale à celle des murs à maçonner. On commence le travail par l'un des angles. Sa durée varie selon la profondeur ( 0.50 à 1.10m). Il exige souvent plusieurs jours.

- Combler les fondations avec de grosses pierres, assez nettement taillées de 40cm de côté. Comme mortier, utiliser glaise sans addition de

chaux. - Edifier, sans interruption, les murs sur cette base. Le maçon prend les briques que le manœuvre lui tend, et les mets en place, sur leur lit de

mortier en usant de la truelle, ainsi que du fil à plomb, du tuyau et des règles en bois comme moyens de contrôle de la verticalité et horizontalité du mur. Disposer les briques en parement afin de constituer le banchage du pisé.

- Liaisonner les briques avec un mortier de chaux d'une épaisseur appréciable. Elle dépasse amplement celle de la brique ( 10 à 15cm). Une

fois le mortier durci, il résiste autant que la brique à la compression grâce à la présence de la chaux. - Lorsque le mur atteint une hauteur de 1m, couler le mélange de terre, de paille, de galets, de chaux et de débris de briques ou de tuiles, dans

le moule préalablement confectionné de briques maçonnées. - Pilonner ce mélange au moyen d'une longue dame en bois en forme de massue (rekkàl). - Trois personnes donc sont occupées au mur: le maçon, qui place les briques et dame pisé; un gâcheur, qui prépare et sert le mortier ou le

pisé; et un porteur, qui achemine les briques jusqu'au mur. Le travail dure deux à trois semaines. - Temps de séchage du mur avant pose du plancher varie d'environ 2 à 10 jours selon le mortier utilisé. - Le mortier de hourdage est utilisé comme gobetis( couche d'accrochage). La finition du mur et sa protection sont renforcées par l'application

d'un enduit de chaux mêlé de cendre de bois. Il reçoit en surface un badigeon au lait de chaux.

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OUVRAGES ASSOCIÉS

Angles et pi l iers

Angles : Traitement possible dans la technique, en utilisant les mêmes matériaux Au minimum, sans apport d’un autre matériau, le traitement des angles des murs en terre banchée fait toujours l’objet d’un entrecroisement de chaque niveau de banchage, afin de liaisonner les murs entre eux. On obtient un chaînage vertical des phases de banchage, solidaires en alternance d’un côté de l’angle ou de l’autre. Dans ce cas, hormis la disposition des modules de banchage, rien ne distingue l’angle des parties courantes du mur. Le traitement des angles peut aussi être réalisé avec l’apport d’un matériau différent. Les angles sont alors le plus souvent maçonnés en briques ou en moellons de pierre montés en harpe au fur et à mesure de la mise en œuvre du pisé auquel la chaîne d’angle est intégrée au moment du banchage.

Piliers : Traitement possible dans la technique, en utilisant les mêmes matériaux La construction de piliers n'est pas possible avec la technique de la terre banchée. Ce matériau n’offre pas suffisamment de résistance pour reprendre une charge concentrée.

La Baie et son encadrement

Linteaux et arcs On rencontre essentiellement un seul type de linteau : linteau simple en bois, normalement sans arc de décharge. Ce type de linteau est toujours associé aux baies des murs en terre banchée. Généralement les appuis, jambages, linteaux forment un cadre homogène en termes de matériaux ou de techniques (pierre, brique ou bois). En Algérie, les linteaux en bois de cèdre sont taillés en pièce unique ou fractionnés. Ils sont soulagés par un arc de décharge en briques. L'autre type de linteau couramment utilisé en Algérie dans les murs en terre banchée est le linteau en briques, avec arc de décharge. Jambages D’une manière générale, aucun traitement spécifique des jambages n'a été signalé. La fragi lité du matériau lui -même entraîne des dégradations dues au ruissellement et à la pluie battante le long des tableaux et des appuis de la baie. L’érosion du pisé apparaît aux raccords entre les menuiseries et le mur. C’est pourquoi, dans certains cas, le constructeur réalise les jambages en briques ou en pierre, posés sur un appui de même matériau. Parfois, les jambages sont constitués par des cadres en bois formant coffrage perdu et intégrés au mur au cours du montage.

Appuis Les appuis couramment util isés sont non saillants. Plus rarement, les appuis saillants sont rencontrés (Espagne, Portugal).

Dimensions L'utilisation de la terre banchée limite les dimensions des ouvertures à un maximum de 1 m en largeur. La masse des murs et le type de linteau disponible ne permet pas le franchissement de grandes portées. Les ouvertures rencontrées sont donc généralement très petites, servent à la ventilation des espaces (les largeurs et hauteurs inférieures à 40 cm sont courantes) et sont peu nombreuses. Les dimensions maximales rencontrées sont les dimensions de porte (largeur max. 110 cm et hauteur max. 300 cm). En Algérie, les largeurs de baie sont comprises entre 40 et 110 cm pour des hauteurs inclues entre 60 et 215 cm.

I l lustrations

Traitement d’angle (Variante 2)

La Baie et son encadrement : linteaux et jambages en briques de terre cuite, avec ou sans arcs de décharge ; linteau et jambages

simples en bois.

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OUVRAGES ASSOCIÉS (Suite)

Eléments associés

Aucun autre élément associé n'est généralement mentionné en accompagnement des murs en terre banchée.

Liaison mur -toi ture

Dans certains pays étudiés, le raccord entre la structure verticale du mur et la structure horizontale de la toiture donne lieu à une traitement particulier de cette liaison. La toiture est généralement construite avec un prolongement de la couverture formant auvent en saillie par rapport à la façade en terre banchée. Ce débordement de toiture permet d’une part de protéger le parement contre l’action des pluies, d’autre part il éloigne du mur le rejet des eaux de toiture. En Algérie, on ne rencontre pas d'éléments spécifiques à la liaison entre les murs en terre banchée et la toiture autres qu’un débordement de la toiture utile à la protection du parement contre les eaux de pluie et de ruissellement de toiture. Pour des ouvrages remarquables autres que l'habitation (ex : Grande Mosquée d’Alger), on observe la présence d'une corniche saillante. Cette corniche est composée de cinq lits de briques superposés surmontés de merlons en dent de scie.

I l lustrations

Liaison mur-toiture : corniche en briques de terre cuite; Baie encadrée en terre cuite

Liaison mur-toiture: parapet ouvragé; Chaînages verticaux et encadrements en

briques; Finition à l’enduit de chaux

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USAGE, EVOLUTION ET TRANSFORMATION

Usage

Types de bâtiments Les murs en terre banchée sont utilisés pour la construction d'habitation dans tous les pays où l'usage de cette technique est mentionné. Elle est également utilisée dans certains pays pour l'édification de bâtiments religieux, bâtiments publics ou de service. En Algérie, bâtiments publics et religieux sont également construits en mur de terre banchée. Période d’apparition de la technique / Période d’emploi de la technique – Usage contemporain ou disparu L'usage ancestral de cette technique ne permet pas de datation plus précise de son apparition dans la plupart des pays étudiés. Cette technique a généralement disparu dans la plupart des zones où elle était utilisée. Les motifs de disparition de cette technique sont : l'apparition de nouveaux matériaux plus performants, la non-disponibilité du savoir-faire ou du matériau. En Algérie, les édifices les plus anciens remontent à la période Almohade au 12e siècle. L'utilisation de cette technique s'est généralisée aux habitations durant les époques ultérieures, sous l'influence des Andalous. Cette technique constructive n'est presque plus utilisée en Algérie. Raisons de la disparition ou de la modification de la technique Dans l’espace MEDA, les motifs évoqués pour la disparition de la technique du mur en terre banchée sont notamment : - Le temps important de mis en œuvre, et le coût associé de main d'œuvre nécessaire, dans un cadre social et communautaire en évolution. - la disparition progressive du savoir-faire, tant du point de vue de la technique de construction que de celui de l’entretien. - le besoin impératif d'un entretien régulier, notamment pour assurer l'étanchéité parfaite du couvrement et des passées de toiture. - l'apparition et la distribution de nouveaux matériaux industriels et de nouvelles techniques de construction.

Evolut ion / Transformation

Les matériaux La terre n'est pas directement remplacée par un matériau approchant, mais plutôt par un ensemble de matériaux industriels largement distribués, blocs agglomérés coulés, assemblés au ciment, ou béton coffré, armé ou non. Par son procédé de coffrage, ce dernier peut rappeler le principe traditionnel des banches. En Algérie, l'usage de la terre banchée, est remplacé par de la brique creuse ou du parpaing, liaisonnés au mortier de ciment. Le mur ainsi maçonné constitue un simple remplissage et n'est plus porteur. La structure portante est réalisée en béton armé (système poteau- poutre). Sur les circuits commerciaux, il existe des briques creuses ou des blocs de parpaing de fabrication industrielle. Ceux-ci n'équivalent pas à la terre du point de vue de ses caractéristiques mécaniques et physico-chimiques. Sur le plan de la conservation la brique et le bloc de parpaing sont nettement moins résistants que la terre banchée. Les aspects techniques Actuellement, moyens mécaniques supplémentaires pour la manutention, l'approvisionnement. Des banches métalliques pré-formatées peuvent remplacer les banches traditionnelles en bois. En Algérie, les coffrages de bois (matra'a) ne sont plus montés pour mouler la terre en bloc de pisé. Les longues dames en bois, en forme de massue ne sont point utilisées pour pilonner également cette terre, matériau qui n'est d'ailleurs presque plus d'usage dans la construction des murs. Au niveau économique et au vu de la rapidité de production, l'utilisation de briques souvent creuses ou des blocs de parpaing, est satisfaisante. L'utilisation de cette technique de remplacement n'est pas concluante sur le plan du confort thermique. Du point de vue de ses caractéristiques physico-chimiques, l'ossature en béton armé présente des phénomènes de dilatation très importants sous l'effet des écarts de températures, ce qui engendre des fissures au contacte de la maçonnerie de remplissage en brique creuse ou en blocs de parpaing, avec les structures portantes en béton armé (poteau et poutre). Evaluation des matériaux et des techniques de remplacement Au plan esthétique, problème d'épaisseur à respecter : le mur en terre banchée est souvent supérieur ou égal à 0,60 mm et c'est visible dans les percements (baies et portes). Sur le plan surfacique et donc économique, la large épaisseur du mur en terre banchée est un certainement un inconvénient. A l'inverse, on constate des différences importantes en ce qui concerne les pouvoirs d'isolation thermique, excellents pour un mur en terre banchée et pauvres dans le cas d'un mur en béton, qui permet cependant l'installation d'une isolation thermique complémentaire. Sur le bâti ancien, la technique de remplacement peut éventuellement fonctionner quand la maçonnerie est bien liaisonnée et surtout si elle est enduite ensuite. En Algérie, sur le bâti ancien, cette technique de remplacement peut convenir dans une certaine mesure lorsqu'il s'agit d'utiliser uniquement la pierre, pour reconstruire ou consolider les murs porteurs anciens. Le recours à la brique creuse signifie l'utilisation comme structure portante des poteaux, technique qui n'est point compatible mécaniquement aux structures anciennes, réalisées en murs porteurs en pisé. La structure de remplacement travaille à la traction, ce qui n'est point compatible avec les structures anciennes en terre banchée qui travaillent à la compression, d'où l'apparition de fissures au contact des deux structures. Ces techniques sont employées, dans la grande majorité des cas, sur la construction neuve.