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BRÉSIL Un barrage inonde l'Amazonie ARGENTINE Famatina contre les mines MOZAMBIQUE L'agrobusiness n'est pas le bienvenu MEXIQUE La défense du vent à Oaxaca NIGERIA La course à l'or noir No.16 • août - octobre • 2013 Revue de Quartier trimestrielle Mexique Italie France Brésil Argentine Mozambique Nigeria Honduras Russie Panama Canada

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BRÉSILUn barrage inondel'Amazonie

ARGENTINEFamatina contreles mines

MOZAMBIQUEL'agrobusinessn'est pas le bienvenu

MEXIQUELa défense duvent à Oaxaca

NIGERIALa course àl'or noir

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Revue de Quartier trimestrielle

Mexique • Italie • France • Brésil • Argentine • Mozambique • Nigeria • Honduras • Russie • Panama • Canada

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Projets inut i les

desinformemonos.org

dans le monde

REGARD

DIRECTOIRE

G L O C A L

n ne demande à personne s'il souhaite voir une route traverser ses forêts; s'il a décidé que son village soit inondé par un barrage; s'il attend avec impatience que l'industrie minière emporte l'or et l'argent

extraits de ses territoires sacrés; s'il désire qu'un train passe à toute vitesse dans sa vallée et la détruise; ou s'il a besoin d'un aéroport sur ses champs; on ne demande à personne non plus de choisir entre le vent et la production d'énergie dont il ne profitera même pas. La consultation, qui en plus d'être un droit est un devoir, n'existe tout simplement pas quand arrive une entreprise multinationale, toujours avec le soutien des gouvernements en place, et impose une manière de voir le monde dans laquelle l'autre et son environnement n'existe pas.

Estampillés du mot “progrès”, des centaines de mégaprojets inutiles s'imposent dans le monde. Un Train à Grande Vitesse dans la Vallée de Susa, en Italie; une centrale hydroélectrique à Belo Monte, au Brésil; un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en France; des hôtels et terrains de golf sur l'Archipel des Perles, au Panama; des mines sur le territoire wixárika au Mexique et à Famatina en Argentine; l'agrobusiness au Mozambique; une autoroute dans une forêt russe ou des entreprises pétrolières sur des terres cultivables au Nigeria; ou une Ville Modèle sur le territoire garinagu au Honduras sont seulement une partie de l'éventail que nous partageons avec vous dans la seconde étape de notre Revue de Quartier Desinformémonos.

Dans chacune de ces expériences, la constante n'est pas seulement la barbarie, sinon l'effort des peuples pour refuser des projets qu'ils n'ont pas demandés, dont ils n'ont pas besoin et qui ne font pas partie de leur mode de vie. Parmi les formes de résistance on trouve des blocages de machinerie, des manifestations, des activités artistiques, des occupations et des barricades. L'autonomie est une des réponses pour faire face à la charge avec une autre forme d'organisation locale qui met en évidence l'inutilité des mégaprojets imposés.

Distribué en espagnol, russe, anglais, français, italien, allemand et portugais, avec un regard global et communautaire, le présent numéro de la Revue de Quartier Desinformémonos est la naissance d'une nouvelle étape de ce projet de communication d'en bas et à gauche. Espérons qu'il soit utile.

Direction

Gloria Muñoz Ramírez

Coordination Editoriale

Adazahira Chávez

Coordination Revue de Quartier

Brisa Cristina Araujo

Traduction

Traducteurs Solidaires

Design

atelier.mx

Desinformémonos Revista Barrial, est une publication trimestrielle éditée par

Periodismo de Abajo AC, en sept langues: espagnol, anglais, français,

allemand, italien, russe et portugais. Il peut se télécharger librement sur

Internet et être distribué en format revue, être collé comme un journal mural dans

des espaces libres et/ou être réparti comme feuille volante.

Cette revue est sous licence Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.5 MX), les textes et photos sont distribués sous la

même. Certains droits réservés.

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Photo:Kolektivo Kolibrí

[email protected]

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La sale impositiond'une énergie “propre”

Mexique

L'expulsion des terres de l'Isthme de Tehuantepec, dans l'état de Oaxaca, pour installerun parc d'éoliennes, affronte l'organisation ancestrale des peuples qui ne veulent céder ni terre, ni mer, ni vent.

Texte original et photos: Santiago Navarro / Veredas Autónomas

«Les politiciens disent qu'Álvaro Obregón brillera de son revêtement si nous laissons entrer Mareña Renovables; mais à quoi ça va nous servir? Ça ne se mange pas du bitume!»

axaca, Mexique. Depuis la fourbe duperie jusqu'aux coups physiques, le gouvernement et les entreprises transnationales de l'énergie

éolienne prétendent expulser les peuples ikojts et binnizá de leur territoire pour construire des aérogénérateurs d'électricité; mais les hommes, femmes, anciens et enfants empêchent l'arrivée des entreprises de construction, avec des barricades.

Dans l'Isthme de Tehuantepec se développe le projet de Couloir Électrique; depuis 1994, il prévoit l'installation de près de 5 milles aérogénérateurs sur quelques 100 milles hectares de terres ejidales et communales. Les habitants originels, pécheurs et paysans, connaissant les dommages que les éoliennes génèreront dans la zone, ne sont pas disposés à céder leur terre.

Les lieux où la résistance est particulièrement vive sont au nombre de quatre: à San Dionisio del Mar, la population a pris la mairie; à Juchitán, elle a construit une barricade (à Álvaro Obregón) pour empêcher l'accès de l'entreprise Mareña Renovables à la barre de Santa Teresa; toujours à Juchitán, mais à la sortie du quartier «7e section», un autre blocage empêche

le passage de l'entreprise éolienne Fenosa Gaz Natural; et à San Mateo, c'est le président municipal, Francisco Valle, qui n'est plus reconnu par la population, parce qu'en faveur de Mareña Renovables.

Durant la saison des pluies, les flaques d'huile des éoliennes polluent les lagunes et les sous-sols. Le champ électromagnétique diminue la reproduction du poisson. Les habitants de la zone de La Venta doivent dormir les oreilles bouchées, à cause du bruit. Des milliers d'oiseaux migrateurs et de chauves-souris sont morts, des milliers d'arbres ont été arrachés, des milliers de tonnes de ciment ont été injectée dans le sol, une grande partie de la faune a disparu.

Un opposant rapporte que «les politiciens disent qu'Álvaro Obregón brillera de son revêtement si nous laissons entrer Mareña Renovables; mais à quoi ça va nous servir? Ça ne se mange pas du bitume!»

Les agressionsLes premières stratégies pour réussir l'installation des entreprises – acheter les autorités et leaders, négociations avec les partis, promesses d'emploi,

information mensongère ou non-traduite dans les langues locales – sont dépassées. Les entreprises et le gouvernement de l'État ont déjà recours aux groupes de choc ou à l'agression directe par la police.

Les groupes de choc sont nombreux là où sont bloqués les investissements étrangers dans les projets de mines, de barrages hydro-électriques, de projets éolien ou autres. Ces groupes effraient directement les populations locales, sur les barricades ou les radios communautaires.

Reportage complet: http://desinformemonos.org/2013/02/el-istmo-de-tehuantepec-la-nueva-arabia-saudita/

Reportage sur les groupes de choc:http://desinformemonos.org/2013/03/implementan-grupos-de-choque-para-imponer-el-corredor-eolico-del-istmo-de-tehuantepec/

Plus d'informaton: http://desinformemonos.org/2012/10/no-nos-robaran-la-rabia-ni-el-viento/

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Voir le documentaire complet: http://somosvientodocumental.wordpress.com/

Álvaro Obregón, Oaxaca. Mexique, 2013.

No.16 • août - octobre • 2013

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Une ville libéraleen terre garinagu

Honduras

Expulsé par l'armée et le crime organisé, le peuple garinagu est confronté à une menace:l'édification des Villes Modèles, faites pour les investisseurs étrangers.

Texte original: Comunicadores Populares por la Autonomía (COMPPA) • Photo: Tim Russo/Imagem Arte/COMPPA

“Les garinagu luttent contre des envahisseurs de différentes sortes depuis qu'ils ont obtenu officiellement la propriété de la terre qu'ils occupent traditionnellement”.

allecito, Honduras. Au campement, Miriam Miranda a porté la parole au gouvernement quand celui-ci a autorisé les Villes Modèles, à

cause du manque de garanties des droits des peuples préexistants à l'État, tels les garinagu – du groupe ethnique zambo, connus aussi sous le nom de garífunas.

«Vallecito est au cœur du territoire où ils veulent créer une Ville Modèle. Nous ne sommes donc pas seulement confrontés au problème du crime organisé, mais aussi aux intérêts d'un gouvernement qui sans consultations prend des décisions sur nos territoires», proteste la présidente de l'Organisation Fraternelle Noire Hondurienne, l'Ofraneh.

Les garinagu luttent contre différents types d'envahisseurs depuis qu'ils ont officiellement obtenu la propriété de la terre qu'ils occupent traditionnellement. Des entreprises qui cherchent à explorer la région ou le crime organisé et le narcotrafic provoquent, depuis les années 1990, une diminution de la population qui empire chaque jour.

Les Villes Modèles font parties du projet Région Spéciales de Développement (RED), lequel, prétextant

la sortie des honduriens de la pauvreté, prévoit d'expulser les garífunas de leur terre – avec la complicité de l'État et l'aide des paramilitaires.

Pour l'État hondurien, Vallecito, en plus de contenir de nombreuses ressources naturelles, est une région «inhabitée» – condition fondamentale pour l'application du projet de l'économiste américain Paul Romer.

Les RED seront quasiment des pays autonomes à l'intérieur du pays, avec la mission précise de produire des gains économiques au nom du développement, pour combattre la pauvreté.

Quand elle sera crée, une telle zone autonome, déjà autorisée par la loi spécifique de 2011, pourra signer traités et conventions internationaux sur le plan commercial, s'allier à des services d'intelligence contre le crime organisé, avoir sa police et son budget propre, fixer ses impôts ou établir ses propres règles de migrations.

Les Villes Modèlea du Honduras annoncent la création d'un État libéral pour investisseurs, tel une ville

sujette uniquement à des lois qui ne restreignent rien mais qui garantissent une liberté de circulation totale du capital, comme le dit l'Ofraneh.

La Commission pour la Promotion de l'Alliance Public-Privé, Coalianza, a signé un accord de quinze millions de dollars avec un consortium états-unien pour construire la première Ville Modèle. Apparemment ce sont le Canada et la Corée du Sud qui, bien que les détails ne sont pas clairs, ont financé le projet, qui commencera parla région de Puerto Castilla, Bahía de Trujillo.

Miriam Miranda et les 200 familles qui, à Vallecito, réclament leur terre, dénoncent la manque de respect du gouvernement: «Nous demandons que l'État vienne et dise: “Nous vous avons remis ce titre de propriété en 1997 et réitérons que ces terres sont vôtres“. La réponse est le silence de complicité avec les groupes de pouvoir et leurs plans».

Pour lire le texte original: http://desinformemonos.org/2012/09/el-pueblo-garifuna-contra-las-ciudades-modelo-en-honduras/

Page web de l'Ofraneh: http://ofraneh.org/ofraneh/index.html

Ville Modèle : centre financier au paradis de la criminalité (communiqué de l'Ofraneh): http://ofraneh.org/ofraneh/ciudad_modelo_centro_finaciero.html

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Un train à grande vitessedans la Vallé de Suse

Italie

Des milliers d'habitants du nord de l'Italie se sont organisés au sein du mouvement No Tav pourempêcher les expulsions violentes, la prise des terres par la police ou l'arrestation d'activistes.

Texte original: Daniele Fini • Photos: Iskra Coronelli

Vallé de Suse. Italie, 2012.

urin, Italie. Un mouvement social horizontal et divers résiste, depuis les années 1990 dans le nord de l'Italie, à la construction d'une ligne de

Train à Grande Vitesse (TAV) que populations et études définissent comme inutile, nuisible et couteux.

Dans l'étroite vallée, où vivent 60 milles habitants, on ambitionne de construire une ligne de chemin de fer qui traversera vallée et monts au travers d'un tunnel long de 23 kilomètres. D'un côté, les politiciens et les entreprises veulent impulser un mégaprojet qui les intéresse à cause des investissements nécessaires; de l'autre, des milliers de citoyens défendent leur territoire.

Les différents gouvernements n'ont pas écouté les arguments des gens. La police est passée de l'occupation du territoire à la violence, les médias manipulent l'information pour criminaliser le mouvement. Malgré tout, les habitants continuent les mobilisations, assemblées, blocages avec barricades et autres occupations d'autoroutes.

Le mouvement No Tav est composé d'habitants de la vallée, jeunes et anciens, étudiants, travailleurs ou entrepreneurs, activistes de centre sociaux ou de syndicats, jusqu'à certaines mairies. Ils s'organisent en comités, prennent les décisions en assemblée, et luttent de différentes façons, de l'organisation de manifestations aux actions directes et occupations, pour défendre leur territoire. Les politiciens les accusent d'être «égoïstes et opposés au progrès».

Les promoteurs du projet disent que c'est là une œuvre «stratégique» pour le pays, qui apportera de la croissance économique. Les opposants considèrent le projet nocif car il polluera l'environnement, car dans les monts qu'il doit traverser se trouvent des minerais polluants et dangereux comme l'amiante. Ils le considèrent inutile parce que dans la vallée passent déjà une autoroute et un chemin de fer, et que ces dernières années le trafic sur ces tronçons a diminué. Ils affirment aussi que le projet est une perte d'argent public à un moment où le gouvernement réduit les budgets de l'éducation, de la santé et des services sociaux. Ils rappellent qu'avec ce que coûte 500 mètres de TAV on pourrait construire un hôpital de 1200 chambres.

Le gouvernement entend s'imposer avec des expulsions violents, des prises de terres par la police et de arrestations d'activistes. Les gens n'ont d'autres moyens que de défendre avec leur propre corps leur territoire et leur futur. Ils ont organisé le Forum International contre les Grands Projets Inutiles et Imposés, des barricades et des marches de milliers de personnes.

La lutte de la Vallé de Suse a été longue, mais n'est pas gagnée pour autant. Le gouvernement ne veut pas perdre de vue les gains du projet, et les habitants ne veulent pas qu'on vole le futur de leur vallée et leur droit à décider.

Pour lire le reportage complet: http://desinformemonos.org/2012/03/italia-se-moviliza-con-y-por-val-susa/

Sur les mobilisations de 2013: http://desinformemonos.org/2013/04/ochenta-mil-gritos-contra-el-tren-de-alta-velocidad-en-italia/

Bilan et histoire du mouvement: http://desinformemonos.org/2013/02/no-tav-una-experiencia-italiana-de-democracia-y-defensa-del-territorio-desde-abajo/

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No.16 • août - octobre • 2013

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Canada

Marche contrela mort

Pluie acide, pollution des fleuves et intoxication des populations sont les conséquences de l’action des entreprises exploitant les combustibles fossiles des forêts du nord du pays.

Texte original et photo: Aidee Arenas, Choo-Kien, Christine Leclerc, Rita Wong.

lberta du Nort, Canada. Les entreprises qui extraient les sables bitumineux - un combustible fossile contenant des dérivés de pétrole - des

terres du nord a font de gros bénéfices, alors que les peuples originaires n’ont eux que la dévastation écologique, qu’ils essayent de stopper avec des initiatives pacifiques et la solidarité internationale.

Les peuples natifs, dépouillés de grandes étendues de terres durant la colonisation anglaise, essayent de préserver leur vie communautaire et le soin donné à l’environnement et à la terre à côté des zones de grande extraction de sables bitumineux. La nécessité de prendre soin des terres est tellement évidente que des activistes d’autres pays se joignent aux marches

pour la vie, qui, pacifiquement, guidées par les anciens des peuples originels et

avec leurs chants et prières, traverse le coeur de la zone où Syncrude et Suncor extraient le bitume à grande échelle.

Les projets d’extraction de sables bitumineux ont déja contaminé les eaux des fleuves Athabasca et Fort Chipewyan; les gens tombent malades à cause de leur toxicité. En outre, les pluis acides au Saskatchewan, où les polluants se concentrent dans l’eau du lac, réduit les possibilités de pêche.

La négligence des entreprises est responsable d’au moins trois fuites de conduite d’huile, au Canada et aux États-Unis, en seulement deux ans (2010 et 2011). Ces épanchements ne sont pas la seule menace. Il y a aussi des fuites d’eau salée des usines, de hauts indices de cancers dans les communautés proche des exploitations, des oiseaux qui fuient à cause du bruit et de la destruction des forêts. Le simple fait de marcher par ici provoque des maux de tête.

Au bord des réserves de terres toxiques, il y a les fleurs sylvestres, des forêts et des familles indigènes vivant dans des caravanes, résistant au déplacement forcé et vivant dans la pauvreté. Chaque année a lieu avec elles - depuis 2010 - la marche de la purification jusqu’aux zones de sables bitumineux, passant à côté des machines de destruction.

Ce sont des personnes touchées par la dévastation de leur terre natale qui sont à l’origine de cette initiative, laquelle aide habitants et visiteurs à prendre conscience de la connexion qu’il y a entre le niveau de vie dans les villes et les conséquences que cela implique pour les communautés, leur eau et leurs territoires.

Reportage complet: http://desinformemonos.org/2011/10/una-caminata-contra-la-muerte-en-canada/

Reportage sur la résistance indigène au Canada: http://desinformemonos.org/2010/07/una-batalla-contra-la-muerte/

Alberta du Nord. Canada, 2011.

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L'aéroport qui raserales champs de Nantes

France

Des paysans et de jeunes écologistes s’unissent contre un aéroport et pour un projet de vie communautaire.“Tandis qu’ils parlent de développement économique, nous autres parlons d’autodétermination, d’organisation collective et de luttes” disent-ils.

Texte original: Siete Nubes Photo: Zone à Défendre (ZAD)

otre-dame-des- Landes, France. Dans les années 1970, des

paysans d’une région proche de Nantes s’étaient opposés à la construction

d’un aéroport sur leurs terres. Aujourd’hui, les

menaces d’expulsion se concrétisent et la résistance se fait

chaque jour plus forte.

Il y a 50 ans, le projet s’était affronté au mouvement paysan radical et semblait avoir été mis en déroute par lui. Cependant, le maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, l’a réactivé au début de ce siècle dans le cadre de sa nouvelle politique expansionniste.

En dépit du fait que Nantes a moins de 500 milles habitants et dispose déjà d’un aéroport, le projet a été relancé pour attirer plus d’investisseurs, développer le tourisme de luxe et permettre la réhabilitation de la zone de l’aéroport actuel à des fins de spéculation immobilière.

Paysans et jeunes des mouvements squats, de l’écologisme radical et du réseau Reclaim The Fields (“reprenons les terres”) luttent contre le projet, contre l’accélération de l’industrialisation et de l’urbanisation, avec pour projet la renaissance d’une paysannerie communautaire.

Plus de 100 personnes sont venus s’installer sur la zone menacée, baptisée par eux Zone à Défendre

(ZAD). Ils ont occupé des maisons abandonnées, crée des potagers et construit de nouvelles cabanes. Les nouveaux habitants ont changé les dynamiques locales et se sont mobilisés pour empêcher l’avancement du projet.

La communauté a montré sa force en mars 2012: trois marches ont bloqué différents points d’entrée sur Nantes et 10 milles manifestants avec 200 tracteurs ont réalisé différents blocages festifs et offensifs. “La manifestation a été un réel succès” affirmèrent les organisateurs.

En dépit de leur union, la ZAD est chaque fois plus menacée par une dangereuse pression locale. Depuis août 2010, plus de quinze ordres d’expulsion ont été émis contre les nouveaux occupants de la zone, 80 exploitations agricoles ont été touchées et 100 petits propriétaires sont menacés d’expropriation des 650 hectares qui manquent encore au projet.

Face à la pression, les habitants essayent de se rapprocher des nombreuses luttes similaires contre des mégaprojets à travers le monde. En 2011, ils ont mené avec les écologistes russes de Khimki une campagne internationale contre la multinationale Vinci. Confrontés à la même entreprise, les russes essayent d’empêcher la destruction d’une grande forêt pour construire une autoroute.

“A Notre-Dame nous ne luttons pas seulement contre un aéroport mais contre toute une vision du monde. Eux parlent d’aménagement du territoire, de politiques de rénovation urbaine et de développement économique durable. Nous autres parlons d’autodétermination, de liens de solidarité, d’organisation collective et de luttes”, défendent les manifestants.

Pour lire le texte original: http://desinformemonos.org/2012/04/en-francia-como-en-atenco-los-aeropuertos-envenenan-lo-que-tocan/

Zone A Défendre: http://zad.nadir.org/

Un aéroport en “vert” et contre tout:http://desinformemonos.org/2010/08/un-aeropuerto-verde-y-contra-todo/

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Zone à Défendre, Notre-Dame-des-Landes. France, 2012.

No.16 • août - octobre • 2013

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esa del Tirador, Jalisco, Mexique. Les employés des entreprises minières arrivent dans la montagne wixárika sous n'importe

quelle identité. En mentant et en offrant de l'argent, ils récupèrent des informations sur les minéraux que l'on trouve dans les parages. À cause de la gravité de la situation, les wixaritari, peuple présent dans les états mexicains de Jalisco, Nayarit, Durango et Zacatecas se sont accordé pour «sanctionner, conformément à nos propres règles, les membres de la communauté qui facilitent les incursions des entreprises minières».

Ces employés constituent le premier jalon pour marquer le terrain; ils arrivent à obtenir des échantillons de terre et à se faire indiquer les routes qui vont à San Sebastián Teponahuaxtlan et à Tuxpan de Bolaños, dans les municipes Mezquitic et Bolaños, à la frontière entre Jalisco et Nayarit.

Sur le seul territoire de San Sebastián, repris aux envahisseurs métis, on trouve trois concessions minières exploitant or, argent et manganèse.

La menace est si grave que l'assemblée a décidé qu'en cas de récidive d'un membre de la communauté on lui retira sa propriété foncière. L'accord principal est fermé: «L'assemblée générale

des membres de la communauté s'oppose catégoriquement à toute activité minière, quelle qu'en soient les degrés ou les modalités».

Pour défendre ses terres et sa culture, le peuple wixárika a décidé que «les membres de la communauté et aux autorités traditionnelles et agraires ont l'obligation d'être vigilants et, en cas d'incident ou d'anomalie détectés quant à la mine, de faire remonter l'information à l'organisme de représentation communal».

».

L'assemblée a aussi pris des sanctions contre ceux qui viennent de loin, puisque comme le rappelle un membre de la communauté, «ce sont eux qui ramènent les divisions».

«Que quelques wixárika soient complices des entreprises minières m'ennuie. Nous ne pouvons pas le permettre», dit un autre membre. Il raconte aussi

comment un entrepreneur a tenté de l'acheter 200 pesos pour qu'il trouve des échantillons de minerais ou qu'il lui serve de guide. «Mais j'ai refusé et l'ai renvoyé à l'autorité», rajoute-t-il.

Une entreprise canadienne est même allée jusqu'à offrir 30 millions de pesos a l'assemblée et 10 millions au commissariat des biens communaux pour autoriser l'exploration et l'établissement des entreprises minières.

Le droit à être consulté, en tant que peuple indigène, est le principal argument pour leur défense. Ils affirment donc qu'il est «obligatoire pour toute autorité mexicaine de consulter au préalable et de manière informée les intéressés, pour obtenir le consentement des communautés sur l'usage ou l'exploitation de toute ressources naturelle dans la communauté».

Reportage complet: http://desinformemonos.org/2012/09/el-pueblo-wixárika-no-sera-complice-de-las-mineras/

Site du Front de Défense de Wirikuta: http://frenteendefensadewirikuta.org/wirikuta/

Le miroir de l'ordans la sierra wixárika

Mexique

Le peuple wixárika refuse les concessions minières pour l'exploitationd'or, d'argent et de manganèse, et réclame d'être consulté.

Texte original: Gloria Muñoz Ramirez • Photo: Prometeo Lucero

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Mesa del Tirador, Jalisco. Mexique, 2012.

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Le barrage hydro-électriqueécrase la vie communautaire

Brésil

Les voisins de la Vila Santo Antônio luttent pour réorganiser la communauté,après l'arrivée dans leurs foyer du méga-projet du gouvernement brésilien.

Texte original: Ruy Sposati • Photos: João Zinclar

ila Santo Antônio, Pará. «Ils en ont terminé avec tous nos liens familiaux et avec beaucoup de liens communautaires. Ils sont tous en train

de partir mais personne ne sait pour où», raconte Élio Silva, un des nombreux habitants touché par la construction du barrage hydro-électrique de Belo Monte.

Le barrage de Belo Monte fait partie du Plan d'Accélération de la Croissance (PAC) du gouvernement brésilien. Avec des infrastructures de ce type, il cherche à remplir les conditions de la croissance économique du pays. Mais ce barrage se trouve en pleine forêt amazonienne et, avec l'expropriation des terres et l'expulsion violente des communautés il apporte des conflits environnementaux et avec les habitants, font remarquer ces derniers.

Élio est le seul représentant de la communauté de la Vila Santo Antônio, de la région Altamira dans l'État du Pará. Ici, près de 25 propriétés ont déjà été expulsées, avec des indemnités très faibles et sans garanties légales.

La loi brésilienne indique pourtant que la compagnie Norte Energia doit offrir trois options: l'installation

dans un nouveau village, l'indemnisation ou le crédit pour acheter un nouveau terrain. Mais la majeure partie de la communauté n'a pas eu le choix.

La proposition de déplacer le commune dans un endroit près de la route et du fleuve a bien été soumise au vote, mais le scrutin a été organisé de manière à ce que seules 16 familles purent voter. Avec cette déception et les pressions de l'entreprise, de plus en plus de personnes acceptent l'unique option viable: l'indemnisation.

Élio dénonce les véritables intérêts de Norte Energia: «Je sais qu'il n'y aura jamais de village quelconque. Ce qu'ils vont faire, c'est acheter les terres pour faire une cité industrielle, un ensemble de maisons pour ceux qui viennent - en famille - travailler sur le chantier. Construiraient-ils une telle commune pour abriter seulement cinq familles?»

En décembre 2011, Norte Energia a commencé à s'approprier le village. Elle a mandaté un sous-traitant pour détruire une à une les maisons abandonnées. Pour ce faire elle s'est basée sur une déclaration ordonnant la nationalisation de toutes les propriétés.

La violence du processus est aussi symbolique: Norte Energia a ordonné la confiscation du petit cimetière de le commune, et y a placé une grande affiche où il est écrit que «tout enterrement dans ce lieu est formellement interdit».

Malgré la violence, il reste de la Vila Santo Antônio les mémoires de ceux qui y ont vécu: «D'ici vient mon neveu qui aujourd'hui joue au foot en Italie. Il est né et il a grandi ici. D'ici est aussi sortie une sœur, aujourd'hui nonne à Santa Catarina», se rappelle Élio Silva.

Texte original: http://desinformemonos.org/2012/03/la-villa-de-santo-antonio-una-victima-mas-de-la-hidrolectrica-belo-monte/

Mouvement Xingu Vivo(en portuguais): http://www.xinguvivo.org.br

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Vila Santo Antônio, Pará. Brésil, 2012.

No.16 • août - octobre • 2013

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Les gardiensdu bois Khimki

Russie

La construction d'un très coûteux projet de route menace de détruire les quelques aires vertes quiamènent eau et air pur à Moscou, mais les voisins et les écologistes disent qu'ils ne le permettront pas.

Texte original: Katerina Girich

oscou, Russie. La destruction d'une partie du bois de Khimki, pour construire l'autoroute payante Moscou-St Saint-Pétersbourg, a réuni

des habitants voisins, des artistes et des écologistes. Depuis 2006, ils protègent ce poumon de la capitale russe.

La forêt de bouleau de Khimki, avec ses plus de mille hectares, fait partie de la ceinture verte qui entoure Moscou. Y vivent renards, élans, sangliers et insectes, et des plantes en voie d'extinction. La construction de la nouvelle autoroute, ambitieux projet de l'entreprise Vinci, se planifie depuis 2006.

La coupe des arbres a débuté en juillet 2010. Immédiatement ont commencé les affrontements entre les travailleurs de l'entreprise et les activistes, qui montaient la garde 24h/24h.

Parmi les défenseurs du bois, il y avait des habitants de la zone, le groupe Défense Écologique de la région de Moscou, Greenpeace Russie et le Front des Gauches. En 2010 ont eu lieu les premiers concerts massifs pour protester contre l'autoroute mais aussi les premières arrestations d'activistes.

Le Mouvement pour la Défense de la Forêt de Khimki a posé une plainte devant le Tribunal Européen des Droits de l'Homme pour arrêter le projet. Le président d'alors, Dmitri Medvedev, a ordonné de stopper la construction de l'autoroute et a demandé du temps pour réfléchir. Pour les activistes, c'était une victoire. Malgré ça la coupe a continué, comme les attaques contre les défenseurs de la forêt et quelques journalistes qui couvraient le conflit.

Lors d'inspections les activistes demandaient les permis de coupe des arbres, mais les travailleurs ne pouvaient les montrer. La police a donc arrêté les écologistes, et non ceux qui détruise la forêt.

Le projet est largement critiqué pour la non nécessaire destruction de la forêt et d'autres zones naturelles protégées, mais aussi pour les innombrables vacuités de la planification des transports en Russie ou encore par la participation au projet d'entreprises apparemment contrôlées par des oligarques russes. Même le rocker irlandais Bono s'est prononcé pour le défense de cette forêt.

Le gouvernement de Moscou a annoncé qu'il construirait un «parc» afin de remplace les zones taillées de la forêt. Ce n'est pas une victoire, mais il y a de l'espoir. Le mouvement qui défend la forêt prend de la force, et les activistes croient que même ainsi la beauté de la nature pourrait retrouver son état originel.

Reportage complet: http://desinformemonos.org/2012/09/en-rusia-ecologistas-y-rockstars-unidos-por-la-defensa-del-bosque-jimki/

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Argentine

“¿Por qué en Canadá, de donde es la empresa, está prohibida la explotación minera a cielo abierto y acá no? ¿Por qué a nosotros?”

Un village deboutdefend sa colline

Une compagnie minière canadienne voudrait faire sauter la colline Famatina, source de vie, pour en extrairede l’or. Les habitants, pour qui la montagne vaut plus que le métal, résistent pour arrêter le processus.

Texte original: Eliana Costa • Photo: Famatina no se toca

uenos Aires, Argentina. «Nous avons des droits sur notre terre; ici les compagnies minières ne mettront pas les pieds», déclare un

habitant de Famatina, dans la Rioja, où les agriculteurs défendent la colline d’où jaillit l’eau qui sert à toute la population.

Source de vie, la colline Famatina sera réduite en mille morceaux si le projet minier orchestré au Canada pour extraire l’or est approuvé. Bien que les habitants, en 2012, aient réussi à faire suspendre les travaux de l’entreprise, à la fin de cette même année, les travaux d’exploration ont de nouveau été autorisés.

L’entreprise prétend faire une mine à ciel ouvert, où l’on sépare le minerai au moyen de cyanure dilué dans des milliers de litres d’eau potable – la même dont les habitants ont besoin pour vivre et travailler la terre, leur principale activité économique.

La méthode d’extraction présente un danger puisque très souvent le cyanure – un poison très violent – est en contact avec l’eau et empoisonne la faune. Les habitants de Famatina posent cette question: «Pourquoi au Canada, pays d’où vient l’entreprise, cette méthode d’exploitation à ciel ouvert est-elle interdite et ici non? Pourquoi nous?»

Les habitants défendent non seulement leur source d’eau, mais aussi d’autres ressources qui se trouvent dans cette région. «Nous sommes dans une zone sismique, comment vont-ils pouvoir maintenir sans danger le stockage sans qu’il y ait perte de cyanure? Sait-on que l’entreprise a dynamité le Chemin de l’Inca qui passait à droite du site? Pourquoi parle-t-elle de préserver les trésors archéologiques lorsqu’ici tout a été dynamité?» argumente une paysanne qui s’oppose à la mine.

Les habitants de Famatina ont interpelé les représentants du gouvernement qui prétendent les convaincre des soi-disant «bénéfices» qu’ils tireraient en acceptant l’exploitation minière de la colline.

«Nous, nous ne pouvons pas faire valoir nos droits. Eux viennent et emportent tout. Jusqu’à quand? Ici, il y a un village debout. Ma famille, voilà plus de cent ans qu’elle vit ici et nous avons des droits sur notre terre. Nous ne sommes pas idiots. Ils vont utiliser l’eau et du cyanure et vont nous laisser la désertification. Les compagnies minières n’entreront ni à Famatina ni à Chilecito» a annoncé un paysan.

Le village de Famatina a réussi à faire suspendre les travaux en 2012 par décision judiciaire, mais le projet est toujours valide. Les agriculteurs assurent qu’ils ne le laisseront pas progresser. «Tous nous soutenons Famatina, nous savons quand la cause est juste et nous voulons la terre et l’eau. Nous sommes nombreux à dire non au cyanure, non à la mini, maxi ou macro exploitation minière»

Reportage complet: http://desinformemonos.org/2012/04/entrada-para-famatina/

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Famatina, La Rioja. Argentine, 2012.

No.16 • août - octobre • 2013

B

Famatina, où l’eau vaut plus que l’or: http://ipsnoticias.net/nota.asp?idnews=100002

On ne touche pas à Famatina: http://lajuventudopina.org/posts/el-famatina-no-se-toca

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Des terrains de golfsur les champs des Perles

Panama

Dans l’île Pedro González, au Panama, le gouvernement a interdit à plus de 100 familles de pratiquer l’agriculture, qui était leur moyen desubsistance. Derrière cette attaque on trouve la volonté de développer des projets touristiques les habitants réprimés par les forces policières.

Original: podcast de Radio Temblor • Photo: Comité de Défense de l'île Pedro González

“Les autorités nous persécutent parce que nous sommes contre ce que veulent faire les investisseurs de notre communauté: faire disparaître nos modes de subsistance”.

es Perles, Panama. Cela fait au moins 60 ans que las afropanaméens habitants l’île Pedro González utilisent l’agriculture pour subvenir aux

besoins de leur communauté. En 2008, cependant, leur mode de vie a été perturbé par un projet touristique pharaonique prétendant transformer l’île en un hôtel paradisiaque supplémentaire de la mer des Caraïbes.

L’archipel de Les Perles est aujourd’hui divisé entre quatre groupes d’investisseurs qui, avec l’appui de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), ont rassemblé 1900 millions de dollars pour construire des aéroports, des marinas, des terrains de golf, des résidences et des hôtels de luxe.

L’Autorité Nationale de l’Environnement (ANAM) a approuvé les études d’impact environnemental dans les îles réalisées par les entreprises, prétendant que la majeure partie de la forêt vierge ne sera pas affectée et que les projets sont soutenables pour l’environnement. Les habitants de l’île ne sont pas d’accord avec l’évaluation de l’organisme.

Rommel Toquen, un des leaders communautaires de l’île Pedro González, a raconté à Radio Temblor la destruction de la vie communautaire : “Les autorités nous pourchassent parce que nous sommes contre ce que les investisseurs avec la complicité de l’ANAM

veulent faire à la communauté: nous enlever la possibilité de subvenir à nos besoins. Nous sommes plus de 100 familles à dépendre de l’agriculture, et ils nous l’interdisent”.

Le groupe Eleta, qui mène le projet Pearl Island Ritz Carlton, a acheté l’île et détient le titre de propriété. Dans son projet, il considère la population seulement comme une main d’oeuvre potentielle pour ses hôtels et ses services, divisant la zone en seulement deux

parties: la zone d’investissement et la zone de protection environnementale. Cela exclut les plantations de subsistance que développe depuis plus d’un demi-siècle la communauté.

Sans le permis de cultiver et sans pouvoir espérer plus, les habitants ont décidé en janvier 2013 de protester et de reprendre leurs terres. Le résultat a été la prison pour plusieurs manifestants, sous l’accusation de violation de la propriété privée, outrage aux autorités et obstruction de routes publiques.

Face au problème, Toquen accuse les autorités et demande de l’aide: “Il y a eu ici une protestation normale et pacifique. Et les autorités nous accusent d’un délit que nous n’avons pas commis. Le représentant de l’autorité ici est partial et ne communique pas avec nous. Pour cela, nous demandons à la population nationale et internationale qu’elle se fasse l’écho de ce problème, qu’elle s’unisse avec nous. Nous avons besoin de l’aide de beaucoup de gens”.

Pour écouter le podcast original: http://desinformemonos.org/2013/01/el-turismo-contra-la-agricultura-en-panama/

Vidéo: http://kaosenlared.net/america-latina/item/45495-video-panamá-denuncia-de-moradores-de-isla-pedro-gonzález-v%C3%ADctimas-de-represión.html

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Île Pedro González, Archipel des Perles. Panama, 2013.

L

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ozambique. ProSavana, mégaprojet de monoculture pour l'exportation au capital public et privé brésilien et japonais s'est

installé dans le Couloir de Nacala, au nord du Mozambique, et menace les terres de millions de paysans qui pratiquent l'agriculture itinérante.

Les cultures de base – tel le soja ou le maïs – des 14 millions d'hectares de terres seront cultivées par des entreprises d'agrobusiness brésiliennes et exportées par des multinationales japonaises. Au Couloir de Nacala, la région la plus densément peuplée du pays, les sols fertiles et les pluies constantes donnent de quoi manger aux petits agriculteurs et fournissent les marchés locaux.

Le projet mettra ces terres à disposition des entreprises pour qu'elles y établissent des plantations industrielles de productions à bas coûts pour l'exportation. Le loyer offert aux investisseurs brésiliens est à peu près de un dollar par hectare et par an.

L'Union Nationale des Paysans (UNAC) a condamné «tout projet ayant pour but de déplacer des communautés et d'exproprier la terre des paysans pour céder la place aux mégaprojets agricoles et à leur production en monoculture» comme «l'arrivée en masse d'agriculteurs brésiliens voulant établir de

l'agrobusiness et transformer les paysans mozambicains en leurs employés et ouvriers agricoles».

GV Agro, filiale de la Fondation Getulio Vargas du Brésil, coordonne les investisseurs brésiliens; elle stipule que ProSavana s'installe sur une «aire abandonné». Malgré ça, le rapport de l'Institut National d'Enquête du Mozambique montre que quasiment toutes les terres agricoles de la région sont utilisées par les communautés. Les paysans locaux avertissent qu'il n'existe pas d'espace pour les plantations à grande échelle.

Selon l'UNAC, ProSavana résulte d'une politique verticale qui ne prends pas en compte les demandes de base des agriculteurs et engendrera paysans sans terres, agitation sociale, pauvreté, corruption et destruction de l'environnement.

Les paysans demandent de l'information, qui leur est refusée par le gouvernement. Les gouvernements du Mozambique, du Brésil et du Japon pensent terminer le pré-projet en 2013, et réalisent déjà des essais d'adaptation de cultures.

L'UNAC affirme que tout investissement dans le Couloir de Nacala doit être réalisé pour développer l'agriculture et l'économie paysanne car c'est le seul type d'agriculture à même de créer des formes de vie dignes et durables, de mettre un frein à l'exode rural et de produire des aliments de bonne qualité en quantité suffisante pour toute la nation mozambicaine.

*Cet article a été originellement publié en portugais dans le journal Brasil de Fato.

Reportage complet:http://desinformemonos.org/2012/12/megaproyecto-brasileno-en-mozambique-desplazara-a-millones-de-campesinos/

Mozambique

Là où est prévu l'agrobusiness pour l'exportation, de petits agriculteurs produisent des aliments pour leur famille et pour lesmarchés locaux. Les organisations avertissent que pauvreté et destruction environnementale et sociale seront du lot.

Texte original: Unac, Via Campesina Africa, Grain • Photo: Nick Paget/Vía Campesina

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L'agrobusiness brésiliendéplacera des millions de paysans

Mozambique, 2012.

Photo: Ton Rulkens

No.16 • août - octobre • 2013

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Desinformémonos Revue de Quartier est possible a remercie du soutien de:

CGT Valencia y CGT Murcia.

Ximena, David, Kolektivo Kolibrí, Santiago, COMMPA, Tim, Daniele, Iskra, Aideé, Choo-Ken, Christine, Rita, Siete Nubes, ZAD, Prometeo, Ruy, João, Katerina, Eliana, Famatina no se toca, Radio Temblor, Comité Pro Defensa de la Isla Pedro González, Nick, Amaranta, Pedro, Christine, Lena, Luz, Nina, Ricardo, Oleg, Traducteurs Solidaires, Boston Interpreters Collective, Annamaria, Fabrizio, Desinformémonos Brasil.

Amigos deDesinformemonosen Italia

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Nigeria

Le peuple ogoni refuse tout accaparement de terres dans le delta du Niger, que ce soit pour l'installationd'une base militaire ou à des fins agricoles, et appelle le gouvernement à arrêter toutes les activités d'exploration.

Texte original et Photosz: Pedro Flores

igeria. Les Ogoni, groupe ethnique qui vit dans le delta du fleuve Niger, ayant une certaine expérience de lutte contre les entreprises

pétrolières, affrontent une stratégie du gouvernement pour extraire le combustible de leur terre: l'installation d'une caserne militaire et l'augmentation de la répression. Le peuple a répondu en laissant ses différences de côté pour mieux résister.

Dans les années 1990, le peuple ogoni a organisé un grand mouvement de résistance pacifique qui a fini par faire expulser l'entreprise pétrolière Royal Dutch Shell, responsable de 40 ans de destruction environnementale dans ces terres riches en pétrole. Le prix à payer a été la disparition des dirigeants du Mouvement pour la Survie du Peuple Ogoni (Mosop) et l'assassinat, le viol, le déplacement forcé de milliers d'ogonis. De surcroît, le Mosop s'en est fragmenté.

Autour de 500 milles ogonis vivent dans un territoire de 1050 kilomètres carrés; une des zones les plus densément peuplées d'Afrique. Le gouvernement a expulsé des immenses étendues de terres pour le bénéfice des compagnies pétrolières et du gouvernement lui-même, ce qui rend difficile l'accès à la pêche et aux terres cultivées qui sont la base de l'économie traditionnelle et de la survie du peuple.

Le gouvernement du Niger veut imposer une présence militaire en Ogoni pour permettre au pétrole de couler librement, de nouveau après 15 ans. Shell essaye de vendre ses concessions depuis 2009; de son côté, le gouvernement nigérian est en train de créer les conditions favorables au retour des entreprises pétrolières en Ogoni. Malgré tout, le gouvernement de l'État de Rivers affirme qu'au lieu d'une caserne il créera un projet d'agriculture mécanisée.

Le Mosop ainsi que d'autres activistes ogoni ont condamné la tenace violation des droits humains de

leur peuple par les soldats, et ont exigé le retrait immédiat des troupes. Ils ont refusé tout accaparement de terres dans en Ogoni, que ce soit pour l'installation d'une base militaire ou à des fins agricoles, et appelle le gouvernement à arrêter toutes les activités d'exploration.

L'assassinat de jeunes participants à la lutte et l'obstination du gouvernement de l'état de Rivers

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Les ogoni expulsent lesentreprises pétrolières

Ogoni, Rivers. Nigeria, 2011.

à installer la caserne contre la volonté des gens ont renforcé les alliances. Les factions du Mosop qui refusaient de travailler ensemble se sont mises à le faire, et on peut voir dans les villages des mobilisations qui n'ont pas eu lieu depuis des années. Les ogonis comme leur sympathisants dans le monde entier ont utilisé tous les médias à leur disposition pour refuser la base militaire.

Texte original: http://desinformemonos.org/2011/10/la-oposicion-a-la-militarizacion-y-al-saqueo-de-los-recursos-naturales-en-nigeria/

Vidéo sur la résistance ogoni: http://desinformemonos.org/2011/12/video-ogonis/

No.16 • août - octobre • 2013

N

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Oaxaca, Mexique À quoi ça nous servira? Nous ne mangerons pas de pa s servira? Nous ne mangerons pas de pavés! – Oaxaca, Mexique À quoi

Honduras Nous sommes face aux intérêts d'un gouvernement qui ement qui prend sans nous consulter des décisions sur nos territoiresdécisions sur nos territoires – Vallecito, Honduras Nous sommes face

France Nous ne luttons pas seulement contre un aéroport mais aéroport mais contre une vision du monde. – Notre-Dame-des-vision du monde. – Notre-Dame-des-Landes, France Nous ne luttons

– Jalisco, Mexique Ce sont eux qui amènent la division à la communauté. amènent la division à la communauté. – Jalisco, Mexique Ce sont eux qui

sait où. – Pará, Brésil Tout le monde s'en va et personne ne sait où. – Pará, BrésilTout le monde s'en va et personne ne sait où. – Pará, Brésil Tout le monde s'en

Famatina, Argentine Ici il y a un peuple debout. – Famatina, ArgentineIci il y a un peuple debout. – Famatina, Argentine Ici il y a un peuple

González, Panama. Nous sommes plus de cent familles qui dépendent demes plus de cent familles qui dépendent de l'agriculture et on nous l'interditdent de l'agriculture et on nous l'interdit. – Île Pedro González, Panama. griculture et on nous l'interdit. – Île Pedro González, Panama. Nous sommes