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(1845-1924) - Mirare · 2018. 7. 3. · Si Alfred Cortot était surpris par ce jeu sans pédale, sans maquillage, ... Chopin à Bagatelle, Printemps des Arts de Monte-Carlo, George

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  • 2 TRACKSPLAGES CD

    Enregistrement réalisé à l’Eglise Luthérienne du Bon Secours à Paris en juin 2017 / Direction artistique : France Pennetier / Prise de son : Nicolas Bartholomée / Montage : Maximilien Ciup / Piano : Régie Piano / Accord : Philippe Copin / Conception et suivi artistique  : René Martin, François-René Martin et Christian Meyrignac / Design  : Jean-Michel Bouchet – LM Portfolio / Réalisation digipack : saga.illico / Photos : Jean-Baptiste Millot / Fabriqué par Sony DADC Austria. / & © 2018 MIRARE, MIR356

    www.mirare.fr

    G a b r i e l F a u r é ( 1 8 4 5 - 1 9 2 4 )

    Jean-Claude Pennetier piano

    Durée totale : 65’

    Intégrale de l’œuvre pour piano, Volume 4

    1.Barcarolle n°7enrémineuropus90 3’42 2.Impromptu n°4enrébémolmajeuropus91 5’23 3.Barcarolle n°8enrébémolmajeuropus96 4’14 4. Nocturne n°9ensimineuropus97 4’08 5.Nocturne n°10enmimineuropus99 5’09 6.Barcarolle n°9enlamineuropus101 4’34 7.Impromptu n°5enfadièsemineuropus102 2’25 8.Nocturne n°11enfadièsemineuropus104 4’34 9.Barcarolle n°10enlamineuropus104 3’27 10.Barcarolle n°11ensolmineuropus105 5’03 11.Barcarolle n°12enmibémolmajeuropus106bis 3’46 12.Nocturne n°12enmimineuropus107 6’29 13. Barcarolle n°13enutmajeuropus116 4’23 14.Nocturne n°13ensimineuropus119 8’07

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    L’étonnante Marguerite Long définit ainsi l’œuvre pour piano : « à la vérité, l’œuvre de Gabriel Fauré peut se résumer en quelques chapitres : Musique de l’eau : voilà les treize Barcarolles ; Musique de la nuit : voilà les treize nocturnes. Musique de la fantaisie : voilà les quatre valses-caprices, les cinq impromptus, la Ballade et Dolly. Musique de la Raison : voilà Thèmes et Variations et les quelques préludes ou Fugues qui émaillent son œuvre. » Habile définition qui écarte les fameuses «  trois périodes  » de la vie d’un compositeur qui voudraient que les pièces de jeunesse soient anecdotiques, que l’éclat se trouve avec la maturité et le dépouillement en fin de vie. Vision réductrice car des thèmes, des lignes de force traversent toute l’œuvre du créateur, du premier nocturne composé à trente ans jusqu’au dernier en 1921 par un Fauré de soixante-seize ans. Jean-Claude Pennetier termine aujourd’hui cette intégrale des œuvres pour piano dans l’ordre chronologique.

    Un fil ténu serpente entre les années de création – nulles pièces descriptives, pas de barque sur

    l’océan, pas d’images, aucun retour en arrière, pas de sonate, pas de démonstration de virtuosité – mais la nudité sans fard, avec parfois l’aridité la plus pure et toujours la brièveté immédiate pour exprimer l’essentiel. Soixante-cinq partitions, dont aucune ne dépasse les quinze minutes de musique, pour une révolution subtile qui estompe les frontières entre les genres avec des nocturnes qui sonnent comme des barcarolles, comme des impromptus (ou l’inverse) nous emportant dans un flot continu vers cet horizon chimérique, défiant les lois de la pesanteur. Excellent pianiste, ambidextre, aux mains fortes qui semblaient pesantes : « en réalité elles étaient souples et légères. Sur le clavier, il les soulevait à peine et faisait tout ce qu’il voulait. Il avait horreur de la virtuosité, du rubato et des effets qui font pâmer l’auditoire.  », précise le fils de Fauré. Si Alfred Cortot était surpris par ce jeu sans pédale, sans maquillage, Vladimir Jankélévitch se pâmait devant cette écriture qui là aussi estompe les frontières entre les deux mains  : «  il arrive même à Fauré, tant est complexe la circulation des lignes chantantes,

    « Dans la musique de piano, il n’y a pas à user de remplissage, il faut payer comptant et que ce soit tout le temps intéressant. C’est le genre peut-être le plus difficile, si l’on veut y être aussi satisfaisant que

    possible… et je m’y efforce. »Gabriel Fauré

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    d’insérer une sorte de contrechant qui n’émane, à proprement parler, ni du clavier ni de la voix, mais d’une troisième main et, pour ainsi dire, d’une voix intérieure contrepointée aux autres voix. »

    Les pianistes se méfient de son œuvre, Horowitz et Rubinstein le programmeront finalement assez peu laissant place aux pianistes-compositeurs, aux artistes dont les ambitions dépassent le simple clavier. Les compositeurs Jean-Michel Damase, Jean Hubeau, Émile Naoumoff, l’organiste Dominique Merlet et aujourd’hui Jean-Claude Pennetier (qui fut compositeur et chef d’orchestre) donnent raison à la remarque de Marguerite Long  : «  le message fauréen n’a rien d’une énigme. Je crois, très simplement, que pour en déchiffrer le sens, il faut d’abord être en possession d’un solide métier. »

    S’il n’y a pas d’énigme dans le sens où il faudrait trouver une solution, un mystère s’installe avec l’œuvre pour piano si singulière, si particulière en sa fugacité, avec ses modulations toujours inattendues où l’esprit se croit égaré dans le labyrinthe des enharmonies. Jeu de feinte entretenu par le flot mouvant des arpèges dont les arabesques changeantes accompagnent et prolongent le discours mélodique. Le piano de Fauré nous berce, nous emporte : « Le cinquième impromptu, qui court comme l’eau vivante, est vraiment l’école de la vélocité et du mouvement

    perpétuel. Mais le vrai mouvement fauréen, c’est celui de la barcarolle, à la fois vive et tranquille. » précise Marguerite Long. Cette eau, larmes et sang de la terre, ce fleuve qui inexorablement nous emporte vers le grand océan, « Ô mer sans âge ni raison, ô mer sans hâte ni saison, (…) Mer antérieure à notre chant – Mer ignorance du futur, ô mer mémoire du plus long jour et comme douée d’insanité, très haut regard porté sur l’étendue des choses et sur le cours de l’Etre, sa mesure… » (Saint-John Perse)Dans ces Barcarolles, Charles Koechlin croyait y voir/entendre un mirage. « L’étrange impression d’irréelle lumière, ou de paysage reflété par une glace, correspond à la nature même d’une pensée musicale qui reste dans un lointain rêve ». Les dernières barcarolles, les derniers nocturnes, chants de désolation, chansons oubliées de marins perdus semblent nous dire que «  la mort n’est pas la fin, ni le jour de la Colère, mais elle est une espérance » (Jankélévitch). Le onzième nocturne est une élégie à la mémoire de Noémi Lalo (l’épouse du critique Pierre Lalo), les dernières partitions sont hantées par la disparition du son, par la perte de l’ouïe et par la surdité du compositeur : « il y a des périodes de musique, des sonorités dont je n’entends rien, rien…de la mienne comme celle des autres. Je ne me sens plus qu’un affreux manteau de misère et de découragement sur les épaules… »« La voix qui vient des mers lointaines est plus forte que le bruit de mon cœur qui s’attarde à

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    veiller », entend-on dans l’Horizon chimérique. «  Dans l’immortel ennui du calme sidéral, le regret d’un soleil dont nous pleurons la perte. » Fauré nous fait entrer dans la grande nuit du monde, « ce qui importe le plus dans le nocturne fauréen, ce n’est pas la leçon d’astronomie elle-même, ni la physique de la nuit, mais c’est une certaine qualité de mystère, de lointain, d’éclairage et d’apaisante irréalité qui baigne les sons. » (Jankélévitch). Fauré nous délivre de toute pesanteur. Il demeure ce voyageur des rivages fabuleux, dont la grande paix nocturne met un terme au labeur et aux sanglots. « Sa voix semble s’interposer entre le ciel et les hommes ; généralement paisible, tranquille et fervente, parfois grave et triste, mais jamais menaçante ni dramatique. » écrivit Nadia Boulanger à la mort du maître.

    Rodolphe Bruneau-Boulmier

    Jean-Claude Pennetier pianoBrillant représentant de l’école française, riche d’un parcours musical varié (musique contemporaine, pianoforte, direction d’orchestre, musique de chambre, théâtre musical, composition, enseignement), Jean-Claude Pennetier trouve son expression privilégiée dans ses activités de pianiste soliste et récitaliste. Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, il se distingue dans les plus grands concours internationaux – Premier Prix Gabriel Fauré, Deuxième Prix Marguerite Long, Premier nommé du Concours de Genève, Premier Prix du Concours de Montréal – et commence alors une carrière brillante et singulière. « Éblouissant », « Magistral », « Ensorcelant », Jean-Claude Pennetier est l’un des plus grands interprètes actuels. Il se produit avec des formations telles que l’Orchestre de Paris, l’Orchestre de Chambre de Paris, la Staatskapelle de Dresde, l’English Chamber Orchestra, le Hong Kong Sinfonietta, le NHK de Tokyo, l’Orchestre de la Radio de Lugano, l’Orchestre de Séville, l’Orchestre National de Lille, l’Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine… Il est l’invité d’importantes salles et festivals : le Théâtre des Champs-Élysées, Salle Pleyel, Festival de La Roque d’Anthéron, Lille Piano(s) Festival, Chopin à Bagatelle, Printemps des Arts de Monte-Carlo, George Enescu Festival, Festival de Seattle, Nuits de Moscou, La Folle

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    Journée de Nantes, Tokyo, Bilbao, Varsovie. Jean-Claude Pennetier se produit régulièrement aux États-Unis et au Canada. Ses disques Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms et Debussy chez Lyrinx ont reçu les plus grandes distinctions de la presse musicale. Au nombre de ses enregistrements figurent la musique de chambre de Ravel et deux disques consacrés à Mozart, réalisés en collaboration avec Michel Portal et le Quatuor Ysaÿe. En 2009 est paru le premier volume de l’intégrale qu’il consacre à l’œuvre pour piano seul de Gabriel Fauré. En 2010, il nous offre un double disque Schubert et en 2013, Jean-Claude Pennetier enregistre des œuvres pour piano seul et le Via Crucis de Liszt. Des disques - tous trois - récompensés d’un « Diapason d’or » et parus chez Mirare. L’intégrale Fauré se poursuit par les deuxième et troisième volumes toujours chez Mirare. En 2017 est paru un disque consacré aux concertos pour piano K. 467 et K. 491 de Mozart avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Christoph Poppen.

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    The astonishing Marguerite Long defined Fauré’s piano output as follows:

    Gabriel Fauré’s œuvre may be summed up in a few chapters. Music of the water: there we have the thirteen barcarolles; Music of the night: the thirteen nocturnes. Music of fantasy: in this category are the four valses-caprices, the five impromptus, the Ballade and Dolly. Music of the intellect: this comprises the Thème et Variations and the occasional preludes or fugues scattered through his œuvre.

    A skilful definition that evades the famous ‘three periods’ thesis of a composer’s creative career, which expects the youthful pieces to be trivial, brilliance to appear with maturity, and austerity to characterise the end of his or her life. That would certainly be an over-simplification in the case of Fauré, because themes and consistent strands connect his entire creative output, from the first nocturne composed at thirty to the last, written in 1921 by a man of seventy-six. Here Jean-Claude Pennetier concludes his complete recording with the late works, thus respecting its

    chronological approach to the composer’s œuvre. A tenuous thread runs through Fauré’s years of creation: no descriptive pieces, no ‘Barque sur l’océan’, no ‘Images’, no harking back to earlier eras, no sonata, no demonstration of virtuosity – but unvarnished nudity, sometimes even the sheerest aridity, and always immediacy and brevity in order to express the essential. Sixty-five pieces, none of which exceeds fifteen minutes of music, bring about a subtle revolution that blurs the boundaries between genres with nocturnes that sound like barcarolles, like impromptus (or the reverse), taking us in a continuous stream towards his ‘chimeric horizon’, defying the laws of gravity. Fauré was an excellent pianist, ambidextrous, with strong hands that seemed cumbersome; but ‘in reality they were supple and light. He barely lifted them from the keyboard, yet he could do anything he wanted with them. He abhorred virtuosity, rubato and effects calculated to draw gasps of admiration from audiences’, the composer’s son tells us. If Alfred Cortot was surprised by Fauré’s playing, devoid of pedalling or glossy effects, Vladimir

    ‘In piano music, you cannot make use of padding: you have to pay cash, and make things interesting all the time. It is perhaps the most difficult genre if you also want to be as satisfying as possible –

    and I endeavour to be so.’Gabriel Fauré

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    Jankélévitch delighted in a pianistic idiom that also blurs the frontier between the two hands: ‘So complex is the circulation of the cantabile lines that sometimes Fauré even inserts a kind of countermelody that emanates, strictly speaking, neither from the keyboard nor from the voice, but from a third hand and, so to speak, from an inner voice in counterpoint with the other voices.’

    Pianists have always been wary of his works: in the end, figures like Horowitz and Rubinstein programmed them quite rarely, leaving them to the pianist-composers, artists whose ambitions go beyond mere keyboard wizardry. The composers Jean-Michel Damase, Jean Hubeau, Émile Naoumoff, the organist Dominique Merlet and today Jean-Claude Pennetier (who has also been a composer and conductor) confirm the aptness of Marguerite Long’s remark: ‘The Faurean message is not an enigma. I believe, quite simply, that to decipher its meaning, one must first possess a solid metier.’

    If there is no enigma in the sense that one needs to find a solution, nevertheless a mystery hangs over his music for piano, so singular, so individual in its fugacity, with its always unexpected modulations where the mind believes itself lost in the labyrinth of enharmonies. A game of feints maintained by the shifting flow of arpeggios whose changing

    arabesques accompany and prolong the melodic discourse. Fauré’s piano music lulls us and sweeps us away: ‘The Fifth Impromptu, which rushes like living water, is really a school of velocity and perpetual motion. But the truly Faurean movement is that of the barcarolle, at once lively and tranquil’, said Marguerite Long. This water is the blood and tears of the earth, the river that inexorably bears us towards the great ocean:

    Ô Mer sans âge ni raison, ô Mer sans hâte ni saison, [. . .] Mer antérieure à notre chant – Mer ignorance du futur,Ô Mer mémoire du plus long jour et comme douée d’insanité,Très haut regard porté sur l’étendue des choses et sur le cours de l’Être, sa mesure.1

    In these barcarolles, Charles Koechlin thought he saw and heard a mirage. ‘The strange impression of unreal light, or of a landscape reflected by an mirror, corresponds to the very nature of a musical thought that remains in a distant dream.’ The late barcarolles and nocturnes, songs of desolation, forgotten songs of lost sailors, seem to tell us that ‘death is not the end, nor the day of wrath, but it is a hope’ (Jankélévitch). Nocturne no.11 is an elegy in memory of Noémi Lalo (wife of the critic Pierre Lalo), and all these late works are haunted by the disappearance of sound

    1 - O Sea without age nor reason, O Sea without haste nor season, / [. . .] Sea older than our song – Sea ignorance of the future, / O Sea, memory of the longest day and as if gifted with insanity, / Most lofty gaze upon the scale of things and the course of the Being, its measure! Saint-John Perse, ‘Mer de Baal, Mer de Mammon’, in Amers (Paris: Gallimard, 1957).

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    and the composer’s loss of hearing as deafness encroached upon him: ‘There are periods of music, sonorities of which I hear nothing, nothing . . . in my own music and other people’s. I feel nothing but a dreadful cloak of misery and discouragement on my shoulders’.We read in L’Horizon chimérique:

    La voix qui vient des mers lointaines est plus forte Que le bruit de mon cœur qui s’attarde à veiller. [. . .]Dans l’immortel ennui du calme sidéral, Le regret d’un soleil dont nous pleurons la perte.2

    Fauré permits us to enter the great night of the world: ‘What is most important in the Faurean nocturne is not the lesson of astronomy itself, nor the physics of the night, but a certain quality of mystery, of distance, of lighting and of soothing unreality in which the sounds are bathed’ (Jankélévitch). Fauré frees us from all gravity. He remains a traveller to fabulous shores, whose great nocturnal peace puts an end to toil and weeping. His ‘voices seem to interpose between heaven and men; generally peaceful, tranquil and fervent, sometimes grave and sad, but never threatening or dramatic’, as Nadia Boulanger once wrote.

    Rodolphe Bruneau-BoulmierEnglish translation and adaptation:

    Charles Johnston

    Jean-Claude Pennetier pianoOne of the most brilliant artists of the French school, Jean-Claude Pennetier has enjoyed a rich and varied musical trajectory (contemporary music, the fortepiano, conducting, chamber music, music theatre, composition, teaching), but his privileged field of expression is as a solo pianist and recitalist.After training at the Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, he distinguished himself in the foremost international competitions – First Prize in the Gabriel Fauré Competition, Second Prize in the Marguerite Long Competition, Most Distinguished Candidate at the Geneva Competition, First Prize in the Montreal Competition – before embarking on a splendid and highly individual career.With performances widely described as ‘dazzling’, ‘masterly’, and ‘spellbinding’, Jean-Claude Pennetier is one of today’s leading interpreters. He appears with such internationally renowned orchestras as the Orchestre de Paris, the Orchestre de Chambre de Paris, the Staatskapelle Dresden, the English Chamber Orchestra, the Hong Kong Sinfonietta, the NHK Orchestra (Tokyo), the Orchestra della Svizzera Italiana (Lugano), the Real Orquesta Sinfónica de Sevilla, the Orchestre National de Lille and the Orchestre National de Bordeaux-

    2 - The voice that comes from distant seas / Is louder than the sound of my heart that lingers, watching. / [. . .] In the immortal tedium of sidereal calm, / Regret for a sun whose loss we mourn. Jean de La Ville de Mirmont, L’Horizon chimérique (Paris: Société Littéraire de France, 1920) – only the last two lines are among those set by Fauré in his song cycle of 1921. (Translator’s note)

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    Aquitaine. He is a frequent guest at prestigious concert halls and festivals, including the Théâtre des Champs-Élysées, the Salle Pleyel, the Festival de la Roque d’Anthéron, Lille Piano(s) Festival, Chopin à Bagatelle, the Printemps des Arts de Monte-Carlo, the George Enescu Festival, the Seattle Festival, Moscow Nights, and La Folle Journée in Nantes, Tokyo, Bilbao and Warsaw. Jean-Claude Pennetier appears regularly in the United States and Canada.His recordings of Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms and Debussy (for Lyrinx) have received the highest distinctions from the musical press. Among his more recent recordings are the chamber music of Ravel and two Mozart CDs with Michel Portal and members of the Ysaÿe Quartet. The year 2009 saw the appearance of the first volume of Jean-Claude Pennetier’s complete recording of the piano works of Fauré. This was followed in 2010 by a double album of Schubert and in 2013 by Liszt’s Via Crucis and works for solo piano. All three of these Mirare releases won the Diapason d’Or. Following the second and third volumes of his complete Fauré cycle, Mirare issued a recording of Mozart’s Piano Concertos K467 and K491 with the Orchestre Philharmonique de Radio France conducted by Christoph Poppen in 2017.

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    Die erstaunliche Marguerite Long beschrieb Faurés Schaffen für Klavier folgendermaßen: „Das Œuvre Gabriel Faurés lässt sich, ehrlich gesagt, in wenigen musikalischen Themenkreisen bündeln: Zum Thema Wasser finden sich dreizehn Barcarolles; zum Thema Nacht dreizehn Nocturnes. Bei der fantasievollen ,Musik für und nach Lust und Laune‘ lassen sich die vier Valses-Caprices, die fünf Impromptus, die Ballade und Dolly unterbringen. Dann ist da noch die ,Musik der Vernunft‘, in diese Kategorie passen Thème et Variations etwa sowie einige Préludes oder Fugen, die Faurés Werk klangvoll bereichern.“

    Eine geschickte Definition, die die Auffassung von den berühmten „drei Perioden“ im Leben eines Komponisten ausschließt, wonach die Jugendwerke anekdotischer Natur zu sein haben und Brillanz sich erst in der Reifezeit sowie Entsagung am Ende des Lebens einfinden. Es handelt sich dabei auch um eine sehr verkürzende Anschauung, denn Themen,

    Kraftlinien durchziehen das gesamte Werk des Komponisten, vom ersten, mit dreißig Jahren verfassten Nocturne bis zum letzten, das Fauré 1921 im Alter von sechsundsiebzig Jahren komponierte. Jean-Claude Pennetier beschließt nun seine Gesamtaufnahme des Fauré‘schen Schaffens für Klavier mit den späten Werken, streng nach der zeitlichen Abfolge ihrer Entstehung.

    Ein feiner Faden schlängelt sich durch die Jahre des Schaffens – keinerlei beschreibende Stücke, keine „Barque sur l’océan” (Barke auf dem Meer), keine „Images“ (Bilder), kein Blick zurück, keine Sonate, keine Demonstration der Virtuosität –, sondern ungeschminkte Nacktheit, manchmal sogar Herbheit in Reinkultur und immer unmittelbare Kürze zum Ausdruck des Wesentlichen. Fünfundsechzig Kompositionen, von denen keine länger als fünfzehn Minuten dauert, für eine subtile Revolution, die die Grenzen zwischen den Gattungen verschwimmen lässt, mit wie

    „Bei der Klaviermusik darf man sich nicht mit ‚Füllseln‘ begnügen, da muss man gewissermaßen in klingender Münze bezahlen, und interessant sollte die Musik auch stets sein. Diese Musikgattung gehört

    vielleicht zu den schwierigsten überhaupt, wenn man dabei so überzeugend sein möchte wie nurmöglich -– worum ich mich redlich bemühe.“

    Gabriel Fauré

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    Barkarolen, wie Impromptus (oder umgekehrt) klingenden Nocturnes, um einen in einem stetigen Fluss zum „Horizon chimérique“1 (schimärenhaften Horizont) fortzutragen, und dabei den Gesetzen der Schwerkraft zu trotzen. Fauré war ein ausgezeichneter Pianist, beidhändig begabt, mit starken, schwerfällig wirkenden Händen: „In Wirklichkeit waren sie geschmeidig und leicht. Auf der Klaviatur hob er [Fauré] sie kaum an und tat alles, was er wollte. Er hasste Virtuosität, Rubato sowie Effekte, die das Publikum begeistern“, wie Faurés Sohn berichtete. Alfred Cortot erstaunte dieses Spiel ohne Pedal und ohne Schönfärberei, Vladimir Jankélévitch hingegen war von Faurés Tonsatz absolut hingerissen, welcher ebenfalls die Grenzen zwischen beiden Händen verwischt: „Fauré bindet sogar manchmal, aufgrund der Komplexität der melodischen Linienführung, eine Art Gegenstimme ein, die streng genommen weder vom Klavier noch von der Stimme herrührt, sondern von einer dritten Hand, sozusagen von einer inneren Stimme, die den Kontrapunkt zu den anderen Stimmen bildet.“

    Die Pianisten hegten gegenüber seinen Kompositionen Misstrauen, Horowitz und Rubinstein etwa setzten Faurés Stücke selten

    aufs Programm; ihnen waren die Pianisten-Komponisten lieber, Künstler, deren Ambitionen über das einfache Klavierspiel hinausgingen. Die Komponisten Jean-Michel Damase, Jean Hubeau, Émile Naoumoff, der Organist Dominique Merlet und nun auch Jean-Claude Pennetier (vormals selbst auch Komponist und Dirigent) pflichten Marguerite Longs Bemerkung bei: „Die musikalische Botschaft Faurés hat nichts Rätselhaftes. Ich glaube ganz einfach, dass man, um ihre Bedeutung entschlüsseln zu können, zuerst einmal sein Handwerk gut verstehen muss.“

    Wenn es auch kein Rätsel in dem Sinne gibt, dass dafür eine Lösung gefunden werden muss, so erscheint doch etwas Mysteriöses in dem einzigartigen Klavierwerk, das in seiner „Verflüchtigung“ so besonders ist, mit seinen immer unerwarteten Modulationen, bei denen sich der Geist im Labyrinth der Enharmonik verirrt wähnt. Ein Spiel mit Finten, welches von dem treibenden Strom der Arpeggien unterhalten wird, deren wechselnde Arabesken den melodischen Diskurs begleiten und verlängern. Faurés Klaviermusik wiegt einen und trägt einen davon. „Das Impromptu Nr. 5, das wie lebendiges Wasser dahineilt, ist wirklich eine Schule der Geschwindigkeit und des Perpetuum

    1 - Anspielung auf den dem berühmten Bariton Charles Panzéra gewidmeten Zyklus von vier mélodies für Gesang und Klavier, L‘Horizon chimérique op. 118, auf Texte von Jean de La Ville de Mirmont. Das Werk entstand im Herbst 1921 und ist Faurés letzte Komposition in diesem Bereich. Anm. d. Ü.

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    mobile. Aber die wahre „Bewegung“ Faurés findet sich in der Barcarolle, welche lebhaft und ruhig zugleich ist“, wie Marguerite Long bemerkte. Dieses Wasser, Tränen und Blut der Erde, dieser Fluss, der einen unaufhaltsam zum großen Ozean trägt:

    Ô Mer sans âge ni raison, ô Mer sans hâte ni saison, [. . .] Mer antérieure à notre chant – Mer ignorance du futur,Ô Mer mémoire du plus long jour et comme douée d’insanité,Très haut regard porté sur l’étendue des choses et sur le cours de l’Être, sa mesure.2

    In diesen Barcarolles vermeinte Charles Kœchlin eine Fata Morgana zu sehen und zu hören: „Der seltsame Eindruck eines unwirklichen Lichtes oder einer Landschaft, die von einem Spiegel reflektiert wird, entspricht der Natur selbst eines musikalischen Gedankens, welcher in einem fernen Traum verharrt.“ Die späten Barcarolles, die letzten Nocturnes, Gesänge der Trostlosigkeit, vergessene Lieder verschollener Seeleute scheinen einem zu bedeuten, dass „der Tod nicht das Ende noch der Tag des Zornes ist, sondern eine Hoffnung“ (Jankélévitch). Das Nocturne Nr. 11 ist eine Elegie zum Andenken an Noémi Lalo (die Gattin des Kritikers Pierre Lalo), die letzten

    Kompositionen sind geprägt vom Vergehen des Klangs, dem Verlust des Hörvermögens von der Taubheit des Komponisten: „Da gibt es Passagen in der Musik, von denen ich rein gar nichts höre, nichts! Weder in meiner eigenen Musik noch in der anderer. […] Ich verspüre nur diesen schrecklichen Mantel aus Elend und Entmutigung auf meinen Schultern.“

    „La voix qui vient des mers lointaines est plus forte / Que le bruit de mon cœur qui s’attarde à veiller.“ (Die Stimme, die aus den fernen Meeren kommt, / Ist stärker als der Klang meines Herzens, das spät noch wacht.) Dies schrieb Jean de La Ville de Mirmont in seinem 1920 in Paris erschienen Gedichtzyklus L‘Horizon chimérique. In Faurés Vertonung von Auszügen aus diesem Zyklus vernimmt man: „Dans l’immortel ennui du calme sidéral, / Le regret d’un soleil dont nous pleurons la perte.“ (In der unsterblichen Langeweile der Sternenruhe / Die Sehnsucht nach einer Sonne, deren Verlust wir beweinen). Fauré gewährt Zutritt zu der großen Nacht der Welt. „Was in der Fauré‘schen Nacht am wichtigsten ist, ist nicht die Astronomielektion an sich noch die Physik der Nacht, sondern es ist ein ,gewisses Etwas‘ aus Mysterium, Ferne, Erhellung und beruhigender Unwirklichkeit, welches den Klang umgibt“, vermerkte Vladimir

    2 - Saint-John Perse, „Mer de Baal, Mer de Mammon“, in: Amers, Paris, Gallimard 1957. Deutsche Übertragung:„O Meer du altersloses, unverständiges, / O Meer unübereilt, zeitlos beständiges, […] / Meer, das früher war als unser Lied - Meer Unkenntnis der Zukunft, / O Meer Erinnerung des längsten Tages und wie begabt mit Unsinnigkeit, / Sehr hoher Blick auf die Weite der Dinge und auf den Lauf des Seins, sein Maß!“In: Saint-John Perse, Seemarken, übersetzt von Friedhelm Kemp. © Hermann Luchterhand Verlag, Darmstadt, Berlin-Spandau, Neuwied o. J. Sonderausgabe Coron-Verlag Zürich o. J. Anm. d. Ü

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    Jankélévitch. Fauré befreit einen von jeglicher Erdenschwere. Er bleibt dieser Wanderer an sagenumwobenen Gestaden, deren tiefer nächtlicher Friede der beschwerlichen Arbeit und den Tränen ein Ende setzt. „Seine Stimmen scheinen sich als Vermittler zwischen Himmel und Menschen einzusetzen; – im Allgemeinen wirken sie friedlich, ruhig und zutiefst andächtig, manchmal auch ernst und traurig, aber niemals bedrohlich oder dramatisch“, wie Nadia Boulanger dereinst schrieb.

    Rodolphe Bruneau-Boulmier Übersetzung und Bearbeitung:

    Hilla Maria Heintz

    Jean-Claude Pennetier KlavierJean-Claude Pennetier, einer der brillantesten Vertreter der französischen Klavierschule, kann bisher auf ein äußerst abwechslungsreiches Wirken als Musiker zurückblicken: So hat er sich sowohl mit zeitgenössischer Musik beschäftigt als auch mit dem Fortepiano, mit Orchesterleitung, Kammermusik, Musiktheater, Komposition und Unterrichten. Seine eigentliche Vorliebe gilt jedoch seiner pianistischen Tätigkeit als Solist und Rezitalist.Nach dem Studium am Pariser Conservatoire national supérieur de musique erhielt Pennetier bei den bedeutendsten internationalen Musikwettbewerben zahlreiche Auszeichnungen, u. a. einen 1. Preis beim Gabriel-Fauré-Wettbewerb, einen 2. Preis beim Concours Marguerite Long, eine 1. Nominierung beim Concours de Genève sowie einen 1. Preis beim Concours de Montréal; daran anschließend startete er eine einzigartige, brillante Karriere.Seine Auftritte werden mit Superlativen bedacht; „hinreißend“, „meisterhaft“ und „bezaubernd“ steht da etwa zu lesen. Jean-Claude Pennetier ist einer der derzeit führenden Pianisten. Er absolvierte bisher Auftritte mit renommierten Orchestern wie etwa dem Orchestre de Paris, dem Orchestre de Chambre de Paris, der Staatskapelle Dresden, dem English Chamber Orchestra, der Hong Kong Sinfonietta, dem NHK Orchestra (Tokio), dem Orchestra della Svizzera Italiana (Lugano), dem Real Orquesta

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    Sinfónica de Sevilla, dem Orchestre National de Lille sowie dem Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine. Pennetier ist ebenfalls in allen großen Konzertsälen zu hören sowie bei bedeutenden Festivals: so etwa in dem Pariser Théâtre des Champs-Élysées, der Salle Pleyel, beim Festival de La Roque d‘Anthéron, dem Lille Piano(s) Festival, bei Chopin à Bagatelle, dem Printemps des Arts de Monte-Carlo, dem George-Enescu-Festival, dem Seattle-Festival, den Moskauer Nächten sowie der Folle Journée in Nantes, Tokio, Bilbao und Warschau. Konzertreisen führen Jean-Claude Pennetier regelmäßig in die Vereinigten Staaten und nach Kanada.Seine bei Lyrinx erschienen Einspielungen mit Werken von Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms und Debussy wurden mit den höchsten Auszeichnungen der Fachpresse bedacht. Zu Jean-Claude Pennetiers jüngsten Aufnahmen gehören Kammermusik von Ravel sowie zwei Alben mit Mozartwerken, in Zusammenarbeit mit Michel Portal und dem Ysaÿe-Quartett.2009 erschien das erste Album seiner Gesamteinspielung des Klavierschaffens von Gabriel Fauré. 2010 folgte ein Doppelalbum mit Schubertwerken und 2013 eine Aufnahme mit Liszts „Via Crucis“ sowie Werken für Solo-Klavier. Diese drei bei Mirare erschienen Alben wurden sämtlich mit einem Diapason d’or ausgezeichnet. Die Alben II und III seiner Fauré-Gesamteinspielung kamen ebenfalls bei Mirare heraus; dort erschien 2017 zudem seine

    Einspielung von Mozarts Klavierkonzert in C-Dur KV 467, Nr. 21 sowie dem Klavierkonzert in c-Moll KV 491, Nr. 24, zusammen mit dem Orchestre Philharmonique de Radio France unter der Leitung von Christoph Poppen.