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1941 : le “relooking” de l’Armée française De nouveaux uniformes pour une nouvelle armée D’après les articles du lieutenant-colonel (CR) Claude Wiltz (Revue Historique des Armées, février 1999) 1 – De l’Armée Carnaval à la Tenue 1941 : changer d’image pour mieux combattre Après l’évacuation des troupes de Métropole en Afrique du Nord pour continuer le combat, le changement d’uniformes était loin d’être une priorité et pendant un temps, le plus grand désordre régna dans l’habillement des unités de l’armée française. Profitant du relâchement du contrôle d’une administration d’habitude tatillonne mais pour l’heure proche de la désintégration, les hommes se mirent à s’habiller plus ou moins à leur convenance, donnant naissance à l’expression “au temps du Carnaval” utilisée dans l’Armée pour désigner la période allant de juillet à décembre 1940 (qui fait aujourd’hui les délices des amateurs d’uniformologie). Mais au début de 1941, la situation politico-militaire se stabilisant, la dite administration commença à se reconstituer et décision fut prise de procéder au renouvellement des uniformes dans le cadre du rééquipement général des unités. Officiellement, il s’agissait d’une simple adaptation de la tenue aux nouvelles réalités de la lutte : le combat mécanisé nécessitait des hommes plus alertes et moins lourdement chargés que leurs glorieux ancêtres des tranchées, dont le soldat de 1940 avait conservé l’allure et l’incroyable barda. Officieusement, il s’agissait d’oublier la défaite en métropole en mettant aux oubliettes les tenues des années 30 – le casque Adrian lui même ne devait pas échapper à ce nettoyage par le vide que l’on aurait sans doute baptisé aujourd’hui “relooking total”. Rapidement pourtant, il fallut faire preuve de réalisme et renoncer à cette politique de la terre brûlée au profit d’une approche plus pragmatique, essentiellement en raisons d’autres priorités, comme le renouvellement des véhicules et de l’armement, mais aussi en raison de l’absence d’une industrie susceptible de répondre aux besoins. Le 26 janvier 1941, une circulaire du ministère de la Guerre signée du général de Gaulle officialisa la décision de renouveler les uniformes, invitant les différentes unités à faire part de leurs propositions. La circulaire exigeait la fin de “l’Armée Carnaval” et le retour à une certaine discipline dans les tenues en attendant les nouvelles (la vérité oblige à dire que cette discipline fut fort peu respectée les semaines suivantes en Corse et en Sardaigne, et à peine plus en Grèce au printemps). Le 25 mars, une commission d’étude fut mise en place pour concevoir de nouveaux uniformes et équipements pendant que dans chaque bataillon, un officier traitant était choisi pour centraliser les demandes de son unité et les transmettre par la voie hiérarchique jusqu’à la commission. Les travaux de ladite commission, pompeusement baptisée Commission de Réforme de l’Equipement du Personnel des Armées (CREPA…) allaient durer près de quatre mois. Le 4 août 1941, la CREPA remit son rapport au ministre de la Guerre et au Président du Conseil. La suite ne tarda pas : des commandes furent passées à des ateliers de l’Empire et surtout d’AFN (à l’origine de l’actuelle industrie textile du Maroc, d’Algérie et de Tunisie). Ces ateliers ne pouvant répondre à tous les besoins, d’autres commandes allèrent à des pays amis mais neutres (à l’époque) comme le Brésil, voire à des neutres moins amicaux, mais que l’on désirait circonvenir, comme l’Argentine. Les premières tenues, officiellement baptisées “tenues modèle 41” et officieusement “tenues CREPA” furent distribuées début 1942, d’abord aux unités partant combattre dans le Péloponnèse, puis aux troupes se préparant pour Torche. Il fallut cependant plus de deux ans, jusqu’au milieu de 1944, pour rééquiper l’ensemble de l’armée avec la nouvelle tenue. Jusque là, on fut obligé de se contenter d’un mélange de tenues 1940, de vieux uniformes récupérés

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1941 : le “relooking” de l’Armée française De nouveaux uniformes pour une nouvelle armée D’après les articles du lieutenant-colonel (CR) Claude Wiltz (Revue Historique des

Armées, février 1999)

1 – De l’Armée Carnaval à la Tenue 1941 : changer d’image pour mieux

combattre Après l’évacuation des troupes de Métropole en Afrique du Nord pour continuer le combat, le

changement d’uniformes était loin d’être une priorité et pendant un temps, le plus grand

désordre régna dans l’habillement des unités de l’armée française. Profitant du relâchement du

contrôle d’une administration d’habitude tatillonne mais pour l’heure proche de la

désintégration, les hommes se mirent à s’habiller plus ou moins à leur convenance, donnant

naissance à l’expression “au temps du Carnaval” utilisée dans l’Armée pour désigner la

période allant de juillet à décembre 1940 (qui fait aujourd’hui les délices des amateurs

d’uniformologie).

Mais au début de 1941, la situation politico-militaire se stabilisant, la dite administration

commença à se reconstituer et décision fut prise de procéder au renouvellement des uniformes

dans le cadre du rééquipement général des unités. Officiellement, il s’agissait d’une simple

adaptation de la tenue aux nouvelles réalités de la lutte : le combat mécanisé nécessitait des

hommes plus alertes et moins lourdement chargés que leurs glorieux ancêtres des tranchées,

dont le soldat de 1940 avait conservé l’allure et l’incroyable barda. Officieusement, il

s’agissait d’oublier la défaite en métropole en mettant aux oubliettes les tenues des années 30

– le casque Adrian lui même ne devait pas échapper à ce nettoyage par le vide que l’on aurait

sans doute baptisé aujourd’hui “relooking total”. Rapidement pourtant, il fallut faire preuve de

réalisme et renoncer à cette politique de la terre brûlée au profit d’une approche plus

pragmatique, essentiellement en raisons d’autres priorités, comme le renouvellement des

véhicules et de l’armement, mais aussi en raison de l’absence d’une industrie susceptible de

répondre aux besoins.

Le 26 janvier 1941, une circulaire du ministère de la Guerre signée du général de Gaulle

officialisa la décision de renouveler les uniformes, invitant les différentes unités à faire part de

leurs propositions. La circulaire exigeait la fin de “l’Armée Carnaval” et le retour à une

certaine discipline dans les tenues en attendant les nouvelles (la vérité oblige à dire que cette

discipline fut fort peu respectée les semaines suivantes en Corse et en Sardaigne, et à peine

plus en Grèce au printemps). Le 25 mars, une commission d’étude fut mise en place pour

concevoir de nouveaux uniformes et équipements pendant que dans chaque bataillon, un

officier traitant était choisi pour centraliser les demandes de son unité et les transmettre par la

voie hiérarchique jusqu’à la commission. Les travaux de ladite commission, pompeusement

baptisée Commission de Réforme de l’Equipement du Personnel des Armées (CREPA…)

allaient durer près de quatre mois. Le 4 août 1941, la CREPA remit son rapport au ministre de

la Guerre et au Président du Conseil. La suite ne tarda pas : des commandes furent passées à

des ateliers de l’Empire et surtout d’AFN (à l’origine de l’actuelle industrie textile du Maroc,

d’Algérie et de Tunisie). Ces ateliers ne pouvant répondre à tous les besoins, d’autres

commandes allèrent à des pays amis mais neutres (à l’époque) comme le Brésil, voire à des

neutres moins amicaux, mais que l’on désirait circonvenir, comme l’Argentine.

Les premières tenues, officiellement baptisées “tenues modèle 41” et officieusement “tenues

CREPA” furent distribuées début 1942, d’abord aux unités partant combattre dans le

Péloponnèse, puis aux troupes se préparant pour Torche. Il fallut cependant plus de deux ans,

jusqu’au milieu de 1944, pour rééquiper l’ensemble de l’armée avec la nouvelle tenue. Jusque

là, on fut obligé de se contenter d’un mélange de tenues 1940, de vieux uniformes récupérés

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dans les dépôts d’AFN et de diverses pièces fourniers par les Britanniques ou les Américains.

« L’objectif fut atteint, observa l’un des membres de la CREPA avec quelque ironie, lors du

Défilé de la Victoire : ce jour-là, enfin, tous les hommes portaient la tenue 41 ! » L’Armée

française avait changé d’armement, de tactique et de stratégie pour faire face au plus grand

bouleversement de son histoire, elle avait fini par changer aussi de “peau”.

2 – Besoins, sources d’inspiration, exemples et contre-exemples Nous l’avons dit, le projet originel était de tout changer d’un coup pour effacer le traumatisme

de la défaite dans la Campagne de France, mais problèmes matériels et autres priorités

amenèrent les promoteurs de la réforme à se montrer plus mesurés et plus pragmatiques. A un

changement total et brusque, on préféra un renouvellement progressif.

Le premier projet de la CREPA s’inspirait de ce qui se faisait dans les autres armées

européennes, comme l’armée britannique mais aussi l’armée allemande, même si cette

seconde référence n’était pas mise en avant !

Par ailleurs, les centaines de propositions des unités de combat et de soutien appelées à se

prononcer portaient principalement sur les points suivants :

– une plus grande simplicité d’utilisation ;

– un meilleur confort, en particulier en cas de climat défavorable (pluie, neige, froid) ;

– une plus grande liberté dans les mouvements ;

– un poids moins important.

Les bandes molletières faisaient l’unanimité contre elles : on les trouvait trop fragiles et

surtout trop peu pratiques. Tous les soldats ne demandaient pas des bottes, mais tous

réclamaient des chaussures plus confortables pour rendre moins pénibles les marches

prolongées. Les corps de troupes demandaient aussi des vêtements plus adaptés au combat en

montagne et dans la neige et surtout la fin du barda que les hommes devaient transporter en

campagne. Le casque Adrian n’était pas totalement décrié, certains soldats l’appréciaient

beaucoup et la plupart des unités le trouvaient tout à fait convenable.

Après des mois de travail acharné, la commission aboutit au projet d’uniforme modèle 1941

dont nous présentons ci-après les principales caractéristiques.

3 – La tenue de campagne L’infanterie fut bien entendu la priorité de la commission, car si l’Armée de Terre avait

adopté le principe de la guerre mécanisée, il était évident que l’infanterie continuerait à jouer

un rôle majeur dans le conflit.

A – L’uniforme

Les souhaits de la troupe et les recherches de la commission aboutirent aux résultats suivants :

– Une chemise en coton, de couleur intermédiaire entre le kaki et le vert olive. Cette chemise

est fermée par cinq boutons de couleur mate et munie de poches pectorales. Elle peut être

porté sans ou avec maillot de corps.

– Un pantalon droit de couleur similaire à celle de la chemise. Il est inspiré par le pantalon de

golf modèle 35, rendu caduc par l’abandon des bandes molletières. Ce pantalon est muni de

poches latérales suffisamment grandes et profondes pour y glisser un ou deux chargeurs de

FM. Une version hiver fourrée de laine de mouton existe, ainsi qu’une version blanche pour le

combat dans la neige.

– Des chaussures, compromis entre les bottes de la cavalerie et l’association

brodequins/bande molletières. Il s’agit de chaussures montantes de couleur marron remontant

largement au dessus de la cheville et pourvues de lacets, à la manière des chaussures de

randonnée actuelles. Des guêtres complètent ces chaussures pour les unir au pantalon et

rendre la marche plus confortable, en particulier en hiver (en empêchant la neige de pénétrer

dans le pantalon).

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– Une veste en toile inspirée de l’anorak des éclaireurs skieurs engagés à Narvik. Cette veste

à cinq boutons mats est munie de nombreuses poches sur le devant mais aussi à l’intérieur,

ainsi que sur les manches. De couleur identique au pantalon et à la chemise, elle est pourvue

sur la manche gauche d’un drapeau français basse visibilité (l’équipement de nos alliés belges

et yougoslaves avec une tenue semblable1 étant la raison de cet ajout) tandis que sur le col,

largement ouvert, figure le numéro du régiment, dont la couleur varie en fonction du type

d’unité (ce numéro peut être facilement enlevé, en particulier en zone de guerre).

– Un manteau court, descendant un peu en dessous de la veste et fermé par cinq boutons

mats. Le drapeau français basse visibilité est reproduit sur la manche gauche et le numéro du

régiment sur les pattes du col (qui peuvent être dissimulées par les rabats du col). Ce manteau

existe également en version hiver, fourrée de laine de mouton. Une version spéciale grand

froid, fourrée, imperméabilisée et de couleur blanche, est prévue pour les combats dans la

neige. Les différentes versions sont équipées d’une capuche rabattable dans un logement situé

dans le col.

– Un casque de couleur kaki. On prévoyait à l’origine de créer un nouveau casque pour

remplacer le vénérable Adrian modèle 1926, mais celui-ci a été finalement maintenu. Il est

seulement modifié avec une jugulaire rendant son décrochage plus difficile et protégeant plus

efficacement la tête du soldat. Les parachutistes reçoivent un casque semblable à celui des

équipages des véhicules blindés, casque parfois utilisé par les unités spéciales.

– Enfin, un béret, qui remplace le traditionnel calot. C’est un béret court, “à l’anglaise”2,

d’une couleur variable selon le type de troupe. C’est une nouveauté pour beaucoup d’unités.

L’infanterie de ligne reçoit un béret bleu roi, l’infanterie coloniale un béret bleu marine, les

chars et la cavalerie motorisée un béret noir, l’infanterie de l’air un béret rouge, la Légion un

béret vert, les spahis un béret carmin, les tirailleurs un béret sable, l’artillerie un béret marron

(hérité de l’infanterie de forteresse), le génie un béret gris clair et les différents services un

béret violet. La couleur du béret est identique à celle des chiffres sur le col, avec souvent un

signe distinctif pour faire la différence, par exemple, entre les chars et les unités de

reconnaissance ou l’artillerie de campagne et la DCA. Toutefois, devant le risque que ce code

couleur facilite l’identification des unités par l’ennemi, il est décidé de limiter en temps de

guerre le port des bérets spécifiques aux cérémonies, parades et prises d’armes, tandis qu’un

béret de couleur noire équipe l’ensemble des unités. Par ailleurs, chaque béret est pourvu d’un

insigne distinctif ; c’est particulièrement vrai pour les tirailleurs : les tirailleurs algériens,

marocains, tunisiens et sénégalais reçoivent chacun un insigne propre.

B – L’équipement

Le renouvellement de l’équipement du soldat fut aussi envisagé. Il s’agissait d’adapter le

soldat à la célérité des combats motorisés et de rendre sa progression plus facile.

– Le fantassin français est ainsi équipé d’un ceinturon de cuir renforcé de métal.

Cette bande de cuir, de couleur identique à celle de l’uniforme, se porte sur la veste ou sur le

manteau et est fermée par un clapet facilement détachable en cas d’enlisement dans la boue ou

de chute dans l’eau (utile pour les débarquements). Elle supporte quatre vastes poches

également en cuir. Celles-ci contiennent la base de l’équipement du fantassin : rations de

survie pour deux jours, grenades, munitions, boîte de premier secours et petit outillage, le tout

dans les poches de devant, tandis que les poches latérales, au niveau des reins, reçoivent le

plus souvent des chargeurs de FM, des grenades ou encore, pour les officiers et les sous-

officiers, des cartes et une boussole. Cette bande de cuir peut être portée à la taille ou sur les

hanches. Des crochets escamotables dans le cuir permettent de suspendre d’autres

équipements, comme le masque à gaz ou la gourde.

1 Norvégiens, Hollandais et Grecs étudiant leur rééquipement avec les Britanniques.

2 Les chasseurs, alpins, à pied ou portés, conservent cependant leurs bérets de tradition.

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– Un nouveau sac de toile avec des renforts en métal sert au transport de tout ce dont le soldat

a besoin pour la vie en cantonnement, mais dont il peut se passer le temps du combat.

Ce sac comprend une vaste poche principale avec deux soufflets intérieurs latéraux pour

stocker du petit matériel. La poche principale accueille des vêtements propres, les trousses de

toilette et de couture, des vivres pour 4 jours, une trousse de secours et bien entendu des effets

strictement personnels. Des crochets de chaque côté du sac permettent d’attacher la gourde ou

l’étui du masque à gaz. Outre les bretelles indispensables, ce sac est aussi équipé d’une

ceinture à clapet rendant le port plus confortable et facilitant son éjection en cas de chute dans

l’eau.

4 – La tenue de parade Bien que durant la guerre, les prises d’armes se fissent rares, la mise au point d’un uniforme

spécifique pour ce genre d’occasions fut envisagée, même si sa réalisation n’était

naturellement pas prioritaire. Cette tenue fut cependant mise au point au début de 1942, d’où

son appellation de tenue de ville modèle 1942. Comme pour ne pas oublier le passé, on

décida de réutiliser la tenue modèle 1938, ainsi que les éléments d’équipements les plus

modernes. De plus, cet uniforme devant servir essentiellement à la propagande, il fut décidé

de le rendre plus clinquant sans pour autant transformer nos soldats en clowns.

La tenue de ville modèle 1942 est donc composée comme suit :

– La chemise est la même que celle de l’uniforme de campagne (puisque les prises d’armes se

font rarement en bras de chemise).

– Le pantalon est le pantalon de golf modèle 1935, modifié par la pose d’une bande de

couleur sur la couture du pantalon (passepoil). Cette couleur, plus ou moins assortie à celle du

béret évoqué plus haut, varie en fonction des armes : bleu roi pour l’infanterie de ligne,

jonquille pour les chasseurs, bleu marine pour l’infanterie coloniale, noir pour les chars et la

cavalerie motorisée, rouge pour l’infanterie de l’air, vert pour la Légion, carmin pour les

spahis, bleu clair pour les tirailleurs, écarlate pour l’artillerie, gris pour le génie et violet pour

les services.

– Une cravate est ajoutée. Elle est de couleur identique à celle du passepoil. Elle peut être

ornée de l’insigne de l’unité.

– La veste est d’un modèle proche de celui de la tenue de campagne, mais de coupe moins

frustre. Elle perd la sobriété de sa consœur de campagne par l’ajout des éléments suivants :

- sur l’épaule droite, une bande de tissu de 1,5 cm de large et de longueur variable en arc de

cercle. Cette bande est entourée d’un liseré de couleur identique à celle du passepoil. Elle

porte, inscrits en lettres rouges sur fond noir, le nom et le numéro du régiment.

- sur l’épaule gauche, le drapeau français en couleurs réelles et de grande taille, surmontant

l’inscription “FRANCE” écrite en blanc sur fond bleu et liseré rouge.

- sur les pattes de collet, non rabattables, le numéro du régiment dans la couleur correspondant

à celle du passepoil.

- sur la poche gauche… les éventuelles médailles.

– Le manteau subit les mêmes modifications que la veste (bande de tissu avec le nom du

régiment, drapeau français de grande taille, inscription “FRANCE”).

– Les chaussures sont les mêmes qu’en campagne (si possible une paire neuve, difficile à

trouver à certains moment de la guerre) ; elles sont surmontées par des guêtres lacées.

– Le casque porté lors de ces cérémonies est en général le même que celui porté en campagne.

Il arbore différents attributs comme la grenade marquée RF pour l’infanterie de ligne et les

unités de service, le cor de chasse pour les chasseurs (alpins, à pied ou portés), l’ancre

verticale pour les troupes coloniales, le croissant surmonté du RF pour les tirailleurs, les

canons croisés surmontés d’une grenade avec les lettres RF pour l’artillerie (l’ancre pour

l’artillerie coloniale), le casque antique surmonté de RF pour le génie, le caducée pour les

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infirmiers et médecins. Quand il n’est utilisé que pour les cérémonies, ce casque est pourvu

d’un drapeau français en écusson métallique fixé par des vis. Si la parade a lieu en béret, le

casque est laissé dans les quartiers. Par contre, lors des prises d’armes avec casque, le béret

est porté sur l’épaule gauche dans un passement spécial.

– Les fusils sont équipés d’une baïonnette.

– Les officiers portent en plus des gants blancs et un sabre. Le reste de leur tenue de parade ne

diffère pas de celle de la troupe.

Seule la légion étrangère porte une tenue de parade spécifique, avec les épaulettes, le képi

blanc, la ceinture bleue, le reste étant identique à la tenue des autres forces.

Les troupes indigènes ont également demandé le privilège d’une tenue de parade particulière,

mais l’état-major refusa, pour des raisons encore inconnues aujourd’hui.