23
République de Guinée Agence Française de Développement Ministère de la Pêche et de l'Aquaculture 1999-2008 : LE PROJET PISCICOLE DE GUINÉE FORESTIÈRE LANCEMENT D'UNE PISCICULTURE AUTONOME EN GUINÉE FORESTIÈRE Sylvain HALFTERMEYER Mai 2008 Association Pisciculture et Développement Rural Association Française en Afrique – France des Volontaires du Progrès 1/23

1999-2008 : LE PROJET P G F ANCEMENT D UNE … · Portrait d'une pisciculture en cours d'implantation dans le ... La volonté de produire du poisson existe en Guinée bien avant l

  • Upload
    leliem

  • View
    214

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

République de Guinée Agence Française de DéveloppementMinistère de la Pêche et de l'Aquaculture

1999-2008 : LE PROJET PISCICOLE DE GUINÉE FORESTIÈRE

LANCEMENT D'UNE PISCICULTURE AUTONOME EN GUINÉE FORESTIÈRE

Sylvain HALFTERMEYERMai 2008

Association Pisciculture et Développement Rural Association Françaiseen Afrique – France des Volontaires du Progrès

1/23

IntroductionL'intérêt potentiel de l'aquaculture dans la production de protéines animales en Afrique, et plus spécifiquement de la pisciculture continentale, est reconnu depuis plusieurs décennies, y compris en Guinée. Dès l'époque coloniale, quelques étangs sont installés notamment en région forestière, et certains sont encore fonctionnels aujourd'hui.

Malgré ses grandes ressources agricoles, la Guinée est encore aujourd'hui confrontée à la malnutrition et à des carences en protéines dans l'alimentation. La Guinée Forestière est particulièrement touchée, la production animale étant insuffisante face à l'augmentation rapide de la population. La viande comme le poisson restent chers et peu accessibles à l'ensemble de la population rurale pour une consommation régulière. Dans ce contexte, la pisciculture continentale apparaît comme l'un des moyens d'améliorer la disponibilité en protéines tout en proposant une source de diversification aux agriculteurs.

Après des décennies de stagnation à un niveau anecdotique, la pisciculture a connu en Guinée Forestière un certain essor depuis le début des années 2000, et s'est implantée dans quelques dizaines de villages. Aujourd'hui considérée comme une activité agricole à part entière, elle reste malgré tout une spéculation encore jeune mais porteuse d'avenir.

Sous l'égide de l'administration centrale, qui se donne les moyens de le suivre et de l'encadrer, le développement de la pisciculture en Guinée Forestière est aujourd'hui à une période charnière. En ce sens, les choix politiques en sa faveur et se basant sur la profession et les compétences déjà existantes seront déterminants pour la pérénisation et l'essor de la production piscicole.

Nous tâcherons à travers ces quelques pages de décrire l'état de la pisciculture telle qu'elle existe actuellement dans les villages ayant bénéficié de l'intervention du Projet Piscicole de Guinée Forestière (PPGF). Nous tenterons ensuite d'en évaluer l'évolution probable dans les prochaines années, si d'aventure l'appui technique aux pisciculteurs cessait totalement.Le terme de "pisciriziculture" sera employé à plusieurs reprises, la plupart des aménagements piscicoles étant également cultivés en riz.

2/23

Portrait d'une pisciculture en cours d'implantation dans le périmètre d'intervention du PPGFEn dénombre en 2008 plus de 300 pisciculteurs producteurs dans une quarantaine de village de Guinée Forestière, dont près de 220 appuyés par le PPGF, et la majorité des restants possédant des aménagements basés sur le même modèle technique (appui d'autres ONG locales formées par le PPGF, prestations de pisciculteurs à pisciculteurs).

Les pisciculteurs : des agriculteurs qui diversifient leur exploitation

Qui sont les pisciculteurs? La grande majorité des pisciculteurs actuels sont des hommes et villageois ruraux, pour la plupart agriculteurs de profession. Ils gèrent une exploitation agricole de un à plusieurs hectares regroupant des plantations (café, cacao, palmier à huile, cola, etc.), des cultures annuelles sur coteaux (riz, manioc, piment, maraîchage, etc.) et des bas-fonds plus ou moins valorisés (raphia, riz). Souvent, ils disposent d'animaux d'élevage en divagation (poulets, chèvres, moutons, porcs), réservés aux grandes occasions.

Les pisciculteurs sont majoritairement propriétaires du ou des bas-fonds qu'ils ont aménagés en étangs piscicoles. Ces parcelles sont le plus souvent héritées ou achetées. Compte-tenu de l'augmentation de la pression foncière et de l'intérêt accru sur les terres de bas-fonds depuis deux décennies, il est devenu de plus en plus difficile pour les aspirants à la pisciculture d'obtenir des parcelles de grande surface. Le prix a considérablement augmenté, et les négociations à l'héritage sont désormais nettement plus poussées qu'il y a encore une dizaine d'années.L'activité piscicole est essentiellement masculine en grande partie pour des raisons foncières, les femmes n'ayant généralement pas l'accès aux terres. Il existe cependant certaines femmes piscicultrices, soit gérant l'exploitation sur une terre de leur mari, soit en leur propre nom. Dans leur grande majorité cependant, les femmes n'interviennent dans l'activité qu'au moment de certaines opérations (pêche et vente des poissons, repiquage du riz...).

La plupart des pisciculteurs en place sont regroupés autour de villages : en dehors de quelques producteurs isolés, on peut distinguer les "villages non piscicoles" des "villages piscicoles", où cohabitent de trois à plus de vingt producteurs ou candidats à l'activité.

Une faible proportion des pisciculteurs est citadine (N'Zérékoré, Guéckédou, Gouécké). Généralement pluriactifs (commerçants, fonctionnaires...), ils sont moins disponibles pour la pisciculture et les autres activités agricoles, et sont plus éloignés les uns des autres que ne le sont les pisciculteurs villageois.

Comment ont-ils été attirés vers la pisciculture?La volonté de produire du poisson existe en Guinée bien avant l'arrivée du projet fin 1999. Dans de nombreux villages, des initiatives spontanées surgissent, par exemple après un voyage à l'étranger (Libéria, Côte d'Ivoire). Sans connaissances techniques, tous se limitent à creuser de petites mares, d'où il tirent une production généralement faible, de qualité médiocre (poissons de petite taille) et difficile à pêcher. La pisciculture stagne alors dans une image de spéculation non rentable, et les premiers pisciculteurs appuyés par le PPGF, engageant un capital important, sont souvent raillés dans leur propre village.

Ce n'est qu'après l'observation des résultats positifs des premiers étangs que la pisciculture

3/23

commence à être considérée comme une activité potentiellement intéressante.

La plupart des pisciculteurs aujourd'hui se sont lancés dans la pisciculture pour les raisons suivantes :

Paradoxalement, la possibilité de cultiver du riz en étang piscicole, qui demande moins de travail et produit davantage de riz qu'un bas-fond « classique », est souvent le premier argument cité par les pisciculteurs. Certains pisciculteurs disent même mettre en avant cet avantage quand ils en parlent autour d'eux. Plus de 9 pisciculteurs sur 10 cultivent du riz dans leurs étangs piscicoles.

La double valorisation en poisson et en riz. La commercialisation facile du poisson frais, en

plus de la consommation courante : il est considéré comme de meilleure qualité, et la production actuelle est loin d'être concurrentielle. Elle est en effet estimée à 90 tonnes par an (pisciculture, pêches), pour un marché régional de 10 à 15.000 tonnes (estimation des ventes actuelles de poisson congelé et séché).

Aujourd'hui, un grand respect s'est développé autour de l'activité piscicole, non seulement dans les villages de pisciculteurs, mais également dans les villages voisins et de manière plus diffuse dans la région.

Comment ont-ils financé leurs étangs?L'investissement pour la construction des étangs piscicoles comprend quatre éléments majeurs : le

4/23

Deux études (voir Annexe 3) en Côte d'Ivoire (1999) puis en Guinée (2006-2007) sur des échantillons d'exploitations piscicoles ont démontré une rentabilité de la pisciculture très intéressante en comparaison des autres productions agricoles. Dans les deux cas, la pisciculture seule présente déjà un fort intérêt économique, renforcé par le riz à hauteur de 20-30% pour la Côte d'Ivoire et de 50% pour la Guinée.

Marges brutes (Côte d'Ivoire)Côte d'IvoirePisciculture seule : 483,7€/haCacao : 296 €/haRiz pluvial : 17,3€/ha

GuinéePisciculture seule : 332 €/haRiz en étang : 326 €/haRiz pluvial : <30 €/ha

Valorisation de la journée de travailCôte d'IvoirePisciculture seule : 16,5€/jCacao : 5,74€/j

Guinée (riziculture)Avant aménagement : 2,7 kg/jAprès aménagement : 11 kg/j

Intérêts de la culture de riz en étang piscicole*Diminution de la quantité de travail par rapport au riz de bas-fond traditionnel : suppression du désherbage et du défoncement*Augmentation du rendement par rapport aux productions avant aménagement*Possibilité de production sur des parcelles anciennement non productives (création de fertilité)*Protection vis-à-vis des ravageurs terrestres*Protection relative (à étudier plus précisément) contre les parasites du riz

ciment, le matériel, le travail de remblai et les coffrages de système de vidange. Les pisciculteurs appuyés par le PPGF ont fait appel à leurs propres moyens pour réaliser leurs aménagements.

Leur investissement s'est fait sous deux formes : En capital : pour l'achat du ciment et du petit matériel ou pour la location de main d'oeuvre

(familles généralement aisées). La trésorerie peut provenir de produit de la récolte de cultures de rente (café, cacao, etc.), d'autres sources (commerce, tontine) ou beaucoup plus rarement de crédit. Il faut souligner que les organisations officielles de crédit ne proposent pas forcément des conditions optimales par rapport à la pisciculture1.Pour les coffrages de systèmes de vidange, fabriqués par des menuisiers locaux (en ville ou en village), l'achat est le plus souvent réalisé en commun avec les autres pisciculteurs. Il arrive également que le premier pisciculteur les auto-finance et demande ensuite une participation aux suivants pour leur utilisation. Enfin, les pisciculteurs les plus isolés peuvent louer les coffrages à un autre groupe.

En moyens humains : main d'oeuvre personnelle et familiale ou groupe d'entraide.

Souvent, le futur pisciculteur fait appel à diverses sources de capital et de travail, en associant travail personnel et familial, contrats ponctuels avec un tâcheron et échanges de quelques jours de travail avec d'autres pisciculteurs. Certains profitent également du fait qu'il est possible d'empoissonner un site non terminé pour commencer à produire quelques poissons et échelonner les travaux dans le temps.

Comment travaillent-t-ils ensemble?Le degré d'organisation locale de la pisciculture est très variable selon les villages.

Dans certains villages, l'activité piscicole est parfois entièrement intégrée à l'échelle du village, où une entité de type "groupement" organise le travail, la production et la commercialisation de poissons. Certains groupements disposent de réglements intérieurs et d'une organisation des travaux d'aménagement en entraide.

La plupart des villages proposent cependant des degrés d'organisation intermédiaires, où les pisciculteurs se connaissent bien et se réunissent de temps à autre, mais n'organisent pas forcément en commun toutes leurs activités.

Dans les villages où l'activité n'est pas très développée, quelques pisciculteurs plus ou moins indépendants suivent seuls leur activité, n'y consacrent pas forcément beaucoup de temps. Ils ne s'adressent aux autres qu'en cas de besoin incontournable (matériel, poisson...).

Les pisciculteurs isolés, peu nombreux, peuvent être comparés à ceux des villages de la troisième catégorie, à la grande différence qu'ils ne disposent pas de "voisins pisciculteurs", et sont donc pénalisés en cas de besoin d'alevins ou d'autres services liés à la pisciculture. Le cas échéant, ils doivent financer des déplacements vers d'autres villages piscicoles.

1 Le Crédit Rural a proposé un prêt spécifique à partir de 2006, proposant un remboursement différé en attente des premières productions, mais peu de candidats à la pisciculture y ont eu recours jusqu'à présent.

5/23

L'organisation en groupe d'entraide est souvent conjoncturelle et peut évoluer avec le temps : Dans certains cas, le groupe d'entraide est créé par les premiers pisciculteurs, et dissout une

fois les aménagements correspondants terminés. Il peut être réactivé si plusieurs nouveaux candidats (ou anciens souhaitant aménager de nouveaux sites) se déclarent. 2.

Certains villages piscicoles ont vu leurs travaux démarrer sous contrats (tâcherons), puis des nouveaux candidats se sont constitués en groupe d'entraide quelques années plus tard.

Dans le cas de villages très dynamiques, où de nouveaux candidats se déclarent chaque année, un groupe d'entraide peut rester fonctionnel plusieurs années durant.

Comment la pisciculture s'intègre-t-elle dans les exploitations ?

Intégration dans l'assolement

La plupart des aménagements piscicoles sont installés dans des parcelles de bas-fonds initialement cultivées en riz. Un étang produisant également du riz, la vocation rizicole de la parcelle reste donc inchangée. Parfois, la parcelle avant aménagement est non exploitée ou seulement avec des raphias. Dans ce dernier cas, les pisciculteurs choisissent souvent de conserver jusqu'à leur maturité les raphias ne génant pas la construction des ouvrages.

Construction des aménagements

Outre le capital investi, la construction des ouvrages piscicoles demande au moins plusieurs semaines de travail. Dans le cas où le propriétaire du site ne dispose pas de trésorerie suffisante pour payer des contractuels, il doit mobiliser son propre travail et donc sacrifier certaines autres activités agricoles. Par exemple, certains pisciculteurs n'ont pas pu faire le défrichement de leurs parcelles de café l'année de leur installation, ce qui a provoqué une perte de production.

Dans certaines situations particulières, la prise en compte du coût d’opportunité déclaré par le paysan triple ses coûts d’investissements. Ainsi un planteur qui déclare 180 € de coût direct s’accorde à reconnaître qu’il avait perdu dans la confection de son barrage près de 405 €, en raison de la réduction des surfaces défrichées pour le riz et de l’allègement du travail sur le café. Autre facteur important : la consommation de son fond de roulement qui lui permettait normalement de réaliser une spéculation permanente sur l’huile, l’arachide et le riz.

Temps de travail

En revanche, une fois réalisé l'aménagement, le temps de travail annuel nécessaire pour la pisciculture est relativement faible. En moyenne, un aménagement géré correctement (un étang de production et un étang d'alevinage) nécessite entre 15 et 20 déplacements par an pour les opérations piscicoles et quelques jours pour le riz (repiquage, récolte). Une opération piscicole demande rarement plus d'une demi journée de travail, et il y a sans doute une économie d'échelle dans le cas de plusieurs sites. Ce travail supplémentaire lié au poisson est cependant largement compensé par le gain de temps sur la culture de riz dans l'étang. Un bas-fond inondé ne nécessite ni travail du sol ni entretien, travaux qui mobilisent normalement plusieurs personnes pendant plusieurs jours.

Intégration dans le calendrier agricole

Le PPGF propose une gestion semestrielle de la production piscicole : tous les six mois, il est possible de réaliser une vidange d'étang, directement suivie d'un réempoissonnement. La plupart des pisciculteurs ont adopté cette option en l'adaptant à leurs calendriers culturaux classiques :

2 Les pisciculteurs rechignent souvent à échanger une journée de travail de remblais avec un autre type de travail agricole (défrichage par exemple), considérant que l'effort n'est pas le même. Le cas échéant, si le pisciculteur ne dispose pas de trésorerie suffisante pour faire appel à des journaliers, le travail de remblais est effectué très progressivement par lui-même ou sa famille.

6/23

La première vidange est généralement réalisée autour du mois de juin, soit juste avant la période de soudure (période de consommation des derniers stocks de riz avant la récolte de août-septembre). A cette époque, le riz pluvial a déjà été repiqué, et le riz de bas-fond ne le sera qu'un peu plus tard.

La deuxième vidange coïncide avec la récolte du riz de bas-fond et les fêtes de fin d'année. Cela correspond au cycle habituel de riz de bas-fond non aménagé, et le poisson vendu au moment des fêtes rapporte davantage.

On retrouve dans cette organisation l'importance du riz dans l'exploitation : les cycles piscicoles sont bien calés sur les cycles rizicoles, afin que la pêche des poissons ne survienne pas en pleine période de végétation du riz (ce qui constituerait un risque de verse).

Certains pisciculteurs ont quant à eux choisi de produire sur la base de cycles annuels, et privilégient également une vidange en fin d'année. Quelques-uns, en revanche, ont des cycles décalés, sur la base par exemple de vidanges en avril et en octobre. Ils adaptent alors la culture de riz, soit en décalant les dates de repiquage, soit en utilisant des variétés à cycles plus courts.

Dans tous les cas, compte-tenu de la faible quantité de travail nécessaire une fois l'aménagement terminé et du réel gain de temps sur la riziculture au niveau de l'étang, l'activité piscirizicole s'intègre très bien dans le calendrier agricole.

Comment vendent-ils le poisson?Comme le prouvent une étude de marché réalisée par la Coordination Régionale de la Pêche Continentale et de l'Aquaculture en 2001 et une étude de consommation du PPGF de 2002, le poisson est la première protéine animale consommée en Guinée Forestière. On retrouve du poisson sur tous les marchés ruraux, y compris les plus reculés, mais principalement du poisson de mer congelé provenant de Conakry et du poisson séché. Le poisson frais, traditionnellement, provient des pêches réalisées dans les rivières ou dans les marigots, et ne représente qu'une très faible part de la consommation. Pour autant, il est nettement préféré par les populations locales.

Globalement, le prix à la vente du poisson de pisciculture se situe entre celui le poisson congelé et celui de la viande. Fin 2007, le kilo de Tilapia frais était vendu à N'Zérékoré aux alentours de 8000 FG (1,33 €), contre 12000 FG (2 €) pour la viande de boeuf. Les prix villageois, dans l'ensemble, sont moins élevés qu'en ville.

Dans ce contexte, les pisciculteurs ne rencontrent aucune difficulté à écouler leur production : La grande majorité du poisson est vendue directement au village, généralement le jour

hebdomadaire de marché. Quand ils le peuvent, certains pisciculteurs vont vendre en ville, où le prix est plus intéressant.

Dans le cas d'un grand nombre de pisciculteurs dans le même village, ils s'organisent pour vendre chacun à des dates différentes pour éviter la saturation du marché.

Il arrive que des pisciculteurs possédant des grands étangs rencontrent des difficultés pour vendre tout leur poisson le même jour sur le marché. Dans ce cas, ils stockent le poisson dans des trous spécialement creusés à cette fin et le vendent en plusieurs jours.

7/23

Les compétences en piscicultureDe nombreux savoirs techniques sont mobilisés pour la pisciculture. Un des objectifs du PPGF était de les enseigner à un maximum de pisciculteurs, afin qu'ils soient capables de les reproduire seuls et de les transmettre à d'autres dans le futur. Le bilan de ces formations est aujourd'hui positif, bien que variable en fonction des connaissances.

Les compétences des pisciculteurs

Construction des différents ouvrages

L'aménagement d'un étang piscicole nécessite la construction de digues, de systèmes de vidange en béton et de canaux (trop-plein, canal de dérivation). Tous ces travaux sont d'une technicité relativement simple et accessible à tous les pisciculteurs. Globalement, la plupart d'entre eux sont capable de réaliser eux-mêmes tous ces ouvrages, avec quelques oublis cependant :

Digues : la préparation du sol avant le début du remblais n'est pas toujours faite (risques de fuites sous la digue), et la pente interne de la digue est souvent trop verticale (fragilité accrue).

Canaux : les parois du trop-plein comme des canaux de dérivation sont souvent verticales, ce qui à court terme peut causer des éboulements. Le canal de vidange, en aval de la digue, est lui souvent négligé, ce qui pose des problèmes d'évacuation d'eau au moment des pêches.

Systèmes de vidange : la plupart des pisciculteurs maîtrisent bien leur construction. Il arrive parfois que le dosage du ciment ne soit pas parfaitement maîtrisé.

Gestion et suivi de l'exploitation piscicole

La pisciculture pratiquée actuellement demande de nombreuses connaissances techniques : Sur les aménagements (entretien des digues, des systèmes de vidange, des canaux, etc.). Sur la gestion de l'eau (stockage en saison sèche, repiquage du riz, gestion des crues). Sur la gestion des poissons (étapes d'alevinage, densités d'empoissonnement, manipulation

et stockage des poissons, etc.).

L'ensemble de ces techniques doit permettre aux pisciculteurs de disposer d'aménagements de qualité optimale et de valoriser au mieux leur surface de production. Dans la pratique, aucun pisciculteur ne les maîtrise toutes parfaitement. On peut distinguer trois grandes catégories :

Le pisciculteur s'est formé au maximum depuis son installation, avec les techniciens comme avec les autres pisciculteurs, et s'intéresse de près aux performances de son exploitation. Il cherche à fertiliser ses étangs, tente de réaliser deux cycles de riz au cours de l'année, et maîtrise une grande partie des techniques. Il peut chercher également à apprendre à concevoir de nouveaux aménagements.

Le pisciculteur maîtrise une partie des techniques d'aménagement et piscicole, sans pour autant gérer parfaitement ses cycles : ses productions sont correctes mais non optimales, avec par exemple une part non négligeable de petits poissons dans ses vidanges. Il produit ses propres alevins en grand nombre sans toutefois maîtriser totalement leur grossissement.

Le pisciculteur n'a consacré que peu de temps à sa formation et gère sa pisciculture "de loin", en y laissant des poissons et en pêchant de temps en temps, et sans porter une grande attention à l'entretien des ouvrages. La pisciculture ne constitue pas pour lui une priorité.

La majorité des pisciculteurs se situent actuellement au stade intermédiaire : ils vendent et consomment régulièrement du poisson. La pisciriziculture fait partie intégrante de leur exploitation et est rentable, mais pourrait être davantage valorisée.

8/23

Compte-tenu du nombre et de la complexité des techniques, il est évident que tous les pisciculteurs ne sont pas capables de tout assimiler et appliquer sur le terrain. Néanmoins, un certain nombre de points techniques sont considérés comme acquis au niveau de la plupart des pisciculteurs :

Le principe de l'étang-barrage associé à un étang d'alevinage, avec une digue de bonne taille et un système de vidange en béton dans les deux étangs.

Les grandes surfaces d'étangs. Le principe de l'étang d'alevinage de bonne taille a fait son chemin et est souvent reconnu

aujourd'hui comme une nécessité. La polyculture : quasiment tous les pisciculteurs élèvent plusieurs espèces de poissons

complémentaires (tilapia, hétérotis, silure). Le sexage du tilapia et l'utilisation d'un carnassier : les pisciculteurs connaissent l'intérêt

de privilégier les mâles de tilapias pour le grossissement, et la plupart d'entre eux y ont recours. D'autre part, quasiment tous les étangs de production disposent de carnassiers pour contrôler les reproductions résiduelles.

Les densités d'empoissonnements : les pisciculteurs connaissent l'intérêt de réguler le nombre de poissons dans leur étang en fonction de la taille souhaitée en fin de cycle.

L'idée de la fertilisation à l'aide de son de riz ou de déchets animaux : si une faible part y a recours, la plupart en connaissent l'intérêt. Certains pisciculteurs ont même tenté l'élevage porcin à côté de leur étang pour y valoriser les déchets, mais beaucoup d'entre eux l'ont finalement abandonné, faute de rentabilité suffisante.

Les principales difficultés se situent aux niveaux suivants : Maîtrise incomplète du cycle d'alevinage, qui conduit encore à des problèmes de

grossissement des alevins. Maîtrise incomplète des espèces sauvages, en particulier le Tilapia zilli, concurrent

alimentaire direct du tilapia. Maîtrise incomplète de la gestion de l'eau et du suivi du trop-plein. En période de crue,

beaucoup de pisciculteurs préfèrent baisser leur niveau d'eau plutôt que de s'appuyer sur un trop-plein suffisamment large. Le trop-plein est aussi négligé au profit du canal de contournement dans certains cas.

Gestion de l'hétérotis au niveau d'un village : contrairement au tilapia, l'hétérotis ne peut se reproduire dans de bonnes conditions que dans des étangs-barrages. Un même site piscicole ne peut donc à la fois faire grossir des juvéniles et produire des alevins d'hétérotis. Au niveau d'un village, sans concertation entre les pisciculteurs, on aboutit parfois à des situations absurdes où plusieurs pisciculteurs produisent des alevins en même temps mais où aucun n'est disposé à en acheter.

Globalement, si la gestion des poissons n'est pas parfaite, elle permet tout de même de produire régulièrement les deux espèces principales de poisson à des tailles marchandes intéressantes. Ces productions satisfont d'autant plus les pisciculteurs que leur étang produit tous les ans davantage de riz pour une quantité de travail plus faible. Les problèmes d'alevinage, de sexage ou d'espèces sauvages, si elles grèvent un peu la production finale, augmentent surtout la proportion de petits poissons, d'une moins bonne valeur marchande, mais qui n'en sont pas moins consommés sur place.

9/23

Conception de nouveaux étangs

L'installation de nouveaux aménagements demande des compétences techniques supplémentaires, non indispensables dans le cadre strict de la gestion quotidienne d'une exploitation piscicole : connaissance de l'appareillage topographique, maîtrise de la conception des aménagements...

Ces compétences permettent, à partir d'un bas-fond vierge, de proposer un aménagement de bonne surface pour une quantité de travail optimale. La plupart des pisciculteurs a abordé la question sur le tas, au fil des passages des techniciens dans leurs villages, et quelques-uns ont montré une réelle motivation à l'apprentissage.

A l'échelle de la région, le niveau de maîtrise des compétences en matière de conception de sites piscicoles est variable et concerne un faible nombre de pisciculteurs :

Deux pisciculteurs ont bénéficié d'une formation pleinière au PPGF, formation également octroyée aux techniciens de deux ONG locales. Un troisième, formé sur le tas, a atteint un niveau équivalent. Deux d'entre eux mettent en application leurs connaissances sur le terrain en concevant de nouveaux aménagements dans d'autres villages.

Quelques autres pisciculteurs savent utiliser l'appareil topographique, calculer des dénivelés et placer des piquets dans les bas-fonds pour indiquer la position des futurs ouvrages, mais n'ont pas une grande expérience de conception des sites. Certains d'entre eux ont construit pour eux-mêmes de nouveaux étangs, pour des voisins ou dans les villages alentours.

Quelques pisciculteurs installent de nouveaux étangs sans forcément maîtriser les techniques d'étude topographique, en se basant sur des appréciations qualitatives.

De façon générale, ces pisciculteurs ont moins d'expérience de terrain que les techniciens du projet. Le principal défaut des sites aménagés par les pisciculteurs est le manque d'optimisation entre l'investissement et la surface en eau obtenue. Néanmoins, compte-tenu des compétences en construction des pisciculteurs, la qualité globale de ces aménagements reste le plus souvent correcte, et permet a priori de produire du poisson dans de bonnes conditions.

Autres compétences en pisciculture au niveau régionalEn dehors des pisciculteurs, des compétences sont présentes au niveau régional :

Les anciens animateurs du PPGF, au nombre de sept (dont une animatrice formée en 2006), ont entre 5 et 7 ans d'expérience de terrain. En 2007, ils se sont constitués en association, l'Association des Animateurs PisciRizicoles de Guinéen et recherchent des partenaires.

Trois techniciens formés par le PPGF en 2006 travaillent à l'AUDER : deux interviennent dans huit villages, le troisième occupe la fonction de cadre technique. L'intervention de l'AUDER se termine normalement en 2009.

Un technicien de l'INADER, également formé en 2006, intervient dans deux villages dans le cadre d'une convention signée avec le PPGF. Il est suivi par un cadre de l'INADER ayant aussi bénéficié de la même formation. Cette intervention sera stoppée à l'arrêt du projet.

Un ancien animateur du PPGF, également passé quelques mois par l'AUDER, effectue des prestations individuelles.

Le modèle d'intervention est connu par le Directeur Régional de la Pêche Continentale et de l'Aquaculture, ainsi que par le Directeur Préfectoral de la Pêche de Macenta. Ils ont tous deux passés plusieurs mois au PPGF en 2000 en tant que "techniciens-fonctionnaires".

10/23

La profession piscicole au niveau régionalL'Association des Pisciculteurs de Guinée Forestière (APGF) regroupe plus de 400 membres, dont la majorité sont pisciculteurs ou en cours d'aménagement. Son objectif officiel est de soutenir le développement de la pisciculture à l'échelle régionale en se donnant les moyens de répondre aux demandes d'appuis dans les villages aujourd'hui "non piscicoles".

Les Assemblées GénéralesL'APGF est aujourd'hui une structure reconnue par les pisciculteurs et qui assure de manière relativement autonome un lien régulier entre ses membres. Ainsi, son Conseil d'Administration organise des Assemblées Générales tournantes dans les villages piscicoles, durant lesquelles une cinquantaine de membres se réunissent pour discuter de la pisciculture et plus globalement des activités de l'association.Jusqu'en 2008 et grâce à la participation du PPGF aux frais de préparation (réunions du Conseil d'Administration, frais de communication), les assemblées ont eu lieu tous les trois mois. En février 2008, suite à une réflexion sur l'autonomie financière de l'association en l'absence de projet, l'Assemblée Générale décide de diminuer la fréquence de ses réunions, qui deviennent semestrielles, tout en augmentant les cotisations, principale source de recettes. Sur ces bases, l'APGF est capable d'organiser elle-même ses Assemblées Générales, dans la mesure où les pisciculteurs participants prenent déjà en charge leurs frais de transport et de participation.

De nombreux pisciculteurs en sont satisfaits et y reviennent régulièrement. Ils se déplacent pour différentes raisons : participer aux échanges techniques, communiquer des besoins à l'association, ou simplement pour une question de prestige et de représentation. En théorie, les pisciculteurs participant aux assemblées représentent l'ensemble des pisciculteurs de leur village, et doivent rendre compte des décisions prises lors de la réunion. En pratique, ces restitutions ne sont pas systématiques et dépendent du degré de cohésion entre les pisciculteurs du même village. Certains "représentants" viennent en effet à leurs propres frais, alors que d'autres se déplacent grâce à une cotisation de leurs pairs.

L'organisation des assemblées par le Conseil d'Administration est relativement rodée, mais jusqu'à aujoud'hui ne s'est jamais fait sans un appui minimum du PPGF, notamment pour inciter à préparer un ordre du jour, envoyer les invitations et le compte-rendu de l'assemblée précédente. Dans tous les cas, elle ne dépend plus de financements extérieurs, et répond clairement à une demande de la base. L'association dispose donc a priori de tous les éléments pour faire perdurer cette activité.

Autres activités de l'associationEn dehors des Assemblées Générales, l'APGF a également d'autres activités :

Elle est liée au PPGF jusqu'à sa cloture pour le suivi de l'opération de parrainage, où des pisciculteurs expérimentés installent des étangs dans de nouveaux villages piscicoles.

Elle a signé une convention avec l'AUDER, dans le cadre de son projet de pisciculture dans les préfectures de Yomou et de Lola.

Elle a choisi les deux villages d'intervention de l'INADER, qui y envoie un animateur formé et suivi techniquement par le PPGF.

Elle dispose de nappes de filets et de fers à béton offerts par l'APDRA-F en 2006, pour confectionner et vendre des cages à poissons et des grilles de vidange à ses membres.

Ces activités sont a priori temporaires, soit liées à un projet non permanent, soit dans le cas des cages difficile à gérer dans un contexte d'inflation constante et de fragilité de la monnaie nationale. Les nappes terminées, il sera sans doute problématique pour l'APGF d'en racheter sans ponctionner

11/23

sur sa trésorerie, d'autant que les fournisseurs se trouvent à Conakry, à 1000 km de N'Zérékoré.

PerspectivesEn 2007, l'APGF a entamé une procédure de changement de statuts : d'association, elle souhaite devenir Union de Groupements. Ce nouveau statut n'est cependant pas encore accessible pour le moment, la plupart des groupements de pisciculteurs n'ayant pas à ce jour de reconnaissance officielle. En août, le Conseil d'Administration de l'APGF a donc commencé à sensibiliser ses membres pour qu'ils entament des démarches d'enregistrement au niveau de leur sous-préfecture. Début 2008, des missions de sensibilisation sur la constitution de groupements officiels sont organisées avec le PPGF dans quelques villages.

Compte tenu des inévitables retards pour l'enregistrement des groupements, il est toutefois probable que le processus de passage en union prendra encore quelques années, et que l'APGF continuera de fonctionner en association pendant cette période.

Limites actuelles de l'association

L'APGF n'a pas encore les fonds ni l'expérience nécessaires pour prendre en charge des financements de type projet, ou ne serait-ce que pour embaucher un salarié.

Le conseil d'administration a des difficultés pour réellement prendre en compte les attentes de ses membres, cherchant souvent à faire avaliser ses propres décisions plutôt que de faire remonter les besoins des pisciculteurs. On constate par ailleurs une relative méfiance des membres vis-à-vis de leurs "dirigeants", notamment quand les discussions se tournent vers la gestion de la caisse de l'association.

12/23

Comme la pisciculture va-t-elle évoluer?Sur les bases présentées précédemment et les constats effectués en Côte d'Ivoire, il est possible d'imaginer les évolutions à moyen terme des pisciculteurs et de la profession, dans l'hypothèse où aucun appui technique ou organisationnel n'est plus proposé localement.

Les pisciculteurs La plupart des pisciculteurs ayant déjà produit du poisson devraient continuer de produire

régulièrement, à un niveau moyen de qualité sans doute un peu plus faible qu'actuellement compte tenu de la suppression de l'appui technique. En effet, un suivi technique régulier permet d'insister sur certaines étapes que les pisciculteurs ont tendance à négliger.

Quelques producteurs, faute d'expérience, de compétences suffisantes ou d'appuis d'autres pisciculteurs, vont sans doute abandonner l'activité, ou la conserver en pêchant de temps en temps de manière anecdotique. Dans la préfecture de Guéckédou, compte-tenu de l'état des lieux actuel, il est très probable que l'activité piscicole, sans appui technique, ne reste qu'à un niveau complètement embryonnaire et ne se développe pas.

Les pisciculteurs plus récents, ayant bénéficié de l'appui d'un technicien pour leur aménagement mais n'ayant pas bouclé au moins un cycle de production, reposeront sur l'expérience de leurs pairs. Dans les villages où les groupes sont réduits ou peu organisés, ces "nouveaux" pisciculteurs devraient être pénalisés et avoir des difficultés à valoriser correctement leurs étangs. Tout dépendra de leur volonté d'apprendre ou non les techniques, et des moyens qu'ils sont prêts à y investir (notamment pour rencontrer d'autres pisciculteurs expérimentés). Par contre, dans les groupes bien organisés, ces nouveaux pisciculteurs pourront bénéficier de l'expérience technique des producteurs plus anciens.

La diffusion de l'activité

D iffusion par "tuteurs"

L'expérience ivoirienne a montré que, même sans projet, la pisciculture sur ce modèle continue de se développer par elle-même, via des pisciculteurs ou des techniciens locaux : huit ans après la fin du projet, des pisciculteurs continuent de construire des nouveaux aménagements piscicoles, qui plus est dans un contexte socio-politique difficile. Cependant, aucune évaluation de l'ampleur et de la qualité de ce développement n'a été faite.Il semble qu'un scénario équivalent puisse s'écrire en Guinée Forestière. En dehors de tout appui ou collaboration avec un appui technique extérieur, des pisciculteurs ont déjà aidé d'autres à mettre en place des étangs dans leurs bas-fonds, et la demande actuelle, forte, laisse penser que ces installations vont continuer.

Ces futures diffusions, qui concernent seulement quelques pisciculteurs, ne sont cependant pas exemptes de risques :

Les appuis "spontanés" résultent souvent de liens familiaux, et de fait réduisent la portée de cette diffusion.

Sans remettre en cause leurs compétences, les "pisciculteurs-diffuseurs", faute de suffisamment d'expérience, contribuent à une certaine dilution de la connaissance technique, d'autant plus en intervenant dans des villages vierges de pisciculture.

On constate souvent que la qualité des aménagements est relativement bonne, mais que les formateurs se déplacent beaucoup moins pour expliquer les techniques piscicoles et suivre

13/23

les cycles de production. Il arrive donc souvent que des nouveaux pisciculteurs bénéficient d'aménagements corrects mais ne sachent pas les valoriser au mieux. Dans le même ordre d'idée, il n'est pas rare que l'étang d'alevinage, indispensable pour une bonne gestion du tilapia et des productions régulières de qualité, soit négligé.

Cette source de diffusion, tout à fait légitime et déjà en marche, est cependant incapable de répondre à toutes les demandes d'appui au niveau régional. D'après David Loua, Président de l'APGF, "de nouvelles demandes arrivent tous les jours au niveau de l'association".

AutoinstallationsLes nouveaux pisciculteurs ne bénéficient pas nécessairement de l'appui d'un pisciculteur d'expérience et capable de concevoir de nouveaux étangs. En se basant sur les informations à leur portée (visite d'un étang par exemple), certains choisissent de construire par eux-mêmes. Ils font appel à des contractuels et louent les coffrages de systèmes de vidange à des pisciculteurs déjà installés. Les aménagements obtenus dans ces conditions sont généralement de faible qualité, les aspects "vidangeabilité", "trop-plein" ou "étang d'alevinage" n'étant pas forcément pris en compte.

TâcheronsA l'instar des pisciculteurs, certains tâcherons ont accumulé une expérience dans la construction des digues et des canaux pour la pisciculture, et quelques équipes sont reconnues et sollicitées dans les villages piscicoles. En revanche, d'autres, qui ont pu travailler une fois ou deux sur un chantier, cherchent à profiter de l'engouement pour la pisciculture et de l'absence de compétences dans de nombreux villages. Ils se présentent comme des "spécialistes" de la pisciculture et proposent des aménagements clé en main, à un tarif généralement élevé. Plusieurs personnes ont déjà fait les frais de ce type d'arnaques, qui aboutissent le plus souvent à de petites surfaces mal aménagées et à une absence totale de suivi piscicole.

Limitée par ses faibles moyens, l'association des pisciculteurs est réduite aujourd'hui à communiquer sur ces risques et à conseiller aux candidats approchés par un tâcheron de se mettre en contact avec d'autres pisciculteurs déjà installés avant tout investissement.

La professionLa récente mise au point financière (augmentation des cotisations) devrait permettre à l'APGF de continuer d'organiser des Assemblées Générales telles qu'elles le sont aujourd'hui, sur la base d'une assemblée tous les semestres en villages tournants. L'expérience a prouvé qu'elle est tout à fait capable de les organiser, et que les pisciculteurs y consacrent sans problème une part de leur budget.

En revanche, ses ambitions de développement semblent aujourd'hui prématurées en comparaison de ses moyens d'actions. Son budget annuel (environ 300 euros), en grande partie utilisé pour l'organisation des Assemblées Générales, est limité. Le projet de se former en Union ne sera sans doute effectif que dans quelques années, quand les pisciculteurs dans les villages se seront réellement organisés en groupements officiels. En l'état, l'association paraît encore jeune et insuffisamment structurée pour prendre en charge, comme elle le souhaite, un budget de type projet.

14/23

Néanmoins, en 2008, l'association est un acteur reconnu de la profession, et dispose en son sein de compétences techniques intéressantes. Afin de jouer pleinement son rôle de représentation de la profession à l'avenir, elle devra toutefois se renforcer à plusieurs niveaux :

Améliorer et légitimer la structuration des groupes de pisciculteurs à la base. Ce mouvement, concrétisé par des premières missions de sensibilisation, est déjà en marche. L'APGF ne sera solide à long terme que si elle repose sur un socle de membres organisés.

Améliorer ses compétences de gestion administrative. Approfondir son rôle d'interlocuteur des pouvoirs publics. Renforcer ses capacités de mise en place de forums et d'actions de surveillance.

A une échelle plus large, les compétences déjà présentes au niveau des pisciculteurs, de l'association et des opérateurs locaux actuels (ONG, associations des animateurs) rendent possible dès aujourd'hui la mise en place de partenariats ou de synergies entre ces différents acteurs. Mais ces partenariats devront prendre en considération les réelles capacités financières et organisationnelles de la profession piscicole.

15/23

ConclusionAprès des décennies de quasi absence en Guinée Forestière, la pisciculture continentale peut être aujourd'hui considérée comme une activité agricole réellement implantée et à une échelle dépassant la simple opération pilote. En une dizaine d'années et sous l'impulsion du PPGF, quelques centaines de producteurs agricoles ont choisi de diversifier leur production en intégrant la pisciriziculture dans leur exploitation, devenant ainsi les pionniers d'une profession en devenir.

Les pisciculteurs sont encore peu nombreux au regard du nombre d'agriculteurs et de la disponibilité en terres potentiellement aménageables à l'échelle de la région. Mais ils constituent la base solide d'une nouvelle activité ayant prouvé son efficacité dans les conditions agricoles villageoises. De plus, la pisciriziculture répond à une recherche de plus en plus forte de diversification agricole face à des rendements en baisse et à une pression foncière en augmentation.

Non seulement les pisciculteurs sont, à l'échelle individuelle, capables de produire eux-mêmes et régulièrement du poisson et du riz, mais ils sont également organisés entre eux, au niveau du village, autour de services et de connaissances liés à la pisciculture.Enfin, à la base issue d'une structure de dialogue avec les pisciculteurs créée par le PPGF, l'Association des Pisciculteurs de Guinée Forestière est devenue en 4 ans un interlocuteur, sinon solide, du moins reconnu et légitimé par les producteurs piscicoles de la région. Elle leur propose régulièrement un espace de rencontres et d'échanges d'expériences

Pour autant, il est encore trop tôt pour parler d'une véritable profession piscicole régionale : de nombreux villages n'accueillent toujours pas de pisciculteurs et les quantités de poisson produites sont loin de concurrencer le marché du poisson congelé. Enfin, les moyens de l'APGF sont encore éloignés d'autres structures faîtières comme la Fédération des Paysans du Fouta Djalon (FPFD) ou l'Union des Producteurs de Banane de Macenta (UPBM).

Telle qu'elle existe et compte-tenu de l'expérience grandissante des producteurs, la pisciculture est vouée à séduire un public élargi au niveau régional. D'ailleurs, sa diffusion est déjà en cours au niveau de certaines sous-préfectures. Les pisciculteurs ont prouvé qu'ils sont prêts à investir de grosses sommes d'argent pour aménager leurs bas-fonds, et l'intérêt qu'ils y ont gagné a effectivement convaincu de nombreux autres agriculteurs de se lancer dans l'aventure.

L'enjeu pour la Guinée Forestière est aujourd'hui double : s'appuyer sur les compétences existantes tout en encourageant leur diffusion dans de bonnes conditions.

16/23

Table des matièresIntroduction..........................................................................................................................................2Portrait d'une pisciculture en cours d'implantation dans le périmètre d'intervention du PPGF...........3

Les pisciculteurs : des agriculteurs qui diversifient leur exploitation.............................................3Qui sont les pisciculteurs?...........................................................................................................3Comment ont-ils été attirés vers la pisciculture?........................................................................3Comment ont-ils financé leurs étangs?.......................................................................................4Comment travaillent-t-ils ensemble?..........................................................................................5Comment la pisciculture s'intègre-t-elle dans les exploitations ?...............................................6

Intégration dans l'assolement.................................................................................................6Construction des aménagements............................................................................................6Temps de travail.....................................................................................................................6Intégration dans le calendrier agricole...................................................................................6

Comment vendent-ils le poisson?...............................................................................................7Les compétences en pisciculture......................................................................................................8

Les compétences des pisciculteurs..............................................................................................8Construction des différents ouvrages.....................................................................................8Gestion et suivi de l'exploitation piscicole.............................................................................8Conception de nouveaux étangs...........................................................................................10

Autres compétences en pisciculture au niveau régional...........................................................10La profession piscicole au niveau régional....................................................................................11

Les Assemblées Générales........................................................................................................11Autres activités de l'association................................................................................................11Perspectives...............................................................................................................................12Limites actuelles de l'association..............................................................................................12

Comme la pisciculture va-t-elle évoluer?...........................................................................................13Les pisciculteurs............................................................................................................................13La diffusion de l'activité................................................................................................................13

Diffusion par "tuteurs"..............................................................................................................13Autoinstallations.......................................................................................................................14Tâcherons..................................................................................................................................14La profession.............................................................................................................................14

Conclusion..........................................................................................................................................16Table des matières..............................................................................................................................17ANNEXES.........................................................................................................................................18

17/23

ANNEXES

18/23

ANNEXE 1 : Le développement d'une politique nationale de la pisciculture

Le Ministère de la Pêche et de l'Aquaculture est créé en 1994, et en 1995 est mise en place une direction spécifiquement chargée de la pisciculture : la Direction Nationale de l'Aquaculture et de la Pêche Continentale (DNAPC). L'Etat guinéen exprime ainsi son intérêt grandissant pour une activité encore anecdotique sur le plan national, mais porteuse de grands espoirs.

Devant l’engouement face à l’activité piscicole et l'intérêt manifesté par plusieurs intervenants, la Guinée Forestière est retenue pour y orienter l'essentiel des actions piscicoles. Sans recul technique ou opérationnel, la DNAPC opte d'emblée pour une politique de prudence et d'observation, afin de parer à une éventuelle mise en place d’une politique incohérente et incontrôlée potentiellement préjudiciable au développement de la pisciculture en Guinée.

Entre 1995 et 1997, des partenaires du ministère, en particulier l'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la Banque Africaine de Développement, l'Agence Japonaise de Coopération Internationale JICA et l'Agence Française de Développement (AFD) réalisent des études sur le terrain, qui aboutissent à des scénarios de futurs projets, ainsi qu'à une proposition de schéma directeur de la pêche et de la pisciculture par la FAO.

En mars 1997, la DNAPC organise une réunion de concertation sur la coordination et l'harmonisation des interventions en pisciculture, avec notamment l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Vétérinaires sans Frontières (VSF) et l'AFVP. Devant la multiplicité des intervenants et des méthodes proposées, la direction laisse évoluer les actions piscicoles pilotes en cours ou en préparation pendant une durée minimale de trois ans, afin de cumuler les expériences et d'en déduire, à terme, les meilleures approches en terme de développement.Pour éviter le cumul d'actions redondantes ou d'approches différentes dans les mêmes sous-régions, chaque opérateur se voit affecter une zone d'intervention spécifique. L'AFVP interviendra dans les préfectures de N'Zérékoré et Guéckédou, la BAD à Macenta, tandis que la FAO mènera ses actions dans les préfectures de Lola, Yomou et ponctuellement à Macenta. Les préfectures de Lola et Yomou seront "reprises" par l'AUDER (Acteurs Unis pour le Développement Rural) en 2006.

En avril 2002 est organisé par le Ministère de la Pêche et de l'Aquaculture un atelier de réflexion sur le développement de la pisciculture en Guinée Forestière, sur la base des actions en cours. Il est fait état de la poursuite des phases pilotes, avec une attention particulière à accorder à la rentabilité des des systèmes mis en œuvre. Un nouvel objectif pour la DNAPC, devenue DNPCA, est alors mis en avant : renforcer le cadre de concertation entre opérateurs et administration.

A partir de 2005, des structures déconcentrées de la DNPCA (directions régionales et préfectorales) sont progressivement mises en place. Aujourd'hui toutes les préfectures de Guinée Forestière sont dotées de Directions de Pêche Continentale et d'Aquaculture (DPCA).

Afin d'améliorer la coordination et la cohérence des actions de développement piscicoles, la mise en place d'une plate-forme d'échanges et de concertation sur la pisciculture en Guinée Forestière, suivie d'un séminaire national sur la pisciculture, est mise en chantier par la direction en juin 2006. La première réunion, prévue à la base en mars 2007, n'a malheureusement pas pu avoir lieu en raison des évènements sociaux que le pays a connu en début d'année.

Aujourd'hui est en cours d'élaboration la Lettre de Politique de Développement de la Pêche et de l'Aquaculture (LPDPA). Destinée à cadrer les objectifs de la politique nationale, elle devrait voir le jour dans les prochaines années.

19/23

ANNEXE 2 : Le PPGF : Introduire une pisciculture durable en Guinée ForestièreObjectifs du projetLe Projet Piscicole de Guinée Forestière, sur la base des résultats prometteurs enregistrés en Côte d'Ivoire avec le Projet Piscicole du Centre-Ouest, intervient dans un pays quasiment vierge de toute pisciculture. Dans ce contexte, les objectifs du projet sont progressifs :

Dans un premier temps, prouver qu'il est possible de produire du poisson en Guinée Forestière et de rentabiliser des aménagements dans les conditions locales.

Diffuser ensuite l'activité en multipliant les villages d'intervention, tout en restant sur un objectif global de qualité de la pisciculture.

Laisser en place une pisciculture bien implantée et en mesure de se développer par elle-même.

Le projet avait pour but d'installer, dans un premier temps, 80 pisciculteurs dans 8 villages, puis 300 dans 24 villages à partir de 2003, et de constituer une profession autonome à même de produire du poisson sans appui extérieur, et à terme capable de diffuser elle-même l'activité.

HistoriqueMission en côte d'ivoire AFVP en marge du projet riz : découverte des aménagements. Plus déterminante que la mission de 96. 1995-1999 : l'amont du projetEn 1995, en marge d'un projet rizicole de l'AFVPn une mission en Côte d'Ivoire est organisée, afin de visiter les sites piscicoles installés par le Projet Piscicole Centre-Ouest. Sur cette base, un an plus tard, une première mission d'évaluation est réalisée en Guinée Forestière. Un premier document de projet, en 1997, suivi d'un deuxième en 1998, tracent les contours du futur PPGF.

2000-2002 : la phase piloteLa première phase du projet démarre officiellement en novembre 1999 pour une durée de 3 trois ans. Son objectif : prouver l'innocuité de la pisciculture extensive en milieu rural telle qu'elle existe déjà en Côte d'Ivoire. Un chef de projet, un volontaire et deux animateurs constituent la première équipe du projet.Il est prévu d'intervenir dans les deux préfectures de N'Zérékoré et de Guéckédou, avec 4 zones d'intervention par préfecture (dont les deux centres urbains), pour y installer 80 pisciculteurs. Le conflit libérien voisin et son extension en région de Guéckédou fin 2000 va toutefois obliger le projet à se recentrer sur la seule préfecture de N'Zérékoré, en conservant un total de 8 zones. Fin 2001, le projet intervient donc en ville de N'Zérékoré et dans 7 villages, dont 4 n'ont été identifiés que très peu de temps auparavant.

Suite à deux premières années où l'intervention, dont les premières réalisations tardent à venir, est remise en question, les résultats concluants des premiers pisciculteurs convainquent finalement le maître d'ouvrage et le bailleur de développer les actions du projet dans de nouveaux villages.

2003-2004 : la phase de développementAprès une transition de 6 mois financée sur reliquats, la phase II démarre officiellement le 1er juin 2003. Il est question d'intervenir pendant trois ans dans 16 villages supplémentaires, avec à terme un objectif d'installation de 300 pisciculteurs. L’équipe, menée par un nouveau chef de projet, s’enrichit de six nouveaux animateurs et d’un deuxième volontaire chargé spécifiquement du suivi-évaluation. Parmi les deux anciens animateurs, le premier devient cadre technique du projet, le deuxième ayant démissionné.

2004-2005 : une période troubléeA peine un an après le lancement de la seconde phase et l'obtention de premiers résultats

20/23

satisfaisants, la suspension des financements de l’Agence Française de Développement auprès de la Guinée à partir du 1er mars 2004 porte un coup dur au PPGF. De nombreux pisciculteurs ou candidats à la pisciculture ont déjà investi et n’ont pas encore bénéficié d’un appui technique suffisant. Sans le gros travail de recherche de financements de l’équipe en place avec l’appui du maître d'ouvrage en 2003, l’intervention aurait cessé et plusieurs pisciculteurs auraient sans doute abandonné l’activité.Des financements du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’Ambassade de France en 2004, puis de plusieurs opérateurs (CCFD, USAID, GTZ) en 2005 et via des conventions avec l’Association des Pisciculteurs de Guinée Forestière, nouvellement créée, et des structures locales comme l’AUDER et le CAOPA, permettent cependant de maintenir l'activité à un niveau minimal, avec des interventions régulières des animateurs auprès des pisciculteurs.

2006-2008 : Phase III, ancrage des compétences et désengagementA la fin du premier semestre, la prolongation du PPGF sur reliquat de la deuxième phase est avalisée par l'AFD. Une mission d'évaluation a lieu en août afin de définir les objectifs de la nouvelle phase, destinée à transmettre le maximum de compétences aux zones déjà appuyées et de travailler à la diffusion autonome d’une pisciculture de qualité.La convention de la phase III prend fin officiellement le 30 juin 2008.

RésultatsAu bout de huit ans d'intervention, le PPGF a permis l'installation de 216 pisciculteurs exploitant quelque 240 étangs de production et 190 étangs d'alevinage dans une trentaine de villages, dont les deux préfectures de N'Zérékoré et de Guéckédou. Les surfaces en eau aménagées atteignent plus de 90 hectares, ce qui représente plus de 50 tonnes de production annuelle effective, avec un potentiel de production théorique maximale à près de 90 tonnes.

La trentaine de zones d'intervention peut être réparti en trois grandes catégories, chacune représentant une dizaine de villages :

Les pisciculteurs travaillent régulièrement ensemble, se cotisent pour le matériel, se partagent facilement le poisson et s'organisent pour les pêches et la vente des poissons. Le niveau de qualité des productions est assez homogène.

Les pisciculteurs travaillent de temps en temps en commun, certains sont organisés en sous-groupes. Les productions sont plus contrastées.

Soit les pisciculteurs ne s'adressent aux autres qu'en cas de nécessité, soit ils sont trop peu nombreux pour s'organiser efficacement autour de la pisciculture. La qualité et la quantité des productions est relativement faible.

Méthodologie d'interventionLe PPGF, issu du Projet Piscicole Centre Ouest de Côte d'Ivoire (PPCO), s'est basé sur un certain nombre de principes prônés par l'APDRA-F, considérés au cours des huit ans d'intervention comme des bases de travail. Ces grands principes seront au coeur des réflexions sur l'action du projet.

Travail dans les zones rurales en prioritéDès 1997, le potentiel de développement de la pisciculture en village est pointé, avec une réelle volonté de sortir des modèles habituels de pisciculture périurbaine,qui ont en général vite montré leurs limites. Pendant la première phase, seule une zone d'intervention sur huit est périurbaine, puis 2 zones sur 24 à partir de 2003, sans compter 2 sous-préfectures "semi-urbaines". Les 20 autres noyaux de pisciculteurs sont centrés sur des villages ruraux.

Une absence totale de subvention à l'investissementL'ADPRA-F part du principe que seul un aménagement entièrement financé par son propriétaire, s'il est rentable, peut convaincre d'autres candidats à la pisciculture, y compris dans des villages non

21/23

couverts par le projet. Malgré les difficultés d'application, l'absence de subvention a été revendiquée par le projet jusqu'au bout et a permis d'éviter un certain nombre de biais : dans de nombreux villages, de nombreuses défections d'opportunistes ont eu lieu, permettant de se concentrer sur les bénéficiaires véritablement motivés et prêts à s'investir dans l'activité. D'autre part, et cela s'est confirmé tout au long du projet, les résultats de production de nombreux pisciculteurs ont contribué à convaincre au-delà des villages d'intervention qu'il est possible de réaliser une pisciculture rentable avec ses propres moyens. En 2008, des agriculteurs de plusieurs dizaines de villages "non piscicoles" expriment ou ont exprimé leur volonté de s'investir dans la pisciculture.

Travail avec des groupes de formationIl est considéré dès le départ que seuls des pisciculteurs apprenant et travaillant à proximité les uns des autres peuvent garantir la pérénité de leur activité. Il s'agit bien de créer une véritable dimension sociale autour de la pisciculture, l'expérience ayant montré que des pisciculteurs isolés rencontrent rapidement des difficultés. L'appui du PPGF était conditionné à l'engagement de plusieurs bénéficiaires au sein d'une même zone géographique, disposés à travailler ensemble avec le projet.

Chaque pisciculteur aménage son propre bas-fondLe principe d'étangs collectifs et/ou de démonstration est considéré comme inopportun, au vu du fonctionnement des exploitations agricoles de la région et des contraintes de gestion collective.

Mettre le pisciculteur et son groupe au centre de la démarche et des prises de décision.Cela sous-entend deux sous-principes : 1. permettre au pisciculteur de mieux s'approprier son aménagement et les techniques ; 2. favoriser au maximum son apprentissage.

Rechercher une autonomie maximale des pisciculteurs et de la professionCe principe se traduit notamment par la promotion de la production extensive (indépendance vis-à-vis des intrants). Ce principe sous-tendra un grand nombre de formations, de réflexions et d'essais, considérant qu'il est toujours possible d'améliorer cette autonomie.

Le principe de contractualisationIl sera appliqué à différents niveaux avec les pisciculteurs et les groupes : contrat entre projet et groupe de pisciculteurs, contrats de tâcheronnage, attestations de propriété foncière.

Des références techniques déjà testées et éprouvées en Côte d'IvoireDes aménagements de qualité, la polyculture, l'élevage monosexe du tilapia associé à un carnassier, la culture de riz dans les étangs piscicoles...

Une recherche d'amélioration permanenteLes techniques, tout comme la méthode d'intervention, ne sont pas figées, et font l'objet de remises en questions régulières, en fonction des difficultés rencontrées sur le terrain. Des études socioéconomiques ou techniques, mises en oeuvre régulièrement, permettent d'évaluer l'efficacité de l'action ou de tester de nouvelles approches.

22/23

Annexe 3 : Valorisation de la pisciculture en Côte d'Ivoire et en Guinée.

Marge brute à l'hectare – Côte d'Ivoire

Pisciculture seule Cacao Riz pluvial

438,7 €/ha 296 €/ha 17,3 €/ha

Marge brute à l'hectare - Guinée

Pisciculture seule Riz en étang Riz pluvial

332 €/ha 326 €/ha <30 €/ha

Valorisation de la journée du travail – Côte d'Ivoire

Pisciculture seule Cacao

16,5€/j 5,74€/j

Valorisation de la journée du travail sur la riziculture – Guinée (en kg de paddy/j)

Avant aménagement Après aménagement

2,7 kg/j 11 kg/j

COULIBALY (M.) et OSWALD (M.), 1999 : place de la pisciculture dans un système agraire forestier de Côte d’Ivoire, présentation à l’atelier national sur les bas-fonds organisé par le CNRA et le Consortium Bas-fonds, le 13 - 15 janvier, Gagnoa,.Côte d’Ivoire. GLASSER F., OSWALD M., BLE C., COULIBALY M., (1998). Mise en valeur des bas-fonds ivoiriens par l’aménagement de petit barrage à vocation piscicole. Dans Actes du 6ème atelier régional du Consortium Bas-Fonds, Bouaké, Côte d’Ivoire, 17-18 mars 1998, à paraître. BARTHES (V.), 2007 : « Etude de la rentabilité de l’activité piscicole, juin 2006-avril 2007 », document du PPGF, AFVP et DNAPC, 28 p, APDRA-F, Massy, France.

23/23