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DOSSIER DU MOIS AU SOMMAIRE U ne mère rapporte com- ment un maître-nageur a lancé à son fils « T’es pas un Arabe pour rien toi», parce que le garçon l’avait écla- boussé par mégarde (sans faire attention). Ailleurs, une femme «aux che- veux frisés» raconte comment, alors qu’elle tentait de protéger son brushing (ses cheveux bien coiffés) de la pluie, un «mon- sieur» l’a accusée de vouloir «singer les Blancs»… Le racisme est partout, disent les élèves de Lonzée (voir page 4). En classe, dans la rue, sur Inter- net… et même dans l’humour. Ainsi, l’humoriste Dieudonné a rendu populaire un geste, la que- nelle, que beaucoup considèrent comme raciste. Il leur rappelle le geste nazi, celui d’Adolf Hitler qui, pour débarrasser le monde des «races inférieures», a tué 6 millions de Juifs durant la Se- conde Guerre mondiale. Chasser les idées toutes faites La loi belge qui punit le racisme est née il y a un peu plus de 30 ans. Vos parents sont nés quand elle n’existait pas encore ! Heu- reusement, en quelques années, de grands progrès ont été faits. Désormais, en Belgique, ceux qui incitent (encouragent) à la haine et à la violence peuvent être pu- nis par la justice. Mais le racisme se recycle sous de nouvelles for- mes : le refus de ceux qui vien- nent d’ailleurs (surtout s’ils sont d’un pays hors Europe), le rejet de l’islam (la religion des musul- mans), le rejet des personnes ho- mosexuelles (qui aiment les per- sonnes du même sexe), etc. Le discours de haine est aussi présent sur Internet et on note une forte augmentation de pa- ges web racistes. Changer cela est possible et c’est ce que nous avons voulu montrer dans ce dossier : la chasse aux idées tou- tes faites est ouverte ! Belga Le21mars,ceserala journéeinternationale pourl’éliminationde ladiscrimination raciale.Pourquoien parle-t-on ? Le racisme, fort minable ? «Ça a toujours existé, on ne changera pas la nature humaine, dit Stromae quand on l’inter- roge sur le racisme. Mais il faut lutter. C’est très facile d’avoir une phrase raciste […]. Je pense que c’est plus le malheur et la tristesse qui se traduisent à travers le racisme. Il faut appren- dre à dialoguer avec ces personnes, leur expliquer plutôt que les marginaliser (les mettre à l’écart de la société).» HISTOIRE Le racisme p. 2 Le racisme a laissé de douloureuses traces dans l’histoire. AUJOURD’HUI La chasse aux idées toutes faites p. 3 C’est quoi un stéréotype ? Un préjugé ? Et la discrimination ? CYBERHAINE Sur Internet p. 4 Insultes racistes, harcèlement haineux… dans la cour ou sur Internet. Qui aime être rejeté(e) ? LE RACISME L e racisme, c’est un com- portement qui consiste à se méfier, et même à mépriser, des person- nes qui ont des caractéristi- ques (physiques, culturel- les, etc.) différentes de soi. Cette façon de penser et d’agir est fort répandue et existe de- puis longtemps. Cependant, le mot race n’est apparu pour la première fois qu’à la fin du XV e siècle (fin des années 1400). Ce mot vient du latin «ratio» qui signifie entre autres «ordre chronologique» (c’est quand on classe des ob- jets ou des événements suivant leur succession dans le temps). Ce mot sera repris fin des an- nées 1800 pour en faire le mot racisme. À cette époque, les pays européens envahissent et conquièrent presque toute l’Afrique et une bonne partie de l’Asie.Ces régions deviennent des territoires (appelés colo- nies) dont les pays européens exploitent les richesses et con- trôlent les populations. À cette époque aussi, on pense que la science va tout expli- quer. Des naturalistes (on dirait aujourd’hui scientifiques) font des classements d’espèces pour les plantes et les animaux. Ils montrent aussi que les espè- ces les plus fortes s’adaptent à l’environnement alors que les plus faibles disparaissent. Une telle idée va encourager certains à faire un classement des êtres humains. C’est une fa- çon de penser qui arrange bien l’Europe. Les Européens vont être persuadés d’être de race supérieure, ce qui « justifie » (explique) qu’ils puissent se partager le monde et réduire les populations colonisées à l’esclavage. Les races humaines, ça n’existe pas ! On sait aujourd’hui que parler de «race» à propos des hu- mains n’a aucune valeur scien- tifique. Les êtres humains, hommes et femmes, ont le même sang et ce, quelle que soit la couleur de leur peau, de leurs yeux ou de leurs cheveux ! Le racisme aujourd’hui n’est plus seulement lié à la couleur de la peau. De plus en plus, on élargit la définition du racisme à toute distinction établie au désavantage d’autres person- nes (en raison de leur origine, de leur âge, de leur genre, etc.). Races et racisme, d’où ça vient ? Ça ne fait que 500 ans que le mot « race » est apparu. Classer les humains en races n’a aucune valeur scientifique. Xénophobie : haine des étrangers. Elle désigne les sentiments systématiques de crainte, d’hostilité, voire de haine envers les étrangers, c’est-à-dire de ceux qui n’ont pas la même nationalité que soi ou qui n’appartiennent pas au même groupe (culture, religion, langue…). Homophobie : haine à l’égard des homosexuels. Islamophobie : haine envers les musulmans. Antisémitisme : racisme à l’égard des Juifs. Discrimination : fait d’isoler, de traiter différemment des personnes en raison de leur origine, de leur sexe, etc. Génocide : crime contre l’humanité qui consiste à chercher à éliminer physiquement (tuer) tout un peuple ou toute une ethnie (groupe ayant sa langue et ses habitudes de vie). Glossaire lassedesignen – Fotolia 1 Supplément au Journal des Enfants du 7 mars 2014

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DOSSIERDUMOIS

AU

SOM

MA

IRE

U ne mère rapporte com-ment un maître-nageura lancé à son fils «T’espas un Arabe pour rien toi»,

parce que le garçon l’avait écla-boussé par mégarde (sans faireattention).Ailleurs, une femme «aux che-veux frisés» raconte comment,alors qu’elle tentait de protégerson brushing (ses cheveux biencoiffés) de la pluie, un «mon-sieur» l’a accusée de vouloir«singer les Blancs»…Le racisme est partout, disent lesélèves de Lonzée (voir page 4).En classe, dans la rue, sur Inter-net… et même dans l’humour.Ainsi, l’humoriste Dieudonné arendu populaire un geste, la que-nelle, que beaucoup considèrentcomme raciste. Il leur rappelle legeste nazi, celui d’Adolf Hitler

qui, pour débarrasser le mondedes «races inférieures», a tué 6millions de Juifs durant la Se-conde Guerre mondiale.

● Chasser les idées toutesfaitesLa loi belge qui punit le racismeest née il y a un peu plus de 30ans. Vos parents sont nés quandelle n’existait pas encore ! Heu-reusement, en quelques années,de grands progrès ont été faits.Désormais,enBelgique,ceuxquiincitent (encouragent) à la haineet à la violence peuvent être pu-nis par la justice. Mais le racismese recycle sous de nouvelles for-mes : le refus de ceux qui vien-nent d’ailleurs (surtout s’ils sontd’un pays hors Europe), le rejetde l’islam (la religion des musul-mans), le rejetdespersonnesho-mosexuelles (qui aiment les per-sonnes du même sexe), etc.Le discours de haine est aussiprésent sur Internet et on noteune forte augmentation de pa-ges web racistes. Changer celaest possible et c’est ce que nousavons voulu montrer dans cedossier : la chasse aux idées tou-tes faites est ouverte !

Belg

a

Le21mars,ceseralajournéeinternationalepourl’éliminationdeladiscriminationraciale.Pourquoienparle-t-on?

Le racisme, fort minable ?

«Ça a toujours existé, on ne changera pas la nature humaine, dit Stromae quand on l’inter-roge sur le racisme. Mais il faut lutter.C’est très facile d’avoir une phrase raciste […]. Je penseque c’est plus le malheur et la tristesse qui se traduisent à travers le racisme. Il faut appren-dre à dialoguer avec ces personnes, leur expliquer plutôt que les marginaliser (les mettreà l’écart de la société).»

HISTOIRELe racismep. 2Le racisme

a laissé de

douloureuses

traces dans

l’histoire.

AUJOURD’HUILa chasseaux idéestoutes faitesp. 3C’est quoiun stéréotype ? Unpréjugé ? Et ladiscrimination ?

CYBERHAINE

Sur Internet

p. 4Insultes racistes,

harcèlement

haineux… dans la

cour ou sur

Internet. Qui aime

être rejeté(e) ?

LE RACISME

L e racisme, c’est un com-portement qui consisteà se méfier, et même àmépriser, des person-

nes qui ont des caractéristi-ques (physiques, culturel-les, etc.) différentes de soi.Cette façon de penser et d’agirest fort répandue et existe de-puis longtemps.Cependant, le mot race n’estapparu pour la première foisqu’à la fin du XVe siècle (fin desannées 1400). Ce mot vient dulatin «ratio» qui signifie entreautres «ordre chronologique»(c’est quand on classe des ob-jets ou des événements suivantleur succession dans le temps).Ce mot sera repris fin des an-nées 1800 pour en faire le motracisme. À cette époque, les

pays européens envahissent etconquièrent presque toutel’Afrique et une bonne partie del’Asie.Ces régions deviennentdes territoires (appelés colo-nies) dont les pays européensexploitent les richesses et con-trôlent les populations.À cette époque aussi, on penseque la science va tout expli-quer. Des naturalistes (on diraitaujourd’hui scientifiques) fontdes classements d’espècespour les plantes et les animaux.Ils montrent aussi que les espè-ces les plus fortes s’adaptent àl’environnement alors que lesplus faibles disparaissent.Une telle idée va encouragercertains à faire un classementdes êtres humains. C’est une fa-çon de penser qui arrange bien

l’Europe. Les Européens vontêtre persuadés d’être de racesupérieure, ce qui « justifie »(explique) qu’ils puissent separtager le monde et réduireles populations colonisées àl’esclavage.

● Les races humaines,ça n’existe pas !On sait aujourd’hui que parlerde «race» à propos des hu-mains n’a aucune valeur scien-

tifique. Les êtres humains,hommes et femmes, ont lemême sang et ce, quelle quesoit la couleur de leur peau, deleursyeuxoude leurscheveux !Le racisme aujourd’hui n’estplus seulement lié à la couleurde la peau. De plus en plus, onélargit la définition du racismeà toute distinction établie audésavantage d’autres person-nes (en raison de leur origine,de leur âge, de leur genre, etc.).

Races et racisme,d’où ça vient ?Ça ne fait que 500 ans que le mot «race» estapparu. Classer les humains en races n’aaucune valeur scientifique.

● Xénophobie :hainedesétrangers.Elledésigne lessentimentssystématiquesdecrainte,d’hostilité,voiredehaineenvers lesétrangers,c’est-à-diredeceuxquin’ontpas lamêmenationalitéquesoiouquin’appartiennentpasaumêmegroupe(culture,religion, langue…).● Homophobie :haineàl’égarddeshomosexuels.● Islamophobie :haineenvers lesmusulmans.● Antisémitisme: racismeàl’égarddesJuifs.● Discrimination : faitd’isoler,detraiterdifféremmentdespersonnesenraisonde leurorigine,deleursexe,etc.● Génocide :crimecontrel’humanitéquiconsisteàchercheràéliminerphysiquement(tuer) toutunpeupleoutouteuneethnie(groupeayantsa langueetseshabitudesdevie).

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1 Supplément au Journal des Enfants du 7 mars 2014

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L es comportements racis-tes ont traversé les siè-cles en semant l’exclu-sion, la souffrance et la

mort.Des hommes ont justifiéleur haine de l’autre par desthéories divisant l’humanité en«races» inégales.

● Le Nouveau MondeDanslesannées1400,desexplo-rateurs vont réaliser, pour lecompte du Portugal et de l’Es-pagne, ce que les Européens ap-pellent les «grandes découver-tes».Christophe Colomb décide derejoindre par l’ouest les Indesqu’il imagine toutes proches. Ilarrive en 1492 sur un nouveaucontinent : l’Amérique centrale.Vasco de Gama fait le tour del’Afrique jusqu’aux Indes dejuillet 1497àmai 1498.En1500, lePortugais Cabral découvre leBrésil, etc.

Quand Christophe Colomb dé-couvre l’Amérique, les Amérin-

diens y habitent déjà. Ceux-civont être massacrés ou réduitsaux travaux forcés. Les Anglaiset lesFrançais,quidébarquerontun peu plus tard, feront preuvede la même barbarie. Ils volerontles terres, forceront les Indiens àl’esclavage ou les repousseronttoujours plus loin vers les dé-serts, les montagnes, etc.

● L’esclavagePour pouvoir exploiter, sans tropd’efforts, les terres qu’ils se sontappropriées, les colons euro-péens ont recherché unemain-d’œuvre bon marché. Cesont les Africains noirs qui vonten être les victimes.Ce commerce des Noirs (appelétraite négrière) va faire que lestermes «noirs» et «esclaves»deviennent synonymes.Les populations noires qui vi-vent aujourd’hui aux États-Unis,au Brésil, etc. sont les descen-dants des esclaves qui ont dûlutter longtemps pour obtenir

des droits égaux à ceux desBlancs.L’esclavage a été aboli (sup-primé) en Europe à partir duXVIIIe siècle (le premier pays futle Portugal en 1761) et aux États-Unis, entre 1863et 1865. Mais en2014, ces popula-tions n’en ont pasencore fini avec le ra-cisme…

● Le nazisme et lathéorie des racesEn 1855, Arthur de Go-bineau, un écrivain etdiplomate français, publie un li-vre présentant une classificationdes races. Ce livre s’intitule Essaisur l’inégalité des races humaines. Se-lon Gobineau, les races sont iné-gales et il les divise en trois gran-des catégories : les Noirs, lesBlancset lesJaunes. Ilvoit laraceblanche comme supérieure.D’autant qu’elle comprend, se-lon lui, des êtres purs : les fa-

meux «sangs aryens», qui se-raient issusde l’âgedes«dieux».C’estcesystèmedepenséequiaexisté en Allemagne, entre 1933et 1945. Il s’agissait du na-

zisme. Selon AdolfHitler, le chancelier(président) nazi, lasurvie de la nationallemande dé-pendait de laprotection et dela pureté de sonsang.Les nazis re-prendront cette

idée de « race aryenne » (peauclaire, yeux bleus, cheveuxblonds).Ils assassineront 6 mil-lions de personnes dites de « ra-ces inférieures » (Juifs, Tsiganesou gitans, Slaves d’Europe del’Est, Arméniens) pendant la Se-conde Guerre mondiale (1940-1945). Et ils feront porter auxJuifs cette étoile jaune (voirphoto) en signe vestimentairedistinctif.

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Le racisme a laissédes tracesdouloureuses dansl’histoire. En voiciquelques-unes.

Le racismeet sa mémoire

Sur cette gravure, onvoit une vente d’escla-ves aux États-Unis en1852.

P armi tous ceux qui ont luttécontre le racisme, il y a :Rosa Parks (1913­2005) :Elle a vécu aux États-

Unis au tempsoù la ségréga-tion (sépara-tion) raciale sevivait au quoti-dien. Ainsi,dans les bus,les sièges àl’avant étaient

réservés aux Blancs, les siègesà l’arrière, aux Noirs.Le 1er décembre 1955, Rosas’assied à l’avant et refuse decéder sa place à un Blanc. Sonarrestation va provoquer unegrande vague de protesta-tions. Un jeune pasteur de laville, Martin Luther King, va or-ganiser un mouvement deboycott (refuser d’utiliser)des bus. Pendant 380 jours, lesNoirs vont refuser de prendre

le bus ! En 1956, la Cour su-prême (le tribunal le plus im-portant) des États-Unis décla-rera que la ségrégation racialene respectait pas la loi améri-caine et la supprimera donc.

Martin Luther King (1929­1968) :Ce pasteur (un prêtre protes-tant) est né àAtlanta (États-Unis), en Géor-gie. Son rêveétait d’arriver àce que lesNoirs améri-cains aient lesmêmes droits

que les Blancs.Il a fondé un mouvement nonviolent afin de lutter pour lesdroits des Noirs. Le 23 août1963, à Washington, devantune foule de 250 000 person-nes, il a prononcé un discourscélèbre, intitulé « I have a dream »(ce qui veut dire en anglais, « Jefais un rêve ») : « Je rêve qu’un journotre pays se lèvera et choisira de vi­vre en donnant un sens réel à cette vé­rité qui va de soi : tous les hommesnaissent égaux. » Martin LutherKing n’avait que 39 ans quandil a été assassiné par un Blancqui s’opposait à ses idées. En1964, il avait reçu le prix Nobel

de la paix parce qu’il avait luttécontre l’injustice en employantd’autres moyens que la vio-lence.Nelson Mandela (1918­2013) :Nelson Mandela (voir photoderrière l’enfant) naît en 1918dans un petit village d’Afriquedu Sud.À l’époque, les Noirs d’Afriquedu Sud n’ont pas les mêmesdroits que les Blancs.Trente ans plus tard, c’estmême dans la Constitution(texte qui explique le fonction-nement du pays) que la sépa-ration entre les races est ins-crite.C’est l’apartheid.Nelson Mandela est avocat et ilfait partie d’un parti politiquequi défend les droits des Noirs.Pour cette résistance pacifi-que (sans violence), il est em-prisonné pendant 27 ans ! En1990, il est libéré, et en 1991,l’apartheid est supprimé. Nel-son Mandela pardonne auxBlancs, défend la réconcilia-tion entre tous les Sud-Afri-cains et reçoit le prix Nobel dela paix en 1993.L’année suivante, il est élu pré-sident, il restera 5 ans à la têtedu pays. Nelson Mandela estdécédé le 5 décembre 2013 àJohannesburg, en Afrique duSud.

Mandela et ceux qui ont dit NON

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Plusieurs personnesont marqué la luttecontre le racisme. Endécembre dernier,quand NelsonMandela est mort, lemonde entier l’a saluécomme un héros.

Des lois qui parlentd’égalitéPour lutter contre le racisme,il faut des textes de loi qui lecondamnent.

- En 1948, la Déclarationuniverselle des droits del’homme déclare que «tousles êtres humains naissentlibres et égaux en dignité eten droits.»

- Il existe aussi l’article 14 dela Convention européennepour la protection des droitsde l’homme et des libertésqui interdit lesdiscriminations.

- Depuis le 25 février 2003, ilexiste aussi une loi enBelgique qui punit ladiscrimination.

– Depuis le 20 novembre1989, la Conventioninternationale des droits del’enfant reconnaît – à travers54 articles – des droits à tousles enfants du monde.Notamment le droit àl’égalité (tous les enfantssont égaux en droits : filles,garçons, quelles que soientleurs origines ou celles deleurs parents).

À découvrir :– L’émissionDiscrimina’Stop« Racisme » :sept enfants âgés de 9 à12 ans du Conseilmunicipal des enfants deSchiltigheim (Alsace)ont décidé de réaliserl’émissionDiscrimina’Stop« Racisme », aidés par lachaîne de télévisionFrance 3.

www.citoyendedemain.net/temoignages/emissions-tv-

contre-discriminations

– Une école françaiseréalise une comédiemusicale pourtémoigner du racismeaujourd’hui et dansl’histoire.

www.citoyendedemain.net

–L’émission d’Arte, «Ledessous des cartes»consacre 13 minutes 40sur la mémoire duracisme.

http ://ddc.arte.tv/nos-cartes/les-memoires

2Supplément au Journal des Enfants du 7 mars 2014

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A vez-vous déjà entendudire que les Belges sontdes mangeurs de frites,que les Italiens sont des

séducteurs qui parlent avec lesmains et que les Suisses sontlents ?

● Stéréotypes = généralisationsC’est ce que l’on appelle des sté-réotypes. Ce sont des idées trèssimplistes, des clichés ! Avec lesstéréotypes, on résume ungroupe, souvent en termes decomportements, d’habitudes, etc.Le stéréotype naît d’une générali-sation : «Ils sont comme ça». Etsouvent on simplifie sans tenircompte des différences indivi-duelles.Ainsi, si c’est vrai que l’Argentineest le pays du tango (danse), cen’est pas vrai que tous les Argen-tins sont de bons danseurs. C’estfaire une caricature de l’Argentinque de penser cela.Cela permet parfois ensuite d’in-clure ou d’exclure un individu ouun groupe sur cette base-là.Ainsi, certains diront : «Oh, je n’ai pasenvie d’engager cet Argentin pour faire cetravail car, c’est bien connu, les Argentins, àpart la danse…».Les stéréotypes peuvent être po-sitifs neutres ou négatifs. Mais de

toute façon, ils limitent l’anglesouslequel on regarde les autres. Et at-tention, ils limitentaussi lamanièredont les autres nous voient ! Cesstéréotypes sont ancrés (fixés)dans les esprits et deviennentmêmedesexpressionsdans la lan-gue.Ne dit-on pas : «Être fort comme

un Turc ?», «être saoul commetoute la Pologne ?», etc.

● Préjugés = croyancesPréjuger, c’est juger avant de con-naître suffisamment. Souvent, lespréjugéssefondentsur lesstéréo-types.Un exemple ? En Colombie, on saitqu’il y a de nombreux trafiquantsde drogue. Un stéréotype seraitdonc de penser que tous les Co-lombiens sont des trafiquants. Or,c’estabsurde(pas logique). Maission a ce genre de croyance, peut-être pensera-t-on en rencontrantun Colombien : «Oh, méfions­nous, cegars est peut­être lié à la drogue, je vais l’évi­ter, c’est plus prudent.» Cette personnesera exclue uniquement à causede ce genre de préjugé !Onpeutavoirdespréjugésraciauxetpenserque lacouleurde lapeauou la culture (la langue parlée parexemple) rend certaines person-nes inférieures.Ou des préjugés de classe et pen-ser que les riches sont supérieursaux pauvres.Ou croire que l’apparence et lestyledéterminent lestatut(lesper-sonnes à la mode sont supérieuresà celles qui ne le sont pas), etc.

Onatousdescroyancesquilimitentl’anglesouslequelonvoitlesautres.Çapeutnousameneràrejeterquelqu’unou…àêtrerejeté!

La chasse…aux idées toutes faites

Repères

D’où viennent ces idées ?Les préjugés et les stéréotypesnous viennent de notre éduca-tion, de nos expériences, desmédias (télévision, Internet, ra-dio), etc. Un bébé ne naît pasavec des préjugés. Il ne naît pasraciste. Mais il peut acquérir cesidées-là peu à peu.N’importe qui peut donc deve-nir raciste, qu’il soit Noir, Blanc,musulman, juif, chrétien, etc.La personne raciste croit les pré-jugés et les stéréotypes qui luiont été transmis. Mais elle peutaussi changer en cherchant àconnaître, en s’informant, etc.

M arcelo est un joueurbrésilien du Real de Ma-drid(unclubespagnol).Le5février, sonclubbat

l’Atletico Madrid 3-0. Les joueursperdants sont furieux et se met-tent à chanter après ce match«Marcelo est un singe» ou des «Il n’estpas ton père» à l’attention de son filsqui venait de le rejoindre sur la pe-louse.

● Irrespect sanctionnéLes actes racistes dans le foot, etdans le sport en général, provien-nent des joueurs eux-mêmes etdes supporters. C’est comme si,quand il y avait compétition, tousles coups étaient permis, y com-pris l’irrespect.Depuis juin 2013, un nouveau rè-glement est appliqué par l’UEFA(l’Union des associations euro-

péennes de football). L’idée est depratiquer la tolérance zéro (onn’excuse aucun acte raciste).Ainsi, en cas d’actes racistes lorsde matchs européens, de la part :• de spectateurs : la sanction est lafermeture partielle du stade pourune première infraction (irrespectde la loi) et le match à huis clos(sans spectateurs) accompagnéd’une amende de 50 000 eurospour une deuxième infraction.• de joueurs ou d’officiels : la sus-pension d’au moins dix matchs.Et à la coupe du monde au Brésil(du 12 juin au 13 juillet) ? Selon laFIFA(fédération internationale defoot), lorsdesquartsdefinalede lacoupe du monde, avant chaquematch, les deux équipes sur le ter-rain devront montrer clairement lemessage selon lequel le racismen’a pas sa place dans le football.

Gestes racistes,gestes sportifs ?Celafaitunedizained’annéesquedesactesracistessemultiplientdanslesstadesdefoot.Desmesuressontprisespourlessanctionner.

Origine et nationalité

● Ladiscrimination,c’est isoler,traiterdifféremmentdespersonnes(oudesgroupes)enraisonde leurorigine,de leurappartenancereligieuse,de leurâge ,de leursexe,etc.Desexemples ?-Unofficierdepolicequisurveilledeplusprèsunadolescentdecouleur noireplutôtqu’unadolescentblancquisetiennentenfaced’unmagasin.-Unepersonneayant l’air richequi,dansunrestaurant,estservieavantuneautrequisemblemoins riche.● EllepeutêtreDIRECTE :quand ladiscriminationestévidentedans les faits.Unexemple ?Onrefuse l’accèsàunrestaurantàunepersonnehandicapéeparcequ’elleestenchaiseroulante.Elleest INDIRECTE :quandelleestmoinsapparenteàpremière

vue.Unexemple ?Lapropriétaired’un logementàlouer ditqu’il n’yapasdelogementsdisponibles (bienquecenesoitpasvrai), car lapersonnequiseprésente aunecouleurdepeau quine luiplaîtpas.

● Discriminerestinterditpar la loi

belgeetpunissable.Discriminerquelqu’unrevientà lui

porterpréjudice(faire

dutort).● Sivousêtesvictime

outémoind’actes racistesoudediscriminations, il existe desservicesquipeuvent intervenir.● Ladiscriminationà l’école.Unétonnant reportage La leçondediscriminationàdécouvriren familleouà l’école.Celasepassedansuneclassede3eprimaire...

http://ici.radio-canada.ca/actualite/v2/enjeux/

niveau2_10939.shtml

La discrimination,c’est un geste

82 % seraient des Belges de naissance

10 % seraient d’origine européenne*

5 % seraient d’origine africaine*

3 % seraient d’origine asiatique**

*Dont 3 ayant acquis la nationalité belge **Dont 2 ayant acquis la nationalité belge

Si la Belgiquecomptait 100personnes,82 seraientdes Belgesde naissance.Et lesautres ?

Un préjugé que l’on entend souvent est que «La Belgique est envahie par les étrangers».En regardant ce dessin : on peut remarquer que le plus grand groupe d’étrangers enBelgique, en fait, ce sont les Européens, dont un tiers seulement ont pris la nationalité belge.* Une nationalité : c’est l’appartenance juridique (selon la loi) à un État. Être de nationalitéfrançaise, canadienne ou belge, cela signifie appartenir à la France, au Canada ou à laBelgique.

3 Supplément au Journal des Enfants du 7 mars 2014

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L e racisme, ces élèves de6eannée de l’école librede Lonzée en ont déjàparlé en classe. Ils peu-

vent expliquer qui était NelsonMandela, ce qu’était l’apartheiden Afrique du Sud, ce systèmequi faisait une ségrégation entreles personnes noires et blanches.«Le racisme, expliquent-ils, c’est lesentiment d’une personne qui se considèresupérieure par rapport à une autre per­sonne différente. Cette différence, elle peutêtre liée au physique, au sexe, à la reli­gion, etc. Le racisme est présent partoutautour de nous (à l’école, à la maison, enrue, dans les médias, etc.).»

Partout du racisme, où exactement ?«C’est surtout avec les marques,leshabits.Çaveutdirequ’onpeutêtre rejeté si on n’a pas les bon-nes marques.»« Pas ici à l’école mais peut-être enhumanité. Il yadesgensquisefontrejeter.Ilya lapopularité,desélèves qui sont connus de tous,reconnus et puis il y a les nazes.»

Que peut-on faire pour être populaire ?«Il faut prendre sa place, allervers les autres, être sûr(e) de soi,s’imposer.»«Quand on est populaire, on lereste. Et ce sont les populairesquidisentauxnazesqu’ils lesont.Ou alors les nazes le sentent carilsse fontrejeterdetous lesgrou-pes. Mais il y a aussi des élèvesnormaux, ni nazes, ni populai-res.»«On n’ose pas parler aux popu-

laires, car s’ils nous rejettent, toutle monde va se moquer de nouset ce sera la honte.»

Mais alors ceux qui ne sont pas populai-res ont moins de droits, en tout cas,moins le droit à l’expression ?«Ce n’est pas qu’on n’a pas ledroit de parler aux populairesmais on a peur, on ne veut pasêtre rejeté(e).»

Est-ce que quelqu’un peut remettre en

question ce classement ?«Peut-être le directeur».«On se doute qu’on est un nazeparce que personne ne vientnous parler.»«Pourtant, rejeter, c’est naze !Donc les populaires sont des na-zes !»«On aimerait mieux être tousnormaux.»«On n’en parle jamais entre nousmais en fait, on le sent quandmême.»«Être populaire, c’est être quel-qu’un, c’est faire ce que per-sonne d’autre n’oserait faire. Etalors tout le monde va t’admi-rer !»

Pouvez-vous me citer le nom de quel-qu’un qui est populaire parce qu’il a faitquelque chose d’extraordinaire ?«Nelson Mandela. Oh oui, il seraitpopulaire !»«Il a fait des choses bien. Il s’estbattu contre le racisme et puissurtout il a réussi à pardonner àceux qui l’ont mis pendant 27 ansen prison. Et après, il n’a pas euenvie de se venger, d’être mé-chant avec les Blancs.»

Peut-on aussi être rejeté(e)sur Internet?« Quand on est sur Skype, parmail,etc.onparleplus«cash»,onest plus direct. Ou parfois plusdélicat mais en tout cas, souventsur Internet ça nous protège dene pas voir la réaction de la per-sonne.»«Il y a des gens qui ont fait ungroupe sur Facebook pour semoquerdequelqu’un… il était su-permal.»

«Leracismeestpartout»,déclarentcesélèvesde6eprimaire.Maisoùexactement ?Enclasse,entrejeunes, surInternet ?

La valse des étiquettesQui aime être rejeté(e) ?

S ur Internet, on peut s’ex-primer librement. Cer-tains profitent de cetteliberté pour propager

des messages de haine.C’est d’autant plus facile que surInternet, on peut garder l’anony-mat (ne pas divulguer son iden-tité) et s’adresser en un simpleclic, sans efforts ou courage par-ticuliers, à un grand nombre depersonnes.C’est cela la cyberhaine : des bri-mades (comportements agres-sifsetdeharcèlement),des insul-tes, des propos discriminatoiresà l’encontre de personnes en rai-son de leur couleur de peau, deleur prétendue race, de leur sexe,de leur religion, de leur handi-cap, etc.

● Que dit la loi ?Il faut d’abord rappeler que la li-berté d’expression est un desdroits de l’homme.Pouvoirdireceque l’onpenseestune liberté précieuse. C’est pourcela que des «propos cho-

quants» ne sont pas punissablesen tant que tels. Ce qui vous cho-que, ne choquera peut-être pasd’autres personnes…Mais cette liberté d’expression(de dire ce que l’on pense) a deslimites.Unedeceslimitesestqu’ilest interdit d’inciter (d’encoura-ger) à la haine.En Belgique, trois lois peuventpermettre de poursuivre (etdonc peut-être de condamner)quelqu’un qui encourage à lahaine : la loi antiracisme, la loi an-tidiscrimination et la loi contre lenégationnisme.Lacyberhainepeutdoncêtrepu-nie par la loi car elle encourage lahaine. Si vous encouragez sur In-ternet d’autres personnes à reje-ter tous ceux qui portent un pier-cing par exemple, on peut vouspoursuivre pour cyberhaine.

● La cyberhaine grandit-elle ?«On a commencé à l’observer en 2006,explique François Deleu du Cen-tre pour l’égalité des chances etla lutte contre le racisme, il y avait

alors une centaine de signalements (per­sonnes qui signalent des insultes racia­les, etc. vues sur Internet). Maintenantnous en avons 500 par an. Aujourd’hui,on a 4 personnes qui travaillent à tempsplein pour traiter les signalements quinous sont envoyés.»Cette cyberhaine s’est d’abordexprimée sur les sites Internet,puis dans les mails qu’on de-mandedefairesuivreetenfin,surles forums de discussions. À pré-sent, c’est aussi sur les réseauxsociaux (Facebook, Twitter, etc.)

● Une action internationale«Pour que notre action contre la cyber­haine soit plus efficace, on s’est adressé àFacebook Europe (Facebook est au départaméricain) en espérant mieux travaillerensemble. Depuis lors, nous avons une li­gne directe avec Facebook Europe. On faitaussi partie d’un réseau, appelé Inach, quiest un réseau international contre la cyber­haine.Quand on reçoit un signalement etqu’il s’avère que c’est bien de la cyber­haine, on peut alors plus facilement pren­dre contact avec Facebook ou d’autres ré­seaux pour demander que ces proposinjurieux soient enlevés. »

Internet : la cyberhaine, c’est quoi ?Insultesracistes,harcèlementshaineux(méchants),vidéosencourageant ladiscrimination…lacyberhainerègneaussisurInternet.Quefaire ?

Un site sur le cyber-harcèlement (fait d’insulter ou de se moquerde quelqu’un par Internet). www.stopcyberhate.be

VidéosLe champion du mondede foot 1998, LilianThuram, a créé unefondation intitulée :Éducation contre leracisme. Vidéosintéressantes sur leracisme !

www.thuram.org

Écolesans racismeAux électionscommunales de 1988 àAnvers, le partid’extrême droite, leVlaams Blok, a eu 10 élus.Des enseignants et desélèves ont voulu luttercontre cette montée del’extrême droite et contrele racisme. Ils ont crééÉcole sans racisme.EnBelgique, plus de 250écoles ont signé l’appeld’École sans racisme.

www.ecolesansracisme.be

Textes : Marie-Agnes CantinauxJournal des Enfants

38, route de Hannut - 5004 BougeTel. : 081/24 88 93

E-mail : [email protected] : www.lejde.be

Immigrationsmarocaineet turque

Cette année, il y a 50 ansque la Belgique a signéles conventions de travailavec le Maroc et laTurquie. En 1964, plus de39 000 Marocains et plusde 19 000 Turcs sontvenus travailler dans lesmines ou dans l’industrie,dans la sidérurgie(fabrication de l’acier)notamment. La Belgiquemanquait à l’époque demain-d’œuvre (ouvriers).

● À Bruxelles, au Botanique,l’exposition Nass Belgica(immigration marocaine) setient jusqu’au27 avril.Attention : visitesguidées adaptées aux enfantssur demande des écoles !

www.nassbelgica.be

● Du début avril jusqu’à la findécembre, près de 50 activitéscélébreront les 50 ans del’immigration turque.

À films ouvertsDu 11 au 23 mars, lefestival À Films Ouvertsouvrira ses portes dans 31communes de Wallonie etde Bruxelles. À voir aussides courts-métragescontre le racisme (certainssont réalisés par desjeunes, âgés de 6-14 ans).

www.afilmsouverts.be

4Supplément au Journal des Enfants du 7 mars 2014