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2 LE FAIT DU JOUR Samedi 1 er décembre 2007 L’INVITÉ En grec, «hybris» signifie démesure. Le pas- sage au-delà des limites était la faute la plus pernicieuse dans la Grèce antique. Dépasser la mesure: figure du pire! Or, aujourd’hui, le nuancier des conduites humaines dans les grands domaines d’activité ne suffit plus à un monde qui a opté pour la surenchère dans l’hybris. Deux exemples parlants. 1. Le premier est la logique de la démesure qu’on voit proliférer à Dubaï. Dans les sables du désert, on a construit de gigantesques parcs d’attractions avec les capitaux que les dirigeants de l’émirat arabe parviennent à attirer sur leur sol. On y a construit la plus phénoménale station de ski couverte du monde, au cœur du désert à plus de 40 de- grés extérieurs. Il s’agit en fait d’un insensé dévoiement de l’argent pour une entreprise postclimatique. 2. De son côté, Stelarc, artiste australien, a obtenu de se faire greffer une oreille sur son avant-bras gauche parce qu’il se sentait psy- chologiquement à l’étroit dans son corps. La prothèse n’est plus conçue ici pour combler un manque ni réparer une amputation, mais elle est signe d’excès. Le corps peut donc être amplifié, redessiné par la main de l’homme, exemple monstrueux du posthumain. Donc, la technique alliée à l’argent permet aujourd’hui de dépasser l’excès, d’aller au- delà des frontières du maximum, de trans- gresser ce que l’humanité avait tenu pour in- terdit. Et, avec elle, est apparu le temps de la négation de l’humain. Mais, il ne s’agit pas d’un nouveau visage de l’inhumain comme on pourrait à tort le supposer, car l’inhumain a déjà été atteint avec la Shoah, on a déjà in- terdit à l’homme d’exister sur sa terre. On l’a détruit. Ici, on est en présence d’une déme- sure que l’humanité n’avait encore jamais connue: par excès, le défilage de l’humain s’opère patiemment comme on défile une tapisserie. Un détissage de l’humain! L’hu- manité n’est donc pas niée comme elle l’a été aux grandes heures du nazisme et du marxisme, mais elle est rendue impossible par l’hybris. La liquidation de l’homme sta- ble, stabilisé par le climat ou par l’histoire, donc par le lieu et le temps, a favorisé l’écla- tement de son être même. Le trop se débar- rasse de l’homme: ce processus, nul besoin d’aller à Dubaï ni en Australie pour le repé- rer, il est déjà à l’œuvre chez nous dans cer- taines manipulations génétiques. Ce que la technique est en train de faire n’est pas de tuer l’homme, non, mais en lui de détruire l’humain. Pour ce qui est de la barbarie, le pire est peut-être encore à venir! Il faut donc être vigilant. L’avenir est aux insomniaques. JEAN ROMAIN, écrivain et philosophe Figures de l’hybris PAUL VETTER Le Valais vitivinicole aura bientôt son «Histoire de la vi- gne et du vin en Valais, des origines à nos jours». Le vaste projet interdisciplinaire, imaginé en 1998 et lancé en 2002 par le Musée valaisan de la vigne et du vin (MVVV ), débouchera dans le courant 2009 sur le premier livre de Suisse consacré à ce thème. Avant de passer à la syn- thèse rédactionnelle, confiée aux historiens Pierre Dubuis et Sabine Carruzzo, un collo- que organisé à la HEVs de Sierre a fait le point sur diffé- rentes recherches menées dans le cadre du projet. Tout au long de la journée, seize intervenants ont traité des thématiques aussi diverses que la vigne sauvage en Eu- rope, la serpette à l’époque romaine, l'évolution du vi- gnoble à travers les cartes historiques ou l’image des vins du Valais en Suisse alé- manique. Révélation de la journée: la présence de la vi- gne en Valais pourrait dater de 600 à 800 avant Jésus- Christ. Cheville ouvrière du pro- jet et directrice du MVVV, Anne-Dominique Zufferey fait le point sur ce projet de grande envergure. Anne-Dominique Zufferey, comment est né ce projet de livre d’histoire valaisanne de la vigne et du vin? En 1998, l’Etat avait initié Viti 2006, une réflexion sur l’ave- nir de la vitiviniculture en Va- lais. L’idée de rédiger un tel ouvrage avait alors été émise par le groupe de travail. Trois ans plus tard, après une séance du Labrec (Labora- toire de recherches en ethno- logie régionale contempo- raine), les discussions ont porté sur la rédaction d’un ouvrage historique. Une com- mission de réflexion, compo- sée d’ingénieurs, de vigne- rons représentant diverses fa- milles de la branche et natu- rellement des chercheurs, a alors commencé à réfléchir, à poser des objectifs. Un tel projet demande des moyens conséquents. Comment avez-vous été accueillis? Le budget se monte à 1,6 mil- lion. En 2003, sur la base d’un dossier très fouillé, nous avons fait une demande de financement au Fonds natio- nal de la recherche. Elle a été refusée dans le courant 2004, le projet étant jugé trop no- vateur du fait de son interdis- ciplinarité. Ce refus ne vous a pas décou- ragés? Le dossier était prêt, et les motifs de refus nous ont plu- tôt confortés sur le bien- fondé du projet. Nous nous sommes donné six mois pour trouver l’essentiel des fonds. Nous y sommes parvenus grâce à l’appui de la Loterie romande, de l’Etat du Valais et de l’Interprofession de la vigne et du vin. Deux colloques ont déjà été organisés en 2003, un troi- sième a eu lieu en 2005 et le quatrième vient de s’achever. Quels étaient les objectifs de ces rencontres? Les deux premiers nous ont permis d’établir un état des lieux des connaissances exis- tantes. En 2005 les cher- cheurs ont présenté leurs premières découvertes. Celui que nous venons de vivre marquait la fin du travail de recherches. Sans tout dévoi- ler, les scientifiques nous ont fait part de leurs principales découvertes. Avec la résur- rection d’un nouveau cé- page, la diolle, et la possibi- lité que la vigne ait été culti- vée à l’âge du fer, nous avons eu notre lot de révélations. L’interdisciplinarité est l’un des points forts du projet. Quels sont les champs de recherche concernés? C’est avant tout un livre d’histoire, mais des collabo- rations ont été instaurées avec des géographes, des ar- chéologues, des ethnolo- gues, des archéobotanistes… Quelque 9000 documents ont été analysés par la tren- taine de chercheurs qui ont collaboré à cet ouvrage. Leurs travaux seront intégrés dans le livre sous forme d’en- carts complémentaires au fil rouge historique. A qui sera destiné cet ouvrage? Au grand public ou seulement aux spécialistes? Il s’adressera d’une part aux producteurs soucieux de mieux comprendre les origi- nes de la vigne et du vin en Valais. Il devrait par ailleurs séduire un public éclairé qui s’intéresse au vin, à la dégus- tation et à tous les aspects culturels qui y sont liés. Les consommateurs sont de plus en plus intéressés à connaî- tre les vins qu’ils invitent à leur table. Ce n’est pas un projet passéiste. L’objectif de ce livre, c’est aussi d’éclairer l’avenir de notre vitivinicul- ture. Vingt-six siècles d’hist RECHERCHE Le Valais aura bientôt son livre d’histoire vitivinicole. Hier, à Sierre, les chercheurs ont levé Découvrez www.lenouvelliste.ch/fr/blog/index.php Chasse En marche avec Jean Bonnard Mots d’elle Le quotidien des filles de la rédaction Basket Les dessous du panier par Jérémie Mayoraz Pêche Au fil de l'eau avec Michel Gratzl Plongée Comme si vous y étiez, avec Nicolas Maury Mon petit cinéma Le bloc note interactif du rédac’chef Jean-François Fournier Le mur du son Sur scène et backstage avec Jean- François Albelda Le Journal des Reines La bible du genre, avec notre expert ès-cornes Jean-Yves Gabbud Religions Actualité et débats de toutes les religions, avec Vincent Pellegrini Vins Passions et réflexions de notre spécialiste maison Paul Vetter Webmaster L'actualité du Net, par Pascal Métrailler NOS BLOGS .ch POINTS FORTS Résurrection de la diolle Le biologiste José Vouillamoz a retrouvé la diolle, un vieux cépage du Valais qu’il identifie, après analyse ADN, grâce à un ancien ouvrage d’ampélogra- phique. Il s’agit d’un cépage blanc, fils de la rèze et d’une autre variété probablement disparue. La vigne dès l’âge du fer On a longtemps cru que la culture de la vigne datait de l’occupation romaine. Grâce à des pics de pollen importants repérés à Mont d’Orge, Lucia Wick, archéobotaniste de l’Université de Bâle, affirme que la vigne était cultivée en Valais à l’âge du fer déjà, 600 à 800 ans avant Jésus-Christ. Gamsen paradis de la vigne Curieusement, c’est sur le site de Gamsen/Waldmatte que l’on a trouvé les plus anciens vestiges de la culture de la vigne en Suisse. Enfin, avant la découverte de Lucia Wick. Des pépins de raisins par centaines et d’autres vestiges confirment la présence de la vigne dans la région. Du Chablais à Chamoson La carte du vignoble valaisan s’est considérablement modi- fiée durant les cent vingt der- nières années. Les surfaces de vignes se sont considérable- ment réduites ou ont disparu dans le Chablais et en rive gau- che de la vallée de la Viège. Elles ont au contraire explosé sur les grands cônes comme celui de Chamoson et sur les coteaux de la rive droite. Des amphores d’importation Grâce aux vestiges d’ampho- res, on peut dire que, à l’épo- que romaine, les Valaisans buvaient des vins d’Italie, d’Espagne, de Rhodes, d’Asie Mineure ou de Palestine. La mondialisation ne date pas d’aujourd’hui. Quatre siècles d’arvine Un texte tiré des archives des chanoines de Sion fait men- tion de l’arvine en 1602 déjà. BITTEL La communication des vins valaisans en Suisse alémanique a beaucoup changé depuis cette affich

2 LE FAIT DU JOUR décembre 2007 Vingt-six siècles d’hist · fondé du projet. Nous nous sommes donné six mois pour trouver l’essentiel des fonds. Nous y sommes parvenus grâce

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Page 1: 2 LE FAIT DU JOUR décembre 2007 Vingt-six siècles d’hist · fondé du projet. Nous nous sommes donné six mois pour trouver l’essentiel des fonds. Nous y sommes parvenus grâce

2 LE FAIT DU JOUR Samedi 1er décembre 2007

L’INVITÉ

En grec, «hybris» signifie démesure. Le pas-sage au-delà des limites était la faute la pluspernicieuse dans la Grèce antique. Dépasserla mesure: figure du pire! Or, aujourd’hui, lenuancier des conduites humaines dans lesgrands domaines d’activité ne suffit plus àun monde qui a opté pour la surenchèredans l’hybris. Deux exemples parlants.1. Le premier est la logique de la démesurequ’on voit proliférer à Dubaï. Dans les sablesdu désert, on a construit de gigantesquesparcs d’attractions avec les capitaux que lesdirigeants de l’émirat arabe parviennent àattirer sur leur sol. On y a construit la plusphénoménale station de ski couverte dumonde, au cœur du désert à plus de 40 de-grés extérieurs. Il s’agit en fait d’un insensédévoiement de l’argent pour une entreprisepostclimatique.2. De son côté, Stelarc, artiste australien, a

obtenu de se faire greffer une oreille sur sonavant-bras gauche parce qu’il se sentait psy-chologiquement à l’étroit dans son corps. Laprothèse n’est plus conçue ici pour comblerun manque ni réparer une amputation, maiselle est signe d’excès. Le corps peut donc êtreamplifié, redessiné par la main de l’homme,exemple monstrueux du posthumain.Donc, la technique alliée à l’argent permetaujourd’hui de dépasser l’excès, d’aller au-delà des frontières du maximum, de trans-gresser ce que l’humanité avait tenu pour in-terdit. Et, avec elle, est apparu le temps de lanégation de l’humain. Mais, il ne s’agit pasd’un nouveau visage de l’inhumain commeon pourrait à tort le supposer, car l’inhumaina déjà été atteint avec la Shoah, on a déjà in-terdit à l’homme d’exister sur sa terre. On l’adétruit. Ici, on est en présence d’une déme-sure que l’humanité n’avait encore jamais

connue: par excès, le défilage de l’humains’opère patiemment comme on défile unetapisserie. Un détissage de l’humain! L’hu-manité n’est donc pas niée comme elle l’aété aux grandes heures du nazisme et dumarxisme, mais elle est rendue impossiblepar l’hybris. La liquidation de l’homme sta-ble, stabilisé par le climat ou par l’histoire,donc par le lieu et le temps, a favorisé l’écla-tement de son être même. Le trop se débar-rasse de l’homme: ce processus, nul besoind’aller à Dubaï ni en Australie pour le repé-rer, il est déjà à l’œuvre chez nous dans cer-taines manipulations génétiques. Ce que latechnique est en train de faire n’est pas detuer l’homme, non, mais en lui de détruirel’humain.Pour ce qui est de la barbarie, le pire estpeut-être encore à venir! Il faut donc être vigilant. L’avenir est aux insomniaques.

JEAN ROMAIN, écrivain et philosophe

Figures de l’hybris

PAUL VETTER

Le Valais vitivinicole aurabientôt son «Histoire de la vi-gne et du vin en Valais, desorigines à nos jours». Le vasteprojet interdisciplinaire,imaginé en 1998 et lancé en2002 par le Musée valaisan dela vigne et du vin (MVVV),débouchera dans le courant2009 sur le premier livre deSuisse consacré à ce thème.

Avant de passer à la syn-thèse rédactionnelle, confiéeaux historiens Pierre Dubuiset Sabine Carruzzo, un collo-que organisé à la HEVs deSierre a fait le point sur diffé-rentes recherches menéesdans le cadre du projet. Toutau long de la journée, seizeintervenants ont traité desthématiques aussi diversesque la vigne sauvage en Eu-rope, la serpette à l’époqueromaine, l'évolution du vi-gnoble à travers les carteshistoriques ou l’image desvins du Valais en Suisse alé-manique. Révélation de lajournée: la présence de la vi-gne en Valais pourrait daterde 600 à 800 avant Jésus-Christ.

Cheville ouvrière du pro-jet et directrice du MVVV,

Anne-Dominique Zuffereyfait le point sur ce projet degrande envergure.

Anne-Dominique Zufferey,comment est né ce projet delivre d’histoire valaisanne dela vigne et du vin?En 1998, l’Etat avait initié Viti2006, une réflexion sur l’ave-nir de la vitiviniculture en Va-lais. L’idée de rédiger un telouvrage avait alors été émisepar le groupe de travail. Trois

ans plus tard, après uneséance du Labrec (Labora-toire de recherches en ethno-logie régionale contempo-raine), les discussions ontporté sur la rédaction d’unouvrage historique. Une com-mission de réflexion, compo-sée d’ingénieurs, de vigne-rons représentant diverses fa-milles de la branche et natu-rellement des chercheurs, aalors commencé à réfléchir, àposer des objectifs.

Un tel projet demande desmoyens conséquents.Comment avez-vous étéaccueillis?Le budget se monte à 1,6 mil-lion. En 2003, sur la base d’undossier très fouillé, nousavons fait une demande definancement au Fonds natio-nal de la recherche. Elle a étérefusée dans le courant 2004,le projet étant jugé trop no-vateur du fait de son interdis-ciplinarité.

Ce refus ne vous a pas décou-ragés?Le dossier était prêt, et lesmotifs de refus nous ont plu-tôt confortés sur le bien-fondé du projet. Nous noussommes donné six mois pourtrouver l’essentiel des fonds.Nous y sommes parvenusgrâce à l’appui de la Loterieromande, de l’Etat du Valaiset de l’Interprofession de lavigne et du vin.

Deux colloques ont déjà étéorganisés en 2003, un troi-sième a eu lieu en 2005 et lequatrième vient de s’achever.Quels étaient les objectifs deces rencontres?Les deux premiers nous ontpermis d’établir un état deslieux des connaissances exis-tantes. En 2005 les cher-cheurs ont présenté leurspremières découvertes. Celuique nous venons de vivremarquait la fin du travail derecherches. Sans tout dévoi-ler, les scientifiques nous ontfait part de leurs principalesdécouvertes. Avec la résur-rection d’un nouveau cé-page, la diolle, et la possibi-lité que la vigne ait été culti-vée à l’âge du fer, nous avonseu notre lot de révélations.

L’interdisciplinarité est l’undes points forts du projet.Quels sont les champs derecherche concernés?

C’est avant tout un livred’histoire, mais des collabo-rations ont été instauréesavec des géographes, des ar-chéologues, des ethnolo-gues, des archéobotanistes…Quelque 9000 documentsont été analysés par la tren-taine de chercheurs qui ont

collaboré à cet ouvrage.Leurs travaux seront intégrésdans le livre sous forme d’en-carts complémentaires au filrouge historique.

A qui sera destiné cetouvrage? Au grand public ouseulement aux spécialistes?Il s’adressera d’une part auxproducteurs soucieux demieux comprendre les origi-nes de la vigne et du vin en

Valais. Il devrait par ailleursséduire un public éclairé quis’intéresse au vin, à la dégus-tation et à tous les aspectsculturels qui y sont liés. Lesconsommateurs sont de plusen plus intéressés à connaî-tre les vins qu’ils invitent àleur table. Ce n’est pas unprojet passéiste. L’objectif dece livre, c’est aussi d’éclairerl’avenir de notre vitivinicul-ture.

Vingt-six siècles d’histRECHERCHE!Le Valais aura bientôt son livre d’histoire vitivinicole. Hier, à Sierre, les chercheurs ont levé

Découvrez

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ChasseEn marche avec Jean Bonnard

Mots d’elleLe quotidien des filles de la rédaction

BasketLes dessous du panier par Jérémie Mayoraz

PêcheAu fil de l'eau avec Michel Gratzl

Plongée Comme si vous y étiez, avec Nicolas Maury

Mon petitcinémaLe bloc note interactifdu rédac’chef Jean-François Fournier

Le murdu sonSur scèneet backstageavec Jean-FrançoisAlbelda

Le Journaldes ReinesLa bible du genre, avec notre expert ès-cornesJean-YvesGabbud

ReligionsActualitéet débatsde toutesles religions, avec Vincent Pellegrini

VinsPassions et réflexionsde notrespécialiste maisonPaul Vetter

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POINTS FORTS

!Résurrection de la diolleLe biologiste José Vouillamoz aretrouvé la diolle, un vieux cépage du Valais qu’il identifie,après analyse ADN, grâce à unancien ouvrage d’ampélogra-phique. Il s’agit d’un cépageblanc, fils de la rèze et d’uneautre variété probablementdisparue.

!La vigne dès l’âge du ferOn a longtemps cru que laculture de la vigne datait del’occupation romaine. Grâce àdes pics de pollen importantsrepérés à Mont d’Orge, LuciaWick, archéobotaniste del’Université de Bâle, affirmeque la vigne était cultivée enValais à l’âge du fer déjà, 600 à800 ans avant Jésus-Christ.

!Gamsen paradis de la vigneCurieusement, c’est sur le sitede Gamsen/Waldmatte quel’on a trouvé les plus anciensvestiges de la culture de la vigne en Suisse. Enfin, avant ladécouverte de Lucia Wick.Des pépins de raisins par centaines et d’autres vestigesconfirment la présence de la vigne dans la région.

!Du Chablais à ChamosonLa carte du vignoble valaisans’est considérablement modi-fiée durant les cent vingt der-nières années. Les surfaces devignes se sont considérable-ment réduites ou ont disparudans le Chablais et en rive gau-che de la vallée de la Viège.Elles ont au contraire explosésur les grands cônes commecelui de Chamoson et sur lescoteaux de la rive droite.

!Des amphores d’importationGrâce aux vestiges d’ampho-res, on peut dire que, à l’épo-que romaine, les Valaisans buvaient des vins d’Italie,d’Espagne, de Rhodes, d’Asie Mineure ou de Palestine.La mondialisation ne date pasd’aujourd’hui.

!Quatre siècles d’arvineUn texte tiré des archives deschanoines de Sion fait men-tion de l’arvine en 1602 déjà.

BITTEL La communication des vins valaisans en Suisse alémanique a beaucoup changé depuis cette affich

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Le Nouvelliste Samedi 1er décembre 2007 LE FAIT DU JOUR 3

oire viticole en Valaisle voile sur leurs découvertes. La culture de la vigne pourrait être bien antérieure à la présence romaine.

e vantant les cépages traditionnels au début du siècle passé.

Le scoop de la journéerevient à Lucia Wick,l’archéobotaniste del’Université de Bâle,qui nous a donné laprimeur d’une décou-verte surprenante: unedatation au carbone14 de pollens de vignesdans la région du lacde Mont d’Orge au-dessus de Sion prou-verait que la vigne au-

rait été cultivée en Valais à l’âge du fer déjà.

Exit les Romains! Les premiers vignobles date-raient de 600 à 800 ans avant Jésus-Christ, épo-que où les Romains n’avaient pas encore posé lapremière sandale chez nous. S’agissait-il de vi-gnes sauvages (vitis silvestris) ou de vignes culti-vées (vitis vinifera)? Difficile de le dire, car il estimpossible de différencier les pollens de la vignesauvage de ceux provenant de la vigne cultivée.Les travaux de Lucia Wick suggèrent donc qu’unedes plus anciennes implantations de la vigne enSuisse pourrait se trouver en Valais.

Une information à étayer. C’est une des premiè-res fois qu’on procède à ce genre d’examens defaçon aussi pointue. L’analyse détaillée des pol-lens de vigne sur le site de Mont d’Orge montre

l’antériorité de la vigne sur la culture des noix oudu seigle; cultures qui ont toutes deux été appor-tées par les Romains. De plus, l’étude de LuciaWick prouve que la production viticole n’a pasété intensifiée à l’époque romaine.

«Lucia Wick a trouvé une information qui de-mande à être étayée par des analyses complémen-taires en Valais et ailleurs», s’exclame un archéo-logue qui ne désire pas être cité. «C’est la pre-mière fois qu’on regarde de façon aussi précisel’évolution des cultures. Cette analyse s’est faite enValais, ce qui ne signifie pas qu’on ne puisse trou-ver les mêmes indications ailleurs.Voire des tracesencore plus anciennes», affirme le même archéo-logue. Foin de cocorico donc, si la vigne cultivéeest antérieure aux Romains, ce ne sont pas fata-lement les Valaisans les premiers vignerons.

Entre enthousiasme et scepticisme. Retirer lapaternité de la vigne aux Romains ne se fait passans provoquer quelques remous. Certains ar-chéologues sont sceptiques, d’autres attendentpour se prononcer.

Le principe même de l’archéologie pousse leschercheurs à aller fouiner plus loin dans le passéet du coup, à faire de nouvelles découvertes qui re-mettent en question les précédentes. Pourtant, sila vigne sauvage est présente sur une grande par-tie du globe, pourquoi serait-ce nécessairementles Romains qui nous l’ont apportée? FRANCE MASSY

!Le consommateur suisse moyen confond souvent les vins vaudois et valaisans.

!Les vins genevois sont tendance, les tessinoissymboles de qualité. Et les valaisans?

!Selon l’étude MIS Trend 2004, une personnesur mille associe le Valais au soleil.

!La nouvelle campagne de communication de l’Interprofession de la vigne et du vin est sans doute un peu décalée, mais efficace.Tout le monde en parle!

!La diolle est ressuscitée! C’est la première et sans doute la dernière fois qu’on assiste à la résurrection d’un vieux cépage valaisan.

!La vigne sauvage a presque totalement disparudu territoire suisse. Seules trois colonies subsis-tent... en Valais.

!Lors de la première messe d’Adrien de Riedmat-ten, curé de Saint-Léonard et évêque de Sion, les400 invités ont bu 10000 litres de vin. La fête aduré dix jours, soit 2,5 litres quotidiens, correct. FM

Une tempêtedans une amphore

Eva Zwahlen, histo-rienne et journaliste duvin, s’est penchée surl’image des vins valai-sans véhiculée par lapresse suisse alémani-que ces cent dernièresannées. Elle a plus spé-cialement feuilleté la«Weinzeitung», journalreprésentant les mi-lieux professionnels etorgane officiel des mar-

chands de vins dès 1903. Pour connaître aussi le re-gard des consommateurs, elle s’est également in-téressée aux articles plus récents du journal «Vi-num», principale presse spécialisée de Suisse.

Fortes têtes et mauvais élèves... Du côté de laSuisse alémanique, les Valaisans n’ont pas

l’image d’enfants sages. Au contraire, la plupartdes articles qui sont consacrés aux vignerons duVieux-Pays les montrent comme de fortes têtes,qui ne font que ce que bon leur semble.

On leur reproche de ne pas respecter les rè-gles, de produire trop, de négliger la qualité. Dur,dur de faire oublier les gouilles des années 83-84.On accuse régulièrement les vins valaisans d’êtretrop chers.

...mais excellentes spécialités. Si la dôle et lefendant sont très connus, ils ne sont pas toujourssynonymes de vins de qualité outre-Sarine,comme la plupart des vins suisses, d’ailleurs. Parcontre, dès les années quarante, on retrouve ré-gulièrement des articles ventant les spécialitésvalaisannes. Aujourd’hui, on commence à trou-ver des vins valaisans sur la carte des bons restau-rants et le public averti reconnaît leurs valeurs.FM

Vus de la Suisse alémanique

ENTENDU...