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20 u Libération Lundi 22 Juin 2015 Grandeur et misère de la french tech L’ère des objets connectés ouvre une quatrième révolution numérique. Cette fois, les start-up françaises sont bien placées dans la compétition mondiale, non sans un appui du gouvernement. Mais n’assiste-t-on pas à une marchandisation totale de la vie, à une «prédation numérique»? L a conception des premiers micro-ordinateurs et logi- ciels, au tournant des an- nées 70 et 80, fut principalement menée aux Etats-Unis par IBM, Hewlett-Packard, Apple ou Mi- crosoft. Si la France tenta d’impulser des programmes tel le Plan Calcul, elle rata dans les faits le premier moment de l’his- toire de l’informatique indus- trielle. Elle rata encore au cours des années 90 la deuxième étape, celle de l’émergence d’Internet, de la création de start-up exploitant le commerce en ligne tel Amazon, ou s’engageant dans le marché de la recherche, vite monopolisé par Google. Elle rata enfin la troisième sé- quence, qui à l’aube du XXI e siè- cle fut nommée Web 2.0, entéri- nant la récente capacité des individus à participer à la créa- Il n’est pas anodin que soit cons- tamment évoqué le terme d’«éco- système», qui renvoie – est-il be- soin de le rappeler – au modèle auto-organisationnel d’un bio- tope se développant selon ses lois internes. C’est exactement cette autonomie sans frein qu’entérine l’utilisation compulsive de cette métaphore qui contribue encore à naturaliser les évolutions techniques, à les inscrire dans un cours supposé inéluctable et or- ganique des choses. La Silicon Valley et ses épigones savent dresser un techno-lexique avan- tageux. Le vocable de «disruptif» est érigé comme le nec plus ultra de la novlangue entrepreneu- riale, légitimant le renouvelle- ment ininterrompu des produc- tions autant que la destruction de structures existantes. La fable de la share economy masque le principe de la mise en relation entre individus opérée par des compagnies prélevant un pour- centage sur chaque transaction. La start-up grenobloise Smart Me Up élabore des systèmes de reconnaissance faciale appelés à être intégrés dans des lunettes qui autorisent l’identification immédiate des individus autant que la consultation d’informations les concernant. Snips conçoit des assistants numériques personnels destinés à continuellement devancer les besoins ou désirs, induisant un guidage du quotidien en fonction d’objectifs prioritairement com- merciaux. Dans les faits, c’est la dignité humaine qui est frappée en son cœur. Celle qui nomme le droit pour chacun de bénéficier d’une part à l’abri de tout regard, de ne pas réduire autrui à une fonction utilitariste, ou encore de ne pas considérer la personne comme un objet strictement marchand. Cette «start-upisation» de la vie est massivement soutenue par des fonds publics au nom du sempiternel argument écono- mique et de l’emploi. L’idéologie de l’«innovation» numérique s’impose sans effort comme étant le nouvel horizon indépassable de notre temps, à laquelle s’est rallié avec un aveuglement coupable le gou- vernement socialiste de Manuel Valls. La réalité, c’est que c’est un soft-totalitarisme qui s’insti- MATHIEU ZAZZO Par ÉRIC SADIN Ecrivain et philosophe Il revient aux citoyens de refuser l’acquisition d’objets connectés ou le téléchargement d’applications de mesure de la vie. Jamais autant qu’aujourd’hui nos décisions de refus d’achat n’auront revêtu une telle portée politique. IDÉES/ L'ŒIL DE WILLEM tion de contenus ou à s’exprimer sur les réseaux sociaux naissants, dont Facebook et Twitter représentèrent les figures inau- gurales aussitôt dominantes. Après plusieurs décennies de décrochements et d’échecs, la France entend désormais oc- cuper les avant-postes d’une qua- trième phase décisive : l’ère des objets connectés. Le corps se voit équipé de montres décomptant les efforts fournis, les calories dépensées ou analysant les flux physiologiques. L’habitat se trouve infiltré de capteurs destinés à signaler les produits consommés en son sein, le poids des personnes, les conversations tenues devant les écrans… La smart city procède au suivi des trajets parcourus, des achats effectués ou des loisirs pratiqués… Les liseuses numéri- ques témoignent des durées de lecture, des niveaux d’attention, des passages surli- gnés… Autant de dispositifs qui génèrent des données relatives à un nombre sans cesse extensif de nos gestes exploitées par des myriades d’entités. Durant la période allant de 1995 à 2015, l’analyse des comporte- ments s’effectuait principale- ment via les navigations Internet et les achats par cartes de crédit ou de fidélité. C’était un mode de connaissance détaillé mais, in fine, partiel. C’est un «libéralisme totalisant» qui aujourd’hui s’impose, consistant à quantifier tous les moments de l’existence, jusqu’à ambitionner d’évaluer la qualité du sommeil, par exemple. Il s’agit là d’un nouveau modèle économique autorisé par l’om- niscience des systèmes numé- riques capables d’interpréter en temps réel toutes sortes de situations et de suggérer aussitôt des recommandations personna- lisées ajustées à chaque instant du quotidien. C’est ce schéma ultra majoritaire, instaurant une marchandisation intégrale de la vie, qui est à l’œuvre dans l’innovation numérique contem- poraine qui devrait plus juste- ment être nommée «prédation numérique».

2015 Grandeur Et Misère de La French Tech_Libération

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  • 20 u Libration Lundi 22 Juin 2015

    Grandeur etmisrede la french tech

    Lre des objets connects ouvreune quatrime rvolution numrique.Cette fois, les start-up franaises sontbien places dans la comptitionmondiale,non sans un appui du gouvernement.Maisnassiste-t-on pas unemarchandisationtotale de la vie, une prdation numrique?

    L a conception des premiersmicro-ordinateurs et logi-ciels, au tournant des an-nes 70 et 80, fut principalementmene aux Etats-Unis par IBM,Hewlett-Packard, Apple ou Mi-crosoft. Si la France tentadimpulser des programmes telle Plan Calcul, elle rata dans lesfaits le premier moment de lhis-toire de linformatique indus-trielle. Elle rata encore au coursdes annes 90 la deuxime tape,celle de lmergence dInternet,de la cration de start-upexploitant le commerce en lignetel Amazon, ou sengageant dansle march de la recherche, vitemonopolis par Google.Elle rata enfin la troisime s-quence, qui laube du XXIe si-cle fut nomme Web 2.0, entri-nant la rcente capacit desindividus participer la cra-

    Il nest pas anodin que soit cons-tamment voqu le terme dco-systme, qui renvoie est-il be-soin de le rappeler au modleauto-organisationnel dun bio-tope se dveloppant selon ses loisinternes. Cest exactement cetteautonomie sans frein quentrinelutilisation compulsive de cettemtaphore qui contribue encore naturaliser les volutionstechniques, les inscrire dans uncours suppos inluctable et or-ganique des choses. La SiliconValley et ses pigones saventdresser un techno-lexique avan-tageux. Le vocable de disruptifest rig comme le nec plus ultrade la novlangue entrepreneu-riale, lgitimant le renouvelle-ment ininterrompu des produc-tions autant que la destruction de

    structures existantes. La fablede la share economy masque leprincipe de la mise en relationentre individus opre par descompagnies prlevant un pour-centage sur chaque transaction.La start-up grenobloise SmartMe Up labore des systmes dereconnaissance faciale appels tre intgrs dans des lunettesqui autorisent lidentificationimmdiate des individusautant que la consultationdinformations les concernant.Snips conoit des assistantsnumriques personnels destins continuellement devancer lesbesoins ou dsirs, induisant unguidage du quotidien en fonctiondobjectifs prioritairement com-merciaux.Dans les faits, cest la dignit

    humaine qui est frappe en soncur. Celle qui nomme le droitpour chacun de bnficier dunepart labri de tout regard, de nepas rduire autrui une fonctionutilitariste, ou encore de ne pasconsidrer la personne commeun objet strictement marchand.Cette start-upisation de la vieest massivement soutenue pardes fonds publics au nomdu sempiternel argument cono-mique et de lemploi.Lidologie de linnovationnumrique simpose sans effortcomme tant le nouvel horizonindpassable de notre temps, laquelle sest ralli avec unaveuglement coupable le gou-vernement socialiste de ManuelValls. La ralit, cest que cestun soft-totalitarisme qui sinsti-

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    ParRICSADIN

    Ecrivain et philosophe

    Il revient auxcitoyens de refuserlacquisitiondobjets connectsou letlchargementdapplications demesure de la vie.Jamais autantquaujourdhui nosdcisions de refusdachat naurontrevtu une telleporte politique.

    IDES/

    L'IL DE WILLEM

    tion de contenus ou sexprimersur les rseaux sociaux naissants,dont Facebook et Twitterreprsentrent les figures inau-gurales aussitt dominantes.Aprs plusieurs dcennies dedcrochements et dchecs,la France entend dsormais oc-cuper les avant-postes dune qua-trime phase dcisive: lre desobjets connects. Le corps se voitquip de montres dcomptantles efforts fournis, les caloriesdpenses ou analysant les fluxphysiologiques. Lhabitat setrouve infiltr de capteursdestins signaler les produitsconsomms en son sein, le poidsdes personnes, les conversationstenues devant les cransLa smart city procde au suivides trajets parcourus, desachats effectus ou des loisirspratiqus Les liseuses numri-ques tmoignent des duresde lecture, des niveauxdattention, des passages surli-gns Autant de dispositifs quignrent des donnes relatives un nombre sans cesse extensifde nos gestes exploites par desmyriades dentits.Durant la priode allant de 1995 2015, lanalyse des comporte-ments seffectuait principale-ment via les navigations Internetet les achats par cartes de crditou de fidlit. Ctait un mode deconnaissance dtaill mais,in fine, partiel.Cest un libralisme totalisantqui aujourdhui simpose,consistant quantifier tous lesmoments de lexistence, jusquambitionner dvaluer la qualitdu sommeil, par exemple.Il sagit l dun nouveau modleconomique autoris par lom-niscience des systmes num-riques capables dinterprter entemps rel toutes sortes desituations et de suggrer aussittdes recommandations personna-lises ajustes chaque instantdu quotidien. Cest ce schmaultra majoritaire, instaurant unemarchandisation intgrale de lavie, qui est luvre danslinnovation numrique contem-poraine qui devrait plus juste-ment tre nomme prdationnumrique.

  • Libration Lundi 22 Juin 2015 www.liberation.fr f facebook.com/liberation t@libeu 21

    tue port par des modes dorga-nisation qui rgulent tous leschamps de lexistence indivi-duelle et collective daprs lesvertus dsormais cardinales deloptimisation, de la fluidifica-tion et de la scurisation. Et qui,en outre, agissent via des pro-cessus algorithmiques sans si-gnataire, sans intentions visi-bles, repoussant la capacit dengociation ou de dcision r-flchies, et ce particulirementdans le cadre du travail, parexemple.Non, les lites ne sont pasdconnectes, elles participenttout au contraire activement dece processus dextrme rationali-sation du monde. Puisque le pou-voir politique ne se charge pas dele contraindre, et plus encore sesoumet au lobbying numrico-industriel, il revient alors aux ci-toyens de mettre en crise ce mo-dle. Il revient aux citoyensdinitier des actions en justicecollective lorsque certains princi-pes fondamentaux sont bafous.A linstar de celle mene auxEtats-Unis contre la plateformede Google Apps for Educationqui procdait au scan des corres-pondances prives entre tu-diants en vue de montiser desinformations personnelles.Il revient aux citoyens de refuserlacquisition dobjets connectsou le tlchargement dapplica-tions de mesure de la vie. Jamaisautant quaujourdhui nos dci-sions de refus dachat naurontrevtu une telle porte politique.French Tech et consorts, atten-dez-vous ce quun nombrecroissant de personnes soppo-sent en conscience vos fantas-mes de science-fiction et vosdsirs de faire du monde unendroit meilleur. La pageAmazing French Tech attacheau site du gouvernement exposeune sorte dIron Man, dontchaque partie du corps fait lobjetde recherches menes pardes start-up franaises en vuedaugmenter ses capacitsphysiques et cognitives.Grotesque parodie des produc-tions hollywoodiennes Marvelqui tmoigne de la pulsion detoute-puissance qui anime lestartupper, cette nouvelle figurehroque de notre temps, quiuvre faire de chaque individuun super-hros infaillible.Cest un autre hrosme plus ordinaire qui estaujourdhui requis, celui qui labase, par un rejet franc et main-tenu, saura mettre en chec ceprojet de civilisation fantasmantune matrise et une perfectionabsolues. Disposition certesplus modeste, mais qui seulesaura prouver que le discours delinluctable relve de la propa-gande et engager une imp-rieuse et combative politiquede nous-mmes.

    Dernier ouvrageparu:la Vie algorithmique: Critique de la raisonnumrique (LEchappe, mars 2015).

    CHRONIQUE

    ParDANIELSCHNEIDERMANN

    Un jour, a vous arrive.Se faisant passer pourvous, un psychopathe,qui nourrit des griefs profes-sionnels contre vous, appelle enpleine nuit le commissariat devotre quartier, en larmes. Il expli-que quil (vous, donc) vient detuer sa femme larme blanche etquil attend dsormais la policede pied ferme, prt faire un car-ton. Bref, vous tes un forcen.Une nuit, donc, la police dbar-que dans votre immeuble, peineun peu trouver le code, etprend position silencieusementdans la cour, sur les paliers, chezles voisins. Le commissaire tentedentrer en contact avec vous.Sans succs. Vous ntes pasdans ce domicile cern, investi,vous tes en dplacement, loin.

    Et cette nuit-l, vous avez laissvotre portable dans une autrepice.Au petit matin, la police russitfinalement tablir le contactavec vous. Il tait temps. Deuxminutes plus tard, ils donnaientlassaut de lappartement vide.En quelques minutes, vous re-constituez mentalement la nuitde folie laquelle vous avezchapp. Vous ntes pas totale-ment surpris. Le psychopathe,vous le connaissez. En crivantsur lui, vous saviez que vous ris-quiez de vous retrouver dans lapeau dune de ses victimes. Vousparlez un commissaire, un peustress, mais professionnel. Lecommissaire connat le psycho-pathe, il a lu les journaux, il estcertain 99% que non, vous

    Dans la peaude la victimePlusieurs nouveaux cas de violents canulars ontvis cette semaine Pierre Haski, Denis Sieffert,Pierre Stambul et notre chroniqueur. Voici sonrcit de la nuit du 17 juin et des jours suivants.

    navez pas tu votre compagne,mais vous sentez quil faut toutde mme len convaincre. Vouslui passez votre compagne, quidoit aussi le convaincre quelleest elle-mme, et vivante.Quoique sr 99 % que vousnavez pas tu votre compagne, lecommissaire exige tout de mmedentrer dans lappartement vide,pour purger les 1% dincertituderestants. Le commissaire vousrassure: il sait que vous tes jour-naliste, il ne va donc pas fouillerles tiroirs (parce que sinon, oui ?),il cherche seulement un cadavreventuel, avec 1% de probabilit.Ce nest quaprs la fouille, in-fructueuse, que vous redevenezvraiment, 100%, un interlocu-teur fiable, totalement rcur detoute trace de soupon.Tout au long de la journe quisuit, cest fait: vous tes devenu,pour vos confrres, une victimemdiatique. Aprs avoir vu dfi-ler sur lcran, des annes du-rant, tant de victimes de toutessortes, aprs tre devenu quasi-ment victimologue profession-nel, vous voil dans la peau de lavictime. De lautre ct du micro.Du ct de linterview.Etrange exprience. Tout esttrange. Cette lgre brit quivous saisit, raconter votre his-toire en boucle. Le rle rpara-teur de ce rcit. Les dtails qui re-viennent au fur et mesure. Vousnimaginiez pas prendre autantde plaisir parler, dvider votrercit, devant lattention calme etprofessionnelle des policiers,puis des confrres.a sest pass ainsi, ils ont prisposition dans la cour, certainstaient aux fentres den face, et

    alors jai rpondu au commis-saire que, etc.Des dtails, des invraisemblan-ces, des trous, des questions,vous reviennent au fur et me-sure que vous rptez lhistoire.Osons le dire : il y a de la jouis-sance, une petite part de jouis-sance, dans cette brit. Lavictime jouit. Dexcellents pro-fessionnels lcoutent, commeelle na peut-tre jamais t cou-te. On couche sa parole sur pa-pier. Elle est la place la plus en-vie de lpoque: une victime.En mme temps, cette jouissanceest illgitime. Car la victime estprsume traumatise. Pour faireune victime acceptable, pour sa-tisfaire tous ces gens prts lem-pathie, la compassion, pourtre digne de tous ces bon cou-rageque vous entendez autourde vous, vous sentez bien quilfaudrait en rajouter. Vous sen-tant surtout excit par la nou-veaut de la situation, curieux deses dveloppements venir, vousvous sentez un peu indigne, unpeu usurpateur. Cette fiertdtre pris pour cible par un psy-chopathe, par un salaud, de sesentir projet du bon ct, cettefiert est inavouable.Peu peu, vous comprenez com-ment des parents denfant assas-sin, par exemple, peuvent selaisser prendre au pige de leurstatut de parents de victime,comment ce statut peut em-prisonner, avec sa tideurdouillette, comme il est confor-table, comment il est facile de de-venir une victime profession-nelle.Finalement, cest un reportagecomme un autre.

    L e texte que nous avons dbattu encommission au Snat avait t tra-vaill, au mot prs, avec le souci dap-porter la personne en fin de vie de lhu-manit, afin dapaiser ses douleursphysiques et sa souffrance psychologiqueen lui administrant analgsiques et sdatifslui permettant de ne pas assister au drametragique de sa mort, pour reprendre lex-pression du Pr Aubry. En somme, le droit dedormir pour ne pas souffrir avant de mou-rir. Ce texte nouvrait pas au suicide assistni lexception deuthanasie, solutions ju-ges expditives et ne faisant quescamoterle problme de la mort relgue au rang destabous au mme titre que la vieillesse, lamaladie, et le handicap par une socit quine doit renvoyer que limage de la jeunesse,de la beaut et de la bonne sant. Et pour-

    tant, ce texte imprgn dhumanit et decharit a t vid de sa substance par deuxamendements la semaine dernire lors desa discussion au Snat.Le premier supprime la mention de conti-nue propos de la sdation profonde etcontinue comme si en toute fin de vie, face des douleurs rfractaires et un tat dedtresse et dagitation, on allait sortir le pa-tient de la sdation dans laquelle on lavaitplong pour lui rappeler quil vit ses der-niers instants et lui demander sil est tou-jours en capacit dexprimer sa volontdtre apais. On peut raisonnablement sedemander ce qui a bien pu motiver ceux quiont vot un tel amendement si loign de laralit des choses de la vie (de la fin de vie!)et o serait la charit chrtienne dans cescas-l, si toutefois les motivations taientde nature religieuse. Le deuxime amende-ment a supprim lopposabilit des directi-ves anticipes, balayant dun revers demain le droit de la personne faire conna-tre sa volont en fin de vie: le texte appor-tait pourtant un juste quilibre entre droitdu patient et pouvoir mdical, chacuntrouvant sa juste place; il protgeait la foisla personne et son entourage, le corps m-

    dical et la socit.Dans son ensemble, ce texte issu dun tra-vail approfondi de la commission tait pourceux qui vont mourir et non pour ceux quiveulent mourir. La personne et sa souf-france sont aujourdhui les grands oublis.Plus grave, cette nouvelle version dnaturelesprit de la loi Leonetti de 2005. Il estdommage que les bien-pensants naient puse transformer en bien-faisants dans unlan de charit humaine, et que la sagessereconnue du Snat nait pu faire mergerune voie du milieu.

    ParMICHELAMIEL

    Fin de vie: la loi semeurtLe texte que le Snatvotera solennellementmardi, avant sonpassage lAssemblenationale, a t videde sa substance.Navrant.

    DR

    Corapporteur sur la propositionde loi crant de nouveaux droitspour les personnes malades en fin de vie