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Littoral Numérique Vigne Aéronautique Gastronomie Forêt Industrie Patrimoine Métropole Agriculture Innovation Tourisme Les suppléments du quotidien Supplément gratuit au journal du jeudi 21 mai 2015. Ne peut être vendu séparement Découverte d’un nouveau territoire Grande Région Une.qxp_Mise en page 1 24/04/15 18:17 Page 2

2016, à la découverte de la Grande Région

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Un supplément du journal Sud Ouest

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Littoral

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Les suppléments du quotidien

Supplément gratuit au journal du jeudi 21 mai 2015. Ne peut être vendu séparement

Découverted’un nouveau territoire

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Voici la grande région

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Le rôle des Régions dans l’architecture politico-administrative française reste encore à approfondir,alors que les exécutifs régionaux attendaient cer-tainement plus de la réforme territoriale en termes

de responsabilités et de compétences. Mais faut-il moinsd’État pour libérer les énergies ? Ce vieux sujet français est encore une fois remis à plus tard.En attendant, un nouveau cadre géographique est posé.On ne sait pas encore si le redécoupage territorial en 13 « super-régions » suffira à donner l’élan espéré enmatière de développement économique, mais la créationde nouveaux ensembles n’est jamais neutre. Et à la lec-ture du supplément qu’ont confectionné les rédactions de« Sud Ouest », « Centre France » et « La Nouvelle République du Centre-Ouest », on devine que la nouvellegrande région, composée de l’addition de l’Aquitaine, duLimousin et de Poitou-Charentes, fera un bien beau pays.Comme si une unité cachée apparaissait.Comme si toutes les pièces du puzzle, enfin réunies, révélaient la totalité du paysage. Comprenez : un littoraldésormais étiré sur 800 kilomètres et l’arrivée de La Rochelle dans l’économie côtière ; la création de laplus grande région agricole de France, où l’élevage et laforêt du Limousin viendront compléter la vigne girondineet le massif landais ; l’émergence d’une puissante forcetouristique du Marais poitevin aux Pyrénées, du Futuro-scope de Poitiers aux rivages de la Côte basque : l’enrichissement industriel et commercial qu’apportent les

Naissance d’un champion

Hors série édite par la SA de presse et d’édition du Sud-Ouest (SAPESO), société anonyme à conseil d’administration au capital de 268 400 €,siège social : 23 quai des Queyries, 33094 Bordeaux Cedex. Tel. 05 35 31 31 31.Principaux associés : GSO SA, SIRP, Société civile des journalistes, société des cadres.

Président-directeur général : Olivier GerolamiDirecteur général délégué et directeur de la publication : Patrick VenriesRéalisation : Agence de développementDirectrice et rédactrice en chef adjointe :Marie-Luce Ribot.

Chef de service : Pierre-Emmanuel CherpentierResponsable de fabrication : Florence GirouSecrétariat d’édition : Thibault SeurinMise en page : service technique Sud-Ouest. Imprimé par « Sud Ouest »Numéro de commission paritaire : 0415 C 86477

Editorial

bassins de Limoges et de Brive au complexe aéronau-tique bordelais et au pôle chimique de Lacq ; mais aussila contribution décisive au dynamisme culturel de cettenouvelle région qu’offrent le Festival de la bande dessinéed’Angoulême, les Francofolies de La Rochelle, l’Opérade Limoges et les nombreuses scènes nationales de Poitou-Charentes et Limousin sous-représentées en Aquitaine.Voilà, à bien des égards, la naissance d’un championfrançais dont l’atout numéro un sera l’attractivité. À laquestion « Où voulez-vous vivre ? », ce grand pays atoutes les chances de devenir la nouvelle frontière oùvoudront se fixer le plus de Français et de Franciliens. Un champion de civilisation, construite au fil des sièclesà la frontière des pays d’oc et d’oïl, dans le périmètre de l’ancien Parlement de Bordeaux qui, au XVe siècledéjà, réunissait Bellac et Bayonne, le Limousin et la Gascogne. Bordeaux, promue au rang de capitale, va retrouver laposition centrale qui fut la sienne. Déjà en vue, la métro-pole aquitaine est mise au défi de devenir ce qu’elle n’estpas encore : une ville qui compte parmi les grandes citéseuropéennes. Elle peut compter sur la nouvelle granderégion pour y parvenir.

Les directeurs des rédactions de Sud Ouest, Nouvelle République du Centre Ouest

et du groupe Centre France.

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4 • la grande région

Françoise Chander    

Propos recueillis par Olivier Chapperon

Q uel regard portez-vous sur lafuture grande région regrou-pant l’Aquitaine, le Limousin etPoitou-Charentes ?

Françoise Chandernagor : « La région prendtout son sens historiquement. Elle a existé àquelques petites choses près dans ces li-mites-là, il y a plusieurs siècles. À cetteépoque, l’Aquitaine était grande et puissante.Nous avons connu en Limousin des trou-badours de langue d’oc. C’est un peu moinsvrai pour Poitou-Charentes, où on parlait la

langue d’oïl, et le Pays basque, où on parlaitle basque. Mais on n’arrive jamais à fairecoïncider les frontières administratives avecdes frontières linguistiques ou historiques.Moi qui suis en Creuse, c’est-à-dire aunord-est de la zone, le patois que je parlaisétait basé sur la langue d’oc. Mais, hormiscette langue en commun, je dois quand

même dire que je ne me sens pas uneproximité très étroite avec les Bordelais.Les maçons creusois allaient travailler versl’est ou le nord, à Lyon ou à Paris. Maisc’est la situation géographique qui veutcela. En revanche, la Corrèze est plus tour-née vers le Bordelais car les Corréziens as-suraient le transport des vins de Bordeaux.Ceci dit, la région Limousin n’avait pas uneextraordinaire homogénéité, les trois dé-partements n’étaient pas orientés vers lesmêmes pôles. C’était un peu artificiel.Pour Poitou-Charentes, ce n’est pas lemême problème. D’abord, ils sont bien si-tués avec la ligne TGV Paris-Bordeaux et

Son premier ouvrage,« L’Allée du roi », est de-venu un véritable best-seller international.Françoise Chandernagora écrit une douzained’ouvrages, essentielle-ment historiques, ainsiqu’une pièce de théâtre.Elle a publié récemment« Vie de Jude, frère deJésus ».Membre de l’AcadémieGoncourt, elle consacre

sa vie à l’écriture depuis 1993, après avoir quitté sonposte de fonctionnaire et une brillante carrière auConseil d’État. Elle avait été la première femme à sortirmajor de sa promotion à l’École nationale d’administra-tion.« Creusoise à 100 % », comme elle se définit elle-même, Françoise Chandernagor est issue d’une famillequi pourrait faire l’objet d’une véritable saga et qui a vus’allier des maçons de la Creuse à des descendantsd’un esclave indien. Mère de trois enfants, FrançoiseChandernagor partage sa vie entre Paris et l’ouest dela Creuse, où son père, André Chandernagor, a été dé-puté.

« Il faudra une régionsolidaire »

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games qui négligent certaines de leursfemmes… Il aurait peut-être fallu profiter decette occasion pour redessiner de nouvellesrégions en ne reprenant pas les anciennesdans leur intégralité. Mais, aujourd’hui, laquestion ne se pose plus. Ce n’est plus ledébat. C’est fait, il faut avancer. »

Que faut-il, au-delà des volontés poli-tiques, pour créer une unité entre lestrois régions rassemblées dans lagrande région ?FC : Des infrastructures, et notamment fer-roviaires. Elles seront les éléments fonda-mentaux. Je pense aux lignes Paris-Orléans-

Limoges-Toulouse, Bordeaux-Guéret-Lyonmais aussi aux axes transversaux et auxaxes routiers qui permettent de rejoindre lafaçade atlantique plus facilement, alors quecelle-ci n’est pas si loin du Limousin, parexemple. Il faudra également que cette nou-velle région s’appuie sur la solidarité. Quechacun accepte que les plus riches donnentun peu aux plus pauvres. Sinon, tout celarestera parfaitement artificiel. Sans ces élé-ments-là, pas d’unité réelle, à mon avis. Quepeut-on imaginer d’autre pour générer uneunité ? Je ne sais pas vraiment. Nous avonsen commun les résidents britanniques. C’estpeut-être cela qui va nous unir [rires]. C’estdéjà cela qui nous avait unis à une époquede notre histoire. Il fallait faire effectivementde plus grandes régions. Mais tout dépendraaussi de ce que l’on donnera comme attri-butions à celles-ci.

Le mariage s’annonce beau, la famillesera grande et diverse avec 5 millionsd’habitants. Cette pluralité est uneforce… Pour avancer ensemble, il fautse connaître ou se comprendre ?FC : Je crois qu’effectivement on a penséla pluralité comme une force. Et, pour avan-cer ensemble, il faut d’abord se connaître,et les infrastructures doivent nous y aider.Quand on fait du tourisme, on ne se ditpas : « Je dois d’abord découvrir ma régionadministrative », et pourtant un grand nom-bre des habitants de cette grande régionle font chaque été sans y penser. Mais il nefaut pas que ce soit unilatéral. J’invite doncles Bordelais à venir découvrir la Creuse[rires à nouveau].

N’est-ce pas excitant d’imaginer le défiqui s’ouvre aux jeunes générations etles espoirs que ces changements peu-vent leur apporter ?FC : Il ne faut pas tout espérer, et notammentle salut économique, de Bordeaux qui estune ville dynamique, une belle ville, pleined’histoire. On va demander beaucoup auxplus riches. Il faudra qu’ils participent, qu’ilsmontrent leur volonté de s’unir en apportantaux autres. Il est indispensable que cettedynamique profite à tous et partout.

Il faut donc imaginer une autre forcepour les régions ?FC : Pour le moment, ces structures sontdes découpes administratives. Si je n’aipas à aller à Bordeaux pour des dé-marches administratives, je pourrais direque finalement cela ne me gêne pas plusque cela d’être dans cette grande région.Mais il ne faut pas imaginer revenir àl’époque d’Aliénor d’Aquitaine. Il faut pro-poser autre chose. Bordeaux joue déjàbien ce jeu par rapport à tous les départe-ments qui l’entourent et même avec unepartie des Charentes et du Poitou.

Quels messages doivent faire passerles politiques, les intellectuels pour quel’adhésion soit maximale dan s unmonde où le repli sur soi est plus quejamais la tendance ?FC : La grande région a été plutôt bien ac-cueillie. Il n’y a pas d’oppositions commedans d’autres endroits en France mais ilfaudra autre chose pour qu’une véritableunité naisse. Je mets au défi tous les poli-

tiques de l’Ouest, du Sud, ceux qui sontplus riches, plus peuplés, de se retrouveret d’agir pour tous.

Vous êtes très liée à la Creuse, com-ment naît justement un attachement àun territoire ? Faut-il craindre qu’il faillebeaucoup de temps avant qu’une nou-velle identité émerge de cette granderégion ?FC : Je me suis toujours sentie creusoise.Quand je vivais à Paris, je pensais sansarrêt à la Creuse et je n’avais qu’une envie :revenir. J’ai fini par y arriver à peu près endevenant écrivain. Je suis six mois de l’an-née ici, six mois à Paris. Je ne sais com-ment le dire : c’est mon pays, celui de monenfance, de mon bonheur. Je connais toutce coin, j’ai parlé le patois, mes ancêtressont d’ici depuis longtemps. C’est très fort.C’est cela un attachement. Nous n’avonspas forcément la même culture que les au-tres habitants de la grande région. Mais ilfaut dépasser les querelles de clochers.Croire que du jour au lendemain, d’un coupde baguette magique, tous ces gens sedécouvrent une complémentarité, uneunité, non évidemment. Cela viendra à lalongue mais il faudra un vrai travail des po-litiques et des projets.

Quel nom auriez-vous envie de donnerà la grande région ?FC  : L’Aquitaine me paraît être un nomtout à fait adapté. Ces régions qui portenttrois noms avec des traits d’union, celan’a pas de sens, c’est ridicule. Commentl’appeler autrement ? Le nom n’a finale-ment pas beaucoup d’importance, mêmesi l’Aquitaine véhicule l’image d’une belleet prestigieuse région. Mais il y a longtempsqu’une grande partie de la population n’enfaisait plus partie, et recréer des liens arti-ficiellement, cela ne va pas être facile. Ilfaudra du temps et arrêter de changer sansarrêt les structures. Je veux croire en laréussite.

Si vous deviez écrire un livre centrésur la grande région, quel en serait lefil conducteur ?FC : Je fais des romans plutôt historiques.Ce serait donc l’histoire d’un troubadourqui passe partout dans cette région. Il y ad’ailleurs eu une belle littérature occitane àune époque. Sinon, je travaillerais quelquesbeaux personnages médiévaux autourd’Aliénor d’Aquitaine. Elle a représentél’unité de l’Aquitaine.

« Nous n’avons pasforcément la même

culture que lesautres habitants

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les querelles de clochers »

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depuis longtemps je leur trouve une com-plémentarité avec l’Aquitaine. Des membresde ma famille qui vivent en Poitou-Charentesvont travailler à Bordeaux et je trouve mêmequ’il y a une forme d’unité dans différentspoints  : le style architectural ou le climat.Mais on peut aussi soutenir qu’il n’y a pasforcément une complémentarité énormeentre la Haute-Savoie et le Puy-de-Dômequi seront unis dans la région Rhône-Alpes-Auvergne. Je comprends bien ce qui aanimé les politiques là-dessus, ils ont voulurééquilibrer les territoires, ne pas forcémentmarier les plus pauvres entre eux. Mais j’es-père que les riches ne seront pas des poly-

Le Parc naturel régional Périgord-Limousin, ici le château de Lastours, trait d’union entre deux régions bientôt réunies.

me une force »

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6 • la grande région

n Formés à la sourceL’Office international de l’eau a repris l’activitéde formation professionnelle qui existait depuis1976 à Limoges, en Haute-Vienne, et à La Sou-terraine, dans la Creuse, en créant le Centre na-tional de formation aux métiers de l’eau(CNFME). Avec plus de 6 000 stagiaires par an.

n La plus grande région de FranceAvec 5,8 millions d’habitants, la nouvelle régionsera la quatrième de France en termes de popula-tion. Pour une superficie de 84 100 km², qui faitd’elle la plus vaste de l’Hexagone, soit un septièmedu territoire français.

n Un centre unique à LimogesLe Centre de droit et d’économie du sport a été créé en no-vembre 1978 par François Alaphilippe et Jean-Pierre Kara-quillo pour former des professionnels dans le domaine dusport, informer et conseiller les parties prenantes, développerla recherche dans le droit et l’économie du sport, participer àla gestion des organismes sportifs.

GRANDE RÉGION EXPRESS

La région ne manque pas de talents et de savoir-faire. Elle gagne même en complémentarité. Tour d’horizon

Nos atouts maîtres

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1. Le développement de la technopole de LimogesInaugurée il y a vingt-deux ans en zonenord à Limoges, la technopole Esters’étend aujourd’hui sur un parc de210 hectares et se développe autour desix pôles de compétences : céramiques,matériaux et traitements de surface  ;électronique, optique et télécommunica-tions ; eau et environnement ; biotech-nologies, santé ; ingénieur ; services. Elleregroupe 130 entreprises, un incubateurtechnologique, quatre grappes d’entre-prises (pôle environnement Limousin, Au-tonom’lab, pôle écoconstruction Limou-sin, Aliptic), deux écoles d’ingénieurs(ENSCI et Ensil) et des organismes de

formation continue. Quatre centres detransfert y sont également installés  : leCTTC (céramique), le Citra (traitementset revêtements de surface), Cisteme(électronique) et Odessol (eau, déchets,sols). La technopole abrite égalementdes laboratoires privés et quatre labora-toires publics. Deux pôles de compétiti-vité font également rayonner la techno-pole en France et à l’étranger  : le Pôleeuropéen de la céramique et le pôleElopsys (électronique, photonique et nu-mérique). Les pôles Viameca et CancerBio Santé sont également rattachés à larégion Limousin. Au total, ce sont au-jourd’hui 2 130 personnes qui travaillentdans le parc technologique d’Ester, quidevrait encore se développer ces pro-chaines années.

2. Les poids lourds de la viticulture françaiseLes vignobles de Verneuil ou ceux dubassin de Brive ne feront pas, sansdoute, beaucoup pencher la balance.Mais la discrétion des vins limousinsn’empêchera pas la grande région des’imposer comme un poids lourd de laviticulture française. Couvrant quelque150 000 hectares entre le Saumur vien-nois, au nord, l’Irouléguy basque, au sud,et les côtes du Brulhois lot-et-garonnaisà l’est, le vignoble régional tiendra la pre-mière place française en termes de nom-bre de signes d’indication de qualité etd’origine avec 155 signes, dont 62 AOCet 7  IGP de vins. C’est, au coude-à-

coude avec Champagne-Lorraine-Al-sace, dans les deux premières placesnationales aussi, qu’elle devrait se situersur le plan des exportations, tirée par lesperformances de l’eau-de-vie de Cognacet des vins de Bordeaux.

3. Les ressourcesdu littoralUn littoral étiré sur près de 800 kilomètresdu Nord charentais au Sud basque, c’estl’échelle que la refonte de la carte desrégions offre à Aquitaine-Limousin-Poi-tou-Charentes. Une côte fragile et attrac-tive, dont les espaces de protection sou-lignent la diversité naturelle. Une côte dynamique aussi, marquée parla variété des secteurs de l’économie

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n Le vin retrouvé de CorrèzeVers 1880, le phylloxéra a rayé de la carte viticole les vinsd’Allassac, du Saillant ou de Voutezac. La renaissance de laviticulture corrézienne a commencé il y a une vingtaine d’an-nées. Le département compte aujourd’hui 70 hectares plantésde vignes et une cinquantaine d’exploitants.

n Clain ValleyImplantée aux portes de la technopole du Fu-turoscope, sur la rive gauche du Clain, Serlifait référence dans le monde en perpétuelleévolution des sociétés de conseil et d’ingénie-rie informatique. Elle est l’une des rares socié-tés à participer au Java community process.

n Aubusson, terre de tapisserieEn septembre 2009, la tapisserie d’Aubusson aété inscrite par l’Unesco comme patrimoine cultu-rel immatériel de l’humanité. En résonance aveccette inscription, le projet de Cité internationale de la tapisserie et de l’art tissé a été lancé en2010. Ouverture au public au début de 2016.

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maritime, pêche, cultures marines etports de commerce, qui la hissent audeuxième rang national, derrière la Bre-tagne.

4. L’équation gagnante du FuturoscopeDepuis l’ouverture du parc du Futuro-scope, en 1987, le modèle de dévelop-pement imaginé par René Monory a étéabondamment étudié et commenté.Trente ans plus tard, il est devenu uneréférence internationale. La locomotivedu Futuroscope reste le parc dont le seulnom est évocateur d’avenir. Avec prèsde 1,7 million de visiteurs par an et desattractions uniques qui lui valent réguliè-rement des prix internationaux, il portel’image de la technopole qui l’entoure.Le Centre national d’éducation à dis-tance (Cned) et le réseau Canopé (ex-Centre national de documentation pé-dagogique) y ont leur siège, à côté del’École de formation des cadres de l’Édu-cation nationale. L’École nationale supé-rieure de mécanique et d’aérotechniqueet l’Institut de physique Pprime y ont im-planté leurs laboratoires. Un tissu d’en-treprises de technologies du numériqueet de la communication en structure le

développement. Dernier venu, un inves-tisseur indien, ICDI, a choisi le Futuro-scope pour implanter le premier datacenter de type Tier IV en Europe. La rai-son de ce choix ? Pour ICDI, le Futuro-scope est un modèle précurseur des« smart cities » de demain.

5. Universités : la région monte en chairesBordeaux pèse lourd dans le paysageuniversitaire français. En Aquitaine-Li-mousin-Poitou-Charentes, ses différentscampus accueillent environ la moitié desétudiants. Ils sont plus de 50 000, quandl’université de Pau et du Pays de l’Adouren compte 12 000, celle de Limoges en-viron 15 000 et celle de Poitiers un peumoins de 24 000. La quatrième de cesuniversités a la particularité d’être l’unedes plus vieilles d’Europe (1431). Cellede La Rochelle est en revanche l’une desplus récentes. Les deux universités dePoitou-Charentes et celle de Limogescultivent le travail en réseau de longuedate au sein d’un pôle de recherche etd’enseignement supérieur devenu unecommunauté d’universités et d’établis-sements. Deux grandes écoles d’ingé-

nieurs lui sont associées : l’École natio-nale supérieure de céramique industrielle,à Limoges, maillon clé du pôle de com-pétitivité céramique  ; l’École nationalesupérieure de mécanique et d’aérotech-nique, à Poitiers, l’une des quatre écolesd’ingénierie aéronautique et spatiale dugroupe ISAE. Deux leviers forts pour ladynamique de la future grande région ?Lire en page 18

6. Lacq : reconversion réussieOn l’avait dit inexploitable, il a fourni plusdu tiers de la consommation nationaleen gaz pendant soixante-six ans… Enpleine reconversion, le bassin de Lacq,dans les Pyrénées-Atlantiques, est ac-tuellement regardé comme le plus grandprojet industriel chimique en France. Leformidable enjeu qui se joue depuis letarissement de 97 % du gisement de gazest non seulement celui du maintien desmilliers d’emplois nés de la mutation desterres agricoles béarnaises en bassin in-dustriel depuis les années  1950, maisaussi et surtout celui de l’avenir du5e pôle chimique français. Le bassin de Lacq représente actuelle-ment 24 donneurs d’ordre, 200 sous-

traitants et 7 500 emplois industriels.Considérée comme exemplaire, sa re-conversion repose sur le projet « LacqCluster Chimie 2030 » et deux engage-ments principaux : l’exploitation dura-ble des 3 % de gaz restants pour ga-rantir l’approvisionnement desindustries locales en énergie et en ma-tière première soufrée ; et le dévelop-pement d’une véritable « CarbonValley » qui, dans le sillage de l’installa-tion de l’usine japonaise Toray, en sep-tembre 2014, pourrait voir la régionprendre une place stratégique dans latrès prometteuse filière de la fibre decarbone.

7. Le poids du secteur touristiqueLa grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes est aussi une grandedestination touristique. Mieux vaudraitd’ailleurs parler des destinations au plu-riel tant l’offre est variée, du littoral auxPyrénées, en passant par la Dordogne,les lacs du Limousin et les parcs de laVienne. Le tourisme pèse lourd : 8,3 duPIB en Aquitaine, 7,9 en Poitou-Cha-rentes et 7,2 % en Limousin.Lire en page 21

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n Mieux accueillir les touristesLa grande région comptabilise 308 officesde tourisme. C’est le département de laCharente-Maritime qui détient le record,avec 46 points d’information. En tout, 74 sont labellisés Tourisme et handicap.

n Une biodiversité protégéeLe patrimoine naturel est également unegrande richesse de la grande région. Ellecomptabilise 21 réserves naturelles na-tionales, des espaces qui présentent unintérêt national ou international, faisantl’objet d’une gestion suivie par l’État.

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8. Des trésors d’énergies renouvelablesÀ chacune ses énergies renouvelables.De l’Aquitaine au Limousin en passantpar Poitou-Charentes, la situation esttrès contrastée à quelques mois de lafusion des trois régions. Question dechoix et de contexte. Ainsi l’Aquitaine a-t-elle un temps d’avance en matière deméthanisation, avec 22 sites, quand Poi-tou-Charentes n’en compte que 9 et leLimousin 7. Mais la donne est très différente en ma-tière d’énergie éolienne. Le schéma dedéveloppement éolien est bloqué par lajustice administrative en Aquitaine, fauted’évaluation environnementale. En revanche, Poitou-Charentes comptaitdéjà 35  parcs en fonctionnement, à lafin de 2014. Près de 50 autres ont dé-croché leur autorisation. Le Limousin encompte cinq. Par ailleurs, dix dossierssont en cours d’instruction. Si Poitou-Charentes a fait du développement du-rable son étendard, chaque territoire estfortement engagé dans ces logiques.

Ainsi l’Aquitaine soutient-elle Blue SharkAtlantique, fabricant d’hydroliennes im-planté à Blanquefort, dont l’une des ma-chines est promise au Verdon. Au-delà de la production, l’heure est auxéconomies d’énergies combustibles.Poitou-Charentes a lancé un plan de dé-ploiement de bornes de recharge pourles véhicules électriques. L’Aquitaine aconstruit à Bègles le premier lycée deFrance à énergie positive. Des pas aussisignificatifs que symboliques vers unetransition énergétique.

9. Niort, royaume de l’économie socialeUne Maison de l’économie sociale, fraî-chement inaugurée à Niort, véritable têtede pont qui donne la mesure du poidsde ce secteur dans l’économie locale.On connaît évidemment la prédominancedes mutuelles d’assurance. Une dynamique née de la charte de lamutualité, en 1898, qui allait promouvoirtout un écosystème dans le Niortais. Dès

les années 1930, le chef-lieu des Deux-Sèvres deviendra une capitale. En 1934est fondée la Maif, suivront après-guerrela Maaf et la Macif. Aujourd’hui, ces troisgéants mutualistes totalisent aujourd’huiplus de 8 400 emplois. Plus tard la SMACL, assurance des col-lectivités locales, se structure et emploie700 collaborateurs. Graviteront de nom-breuses activités dont le fleuron sera laCamif, liquidée en 2008. Laissant un mil-lier d’emplois sur le carreau. Dans l’intervalle, en 1981, apparaîtra InterMutuelles Assistance, qui a lui seul tota-lise 1 700 emplois localement. Plus lar-gement, l’économie sociale et solidaire(mutuelles, associations, entreprises so-ciales, coopératives) concentre près de13 000 salariés dans le Niortais, soit plus38,5  % de l’emploi privé, avec unemasse salariale de 446 millions d’euros.

10. A Brive, l’enjeu de la plateforme logistiqueLa plate-forme logistique de Brive estnée dans les années  1990. Elle com-

prend la zone d’Ussac, elle-même dé-coupée en deux zones. Celle de la gare,qui s’étend sur 27  hectares et qui re-groupe 14  entreprises employant380 personnes, et celle de l’Aiguillon, oùsont implantées 9 entreprises sur 5 hec-tares et où travaillent 95 personnes. Au total, 64 % des entreprises sont spé-cialisées dans la logistique, soit 88  %des emplois. La zone, qui à l’origine de-vait être reliée au rail, a profité de saproximité avec l’autoroute A 20 pour sedévelopper. Toutes les parcelles dispo-nibles sont actuellement occupées. La zone de la Nau, à Saint-Viance, estplutôt centrée sur les activités agroali-mentaires et industrielles. Elle s’étend sur 57  hectares au nord-ouest de Brive, où 400 personnes tra-vaillent pour 27  entreprises, dont Silab(spécialiste des produits cosmétiques),Fruinov (fabricant de produit fruitiers),Francep (transformation et vente dechampignons surgelés) ou encore UVGermi (spécialiste des technologies desultraviolets). Des projets d’extension sonten cours.

n Budget régional global

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n Des malles made in PoitouHéritier d’une longue lignée de malletiers, le bien nomméBenoît Maltier porte haut les couleurs du grand luxe. Forméà l’ébénisterie chez Boulle et au design à l’école Saint-Luc,il a pignon sur rue à Paris, mais c’est à Neuville-de-Poitou,dans le berceau de sa famille, qu’il a implanté son atelier.

n Chaos granitiques de la Gâtine poitevineSituées dans les Deux-Sèvres, ces étranges et pitto-resques roches résultent de la désintégration de vastesdalles granitiques à l’issue d’un processus géologique longet complexe. Ils se trouvent à la charnière du Massif armo-ricain et du Massif central.

n Dix agglomérations de 100 000 habitantsBordeaux est loin devant, avec 1,1 million d’habitants dansson aire urbaine. Bayonne et Limoges sont au coude-à-coude, avec 284 000 et 283 000 habitants. Alors que Péri-gueux franchit la barre, avec 102 000 habitants.

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11. L’excellence des savoir-faireEn Limousin, pour ne pas rester isolés,les acteurs du luxe se sont regroupéspour constituer le pôle «  luxe et excel-lence  ». Il est aujourd’hui composé de18 entreprises, qui emploient 495 per-sonnes et réalisent un chiffre d’affairesde 44 millions d’euros. On y retrouve no-tamment des grands noms de la porce-laine (comme JL Coquet ou Laplagne)du cuir (comme Agnelle ou Chapal), descosmétiques (Sothys) et de la haute cou-ture (C2000, Lou Kasatché). Le Limousin n’est pas isolé dans sa vo-lonté de promouvoir ses entreprises etses artisans. À la fin de 2014, la régionAquitaine a par exemple inauguré le Pôled’excellence des métiers du cuir et duluxe, à Thiviers, en Dordogne. Un pôle àvocation interrégionale, entre nos troisrégions promises à la fusion, dont l’ob-jectif est de répondre aux besoins desentreprises en matière de recrutement etde formation des salariés. En 2012, dansles trois régions, 74 entreprises travail-laient dans les secteurs de la chaussure

et de la maroquinerie et employaient3 650 personnes, soit 78 % de l’ensem-ble de la filière cuir.C’est encore le cuirqui réunit quatre villes de Charente, Dor-dogne et Haute-Vienne (Montbron, Non-tron, Saint-Junien et Saint-Yrieix). Ellesse sont associées pour mettre en lumièrela filière cuir et la diversité de ses savoir-faire. Depuis trois ans, leur associationLes Portes du cuir, installée à Saint-Ju-nien, en Haute-Vienne, où un projet deCité du cuir doit voir le jour, organise unsalon grand public et professionnel quiréunit l’ensemble des acteurs de la filièrecuir : entreprises, professionnels, métiersd’art, éleveurs et établissements de for-mation. La troisième édition aura lieu du2 au 4  octobre 2015 à Montbron, enCharente.

12. La plus grande forêt de FranceLa grande région sera la plus grande fo-rêt de France. Avec 3 millions d’hectaresde surfaces boisées, les forêts représen-tent plus du tiers de l’occupation du sol(34 % pour une moyenne nationale de

28  %). Ces forêts, privées à plus de90  %, appartiennent à plus de600 000 propriétaires. Les massifs de lagrande région seront complémentairesavec des feuillus au nord et à l’est (Poi-tou-Charentes, Limousin et Dordogne)et un triangle résineux au sud-ouest re-présenté par le massif des Landes deGascogne, composé de 1 million d’hec-tares de pins maritimes. La grande régionsera également la première région deFrance pour la production et la transfor-mation du bois et se positionne audeuxième rang des régions exportatrices,avec 1,6 milliard d’euros en 2013. Ellerassemble 69 000  salariés, de la sylvi-culture à la commercialisation de gros(22 000 en Poitou-Charentes, 8 000 enLimousin, 39  000 en Aquitaine), soit20 % des emplois en France impliquésdans la filière.

13. L’économie numérique tisse déjà sa toileIls désespéraient. Les voilà ravis. Les ac-teurs des jeux vidéo et des films d’ani-

mation applaudissent des deux mains lacréation de la grande région. Angoulêmeet Bordeaux travaillaient jusqu’à présentdans leur coin. Un pont est jeté entrestudios angoumoisins et entreprises bor-delaises. Des complémentarités vont égalementnaître dans l’e-santé, l’e-éducation et lecommerce connecté. L’Aquitaine est lapremière région française en informatiquede santé. Le groupe Legrand, à Limoges,est branché sur la domotique et travailledéjà avec les chercheurs bordelais del’Inria. Selp Secure, à Angoulême, leadereuropéen de la carte de fidélité et de lacarte à puce, devrait naturellement serapprocher des locomotives bordelaisesdu commerce connecté, Cdiscount entête. Avec de nombreuses entreprises dansle domaine, Bordeaux et Poitiers de-vraient aussi collaborer sur la formationet la création de contenus pédagogiques.Schéma très haut débit et création detiers-lieux seront aussi au cœur despréoccupations des nouveaux élus ré-gionaux.

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Renaud Lavillenie toujours plus hautMais jusqu’où ira-t-il ? Toujours plus haut, évidemment. Champion olym-pique à la perche et détenteur du record du monde, à 6,16 m, Renaud Lavil-lenie n’est pas homme à s’endormir sur son impressionnant palmarès. Leperchiste de 29 ans a reçu le prix du sportif européen de l’année en 2014.S’il est licencié du Clermont Athlétisme Auvergne, il est et reste avant toutcharentais puisqu’il est né à Barbezieux-Saint-Hilaire.

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GRANDE RÉGION EXPRESSn Manuel Diaz, l’as du netNé en 1978 à Limoges, en Haute-Vienne, il crée en 1997 avecson frère Carlos le Groupe Reflect, une agence spécialisée dansla création de sites Internet. L’agence évolue et se rapproche en2007 du groupe de communication belge Emakina, déjà présent dans différents pays européens. Manuel Diaz en est au-jourd’hui le président en France.

n L’enfant de Brive Patrick SébastienNé en 1953 à Brive, Patrick Boutot, de son vrai nom, apassé toute son enfance à Juillac en Corrèze. Il est imita-teur, humoriste, acteur, réalisateur, chanteur, auteur-com-positeur, écrivain, producteur-animateur d’émissions dedivertissement de télévision et ancien dirigeant du club derugby de Brive.

n Pierre Oteiza, l’ambassadeurIl est l’ambassadeur du terroir basque. Éleveur dansla vallée des Aldudes, Pierre Oteiza a réintroduit larace du porc basque Kintoa dans les années 1980.Aujourd’hui, son entreprise produit, transforme etcommercialise les saveurs du Pays basque aux qua-tre coins du monde.

Ils font rayonnQu’ils viennent d’Aquitaine, du Limousin ou de Poitou-Charentes, ces hommes et femmessont les précieux talents de la région.

Les étoiles de Joël RobuchonLe chef le plus étoilé du monde a pignon surrue de Paris à Hong Kong en passant parTokyo, Taipei, Las Vegas et Bangkok. Maisses 28 étoiles au Michelin ne lui ont jamaisfait oublier son Poitou natal. Il a fait son ap-prentissage au Relais de Poitiers. C’est àquelques dizaines de kilomètres, dans l’an-cienne Maison-Dieu de Montmorillon, qu’ilprojette d’implanter son futur Institut de lagastronomie, pour lequel des investisseursasiatiques sont sur les rangs. D’ores et déjà,il vient d’ouvrir un nouvel établissement, LaGrande Maison, à Bordeaux.

RichardTexier :parfums d’ailleursIl est exposé sur tous les conti-nents. Son art de la peinture etde la sculpture se conjugueavec son goût pour lesvoyages. Ceux qu’il fait avecses ateliers nomades commeceux vers lesquels l’entraîne sariche cosmogonie. RichardTexier est un artiste inclassable. Né à Niort, cet enfant du Marais poitevin nerate d’ailleurs pas une occasion de rappeler que c’est le littoral charentaisqui a nourri ses paysages imaginaires. Il y revient régulièrement, de Cor-douan à Ré, en passant par Rochefort et La Rochelle.

Patrick Sobral, auteur à succèsdes LégendairesPatrick Sobral a travaillé douze ans comme décorateur sur porcelaineavant de se lancer dans la bande dessinée. C’était en septembre 2004avec la parution du premier tome des Légendaires, « La pierre de Jové-nia ». En septembre 2014, le Haut-Viennois a sorti le 17e tome, « L’exodede Kalandre ». En dix ans, il a vendu plus de 2 millions d’albums. Grisant ?Même pas. Patrick Sobral, 42 ans, a déjà annoncé la fin de la série pour letome 25. « Si j’arrête, explique-t-il, ce ne sera pas faute d’idées. Mais ilfaut conclure un jour ».

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n Le bâtisseur Clément FayatNé en Corrèze, c’est à Libourne, en Gironde, que Clé-ment Fayat fonde son entreprise de travaux publics en1957. Elle est aujourd’hui implantée dans 120 pays etpèse 3,5 milliards de chiffre d’affaires. Elle participe àde grands projets, à l’instar de la construction du nou-veau stade de Bordeaux.

n Francis Cabrel, fidèle au Lot-et-GaronneNé à Agen en 1953, il est une des figures em-blématiques de la chanson française. Avecplus de 13 albums au compteur, Francis Cabrela vendu près de 21 millions d’exemplaires. Il vittoujours à Astaffort.

n Gérald Dahan, faussaire de voixIl s’est distingué par ses imitations, en pié-geant de nombreuses personnalités lors decanulars téléphoniques. Gérald Dahan estoriginaire de Cognac, en Charente. Il est aujourd’hui très présent à la radio.

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Marc Prikazsky, un veto à la conquête de la ChineÀ 56 ans, Marc Prikazsky conserve l’entrain du vétérinaire des ar-mées qu’il était à ses débuts. Il a grimpé tous les échelons de l’in-dustrie pharmaceutique, d’abord à Paris puis à Libourne, alorsque Ceva Santé Animale était encore une filiale de Sanofi. Ce filsd’un immigré tchèque marié à une Orléanaise est à la tête du 8elaboratoire vétérinaire mondial, employant 3 500 salariés. C’estdepuis Libourne, le siège de Ceva, que ce gros bosseur pilotecette croissance avec ses équipes. Il vise 1 milliard d’euros dechiffre d’affaires.

Gilles Clément, le cœur au naturelGilles Clément est un jardinier à l’origine du jardin en mou-vement. Ingénieur horticole, paysagiste, il est égalementécrivain. Il s’installe en 1977 à Crozant, dans la Creuse, oùil développe ses connaissances et laisse toute sa place àla biodiversité. Il mène en parallèle un projet politiqued’écologie humaniste, qu’il fait découvrir via un essai,« Thomas et le Voyageur », en 1996. Avec son expositionà la Grande Halle de la Villette en 1999 et 2000, le grandpublic fait sa connaissance. Titulaire de la chaire annuellede création artistique au Collège de France en 2011,Gilles Clément est le créateur de nombreux jardins, dontcelui du quai Branly, à Paris, ou ceux de l’Arche, à la Dé-fense.

Laurent Koscielny, le seul international de la CorrèzeComme beaucoup de petits garçons, le Corré-zien Laurent Koscielny rêvait d’être footballeurprofessionnel. Un rêve devenu réalité… un jourde défaite. C’était en 2003, lors du quart de fi-nale de la Coupe Gambardella Limoges-FCLyon. Repéré par l’En-Avant Guingamp, le jeuneTulliste y commence à 18 ans une nouvelle vie.Pendant sept ans, le Corrézien progresse :Guingamp (L2), Tours (National et L2), Lorient(L1)... En juillet 2010, le défenseur intègre le clubanglais d’Arsenal. Son parcours international luia ouvert les portes de l’équipe de France : 22sélections entre 2011 et début 2015.

Stéphanie Geyer Barneix et AlexandraLux, généreuses « givrées »Les deux amies sont championnes du mondede sauvetage côtier (l’une en 2000, l’autre en2010) et rien ne les arrête ! Après avoir traversél’Atlantique Nord depuis l’île canadienne duCap-Breton jusqu’au Capbreton landais, leurville d’origine, Stéphanie Geyer Barneix etAlexandra Lux ont réussi à rallier l’Antarctique enpaddle via le cap Horn. Reconnues par le Gui-ness Book des records, le moteur de ces coura-geuses « givrées » (comme elles se surnommentelles-mêmes) est la sensibilisation du public à lapréservation de l’eau.

Michel Haïssaguerre, l’as du cœur bordelaisIl est né en 1955 à Bayonne. Actuellement professeur de cardiologie, ilexerce à l’hôpital du Haut-Lévêque de Bordeaux-Pessac et fait partiedes chercheurs les plus reconnus au monde. Spécialiste de l’électro-physiologie cardio-vascu-laire, Michel Haïssaguerreest à l’initiative de la créa-tion à Bordeaux de Liryc(Institut de rythmologie etmodélisation cardiaque), uncentre multidisciplinaire dé-dié à la compréhension despathologies cardiaquesélectriques responsables de300 000 décès chaque an-née en Europe.

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Les sept merveilles

Les PyrénéesLe pic du Midi d’Ossau s’élève à 2 884 mètres

au cœur des Pyrénées

Les parties basque et béarnaise des Pyrénées et leur piémont regorgentde splendeurs à couper le souffle. Les vallées d'Aspe, du Barétous et del'Ossau conduisent aux légendaires pics d’Anie, du Midi d’Ossau et aux

arêtes dolomitiques du cirque de Lescun ; mènent aux mythiques cols del’Aubisque, de Marie-Blanque, ou du Somport. La Rhune signe l’horizondes stations balnéaires du sud. Les gorges de Kakuetta étourdissent. Lagrotte de La Verna entretient son record de plus grande salle souterraine

ouverte au public au monde, comme Artouste s’enorgueillit de celui dupetit train touristique le plus haut d’Europe. Les plus belles randonnéescroisent les chemins de pâture et la transhumance se perpétue au prin-

temps à deux pas des domaines des stations de sports d’hiver.

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Le Bassin d’ArcachonLe banc d’Arguin est un banc de sable d'environ 4 km delong sur 2 km de large à marée basse

Echancrure presque triangulaire dans la ligne au cordeau de la côte d’Argent, la lagunedu Bassin d’Arcachon offre les paysages parmi les plus changeants et les plus admira-bles de la région. Entre le Nord, où la presqu’île du Cap-Ferret résiste aux assauts par-fois furieux de l’océan, et le Sud où s’alanguit la plus haute dune d’Europe, un petit ac-croc de 3 km environ laisse entrer et sortir de 250 à 500 millions de m3 d’eau à chaquemarée. Imperturbables à ce manège, les 80 km de côte continuent d’alterner villagesostréicoles, roselières, prés salés, refuges ornithologiques et stations balnéaires aux ar-chitectures pleines de cachet. A l’entrée du Bassin, l’époustouflant banc d’Arguin s’as-treint à ne jamais se ressembler. Au milieu, veille l’île aux Oiseaux et ses cabanes tchan-quées. Tout autour, exhale l’air pur de la plus vaste forêt d’Europe.

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n Gare de Limoges La gare des Bénédictins, inaugurée le 2juillet 1929 est considérée comme unedes plus belles gares d'Europe. Ce bâti-ment est apparu dans plusieurs films decinéma dont « Ceux qui m'aiment pren-dront le train » de Patrice Chéreau.

n Crozant Situé dans la Creuse, Crozant a inspiré de nom-breux peintres comme Armand Guillaumin et PaulCastans à partir du XIXe siècle. D'autres les rejoin-dront et donneront naissance à l'école de Crozant,une école sans maître qui désigne ceux qui onttrouvé l'inspiration sur les rives de la Creuse.

n Un trésor de peinturesAndré Malraux la considérait comme « la Sixtine de l’époqueromane ». Aux confins du Poitou et du Berry, l’abbaye deSaint-Savin-sur-Gartempe abrite un précieux trésor : 460 m2

de peintures murales réalisées à la fin du XIe siècle et audébut du XIIe siècle. Cet ensemble unique lui a valu d’êtreclassé au patrimoine mondial par l’Unesco en 1983.P

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Les îles charentaisesDes cabanes qui donnent à l’Île d’Oléron ses couleurs

Même les ponts qui relient les deux plus grandes d’entre elles au continent n’y ontrien changé. Les îles du littoral charentais exhalent un parfum d’ailleurs. Ré la pluschic, Madame la plus sauvage, Aix la plus étonnante et Oléron la plus authen-tique… Elles sont depuis le 4 avril dernier au cœur du tout nouveau parc naturelmarin des pertuis. Un écrin officiel pour des bouts de terre dont la fragile beautéinvite à la flânerie. Elle se conjugue au rythme du ballet des bateaux de pêchedans le port de la Cotinière et à la lumière blanche des ruelles de Loix-en-Ré. Ellepousse à la promenade dans les méandres des sentiers d’Aix, entre roses tré-mières et maison où Napoléon passa ses derniers jours en terre française, aprèsWaterloo. A quelques encablures de Fort Boyard, l’histoire n’est jamais loin desplages et des parcs ostréicoles.

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n Château de BonaguilErigé fin XVe sur trois assises de roche, Bonaguil, en Lot-et-Garonne, est l’archétype du château fort. Toujours admirépour l’extraordinaire sophistication de ses défenses (deuxenceintes, sept ponts-levis, treize tours…), ce château-mo-dèle voulu imprenable a eu la cocasse coquetterie den’être jamais attaqué !

n L’église d’Aubeterre-sur-DronneL'église monolithe Saint-Jean d’Aubeterre-sur-Dronne a laparticularité d’être creusée sous le château probablementau début du XIIe siècle dans des proportions exception-nelles : 20 mètres de hauteur. Unique en Europe, elle pos-sède une nécropole de plus de 160 sarcophages.

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LascauxLa grotte de Lascaux reçoit 270 000 visiteurschaque année

Elle avait tout pour devenir légendaire… Son voisinage avec Cro-Magnon, auberceau de la Préhistoire, sa découverte romanesque par un quatuor demômes courant après un chien perdu, ses peintures polychromes. La grotte deLascaux est considérée comme l’une des plus importantes des grottes paléoli-thiques par le nombre et la qualité des peintures et gravures qu’elle présente.Pour des raisons de protection, c’est, depuis 1983, dans son fac-similé toutproche, que peuvent s’admirer les fidèles chevaux, aurochs, bisons, cerfs, bou-quetins et autres ours qui sont la copie exacte de leurs modèles de 17 000 ans.

Le Marais poitevinPromenades en barque, vélo ou canoë, de nombreusesactivités sont proposées dans le Marais poitevin

Il aura fallu dix-huit ans pour que le Marais poitevin redevienne « Parc naturel régional», en mai 2014. Par la grâce d’un décret ministériel qui rend ce label à ce riche etprestigieux patrimoine à cheval sur les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime et la Ven-dée. La qualité de ses paysages et la biodiversité de la deuxième zone humide deFrance sont reconnues à l’échelle européenne. Le Marais poitevin abrite plus de 150espèces de faune et de flore.

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Collonges-la-RougeCollonges-la-Rouge est une étape du pèlerinage de Saint-Jacques-

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C'est en 1969 que Collonges, en Corrèze devient « la Rouge », la couleur de ses pierres. L'explication estgéologique : la faille reliant le bassin de Brive à Meyssac marque la rupture entre les sols calcaires et les

sols de grès que l'oxyde de fer a rendus rouge. Dès le VIIIe siècle, le village est une étape du pèlerinage deSaint-Jacques-de-Compostelle. Lieu de prédilection pour les nobles de la Vicomté de Turenne, véritable

État dans l’État, l'activité de Collonges décline avec la crise du phylloxéra suivie de l’exode rural. Au-jourd'hui Collonges vit de ses richesses patrimoniales.

La Vallée de la DordogneLe gouffre de Padirac est considéré comme l’une des plusgrandes curiosités géologiques de France

Entre Sousceyrac et Souillac, sur 55 kilomètres, la Vallée de la Dordogne fait la belle dans leLot. Elle regorge de trésors. On y trouve des plus beaux villages de France (Loubressac,Autoire et Carennac), des châteaux (Castelnaud-Bretenoux,Montal), des cités charmantescomme Martel, la ville aux sept tours et des sites d'exception comme le gouffre de Padirac.Les premiers hommes ont laissé dans cette vallée des traces de leur passage notamment àtravers de magnifiques exemples d'art pariétal et de dessins préhistoriques que l'on peutadmirer encore aujourd'hui dans les grottes de Lacave, de Presque, de Cougnac...

n Le chalet Mauriac de Saint-SymphorienDessinée entre 1889 et 1891 par Marcel Ormière, cette mai-son a été voulue par la mère de l’écrivain. Elle est devenue unlieu de résidence pour des auteurs contemporains, abordanttoutes les formes d’écriture : écriture numérique, dramatique,cinématographique…

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14 • la grande région

n PauLa capitale du Béarn cultive de plus en plus sesambitions de « slow city ». Renouant avec l’artde vivre qui avait fait d’elle l’une des stations cli-matiques les plus courues, elle aspire à faire dé-couvrir le panache de sa douceur de vivre.

n PérigueuxVille d’art et d’histoire se targuant d’avoirétabli l’un des plus vastes secteurs sau-vegardés de France, Périgueux promèneses visiteurs de l’époque gallo-romaine au Moyen Âge et à la Renaissance.

n AngoulêmeCapitale de la bande dessinée et pré-fecture de la Charente, Angoulême ahérité d’un patrimoine historique, religieux et urbain remarquable qui at-tire de nombreux visiteurs.

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elle. Avec cette végétation qui lutte. Cen’est pas confortable, et ça me plaît. »Le marché des Capus, qui a accueillil’essentiel de sa vie sociale pendant dix-huit mois.

Sans oublier le jardin suspendu desDouves, que même bien des Bordelaisignorent. Elle y retrouve les mêmes clo-chards sur les mêmes bancs, cela larassure. La boucherie du Rif, « dont onne sait pas si c’est une pouponnière ouune boucherie ». Et puis elle parle encoredu Muséum d’histoire naturelle, dont elleguette la réouverture, des portes quis’entrouvrent en laissant apparaître desdécors fascinants.« C’est très facile, insiste-t-elle, mêmesi ça prend du temps de s’habituer –surtout, au changement de rythme. J’ail’impression que je ne sais plus traverserla rue à Paris ! » Et quant à Paris, juste-ment, bientôt à deux heures de Bor-deaux… «  C’est trop court, tranche-t-elle. On n’a plus l’impression de voyager.Mais ça ne fait rien. Je trouverai unmoyen. Je prendrai le train de nuit ! »

Trois regards sur leur ville

L’autre Bordeaux de Delphine GleizeRéalisatrice bordelaiseCarine Arribeux

La perspective d’un Bordeaux à deuxheures de Paris, la proximité de la mer,l’altière élégance du XVIIIe, la dynamiqued’une métropole en pleine expansion…Aucun des arguments habituellementavancés pour justifier l’installation desnéo-Bordelais ne semble avoir pesé auxyeux de Delphine Gleize. Il y aura troisans que la réalisatrice a déballé ses car-tons à la jonction des vieux quartiers deSainte-Croix et Saint-Michel. Elle vientde finir d’écrire là son cinquième long-métrage, « Lily of the Vally », qu’elle tour-nera à l’automne. Avec Bordeaux, touts’est fait peu à peu, après une arrivéeaux airs de coup de foudre. «  J’ai vuune photo de l’appartement alors queje cherchais un fauteuil sur Le Bon Coin,raconte-t-elle. Deux jours après, je l’aivisité. En repartant, je ne me m’imaginaisplus vivre ailleurs.  » Il n’avait pas étéquestion de quitter Paris. Quelques moisplus tard, Delphine Gleize et sa familles’installaient…De Bordeaux, la jeune femme ne se rap-pelait que la façade noircie des quaislongés tous les étés lors de la migrationdes grandes vacances chez ses grands-parents montois. « C’était un Bordeauxdu David Lynch d’“Eraserhead”, dit-elle.Un endroit de passage et de fantasma-gorie. J’avais envie de voir derrière.  »Mais c’est d’abord hors du tempsqu’elle a pris ses appartements. Dans un ancien hôtel de la monnaie de1755 dont la porte cochère abrite unjardin caché. Sensible aux lieux de l’en-fance comme à l’enfance des lieux, elleest convaincue que « les endroits qu’onaime sont ceux dans lesquels on inscritune histoire ». La sienne dans Bordeaux s’est faite parpetites touches. Elle cite la base sous-marine, où elle a vu un concert de Me-lody Gardot peu après être arrivée. « Lapart monstrueuse de la ville est là, dit-

Delphine Gleize dans le jardin suspendu des douves. Photo Carine Arribeux

Balade à Limogesavec Laurent BourdelasMédiéviste et écrivainAnne-Sophie Pedegert

Elle cite la basesous-marine : « Lapart monstrueusede la ville est là.

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Ces personnalités nous ouvrent les portes de leur cité et nous en livrent un récit personnel et intime de ces rues,lieux et ambiances qui en font le charme

La visite intime de Limoges de LaurentBourdelas commence dans le quartier dela cathédrale. Normal, il a fait ses premierspas juste à côté, dans les jardins de l’Évê-ché. « C’est un endroit que j’aime beau-coup, parce que de la cathédrale on peutaller au BAL, le musée des Beaux-Arts deLimoges, puis traverser les jardins et des-

cendre jusqu’aux quais pour faire une pro-menade sur les bords de la Vienne, qui ontété aménagés. » Fils d’un conducteur detrains, Laurent Bourdelas nous emmèneensuite dans le quartier de la gare des Bé-nédictins, où il a aussi habité enfant. Faceà la gare, le Champ de Juillet et le débutde la rue Aristide-Briand. « C’est une rue

   

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que j’aime beaucoup, confie-t-il. C’est laplus longue de la ville. Côté ville, on re-marque l’urbanisme du XXIe siècle puis,en longeant la ligne de chemin de fer, on

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n Brive-la-GaillardeSous-préfecture de la Corrèze et ville dela plus peuplée du Limousin, Brive-la-Gaillarde est célèbre pour sa collégialeSaint-Martin, qui possède une crypte duVe siècle, et son musée d’Art et d’His-toire, de style Renaissance.

n BiarritzLa plus élégante des cités balnéaires sud-atlantiquescontinue d’exercer son charme à part entre la luxueuseatmosphère hors du temps, mais pleine du souvenir de l’impératrice Eugénie, et l’art de vivre basque, attirant chaque année des centaines de milliers de touristes.

n BergeracTrouvant son origine dans l’existenced’un château construit au XIe siècle enbord de Dordogne, Bergerac est aujourd’hui une ville active grâceau tourisme et à la viticulture.

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Poitiers, ville marquée par l’histoire. Poitiers,ville qui a marqué l’histoire. « C’est là quej’ai passé les dix-huit premières années dema vie », raconte Franck Ferrand, le fils duboucher de l’étroite rue de la Tranchée,devenu le Monsieur Histoire de France 3et d’Europe 1. « J’étais fasciné par la statuedu comte de Blossac, surintendant du Poi-tou, dans le jardin anglais du parc de Blos-sac, où je jouais et où je faisais du vélo,derrière chez moi. Déjà, j’avais le goût del’histoire. Et j’ai très vite compris que je vi-vais dans une ville d’exception. »La ville de l’église Notre-Dame-la-Grande,joyau de l’art roman, mais pas seulement.« Il y a aussi la cathédrale Saint-Pierre, unedes premières cathédrales prégothiques,avec sa verrière unique, le baptistère Saint-Jean, le plus vieil édifice chrétien d’Occi-dent, sans oublier l’église Saint-Hilaire, àl’ombre de laquelle j’ai grandi, avec sonchevet divin qui est un des sommets del’architecture, s’enthousiasme Franck Fer-rand. Et puis on parle de Poitiers à chaquechapitre d’un livre d’histoire, avec Clovis,Jean le Bon, Rabelais, l’examen de Jeanned’Arc… » L’historien se paie même le luxed’oublier Aliénor.Franck Ferrand a grandi. Il est parti, et ilest revenu. La ville a changé. Son regardaussi. « J’ai redécouvert un autre Poitiersen tant que Parisien en goguette le week-end, avec les petits commerces de la ruede la Cathédrale et de la Grand’Rue. Lesrestaurants, les bars et les terrasses deson magnifique ensemble piéton à l’urba-nisme très réussi. Sans oublier ses étu-diants, puisque l’université s’est dévelop-pée de façon formidable. » Mais Poitiers

est aussi une ville marquée par la géogra-phie. Le Plateau, son centre-ville dressésur un promontoire découpé au fil des mil-lénaires entre les vallées du Clain et de laBoivre, offre une magnifique position dé-fensive. Il peut aussi isoler.

«  C’est une ville très réservée avec sesgrandes familles, ses magistrats, sa bour-geoisie catholique… Poitiers n’a ni le punchde Tours, ni la joie de vivre de La Rochelle »,reconnaît objectivement son ambassadeur.« Poitiers se cache. C’est finalement uneville où il faut être invité. Si vous êtes unsimple touriste et que vous n’êtes pasguidé par des Poitevins, il y a des chancesque vous passiez à côté. » Comme dansles meilleurs musées.

« Poitiers se cache.Si vous êtes

un simple touriste et que vous n’êtes

pas guidé par des Poitevins, il y a

des chances que vous passiez

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Laurent Bourdelas a grandi à deux pas du quartier de la gare. Photo Thomas Jouhannaud

Franck Ferrand est le « monsieur Histoire » d’Europe 1. Photo A. Detienne/Capa Pictures/Europe 1

Franck Ferrand et Poitiersl’histoire au cœurHistorien et journalisteBaptiste Bize

« J’aime beaucoupla programmation

des centres culturelsmunicipaux, à la fois

pointue etpopulaire. »

passe devant d’anciennes devantures decommerces avant d’arriver progressive-ment à la campagne. »Après la promenade, Laurent Bourdelaspropose aux visiteurs de rejoindre le cen-tre-ville pour se restaurer. « J’aime beau-coup manger au cœur des halles, placede la Motte, ou dans les restaurants quisont autour. Tout près se trouve Le Ver-sailles, qui existe depuis 1832. On peutaussi rejoindre la rue Charles-Michels, quel’on surnomme “la rue de la soif” – elle aété refaite, et l’on peut y manger en ter-rasse. Il y a aussi l’incontournable Bras-serie Michard, où l’on peut boire desbières, place Denis-Dussoubs, à côté ducinéma. » Mais Laurent Bourdelas aime particuliè-

rement la richesse culturelle de la ville  :« Depuis les années 1970, j’aime beau-coup la programmation des centres cul-turels municipaux. Je trouve qu’elle estvraiment très variée, de qualité, à la foispointue et populaire. » Notre guide aimeles petits théâtres, La Passerelle, Expres-sion 7 – « deux théâtres ouverts sur lesécritures contemporaines » –, mais aussile Théâtre de l’Union, l’Opéra Théâtre. Ilmesure aussi le rayonnement de la ville àses entreprises emblématiques. « Quandon parle de Limoges, on pense d’abord àBernardaud, explique-t-il. C’est une en-treprise familiale qui a su passer d’un sa-voir-faire traditionnel à la modernité, en fai-

sant appel à des designers mondialementreconnus. Je pense aussi à Weston et àses chaussures encore fabriquées à lamanufacture de Limoges, et puis à Le-grand, qui est passée de la fabrication depièces en porcelaine à l’appareillage élec-trique. Une entreprise du CAC 40 qui afait le choix de garder son siège social àLimoges et dont le nom brille dans lemonde entier. » Laurent Bourdelas aime sa ville. Il rêveraitde voir le centre-ville devenir entièrementpiéton et que les lignes de chemins de ferqui entourent la ville puissent être utiliséespour un tram-bus. L’occasion de voir, làaussi, la ville d’un autre œil.

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16 • la grande région

n Limoges au centreLimoges Métropole regroupe 19 communes et compte212 000 habitants, soit près de la moitié de son départe-ment, la Haute-Vienne. Par sa situation géographique cen-trale, elle est située sur un axe de transport dynamique quipermet de relier nord-sud, est-ouest par la route, le train oul’avion.

n Poitiers et ses atoutsSi Bordeaux va lui ravir la place, Poitiers resteune capitale régionale à forte identité. Une« ville aux cents clochers », lieu de patrimoineet de culture. Elle a accueilli 15 000 personneslors de la « Gamer Assembly » en avril 2015,un salon entièrement dédié aux jeux-videos.

n La Rochelle, la belleCette cité millénaire est un port, une forteresseet un lieu de culture. Forte de 79 000 habitants,elle rayonne sur l’ensemble de la Charente-Ma-ritime et devient chaque été l’épicentre de lamusique francophone grâce au festival desFrancofolies.

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Bordeaux, comme une évidence

Hier endormie, Bordeaux est la métropole de la future Grande région Sud Ouest. D’autant

qu’elle a accompli une transformationspectaculaire depuis dix ans. Un renouveau

à confirmer sur le plan économiqueJean-Bernard Gilles

A chaque fois, la même remarque.Le visiteur qui retrouve Bordeauxaprès s’en être éloigné tombesous le charme. La courbe dela Garonne, débarrassée de ses

hangars portuaires, et le tramway franchis-sant avec régularité le pont de pierre offrentun spectacle gracieux que les habitants del’agglomération bordelaise prennent  plaisirà contempler. Mais le renouveau de Bor-deaux offre bien d’autres surprises. Il fautavoir connu la Bastide rive droite de la Ga-ronne, hier quartier industriel et ferroviaire,pour évaluer aujourd’hui la réussite du projeturbain de Bordeaux. Pour comprendrecomment une volonté collective peut chan-ger le destin d’une ville. Il faut se souvenirde l’aéroport de Mérignac il y a 20 ans pourse rendre compte de l’impact croissant del’aéronautique dans une agglomération quine rougit plus de la comparaison toulou-saine. Il faut s’être promené sur la zone duLac il y a mois de cinq ans pour apprécierle développement urbain au nord de la ville.Qui a connu Lormont, Cenon, Bassens etFloirac dans les années 1980 ne reconnaîtrapas ces hauts de Garonne aujourd’hui belet bien arrimés à sa ville-mère. Celle qui asu faire, ou refaire, de son fleuve le cœur desa nouvelle attractivité. Il faut avoir vu la fiertéuniversitaire bordelaise d’être reconnue, laseconde en France, comme pôle d’excel-lence, pour se convaincre du rebond de cesdernières années.

Les quais à la FêteBordeaux accumule les prix. Embarquée àpoint nommé dans la vague déferlante dutourisme urbain, elle multiplie les recordsde fréquentation. Et vient de rejoindre leclub fermé des  « european best  destina-tion ». Pour trois heures ou pour trois jours,le touriste venu de Limoges, de Zurich oude Lille s’y arrête désormais. « Il y avait le15 août dernier rue Sainte Catherine autantde monde que la veille de Noël » confie cevieux bacalanais, un peu ébahi. Alors queles bordelais justement l’avaient déserté.Elle est devenue la ville tendance des an-nées 2000 comme Lyon ou Nantes  ontsu, en leur temps, en tirer parti. La plus vi-sitée, la plus entreprenante, la plus numé-rique…. Quelque soit le sérieux de ces en-quêtes aux ambitions marketing maldissimulées, les succès de Bordeaux sonttangibles. Le label Unesco a dopé sa capacité de sé-duction. Celui de French Tech, décerné parl’Etat il y a quelques mois, a révélé un foi-sonnement de l’économie numérique queles décideurs eux même ne soupçonnaientpas. Agora la biennale de l’architecture,l’évènement urbain que l’agglomérations’est longtemps cherché mobilise désor-mais.  Bordeaux a mis du temps à accepterces transformations. Les travaux du tram-way, la boulimie de construction et de ré-novation  ; mais également la réductiondrastique de la place de la voiture dans

l’hyper centre et la construction du  grandstade furent autant de sujets de discordeet de contentieux dans une ville  de robe,fière d’elle-même et de son droit. Peu à peu, l’agglomération s’est prise aujeu de ces transformations. Les quais re-dessinés par le paysagiste Michel Corajoudattirent à nouveau les foules. Pour la Fêtedu vin que la ville a su enfin se réapproprier.Pour celle du Fleuve qui lui dispute en al-ternance ses affluences. Le label Unescochèrement négocié a été fêté dans toute laville. Plus de 1000 entrepreneurs du nu-mérique ont trinqué ensemble pour le labelFrench Tech qui avait autant mobilisé lesgirondins que la candidature, avortée cellelà, de capitale européenne de la culture. Sile foisonnement des musiques actuellesn’est pas encore pleinement assumé dansles agglomérations,  Bordeaux se doted’une Cité des civilisations du vin de pre-mière importance. Le bâtiment émerge nonloin des Ateliers du Port, l’activité historiquede la ville.

Pas de sièges sociauxMais le pari économique n’est pas encoregagné. Toulouse dispose toujours de plusde chercheurs et de cadres supérieurs quesa rivale de Garonne. Lyon ou Lille voientse dresser les sièges sociaux d’entreprisesnationales que Bordeaux peine encore àattirer. Le Mucem de Marseille draîne 1 mil-lion de visiteurs chaque année. Aucun site

bordelais n’atteint aujourd’hui la moitié. Levolet économique du renouveau de l’ag-glomération est encore à concrétiser. Eu-ratlantique, quartier d’affaires XXL qui doitémerger autour de la gare Saint Jean àcompter de 2017, date de l’arrivée de laLigne à Grande Vitesse qui mettra Bor-deaux à deux heures de la gare Montpar-nasse, traduit cette attente. Il attire au-jourd’hui des acteurs locaux ou régionaux(Fayat, Caisse d’Epargne, Mazars, peut êtrela direction des retraites de la Caisse desDépôts…) mais qui ne font que déménager.Quelques investisseurs nationaux  sûrs  deleur placement. Bordeaux parade chaqueannée au Mipim de Cannes, rendez vouseuropéen des professionnels de aména-gement et des investisseurs. Mais laconcurrence est rude. Les décideurs vontà Londres, Bruxelles et à Paris pourconvaincre des  nouveaux atours et desatouts économiques bordelais. Dès janvier2016, Bordeaux sera déjà la métropole dela Grande région, Cœur Atlantique ou Nou-velle Aquitaine. Les rochelais, corréziens etcharentais ne lui contesteront pas le titremême s’ils ne sont pas fâchés, à l’occasion,de faire chuter  l’équipe locale de Rugby àChaban-Delmas, son nouveau chaudron.Cet adoubement sera une étape supplé-mentaire sur le chemin de métropole euro-péenne que Bordeaux cherche désormaisà conquérir. Elle ne l’est pas encore. Et doitse convaincre parfois qu’elle le peut.

Centre touristique incontesté, la ville mise sur son image de marque pour attirer les investisseurs . Photo Laurent Theillet

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La grande région • 17

n Intérieurs de jets à PoitiersSes concurrents se comptent sur les doigts d’une mainet ne sont guère qu’une dizaine en Europe. A Poitiers,ACH dessine et aménage les intérieurs d’avions. Outredes compagnies aériennes, elle compte parmi ses clientsdes propriétaires de jets privés pour lesquels elle fait du sur-mesure.

n Lisi investit à MarmandeLe groupe Lisi Aerospace, basé à Belfort, investit plusde 20 millions d’euros dans son usine de Marmande, rachetée à la famille Le Creuset en 2011. L’entreprise quiproduit des fixations et des composants de structurespour Airbus et Boeing est dopée par la montée en puis-sance des commandes de l’aviation civile.

n La Mecanic Vallée, bassin dynamiqueÀ cheval sur la Corrèze, le Lot et l’Aveyron, s’est construitpeu à peu un ensemble cohérent de plus de 210 entre-prises et 14 000 emplois autour d’entreprises leaders spé-cialisées dans la mécanique et le travail du métal. Que ce soit Borg Warner à Tulle, AD Industrie à Brive ou Ratier Figeac à Figeac.

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Aéronautique, des entreprises en pointe

Le secteur aéronautique des trois régions pèsera lourd au 1er janvier prochain. Dans la maintenance, la nouvelle entité affiche de solides ambitionsJean-Bernard Gilles

T oulouse domine le pôle de com-pétitivité Aerospace Valley, quiréunit l’Aquitaine et Midi-Pyré-nées. Le renfort de la région Poitou-Charentes dans la future

entité régionale amorce un rééquilibrage. Il faut dire que trois poids lourds animent lesecteur. Stelia Aerospace a toujours sonsiège social à Rochefort, même si son cen-tre de gravité s’est  rapproché de la Villerose. Créée le 1er janvier dernier, elle est fi-liale à 100 % d’Airbus Group, fruit de la fu-sion de la Sogerma, basée à Rochefort etMérignac, et d’Aerolia. Ce numéro un européen des aérostructuresfabrique des sièges de pilotes pour avionset hélicoptères, des fauteuils de passagersmais aussi des éléments de fuselage. Il pèse1,65 milliard d’euros de chiffre d’affaires etemploie plus de 6 000 salariés.

Dassault l’Aquitain

Le deuxième poids lourd, Dassault Aviation,n’a pas son siège dans la région mais sonhistoire industrielle est indissociable del’Aquitaine. L’entreprise s’installe en Gironde au sortir de la guerre. Elle y a conçu et as-semblé plusieurs générations d’avions mili-taires français, du bon vieux Flamand quitrône encore à l’entrée des hangars de Mé-rignac jusqu’au Rafale, l’avion de combatde l’armée française, qui  s’exporte au-jourd’hui. Dassault emploie en Aquitainequelque 2 800 salariés dans ses usines deBiarritz, de Martignas et de Mérignac. Il yassemble ses Rafale et sa gamme d’avionsd’affaires Falcon, dont le marché, dépriméaprès la crise de 2008, reprend des cou-leurs.L’entreprise Safran est plus discrète, maiselle est le premier employeur industriel detoute la grande région avec 8 500 salariés.Présent à Bordes et Tarnos au sud de larégion,où il produit ses turbines d’hélicop-tères, elle fabrique ses trains d’atterrissageà Bidos. Safran est un des acteurs majeurs du sec-teur spatial girondin avec sa filiale Herakles,2 200 emplois, qui fournit les moteurs et

les carburants des lanceurs de la fuséeAriane, mais aussi des missiles. Poitiers Sa-gem, également filiale de Safran, emploieplus de 400 salariés. Snecma dispose àChâtellerault d’une importante unité demaintenance des moteurs d’avion militaires.

Le poids croissant de la maintenance

La filiale de Safran y réalise des opérationsde maintenance des moteurs militaires quel’armée confie à l’Atelier industriel de l’aé-ronautique de la Défense, l’AIA de Bor-deaux. La maintenance sera sans doute undes pôles d’excellence de la filière aéro-nautique de la grande région. « Dans lesvingt prochaines années, les compagniesqui achètent devront fortement investir dansleur entretien et maintenance, la valeur ajou-tée est là », affirme Alain Rousset, présidentdu Conseil régional aquitain. La collectivité qu’il préside a eu du nezlorsqu’elle a racheté à la Direction généralede l’armement, en 2010, son centre de for-mation de Latresne, rebaptisé Aerocampus.En peu d’années mais au prix de nombreuxinvestissements, celui-ci est devenu une ré-férence nationale de la formation initiale etcontinue aux métiers de la maintenance.Sabena, Dassault, Sogerma, Eurocopter,Airbus y forment apprentis et salariés. La toute récente création à Bordeaux rivedroite du nouvel établissement national deSnecma conforte cette orientation. Le mo-toriste du Rafale, qui y regroupe ses divi-sions d’élite de maintenance des moteursmilitaires, vient amplifier ce rebond et cettediversification. Une réussite à la fois civile et militaire. Carc’est à Mérignac, en Gironde, que sont ve-nus ces dernières années s’implanter lecommandement des forces aériennes (CFA)et la structure intégrée de maintien en condi-tion opérationnelle des matériels aéronau-tiques de la Défense (Simmad). Près de3 000 militaires au total qui font de l’agglo-mération bordelaise aujourd’hui une tête depont incontournable de l’aéronautique fran-çaise. L’ensemble de la grande région sauraen profiter.

Les grandes entreprises du secteur forment leurs recrues sur l’aérocampus de Latresne, en Gironde. Photo Laurent Theillet

La Sogerma, basée notamment à Rochefort, a fusionné avec Aérolia. Photo Xavier Léoty

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18 • la grande région

n Une région de pêche En tout 528 navires de pêche sont armés dans les régionsAquitaine (297) et Poitou-Charentes (231). Ces unités fonttravailler 1809 marins. En termes d’emploi la région seclasse deuxième, derrière la Bretagne.

n Huîtres et moules, un marché qui pèse La grande région a aussi de nombreux atouts dans la pêche et la conchyliculture. Elle représente par exemple27 % de la production national d'huîtres. La région Poitou-Charentes est le premier centre européen de captage natu-rel et commercialise la moitié de la production nationale, dufait de son statut de bassin d'affinage

n Des ports importants, malgré une baissedu traficLe Grand Port maritime de Bordeaux a réalisé un trafic de8,5 millions de tonnes en 2014, en recul de 5,9%. Il génère 7 800 emplois directs et induits.

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Le littoralprend le large

Une façade étirée sur près de 800 kilomètres du nord charentais au sud basque, c’est l’échelle que la refonte de la carte des régions offre à l’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Une côte à la fois fragile et dynamique Philippe Baroux

D u port de Charron qui s’adosseau sud de la Vendée, à celuid’Hendaye qui regarde versl’Espagne, le Poitou-Charenteset l’Aquitaine réunis offrent à la

future grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes sa vue sur mer. De laCôte basque, au pertuis Breton, en passantpar l’estuaire de la Gironde, c’est un terri-toire d’une exceptionnelle variété. Il dérouleses paysages entre franges rocheuses etcordons dunaires, mêle terre et eau dansles marais, pour s’ouvrir vers la haute merdans le panache turbide des eaux de laGironde, piqué en son cœur par le roi desphares, Cordouan, dont le feu monumentalgarde cet estuaire.

Cap sur la protection Un littoral riche et convoité. Attractif, et doncfragile. Près de la côte, la grande régionsubit la pression foncière, la poussée rési-dentielle, les menaces sur l’environnement.Les équilibres y sont menacés. Treize sitesNatura 2000 en mer soulignent la vigilancedans la préservation des habitats naturels,caractérisant la variété de la faune et de laflore. Les créations du Parc naturel marindu bassin d’Arcachon (420 km2), puis dansla foulée de celui de l’estuaire de la Girondeet des Pertuis charentais (6500 km2), ap-puient aussi l’idée d’un développement rai-sonné des activités.Il ne s’agit donc pas de placer, ici, la naturesous globe. Le champ de l’économie ma-ritime est vaste qui, par la réunion des ré-gions d’hier, hisse cet ensemble audeuxième rang des régions maritimes deFrance, après la Bretagne. Et au premierrang, même, s’agissant de la productionde coquillages. 53 000 tonnes d’huîtres et 17 000 tonnesde moules sont expédiées principalementdepuis la Charente-Maritime, avec le renfortdu bassin d’Arcachon. Pour les produc-teurs girondins, le marché est avant toutrégional, tandis que les ostréiculteurs cha-rentais utilisent le renom de l’appellationMarennes-Oléron, pour vendre sur le mar-ché national, et expédier quelques tonnesà l’international.

La croissance rochelaiseAutre pivot de l’activité, la marine mar-chande prend appui sur les deux GrandsPorts maritimes de La Rochelle et de Bor-deaux, des établissements publics dont lestrafics cumulés, à près de 16 millions detonnes, représentent l’équivalent du cin-quième du Grand Port maritime de Mar-seille. Passé sous la tutelle de l’Etat en2006, le Grand Port rochelais a connu laplus forte expansion ces dernières années.Les 80 millions d’euros d’argent public in-jectés entre 2007 et 2013 dans de lourdstravaux d’infrastructures ont encouragé etaccompagné une hausse constante et ré-gulière des trafics, notamment céréalier. LaRochelle tire du grain 45% de son volumed’activité, au deuxième rang national der-rière Rouen, sur cette filière. Atout du site ?Un accès nautique facile.Cette question de l’accessibilité maritime,très sensible dans l’estuaire de la Gironde,a motivé l’investissement récent du GrandPort de Bordeaux pour creuser une nou-velle passe dans l’embouchure de la Gi-ronde. 5,5 millions de mètres cubes de sa-ble ont été dragués. Le traficd’hydrocarbures caractérise le port de lacapitale d’Aquitaine, à 50% des volumes.Mais, en confiant en début d’année l’ex-ploitation du Verdon à Europorte, filiale dugroupe Eurotunnel, le Grand Port bordelaisaffiche l’ambition de relancer ce terminal,notamment avec les conteneurs.

Fragilité de la filière pêcheBien que de moindre échelle, l’activité desports de commerce de Bayonne (2,6 mil-lions de tonnes), au Pays basque, et deRochefort-Tonnay-Charente (800  000tonnes), en Charente-Maritime, est aussiun baromètre de l’activité des territoiresauxquels ils se connectent. Les céréales,les engrais et la ferraille fondent le socle duport de la Charente, tandis que l’acierieCelsa reste le premier acteur du port bayon-nais dont les trafics d’engrais, et de boissont aussi significatifs.S’il est une filière maritime dans laquelle leregroupement des anciennes régions per-met d’atteindre un seuil intéressant pour

être entendu des autorités européennes,c’est bien la pêche. Le secteur est en proieà des tensions multiples : vieillissement dela flottille artisanale (certaines embarcationsont près de 30 ans), difficulté de recrute-ment des équipages, politique des quotasparticulièrement crispante pour la sole, lethon, la civelle, trois espèces embléma-tiques. La grande région constituée devient

cependant la deuxième de France, aprèsla Bretagne. Maintenir la pêche en l’état estun enjeu majeur, face au joug réglementaireque l’Union européenne pose sur la filière.De ce point de vue, les 51 millions du fondsque la même Europe réserve aux activitésmaritimes de la grande région jusqu’en2019, pourraient redonner quelques cou-leurs à la pêche.

De la côte basque au nord de la Charente, le littoral régional représente 720 kilomètres, sans compter les pourtours des îles charentaises. Photo Nicolas Tucat

Le port de La Rochelle a généré un trafic de 9,4 millions de tonnes en 2014. Photo Xavier Leoty

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La grande région • 19

n Priorité aux circuits courtsOn dénombre 14 340 exploitations qui commercia-lisent en circuits courts dans la nouvelle région.Elles sont 10 000 en Aquitaine, 2 900 en Poitou-Charentes et 1 400 en Limousin. Avec un souciconstant de produire et consommer localement.

n Nos plus beaux cèpesLa Corrèze et plus largement le Limousin sont devenusdes zones de forte production de cèpes dans les an-nées 80 et 90 à la suite de plantation d’épicéas dansles années 60 et 70. Une production qui a baissé de-puis la tempête de 1999. La faute au douglas, variétéavec laquelle le cèpe refuse de nouer toute relation…

n Le Poitou tourné vers l’exportPoitou-Charentes est la 4e région céréalière de France.Les 8 400 exploitations de cette filière en produisentenviron 5,2 millions de tonnes. Cette production a laparticularité d’être orientée à 80 % vers l’exportation.De l’agriculture à la transformation en passant par lacollecte, la filière génère 17 000 emplois.

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Une région agricole plus forteAu dernier Salon de l’agriculture de Paris, les trois présidents de région Alain Rousset, GérardVandenbroucke et Jean-FrançoisMacaire étaient unanimes :« Ensemble, nos trois territoiresseront plus forts »Anne-Sophie Pedegert

L a grande région se hissera au pre-mier plan européen, avec plus de9,4  milliards d’euros de chiffred’affaires. Elle deviendra égale-ment la plus importante région

agricole de France pour les signes officielsde qualité, l’élevage caprin, la viande bo-vine ; mais également les surfaces en maïset tournesol, la production d’huîtres, detruites, de caviar et pour de nombreux fruitset légumes.Notre grande région est aussi très bien pla-cée dans d’autres filières, notamment l’agri-culture biologique et la viticulture. De fait,avec ses 12 départements, elle est la plusvaste des nouvelles régions. C’est la pre-mière région en nombre d’exploitationsavec plus de 83 000 unités et en main-d’œuvre avec près de 130 000 UTA (unitésde travail annuel). Il existe une forte com-plémentarité entre les trois ex-régions avecune dominante viticole pour l’Aquitaine,l’élevage pour le Limousin et les grandescultures pour le Poitou-Charentes.

Produits de nicheLes trois départements regorgent par ail-leurs de « produits de niche ». Le secteurde production le plus emblématique estsans aucun doute la truffe puisque le terri-toire de la nouvelle région produit environ25 % de la production française, qui estcomprise entre 20 et 40 tonnes selon lesannées. Ce sont principalement les dépar-tements de la Dordogne et de la Charentequi produisent le plus de truffes. La granderégion est également le premier producteurmondial de foie gras, avec une activité trèsimportante en Aquitaine et Limousin, no-tamment en Corrèze, ainsi que dans lescantons limitrophes de la Haute-Vienne(Saint-Mathieu, Chalus, Saint-Yrieix-la-Perche).Le safran est lui aussi très présent dans lanouvelle région, avec l’une des plus

grandes safranières de France qui se trouveen Limousin, dans la Creuse. Autre niche,l’élevage de lapins est par ailleurs très pré-sent en Poitou-Charentes, avec 95 000 la-pins, soit près de 11 % des effectifs natio-naux.

Leader dans la piscicultureLes industries agroalimentaires constituentle premier secteur industriel de la granderégion en termes de valeur ajoutée, d’ex-portation et d’emplois avec 54 000 emploiset 20 % de l’emploi industriel régional. Àl’export, la région Aquitaine réalise un chiffre

d’affaires de 3,6 milliards d’euros dans ceseul secteur. En 2013, le produit le plus ex-porté en Aquitaine était le vin. Les produitsdes industries agroalimentaires sont les pre-miers produits exportés de Poitou-Cha-rentes. Ils représentent plus de 36 % desventes régionales. En progression  ? Lesproduits agricoles, de la pêche et de l’aqua-culture. La grande région est première dansla pisciculture. Le cognac est le produit dela future région qui sera le plus exporté envaleur devant les vins de Bordeaux. Il re-présente à lui seul 25 % des exportationsdes produits de Poitou-Charentes.

Les chiffres de la grande région agricoleAvec ses 884 000 vaches, la nouvelle région dispose du premier cheptel allaitant deFrance. Elle a produit 185 000 tonnes de viande bovine, soit environ 13 % de la pro-duction française. Les ovins représentent 25 % du cheptel national avec plus de1,3 million de brebis mères. Les éleveurs de la région détiennent 36 % de l’effectif na-tional de chèvres, dont 85 % en Poitou-Charentes.

Côté viticulture, la nouvelle région possède 236 000 hectares de vignes, dont 150 000en Aquitaine. Pour les productions végétales, la nouvelle région se place au 2e rangfrançais pour la surface (1,33 million d’hectares) et au 3e rang en volume produit (prèsde 9 millions de tonnes). C’est également la première région française productrice demaïs, loin devant les autres régions françaises, et la première région productrice detournesol à la fois en surface et en volume.

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La région brille par la qualité de son élevage. Ici un bovin de race blonde aquitaine. Photo André Dossat

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20 • la grande région

n Les signes de la qualitéAvec 155 signes de qualité tout confondu, la nouvellerégion est leader en ce domaine. Elle possède 10,3 %des AOP (appellation d’origine protégée) françaises et19,8 % des IGP (indication géographique protégée)françaises (hors vins).

n Cagouilles ou lumas ?A l’heure de la grande Aquitaine, il subsiste des fron-tières difficiles à gommer. Cagouille en Saintonge eten Angoumois, le petit gris devient luma en Aunis eten Poitou. Luma ou cagouille, il se cuisine en re-vanche de la même façon, qu’il soit charentais,deux-sévrien ou poitevin : en sauce, avec de l’ail etdu vin blanc.

n SpécialitésDes grands crus bordelais au bœuf li-mousin, en passant par le chabichoudu Poitou, sans oublier canelé, pastislandais, foie gras, creusois, grilloncharentais… la nouvelle entité territo-riale regorgera de multiples spécialitéslocales.

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Des spécialitésancrées dans les terroirs

Bâtir une identité : tel est l’un des enjeux de notre future région. À la fois richesse patrimoniale et composante économique, la gastronomie est, et sera, l’atout d’un vaste territoire qui devra valoriser ses produits et ses savoir-faireFabrice Varieras

D u littoral atlantique jusqu’aux pla-teaux du Limousin, des som-mets pyrénéens au Marais poi-tevin, en passant par lePérigord, la géographie de la fu-

ture grande région prendra la forme d’unpatchwork de paysages, de climats, decultures et de traditions. Aussi, sans doutefaudra-t-il du temps avant que cette nou-velle entité administrative ne trouve sonéquilibre et ne se forge une identité. Com-posante essentielle d’une tradition, la gas-tronomie résulte à la fois des singularitésde son terroir, de sa sociologie et de sonhistoire. Au fil des siècles, les hommes l’ontfaçonnée comme un précieux patrimoineque les générations se sont attachées àconserver et à transmettre. Son importanceest telle que la gastronomie s’affirmecomme un élément de communication in-contournable pour vanter l’art de vivre, lessavoir-faire et la notoriété d’un territoire.Mais, au fait, à quoi ressemblera l’identitégastronomique de notre future région ? Depar l’hégémonie que semble posséder l’ac-tuelle Aquitaine dans la future entité, il y au-rait fort à parier que la cuisine du Sud-

Ouest serve de référence. Position domi-nante facilitée par le fait que ni le Limousinni Poitou-Charentes ne possèdent d’iden-tité gastronomique aussi clairement identi-fiée. « N’ayant aucune recette embléma-tique dans le Limousin, nous nous sommestoujours concentrés sur la valorisation denos produits », explique Pierre Bertranet,chef haut-viennois qui n’a pas attendu laréforme territoriale pour ouvrir en 2014 unbistrot sur les quais de Bordeaux.

Grande région, produits locauxD’un autre côté, y a-t-il un intérêt à vouloirabriter la gastronomie autour d’une appel-lation générique  ou d’un dénominateurcommun, au risque de tomber dans unformatage ? Au contraire, la richesse decette future région réside plutôt dans sacapacité à permettre à chacun de ces ter-ritoires de conserver ses traditions ances-trales et préserver son authenticité. Là oùla nouvelle organisation administrative jouedu grand-angle en s’affranchissant des mi-cro-particularismes, la gastronomie, elle, af-fiche depuis des années une volonté deréduire sa focale. La conjugaison de ces

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deux mouvements opposés a redéfini lerapport entre le cuisinier et le produit. Eneffet, le souci grandissant de respecter lasaisonnalité et de souscrire à une approchelocavore encourage les chefs à travailleravec des producteurs du cru.« Les chefs travaillent aujourd’hui avec unecarte de plus en plus réduite en valorisantles produits de saison. Tous les matins, jevais acheter mes produits à la criée et cen’est pas parce que ma région va s’agrandirque je vais me détourner du magnifiqueterrain de jeu gastronomique que m’offrel’Océan », témoigne Richard Coutanceau,le chef rochelais.À défaut d’une unité gastronomique, cettenouvelle grande région prendra des airs degarde-manger prospère et riche. Foie gras,truffes et cèpes, vins de Bordeaux et Co-gnac, huîtres et caviar, viandes et fro-mages : on ne compte plus les trésors denos terroirs. Cette richesse, la région la doità une diversité bioclimatique et géologiquebénie des dieux, mais aussi à son agricul-ture. Au gré des siècles, l’homme a su tirerle meilleur parti de cet immense potentiel,en sélectionnant des races et essences

adaptées aux contraintes. Limousine, parthenaise ou blonde d’Aqui-taine, agneau Baronet, Diamandin ou dePauillac, porc cul-noir ou du Pays basque,volailles, canards, oies  : nos campagnessont encore le sanctuaire de races quicontribuent à la richesse du patrimoine ali-mentaire. Il ne faudrait pas oublier, dans cepanorama, plusieurs centaines de kilomè-tres de côtes, l’estuaire, les fleuves, lacs etrivières, qui participent à cette abondancede biens.À la veille d’une nouvelle donne adminis-trative, nul doute que la gastronomie resterale lien indissociable aux racines tout en étantun élément fédérateur, pour une région endevenir.C’est ce que veut croire Michel Guérard,qui voit dans ce rapprochement une occa-sion d’aller de l’avant. « Si nous voulonsque notre région devienne un véritable pôlegourmand, nous devons fédérer tous lesacteurs, repenser notre terroir, devenu plusvaste, et inventer la cuisine de demain »,prône le chef emblématique d’Eugénie-les-Bains, le seul triplement étoilé du GrandSud-Ouest.

Des spécialitésancrées dans les terroirs

Le Landais Michel Guérard, ici dans sa nouvelle école de Cuisine de Santé®, est le seul chef triplement étoilé de la région. Photo Corentin Mossière

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La grande région • 21

n Saint-Émilion, la citémédiévaleEn plein cœur du vignoble bor-delais, Saint-Émilion demeureune étape incontournable ducircuit touristique aquitain. Elleaccueille 1 000 000 de visiteursen moyenne chaque année.

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Tourisme, la carte charmeLes grilles d’analyse ne sontforcément pas les mêmes,aujourd’hui, d’une région à l’autre.Mais une évidence s’impose : la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes sera l’une des grandes régionstouristiques de FranceAlain Defaye

S on littoral reste le premier de sesatouts. Du Pays basque aux îlescharentaises en passant par lesplages landaises, c’est ici quese concentre l’essentiel des nui-

tées et de l’activité de la filière. Entre grandssites de baignade, spots de surf et thalasso,l’Aquitaine Atlantique a comme principalecarte la diversité d’une offre caractériséepar une orientation vers le bien-être et unfort potentiel sportif.Mais c’est à l’intérieur des terres que s’af-firme sa différence. D’abord en Périgord.Haut lieu du tourisme vert et patrimonial,avec ses sites préhistoriques et ses châ-teaux, la Dordogne est, de loin, le premierdépartement de France pour les séjours àla campagne. Lascaux et Castelnaud en

tête, ses sites accueillent 3 millions de visi-teurs par an. Ici, le tourisme génère 1 milliardd’euros de chiffre d’affaires.L’autre exception régionale se situe dans laVienne, département qui, jusque dans lesannées 80, n’avait guère d’autre carte àjouer que celle de ses exceptionnelleséglises et abbayes romanes. Le Futuro-scope a changé la donne. Deuxième parcde loisirs de France, il est désormais lapierre angulaire d’un modèle économiquefondé sur un maillage de parcs animaliers,

telle la Vallée des Singes, « savane » poite-vine devenue terre d’asile pour gorilles, bo-nobos ou lémuriens. C’est aussi à quelques

kilomètres du Futuroscope, aux portes duvillage de Dienné, qu’est né le plus grandsite d’hébergements insolites d’Europe.Châteaux ou maisons dans les arbres etcabanes de farfadets à la clé. Dans laVienne comme en Dordogne, le tourismepèse lourd : 700 millions de chiffre d’affaireset 10 000 emplois.

« L’Hermione » en tête de pontCes chiffres sont appelés à évoluer forte-ment. Après le Club Méditerranée, implanté

à La Palmyre, sur le littoral charentais, unautre grand opérateur du tourisme a choisile Poitou-Charentes pour se développer.Filiale de Pierre et Vacances, le groupe Cen-ter Parcs ouvre cet été 2015 un nouveauvillage dans le nord de la Vienne, aux portesde l’Anjou et de la Touraine. Avec ses800 cottages qui se fondent dans les bois,le Domaine du Bois aux Daims, nom choisien écho aux animaux présents sur le site,accueillera jusqu’à 4  000 personnes parsemaine en haute saison.L’initiative la plus originale en matière detourisme n’en revient pas moins au chantierde « L’Hermione ». Portée depuis dix-septans par une association avec le soutiendes collectivités locales, la reconstruction,à l’identique, de la frégate avec laquelle lemarquis de La Fayette a traversé l’Atlan-tique pour soutenir les Américains dans leurguerre d’indépendance contre l’Angleterre,a donné à Rochefort les couleurs d’un hautlieu du tourisme. À tel point que le départdu bateau vers les États-Unis, pour les fêtesdu 4  juillet à New York, a créé un vide…

qui devrait être vite comblé avec le retourde la frégate, en août.Le tourisme patrimonial a le vent en poupe.Et les technologies du numérique renforcentses attraits. Dans le Périgord, Lascaux jouepleinement cette carte avec la prochaineintroduction de la 3D pour mieux plongerses visiteurs dans le monde de l’art rupes-tre. Poitiers vient de mettre en service uneapplication mobile permettant de plongerdans les différents âges d’un urbanismequi remonte à l’époque gallo-romaine.Réfractaire au numérique, aux monumentset aux foules du littoral ? Alors c’est en fai-sant de l’œnotourisme en Bordelais et enCognaçais qu’il vous faudra savourer lagrande région. À moins que vous ne préfé-riez vous promener dans la nature préser-vée du Limousin et de ses lacs ou bienprofiter de la montagne. En faisant du ski àGourette, une sortie spéléo à la Pierre-Saint-Martin ou encore, pour les amateurs debalades dans les grands espaces, enchaussant des skis de fond sur le plateaude Millevaches. Vaste programme.

Dans la Vienne comme en Dordogne,le tourisme pèse lourd : 700 millions

de chiffre d’affaires et 10 000 emplois.

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n Les sites touristiques les plus fréquentés

En millions de visiteurs par an

n L’art roman en PoitouLes façades sculptées dans le calcaire de ses églises ontfait leur renommée : Poitou-Charentes est l’un des ber-ceaux de l’art roman. Ses monuments les plus embléma-tiques sont Saint-Pierre d’Aulnay en Charente-Martime,Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, Saint-Hilaire-de-Melle etSainte-Eutrope de Saintes.

Après son périple américain, « L’Hermione » sera de retour à La Rochelle en août. Photo Xavier Léoty

11-Le tourisme.qxp_Mise en page 1 23/04/15 21:27 Page 21

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n Les rumeurs sur Diane de PoitiersSelon une légende qui perdure jusqu’au XIXe,Diane de Poitiers se serait offerte à François Ier

pour sauver son père, coupable de trahison envers le connétable de Bourbon. L’anecdoteest croustillante, mais fausse.

n « La Petite Russie »C’est le surnom que donnaient les soldats alle-mands au Limousin pendant la Seconde Guerre.Une terre très active dans la résistance, où le Particommuniste était fortement enraciné. De Gaulleappelait Limoges « la capitale du maquis ».

22 • la grande région

n Des noms historiques peu plébiscitésD’après la consultation réalisée par « Sud Ouest » auprès de 4 732 internautes, les noms qui font écho à l’histoire de la région sont peu appréciés. Seulement 1,12 % pour « Aliénor » et 1,72 % pour« Guyenne ».

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Ensemble, dans le sens d En fusionnant, nos régions renouent avec leur passé. Lorsque le Parlement de Bordeaux rayonnait jusqu’à la Haute-Vienne.Explication avec l’historienne Josette PontetTextes Jacky Sanudo

«L ’Aquitaine, ça n’existepas  ! » La boutade lan-cée lors des élections ré-gionales de 1992 parJean François-Poncet,

alors président du Conseil général du Lot-et-Garonne, est un brin provocatrice. Maisil est indéniable que l’ancien diplomateconnaissait bien l’histoire. Dans l’introduc-tion à l’« Histoire de l’Aquitaine » (édit. Privat,1971) qu’il a dirigée, Charles Higounet écri-vait : « Il n’existe pas une Aquitaine, mais ily a eu tant d’Aquitaine, d’Auguste à laVe République, qu’il était impensable depouvoir enserrer une histoire dans une no-tion territoriale aussi fluctuante. »La région Aquitaine telle qu’on la connaîtaujourd’hui avec ses cinq départements(Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne,Landes, Pyrénées-Atlantiques) est une réa-lité récente qui est apparue avec le projetde région-programme en 1956 et finaliséen 1959 avec le rattachement des Basses-Pyrénées, qui étaient jusque-là dans la ré-gion Midi-Pyrénées et le choix de Bordeaux

comme métropole. Ce sont cependant laréforme Chaban de 1972 et la loi Deferrequi vont porter sur les fonts baptismaux larégion Aquitaine. À ce moment-là, c’estune véritable renaissance pour le termemême d’Aquitaine, qui était tombé en dé-suétude depuis plusieurs siècles au profitde Guyenne et n’était utilisé que par lesgéologues et les géographes.

L’État du Prince NoirÀ l’heure où vient d’être dessinée la nouvellecarte de la région qui entrera en vigueur

début 2016, on comprend mieux les tâ-tonnements des experts gouvernementauxpour en tracer les contours. Le plus amu-sant dans l’affaire est dans le constat quele découpage actuel se rapproche d’assezprès du duché d’Aquitaine, constitué auXIe siècle par la maison de Poitiers. Il s’éten-dait des approches de la Loire et de l’Au-vergne jusqu’aux Pyrénées. « Quant à sonhéritier, le duché aquitain des Plantagenêts,il a subi entre 1154 et 1453 de si fréquentesvariations, des environs de Bordeaux oude Bayonne à l’immense État du PrinceNoir, qu’on ne saurait le considérer nonplus comme le cadre statique d’une histoirerégionale », assure Charles Higounet.N’empêche, et n’en déplaise à certains,l’immense région sud-ouest qui a pris formea du sens. Pas toujours en tant que fron-tières administratives qui sont contestablespar nature, mais à coup sûr d’un point devue historique. Ce que nous confirme Jo-sette Pontet, professeur émérite d’histoiremoderne de l’université de Bordeaux 3 etprésidente de la Société des sciences, let-

tres et arts de Bayonne. Parmi ses nom-breux travaux, on note une étude et un col-loque sur le thème de l’identité aquitaine.« Ce qui me frappe dans ce découpage,c’est que, en gros, les régions reviennent,que ce soit pour le Midi, le Languedoc oul’Aquitaine, aux parlements qui ont étécréés au XVe siècle. Pour l’Aquitaine, nousavons, à peu de chose près, le ressort duparlement de Bordeaux, qui comprenait leLimousin et qui allait de Bayonne à Bellac(Haute-Vienne), le point le plus au nord. »Ce parlement est une institution fondamen-

« Ce qui me frappe dans ce découpage,c’est que les régions reviennent,

que ce soit pour le Midi, le Languedocou l’Aquitaine, aux parlements

qui ont été créés au XVe siècle. »

tale qui a finalement été très peu modifiéeau fil du temps. « Pour l’Aquitaine, le pro-blème, c’est que, par exemple, Pau et leBéarn, qui appartenaient au royaume deNavarre, n’ont pas été affiliés au parlementde Bordeaux quand Louis XIII les a ratta-chés au royaume de France. En revanche,la Saintonge, Poitiers, le Limousin en fontpartie et La Rochelle et l’Aunis par intermit-tence. Si on prend ces territoires et qu’on yajoute les cinq départements actuels, onobtient étrangement la nouvelle carte quinous est proposée à ce jour », poursuit Jo-sette Pontet.

Déjà sous AugusteLes similitudes troublantes remontent bienplus loin dans l’histoire, très précisément à–  16 avant Jésus-Christ, à l’époque ro-maine, quand Auguste crée l’Aquitanique,province qui était une vaste région admi-nistrative. Elle contenait les Bituriges, lesLémovices, les Pictons, les Santons et Bur-digala (Bordeaux) et le sud de la région,même si celui-ci, dénommé la « Provincedes neuf peuples » (NDLR : Novempopu-lanie allant de la Garonne aux Pyrénéesavec Eauze pour capitale), a été le plussouvent relié à Auch. «  Cette Aquitaine, dont l’étymologie estcontestée (Pays de l’eau ? Pays des eaux ?Pays de rivières  ?), a une existence très

fluctuante avec l’arrivée des Barbares àl’époque du Haut Moyen Âge. Mais l’im-portant est que cette organisation qui étaitadministrative va se retrouver dans les cir-conscriptions religieuses. La province ec-clésiastique d’Aquitaine, dont l’archevêché,disputé par Bourges, est à Bordeaux de-puis le XIVe siècle, comprend le Poitou, lesCharentes, la Gironde, la Dordogne et leLot-et-Garonne. Il faudra attendre 2002pour que le pape Jean-Paul II mette fin àcertains découpages et que les Basses Py-rénées quittent l’archevêché d’Auch pourrallier celui de Bordeaux », explique JosettePontet.Dans l’identité commune à la nouvelle ré-gion, puisqu’il est question de religion, ilconvient de ne pas omettre la forte pré-sence protestante dès le XVIe siècle. Celle-ci s’étend d’Orthez à La Rochelle en pas-sant par Cognac, Nérac ou Bergerac etallant jusqu’à Châtellerault. Impossible nonplus de ne pas signaler le lien le plus évidentqui est la langue d’oc, le gascon au sud, lelimousin au nord. La  Rochelle et l’Aunisont, elles, basculé vers la langue d’oïl dèsle XIIIe siècle. « La Gascogne seule a tra-versé le temps, mais comme concept lin-guistique  », écrit Charles Higounet. Onn’oublie pas que le premier troubadouridentifié est Guillaume IX de Poitiers. C’étaitle temps où le cœur de l’Aquitaine battait

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La grande région • 23

n Un hymne du PoitouLe professeur de musique Paul Rougnon a composé un hymne poitevin intitulé « Les Enfants du Poitou ». Il fut longtemps joué par les élèves du conservatoire de Poitiers. En voici le refrain : « Marchons, marchons, en avant dans la vie, Sans nous lasser, l’esprit tout enflammé. Chantons, chantons notre chère patrie, Chantons, chantons le Poitou bien-aimé. »

n Pey Berland, dernier archevêque gasconArchevêque de Bordeaux entre 1430 et 1456, il prend positionen faveur des Anglais lors de la guerre de Cent Ans. Pey (« Pierre », en gascon) est contraint de se retirer après la victoire des Français. Il est à l’initiative de la création de l’université de Bordeaux et de l’hôpital Saint-André.

n Le saviez-vous ?L’expression « Se faire limoger » a bien pourorigine la ville de Limoges, là où étaient assignés à résidence les officiers d’état-major du maréchal Joffre pendant la Première Guerre mondiale.

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e l’histoire

Une question à…Jean-François Vignaud, enseignant à l’Institut d’étudesoccitanes du Limousin à Uzerche (Corrèze)

L’occitan limousin et le gascon réunis vousfont-ils espérer un renouveau ?Le lien culturel entre le Limousin, le Poitou et l’Aquitaine, c’est la langue. L’occitan yétait parlé sur tout le territoire au Moyen Âge et l’occitan n’a reculé, au XIVe siècle, quedans une partie, à savoir le Poitou et la Sain-tonge. Cela s’expliquerait par une forte dépo-pulation de ces régions après la guerre de CentAns et une recolonisation venant d’un peu plusau nord. Depuis, le Poitevin-Saintongeais estconsidéré comme une langue d’oïl, mais avecun fort substrat occitan. Sur le plan linguistique,nous espérons donc beaucoup. Ce qui se faitpour la langue occitane en Aquitaine, sans êtreexceptionnel, nous paraît, à nous, mirifique.Pas la peine de se leurrer, notre langue est enmauvaise posture, avec de moins en moins delocuteurs. Nous ne rêvons pas de hordesd’Aquitains et de Limousins bilingues, mais es-pérons une réappropriation de la langue (ne se-rait-ce que par le double affichage) par les institutions. Cela ne va pas enrayer le déclinde l’occitan en tant que langue de communication, mais peut faire prendre conscienceaux populations sur place de leur culture, de leur originalité. Et ça, c’est une force, tropimportante pour qu’on la camoufle.

au nord avec la cour d’Aliénor à Poitiers etle couronnement du duc Richard Cœur deLion, qui eut lieu à Limoges.Josette Pontet écrit quant à elle : « Le duchéde l’Aquitaine anglaise est une histoire quidure trois siècles. En 1154, quand Aliénorl’apporte en héritage, le duché inclut La Ro-chelle, Poitiers, Limoges mais pas le Béarnet l’Armagnac. Après 1259, le territoire perdle Poitou, les Charentes et Limoges, qui yreviendront. En 1328, avec la guerre, le duché se réduitcomme une peau de chagrin et n’a plusque la façade atlantique, du sud de La Ro-chelle à Bayonne. La période la plus eu-phorique pour l’Aquitaine, quoique courte,correspond à la principauté du Prince Noirde 1362 à 1372. Il s’agit là du vaste en-semble comprenant l’Aunis, le Poitou, le Li-mousin, l’enclave de la Marche, jusqu’à Ca-hors et Montauban. Bordeaux est la capitaleet c’est un des moments les plus prospèresde son histoire. »

Bordeaux, ville phareIl ne fait pas beaucoup de doutes que Bor-deaux restera dans la nouvelle région la villephare. La polarisation de l’Aquitaine pas-sera par cette ville aux ambitions de grandemétropole qui est la zone d’influence depuisle XVIIIe siècle pour le Périgord, l’Agenais,l’Angoumois, la Saintonge et le haut et bas

Carte de la Gaule romaine avec l’immense espace aquitanique. Document Johannes Janssonius (1657). CarteFrance.fr

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La duchesse d’Aquitaine meurt en 1204, à l’âge de 82 ans

s Le règne du Prince Noir aura duré dix ans. Dessin de Laureline Mattiussi

Limousin. L’attirance vers Bordeaux suitnaturellement la pente des fleuves que sontla Dordogne et la Garonne. Il ne reste plusqu’à trouver un nom à ce territoire immensequi vient de voir le jour sur la carte. Ilconviendra de ménager les susceptibilités.Mais « Nouvelle Aquitaine » ou « Sud-OuestAtlantique  » auraient du sens. Garder« Aquitaine » ne serait pas non plus unehérésie. Ce nom désigne les trois régionsconcernées depuis l’empereur romain Au-guste.

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