1
MAGAZINE Au nord de la ville de Québec, une petite vallée de montagne est gérée par une “coopérative de solidarité”. Un modèle de gestion écotouristique précurseur qui a pour mission le développement du territoire. Un territoire solidaire et innovant L a vallée Bras du Nord est une synthèse de ce que le Québec offre de meilleur : une nature abondante et des hommes à l’esprit pionnier. Proche des bassins urbains de Québec et de Montréal, et pos- sédant des atouts touristiques indéniables dont une belle rivière “canotable”, une poignée d’hommes a décidé de prendre en main le destin de cette vallée de montagne. La “coopérative de solidarité” est ainsi née à l’été 2002 de la volonté locale de se doter d’une entité de développe- ment collective et autonome. Concertation entre tous les usagers Contrairement à un organis- me sans but lucratif, la coop fait partie du monde des affaires et sa raison de vivre est l’exploitation harmonieuse du territoire à travers l’offre d’acti- vités récréotouristiques. Trois catégories de membres la com- posent : les prestataires touris- tiques, les différents usagers (propriétaires riverains, agri- culteurs, collectivités), et l’équi- pe salariée (1) . S’appuyant sur l’offre exis- tante en terme d’activités de plein air, d’agrotourisme et d’hébergement, la coopérative s’est donnée trois missions principales. La première consiste à développer les struc- tures propres de la vallée (sen- tiers de randonnée, bases de mise à l’eau, refuges) et à accueillir le public. La deuxiè- me est la coordination des pres- tataires et la forfaitisation de l’offre. La troisième est une mission sociale, notamment à travers des chantiers d’inser- tion. L’aménagement des sen- tiers est ainsi assuré par des jeunes en difficultés. Ce volet, qui a permis de réinsérer une cinquantaine de jeunes en qua- tre ans, bénéficie de finance- ments de l’Etat. Tout comme la construction des refuges dans le cadre de fonds d’aménage- ment du territoire. Cinq refuges ont pu être mis en service à ce jour, chacun d’une capacité moyenne de 10 personnes. Autonomie de gestion La coopérative a la ferme intention de gagner son auto- nomie financière. Les propos de Frédéric Asselin, jeune directeur de la structure, le confirment : “Grâce aux reve- nus qui nous proviennent de la location des refuges, des droits d’accès à la rivière et aux sen- tiers (environ 3 euros par per- sonne), des activités des presta- taires membres sur lesquelles nous touchons une redevance, et enfin de la vente de produits tels que guides, cartes, nous serons financièrement autono- mes à moyen terme”. Et la vallée Bras du Nord est bien engagée dans cette voie. En 2006, 20 000 personnes sont venues y pratiquer randonnées pédestre et équestre, canoë- kayak, raquettes. Un chiffre qui progresse de 25 à 30 % chaque année, le seuil optimum de fré- quentation ayant été fixé à 50 000 personnes. Des projets sont en cours pour étoffer l’offre hivernale et proposer de nouveaux forfaits, alliant par exemple traîneau à chiens, motoneige et haltes gour- mandes. Territoire de moyenne montagne, la vallée Bras du nord offre un fort potentiel d’activités. Exploration L’hiver est déjà bien installé au Québec depuis mi-décembre. Sophie Delaigue poursuit dans cette seconde chronique l’exploration de ce coin d’Amérique en version française. Des sentiers payants A Al l o or r s s q qu ue e l l e e d dé éb ba at t e es st t l la an nc cé é e en n F Fr ra an nc ce e, , n no ot ta am mm me en nt t p pa ar r r ra ap pp po or rt t a au ux x s se en nt ti ie er rs s d de e r r a aq qu ue et t t t e es s, , l l e e Q Qu ué éb be ec c e es st t p pa as ss sé é, , d de ep pu ui i s s u un ne e d di i z za ai i n ne e d da an nn né ée es s, , à à u un n m mo od de e p pa ay ya an nt t d de es s s se en nt ti ie er rs s d de e r ra an nd do on nn né ée e. . S Si i c ce et tt te e p pr ra at ti i q qu ue e a a s su us sc ci i t té é d de e n no om mb br r e eu us se es s c cr r i i t t i i q qu ue es s l lo or rs s d de e s sa a m mi is se e e en n p pl la ac ce e, , e el ll le e s se em mb bl le e a au uj jo ou ur rd dh hu ui i a ac cq qu ui is se e. . P P o o u u r r p p r r e e u u v v e e : : 7 7 5 5 % % d d e e s s r r a an nd do on nn ne eu ur r s s m me et t t t e en nt t l l e eu ur r c c o o n n t t r r i i b b u u t t i i o o n n d d a a n n s s l l a a c ca ag gn no ot tt te e d du un n p po oi in nt t d da ac cc cè ès s n no on n s su ur rv ve ei il ll lé é. . INVENTEUR DU SKI-DOO avec Bombardier dans les années 1960, le Québec est “la” destination par excel- lence de la motoneige. En quantité tout d’abord : on y trouve 33 000 km de sentiers balisés. Mais surtout en qualité : aux portes du Grand nord, la province offre des paysages enneigés de toute beauté qui vous feront vivre la grande aventure, quel que soit votre niveau de pratique. Du “motoneigiste” confirmé au néophyte, du raid au forfait découverte, chacun y trouvera son bonheur grâce à une offre variée et abordable. Dans un continent (Canada et Etats-Unis) où l’on estime à 4 millions le nombre d’utili- sateurs, de nombreux prestataires se sont en effet positionnés sur cette manne touristique. Pour aller plus loin, surfez sur www.motoneigecanada.com et www.bonjour- quebec.com. Le regard vif, le verbe pré- cis, Pascal Cothet se raconte en toute simplicité, comme un vrai Québécois, l’accent en moins ! Originaire de Châteauroux, ce quarante- naire, formé aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration, a toujours voyagé jusqu’au jour où il décide de poser ses valises au Québec. C’est au début des années 90. Une première expé- rience professionnelle le motive pour poursuivre son chemin ici et travailler dans différents éta- blissements hôteliers. En 1999, ayant mûrement réflé- chi son projet de création d’activité, c’est un coup de cœur qui lui fait reprendre une auberge de caractère à Saint- Raymond-de-Portneuf, à proxi- mité de la vallée Bras du Nord. Bouillonnant et intuitif, l’homme donne un nouvel élan à La Bastide. Il réaménage les chambres, réinvente la carte du restaurant, met en place des for- faits en direction de la clientèle européenne. En basse saison, il se fait aussi chef à domicile et régale les convives de ses nom- breuses recettes. Quant à la recette de son suc- cès, Pascal dit volontiers qu’elle est franco-québécoise : “Mes valeurs de travail sont françai- ses et mes valeurs humaines sont québécoises. La France m’a donné une éducation et une culture, le Québec m’a donné une certaine humanité”. Le paradis de la motoneige Avec La Bastide, auberge de caractère qu’il a racheté en 1999, Pascal développe une offre à destination de la clientèle européenne. Une réussite franco-québécoise Français d’origine, Pascal est “tombé en amour” avec le Québec. Portrait d’un nouveau Québécois. Évasion 24 L’UNION DU CANTAL - 13 JANVIER 2007 La coopérative organise aussi des manifestations comme le festival de la raquet- te fin janvier qui va permettre cette année d’inaugurer des petites stations de raquettes ! Le concept est simple. Il s’agit d’aménager des clairières où les randonneurs peuvent dévaler en toute sécurité pour retrouver les sensations de la glissade. Une idée qui devrait faire des émules ! S SO OP PH HI IE E D DE EL LA AI IG GU UE E (1) Animée par une équipe de quatre permanents, le nombre de salariés peut atteindre 20 personnes en haute saison, dont une dizaine de patrouilleurs qui assurent la sécurité des usagers.

24 MAGAZINE - Vallée Bras-du-Nord · 2017-04-20 · Du “motoneigiste” confirmé au néophyte, du raid au forfait découverte, chacun y trouvera son bonheur grâce à une offre

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 24 MAGAZINE - Vallée Bras-du-Nord · 2017-04-20 · Du “motoneigiste” confirmé au néophyte, du raid au forfait découverte, chacun y trouvera son bonheur grâce à une offre

MAGAZINE

Au nord de la ville de Québec, une petite vallée de montagne est gérée par une “coopérative de solidarité”. Un modèle de gestion écotouristiqueprécurseur qui a pour mission le développement du territoire.

Un territoire solidaire et innovantÜ

La vallée Bras du Nord estune synthèse de ce que leQuébec offre de meilleur :une nature abondante et

des hommes à l’esprit pionnier.Proche des bassins urbains deQuébec et de Montréal, et pos-sédant des atouts touristiquesindéniables dont une belle rivière“canotab le” , une poignée d’hommes a décidé de prendreen main le destin de cette valléede montagne. La “coopérative desolidarité” est ainsi née à l’été2002 de la volonté locale de sedoter d’une entité de développe-ment collective et autonome.

Concertation entre tous les usagers

Contrairement à un organis-me sans but lucratif, la coopfait partie du monde des affaires et sa raison de vivre estl’exploitation harmonieuse duterritoire à travers l’offre d’acti-vités récréotouristiques. Troiscatégories de membres la com-posent : les prestataires touris-tiques, les différents usagers(propriétaires riverains, agri-culteurs, collectivités), et l’équi-pe salariée(1).

S’appuyant sur l’offre exis-tante en terme d’activités deplein air, d’agrotourisme etd’hébergement, la coopératives’est donnée trois missionspr inc ipa le s . La premièreconsiste à développer les struc-tures propres de la vallée (sen-tiers de randonnée, bases demise à l’eau, refuges) et àaccueillir le public. La deuxiè-me est la coordination des pres-tataires et la forfaitisation del’offre. La troisième est unemission sociale, notamment àtravers des chantiers d’inser-tion. L’aménagement des sen-tiers est ainsi assuré par desjeunes en difficultés. Ce volet,qui a permis de réinsérer unecinquantaine de jeunes en qua-tre ans, bénéficie de finance-ments de l’Etat. Tout comme laconstruction des refuges dans

le cadre de fonds d’aménage-ment du territoire. Cinq refugesont pu être mis en service à cejour, chacun d’une capacitémoyenne de 10 personnes.

Autonomie de gestionLa coopérative a la ferme

intention de gagner son auto-nomie financière. Les proposde Frédéric Asselin, jeunedirecteur de la structure, leconfirment : “Grâce aux reve-nus qui nous proviennent de lalocation des refuges, des droitsd’accès à la rivière et aux sen-tiers (environ 3 euros par per-sonne), des activités des presta-taires membres sur lesquellesnous touchons une redevance,

et enfin de la vente de produitstels que guides, cartes, nousserons financièrement autono-mes à moyen terme”.

Et la vallée Bras du Nord estbien engagée dans cette voie.En 2006, 20 000 personnes sontvenues y pratiquer randonnéespédestre et équestre, canoë-kayak, raquettes. Un chiffre quiprogresse de 25 à 30 % chaqueannée, le seuil optimum de fré-quentation ayant été fixé à50 000 personnes. Des projetssont en cours pour étofferl’offre hivernale et proposer denouveaux forfaits, alliant parexemple traîneau à chiens,motoneige et haltes gour-mandes.

Territoire de moyenne montagne, la vallée Bras du nord offre un fort potentiel d’activités.

ExplorationL’hiver est déjà

bien installéau Québec

depuismi-décembre.

Sophie Delaiguepoursuit danscette seconde

chroniquel’explorationde ce coin

d’Amérique en versionfrançaise.

l

Des sentiers payants n AAlloorrss qquuee llee ddéébbaatt eessttllaannccéé eenn FFrraannccee,, nnoottaammmmeennttppaarr rraappppoorrtt aauuxx sseennttiieerrss ddeerraaqquueetttteess,, llee QQuuéébbeecc eessttppaasssséé,, ddeeppuuiiss uunnee ddiizzaaiinneedd’’aannnnééeess,, àà uunn mmooddee ppaayyaannttddeess sseennttiieerrss ddee rraannddoonnnnééee..SSii cceettttee pprraattiiqquuee aa ssuusscciittééddee nnoommbbrreeuusseess ccrriittiiqquueesslloorrss ddee ssaa mmiissee eenn ppllaaccee,, eelllleesseemmbbllee aauujjoouurrdd’’hhuuii aaccqquuiissee..PPoouurr pprreeuuvvee :: 7755 %% ddeessrraannddoonnnneeuurrss mmeetttteenntt lleeuurrcc oo nn tt rr ii bb uu tt ii oo nn dd aa nn ss ll aaccaaggnnoottttee dd’’uunn ppooiinntt dd’’aaccccèèssnnoonn ssuurrvveeiilllléé..

INVENTEUR DU SKI-DOOavec Bombardier dans lesannées 1960, le Québec est“la” destination par excel-lence de la motoneige. Enquantité tout d’abord : on ytrouve 33 000 km de sentiersbalisés. Mais surtout enqualité : aux portes du Grandnord, la province offre despaysages enneigés de toutebeauté qui vous feront vivre lagrande aventure, quel que soit votre niveau de pratique.Du “motoneigiste” confirmé au néophyte, du raid auforfait découverte, chacun y trouvera son bonheur grâce àune offre variée et abordable. Dans un continent (Canadaet Etats-Unis) où l’on estime à 4 millions le nombre d’utili-sateurs, de nombreux prestataires se sont en effetpositionnés sur cette manne touristique. Pour aller plus loin, surfez sur www.motoneigecanada.com et www.bonjour-quebec.com.

Le regard vif, le verbe pré-cis, Pascal Cothet se

raconte en toute simplicité,comme un vrai Québécois,l’accent en moins ! Originairede Châteauroux, ce quarante-naire, formé aux métiers del’hôtellerie et de la restauration,a toujours voyagé jusqu’au jouroù il décide de poser ses valisesau Québec. C’est au début desannées 90. Une première expé-rience professionnelle le motivepour poursuivre son chemin iciet travailler dans différents éta-blissements hôteliers. En 1999, ayant mûrement réflé-chi son projet de créationd’activité, c’est un coup de cœur

Ü

qui lui fait reprendre uneauberge de caractère à Saint-Raymond-de-Portneuf, à proxi-mité de la vallée Bras du Nord.

Boui l lonnant e t intu i t i f ,l’homme donne un nouvel élanà La Bastide. Il réaménage leschambres, réinvente la carte durestaurant, met en place des for-faits en direction de la clientèleeuropéenne. En basse saison, ilse fait aussi chef à domicile etrégale les convives de ses nom-breuses recettes. Quant à la recette de son suc-cès, Pascal dit volontiers qu’elleest franco-québécoise : “Mesvaleurs de travail sont françai-ses et mes valeurs humainessont québécoises. La France m’adonné une éducation et uneculture, le Québec m’a donnéune certaine humanité”.

Le paradis de la motoneige

Avec La Bastide, auberge de caractère qu’il a racheté en 1999, Pascal développe une offre à destination de la clientèle européenne.

Une réussite franco-québécoise Français d’origine, Pascal est “tombé en amour” avec le Québec. Portrait d’un nouveau Québécois.

É v a s i o n

24 L’UNION DU CANTAL - 13 JANVIER 2007

La coopérative organiseauss i des mani fes ta t ionscomme le festival de la raquet-te fin janvier qui va permettrecette année d’inaugurer despetites stations de raquettes !Le concept est simple. Il s’agitd’aménager des clairières oùles randonneurs peuventdévaler en toute sécurité pourretrouver les sensations de laglissade. Une idée qui devraitfaire des émules !

SSOOPPHHIIEE DDEELLAAIIGGUUEE

(1) Animée par une équipe de quatrepermanents, le nombre de salariéspeut atteindre 20 personnes en hautes a i s o n , d o n t u n e d i z a i n e depatrouilleurs qui assurent la sécuritédes usagers.