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« Promenons-nous dans les bois, pen- dant que le loup n’y est pas, si le loup y était, il nous mangerait ! ». Cette comptine, nous la connaissons depuis la petite enfance. « Au loup, au loup ! » sont les mots que Pierre hurlait dans un conte pour les plus vieux. Tout comme pour son auteur Sergeï Prokofiev, les frères Grimm, Charles Perreault, Jean de la Fontaine et tant d’autres écri- vains, le loup était un personnage qui symbolisait la peur. Le grand méchant loup, au fil des décennies, est passé de terrifiant à burlesque. _ Aujourd’hui, le loup est l’un des per- sonnages préférés des enseignants du primaire, car on peut le glisser au centre d’un réseau littéraire fort inté- ressant, et ce, peu importe le niveau de la classe. _ Dans ce numéro, nous utiliserons le loup pour comprendre le mot préjugé. Nous le verrons dans un autre rôle que celui qui mange la mère-grand, et nous le découvrirons sous cette nouvelle version dans un plaidoyer sur « l’affaire des trois petits cochons ». _ 1 er cycle Selon Le Petit Robert, un préjugé est une opinion préconçue souvent impo- sée par le milieu. J’ai décidé d’utiliser l’album d’Audrey Bouquet, illustré par Fabien Öckto Lambert, Oups ! Y a encore un loup ! pour travailler avec les élèves du premier cycle le concept de préjugé. Puisque, dès la première année, on amène les élèves à réfléchir ensemble sur les relations qui existent entre les êtres vivants, ce deuxième titre qui met en relation Juliette et le loup est le livre parfait pour illustrer les diffé- rents points de vue. N’ayez crainte, il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier (Oups ! Y a un loup) pour travailler avec le deuxième. _ Cependant, pour vous orienter sur la relation entre les deux personnages principaux, voici un résumé de leur rencontre : C’est l’heure de se cou- cher pour la petite Juliette... Mais au moment de s’endormir, oups ! un vilain loup vient troubler son sommeil. Bien décidée à se débarrasser de cet affreux cauchemar, Juliette va braver sa peur et affronter la bête. Un conte poétique et humoristique pour aborder les cau- chemars avec malice. Dans le deuxième album, le loup qui est dans un enclos au zoo a peur de toutes les petites filles qui ont des couettes comme Juliette. Il décide donc de s’évader, mais il ne réussit pas son évasion par peur d’af- fronter Juliette. Quand cette dernière lit dans le journal que l’animal est mort de peur, elle se sent coupable d’avoir crié très fort après lui et décide de lui rendre visite. _ Quelle belle mise en contexte pour discuter des relations entre amis, entre fratries ! L’importance du choix des mots et du ton utilisé pour expliquer nos sentiments face à une situation. Je suis convaincue que l’interaction entre le loup et Juliette déclenchera plusieurs réflexions au sein des groupes, et nour- rira les discussions éthiques sur les pré- jugés tels que « les loups n’ont peur de rien » et « les enfants sont trop petits pour s’exprimer » ! _ 19 Chronique | Les trois favoris Vivre le primaire | printemps 2019 Chronique Les trois favoris 3 albums, 3 cycles et un loup ! _ Anne Gucciardi Conseillère pédagogique Interforum Éditis Canada [email protected] Mais au moment de s'endormir, oups ! Un vilain loup vient troubler son sommeil.

3 albums, 3 cycles et un loup - AQEP

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Page 1: 3 albums, 3 cycles et un loup - AQEP

« Promenons-nous dans les bois, pen-dant que le loup n’y est pas, si le loup y était, il nous mangerait ! ». Cette comptine, nous la connaissons depuis la petite enfance. « Au loup, au loup ! » sont les mots que Pierre hurlait dans un conte pour les plus vieux. Tout comme pour son auteur Sergeï Prokofiev, les frères Grimm, Charles Perreault, Jean de la Fontaine et tant d’autres écri-vains, le loup était un personnage qui symbolisait la peur. Le grand méchant loup, au fil des décennies, est passé de terrifiant à burlesque. _

Aujourd’hui, le loup est l’un des per-sonnages préférés des enseignants du primaire, car on peut le glisser au centre d’un réseau littéraire fort inté-ressant, et ce, peu importe le niveau de la classe. _

Dans ce numéro, nous utiliserons le loup pour comprendre le mot préjugé. Nous le verrons dans un autre rôle que celui qui mange la mère-grand, et nous le découvrirons sous cette nouvelle

version dans un plaidoyer sur « l’affaire des trois petits cochons »._

1er cycleSelon Le Petit Robert, un préjugé est une opinion préconçue souvent impo-sée par le milieu. J’ai décidé d’utiliser l’album d’Audrey Bouquet, illustré par Fabien Öckto Lambert, Oups ! Y a encore un loup ! pour travailler avec les élèves du premier cycle le concept de préjugé. Puisque, dès la première année, on amène les élèves à réfléchir ensemble sur les relations qui existent entre les êtres vivants, ce deuxième titre qui met en relation Juliette et le loup est le livre parfait pour illustrer les diffé-rents points de vue. N’ayez crainte, il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier (Oups ! Y a un loup) pour travailler avec le deuxième. _

Cependant, pour vous orienter sur la relation entre les deux personnages principaux, voici un résumé de leur rencontre : C’est l’heure de se cou-cher pour la petite Juliette... Mais au moment de s’endormir, oups ! un vilain loup vient troubler son sommeil. Bien décidée à se débarrasser de cet affreux cauchemar, Juliette va braver sa peur et affronter la bête. Un conte poétique

et humoristique pour aborder les cau-chemars avec malice. Dans le deuxième album, le loup qui est dans un enclos au zoo a peur de toutes les petites filles qui ont des couettes comme Juliette.

Il décide donc de s’évader, mais il ne réussit pas son évasion par peur d’af-fronter Juliette. Quand cette dernière lit dans le journal que l’animal est mort de peur, elle se sent coupable d’avoir crié très fort après lui et décide de lui rendre visite. _

Quelle belle mise en contexte pour discuter des relations entre amis, entre fratries ! L’importance du choix des mots et du ton utilisé pour expliquer nos sentiments face à une situation. Je suis convaincue que l’interaction entre le loup et Juliette déclenchera plusieurs réflexions au sein des groupes, et nour-rira les discussions éthiques sur les pré-jugés tels que « les loups n’ont peur de rien » et « les enfants sont trop petits pour s’exprimer » ! _

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Anne GucciardiConseillère pédagogiqueInterforum Éditis [email protected]

Mais au moment de s'endormir, oups ! Un vilain loup vient

troubler son sommeil.

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2e cycleQuand nous découvrons un album qui propose des livres dans un livre, notre créativité entre en ébullition et déborde d’idées pédagogiques. Si vous êtes comme moi, ce genre d’albums fait systémati-quement partie de votre bibliothèque. Je vous propose donc d’ajouter dans la vôtre, Glouton, le croqueur de livres, d’Emma Yarlett. J’adoooore cet album dans lequel Glouton, qu’on laisse s’échap-per en ouvrant le livre, déforme toutes les histoires qu’il rencontre puisque son mets favori, ce sont les contes. _

Petite mise en garde pour que votre groupe soit au même diapason, il faudra raviver les connaissances sur les histoires que Glouton détruit sur son passage, les

élèves auront ainsi beaucoup plus de plaisir à comprendre les changements que le petit monstre provoque. _

Le loup dans tout ça, me direz-vous ? La deuxième histoire que Glouton visite est celle du Petit Chaperon rouge. Dès les premières lignes, on comprend que le personnage principal vole la cape et le panier rempli de surprises du Petit Chaperon rouge. Il se rend chez mère-grand qui est prisonnière du grand méchant loup. Cependant, dans cette version, c’est Glouton qui fait peur au loup. (Ici on peut prendre le temps de nommer les stéréotypes : pauvre et fragile grand-mère et grand méchant loup.) Ce dernier s’enfuit et la grand-mère est libérée. _

Je trouve que ce titre est l’album par-fait pour travailler la structure d’un texte. Après avoir identifié les cinq temps d’un récit, on amène les élèves à réfléchir sur la partie du texte que Glouton saccage sur son passage. Dans chacune des trois histoires revisitées, il s’attaque à la situation de départ (initiale) et à l’élément déclencheur. Quelle merveilleuse façon de vérifier si vos élèves ont compris le concept de temps dans le récit, en leur propo-sant de choisir un album et d’imaginer Glouton venir détruire la situation de départ, ou bien l’élément déclencheur du texte choisi. Une autre façon de tra-vailler le concept est de demander au groupe d’imaginer les différentes péri-péties, le dénouement et la situation finale, et de comparer leur fin à celle du conte original. _

3e cycleLes trois petits cochons sont quatre mots qui déclenchent automatiquement l’image du loup dans notre esprit. Ce conte classique nous a été raconté dès notre petite enfance. Connaissons-nous toutes les facettes de cette histoire ? Avons-nous jugé le loup trop rapide-ment ? Nous avons matière à réfléchir

dans l’album La vérité sur l’affaire des trois petits cochons de Jon Scieszka, illustré par Lane Smith. _

Cet album, écrit à la première personne du singulier, est la plaidoirie de L. E. Loup reconnu coupable d’avoir mangé les deux premiers petits cochons. Rien ne nous empêche de prendre le temps de réfléchir avec les élèves sur les mots suivants : préjugés, étiquettes, stéréotypes._

Cependant, j’ai envie de vous amener vers une activité qui survole le concept de syntaxe, plus précisément, les struc-tures de la phrase. Étant donné que la première de couverture représente la une d’un journal, soit « La gazette

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du loup », je propose de découvrir les grands titres des journaux locaux ou régionaux, et de recenser les phrases interrogatives, exclamatives et impé-ratives. De plus, les chapeaux (courts paragraphes explicatifs sous le titre) sont truffés de phrases modifiées. On

amène les élèves à comprendre le prin-cipe d’effacement, de déplacement, de remplacement de mots, et ce, avec l’in-tention de créer un effet accrocheur sur le lecteur de l’article. Cette activité peut se dérouler sur plusieurs semaines (étant donné que les journaux régio-naux sont souvent publiés de façon hebdomadaire). En début de semaine, on fait le tour de l’actualité régionale et

on dresse la liste des mots et des struc-tures de phrases qui ont attiré l’œil des jeunes lecteurs._

Il existe de nombreux livres dans les-quels le loup occupe une place impor-

tante, soit par sa personnalité, soit par les gestes posés, soit par l’importance de son rôle. Il est et demeura un person-nage mystérieux dans les récits, dans les contes et dans l’imaginaire des enfants, et ce, peu importe leur âge !_

Permettez-moi une dernière petite remarque : n’hésitez pas à utiliser l’un

des trois albums présentés à votre groupe, même si le cycle de votre classe ne correspond pas aux activités pédago-giques proposées. Je vous suggère des pistes d’exploitation basées sur la pro-gression des apprentissages, qui est pré-sentée par cycle, et ce, à partir d’albums que j’adoooore !_

La meilleure qualité des Marqueurs à tableaux blancs pour tout le

monde en classe!

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Rien ne nous empêche de prendre le temps de réfléchir avec les élèves sur les mots suivants :

préjugés, étiquettes, stéréotypes.

Références

_ Bouquet, Audrey et Lambert, F.O. (2018), Oups ! Y a encore un loup ! Marmaille et compagnie.

_ Titus et Lambert, F.O. (2018), Oups ! Y a un loup ! Marmaille et compagnie.

_ Yarlett, E. (2016), Glouton, le croqueur de livres, Éditions Gründ.

_ Scienceszka, J. et Smith, L. (2011). La vérité sur l’af-faire des trois petits cochons, Nathan Jeunesse.