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30 minutes par jour d'Histoire, Géographie, Géopolitique

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David Glomot

30 minutes d’Histoire, Géographie et Géopoli quepar jour

Prépas ECS 1

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Du même auteur chez le même éditeur :

Réussir sa prépa économique et commerciale - ECS et ECE, 2015.

ISBN 9782340-051133© Ellipses Édition Marketing S.A., 2017

32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15

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Introduc on

Comment bien utiliser ce manuel

« 30 minutes par jour », ce n’est pas l’argument publicitaire pour un régime miracle ou une méthode de musculation révolutionnaire : voyez-y plutôt une invitation à travailler selon un vrai planning, au fi l de l’année, avec rigueur, méthode, discipline et sens de l’organisation.

Le postulat de départ consiste à affi rmer une chose : on ne réussit en classes préparatoires que par un travail régulier et assidu, tout au long de la formation et pas seulement à la veille des échéances fondamentales que sont les concours.

« 30 minutes par jour », certains diront que c’est beaucoup trop, surtout si c’est tous les jours, pendant la trentaine de semaines de cours de l’année scolaire. « 30 minutes par jour », certains diront que c’est bien trop peu, et qu’on n’arrive à rien avec un si faible investissement.

À la manière d’une sorte de calendrier perpétuel, nous sommes partis du principe que l’année d’un étudiant de « prépa » en lycée comptait environ 32 vraies semaines, en tenant compte des périodes réservées aux concours blancs, des jours fériés et des différentes manifestations internes à chaque établissement. Nous avons arbitrai-rement placé des vacances scolaires toutes les sept semaines, mais évidemment cette répartition n’est donnée qu’à titre indicatif et, dans les faits, il vous faudra adapter ce guide au calendrier réel.

Pour chacune des 32 semaines de cours, nous avons fi xé un planning de travail de six jours, avec chaque jour une activité spécifi que. Évidemment, ce travail ne doit pas remplacer celui exigé par vos enseignants, mais plutôt le compléter. Il vous faudra TOUJOURS, chaque jour (ou au moins chaque veille de cours d’histoire-géographie-géopolitique), RELIRE ET APPRENDRE vos leçons, ne serait-ce que pour exceller en colles et n’accumuler aucun retard et aucune lacune à l’approche des devoirs sur table. Il vous faudra TOUJOURS et tout au long de votre formation UTILISER LES MANUELS de cours recommandés par vos professeurs. Dans ce livre, des séquences intitulées « rappel du cours » utiliseront parfois des termes très techniques qui ne seront pas expliqués : vous devrez aller chercher par vous-même leur signifi cation, si jamais votre enseignant ne l’a pas fait pendant son cours.

Vous constaterez, au fi l des jours, que plusieurs types d’activités se succéderont.

Il y aura tout d’abord des rappels du cours, des synthèses faites pour faciliter l’apprentissage et structurer vos révisions en résumant l’essentiel des notions. Des fi ches thématiques « zoom » viendront ensuite approfondir vos connaissances, en proposant des focus sur certaines parties fondamentales du programme. Des chronologies vous permettront de réviser les dates et de mieux percevoir et assimiler les articulations et

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rythmes temporels. Régulièrement, vous aurez aussi droit à des chapitres de méthodo-logie pour mieux maîtriser l’art de la dissertation, de la prise de notes ou de l’oral. Des exemples de sujets, de colles ou d’écrit, seront proposés, avec quelques corrigés sous forme de plans détaillés. Des débats vous offriront la possibilité d’affûter vos capacités d’argumentation autour de grands sujets parfois polémiques. Des QCM réguliers vous permettront de faire le point sur vos connaissances, de manière ludique. Voici de quoi éviter la routine et aborder l’essentiel des connaissances et des compétences attendues d’un candidat aux écoles supérieures de commerce et de management. Enfi n, vous trouverez pages 5 à 8 un rappel de la signifi cation de tous les sigles et abréviations utilisés dans le cours, afi n de procéder à une ultime révision

Finalement, le dimanche sera chômé… ou consacré à l’achèvement des travaux à rendre à vos professeurs ! Pour souffl er un peu, tout en se cultivant, chaque semaine de ce planning se conclut par une rubrique culturelle et ludique intitulée « c’est dimanche ! » et qui propose des lectures ou des visionnages de fi lms.

Voilà, nous espérons que vous aurez acquis ce livre dès les mois de juin ou de juillet, pour passer un été studieux. Vos futurs professeurs ont certainement dû vous trans-mettre quelques lectures estivales. Ces manuels, il faut les pratiquer, dès maintenant, tout en feuilletant ce guide pour commencer à vous organiser. Bon travail !

� Rappel de cours L’essen el à savoir sur tous les points du programme

� ZoomDes infos et exemples en plus pour améliorer sa copie

� Défi ni onsLes mots clés incontournables pour défi nir les grandes no ons du programme

� ChronologiesLes dates clés incontournables pour bien délimiter les sujets

� DébatDes fi ches pour pouvoir aborder les grandes probléma ques de l’actualité

� BilanPour faire le point régulièrement

� MéthodologieLes conseils pour réussir toutes les épreuves des concours

� Bibliographie / Pour en savoir plusUne sélec on de livres pour aller plus loin sur les thèmes abordés

� C’est dimanche / les vacancesOn en profi te pour se détendre… mais le programme n’est jamais loin !

� Préparer ses vacances / son programmeLes trucs à savoir pour me re à profi t les vacances scolaires

� Disserta ons, colles et exercicesDes entraînements dans les condi ons du concours, pour l’écrit et l’oral

� QCMDes tests pour s’entraîner et vérifi er ses connaissances

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Abrévia ons à connaître

Vos professeurs, les médias et vos manuels en usent (et abusent) au point que, parfois, vous êtes un peu perdu… Voici les principaux sigles et abréviations utiles pour comprendre l’actualité, l’histoire, la géographie et la géopolitique.

La présence d’une majuscule renvoie à un sigle offi ciel.

AAA : Agricultural adjustement act (USA, New Deal, 1933)

ACP : pays « Afrique Caraïbes Pacifi que » des accords de Lomé

AELE : Association européenne de libre-échange

AIE, AIEA : Agence internationale de l’énergie / de l’énergie atomique

ALBA : Alliance bolivarienne pour les Amériques

ALENA : Association de libre-échange nord-américaine (NAFTA)

AMAP : Association pour le maintien d’une agriculture paysanne

APEC : Asia-Pacifi c economic cooperation

AQ : Al Qaeda

AQMI, AQPA : Al Qaeda au Maghreb Islamique / en Péninsule Arabique

ASEAN : Association des États de l’Asie du Sud-Est

B2B : business to business

B2C : business to consumer

BCE : Banque centrale européenne

BM : Banque mondiale

BTP : bâtiment et travaux publics

BRIC, BRICS, BRICSI : Brésil, Russie, Inde, Chine + RSA + Indonésie

CAEM : Conseil d’assistance économique mutuelle (COMECON)

CAN : Communauté Andine

CARICOM : Communauté Caribéenne

CECA : Communauté européenne du charbon et de l’acier

CED : Communauté européenne de défense

CEDEAO : Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest

CEE : Communauté économique européenne

CEI : Communauté d’État indépendants (Russie)

CELAC : Communauté d’États latino-américains et caraïbes

CEMAC : Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale

CETA : Comprehensive economic and trade agreement (UE-Canada)

CFI : confl it de faible intensité

CIA : Central Intelligence Agency

CIO : Comité international olympique

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CNR : Conseil national de la Résistance

CNUCED : Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement

COP : Conference of the parties / conférence des membres du protocole de Kyoto (ex : COP n° 21, Paris, 2015)

CPI / TPI : Cours / Tribunal pénal(e) international(e)

CSCE : Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe

CSG : Contribution sociale généralisée

Daech / EI : État Islamique en Syrie et au Levant (ISIS en anglais)

DATAR : Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale

DIPP / DIT : décomposition internationale du processus de production / division internationale du travail

DOM-TOM : Département d’Outre-Mer, Territoire d’Outre-Mer

DROM-COM : Département-région d’Outre-Mer, Collectivité d’Outre-Mer

EEE : Espace économique européen

ERP : European recovery program

ESS : économie sociale et solidaire

ETI : entreprise de taille intermédiaire

EVP : équivalent 20 pieds, conteneur

FAO : Food and agriculture organization

FARC : Forces armées révolutionnaires colombiennes

FBI : Federal Bureau of Investigation

FED : Réserve fédérale américaine (banque centrale)

FEDER : Fonds européen de développement économique régional

FEM / FSM : Forum économique mondial (Davos), Forum social mondial (Porto Alegre)

FEOGA : Fonds européen d’orientation et de garantie agricole

FIS : Front islamique du Salut

FMI : Fonds monétaire international

FSE : Fonds social européen

FTN : fi rme transnationale (ou FMN, multinationale)

G7 : les 7 grands pays industrialisés

G20 : les 19 grands pays industrialisés + l’UE

GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon

GATT : General Agreement on Tariffs and Trade

GCC : Conseil de coopération du Golfe (persique)

GES : gaz à effet de serre

GIA : Groupes islamistes armées

GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat

GNAK : Ghana, Nigeria, Angola, Kenya

GPRF : Gouvernement provisoire de la République Française

GPU : police politique soviétique

HLM : habitation à loyer modéré

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IAA : industrie agro-alimentaire

ICANN : Internet corporation for assigned names and numbers

IDE : investissement direct à l’étranger

IDH : indice de développement humain

IPH : indice de pauvreté humaine

IRPP : impôt sur le revenu des personnes physiques

ISR : investissement socialement responsable

KGB : « comité pour la sécurité de l’État », service de renseignement soviétique

MCCA : Marché commun centre-américaine

MERCOSUR : Marché commun d’Amérique du Sud

METI : Ministère japonais de l’économie, du commerce et de l’industrie

NASA : National air and space agency

NASDAQ : National association of securities dealers automated quotations

NEP : Nouvelle politique économique (Russie, sous Lénine)

NIRA : National industrial recovery act (USA, New Deal, 1933)

NKVD : « commissariat du peuple aux affaires intérieures », police politique soviétique

NPI, NPIA : Nouveau pays industrialisé (asiatique)

NSDAP : Parti National-Socialiste des Travailleurs Allemands (« nazi »)

NYSE : New York Stock Exchange

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement économiques

OCS : Organisation de Coopération de Shanghai

OIF : Organisation Internationale de la Francophonie

OIT / BIT : Organisation/Bureau international(e) du Travail

OLP : Organisation de libération de la Palestine

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMI : Organisation Maritime Internationale

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : organisation non gouvernementale

ONU : Organisation des Nations unies

OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole

ORD : organe de règlement des différents (OMC)

OTAN : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord

OTASE : Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est

OUA : Organisation de l’Unité Africaine

PAC : Politique agricole commune

PCSD/PESC : Politique commune de sécurité et de défense, Politique étrangère et de sécurité commune

PDEM : pays démocratique à économie de marché

PECO : pays d’Europe centrale et orientale

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PED / PVD : pays en développement/en voie de développement

PIB / PNB : produit intérieur/national brut

PMA : pays les moins avancés

PME, PMI : petites et moyennes entreprises /industries

PNUD : Programme des Nations unies pour le développement

PPA : parité de pouvoir d’achat

PPTE : pays pauvres très endettés

PPP : Partenariat pour la paix

PPP : partenariat public-privé

PSCD : Politique (européenne) de sécurité commune et de défense

RDA : République Démocratique d’Allemagne

RFA : République Fédérale d’Allemagne

RMI : Revenu minimum d’insertion

RSA : République sud-africaine

RSA : Revenu de solidarité active

RSE : responsabilité sociale des entreprises

SAARC : Association sud-asiatique pour la coopération régionale

SALT : Strategic arms limitation talks

SAU : Surface agricole utile

SDN : Société des Nations

SFIO, SFIC : Section française de l’internationale ouvrière/communiste

SMIC : Salaire minimum interprofessionnel de croissance

START : Strategic arms reduction treaty

TAN : taux d’accroissement naturel

TEP : tonne équivalent pétrole

TPP : Trans-Pacifi c Partnership

TTIP / TAFTA : Transatlantic trade and investment partnership

UA : Union Africaine

UNASUR : Union des Nations sud-américaines

UNESCO : Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture

UNHCR : Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés

UNICEF : Organisation des Nations unies pour l’enfance, la famille et l’éducation

UpM : Union pour la Méditerranée

URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

ZEE : zone économique exclusive

ZIP : zone industrialo-portuaire

ZPIU : zone de peuplement industriel et urbain

ZUP : zone à urbaniser en priorité

ZUS : zone urbaine sensible

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Méthodologie

Nous sommes maintenant en septembre, c’est la rentrée et il ne faut pas perdre de temps. Pour cette première séance, vous allez apprendre les bases d’une bonne méthode de travail : comment apprendre le cours d’histoire-géographie-géopolitique, comment lire, comment relire, comment compléter, agrémenter et enrichir vos notes.

Les diff érents exercices attendus par vos enseignants

Pendant toute l’année, vous devrez travailler régulièrement en mobilisant différents types de compétences. Vos professeurs stimuleront votre intellect avec toute une série d’exercices servant à préparer les concours des écoles de commerce.

En fi lière ECS, six heures par semaine (généralement à hauteur de trois séances de deux heures) vous allez faire de l’HGGMC, « histoire, géographie, géopolitique du monde contemporain ». Pour les deux premières matières, inutile de vous faire un long discours, en revanche il convient d’expliciter le sens de cette troisième discipline, la géopolitique. On entend par là l’analyse spatiale des rapports de force politiques, où comment les enjeux de pouvoir se traduisent sur les territoires. Cette matière est directement liée à l’actualité politique internationale, et fait la part belle aux connaissances économiques, juridiques, sociologiques… sans jamais négliger les aspects historiques (à court et long termes) et la dimension géographique (à grande et petite échelle).

Les cours seront essentiellement de l’enseignement magistral, il vous faudra donc prendre beaucoup de notes (voir « Jour 5 » de cette semaine), lire beaucoup de livres et faire beaucoup de fi ches. En six heures, on ne peut ni tout dire, ni tout entendre, ni tout comprendre, ni tout noter. Votre prise de notes devra donc être optimale, elle s’accompagnera, le soir ou le week-end, d’une relecture méthodique, afi n de corriger/vérifi er les noms propres, les lieux, les dates, tout ceci en ayant devant soi un diction-naire, un atlas ou une encyclopédie en ligne comme Wikipedia.

Vos professeurs vous rencontreront pour des interrogations orales régulières (les fameuses « colles » ou « khôlles »), ils attendent donc de vous des connaissances solides sur les leçons des jours et semaines écoulés. Apprenez régulièrement, sans rien négliger : c’est généralement sur ce qui est le plus rébarbatif que les enseignants aiment poser des questions. 10 minutes d’oral (et autant de reprise en tête-à-tête) sur un sujet que l’on ne maîtrise pas, cela peut être un vrai calvaire si on arrive sans munitions ni entraînement.

Pour vous préparer pour le concours, vous devrez faire de nombreux devoirs dans les conditions « réelles », sur table, en durée limitée (4 heures). Les sujets donnés par vos professeurs seront inspirés des annales des banques d’épreuves des concours, et ce dès le début de votre formation. Il vous faudra savoir écrire en bon français des

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dissertations parfaitement structurées. Il sera aussi nécessaire de faire un minimum de cartographie. Mais chaque chose en son temps, nous ne sommes qu’en début de première année…

Enfi n, d’autres travaux peuvent contribuer à varier les plaisirs : devoirs à faire chez soi (et à rendre impérativement à temps, vous n’êtes plus des lycéens dilettantes), fi ches de lecture, exposés et recherches diverses, commentaires de documents…

Faites des fi ches !

… mais pas des fi ches de résumé du cours. Ce serait vous contraindre à la sous-alimentation. À l’inverse, vous méritez un régime « hyper protéiné » et enrichi. Le cours, tout excellent et passionnant qu’il soit, nécessite d’être approfondi.

Faire des fi ches consiste à glaner des renseignements supplémentaires à annexer au cours. Vous pouvez vous contenter d’annotations dans la marge ou en bas de page, qui n’apporteront que le minimum. Vous pouvez aussi faire l’inverse, et ajouter à chaque leçon de 10-20 pages un dossier de 150 pages amoureusement collectées… Que vous n’aurez jamais le temps de relire.

Le juste milieu, c’est la constitution de fi ches thématiques ou de mini-dossiers : chronologies, biographie, cartes, et surtout coupures de presse (on n’insistera jamais assez sur l’importance de l’actualité !) identifi ées, datées et fl uotées pour mettre en évidence les passages essentiels. Vous trouverez toute cette matière dans la presse quotidienne et hebdomadaire, dans des revues spécialisées, dans les manuels et les livres signalés par vos professeurs. Souvenez-vous qu’un bon manuel est un livre qui ne donne pas que du cours, mais qui fournit aussi des références bibliographiques. Vous savez, ce sont ces petites notes de bas de page ou de fi n de chapitre, avec des titres de livres dont vous n’aviez jusque-là que faire. Il faudra apprendre à ne plus les négliger et à aller au CDI ou à la bibliothèque municipale ou universitaire pour emprunter quelques ouvrages chaque semaine, ou consulter un ou deux chapitres importants. Prévoyez aussi un vrai « budget livres », pour acquérir des manuels, atlas, guides, ouvrages de référence dont vous ne pourrez plus vous passer. N’hésitez pas à demander à vos professeurs, ils adorent donner des conseils de lectures et d’acquisitions.

Voilà pourquoi il faut faire des fi ches : garder une trace de tout ce travail, afi n que cela ne soit pas vain, dans 18 mois, quand vous réviserez pour le concours. Et quand on parle de garder une trace, il est important qu’elle soit tangible, sous forme de feuilles, de liasses, de cahiers, de pochettes plastiques. Combien d’élèves avaient rempli des gigaoctets de disques durs et plantèrent leur PC, cassèrent leur tablette, se fi rent voler leur smartphone…

Ultime conseil : soyez assidu, en cours comme dans votre travail personnel. Devenez un utilisateur régulier de ce manuel : « 30 minutes par jour », ce n’est qu’une formule stéréotypée, certes, mais c’est le choix de l’effi cacité. À la veille d’un devoir ou du concours, vous n’aurez jamais assez des 24 heures d’une journée pour rattraper en catastrophe toutes les demi-heures négligées jusque-là.

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Le programme de l’année et le planning de travail hebdomadaire

Deux semestres d’HGG

Le premier semestre sert à faire le lien avec l’enseignement reçu en lycée. Le programme d’histoire-géographie de terminale est loin d’avoir eu une position centrale dans votre cursus. Or, en « prépa ECS », l’HGG pèse six heures de cours par semaine. Il faut donc reconsidérer la place de cette matière dans vos compétences, et effectuer une sorte de mise à niveau. Le premier semestre a une dimension très historique, puisqu’il vous fait traverser le XXe siècle afi n d’expliquer la mondialisation et la situation globale au début du XXIe siècle. L’intérêt de consacrer ce semestre à de l’histoire est double : d’abord on s’inscrit dans la continuité méthodologique de ce que vous avez connu au lycée, ensuite on pose des bases culturelles solides pour comprendre les phénomènes actuels. Vous ne serez donc pas trop dépaysés par ce premier semestre sur le plan des contenus et de la matière, ce sera de l’histoire… mais une histoire un peu plus dense et ciblée que ce que vous ont proposé les programmes du lycée. La progression sera chronologique, des années 1900 jusqu’à aujourd’hui, en proposant une série d’instantanés des relations internationales à différentes dates charnières (1913, 1919, 1939, 1945), puis en traitant quelques grandes périodes ayant du sens sur le plan économique et politique : la guerre froide, la décolonisation, les trente glorieuses, la crise des années 1970… L’accent sera mis sur les soixante-dix dernières années et une attention toute particulière sera apportée au cas français, en fi n de semestre.

Le second semestre sera, pour faire bonne mesure, plus géographique, et également plus thématique. Vous allez vraiment commencer à manier les outils de la géopolitique : étude des enjeux territoriaux, des facteurs de la puissance, des modes de régulation des relations internationales, des ambitions des État, des entreprises, des populations… Si le premier semestre expliquait les racines de la mondialisation, ce second semestre s’attachera à montrer les principes de fonctionnement de l’éco-nomie-monde actuelle. Ainsi, vous aborderez les thèmes fondamentaux de la politique internationale et de la géoéconomie : le rôle des État, des fi rmes multinationales, des ONG ; les fl ux de population, de marchandises, de capitaux, de données ; les territoires gagnants et perdants, marginalisés ou centraux ; les problèmes liés aux ressources et au développement durable.

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Voici les grands thèmes du programme : le premier semestre invite à étudier « les grandes mutations du monde au XXe siècle » :

− Un monde entre guerres et crises (1913-1990), avec une série de tableaux géopolitiques du monde en 1913, 1919, 1939 et 1945, puis une étude de la guerre froide et de la décolonisation, enfi n un récit de la construction européenne.

− L’économie mondiale : croissances et ruptures (1945-1990), avec l’alternance entre trente glorieuses et crise, et explication du passage de l’internationali-sation à la mondialisation

− La France, « une puissance en mutation » dans l’après-guerre et jusqu’aux années 1990 : économie, société, territoire, place dans le monde.

Le second semestre a pour thème « la mondialisation contemporaine, rapports de force et enjeux » :

− La mondialisation, à travers ses acteurs, ses dynamiques et ses espaces : fl ux, territoires productifs, agents étatiques ou entrepreneuriaux…

− La mondialisation, à travers son architecture, et les rivalités et interdépendances qui la caractérisent : on s’interrogera sur la « pax americana », la place de la France et la situation géopolitique actuelle.

− Les défi s du développement et les enjeux d’un monde durable : problèmes et débats autour de la démographie, des ressources, de l’altermondialisation…

Des semaines bien remplies

… Et, si possible, remplies d’un travail effi cace. Faites un planning, votre propre emploi du temps complémentaire pour les quelques heures que vous pouvez consacrer au travail personnel. Forcez-vous à suivre cette discipline : lecture de livres et fi chage le mercredi après-midi, passage à la bibliothèque le samedi matin, etc. Pensez aussi à ne pas négliger le travail collectif : si en langues vivantes les étudiants de prépas ont souvent l’habitude de travailler ensemble, pour pratiquer la langue, l’usage est encore peu courant en HGG. Réunissez-vous pour confronter et échanger vos fi ches de lectures, simuler des colles, traiter ensemble des sujets d’annales.

Selon ce qui est en vigueur dans votre établissement, essayez de profi ter au maximum du tutorat ou du parrainage organisé avec les élèves de seconde année. Ils vous aideront et vous donneront leurs propres petites recettes pour ne pas se noyer.

Un dernier conseil : que ce soit dans ce livre, dans vos manuels, dans le cours de votre professeur… lorsque vous tomberez sur un terme ou un nom propre qui ne vous évoque rien, ou dont vous n’êtes pas sûr du sens, PRÉCIPITEZ-VOUS sur un DICTIONNAIRE, un ATLAS, une encyclopédie en ligne, un moteur de recherche. Vous ne devez être ni ignorant, ni imprécis.

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Défi ni ons

Les grands concepts de ce début de premier semestre

Mondialisation

Il s’agit ici de la francisation du terme globalization, qui désigne l’adoption à l’échelle planétaire des modes de fonctionnement économiques et politiques libéraux : libre-échange, concurrence, libre-circulation, et (en théorie) démocratie et libertés autant individuelles que collectives. Bref, un vaste marché mondial où les frontières s’effacent et où tout circule : marchandises, capitaux, information, pollution, êtres humains… Les historiens distinguent plusieurs mondialisations : une première (XVIe-XVIIIe s.), issue de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb et qui donna l’avantage aux Européens autour de l’espace atlantique essentiellement, avec le commerce du sucre et des esclaves, le développement des marines… Une seconde mondialisation (XIXe s.) accompagnerait la révolution industrielle et l’apparition des transports à vapeur (colonisation franco-britannique de l’Afrique et de l’Asie, naissance du capitalisme moderne). La mondialisation actuelle ne serait donc qu’une troisième phase, intégrant les pays occidentaux, mais aussi les émergents et les autres pays du Sud. En effet, jusqu’à présent la mondialisation était surtout une « occidentalisation » du monde.

Révolutions industrielles

En comparaison avec la révolution française et la révolution américaine, qui métamorphosèrent la vie politique de l’Occident à la fi n du XVIIIe siècle, on parle de révolution industrielle pour qualifi er les bouleversements technologiques et productifs qui touchent l’Angleterre puis la France entre 1780 et 1850. Il s’agit là de la première révolution industrielle, celle de la machine à vapeur et du métier à tisser mécanique, celle des usines aux cheminées fumantes et des mines de charbon. Une seconde révolution industrielle touche l’Europe (et les États-Unis et le Japon) vers 1900, avec l’apparition du moteur à essence et de l’ampoule électrique, puis d’une foule d’autres innovations : cinéma, chimie des plastiques, nucléaire, électronique… Enfi n, des théoriciens actuels comme Jeremy Rifkin parlent de plus en plus d’une troisième révolution industrielle, d’ailleurs plus technologique qu’industrielle (génétique, informatique en réseau, énergies renouvelables, nanotechnologies). Ajoutons que le terme « révolution » fait polémique, puisque le remplacement de l’agriculture traditionnelle et de l’artisanat par l’industrie et la mécanisation n’a pas eu partout et tout le temps le rythme rapide d’une révolution : les pays du Sud sont encore souvent au stade préindustriel, d’autres nations ont connu de très lents et de très incomplets processus. Mieux vaudrait donc parler « d’industrialisation » plutôt que de « révolution industrielle ».

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Capitalisme et libéralisme

Le capitalisme désigne un système économique dans lequel les moyens de production sont privés, donc appartiennent à des individus ou des groupes d’individus : les actionnaires. La recherche du profi t est l’objectif, le marché et la libre concurrence régulée par la loi de l’offre et de la demande (la « main invisible » d’Adam Smith) sont le moyen. Le libéralisme désigne deux entités plus ou moins mêlées : un système politique et un système économique. Le libéralisme économique peut être assimilé au capitalisme et est fondé sur la liberté d’entreprendre, la concurrence, le libre-échange et la liberté de l’emploi. Le libéralisme politique renvoie à la notion de démocratie : c’est un système où les individus sont libres, peuvent s’exprimer individuellement et collectivement, et désignent leurs dirigeants par le vote. Le libéralisme, sous ses deux formes, caractérise la majorité des pays occidentaux.

Crise économique

Les économies pré-capitalistes et préindustrielles se caractérisaient par des crises alimentaires, des famines liées aux mauvaises récoltes ou aux guerres. Ces crises d’ancien régime disparaissent au XIXe siècle, remplacées par des crises économiques, moins traumatisantes et liées au monde de la fi nance et de l’industrie, plus qu’à l’agriculture et au climat. Le capitalisme se caractérise par des alternances de cycles (cherchez donc ce qu’est un cycle Juglar ou un cycle Kondratiev !). Des périodes de croissance, d’expansion, cèdent la place à des périodes de récession, de contraction des économies. Le moment d’inversion des tendances est appelé crise économique. C’est lorsqu’une économie cesse de créer de la richesse, ou en crée moins, brutalement. Son déclenchement est généralement soudain, diffi cilement prévisible et souvent lié à la spéculation. Le retour à la croissance survient de manière parfois très lente, après des années.

Protectionnisme

Doctrine économique qui cherche à protéger un marché national de la concurrence étrangère en préconisant des mesures douanières / tarifaires, ou des normes sanitaires, techniques, environnementales. Le protectionnisme a été combattu par les Britanniques partisans du libre-échange, avant de connaître un regain d’intérêt dans les années 1900, dans une Europe tiraillée par les compétitions coloniales, économiques et politiques. Le protectionnisme réapparaît dans les années 1930, à cause de la crise, chaque nation accusant ses concurrents d’être à l’origine des diffi cultés de son économie.

Quelques noms à connaître

Cherchez qui sont Adam Smith, David Ricardo, Milton Friedman, Friedrich Hayek, John Stuart Mill, Alexis de Tocqueville, Karl Marx, Thomas Malthus, Joseph Schumpeter, John Rawls, Fernand Braudel et Immanuel Wallerstein.

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Chronologie

Le monde entre guerres et crises, 1900-1945

Au XIXe siècle l’Europe a triomphé, tout particulièrement la Grande-Bretagne et la France, talonnées par l’Allemagne. Les écarts de richesse et de développement se sont accrus entre les pays occidentaux et le reste du monde, à l’exception du Japon, seule nation de culture non-européenne à avoir connu une industrialisation réussie.

1895-1914 – La Belle Époque, après à la « Grande Dépression » de 1873-1995

1896 – Premiers jeux olympiques modernes, à Athènes

1900 – 1913 – Le commerce mondial double, après deux décennies de protec onnisme

1900 – Les départs d’émigrants européens avoisinent le million par an

1902 – Achèvement de la ligne de train Moscou-Vladivostok, le Transsibérien

1903 – Suff rage es d’Emmeline Pankhurst1905 – Entente Cordiale entre

la France et le Royaume Uni1905 – Première révolu on russe1908-1927 – Produc on de

la Ford modèle T.1910 – Première émission radiophonique1911 – Premier système d’assurance

sociale au Royaume Uni1911 – Heurts franco-allemands au Maroc1912 – Naufrage du Titanic1913 – L’Europe concentre à elle seule

44 % de la produc on industrielle mondiale. La France représente 6 % de la produc on. La Grande-Bretagne à elle seule émet 42 % des inves ssements interna onaux. Le Japon, récemment industrialisé (Ère Meiji, 1868) compte déjà un million d’ouvriers et assure 2 % de la produc on industrielle mondiale

1913 – Le service militaire français passe à 3 ans. Course à l’armement.

1914 – Ouverture du Canal de Panama1914-1918 – Première Guerre Mondiale1916 – Accords Sykes-Picot

sur le Proche-Orient1917 – Révolu on russe et retrait russe

du confl it (paix de Brest-Litovsk, 1918), entrée en guerre des États-Unis, déclara on Balfour sur la Pales ne

1918 – Discours des 14 points du président Wilson, projet de SDN

1919 – Traités de Versailles et Saint-Germain-en-Laye

1919-1929 – Les Années Folles / Roaring twen es et Prohibi on (1919-1933)

1920 – Le congrès américain refuse de par ciper à la SDN.

1920 – Traités de Sèvres et Trianon.1920-1930 – Premières vagues

d’agita on dans les colonies1922 – Mussolini dirige l’Italie1922 – La Russie devient URSS1922-1923 – Hyperinfl a on allemande1924 – Mort de Lénine, Staline le remplace1924 – Plan Dawes1925 – Accords de Locarno1927 – Lindbergh traverse l’Atlan que1929 – Plan Young1929 – Jeudi « noir » du 24 octobre, krach

de Wall Street – crise économique1931 – Créa on du Commonwealth

of Na ons

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1933 – Le premier New Deal de F.D. Roosevelt

1933 – Adolf Hitler chancelier puis Reichführer

1934, 6 février – Emeutes à Paris, la République est menacée par les Ligues

1935 – Second New Deal1936 – Guerre d’Espagne, Bombardement

de Guernica (1937)1936 – Remilitarisa on de la Rhénanie1936 – Front Populaire1936 – Interven on japonaise en

Chine, massacres de Nankin1938 – Anschluss de l’Autriche1938 – Conférence de Munich1939 – Pacte germano-sovié que1939, 1er septembre – Invasion

de la Pologne1939-1945 – Seconde guerre mondiale

1940, juin – Défaite française face à l’Allemagne

1940, été – Bataille d’Angleterre1941 – Charte de l’Atlan que1941 – Opéra on Barbarossa1941, 7 décembre – A aque de Pearl

Harbour par les Japonais1942 – Rapport Beveridge et

programme du CNR (1944)1943 – Conférence de Téhéran1944, 6 juin – Débarquement de Normandie1944 – Conférence de Bre on Woods1944 – Conférence de Québec

et Plan Morgenthau1944 – Conférence de Dumbarton Oaks1945, février – Conférence de Yalta1945, 8 mai – Capitula on de l’Allemagne1945, juillet-août – Conférence de Potsdam1945, 6 et 9 août – Bombardements

atomiques d’Hiroshima et Nagasaki

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Méthodologie

La prise de notes

Avec une trentaine d’heures de cours par semaine, dont six en HGG, par séquences de 2 heures sans pause, vous allez vite crouler sous la paperasse. Vos premiers cours, quand vous les relirez, seront la preuve tangible d’une submersion temporaire. Il faut donc apprendre vite et bien à prendre des notes claires, complètes, transmissibles (aux camarades absents, par exemple).

Plusieurs défi s sont à relever : tout entendre du cours et en fi xer l’essentiel rapidement sur le bloc, ne rien oublier, ne pas trop gratter le papier non plus. Relire ses notes dès le soir pour les corriger (noms propres, dates à vérifi er, erreurs, notions mal saisies qui méritent vérifi cation) et les compléter (un moment d’inattention, plus d’encre dans le stylo…)

Il faut donc de la concentration et du matériel en quantité suffi sante (le bloc A4 ou la copie double classique valent mieux que n’importe quel cahier à fanfreluches). Il faut aussi une main leste et un poignet solide, vous allez « gratter », mais ne craignez rien, vous avez encore du temps avant de subir des troubles musculo-squelettiques à force d’écrire !

Certains écrivent mal : peu importe ! Ce sont vos notes, pas celles du voisin, même si ce dernier devrait pouvoir vous relire sans diffi culté. L’essentiel est de pouvoir se relire sans faire de fausses interprétations. Des notes qui sont à vous, par vous, pour vous, seront toujours plus effi caces qu’une pile de photocopies de manuels ou de cours des années précédentes, maladroitement fl uotées.

Certains écrivent lentement : alors écrivez moins, résumez, apprenez à être allusif et elliptique « juste ce qu’il faut ». Utilisez des abréviations, celles conventionnelles (ONU, USA, PIB) ou d’autres de votre cru, mais n’abusez pas de ces dernières. Il existe déjà plein de sigles et acronymes pour la plupart des notions dont on parlera en cours, comme le L qui signifi e travail en économie (« labour ») ou le ° qui permet d’éviter d’écrire les suffi xes en –ion/-tion (infl a° pour infl ation). Si vous avez peur de vous empêtrer dans tous ces signaux, les vôtres, ceux du professeur, ceux des autres, faites un petit lexique dans la page de garde de votre classeur/pochette/cahier.

Certains n’arrivent pas à se relire ou trouvent qu’un texte tapé est plus beau et plus facile à compulser… Pensez-vous vraiment avoir le temps de taper vos cours le soir, chez vous, après huit heures de cours ? Franchement, est-ce fondamental d’avoir des cours en Garamond corps 12 double interligne ? Utilisez plutôt votre ordinateur et vos soirées pour consulter des sites encyclopédiques, des journaux en ligne, des MOOC et des blocs pédagogiques. De plus, trop écrire au clavier fait oublier les automatismes de l’écriture au stylo, ce qui vous handicapera en qualité et vitesse d’écriture le jour du

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concours ou du devoir, quand il faudra produire au moins huit pages denses et lisibles en quatre heures. La facilité de plume, cela s’apprend sur le long terme. Souvenez-vous : dans la salle d’examen, vous n’aurez pas de correcteur orthographique, profi tez donc de la prise de notes pour muscler votre orthographe. S’échanger des notes entre camarades et se critiquer mutuellement peut être un exercice salutaire… et amusant.

Terminons par quelques détails pratiques sur la prise de notes, autant de conseils basiques qui vous feront gagner du temps.

1. Utilisez la marge de vos feuilles pour ajouter précisions, corrections…

2. Aérez bien votre prise de notes, pour que vos feuilles ne soient pas des pavés gribouillés de la première à la dernière ligne.

3. Utilisez des abréviations.

4. Soyez « graphiques ». L’information peut être fi xée sous la forme de texte, mais aussi par le biais de schémas, croquis, listes, dessins… Ne perdez pas trop de temps en cherchant des stylos de couleur dans votre trousse : tout peut se faire en monochrome ou avec juste deux couleurs.

5. Relisez et corrigez vos notes rapidement après le cours.

Apprendre à apprendre

Chacun a sa façon de mémoriser la leçon. Certains sont des visuels, d’autres des auditifs… L’essentiel est que votre manière de prendre le cours doit être en adéquation avec vos processus de mémorisation. Votre feuille de notes limpide (selon vous) sera du pur charabia pour le voisin. La manière dont vous allez structurer vos notes ou le plan de votre dissertation en dit long sur le fonctionnement de votre intellect.

Si vous êtes « visuel » vous mémorisez d’abord des images, votre prise de notes se devra d’être très graphique, avec des variations d’écritures, de couleurs, d’alignements, des majuscules, des sauts de lignes, des fl èches…

Si vous êtes plutôt « auditif », vous préférerez apprendre en relisant le cours à voix haute. Vous emmagasinerez le rythme et la musicalité des phrases du professeur. Tournures, intonations, pauses et accélérations seront vos guides.

Si vous êtes un « systémique », vous n’acquérez du cours que sa structure ration-nelle, selon une approche mathématique qui transformera le récit historique ou la description géographique en une démonstration logique, schématique.

Enfi n, dites-vous que votre professeur lui-même a sa propre logique pédagogique, une façon bien à lui d’expliquer, narrer, conceptualiser. Vous ne serez peut-être pas sur sa longueur d’onde, alors que votre voisin sera parfaitement au diapason. La solution, c’est de poser des questions, de demander des précisions, des explications selon un autre angle d’approche. N’hésitez pas à interroger votre enseignant !

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Rappel du cours

Le monde à la veille du premier confl it mondial

Pourquoi passe-t-on d’un âge d’or, la « Belle Époque », à une faillite complète de la civilisation, sur les champs de bataille de Verdun, de la Somme ou de Gallipoli ?

1. L’industrialisation suit son cours : l’essentiel de l’Europe vit à l’heure de la première révolution industrielle, mais la seconde touche déjà les économies et la vie quotidienne. Si le rail a couvert l’Europe et l’Amérique et si la communication par télégraphe est entrée dans les mœurs, l’automobile et le téléphone sont déjà là, comme l’électricité, le cinéma et les vaccins. Bientôt viendront les plastiques, l’avion, les antibiotiques. C’est l’ère du duo savant/capitaine d’industrie, avec des innovateurs célèbres comme Diesel, Bell, Edison, Pasteur, Curie, Ford, Krupp, Eiffel, De Lesseps. Les industries se concentrent et forment les premières grandes fi rmes : les Konzern allemands, les Trust américains, les Zaibatsu japonais. Quelques noms connus ? GMC, Siemens, Ford, Peugeot, AEG, Mitsubishi…

L’Europe centrale et méridionale, la Russie, et surtout les États-Unis et le Japon de « l’ère Meiji » s’industrialisent à leur tour. Cela fait de plus en plus de compétiteurs, dans une économie mondiale déjà « à maturité » où l’innovation, la consommation et la spéculation fi nancière sont d’ores et déjà les principaux moteurs de l’économie.

Poser la question de l’industrie, c’est aussi s’intéresser au sort de la classe ouvrière, qui s’améliore globalement. Néanmoins, si la législation sociale progresse dans les pays occidentaux (droit de grève, de syndicalisation, fi n du travail des enfants…), les conditions de vie restent rudes. Le travail en usine est de plus en plus parcellisé en tâches simples, répétitives et chronométrées : on parle de taylorisme, l’organisation scientifi que du travail. La production se fait en masse, à la chaîne, de manière standar-disée pour baisser les coûts de production : on parle alors de fordisme.

2. Colonisation et mondialisation : la conférence de Berlin, en 1885, a été un authentique partage du monde entre Français et Anglais, laissant aux Russes, Belges et Allemands des miettes. Le colonialisme est un des résultats de l’industrie : un pays qui a des armes à feu, des navires cuirassés à vapeur, des automobiles et le télégraphe peut s’imposer aux autres nations, afi n de mettre la main sur leurs matières premières, leurs mains-d’œuvre… Le but premier est donc économique, le second est territorial, géostratégique (contrôler des routes, des gisements, des détroits, des ports), le troisième est plus culturel, il vise à imposer la « civilisation » occidentale (langues, foi, lois) aux « races inférieures » selon la terminologie de l’époque.

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Les Britanniques sont les grands bénéfi ciaires de l’aventure coloniale, avec un empire « où le soleil ne se couche jamais » de 33 millions de km² et 450 millions d’habitants. Le Canada, l’Australie, l’Afrique de l’Est et surtout les Indes constituent l’essentiel de cet ensemble.

La France possède trois fois moins en superfi cie, et presque dix fois moins en nombre d’habitants. Les Allemands n’ont que des fragments d’Afrique… Toutes ces conquêtes, et le maintien de l’ordre qui les accompagne, coûtent cher. Jamais le colonialisme ne sera réellement rentable. Ironiquement, vers 1900, les Européens investissent plus (et gagnent plus) dans des placements en Amérique du Sud ou en Russie que dans leurs colonies, si chèrement acquises et source de tant de fi erté.

Au fi nal, l’économie des années 1900 est déjà mondialisée : on consomme de la viande néozélandaise en Angleterre et du cacao africain en France, le prix du blé pour toute la planète se décide aux bourses de Chicago et de Liverpool. Sur le plan migratoire également, les fl ux deviennent mondiaux et essentiellement au départ de l’Europe, surpeuplée, qui pèse un quart de la population mondiale (contre moins de 10 % aujourd’hui). Les Italiens et Irlandais vont aux États-Unis, les Français au Maghreb, etc.

3. Compétition entre nations européennes : alors que les États-Unis rattrapent et dépassent tout le monde à l’aube du confl it, les nations d’Europe se livrent une concurrence sans merci, avant même de se déclarer la guerre. À cette époque, la plupart des pays prônent le protectionnisme (« tarif Méline » en France, « tarif Dingley » aux États-Unis) et le patriotisme, sinon le nationalisme. On s’espionne, on se trahit, on crée des alliances : Triple Entente (les démocraties française et britannique avec l’empire tsariste russe) contre Triple Alliance (les empires centraux d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie, liés à l’Italie, dès 1882).

Une nouvelle hiérarchie des puissances se dessine : sur le plan industriel, en 1914, les Américains ont dépassé les Allemands et les Britanniques, la France est talonnée par la Russie. Sur le plan technologique et scientifi que, États-Unis, Allemagne et France se livrent une saine émulation, quand (sur le plan fi nancier et purement capitaliste) la City londonienne est toujours n° 1, suivie de la France et, déjà, de Wall Street. Parfois, la simple compétition se transforme en friction : Français et Allemands s’échangent quelques amabilités au sujet de la colonisation du Maroc, États-Unis et Espagne s’affrontent militairement pour Cuba, la Russie est battue par le Japon en Mandchourie.

Enfi n, c’est l’époque des magnats du capitalisme, avec des fortunes colossales (Rockefeller, Rothschild, Carnegie, Schneider, Hearst, Güell) et d’authentiques self made men qui font fortune par des coups de génie dans les affaires, comme Henry Ford ou André Citroën. Cette ère durera pendant les trente premières années du siècle.

En 1914 l’Allemagne est en passe de s’imposer presque dans tous les domaines en Europe, mais souffre de son enclavement territorial au cœur du continent et elle n’a pas d’empire colonial digne de ce nom. Le Second Reich autoritaire de Guillaume II compte 68 millions d’habitants, c’est le nouveau géant menaçant du vieux continent…

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Sarajevo, 28 juin 1914 : l’activiste Gavrilo Princip tue l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, Franz-Ferdinand. L’engrenage infernal des alliances se met en marche et l’Europe fonce vers sa perte. Stefan Zweig résuma cela de manière limpide : « partout le sang montait à la tête des États pour y produire une congestion cérébrale ».

C’est dimanche, on se cultive !

Quelques fi lms, des classiques, pour découvrir les années 1900.

Pourquoi ne pas commencer par de vrais fi lms d’avant 1914, « muets et en noir & blanc » ? Des extraits des œuvres des frères Lumière, de Georges Méliès et de l’Américain D.W. Griffi th (Intolérance, Naissance d’une na on) sont assez faciles à dénicher sur le web.

Ensuite, de nombreux fi lms plus récents ont essayé de recréer l’ambiance « Belle Époque », le temps des aventures coloniales… et la conquête de l’Ouest, à Hollywood, évidemment. Voici une toute pe te sélec on, subjec ve, de fi lms plus ou moins anciens :

Paul T. ANDERSON, There will be blood, 2007 Jean-Jacques ANNAUD, La victoire en chantant, 1976 Bernardo BERTOLUCCI, Le dernier empereur, 1987 James CAMERON, Titanic, 1997 Charlie CHAPLIN, Les temps modernes, 1936, les lumières de la ville, 1931 John HUSTON, L’homme qui voulut être roi, 1975 Fritz LANG, Metropolis, 1927 Mar n SCORSESE, Aviator, 2004

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Rappel du cours

1919, un monde en recomposition

1914-1918 n’a été que le premier round d’un confl it de 30 ans courant jusqu’en 1945. Pour beaucoup de témoins, la « Der des Der » a été l’amorce du déclin de l’Occident (Oswald Spengler, Jean Demangeon) et un accélérateur de l’histoire (Lénine).

1. Diffi cile de résumer le bilan de quatre ans d’enfer. On peut parler de barbarie, de brutalisation des sociétés, et de suicide de l’Europe. La guerre fut totale (l’expression est du général allemand Ludendorf), impliquant les soldats au front comme les civils à l’arrière. Totale, elle le fut aussi dans ses implications géographiques : pendant quatre ans, on se bat sur terre, sur mer, dans les airs, en Europe et dans les colonies. Banquiers et chercheurs jouent aussi un rôle prépondérant. Engageant dès 1914 12 millions de soldats en même temps, ce premier confl it mondialisé a pour but l’annihilation de l’adversaire grâce aux moyens industriels (avions, gaz de combat, blindés). Au fi nal, on dénombre environ 10 millions de morts et le double de blessés et invalides. En Serbie, c’est 40 % de la population qui décède, en France 10 %. Toute une génération de jeunes hommes a été décimée. Souffrant de l’infl ation et de pénurie, les populations sont à bout, moralement et physiquement. Ainsi, en 1918-1919 une épidémie de « grippe espagnole » enfonce le dernier clou du cercueil avec ses 30 millions de victimes.

Les États ont pratiqué l’interventionnisme dans l’économie, orientant l’inno-vation technologique, drainant l’épargne, recourant à la propagande, contrôlant les entreprises (ainsi, Walter Rathenau, responsable de l’effort de guerre allemand, est un ancien dirigeant de la fi rme AEG).

2. Malheur aux vaincus : l’Europe est redessinée par les traités de 1919-1920. On règle le sort de l’Allemagne à Versailles ; le Traité de Sèvres démantèle l’empire ottoman, créant la Turquie moderne. Celui de Trianon se charge de la Hongrie et celui de Saint-Germain-en-Laye réduit l’empire d’Autriche à un petit pays de six millions d’habitants. La Pologne, la Yougoslavie ou encore la Tchécoslovaquie naissent à cette occasion. Une chose est certaine : motivée par l’esprit de vengeance, ces traités sont un non-sens. L’économiste anglais J.M. Keynes écrit dès 1919 dans Les conséquences économiques de la paix « j’ose prédire que la revanche allemande sera terrible ».

L’Allemagne a perdu 10 % de sa population, sa production industrielle a été divisée par deux, mais elle a subi peu de destructions sur son territoire. Dès décembre 1918 des révoltes spartakistes éclatent à Berlin et dans les villes industrielles. L’Empire autoritaire disparaît avec l’abdication de Guillaume II, remplacé par la République de Weimar, régime parlementaire faible imposé par les vainqueurs. L’article 231 du traité de Versailles est catégorique : « l’Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les

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avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis », il faudra donc payer des sommes faramineuses, au-delà de toute rationalité économique. Les États-Unis joueront les modérateurs face à ce « diktat » et obtiendront des aménagements de peine, les plans Dawes et Young, puis le moratoire Hoover. Rien n’y fera : « l’Allemagne paiera » rappelle la France. Et pour payer, le pays procédera à de la création monétaire massive, entraînant la catastrophique hyperinfl ation de 1922-1923. Du pain béni pour les extrémistes du NSDAP menés par Adolf Hitler, qui exploitent aussi la frustration territoriale de la perte des Sudètes, d’une partie de la Pologne et d’un empire colonial, déjà modeste.

La France a vu 13 de ses départements du Nord-Est envahis et ravagés. 10 % de la population est morte comme en témoignent encore aujourd’hui les monuments aux morts dans chaque commune. Les survivants feront preuve de malthusianisme. Sur le plan matériel, notre industrie textile est détruite à 95 %, et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres pour illustrer la chute de la production, de 30 % en quatre ans. Sorti victorieux de la guerre, le pays est face à l’enjeu de la reconstruction, de l’infl ation, et de l’endettement. Il doit, parallèlement, gérer l’agitation dans les colonies, qui furent mises à contribution pour une guerre qui n’était pas la leur.

Le Royaume Uni a perdu 5,5 % de sa population et sa production a baissé de 10 %. La livre sterling perd de sa valeur, la City est désormais directement concurrencée par Wall Street. Surtout, le pays subit une vague de contestations : indépendantistes irlandais (Collins et De Valera), indiens (Gandhi), suffragettes (Pankhurst)…

La Russie du tsar Nicolas II, elle, s’est effondrée économiquement et politiquement. Les révolutions de 1917 mettent fi n à un empire millénaire, le remplaçant par une dictature communiste qui extirpe le pays de la mondialisation pour sept décennies. L’économie russe sera planifi ée, étatisée. Le pays sombre dans la guerre civile (1917-1921) et la répression (holodomor en Ukraine, goulag).

3. Les États-Unis sont les vrais vainqueurs du confl it. Voici un pays qui n’a connu aucune destruction et peu de pertes. Sa production a augmenté de presque un quart et les banques américaines détiennent 40 % de l’or mondial. Si l’Allemagne doit de l’or aux vainqueurs, les vainqueurs doivent de l’or à l’Oncle Sam.

Dès 1918 et son « Discours des Quatorze Points » le président Wilson pose les bases d’un futur ordre mondial : droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, fi n des alliances et traités secrets, création d’une Société des Nations, libre-échange. Le Congrès le désavoue et refuse dès 1920 de ratifi er les traités européens. La SDN ne sera qu’un club de vieilles nations suffi santes, incapables de prendre de vraies décisions. Ni la Russie soviétique, ni l’Allemagne, ni les États-Unis n’y participeront. L’Amérique, triomphateur transparent, n’assume pas son rôle mondial, se cachant derrière son isolationnisme et un protectionnisme commercial qui va à l’encontre de la mondialisation. Les taxes douanières sont d’environ 40 %. Comment faire du business mondialement quand on est n° 1 industriel, qu’on détient les dettes des autres pays et qu’on refuse l’ouverture commerciale ? Les « années folles » (roaring twenties), ne sont qu’une pause…

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La crise de 1929, causes et conséquences

Cette catastrophe économique est d’origine américaine. Elle a pour origine un double phénomène de surchauffe de l’économie et de spéculation de masse et incontrôlée.

L’économie des « roaring twenties » semble créer de la richesse hors de toutes proportions : les entreprises produisent et vendent (ex : Ford et son best seller, le modèle T), la consommation croît, les prix de l’immobilier sont à la hausse, le crédit est facilité. Les banques poussent à l’endettement pour soutenir l’activité, et la nouvelle classe moyenne veut, comme la bourgeoisie, placer son argent dans de lucratifs montages fi nanciers. Un fait échappe alors aux experts (mais n’a pas échappé a posteriori aux historiens) : la valeur des actions, obligations, biens fonciers et autres produits fi nanciers de spéculation ne refl ète plus l’état réel de l’économie. On pèche par excès d’optimisme, certains vont même jusqu’à contracter des crédits non pas pour acquérir des biens, mais pour placer cet argent (qui n’est pas le leur) en bourse, dans l’espoir d’un profi t supérieur au taux d’intérêt de l’emprunt. Concrètement, de 1920 à 1929 la production industrielle fait un bond de « seulement » 50 %, quand la bourse de Wall Street voit sa capitalisation quadrupler. Le credo libéral, qui veut que le marché s’autorégule par la loi de l’offre et de la demande, va être désavoué : aucune main invisible ne vient corriger en douceur les mécanismes. Le credo démocratique, qui postule que des millions de personnes (les investisseurs et les consommateurs) ne sauraient se tromper, va lui aussi être mis à mal.

Le scénario qui s’esquisse à partir de l’été 1929 suit un engrenage infernal. Puisque a priori tout va bien, les industriels produisent, les promoteurs immobiliers construisent (l’Empire State Building est inauguré en 1930), les banquiers comme la Goldman Sachs Company prêtent… Mais, objectivement, les pays industriels ont atteint pour l’époque leur « maximum » de production industrielle. Il ne sert à rien de produire en masse un bien quand chaque client potentiel en est déjà équipé, est endetté et n’a pas besoin d’un exemplaire de plus. Bref, la surproduction est là. Dès l’été 1929 les invendus se multiplient. À l’automne, les industriels réduisent la voilure : la production baisse ou stagne, comme les prix… mais la bourse, elle, continue de monter.

Survient alors le « krach » du jeudi noir, 24 octobre 1929. On découvre que pour chaque vendeur il n’y a pas forcément d’acheteur. Depuis le 19 octobre le marché s’oriente à la baisse. Le lundi 21 le volume de transactions est énorme, avec beaucoup de propositions de vente et beaucoup de méfi ance chez les acheteurs.

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Un léger rebond des valeurs des actions a lieu le mardi et le mercredi… D’ordinaire on échangeait alors à Wall Street 4 millions de titres par jour. Le 21 octobre, ce furent 6 millions d’actions qui passèrent de main en main. Le jeudi 24, on atteignit les 13 millions de titres échangés, et encore, la séance fut interrompue avant terme, dans la panique générale. La psychologie fait irruption dans l’économie : après l’optimisme béat, la phobie et l’irrationalité s’emparent des grandes banques comme des petits porteurs.

Les jours suivants, pour soutenir la valeur des actions, les banques « régulent », elles achètent massivement les titres dont plus personne ne veut. Ce n’est qu’une piètre solution. Les investisseurs ne sont plus dupes, plus personne n’a confi ance dans le système. Le mardi 29 on échange encore jusqu’à 16 millions d’actions, certaines à des valeurs dérisoires. Les épargnants sont ruinés, les banques vacillent. Le New York Times parle d’un « effondrement national ». En une semaine, la bourse a retrouvé sa valeur de 1925.

Faut-il espérer un rebond ? Les experts se fourvoient, croyant dans le pouvoir de l’incantation, s’auto-convainquant que la reprise est proche. Mais la tendance à la baisse (baisse des prix, baisse de la production, baisse de la valeur des actions, baisse de l’emploi, baisse des salaires, baisse des profi ts) va perdurer. En 1932, la capitalisation boursière sera inférieure de 80 % à son niveau d’avant-krach. Seule la seconde guerre mondiale inversera la tendance.

Les conséquences sont à la fois graves et nombreuses. En 1933 une commission d’enquête rend ses premières conclusions et des spéculateurs sont condamnés, ainsi que le président du NYSE (New York Stock Exchange, le vrai nom de la bourse de Wall Street). Mais identifi er des boucs émissaires ne change pas grand-chose : la crise est là.

Dès la fi n de l’année 1929 les banques, ruinées, ne sont plus en mesure de soutenir la consommation. Les ventes de biens à crédit (automobile, immobilier) s’effondrent. Les usines sont à l’arrêt, les entreprises font faillites, 10 millions d’ouvriers perdent leurs emplois. Les épargnants et autres petits actionnaires sont ruinés : rien qu’au dernier trimestre 1929, 640 banques font faillite et leurs clients se ruent aux guichets pour essayer de sauver leurs avoirs. L’État n’encaisse plus d’impôts faute d’activité. Les entreprises n’ont plus les moyens d’investir et d’innover. Les familles endettées voient leurs biens saisis. Le taux de suicide augmente légèrement, la délinquance se développe, la misère de masse touche des Américains qui étaient jusque-là un des peuples les plus aisés et les plus confi ants. Coup de grâce, les mauvaises récoltes qui surviennent en même temps (la fameuse sécheresse du dust bowl) ruinent les agricul-teurs. La soupe populaire accueille des fi les de pauvres, cols bleus, cols blancs, paysans ayant perdu leurs terres…

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D’une crise propre aux spéculateurs fi nanciers, le « krach » devient une crise de l’économie réelle, industrielle et agricole, menant à une crise sociale. Cette épreuve se transforme en test pour les régimes politiques : les sociétés démocratiques solides vont devoir trouver, diffi cilement, des solutions à la misère et au mécontentement des masses. Les nations aux régimes plus fragiles, ou plus autoritaires, vont choisir des options extrêmes…

Pour en savoir plus MARCEL Bruno, TAIEB Jacques, Les grandes crises, A. Colin, 2016 (10e édi on d’un libre

très pédagogique qui réussit une intéressante synthèse) GALBRAITH John K., La crise économique de 1929, Payot, 2011 (1re édi on américaine

1955, sous la plume d’un keynésien lucide qui fut conseiller de J.F. Kennedy)

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Rappel du cours

Le monde en 1939 : d’une crise américaine à un chaos mondial

1. La crise a contaminé toute l’économie mondiale (sauf l’URSS) en 1939. Le paysage politique a changé, dans le mauvais sens du terme. La contagion de la crise américaine s’est faite par les banques anglaises et allemandes, très liées à Wall Street. En Allemagne, pays souffrant déjà de l’hyperinfl ation des années 1922-1923, les faillites de banques se multiplient, ruinant les citoyens et terrassant les industriels. En 1933, année des arrivées au pouvoir d’Hitler et de Roosevelt, il y a 30 millions de chômeurs dans les pays occidentaux, dont presque un tiers rien qu’en Allemagne, pays déjà humilié et fragilisé par le Traité de Versailles et l’hyperinfl ation. Toujours en 1933, 66 nations se retrouvent à la Conférence de Londres pour chercher une solution monétaire et fi nancière commune. Pur fi asco, cette rencontre n’aboutit à aucune coopération et la guerre monétaire et douanière entre chaque pays se poursuit. Les pays devront donc trouver individuellement des palliatifs, en l’absence de gouvernance mondiale.

La contamination ne se fait pas que par le secteur bancaire, le commerce a aussi son rôle à jouer : les États-Unis augmentent les taxes douanières et pratiquent un protectionnisme maladroit, ruinant leurs fournisseurs de matières premières, comme la Chine (exportations en baisse de 80 % de 1929 à 1933), le Chili ou le Brésil. Le commerce mondial subit un catastrophique repli, qui encourage la xénophobie. Même les Britanniques cèdent aux sirènes de la préférence coloniale. En France aussi, on rêve de se replier sur l’empire, exclusivement : en 1929 les colonies françaises absorbent 30 % de notre production céréalière, en 1938 c’est 80 %.

Rappelons qu’en 1929 il n’y a pas de politique pour amortir les effets sociaux des crises : ni sécurité sociale, ni allocations pour les chômeurs… Les seuls palliatifs sont la charité : « soupes populaires » et « Armée du salut ». La crise est à son paroxysme en 1932, veille d’élections en Allemagne et aux États-Unis, deux scrutins tendus et déterminants qui témoignent de l’impuissance des États face aux effets du krach.

2. Chaque pays va donc expérimenter des solutions. Aux États-Unis, le successeur du président Hoover, F.D. Roosevelt se fait élire sur un programme dit de « Nouvelle donne » (New Deal) axé sur la synergie entre le « big business » (des entreprises soutenues pour créer de l’emploi), le « big governement » (une administration interven-tionniste) et le « big labor » (des syndicats impliqués). Le premier New Deal est plutôt orienté vers l’économie avec les programmes NIRA (National Industrial Recovery Act) et AAA (Agricultural Ajustement Act) qui prévoient des hausses de salaires, un temps de travail réduit, des conventions collectives, la fi n de la prohibition de l’alcool, une stricte séparation entre banques d’affaires et banque de dépôt, ainsi que des grands

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chantiers (barrages, routes) pour fournir de l’emploi aux masses ouvrières. Trop novateur, trop en rupture avec la pensée libérale traditionnelle outre-Atlantique, le premier New Deal est invalidé par la Cour Suprême. Le second New Deal (1935) a une orientation plus sociale et veut créer les conditions d’un capitalisme « à visage plus humain » selon Larry Hopkins, responsable de la Work Progress Administration. Une première esquisse de sécurité sociale américaine apparaît, mais le patronat et la Cour Suprême rechignent, alors que l’endettement du pays s’accroît. Le chômage se tasse, passant de 13 à 9 millions d’Américains. Au fi nal, la population apprécie F.D. Roosevelt, homme habile et médiatique, qui est réélu une troisième fois en 1940 dans un contexte de guerre imminente.

En France, la république est menacée par la crise économique, plus tardive qu’ail-leurs, et par la montée des extrêmes, particulièrement avec les Ligues admiratives du fascisme. Longtemps le pays se berce d’illusions (l’Allemagne paiera, les colonies nous sauveront, le déclin démographique n’est pas si grave, s’il y a du chômage on renverra les immigrés chez eux…) et le retour au réel n’en est que plus dur. La quatrième puissance économique mondiale, leader dans l’aviation et l’automobile, doit dévaluer sa monnaie pour exporter, s’endette considérablement et voit le chômage (1 million de chômeurs) et le nombre de faillites croître. L’État, traditionnellement interventionniste, ne trouve pas de solutions. Le 6 février 1934 les ligues d’extrême droite menacent frontalement l’Assemblée Nationale et le coup d’État est évité de justesse, avec une quinzaine de morts et de nombreux blessés. En France, tout est politique, ainsi la crise économique devient un défi pour le régime. En 1936, la réponse s’appelle Front Populaire, une alliance large allant du centre (Daladier) aux communistes (Thorez) et fédérée par la personnalité de Léon Blum (SFIO). Les urnes ont été plus fortes que les groupuscules armés, mais le « Front Pop » échoue après moins de deux ans de tentatives de réformes. Si l’acquis social des Accords de Matignon est indéniable (congés payés, temps de travail réglementé et réduit), le bilan économique est médiocre, les hausses de salaire étant rognées par l’infl ation et le chômage restant dramatiquement haut. Les autres mesures sont globalement sans effi cacité (nationalisation des trains et création de la SNCF, création d’un offi ce national des blés, technocratie planifi catrice). Autour du pacifi sme et du progrès social bien réel naît la mythologie du Front Populaire, mais dans les faits, c’est un échec qui n’empêche ni un carnage en Espagne sans que la République Française n’ose intervenir, ni une fragilisation de la France alors qu’Hitler réarme l’Allemagne. Blum jette l’éponge et Daladier reste aux commandes, prétendant « remettre la France au travail » et échouant à garantir la paix lors des Accords de Munich en septembre 1938.

En Italie, régime fasciste depuis 1922, le modèle économique totalitaire et autarcique prétend répondre à la crise. Mussolini n’est manifestement pas un grand économiste et ses expérimentations et ambitions coloniales sont des échecs. Le Japon s’engage également dans des conquêtes, en Asie (Chine dès 1936, afi n de s’assurer des débouchés industriels. Quant à l’Allemagne, elle désigne Hitler comme fossoyeur du régime de Weimar. Le Parti Nazi, à la fois « socialiste » et « nationaliste » prône le protectionnisme, la haine contre les « responsables étrangers de la crise » (Français,

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Américains, banquiers juifs, soviétiques…) Si le chômage baisse, artifi ciellement, c’est à cause de l’enrôlement de nombreux soldats, du renvoi des femmes dans leurs foyers, de la spoliation des minorités, et des commandes militaires. Le reste de ce catastro-phique scénario est connu : quête de l’espace vital, pangermanisme et antisémitisme, remilitarisation de la Rhénanie, prétentions sur l’Autriche, les Sudètes…

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