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350tes version finale a transformer.docx) · Quand une femme de mauvaise vie vient essuyer ... une vie en alliance avec Lui. Il n’est pas un dieu du terroir ... Or Israël s’est

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À l'écoute des Prophètes 23

OSÉE, PROPHÈTE DE L'AMOUR (Os 2, 4-25)

FICHE POUR LES PARTICIPANTS

I - POUR LIRE

1. Une "révélation" !

Des récits évangéliques mettent sous nos yeux la force de l’amour pour changer le cœur et la vie de personnes qui vivaient loin de Dieu, dans le mal, dans le vice, dans l’injustice et l'exploitation des autres... Quand Jésus s’invite chez Zachée, le publicain, il n’y a que les bien-pensants pour s’indigner contre lui : "il est descendu chez un pécheur"; mais ce pécheur a été complètement retourné par cette marque d'attention de Jésus, et l’argent lui tombe des mains. Quand le fils prodigue est reçu à bras ouverts par un père qui l’attend depuis toujours, il n’y a que son frère aîné pour en être choqué ; mais ainsi est Dieu, dont l’accueil ne se mesure pas aux mérites, et dont la fidélité est plus constante et plus forte que les frasques de l’infidèle. Quand une femme de mauvaise vie vient essuyer de ses cheveux les pieds de Jésus qu’elle a baignés de ses larmes, c’est qu’elle a compris son message de pardon et de réhabilitation ; son amour est le signe et le fruit de ce pardon : elle a beaucoup aimé parce qu’il lui a été beaucoup pardonné.

Eh bien, c’est cette force de changement, qui appartient au seul amour inconditionnel et permanent de Dieu, qui constitue le message du prophète Osée, au 8ème siècle avant JC. Évidemment cela est dit en d’autres circonstances, dans un autre monde culturel, au sujet de personnes et de groupes bien différents, dans un langage auquel nous ne sommes pas habitués. Mais le message fondamental est le même : le Seigneur continue d’aimer son peuple alors même que celui-ci se détourne de Lui, et c’est précisément cet amour qui aura raison de son infidélité, "de sa prostitution loin de YHWH", pour parler comme le prophète.

La Bible, par les prophètes et les évangélistes, est la révélation de cet amour : se laisser saisir par la révélation d'un tel amour, tel pourrait être le fruit de ce partage sur un grand texte du prophète Osée.

2. Osée prophète en son temps

Osée doit lutter contre l’engouement d’Israël pour les idoles de Canaan: les "Baals", c’est-à-dire les "(divins) maîtres", qui font la pluie et le beau temps, qui garantissent à leurs fidèles la fécondité et la vie moyennant les rites et les sacrifices. Religion fascinante des "hauts-lieux" : en plein air, sur toute colline ombragée, on vient faire l’amour en l’honneur du dieu Baal et de la déesse Anat, sa sœur-épouse. La "prostitution sacrée" mime leur union pour entretenir la fertilité du sol

À l'écoute des Prophètes 24

et la fécondité des familles. Par ces gestes "religieux", accompagnés d’offrandes végétales (gâteaux de raisins arrosés d’huile), on fait hommage au Baal de l’endroit, qui est censé en être le donateur. Dans ce contexte, YHWH lui-même, le Dieu d’Israël, court le risque d’être pris pour l'un de ces Baals.

Face à cette lourde méprise, Osée est le prophète de "la connaissance de Dieu", c’est-à-dire la connaissance du Dieu de l’Exode et du Sinaï : "Je suis le Seigneur ton Dieu depuis l'Égypte" (Ex 12, 10). Il est le prophète de ce Dieu-là, qui conduit son histoire comme une histoire de libération, et qui lui donne des orientations (les paroles de sa Loi) pour une vie en alliance avec Lui. Il n’est pas un dieu du terroir, mais le Dieu d’un peuple, dans une relation gratuite et non pas mercantile. S’il donne la terre, des champs et des vignobles, s’il donne des enfants, c’est pour exprimer concrètement son amour. A Israël de répondre par un attachement exclusif. Or Israël s’est laissé séduire par les religions de Canaan...

3. Un amour humain parabole de l’amour divin

Osée a un mot très fort pour dénoncer l’infidélité de son peuple au Seigneur : "Israël se prostitue loin de YHWH". Comment cela va-til finir ? Par le Jugement, par un divorce mortel entre Dieu et son peuple? C’est ce qui devrait arriver. Osée n’est pas loin d’exprimer le même jugement divin inexorable que le prophète Amos. Et pourtant Osée ne peut en rester là ; c’est ce qu’il va découvrir et vivre en épousant Gomer, une habituée des sanctuaires de prostitution sacrée. Il vivra cet amour qui se maintient par-delà l’infidélité comme la parabole vivante de l’amour de YHWH pour Israël, qui se maintient alors même que ce peuple lui est infidèle.

Voilà en quel sens Osée est le prophète de l’amour, le prophète d’un Dieu qui est amour et qui suscite une réponse d’amour. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas exigeant, mais qu’il apporte lui-même à son peuple de quoi répondre à ce qu’il attend de lui. "Répondre" est un mot-clé d’Osée: c’est bien YHWH qui "répond" (ce n’est pas "Anat", l’épouse de Baal, dont le nom signifie "celle qui répond"), mais il répond en donnant à son peuple de "répondre" à son tour dans un dialogue d’amour et de fidélité.

4. Une proposition de lecture

Le message d’Osée est très lié à son expérience conjugale. Deux récits en rendent compte au début du livre. Selon le premier récit (1, 2 à 2, 3), le mariage d’Osée avec Gomer ne peut que donner des fruits amers: des enfants, dont les noms symbolisent la rupture de l’alliance avec Dieu ("Dieu-disperse", "Pas-aimée", "Pas-mon-peuple"). Selon le second récit (3, 1-5), Osée parle de lui-même à la première personne

Osée, vers 750 jusque vers la fin de Samarie (721), milieu de prêtres ruraux, royaume d'Israël, contaminé par le culte des Baals, épouse Gomer, une prostituée.

À l'écoute des Prophètes 25

et l’ambiance est passablement différente : l’ordre divin n’est plus seulement "d’épouser", mais "d’aimer" une femme vouée à la prostitution, et cela comme, et parce que, YHWH continue d’aimer Israël alors même que celui-ci se voue au culte des Baals. Avant de s’unir de nouveau à l’indigne (prostituée, adultère), il y aura un temps de frustration et de purification ; mais ce n’est qu’une étape en vue de l’union définitive. Il y aura certes un moment de jugement et de purification, mais c’est l’amour qui aura le dernier mot.

C’est entre ces deux récits que se présente un discours mis dans la bouche de YHWH, et qui ressemble à une ardente plaidoirie de mari trompé : le plaignant (YHWH lui-même) est à la fois l’accusateur et le juge; il accuse, menace, introduit une instance en divorce envers cette femme qui l’a trahi ; mais à peine a-t-il commencé son discours accusateur, qu’il cherche comment parvenir à un retour et à une réconciliation... tel est le texte que nous vous proposons de lire.

Lexique

* Amants : désignation cultuelle et symbolique des dieux que vénère la population.

* Baal signifie maître ; il sert à désigner le maître/le chef, le propriétaire, ou le mari qui est le maître et propriétaire de sa femme; les dieux (au pluriel: les baalim), ou "le baal" de tel endroit, de tel lieu de culte (par exemple : le Baal de la ville de Tyr, le Baal du Carmel) ; Baal est le dieu de l'orage, source de la pluie et de la fécondité. Il a pour épouse divine Ashéra ou Astarté.

* Lô- ‘ammi = "pas-mon-peuple", c'est-à-dire vous n'êtes plus mon peuple ; l'alliance est dénoncée ; "je ne suis pas" est la négation du fameux "Je-Suis" d'Ex 3, 15.

* Lo-ruhama = pas-aimée, négation + participe passif du verbe qui exprime l'amour des entrailles, l'amour maternel.

* Nouvelle lune (néoménie), jour chômé.

* Prostitution loin de YHWH. Il ne s'agit pas de la prostitution marchande de notre époque où des femmes (ou bien des hommes) vendent leur corps dans la rue ; certes les prostitué(e)s en ce temps-là aussi touchaient un salaire. Mais il s'agissait d'un acte "religieux", d'une action "cultuelle". Des prostitués des deux sexes étaient affectés aux sanctuaires ; mais une femme pouvait aussi venir, occasionnellement, dans un sanctuaire où la prostitution sacrée était pratiquée et rechercher ainsi auprès de la divinité locale la grâce de la

À l'écoute des Prophètes 26

fécondité. Une telle pratique (permanente ou occasionnelle), qui consistait à rechercher la vie dans ces cultes idolâtriques, était une "prostitution" au double sens du mot: réaliste et symbolique. C'est le sens symbolique qu'Osée et les prophètes à sa suite ont mis en valeur: acte d'infidélité, de trahison à l'égard de YHWH qui, lui et lui seul, est "l'époux" d'Israël. Si bien que l'on pourra parler de "prostitution" à propos de toute forme d'infidélité du peuple saint à son Dieu.

* Val d'Akor : lieu sinistre, qui garde le souvenir d'un épisode malheureux de l'entrée dans la Terre promise : un certain Akan avait dérobé quelque chose au butin sacré de la guerre sainte, il avait été lapidé ; voir Josué 7, 25-26. La porte du "malheur" devient "porte d'espérance".

* Yizréel : ne pas confondre ce nom avec celui d’Israël ; les deux mots se ressemblent mais ne s’identifient pas ; "Yzréel" n’est qu’une partie du royaume d’Israël: une région et une ville ; une plaine bien cultivée entre la Galilée et la Samarie, signe de richesse, et terrain où peuvent évoluer "les chars" de guerre, signe de puissance ("l'arc de Yzréel") ; une ville : c'est là que le conspirateur Jéhu a massacré Jézabel, la femme d'Achab et toute sa descendance. Osée ne trouve pas cette violence de son goût... Mais si Yizréel signifie "Dieu disperse", il signifie aussi "Dieu-sème" ; c’est ce sens positif (agricole) qui s’exprime en 2, 24, opposé au sens négatif (militaire et violent) de 1, 4-5).

Structure du texte

Le discours se divise en deux grandes parties :

A = 2, 4-17 et B = 2, 18-25.

Chacune est ponctuée par des formules qui permettent de construire le texte :

A (2, 4-17) : à la recherche d’une issue positive: après l'introduction de l'instance en divorce (situation négative: 2, 4-6), trois "c’est pourquoi" (2, 8.11.16) balisent le discours selon le schéma des oracles de Jugement : a/ motivation; b/ verdict, introduit par "c’est pourquoi".

B (2, 18-25) : la situation négative complètement retournée en situation positive ; le texte est balisé par trois "En ce jour-là" (2, 18.20.23) qui mettent en valeur les différents aspects du salut, en contraste avec les traits négatifs de 2, 4-6.

À l'écoute des Prophètes 27

II - ET MAINTENANT AU TEXTE

A – La prophétie d’Osée au sein d’Israël Sur la partie A (2, 4-17) : - Lisez tout le texte. Observez la disposition du texte en trois colonnes, mises en parallèle: v. 4 – 6 à part, déclaration du divorce, puis trois sous-parties, 7-9, 10-14, 15-17. 1) Motivation : dans chaque sous-partie, quel est le comportement de l’épouse infidèle ? (relevez les verbes) Quelle progression ? 2) Jugement : introduit par "c’est pourquoi". Relisez-les : 8-9, 11-14, 16-17. En quoi consiste le premier châtiment? Le second ? Est-ce adapté ? Que dit-elle ? Le troisième jugement est surprenant … là, est-ce que cela fonctionne? (réponse dans la partie B…) Sur la partie B (2, 18-25) 3) Un avenir : "En ce jour-là" - v. 18-19 : allez voir Gen 2, 23-24. Comme Osée s’adresse à Gomer, YHWH s’adresse à son peuple: quelle image de lui-même donne-t-il ? - v. 20 : à qui renvoie le pronom "pour eux" ? - v. 21 : quel retournement de situation par rapport à 2, 4 ? 4) Si l’on sait que, lors des fiançailles, le mari devait apporter une dot à la famille de celle qu’il épousait, quelle transposition est faite ici de cette pratique ? Qu’est-ce que cela révèle de l’image de Dieu ? - v. 23-25 : qui a la parole en premier ? Qui répond à qui ? Qui a la réponse en dernier ? Qu’est-ce que cela révèle de l’image de Dieu ? B – La prophétie d’Osée au miroir de l'Évangile : 1) Revenir à ce qui était dit au début de cette fiche sur l’amour de Jésus comme puissance de conversion (Lc 19 : Zachée ; Lc 15 : le fils prodigue ; Lc 7 : la femme pécheresse).

- Qu'est-ce que nous pensons maintenant du Dieu de l'A.T. ? 2) Quelles scènes du N.T. ce texte évoque t-il pour vous ?

. désert . adultère . retour - Quelles ressemblances et quelles différences ? - Quel est le message central de ce texte d’Osée repris par Jésus ? (v.25) C - Actualisation 1) - v.7: Quels sont nos Baals ? Comment Dieu nous convertit-il de nos idoles ? Le contraire de l’amour n’est pas la colère mais l’indifférence…

À l'écoute des Prophètes 28

Comment annoncer à nos frères que notre Dieu n’est pas un Dieu indifférent ? - Qu'est-ce que nous pensons maintenant du Dieu de l'A.T. ?

2) Le désert : sens négatif v.5, sens positif v.16 … Imaginons le monde sans télé, sans portable, etc. : cela ne libèrerait-il pas du temps et de l’espace pour Dieu ? Pour entendre qu’Il est proche de nous et nous "parle sur le cœur" v.16 ? 3) v.10 : Le péché est inintelligence et oubli. Dans quelles circonstances nous est-il arrivé de réaliser notre inintelligence ? De nous retourner, de prendre conscience que nous faisons fausse route ? C'est à travers le péché suivi du pardon que nous connaissons vraiment Dieu.

Le péché que dénonce Osée consiste à s'approprier les dons de Dieu (la femme dit :"mon blé, mon huile, mon vin"), à oublier qu'ils viennent d'un amour et conduisent à l'amour; "la diaconie" voudrait faire passer de l'accaparement au partage...

III - PISTES POUR LA PRIÈRE - Psaume : 84 (85)

02 Tu as aimé, Seigneur, cette terre, tu as fait revenir les déportés de Jacob ; 03 tu as ôté le péché de ton peuple, tu as couvert toute sa faute 04 tu as mis fin à toutes tes colères, tu es revenu de ta grande fureur. 05 Fais-nous revenir, Dieu, notre salut, oublie ton ressentiment contre nous. 06 Seras-tu toujours irrité contre nous, maintiendras-tu ta colère d'âge en âge ? 07 N'est-ce pas toi qui reviendras nous faire vivre et qui seras la joie de ton peuple ? 08 Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut. 09 J'écoute : que dira le Seigneur Dieu ? + Ce qu'il dit, c'est la paix pour son peuple et ses fidèles ; * qu'ils ne reviennent jamais à leur folie ! 10 Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre. 11 Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent ; 12 la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. 13 Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. 14 La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin.

À l'écoute des Prophètes 29

- Cantique : Ta nuit sera lumière de midi (G 212) Si tu dénoues les liens de servitude Si tu libères ton frère enchaîné La nuit de ton chemin sera lumière de midi La nuit de ton chemin sera lumière de midi. Alors, de tes mains, pourra naître une source, La source qui fait vivre la terre de demain, La source qui fait vivre la terre de Dieu. Si tu partages le pain que Dieu te donne, Avec celui qui est ta propre chair, La nuit de ton amour sera lumière de midi La nuit de ton amour sera lumière de midi. Alors, de ton cœur, pourra sourdre une eau vive, L’eau qui vive qui abreuve la terre de demain, L’eau qui vive qui abreuve la terre de Dieu. Si tu détruis ce qui opprime l’homme, Si tu relèves ton frère humilié, La nuit de ton combat sera lumière de midi La nuit de ton combat sera lumière de midi. Alors, de ton pas, pourra naître une danse, La danse qui invente la terre de demain, La danse qui invente la terre de Dieu. Si tu dénonces le mal qui brise l’homme, Si tu soutiens ton frère abandonné, La nuit de ton appel sera lumière de midi La nuit de ton appel sera lumière de midi. Alors, de tes yeux, pourra luire une étoile, L’étoile qui annonce la terre de demain, L’étoile qui annonce la terre de Dieu.

- Notre Père - Oraison Tu as tant aimé notre terre, Seigneur, Fais germer en elle ta justice. Fais nous revenir à Toi, Fais nous voir ton amour Rends nous attentifs à faire le bien sans relâche Et donne-nous ta paix. Amen

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FICHE POUR LES ANIMATEURS IV - CLÉS DE LECTURE 1. Situation négative : Le procès en instance de divorce (2, 4-6) Cette séquence est une allégorie des relations entre YHWH et Israël sous le genre littéraire, classique chez les prophètes, du "procès". Il y a un plaignant, un juge, un accusé. Ici le plaignant, un mari abandonné, et le juge sont la même personne, YHWH. L’accusée est une figure féminine qui représente Israël: épouse et mère. Le plaignant essaye un instant de désolidariser les enfants de leur mère, comme pour distinguer entre l’ensemble d’Israël et certains de ses membres (2, 4a); mais cet aspect de l’allégorie n’est pas poussé bien loin ; le cœur du débat est la relation du mari et de sa femme.

(a) il y a d'abord une déclaration catégorique, qui paraît sans appel : "Elle n'est pas ma femme et je ne suis pas son mari"(formule de divorce)1; (b) cependant cette déclaration s'atténue déjà sous la figure d'une menace conditionnelle : "Qu'elle éloigne les signes de ses prostitutions de son visage et ses adultères d'entre ses seins": allusion aux tatouages et insignes de prostituées ; le pluriel "prostitutions", "adultères" indique l'intensité ; dans le langage allégorique, les deux termes renvoient à la même réalité : l'infidélité à YHWH ; mais on peut penser que "adultères" renchérit sur "prostitutions". "De peur que je la déshabille, etc."2 Retour à l'état de "nudité", c'est-à-dire de honte, de pauvreté, de précarité des origines ("comme au jour de sa naissance", quand personne n'en prend soin, 'cf. Ez 16). "Transformer en terre desséchée", "faire mourir de soif" : allusion aux conséquences mortelles du Jugement ; la terre fertile de la Promesse devient un désert. La femme est tantôt le symbole de l'épouse, tantôt le symbole de la terre. La descendance, autre face de la Promesse avec la terre, n'est plus assurée, puisqu'ils ne sont plus l'objet de l'amour maternel de YHWH. Ici les enfants ne sont plus désolidarisés de leur mère, ils sont eux-mêmes sous le Jugement comme "enfants de prostitution". On commence donc par une instance en divorce, mais on s’achemine vers une réconciliation, qui débouchera sur des fiançailles, comme s’il s’agissait d’un commencement absolu.

1 Termes employés dans les procédures de divorce selon les antiques législations de

Mésopotamie. Les enfants eux-mêmes sont censés prendre le parti du mari trompé contre leur mère. Essai pathétique de désolidariser la génération présente d'avec l'Israël du passé, ou une élite de la masse.

2 Allusion aux coutumes pratiquées dans le cas de renvoi de l'épouse : "Si sa femme va vers un autre mari et vit avec lui, les fils enlèveront les vêtements de la femme et la chasseront de la maison" (textes mésopotamiens).

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2. La pédagogie de l’amour

Cette séquence est comme le manifeste de la pédagogie que Dieu invente pour s’unir définitivement son peuple infidèle. Il se promet par trois fois de mettre sa menace à exécution, mais il se rend compte qu’elle ne peut réussir à changer l’infidèle, si, finalement, le jugement ne se change pas en acte d’amour. Dans la représentation qu’il se fait de son intervention, YHWH évalue chaque fois le changement que l’on peut ou ne peut pas envisager.

1er mouvement : course effrénée, chemin barré (v. 7-9)

La femme poursuit obstinément ses amants (allusions aux processions derrière les statues et les étendards dans le culte des Baals. Détermination "parlée" de la femme : "Elle a dit: Je veux...". Cette prise de parole est un des éléments structurants du texte (v 7. 14. 17). Ce qu'elle attend des Baals, c'est le pain et l'eau, c’est-à-dire ce qui est nécessaire pour vivre ; la laine et le lin, ce qui est nécessaire pour se vêtir (et le vêtement est symbole de dignité, cf. par contraste la nudité du v.5) ; l'huile (les onguents, les parfums) et les boissons, ce qui est requis pour les fêtes. De ces biens, soi-disant reçus des Baals, elle parle comme lui appartenant, comme étant les siens : "mon pain, mon eau, etc.". L'idolâtrie va de pair avec l'appropriation des dons divins. Dans cette première figure l'intervention de YHWH est une intervention violente et physique : barrer le chemin qui mène aux sanctuaires des Baals. Devant cette impossibilité, la femme rentre en elle-même, comme le fils prodigue de la parabole de Jésus. Nouvelle prise de parole : "elle dira". Nouvelle décision : "Je veux retourner...". Il y a bien une conversion réelle. On ne dit pas encore qu'elle est basée sur l'amour désintéressé de YHWH : il s'agit de retrouver YHWH comme source du bonheur. 2ème mouvement : détournement des dons, reprise des dons (v. 10-14). Le texte analyse plus profondément la rupture: ce n'est pas seulement le fait brut d'un peuple qui se rue dans les cultes idolâtriques ; c'est le fait d'une inintelligence : "elle n'a pas compris". Interprétation radicalement faussée de l'origine de son bonheur3. A ces dons de nourriture se joignent les richesses multipliées d'or et d'argent. Il y a un "plus" dans les dons de YHWH, mais il y a aussi un plus dans l'inintelligence d'Israël, puisque ces dons de YHWH sont détournés comme matière d'hommage à Baal. L'intervention de YHWH consistera alors à "reprendre" ses dons, pour

3 Le trio : "le blé, le vin nouveau, le jus des olives" se retrouve dans les Poèmes d'Ugarit comme

expression des dons de Baal. "C'est moi qui lui donne" fait antithèse à "mes amants, donateurs de mon pain." (v.7).

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bien faire prendre conscience que tout cela est à Lui : "mon blé, mon vin nouveau, etc.". C'est encore une action physique et violente. La privation physique s'accompagne du déshonneur sous le regard des amants qu'elle fréquentait (v.12) ; et ceux-là seraient impuissants s'ils avaient quelque velléité d'intervenir. Les manifestations cultuelles (fête, nouvelle lune, jour chômé, "rendez-vous", terme à double sens : convocation pour la fête et rendez-vous amoureux) avec la joie qui les accompagne disparaissent. Vigne et figuier sont transformés en maquis, domaine de l'animal sauvage. "Je ravagerai" : c'est comme si YHWH lui-même se transformait en cet animal sauvage qui dévore cep et figuier. Le texte souligne que cette désertification atteint cela même dont la femme a dit : "c'est à moi, le don que me donnent mes amants" (v.14). Dans cette parole d'appropriation et de référence aux Baals s'exprimait justement l'inintelligence du v.10. Aucune conversion de la femme n'est exprimée ici ; mais seulement la mise à nu de ses prétentions. La femme fera l'expérience de la maîtrise souveraine de YHWH et sur ses biens et sur elle-même : "personne ne l'arrachera de ma main". La femme est "unie" à YHWH sous la figure de sa main puissante... pour le Jugement ! Pas moyen de lui échapper. Ce résultat est-il satisfaisant ? Il semble que non, puisque le texte continue.

3ème mouvement : l'oubli / la séduction (v. 15-17).

Le texte commence ici avec l'annonce du jugement qui dit en même temps sa motivation : "Je lui ferai rendre compte des jours des Baals". Les images (encens, bague, collier) font allusion au culte des Baals, à leurs fêtes : "les jours des Baals". Après une série de trois verbes (encenser, s'orner, courir après) qui décrivent ces fêtes comme autant d'attentions amoureuses pour les Baals, tombe le grief décisif en un seul mot : "et moi elle m'oubliait". Troisième coup de sonde dans la profondeur du mal : l'inintelligence est aussi un oubli, une infidélité à l'amour. Ce n'est plus seulement les dons qui sont détournés, c'est la femme qui se détourne elle-même de Celui qui l'aime. Quel verdict va donc introduire le troisième "c'est pourquoi" ? De quelle menace était donc porteuse l'annonce du début du v.15 : "Je lui ferai rendre compte" ? C'était aussi vague que "rageur". Or voici le paradoxe : "Elle m'oubliait", donc : "Je vais la séduire". Elle disait : "je veux courir après mes amants" ; YHWH décide : "je lui ferai courir le désert". Ce lieu a encore sa figure négative de privation, de solitude; mais la solitude se mue en lieu de rencontre seul à seul. Cette fois c'est YHWH qui dit sa décision. A lui la parole : c'est une parole "sur le cœur", c’est-à-dire la parole des amoureux4. La femme aussi prend la parole, mais c'est pour lui répondre. Le texte souligne l'initiative de l'amour gratuit de YHWH, antérieure à 4 Il y a un jeu de mots entre "midbar", désert, et "dibber", parler : au désert YHWH parle ; en

français un traducteur a essayé : "au désert je serai disert m’adressant à son cœur".

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la réponse d'Israël. Ce n'est pas Israël qui se convertit d'abord, ensuite YHWH lui manifesterait son amour. C'est l'inverse. YHWH s'est mué en séducteur. Il ne s'agit plus de violence physique, mais de "parole sur le cœur ".

L'amour se concrétise en des cadeaux : "je lui donnerai ses vignes". On ne dit pas que YHWH va les lui redonner. C'est "à partir de là" (à partir de cette initiative de grâce qui dépasse l'infidélité) qu'elles lui seront données. C'est "à partir de là" aussi que le sinistre Val d'Akor, rappel de l'infidélité à l'orée de la Terre Promise (Jos 7,24), se trouve mué en "Porte d'Espérance". Noter que pour Osée le salut ne consiste pas dans un retour au nomadisme du passé, mais dans une conversion du cœur qui permet de recevoir la terre fertile comme l'expression d'un don de Dieu au lieu d'en faire le lieu de l'infidélité. Cette fois le résultat escompté est atteint : "elle répondra". Retour à la fidélité des origines, "comme aux jours de sa jeunesse, comme aux jours de sa montée de la terre d'Egypte" par opposition aux "jours des Baals". Déjà affleure le thème d'un nouvel Exode.

3. Situation positive : En ce Jour-là (2, 18-25)

Déjà les v. 16-17 annonçaient le salut : ils servent de transition vers cette dernière partie du discours, rythmée par "En ce jour-là" (le futur encore indéterminé, mais certain, que le Seigneur prépare pour son peuple). Le texte s'exprime en forme de chiasme : a - b - c - b' - a' ; il met au centre les fiançailles (c) ; il les encadre par l'harmonie universelle (b et b') et la nomination religieuse (a et a'). (a) v. 18-19 : nomination de Dieu La manière de s'adresser au Seigneur sera révélatrice d'un changement profond dans les relations avec Lui : plus question de confondre YHWH avec un "Baal", un "maître", un "possesseur". "Mon époux" dit la même intimité conjugale que Gen 2, 23-24. L'alliance aura pris un visage nouveau : non plus relation de vassal à suzerain5, mais d'épouse à époux... L'initiative de ce changement appartient à YHWH : "Tu m'appelleras" ; c’est l'annonce de ce que le Seigneur aura fait. C'est Lui qui ôtera de la bouche les noms des Baals. Il aura guéri son peuple de l'idolâtrie. "Ne plus rappeler leurs noms": langage de mémorial, d'invocation. L'absence de nomination équivaudra à une disparition des Baals. C'est l'antithèse de "elle m'oubliait" (v. 15). 5 Les traités "d’alliance" étaient des traités de vassalité : je te protégerai, mais à condition que tu

me sois soumis et mon allié dans les combats. C’est d’abord cette image qui servit à exprimer la relation entre YHWH et son peuple. Pour Osée, cette image est périmée.

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(b) v. 20 : harmonie, paix - Pour une humanité réconciliée avec Dieu le monde n'est plus dangereux : YHWH traite une alliance avec l'animal sauvage (cf. v. 14), l'oiseau du ciel, le reptile du sol ; le langage d'alliance n'est pas employé au sujet de l'alliance de YHWH avec son peuple, mais c'est une alliance avec ce monde animal en faveur de l'homme ; le langage de l'alliance convient entre le monde animal et l’homme ; mais il est insuffisant pour dire la nouvelle relation YHWH – Israël ; celle-ci va s'exprimer en termes de fiançailles. - Si le monde animal est partenaire, la violence humaine au contraire est éliminée : l'arc, l'épée, la guerre; pas de compromis possible avec ces fléaux, YHWH ne peut que les éliminer. Il y a un relent d'alliance avec l’humanité de Noé dans cette harmonie universelle et cette élimination de la violence. Cette figure paradisiaque du salut se retrouvera en Is 11, 6-9. La disparition de la guerre, dans Is 9, 4. (c) v. 21 : les fiançailles Le verbe "fiancer" est repris trois fois, au futur (promesse). Le salut n'a pas la figure d'un simple rétablissement de la situation antérieure. C'est un départ tout neuf, comme des fiançailles (pas la simple réconciliation d'époux qui allaient divorcer). Ce sont des fiançailles "pour toujours". L'insistance " Je te fiancerai à Moi" (bis) souligne l'union au Seigneur lui-même. C'est Lui qui fait tout ; il est à l'origine et au terme, et c'est encore Lui qui apporte la dot (mohar) sans laquelle l'union serait purement fictive. Il s'agit en effet des qualités caractéristiques de YHWH lui-même :

Tu seras à moi

au prix de:

justice (çédéq) // droiture (mishpat),

amour (héséd) // tendresse (rahamaïm)

fidélité ('émûnah).

Et tu connaîtras YHWH

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Par grâce ces qualités deviendront l'apanage d'Israël. "Au prix de" ne désigne pas l'effort ou le mérite antérieurs du peuple, mais la mise de YHWH qui rend possible et vraie la communion avec lui. Le fruit en sera que "tu connaîtras YHWH"; et cela dans un double sens.

- Connaître Dieu, selon le langage biblique et pour Osée lui-même, (4, 1), implique communion de vie, et c’est bien ce que réalise la dotation spirituelle apportée par le fiancé divin à sa fiancée. - Mais "connaître Dieu", c’est aussi, pour Osée, le connaître et le reconnaître dans une histoire, c’est là que Dieu se révèle et se donne à "connaître" (cf. Os 13, 4 : "Et moi, YHWH, je suis ton Dieu, depuis l'Egypte"). Or cette histoire dans laquelle Dieu se révèle est encore plus à venir ("tu connaîtras", au futur) que dans le passé ; plus encore dans le pardon que dans l’élection.

(b') v. 23-24 : harmonie

Un univers dans lequel tout se répond et se correspond : YHWH au ciel, le ciel à la terre, la terre aux fruits du sol, les fruits du sol à (la plaine de) Yizréel, c’est-à-dire à ses habitants. Le thème de la "réponse" est une allusion au nom de la déesse cananéenne Anath (sœur-épouse de Baal). - C'est YHWH qui répond, c'est pourquoi la création aussi peut répondre. - YHWH ne répond pas comme Baal à la manière d'une force de la nature divinisée, dont le cycle est ré-engendré par des rites. Il répond librement comme celui qui donne. - Et il répond par l'intermédiaire des éléments cosmiques qui jouent leur rôle propre. La nature est désacralisée à l'instant même où elle devient le lieu d'un dialogue entre Dieu et l'homme. - Si maintenant YHWH répond (v. 23), Israël aussi (v. 17). La parole de YHWH sur le cœur lui aura permis de répondre et de provoquer à son tour la réponse de YHWH. Entrelacs de la grâce et de la liberté.

(a') v. 25 : nomination d'Israël

Le symbolisme de Yizréel n'est pas épuisé par l'idée de la fertilité du sol. Il est repris au sens de "Dieu sème". Or la semence dont YHWH ensemence la plaine de Yizréel, c'est un peuple-pour-Dieu. Alors se trouvent récapitulés dans un sens positif de salut les trois noms des enfants : - Yizréel : Dieu sème (et non plus "Dieu disperse") - Lô Ruhama devient "Aimée" (Ruhama) ; - à Lô -'Ammi" YHWH dira " Mon-Peuple". Or dans ce dernier cas, ce n'est pas YHWH qui a le dernier mot : Israël répond en disant "Mon Dieu". Le texte se termine sur cette nomination réciproque qui reprend et enrichit par sa réciprocité la "nomination" du v.18. "Mon peuple"/"mon Dieu", c'est la formule de l'alliance.

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V - POUR ALLER PLUS LOIN: Le message d'Osée et le Nouveau Testament

La révélation de Dieu par Osée est à mettre en relation étroite avec la révélation de Dieu dans l’Évangile. Plus que des récits ou des textes particuliers, c’est la figure de Dieu et de son œuvre rédemptrice qu’il faut évoquer ici.

1 – Dieu :

Peut-on encore parler de l’insensibilité divine (apathéia des stoïciens transposée sur Dieu) après avoir lu Os 1-3 ? La souffrance de Dieu est, dit-on, un anthropomorphisme ; oui, mais l'insensibilité aussi. Le Dieu d'Osée est un Dieu qui est "atteint" par l'infidélité de son peuple. Le contraire de l'amour n'est pas la colère, mais l'indifférence. Le Dieu d'Osée n'est pas un Dieu "indifférent".

2 - Le péché :

Il prend tout son relief par rapport à l'amour du Seigneur. Langage de l'abandon, de la prostitution, de l'adultère. Le péché est inintelligence et oubli : c'est en cela qu'il est une offense à Dieu : ne pas vouloir reconnaître Celui qui donne à travers ses dons ; les détourner pour se les approprier sous couvert d'en faire hommage à d'autres qu'à Lui. En cela le péché est idolâtrie.

3 - La grâce :

Priorité absolue de l'amour de Dieu ; amour paradoxal qui se maintient à l'égard d'un peuple infidèle ; il est le fondement de l'espérance : le jugement n'est pas éliminé, mais il est intégré à une économie de salut qui le dépasse, qui en fait un moment indispensable certes, mais un moment seulement ; le même symbole du désert unifie ces deux aspects de l'action divine envers Israël. La crise comme lieu de l'espérance : "là même où il leur était dit : "Pas-mon-Peuple", ils seront appelés "Fils-du-Dieu-Vivant". Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Rm 5, 20).

4 - La rédemption : Le Dieu de l’Evangile, comme le Dieu d’Osée, rachète l’homme par la révélation provocatrice de son amour. C’est par la révélation de cet amour absolument gratuit et inconditionnel, qui, en son Fils, va jusqu’à la croix, et non pas par la contrainte et la violence, que Dieu provoque la réponse d’amour de l’humanité.

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5 – L'alliance en termes d’épousailles : Elle est réinterprétée en termes de fiançailles, et cela grâce à l’intégration de certaines données des religions cananéennes : l’image de l’union conjugale comme expression de l’amour. Le langage de l’alliance en tant que traité de vassalité serait insuffisant pour dire la gratuité et la réciprocité du don. L’existence personnelle du prophète aura été profondément impliquée dans ce déplacement théologique. Or le langage des fiançailles et de l’union conjugale est devenu un langage majeur pour dire l’union du Christ et de l’Eglise, de Dieu et de l'humanité (Jn 3, 29 ; 2 Co 11, 2 ; Ep 5, 25-31 ; Ap 21, 2.9).