12
Résumé Ce travail traite de la peur en salle de naissance, des patientes et de leur conjoint. Le degré de peur présent autour de la naissance influencera le vécu et le dérou- lement du travail et de l’accouchement. Une revue de la littérature sur le sujet est présentée, et ce qui frappe est la pau- vreté des études sur le sujet (difficultés d’évaluation ?) bien que, dans nos pays, un quart des femmes soient confrontées à des peurs intenses. Dans la plupart des articles revus, les peurs sont classées en différentes catégories selon la per- sonnalité, les antécédents et les expériences. Les conséquences de ces peurs sont discutées (césariennes, déclenchement). L’importance d’anticiper ces peurs est soulignée afin de créer une sécurité émo- tionnelle et une meilleure approche de la naissance. Les résultats d’une recherche sur le vécu des pères en salle d’accouchement, réalisée sur la base d’entretiens semi- directifs qui ont été menés auprès d’une population cible restreinte de pères ayant désiré assister pour la 1 re fois à la naissance de leur enfant, sont présentés. Enfin, les moyens d’anticiper ces peurs en salle d’accouchement (entretien prénatal précoce, reprise d’antécédents, préparation à la naissance, hypnose) seront illustrés par l’exposé d’une situation clinique exemplative. Mots clés : peurs en salle de naissance, point de vue des sages-femmes, outils de prévention, place du père. INTRODUCTION Les peurs en salle de naissance peuvent concerner aussi bien le personnel (gyné- cologues, sages-femmes) que les patientes et leur conjoint. Vu le sujet très vaste, il a été décidé de centrer le propos sur les peurs des patientes et de leurs conjoints. La période périnatale mais surtout donner naissance représentent l’un des événe- ments les plus marquants dans la vie d’une femme et du couple. Le degré de peur présent autour de cet événement influencera le vécu et le déroulement du travail 2 La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ? S. Van de Putte 1 , P. Kesteman 1 , N. Crea 2 , J. Clutier 3 1 ULB – Hôpital Erasme Route de Lennik 808 1070 Bruxelles E-mail : sabine.van.d[email protected]lb.ac.be 2 Maternité de lhôpital universitaire de Genève 30, boulevard de La Cluse CH-1205 Genève 3 Service de gynécologie-obstétrique CHU Montpellier Hôpital A. de Villeneuve 371, avenue Gaston-Giraud 34271 Montpellier Cedex R Société Française de Médecine Périnatale, 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine © Springer- Verlag France, 2013 Périnatale (Montpellier 17- 19 octobre 2012)

42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

  • Upload
    s

  • View
    213

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

Résumé

Ce travail traite de la peur en salle de naissance, des patientes et de leur conjoint.Le degré de peur présent autour de la naissance influencera le vécu et le dérou-lement du travail et de l’accouchement.Une revue de la littérature sur le sujet est présentée, et ce qui frappe est la pau-vreté des études sur le sujet (difficultés d’évaluation ?) bien que, dans nos pays, un quart des femmes soient confrontées à des peurs intenses. Dans la plupart des articles revus, les peurs sont classées en différentes catégories selon la per-sonnalité, les antécédents et les expériences. Les conséquences de ces peurs sont discutées (césariennes, déclenchement).L’importance d’anticiper ces peurs est soulignée afin de créer une sécurité émo-tionnelle et une meilleure approche de la naissance. Les résultats d’une recherche sur le vécu des pères en salle d’accouchement, réalisée sur la base d’entretienssemi- directifs qui ont été menés auprès d’une population cible restreinte de pères ayant désiré assister pour la 1re fois à la naissance de leur enfant, sont présentés.Enfin, les moyens d’anticiper ces peurs en salle d’accouchement (entretien prénatal précoce, reprise d’antécédents, préparation à la naissance, hypnose)seront illustrés par l’exposé d’une situation clinique exemplative.

Mots clés  : peurs en salle de naissance, point de vue des sages- femmes, outilsde prévention, place du père.

INTRODUCTION

Les peurs en salle de naissance peuvent concerner aussi bien le personnel (gyné-cologues, sages- femmes) que les patientes et leur conjoint. Vu le sujet très vaste, ila été décidé de centrer le propos sur les peurs des patientes et de leurs conjoints.La période périnatale mais surtout donner naissance représentent l’un des événe-ments les plus marquants dans la vie d’une femme et du couple. Le degré de peur présent autour de cet événement influencera le vécu et le déroulement du travail

2La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?S. Van de Putte1, P. Kesteman1, N. Crea2, J. Clutier3

1 ULB – Hôpital ErasmeRoute de Lennik 8081070 BruxellesE-mail : [email protected] Maternité de l’hôpital universitaire de Genève30, boulevard de La CluseCH-1205 Genève

3 Service de gynécologie-obstétriqueCHU MontpellierHôpital A. de Villeneuve371, avenue Gaston-Giraud34271 Montpellier Cedex R

Société Française de Médecine Périnatale, 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine

© Springer- Verlag France, 2013 Périnatale (Montpellier 17- 19 octobre 2012)

Page 2: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

2

24 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale

et de l’accouchement, mais il influencera également la future santé mentale de lafemme. La littérature décrit que, dans la société occidentale, environ un quart des patientes sont confrontées à des peurs intenses de l’accouchement, avec leur degréd’intensité, leur origine, leurs conséquences. L’importance d’anticiper ces peurs estsoulignée, afin de créer une sécurité émotionnelle et une meilleure approche de lanaissance.L’objectif de ce travail est triple. Premièrement, une revue de la littérature est réa-lisée et la pratique quotidienne est remise en question afin de se rapprocher le pluspossible des recommandations de l’OMS qui précise qu’il faut au mieux souteniret accompagner la femme enceinte dans sa santé périnatale et maternelle. Il s’agitdonc d’un enjeu de santé publique. Le deuxième objectif de ce travail est de mettreen évidence les besoins en accompagnement des pères en salle de naissance afin de faire émerger leurs ressources personnelles. Le dernier objectif est la descriptiondes moyens déployés dans l’anticipation des peurs en salle de naissance.

MÉTHODE

Ce travail a été réalisé en collaboration multicentrique. La recherche de la litté-rature est faite par une équipe de sages- femmes de l’hôpital Érasme de Bruxelles. La partie concernant les pères est entièrement réalisée par une sage- femme deshôpitaux universitaires de Genève (HUG). La troisième partie a été principale-ment réalisée par une équipe de sages- femmes du CHU de Montpellier et complé-tée par des sages- femmes de l’hôpital Érasme de Bruxelles.La recherche de la littérature a été menée sur PubMed avec les termes « fear of childbirth », « midwife », « delivery ward », « treatment ». D’autre part les recom-mandations de l’OMS et du KCE (Centre fédéral d’expertise des soins de santé belge) ont été consultées.La partie concernant les pères est d’ordre qualitatif et exploratoire car elle s’at-tache à comprendre et à interpréter le vécu des pères en salle d’accouchement. Desentretiens semi- directifs ont été menés auprès d’une population cible restreinte depères ayant désiré assister pour la première fois à la naissance de leur enfant. Lorsde ces rencontres, qui ont eu lieu deux mois après la naissance de leur enfant, trois concepts ont été abordés : le stress, la paternité et l’accouchement [1].Une situation clinique (déroulée au centre hospitalier de Montpellier) tracera le filrouge pour la description du déroulement des événements et des nouveaux outilsde communication permettant d’anticiper ou de mobiliser les peurs.

RÉSULTATS

La littérature retrouvée est principalement scandinave. En dehors de la Scan-dinavie, les études concernant les peurs de l’accouchement restent limitées [2] etpeu précises par rapport au vécu des patientes. La peur ne se mesure pas, elle se ressent, elle se perçoit, elle se transmet, elle paralyse, mais elle se surmonte.Il n’est pas facile, même quasi impossible, de retrouver une définition établie des « peurs de l’accouchement » [3]. Individuellement, ce sont les femmes qui défi-nissent la peur lorsqu’elles expriment leurs angoisses et qu’elles appellent à l’aide.

Page 3: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ? 25

En général, la peur de l’accouchement peut être vue comme une anxiété, réactionnormale dans une situation inconnue, allant vers le trouble de l’anxiété lorsqu’elledevient excessive ou même vers la phobie. Ces deux dernières formes vont enrevanche limiter la personne dans son fonctionnement quotidien [3]. Les phobies peuvent inciter ces femmes à exiger la césarienne ou parfois même à demanderd’interrompre leur grossesse.En moyenne 20 à 25 % de femmes enceintes manifestent des peurs [3-5]. Mais dans quel contexte sont- elles manifestées ? Et comment la sage- femme aborde-t-elle le sujet et qu’en fait- elle ? Il reste très difficile d’évaluer l’incidence car cetteévaluation est dépendante de la politique de santé publique menée. Que devien-nent les 70 à 75 % des femmes qui n’ont pas exprimé de peurs… ? D’autant queparfois la peur – sous forme de stress – ne passe pas par la conscience et s’expri-mera corporellement, d’où la difficulté du dépistage [6].Les peurs sont présentes, aussi bien chez les primipares que chez les multipares, durant toute la grossesse, dès le premier trimestre. Elles s’atténuent lors du deu-xième trimestre, mais se majorent lors du troisième trimestre.Les peurs peuvent être classifiées dans différentes catégories selon la personnalité,les antécédents et les expériences [5] :• biologiques : peur de la douleur ;• psychologiques :– liées à la personnalité  : se sentir incapable de donner naissance, la peur d’un

manque de confiance dans le personnel médical, la peur de faire du mal à son bébé (quelquefois liée à des expériences familiales) ;

– traumatismes antérieurs  : viol, abus sexuels, maltraitance, mauvaise expérienceavec le personnel médical ;

– peur de la future parentalité : le manque de modèle de comment être une bonnemère actuellement fait douter la mère de sa propre capacité de prise en chargede son nouveau- né ;

– peur de l’inconnu, de la découverte d’une malformation chez le bébé ;– mais aussi peur du regard des professionnels, du jugement (dans les cas d’addic-

tion par exemple) ;• sociales :– manque de soutien : du partenaire, de la famille ou des intervenants médicaux ;– incertitude économique : les patientes au chômage ou célibataires. La précarité a

un impact sur le sentiment de bien- être, ce qui influencerait à son tour le stressautour de la naissance ;

• secondaires : proviennent d’accouchement(s) antérieur(s) : des expériences obs-tétricales négatives sont les causes principales chez les multipares pour les peurs de l’accouchement. Celle- ci peut être la cause d’un syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Ces antécédents sont les raisons principales de demandes de césarienne chez ces patientes.Les peurs de l’accouchement ne sont donc pas des problèmes isolés. Le rôle de l’environnement psychosocial est déterminant, d’où l’importance d’un support social précoce et prolongé si nécessaire [7].

Les conséquences des peurs de l’accouchement sont controversées dans la littéra-ture. Certaines études démontrent l’augmentation d’interventions obstétricales et de césariennes en urgence [5, 8, 10], d’autres décrivent qu’il n’y a pas de lien [2, 11, 12].

Page 4: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

2

26 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale

Toujours est- il que les peurs de l’accouchement ont une influence négative sur letravail et l’accouchement. Le système est physiologique et est dû à la compositiondu muscle utérin. Les peurs vont activer le système sympathique qui à son tour vaactiver plusieurs réactions qui vont augmenter la douleur, induire un prolongement du travail et une ischémie utérine qui entraîne une souffrance fœtale [13].Certaines patientes vont, pendant la grossesse, exiger une césarienne par peur de l’ac-couchement. Là aussi, les avis sont controversés, mais des études ont montré qu’aprèsun suivi et un accompagnement rapproché de ces femmes, la majorité accouchera par le bas et sera aussi satisfaite que celles qui n’ont jamais fait la demande [14]. Si la patiente présente ce désir de césarienne élective persistant malgré un suivi psycholo-gique, une psychoéducation et a été largement informée sur les éléments qui peuventsoulager la douleur et sur les risques que peut engendrer la césarienne, il peut êtrepréférable de réaliser la césarienne [15]. L’âge maternel et la méthode de conception(PMA) vont augmenter les peurs de l’accouchement et la demande de césarienneélective. La raison sera dès lors que la grossesse perçue comme « précieuse » conduità tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité de l’enfant [15].Toutes ces peurs ont un fil rouge : informations insuffisantes ou inadaptées, ques-tions sans réponse, manque d’écoute et de disponibilité ? Qu’avons- nous commemoyens pour pallier à ces manques afin d’éviter que les peurs ne se révèlent defaçon trop aiguë en salle de naissance ?

PRÉSENTATION DU CAS CLINIQUE

Cas clinique

(rédigé par J. Clutier- Seguin, sage- femme cadre au CHU de Montpellier revoyant des mères souffrant de stress post- traumatique d’origine obstétricale)

Mme L., primigeste, a accouché spontanément d’un premier enfant par voie basse,sans signe d’alarme perceptible. Une déchirure périnéale complète avec atteintedu sphincter est survenue de manière inattendue vu le bon déroulement du tra-vail. Elle consulte une sage- femme pour la rééducation périnéale, mais s’effondreen larmes au début de chaque séance et ne peut aller plus loin. Elle consulte éga-lement un pédopsychiatre car elle s’inquiète de sa relation avec sa fille. La sage- femme appelle ce dernier pour l’informer, il lui conseille de me l’adresser. Ellem’appelle et s’organise pour venir en couple, trois mois après la naissance.Je reprends avec elle la découverte et le déroulement de cette grossesse, surve-nue sans antécédents particuliers. Elle évoque la peur d’une fausse couche etd’une répétition d’infection urinaire.Le 1er  trimestre se déroule bien. La première échographie est décrite par le couple comme « un moment super, l’échographiste était très attentif et donnait beaucoup d’explications ». Vers 4- 5  mois, les sensations corporelles nouvellessont vécues comme désagréables tant qu’elles ne sont pas expliquées et com-prises. Elle prend conscience maintenant du stress généré par ces perceptions inconnues. Elle rencontrera la sage- femme pour deux séances d’haptonomie.

Page 5: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ? 27

Le 2e  trimestre est marqué par un arrêt de travail de 15  jours pour asthénieimportante. La 2e échographie à 22 SA est racontée par le conjoint, pendant queMme L. reste dans une posture de repli les mains sur le ventre. Cette échographie a été vécue comme trop médicalisée, sans communication avec le médecin, la présence d’une stagiaire perturbant la relation entre eux et lui. Les explications sont perçues comme destinées à l’étudiante. « Il n’y a pas eu de partage. » « J’au-rais préféré un garçon et il m’annonce une fille. » « On n’était plus en symbiose comme la première fois. » « Mais j’éprouve un malaise face au corps médical. »Je perçois dans le discours du père un décalage entre ce qui semble s’être passé etce qui est ressenti par le père, indiquant une sensibilité particulière à la relationmédicale. Je demande s’ils ont des frères et sœurs devenus parents. M. L. me parlede sa sœur aînée qui aurait fait un accident vasculaire cérébral à la naissance, en ajoutant « c’est un secret de famille, un tabou ». Sa mère refuse d’en parler ;quand le sujet est abordé, elle pleure, inconsolable. Il y aurait eu une rupture dela poche des eaux, elle a consulté tardivement et se sent responsable de l’infirmitémotrice cérébrale sévère de sa fille. Après une réanimation néonatale, cette sœura été transférée dans un établissement spécialisé. Mme L. est au courant de cettehistoire familiale, mais ils n’en ont pas parlé en cours de grossesse.Le 3e  trimestre est marqué par des algies pelviennes, des contractions sansmodification du col. Elle consulte aux Urgences, a du mal à stopper son acti-vité professionnelle mais s’y résout. Le père n’a aucun souvenir de la 3e écho-graphie, comme si le lien rompu n’avait pu se re- tisser. La mère évoque uneinquiétude sur un « gros bébé » bien que le poids estimé soit de 3 500- 3 600 g à terme. Le père pesait 4 100 g à la naissance.En fin de grossesse, un écoulement de liquide inquiète le père. Ils consultentaux Urgences. Les contractions sont régulières mais non ressenties. Ils ren-trent chez eux. Les contractions se rapprochent, le promtest positif confirme larupture de la poche des eaux. Elle est mise sous antibiotiques. Un déclenche-ment est évoqué, mais le travail commence spontanément, la poche des eaux serompt franchement, le liquide est teinté.Mme  L. se sent accompagnée par la sage- femme qui répond à ses questions. Puis la dilatation stagne suffisamment pour faire évoquer une césarienne. Elle raconte une dilatation en « dents de scie », la douleur augmente et une péri-durale est posée. Elle arrive très rapidement à dilatation complète. « En salled’accouchement c’était chouette, cool. » Puis la peur de ne pas savoir poussercommence à l’envahir.Jusque- là le récit est aisé, les émotions maîtrisées, le couple en accord.L’accouchement va avoir lieu, 15 minutes de poussée. C’est à ce moment précisque Mme L. s’effondre en larmes devant moi. En une fraction de seconde, elle ne maîtrise plus son émotion, la même qu’en rééducation du périnée.J’interroge : « que s’est- il passé exactement à ce moment- là ? »Elle raconte  : « je vois le visage de la sage- femme se figer, comme si elle avait peur. Je pense alors que le bébé va mourir. Je demande si quelque chose ne vapas. La sage- femme répond que tout va bien, mais cela ne correspond pas à ce que je vois sur son visage. » (Cette sage- femme me dira plus tard qu’elle a été très surprise de l’état du périnée à l’issue d’un accouchement facile).Le mari pense alors que sa femme est en danger, qu’il y a un risque vital.

Page 6: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

2

28 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale

Mme poursuit : « je pose des questions, mais on ne me répond pas, j’ai l’impres-sion que deux mondes se séparent en moi ». « Personne n’est en haut, tout lemonde est en bas (concentré sur le périnée) », « on n’était plus reliés aux profes-sionnels, on était seuls » (alors que dans la salle sont deux étudiantes, la sage-femme et le médecin pour la suture).« Je n’ai pas pu vivre ce que j’avais imaginé, je n’ai pas pu accueillir Leila, jen’étais pas présente pour elle. » Elle n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé autour de l’accueil de sa petite fille, elle reste figée sur l’expression de la sage- femme.Deux jours après, son mari lui dira qu’il a eu peur qu’elle ne meure après la naissance de Leila lorsque la sage- femme s’inquiétait pour le périnée. À partirde là, Mme  se sentira en danger pour elle- même et demandera à différer lasortie.Frappée par cette circulation de peurs, et l’impact sur le sentiment de capacitématernelle, je leur propose de les revoir pour reconstituer précisément l’ac-cueil de Leila en salle de naissance, là où la violence émotionnelle semble avoirrecouvert la réalité des faits. Il faudra un entretien d’une heure pour reconsti-tuer la trame à partir de souvenirs déstructurés. En effet nous retrouverons la continuité des attitudes maternelles adaptées : elle sait à tous les instants où estsa fille, elle demande à la mettre au sein. Pourtant le souvenir de Leila dans les bras de son mari génère le sentiment de l’avoir « abandonnée », de ne pas être capable de s’en occuper. Je souligne l’intérêt de l’implication du père pour lui-même et pour leur fille.Lors de cette deuxième rencontre Mme L. va pleurer mais de manière apaisée, moins envahissante. Elle semble avoir re- synchronisé la continuité des événe-ments et des émotions.

Ce cas clinique illustre l’existence de peurs tant chez la femme que chez son conjointqui n’ont pu se dire avant l’accouchement, d’où leur extrême sensibilité aux diverses perceptions. Dans un objectif de prévention du stress post- traumatique,d’une perturbation du lien mère- enfant, d’une dépression du post- partum, se sont stabilisés au CHU de Montpellier, grâce à l’analyse fine de tels cas, des « outils decommunication », qui ne sont pas encore suffisamment généralisés, permettant :– d’évaluer les besoins singuliers de chaque couple par un entretien largement

ouvert en début de grossesse sur les facteurs de sécurité et d’insécurité [16] ;– de suivre le fil des émotions parentales par une transmission ajustée entre pro-

fessionnels et une révision graduelle des émotions soulevées lors des épisodestels que l’échographie, ou une consultation aux Urgences ;

– de relire les antécédents obstétricaux traumatiques selon une méthodologie rigoureuse lorsqu’apparaît un syndrome de stress résiduel, révélé par un troublede la relation mère- enfant, une dépression du post- partum, ou lors d’une gros-sesse ultérieure [17] ;

– dans le cas d’une nouvelle grossesse, l’entretien prénatal précoce doit permettre de vérifier les séquelles émotionnelles et d’ajuster le suivi en anticipant lesmoments sensibles (échographie, accouchement) [18] ;

– de mobiliser le stress post- traumatique par une préparation à la naissance par hypnose dans le cas de séquelles émotionnelles sévères [19].

Page 7: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ? 29

De manière générale, selon l’expérience clinique et les données de la littérature, le repé-rage et la prise en charge des peurs se situent à différents moments de la grossesse :– Prénatal  : il est très important de détecter les peurs de l’accouchement auprès

des femmes (et de leur partenaire) [3, 5, 7, 9, 11, 20].De notre expérience, nous remarquons que l’accueil de la patiente est primordial. Il permet d’ouvrir le dialogue avec le couple, de donner la parole dès le début de la gros-sesse pour explorer avec lui ses ressentis, ses besoins, ses peurs et ses points de sécu-rité pour mener à bien cette grossesse. C’est la qualité de la relation qui permettra au couple de s’exprimer et d’assurer sa sécurité émotionnelle afin de contenir l’angoisse. Des questions simples et non intrusives permettront à la sage- femme de recueillir éventuellement des facteurs de risques et ensuite d’activer le réseau interprofessionneloù la transmission des informations est essentielle. La fonction « contenante » de ceréseau est le meilleur outil pour accompagner le couple dans un climat de sécurité.La littérature parle de la mise sur pied des « équipes de la peur » dans les pays scan-dinaves, mais ne décrit pas comment les patientes sont référées vers ces équipes.D’autre part, elle décrit également que la détection des peurs modérées ou sévères peut se faire simplement en questionnant la patiente sur son état d’esprit et en effec-tuant une anamnèse. Il existe également des questionnaires standardisés, comme leWijma Delivery Expectancy/Experience Questionnaire [5, 21], l’échelle analogique visuelle (EVA) [5] de la peur ou bien des interviews. Sachant que l’accueil et lareconnaissance des ressentis de la femme enceinte par un professionnel constituent le premier facteur de sécurité, le dialogue paraît plus efficace qu’un questionnaire.Par ailleurs, la continuité du suivi par la même personne, en l’occurrence la sage- femme, est citée comme très réconfortante [4, 5, 22, 23]. Une relation de confiance est établie tout au long de la grossesse où la patiente se sent respectée, écoutée etvalorisée, ce qui renforce son estime d’elle- même et son développement person-nel. Ceci va à son tour augmenter sa satisfaction et elle sera préparée à accou-cher de façon plus naturelle. La sage- femme est vue comme un « leader », auquella patiente va s’identifier et elle va être motivée à prendre son accouchement en « main » en y participant activement [24].La préparation prénatale, en plus d’un suivi continu, doit être non seulement axée sur les aspects techniques de l’accouchement, mais les patientes et les couples doi-vent être surtout rassurés et réconfortés dans leur capacité d’accoucher naturelle-ment [3]. Elle doit aussi viser l’augmentation de l’auto- efficacité, ce qui peut aider à diminuer les peurs de l’accouchement [21, 25].Dans notre pratique personnelle, la préparation prénatale consiste en l’organisation dedifférentes séances d’informations  : sur le déroulement de l’accouchement accompa-gné d’une visite de la salle de naissance et de la maternité, l’allaitement, les rythmes dunouveau- né, les préparations prénatales (haptonomie, gym aquatique, hypnose, etc.).Même si la littérature est partagée sur le sujet [5], l’élaboration d’un projet denaissance écrit est un autre instrument à envisager afin d’obtenir les objectifs per-sonnels et d’aider à avoir un accouchement comme la parturiente et son conjointle désirent. C’est un instrument qui encourage à réfléchir concrètement à l’ac-couchement et à la participation active. Ils éclairciront et communiqueront leurs désirs aux soignants qui les prendront en charge lors du travail et de l’accouche-ment et les aideront à prendre des décisions éclairées. Les éléments influençant lasatisfaction de l’accouchement seront facilités à l’aide du projet de naissance  : lesattentes personnelles, l’encouragement du personnel soignant, la qualité du rap-

Page 8: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

2

30 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale

port soignant- parturiente (couple) et l’implication dans les prises de décisions. Ceprojet permet au couple d’être entendu pendant la grossesse et ainsi d’être relié à l’équipe présente lors de la naissance. Le couple prend activement sa préparation en main et peut de cette façon se réapproprier la naissance.Il ne doit donc pas être une énumération d’actes médicaux que l’on souhaite ounon, mais plutôt l’expression de désirs afin d’expérimenter un accouchement le plus normal et naturel possible, même si la patiente est informée que le travail peut présenter des surprises.La sage- femme peut faire évoluer ce qui serait une liste de requêtes, vers la per-ception de ce que peut être un accouchement normal, naturel et physiologique etquelles sont les pratiques pour l’aider à vivre ce moment. Cette connaissance debase permettra à elle seule de prendre des décisions éclairées [26].Durant le suivi de la grossesse, il est primordial d’avoir rencontré le partenaire de la patiente car cette rencontre lui permettra de trouver sa place et de se sentir relié à l’équipe avant le moment chargé d’émotion de l’accouchement.– Lors du travail et de l’accouchement, la continuité des soins est importante  :

par la même sage- femme et de préférence, celle qui a suivi la patiente (couple)en prénatal. La patiente nécessite une présence, du réconfort, du soutien, de lamotivation, de la réassurance, mais surtout d’être soignée dans le respect. Desétudes démontrent que si la patiente a un contact non favorable avec la sage- femme, ce sera un obstacle au vécu positif de l’accouchement [24].

L’hôpital Érasme a obtenu le label Hôpital Ami des Bébés (OMS). La préparation et l’acquisition du label ont réuni l’équipe autour d’un projet commun qui uniformise la prise en charge autour de la naissance, ce qui favorise le lien enfants- parents. Ceprojet potentialise les acquis des soignants et permet ainsi aux mères de retrouverou de consolider une confiance en elles- mêmes essentielle pour l’avenir de l’enfant.– Post- partum  : de préférence par la sage- femme qui était présente, il est impor-

tant de réaliser un débriefing du travail et de l’accouchement (ou éventuellementcésarienne ou césarienne en urgence) avec la patiente et son conjoint afin de per-cevoir leur vécu. En effet, ce n’est pas le déroulement objectif qui est détermi-nant pour le bien- être de la patiente (du couple), mais son vécu subjectif [23].Si nécessaire, il faut revoir la patiente à six semaines et éventuellement encore àmoyenne et à longue durée afin de l’aider à surmonter un éventuel traumatismevécu lors de l’accouchement [4]. Dans notre institution, la sage- femme présentelors de l’accouchement essaie de revoir la patiente en post- partum. D’autre part,des consultations allaitement et du post- partum sont organisées sur rendez- vous.

Une expérience négative de l’accouchement peut avoir des conséquences sur le bien- être de la patiente, mais aussi sur celui du couple et sur le lien mère- enfant [5, 11,27]. D’autre part, il peut retarder ou enlever le désir d’une grossesse suivante. Si unegrossesse suivante a lieu, elle peut être « hantée » par des peurs modérées voire sévères.

ACCOMPAGNEMENT DES PÈRES EN SALLE DE NAISSANCE

(Rédigé par N. Crea, sage-femme, HUG)En ce qui concerne le père, les données de la littérature scientifique sont aussi res-treintes. Cependant, il est, dans la majorité des cas, l’accompagnateur en salle denaissance.

Page 9: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ? 31

Il est une ressource très importante lors de la grossesse et de l’accouchement. Lespères éprouvent des sentiments négatifs lors de l’accouchement tels que la peur,l’anxiété, l’appréhension, l’impuissance et la colère face à la douleur aiguë et les contractions s’intensifiant chez leur partenaire, mais aussi en regard des aspectsmédicaux de l’accouchement et de l’inconnu que reflète la naissance [28]. Ces fac-teurs de stress ainsi cernés ont permis de repérer des besoins en accompagnement des pères et leurs ressources.L’accueil, l’information, les conseils, l’écoute et l’empathie prodigués par la sage- femme sont des ressources pour eux. L’environnement de la salle est important car il contribue à diminuer leur stress en privilégiant une ambiance tamisée et feu-trée. La possibilité de pouvoir prendre du recul en sortant de la salle de naissancepar exemple est aussi évoquée comme un besoin. Différentes approches, telles que l'apprentissage des massages, peuvent aider à leur sentiment de participation [29].Le rôle des pères en salle de naissance n’est pas défini, ce qui peut être chez certains d’entre eux source de stress [30]. L’implication concrète des pères durant le cours de préparation à la naissance est importante. Ils possèdent de réelles compétences d’ac-compagnement pour leur femme et leur enfant. Les pères ont démontré une grandecapacité d’adaptation bienveillante à ces différentes étapes du travail. Ils ont adapté leur soutien, leur présence, leurs actions en conséquence. Ainsi en évaluant avec dis-cernement la position personnelle propre à chaque père et couple, la sage- femme contribue à faire émerger les ressources individuelles de chacun afin d’intervenircomme représentant de la femme, mais aussi du père [31]. L’application de cettecompétence par la sage- femme permettra alors au père de diminuer ses peurs et le sentiment d’impuissance, source de stress lors de la naissance de son enfant. La sage-femme permet ainsi le passage des compétences en puissance de l’homme en acte.La sage- femme est aussi efficiente lorsqu’elle accompagne, tout comme la mère,le père dans le processus de sa paternalité lors de la naissance. Il a été mis en évi-dence certains rôles propres au processus de la paternalité qui s’exercent déjà lors de l’accouchement. Ceux- ci sont le rôle de sécurisation, de mise en confiance et derenforcement de l’estime personnelle de leur enfant, mais aussi le rôle socialisant et séparateur entre la mère et leur enfant [32]. Cependant, il importe de favoriserune démarche personnelle et d’apprécier la dimension bio- psycho- socio- spirituelle de chacun afin d’inscrire ce rôle de la sage- femme dans le contexte actuel de pri-vatisation et d’individualité [33]. Ainsi la sage- femme, en modulant avec ces troiséléments qui sont la connaissance et la prise en compte de la paternité du pèrelors de l’accouchement, le respect des spécificités individuelles et le contexte socio- culturel actuel, aide le père dans la recherche de sa nouvelle identité.La sage- femme se doit de considérer chaque situation de naissance comme uniqueafin d’être au plus proche du couple rencontré en utilisant à bon escient les res-sources techniques dans son domaine professionnel tout en coordonnant sonaction avec le couple [31]. Elle prend ainsi conscience que la naissance est le noyaucentral de la famille puisque l’accouchement donne naissance à trois individus : le nouveau- né, la mère et le père.

Page 10: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

2

32 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale

CONCLUSION

Ce travail est loin d’avoir la prétention d’être exhaustif, mais donne une vision aux professionnels du secteur de la périnatalité que la bonne santé mentale de la (future) mère est essentielle quant au bon développement futur de la mère et de sa famille.Lors du suivi de grossesse, il est essentiel de laisser la place à une approche humaine et aux émotions afin de détecter les peurs de l’accouchement. La trans-mission et la prise en charge des facteurs de risques en équipe pluridisciplinairepermettront de préserver et d’améliorer la sécurité mentale du couple.D’autre part, la continuité des soins est très importante, et de préférence par une sage- femme. Elle sera la référente avec qui la patiente et son partenaire établi-ront une relation de confiance dans le respect. Durant le suivi de grossesse, ilsera discuté du travail et de l’accouchement sous ses aspects techniques, mais lecouple sera également informé de sorte qu’il puisse participer de façon active à son accouchement. Le vécu de la grossesse et de l’accouchement est très important pour une femme et va influencer sa vie après dans les rapports avec soi- même, sonpartenaire et son enfant. Personne ne peut prédire comment le travail se déclen-chera et se déroulera. La seule chose à laquelle une femme peut se préparer est quela grossesse résulte en l’accouchement et qu’elle doit passer par cette expérience.tLe soignant du secteur périnatal et principalement la sage- femme jouent donc unrôle essentiel dans cette préparation.Si la sage- femme répond aux besoins des pères lors du processus de la naissance,elle permet alors de potentialiser les compétences d’accompagnement des pèresauprès de leur partenaire et de leur enfant.Tous ces éléments révèlent, en fait, la complexité de l’art de la sage- femme puisqu’elle doit manier plusieurs compétences simultanément. Elle doit, en effet, tenir comptedes rythmes individuels de chacun des protagonistes de l’accouchement, composer avec l’incertitude et l’inéluctable de la situation tout en restant disponible pour lecouple quelle que soit la situation. Elle se doit d’aller à la rencontre du couple afin decomprendre sa cohésion qui implique la communication des partenaires au sein deleur couple, leur environnement social et les objectifs que chacun se donne.

RÉFÉRENCES

1. Crea N (2007) Le vécu des pères en salle de naissance : leurs besoins et leurs res-sources. Mémoire de fin d’études HES Filière sages-femmes et hommes sages-femmes. Lausanne, Haute école cantonale vaudoise de la santé

2. Fenwick J, Gamble J, Nathan E, et al. (2009) Pre- and postpartum levels of childbirth fear and the relationship to birth outcomes in a cohort of Australian women. J Clin Nurs 18: 667- 77

3. Saisto T, Halmesmäki E (2003) Fear of childbirth: a neglected dilemma. Acta ObstetGynecol Scand 82: 201- 08

4. Salomonsson B, Wijma K, Alehagen S (2010) Swedish midwives’perceptions of fear of childbirth. Midwifery 26: 327- 37

5. Nilsson C, Lundgren I, Karlström A, et al. (2012) Self reported fear of childbirth andits association with women’s birth experience and mode of delivery: A longitudinalpopulation- based study. Woman Birth. 25: 114-21

Page 11: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ? 33

6. Visier JP (2011) Le stress, mobilisateur du sentiment de sécurité ? In Stress et gros-sesse : quelle prévention pour quel risque ? (coord L. Roegiers, F. Molénat) Éd. Erès,p. 143- 50

7. Saisto T, Salmela- Aro K, Nurmi JE, et al. (2001) Psychosocial characteristics of women and their partners fearing vaginal childbirth. BJOG 108: 192- 8

8. Laursen M, Johansen C, Hedegaard M (2009) Fear of childbirth and risk for birth complications in nulliparous women in the Danish National Birth Cohort. BJOG116: 1350- 5

9. Bewley S, Cockburn J (2002) Responding to fear of childbirth. The Lancet 359: 2128- 910. Sydsjö G, Sydsjö A, Gunnervik C, et al. (2012) Obstetric outcome for women who

received individualized treatment for fear of childbirth during pregnancy. Acta Obs-tet Gynecol Scand 91: 44- 9

11. Johnson R, Slade P (2002) Does fear of childbirth during pregnancy predict emer-gency caesarean section? Br J Obstet Gynecol 109: 1213- 21

12. Alehagen S, Wijma K, Wijma B (2001) Fear during labor. Acta Obstet Gynecol Scand80: 315- 20

13. Gagnaux L (2011) S’imaginer donner naissance dans le calme et la joie. Hebamme,ch. 6: 28- 30

14. Sjögren B (1998) Fear of childbirth and psychosomatic support –  a follow up of 72 women. Acta Obstet Gynecol Scand 77: 819- 25

15. Handelzalts JE, Fisher S, Lurie S, et al. (2012) Personality, fear of childbirth and cesa-rean delivery on demand. Acta Obstet Gynecol Scand 91: 16- 21

16. Plan Périnatalité 2005- 2007 Humanité, proximité, sécurité, qualité 10 novembre 2004 http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Plan_perinatalite_2005- 2007.pdf (30.04.2012)

17. Toubin RM, Clutier- Seguin J, et al. (2009) La relecture des antécédents périnataux par un soignant  : quel objectif ? In Prévention précoce  : petit traité pour construire des liens humains (coord F. Molénat), Éd Erès, p. 83- 100

18. Gonnaud F (2011) L’entretien prénatal précoce : comment ça marche ? In : Stress et grossesse  : quelle prévention pour quel risque ? (coord L. Roegiers, F. Molénat) Éd.Erès, p. 235- 42

19. Dubourdieu J (2011) L’anesthésiste, quel rôle dans la sécurisation ? In  : Stress et grossesse  : quelle prévention pour quel risque ? (coord L. Roegiers, F. Molénat) Éd.Erès, p. 267- 76

20. Alehagen S, Wijma B, Wijma K (2006) Fear of childbirth before, during and afterchidbirth. Acta Obstet Gynecol 85: 56- 62

21. Garthus- Niegel S, StØrksen HT, Torgersen L, et al. (2011) The Wijma Delivery Expectancy/Experience Questionnaire – a factor analytic study 32: 160- 3

22. Nilsson C, Lundgren I (2009) Women’s lived experience of fear of childbirth. Midwi-fery 25: e1- e9

23. Eriksson C, Jansson L, Hamberg K (2006) Women’s experiences of intense fear rela-ted to childbirth investigated in a Swedish qualitative study. Midwifery 22: 240- 8

24. Lyberg A, Severinsson E (2010) Fear of Childbirth: mothers’experiences of team-midwifery care – a follow- up study. J Nurs Manag 18: 383- 90

25. Lindgren HE, Brink A, Klinberg- Alvin M (2011) Fear causes tears- Perineal injuries in home birth settings. A Swedish interview study. BMC Pregnancy and Childbirth11: 6- 14

26. Lothian J (2006) Birth plans: the Good, the Bad, and the Future. JOGNN 35: 295- 30327. Lowe NK (2000) Self- efficacy for labor and childbirth fears in nulliparous pregnant

women. J Psychosom Obstet Gynecol 21: 219- 2”

Page 12: 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale (Montpellier 17–19 octobre 2012) || La peur en salle de naissance : comment l’anticiper ?

2

34 42es Journées nationales de la Société Française de Médecine Périnatale

28. Chan KKL, Paterson-Brown S (2002) How do fathers feel after accompanying theirpartners in labour and delivery? J Obstet Gynaecol 22(1): 11-5

29. Latifses V, Estroff DB, Field T, Bush JP (2005) Fathers massaging and relaxing their pregnant wives lowered anxiety and facilitated marital adjustment. Journal of Bodywork and Movement Therapies 9(4): 277-82

30. Donovan J (1995) The process of analysis during a grounded theory study of menduring their partner’s pregnancies. J Adv Nurs 23: 70-5

31. Hecv- santé (2005) Référentiel de compétences « sages- femmes » « home sage- femme ».Lausanne : Haute école cantonale vaudoise de la santé

32. Le Camus J (2001) La fonction du père dans les premières années de la vie de l'enfant : perspectives ouvertes par la psychologie du développement. In C. Zaouche-Gaudron. La problématique paternelle (p. 75-93). Ramonville Saint-Agne : Érès.

33. Kellerhals J, Widmer E (2005) Familles en Suisse: Les nouveaux liens. Lausanne :Presse polytechnique et universitaire romande