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Quelle communauté éducative ?

LA FAMILLE DANS LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE Chap. 4/4 page 1

4/4Comment lutter contre les discriminations à l’école ?

La question des discriminations à l’École est devenue centrale :prévenir l’homophobie, le sexisme, le mépris pour les élèves« handicapés » et, plus généralement, prévenir toute forme de discri-mination est un objectif majeur et généreux ; toutefois, les obstaclesà surmonter ne peuvent être ignorés : tout CPE, personnel de direc-tion ou infirmière scolaire sait que le problème est toujours latent etque seule une vigilance de tous les instants associée à une véritablestratégie éducative permettront d’éviter des dérives reconnues main-tenant comme inadmissibles.

Le rôle de l’École n’est peut-être pas d’effacer les différences entreindividus, mais plutôt de permettre la valorisation de chaque diffé-rence ou au moins de donner les éléments nécessaires afin que lesdifférences soient admises ou tolérées.

I - ANALYSE DU RAPPORT

Le rapport a été rédigé par un groupe de travail coordonné par AnneRebeyrol, chef de la mission « prévention des discriminations filles-garçons » (DGESCO).

Texte de référence

Discriminations à l’École : rapport relatif aux auditions sur lesdiscriminations en milieu scolaire remis au ministre de l’Éduca-tion nationale, porte-parole du Gouvernement, le 20 septembre2010.

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Chap. 4/4 page 2 LA FAMILLE DANS LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE

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Dans la suite de la contribution, ce texte sera désigné simplementcomme rapport.

La lutte contre les discriminations est progressivement devenue unepriorité au sein de l’École :

« toutes les formes de discrimination violent le principe républicaind’égalité en ce qu’elles constituent une inégalité de traitement basée surune intention de nuire ».

et

« la lutte contre le harcèlement dont certains élèves sont victimes, enraison de leur sexe, leur orientation sexuelle, leur origine, leur handicap,leur apparence physique doit constituer une priorité absolue » (rapport,p. 4) ».

Ainsi, les causes de discrimination sont cernées dès l’avant-propos etl’on retrouve, bien sûr, des sujets traités depuis de nombreuses annéespar l’Institution, mais pas toujours sur le terrain, c’est-à-dire au seinmême de l’École et moins encore dans la classe.

Qu’est-ce qu’une discrimination ? – Le rapport cite un article duCode pénal (art. 225-1) :

« Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnesphysiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation defamille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme,de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques,de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinionspolitiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leurnon-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une raceou une religion déterminée. Une discrimination peut aussi toucher unepersonne morale. »

Selon le Code pénal, toute discrimination repose sur une distinctionportant sur un champ vaste de caractéristiques, et il semble bien quele phénomène de discrimination directe ou indirecte et souvent trèssubtile soit extrêmement courant, en particulier en dehors de l’École :discrimination selon les origines, le sexe, l’orientation sexuelle, la





catégorie sociale, le niveau de revenu, etc. S’il est relativement facilede lutter contre les discriminations directes : propos racistes, ségré-gations diverses lors de la recherche d’un emploi ou d’un apparte-ment, il est beaucoup plus difficile de lutter contre les discriminationsindirectes : comportements préférentiels selon des critères évoquésci-dessus ; plus subtilement, comportements nuancés selon le sexe oul’origine sociale au sein même de la classe ; éducation marquée parle sexe ou le niveau socio-culturel dans la famille.

Ainsi, repérer les discriminations est un processus souvent complexe,surtout lorsqu’elles sont indirectes. Pourtant, au sein de l’École, il nefait guère de doute qu’elles sont fréquentes et source importante deviolences et de mal-être, par conséquent aussi une cause de l’échecscolaire non négligeable.

Des « problématiques transversales » – Le rapport se fonde sur desauditions ; toutefois, il ressort des diverses analyses des problémati-ques transversales à l’ensemble des discriminations. Il semble impor-tant de les analyser succinctement :

1/ « Le poids des préjugés » : la première source de discriminationsemble être les préjugés, les stéréotypes, les idées toutes faites.L’histoire et l’actualité montrent le bien-fondé de cette hypothèse. Lafamille est souvent à l’origine de préjugés : respect de traditionsjamais remises en question, peur de l’autre, surtout volonté de ne passortir de sa classe sociale sinon pour accéder à une classe socialesupérieure, etc. L’École a le devoir de critiquer chaque préjugé dansle sens de le discuter, de le relativiser, mais encore faut-il disposerdes mots et des outils adéquats : il est plus facile de rejeter en blocque de réfléchir et de nuancer sa pensée ;

2/ « L’École : espace d’expression de dérives identitaires » : l’Écolen’est plus à l’abri des grands débats de société : par exemple, le débatsur la laïcité, l’orientation sexuelle, le rejet des étrangers, etc., surtoutà l’heure de l’omniprésence des médias, des forums de discussion,des sites de convivialité. C’est le rôle des adultes, en particulier deséducateurs, de donner des repères afin d’éviter les dérives identitairestoujours possibles.





Les enseignants sont toutefois confrontés à un manque évident deformation et, surtout, ils ne dominent plus une situation tellementmarquée par l’existence de réseaux sociaux sur Internet ;

3/ « Des professionnels confrontés au changement socio-scolaire » :lors des auditions, tous les intervenants reconnaissent la qualité del’action menée par les enseignants dans des conditions toujours plusdifficiles : par exemple, l’accueil des élèves handicapés, qui est unsuccès indéniable mais suppose des facultés d’adaptation impor-tantes, ou encore la scolarisation des élèves non francophones ou neparlant pas couramment le français.

4/ Des points forts sont évoqués lors des auditions : renforcer l’auto-rité des enseignants, faire de la formation une priorité, construire unevéritable éducation à la sexualité, donner une place plus importanteà l’éducation civique et, enfin, impliquer l’ensemble de la commu-nauté éducative. L’effort de l’Éducation nationale dans la lutte contreles discriminations est indéniable, les effets produits ne correspondantpas toujours à la volonté clairement affichée.

Approche différenciée des discriminations – Le rapport étudieensuite chaque discrimination en se fondant sur les auditions etformule des propositions spécifiques. Nous reviendrons sur ces ques-tions lors de contributions futures, en se fondant essentiellement surle rapport et n’insistons donc pas davantage. En effet, la lutte contretoutes les formes de discrimination à l’École est devenue une prioritéabsolue ; toutefois, les solutions envisageables apparaissent commecomplexes. Deux points méritent d’être retenus : la nécessité deformations et l’implication de la communauté éducative.

Mais, l’approche des discriminations ne peut être que différenciée :on ne traite pas de la même façon les discriminations liées à l’orien-tation sexuelle, au sexe, à l’origine ethnique ou à l’origine sociale.

II - LE RACISME, L’ANTISÉMITISME, LA XÉNOPHOBIE

Nous retenons comme exemple le point 3.4 du rapport afin demontrer comment l’approche est développée.





Cinq points sont abordés : le périmètre, le cadre légal et réglemen-taire, l’apport des auditions, l’analyse du groupe de travail et lespropositions spécifiques.

Insultes et injures – Lors des auditions, le groupe de travail note« une prise de conscience progressive, mais une banalisation desinjures et des actes ». L’insulte raciste n’est jamais loin lors d’unconflit entre élèves ou élèves et parents, comme ultime ressourcelorsque les arguments ne suffisent plus. Parfois, le racisme est utilisécomme provocation dans certains cours. Des associations audition-nées insistent aussi sur l’expression du racisme sur Internet, parfoisen termes très violents.

Les interlocuteurs les plus fréquents des associations intervenant enmilieu scolaire sont les enseignants, les CPE n’étant que rarement desinterlocuteurs privilégiés. Un tiers des interventions se font suite à unproblème aigu et deux tiers suite à une demande des enseignants oude parents ; toutefois, il est difficile de savoir si elles s’inscrivent dansun projet sur le long terme ou ne sont qu’une intervention ponctuelle.

Les discriminations sont essentiellement ressenties lors des demandesde stages ou dans l’orientation post-baccalauréat. L’assouplissementde la carte scolaire semble avoir renforcé la ghettoïsation de certainsétablissements scolaires tout en renforçant, il est vrai, la mixitésociale dans les établissements favorisés. Parfois, une discriminationethnique est relevée dans la constitution des classes. Les associationsnotent aussi les difficultés rencontrées dans la scolarisation desenfants du voyage.

Analyse du groupe de travail – Le groupe insiste sur la nécessitéde développer la pratique de l’argumentation qui permet de substituerle raisonnement aux préjugés. En particulier, la laïcité à l’École estun garant du respect de toutes les diversités. On note aussi qu’il existeun grand nombre de ressources disponibles sur ce champ de discri-mination.

Propositions du groupe de travail – Le groupe de travail proposede valoriser les ressources existantes, de former les enseignants, demener une campagne sur les valeurs, de s’appuyer sur des actions





innovantes déjà mises en œuvre, d’accorder une place significative àla connaissance des faits religieux, enfin de créer un lien social entreles établissements scolaires.

III - LES PROPOSITIONS DU GROUPE DE TRAVAIL

Liste des propositions – Le groupe formule toute une liste de propo-sitions pour lutter au mieux contre les discriminations en milieuscolaire : « mieux identifier les discriminations », « former lesmembres de la communauté éducative », « faire de l’établissement lelieu de la prévention des discriminations », « diversifier l’orientationscolaire et professionnelle », « travailler avec les associations »,« organiser des temps forts de réflexion, d’action et decommunication ».

Exemple pour la proposition « faire de l’établissement le lieu de la prévention des discriminations »

Le groupe de travail suggère de renforcer la place de l’ECJS au lycée,de conforter les connaissances des faits religieux, de valoriserl’histoire des idées et des sciences, d’inscrire dans le projet d’établis-sement un axe sur la prévention des discriminations, d’inscrire à

À retenir

Ainsi, la méthode utilisée par le groupe de travail repose sur uneexploitation rigoureuse des contenus des auditions : nous nesommes plus dans le domaine des « bonnes » intentions mais danscelui du constat suivi de propositions d’actions concrètes. Chaquechef d’établissement peut reprendre les démarches du groupe detravail et mener sa propre enquête en se fondant sur des auditionsd’élèves, de parents, d’associations, et établir ainsi un premierbilan pour son établissement. Mieux encore, une telle démarchepourrait être menée dans le cadre d’un bassin d’éducation et deformation. Toutefois, il s’agit de procéder avec prudence, car surun tel sujet, des dérives sont toujours possibles.





l’ordre du jour des CESC des questions sur la prévention des discri-minations, d’aider les élèves à s’engager, d’associer les parents, enparticulier de proposer des débats dans le cadre de la « mallette desparents ». Chaque proposition est susceptible d’être mise en œuvredans les établissements scolaires, en particulier en se fondant sur unbilan initial rigoureux.

Si l’on admet que la prévention des discriminations est une priorité,si un établissement scolaire est confronté à la manifestation de discri-minations, alors il est urgent d’établir un programme d’actions spéci-fiques en se référant aux propositions du groupe de travail.

Tab. 1 – Compétences, domaines, items du palier 3 du socle commun

À retenir

La réalité des pratiques discriminatoires en milieu scolaire ne peutêtre ignorée : la discrimination selon le sexe, bien que subtile, estreconnue depuis longtemps ; les insultes racistes, antisémites,homophobes sont fréquentes dans tous les établissementsscolaires. La circulaire de rentrée 2011 insiste sur la nécessité detravailler dans les EPLE sur la prévention des discriminations etl’égalité entre les filles et les garçons.

Nous proposons un tableau de compétences, domaines, items dupalier 3 du socle commun (cf. Tab. 1) susceptibles d’aider à la miseen œuvre d’une éducation à la prévention des discriminations.

Compétences, domaines, items du palier 3 du socle commun

Compétence Domaine Item Commentaires

Compétence 1 Dire. Participer à un débat, à un échange verbal.

Éduquer au débat permet d’éviter le recours aux propos racistes ou sexistes.





Compétence 3 Savoir utiliser des connaissan-ces dans divers domaines scien-tifiques.

Le vivant : unité d’organisation et diversité, fonctionnement des organismes vivants, évolu-tion des espè-ces, organisation et fonctionnement du corps humain.

Connaître la profonde unité de l’espèce humaine permet de lutter contre le racisme, l’antisémitisme et le sexisme en se fondant sur des arguments rigoureux.

Compétence 4 Adopter une attitude responsable.

Faire preuve d’esprit critique face à l’informa-tion et à son traitement.

L’usage d’Internet présente des risques : sites racistes et antisémites.

Compétence 5 Situer dans le temps, l’espace, les civilisations.

Identifier la diversité des civilisations, des langues, des sociétés, des religions.

Conforter les connaissances des faits religieux comme un fait de culture et de civilisation dans l’ensemble des disciplines.

Compétence 5 Faire preuve de sensibilité, d’esprit critique, de curiosité.

Être capable de porter un regard critique sur un fait, un document, une œuvre.

L’ouverture d’esprit permet de lutter contre les préjugés.

Compétence 6 Connaître les principes et fondements de la vie civique et sociale.

Principaux droits de l’homme et du citoyen.

Le rappel des fondements des droits de l’homme et du citoyen s’impose.

Compétence 6 Connaître les principes et fondements de la vie civique et sociale.

Règles fondamentales de la démocratie et de la justice.

Le rappel à la loi et aux principes de la démocratie est indispensable.

(Suite)Compétences, domaines, items du palier 3 du socle commun






Cette rapide présentation permet de comprendre qu’il est possible aucollège de s’engager dans la lutte contre les discriminations tout entravaillant à l’évaluation du socle commun.

Compétence 6 Avoir un comportement responsable.

Comprendre l’importance du respect mutuel et accepter toutes les différences.

C’est l’occasion de faire réfléchir les élèves sur les discriminations.

Compétence 7 Faire preuve d’initiative.

S’engager dans un projet individuel.

Par exemple, participer à une action de lutte contre le racisme.

Compétence 7 Faire preuve d’initiative.

S’intégrer et coopérer dans un projet collectif.

S’inscrire dans une association.

(Suite)Compétences, domaines, items du palier 3 du socle commun



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Texte tapé à la machine

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