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5 i Vivre Découvrez votre nom de sorcier INTERNET. Soyez hobbit, footballeur, elfe… grâce aux générateurs de noms p. 55 Vaut-il mieux une glace ou un sorbet? NUTRITION. Leur apport calorique détaillé par une diététicienne p. 57 L’homme qui aime les tortues PORTRAIT. Jean-Marc Ducotterd œuvre pour leur bien-être à Chavornay p. 60 Les tongs, sandales stars de l’été, à user sans en abuser p. 56 Comme pour les marmottes, l’adultère est-il salutaire? ÉVOLUTION. Cocufier son partenaire peut avoir quelques avantages, notamment pour assurer sa descendance. La preuve par les marmottes des Alpes, dont la monogamie vient d’être mise à mal par une biologiste française. Les femelles n’hésitent pas à tromper leur conjoint. Pour le bien de l’espèce, évidemment… Et elles ne sont pas les seules! Geneviève Comby [email protected] Si les mammifères sont rarement fidèles à un seul partenaire, c’est peut-être qu’il y a une très bonne raison à cela. Prenez les marmottes des Alpes. Alors qu’on croyait ces petits rongeurs parfaitement monogames, une biologiste française les a pris en fla- grant délit de tromperie. Le plus surpre- nant étant que les femelles aussi s’adonnent volontiers à ces galipettes hors du terrier conjugal. Car si les mâles ont intérêt à se mettre en couple tout en collectionnant les partenaires sexuelles pour assurer leur reproduction, les femelles, a priori, pas vraiment… «Pourquoi multiplier les mâles alors qu’elles ne peuvent de toute manière pas augmenter le nombre de petits 53 i Le Matin Dimanche. 5 août 2007 qu’elles mettent au monde au-delà de la taille de leur portée?» relève Aurélie Cohas, biologiste à l’Université de Lyon, qui a observé pendant 15 ans des marmottes dans la réserve naturelle de la Grande Sassière, dans la région de Val-d’Isère en France. Et pourtant! Les femelles restent avec le meilleur mâle du groupe, mais ne se privent pas d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs de temps en temps, explique la scientifique, dont les travaux viennent d’être publiés dans le «Journal of Ani- mal Ecology». Il faut savoir que sur leur territoire, les marmottes s’organisent en groupe autour d’un mâle et d’une femelle do- minants, les seuls à pouvoir se repro- duire. Grâce à des tests génétiques, Aurélie Cohas a constaté que des petits étaient régulièrement conçus hors du couple officiel, un tiers des femelles étant volages. Mais surtout que ces pe- tits-là (15% des portées) avaient de bien meilleures chances de survie au-delà de deux ans que les bébés «légitimes»! C’est là que le choix de «l’amant» entre en ligne de compte. Car la mar- motte ne fricote généralement pas avec le voisin de tanière, mais plutôt avec un mâle solitaire hors de son groupe, ce qui n’est pas dénué d’intérêt. D’une part, cette rencontre assure un véritable brassage de gènes et réduit Suite u Via Productions/Brand X/Corbis

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Page 1: 53 i Le Matin Dimanche. 5 août 2007 Vivre

5i VivreDécouvrez votrenom de sorcierINTERNET. Soyez hobbit,footballeur, elfe… grâce auxgénérateurs de noms p. 55

Vaut-il mieux uneglace ou un sorbet?NUTRITION. Leur apportcalorique détaillé par unediététicienne p. 57

L’homme qui aimeles tortuesPORTRAIT. Jean-MarcDucotterd œuvre pour leurbien-être à Chavornay p. 60

Les tongs,sandales starsde l’été, à usersans en abuser

p. 56

Commepourlesmarmottes,l’adultère

est-ilsalutaire?

ÉVOLUTION. Cocufier son partenaire peut avoir quelques avantages,notamment pour assurer sa descendance. La preuve parles marmottes des Alpes, dont la monogamie vient d’être mise à mal

par une biologiste française. Les femelles n’hésitent pasà tromper leur conjoint. Pour le bien de l’espèce, évidemment…Et elles ne sont pas les seules!

Geneviève [email protected]

Si les mammifères sontrarement fidèles à un seul partenaire,c’est peut-être qu’il y a une très bonneraison à cela. Prenez les marmottes desAlpes. Alors qu’on croyait ces petitsrongeurs parfaitement monogames, unebiologiste française les a pris en fla-grant délit de tromperie. Le plus surpre-nant étant que les femelles aussis’adonnent volontiers à ces galipetteshors du terrier conjugal.Car si les mâles ont intérêt à se mettreen couple tout en collectionnant lespartenaires sexuelles pour assurer leurreproduction, les femelles, a priori, pasvraiment…«Pourquoi multiplier les mâles alorsqu’elles ne peuvent de toute manièrepas augmenter le nombre de petits

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qu’elles mettent au monde au-delà dela taille de leur portée?» relève AurélieCohas, biologiste à l’Université deLyon, qui a observé pendant 15 ans desmarmottes dans la réserve naturelle dela Grande Sassière, dans la région deVal-d’Isère en France. Et pourtant! Lesfemelles restent avec le meilleur mâledu groupe, mais ne se privent pas

d’aller voir si l’herbe est plus verteailleurs de temps en temps, explique lascientifique, dont les travaux viennentd’être publiés dans le «Journal of Ani-mal Ecology».Il faut savoir que sur leur territoire, lesmarmottes s’organisent en groupeautour d’un mâle et d’une femelle do-minants, les seuls à pouvoir se repro-

duire. Grâce à des tests génétiques,Aurélie Cohas a constaté que des petitsétaient régulièrement conçus hors ducouple officiel, un tiers des femellesétant volages. Mais surtout que ces pe-tits-là (15% des portées) avaient de bienmeilleures chances de survie au-delà dedeux ans que les bébés «légitimes»!C’est là que le choix de «l’amant»

entre en ligne de compte. Car la mar-motte ne fricote généralement pas avecle voisin de tanière, mais plutôt avec unmâle solitaire hors de son groupe, cequi n’est pas dénué d’intérêt.D’une part, cette rencontre assure unvéritable brassage de gènes et réduit

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InfidélitéYsuite

En couple, êtes-vous…… comme les marmottes, plutôt volageou parfaitement monogame?

www.lematin/sondages 9

JEUX

Guide shopping

LilaetLéon:deuxjoyeuxguidespourlesenfantsNicole Rossi a imaginédes cahiers de jeuxpleins de surprisespour les enfantsde 4 à 11 ans

L ila et Léon sont deux pe-tits personnages sympa-thiques, dynamiques et

pleins de vie qui guident lesenfants à travers des jeux à lafois drôles et éducatifs. Auxquatre et cinq ans, ils leur de-mandent, par exemple, de colo-rier en vert les objets qui n’ontrien à faire sur une table, telqu’une brosse à dent ou un pa-rapluie. Aux six et sept ans, ilsles initient au recyclage et leurmontrent l’importance de la vieen commun. Ils prennent par lamain les huit et neuf ans à ladécouverte de notre planète. Et

enfin ils mènent les dix etonze ans dans l’univers

des métiers, sansoublier l’écologie.

L’auteure NicoleRossi, enseignant la

bande dessinée àde jeunes créa-teurs à Ge-nève, a con-cocté cette

collection decahiers de jeux

pas comme lesautres. Présentés

Les 8 et 9 ans partenten voyage avec Lila etLéon.

Mettez-vous au vert

L’ édition alémanique de«Migros-Magazine» arécemment tiré le portrait

d’un écopionnier inconnu du public,mais dont d’innombrables rues deZurich portent une signature qui éclôtchaque année. Cet homme, c’estMaurice Maggi, paysagiste deformation et tenancier de bistrot,passionné de petits biotopes. Sasignature, ce sont des créationsflorales, nées des balades qu’il afaites ces vingt-cinq dernières années.Des promenades durant lesquellesnotre homme a semé, semé… au petitbonheur, «juste pour voir».Les roses trémières qu’arborent à leurpied de nombreux arbres, à Zurich,c’est lui. En été, elles déclinent leursteintes pêche, indigo, fuchsia, pourpreou jaune pâle et sont devenues, pourbeaucoup, un emblème de la ville aumême titre que la Rote Fabrik ou leKunsthaus.Or, Maurice Maggi a été unprécurseur. Car, il y a vingt-cinq ans,ses semailles étaient aussi subversivesqu’un graffiti: la préservation desbiotopes ne préoccupait guère lesservices municipaux, quiconsidéraient les plantes pionnièrescomme de la mauvaise herbe et leurpréféraient des plates-bandes tirées aucordeau. Cela ne fait que quelquesannées que la réhabilitation dans lescités de ces humbles beautés

indigènes est à la mode, comme àGenève, par exemple.A Zurich, les roses trémières quiornent les trottoirs descendentpresque toutes de celles qui avaientenvahi le parc d’une villa patriciennede la ville. Maurice Maggi, chargé deles éliminer, n’avait pas eu le cœur dele faire. Il avait donc semé leursgraines en douce, avec uneprédilection pour les petits «no man’slands» qui ponctuent la géographieurbaine: allées, entrées d’immeubles,arrière-cours, bordures de rail…Autant de sites invisibles que l’on saitaujourd’hui abriter nombre d’espècesanimales, elles-mêmes menacées.Maurice Maggi l’avait pressenti.Aujourd’hui, notre écopionnier a faitson coming out: les autorités saventnotamment qu’elles lui doivent unbiotope sec remarquablement réussiau Letten. Il sème toujours sur lesanciens sites industriels, dans lesnouveaux lotissements – du pavotsomnifère, du millepertuis, dubouillon-blanc, des chardons, desdigitales, de la camomille…C’est sûr qu’il y a tout un mondeinvisible et minuscule qui lui ditmerci. Y

iSur Internet: Programme genevois «Nature en ville»:http://www.ville-ge.ch/culture/administration/pdfsA genda21/nature.pdf

L’écograffiti,hasardeux et floral

ainsi le risque de consanguinité.«L’autre hypothèse est que la femellecherche la meilleure combinaison entreson génome et celui d’un mâle pour sadescendance», précise Aurélie Cohas.Madame Marmotte gagne ainsi surdeux tableaux: elle s’assure la présenced’un compagnon pour s’occuper de sapetite tribu tout en profitant d’un géni-teur performant qui lui garantit despetits plus résistants et la survie de salignée. «Ce genre de comportement aaussi été observé chez les souris d’éle-vage dont on sait qu’elles font leurchoix à l’odeur», rappelle la Française.Les oiseaux aussi...

On ne peut pas vraiment dire que lascientifique ait été étonnée par l’infidé-lité des marmottes. «La surprise avecles animaux c’est plutôt lorsqu’onpense qu’ils sont monogames et qu’ilsle sont réellement!», lâche la biologistequi se penche actuellement, en Allema-gne, sur les éventuels avantages del’adultère chez les mésanges. «Chez lesoiseaux, 95% des espèces qui sont so-cialement monogames vont voirailleurs de temps à autre», précise-t-elle.Les marmottes sont donc loin d’être lesseules à afficher une fidélité d’appa-rence tout en tirant partied’une double vie. Et

t Suite

l’homme? Ou plutôt la femme! Est-ellebiologiquement programmée pour re-chercher, le cas échéant, hors de sonménage un partenaire à la hauteur,génétiquement parlant? Pour profiter àla fois de l’avantage social qu’assure lecouple et de l’avantage biologique quepeut apporter l’adultère? «Je pense queoui, lâche Aurélie Cohas, amusée. Ilest compliqué de réunir des informa-tions lorsqu’il s’agit du comportementhumain, en particulier celui-là, mais iln’y a aucune raison que nous nesoyons pas soumis aux mêmes modesde fonctionnement que les marmot-tes.» Une théorie déjà défendue par lepsychologue américain GeoffreyMiller. En 2000, il publiait «The Ma-ting Mind», ouvrage dans lequel ildéfend, entre autres, le rôle joué parl’adultère dans l’évolution de l’espèce

humaine. Sur lemême principeque les marmot-tes des Alpes. Y

Femmesadultères:unsecretbiengardéiDifficile d’être aussi catégoriqueavec les êtres humains qu’avec lesmarmottes en matière d’adultère. Si unrongeur femelle sur trois montre desvelléités «extraconjugales», lessondages auprès des femmes donnentun contour beaucoup plus flou duphénomène. Alors que les sondeurssoupçonnent les hommes d’exagérer lenombre de leurs aventures, ils prêtentaux femmes une tendance à lesminimiser.Dans les années 1970, le célèbrerapport de l’Américaine Shere Hite surla sexualité féminine révélait que 70%des femmes mariées depuis plus decinq ans avaient trompé leur mari, aumoins une fois. En 1988, la sociologuebritannique, Annette Lawson, menaitune vaste étude («Adultery») qui luipermettait, cette fois-ci, d’estimer entre50 et 60% la proportion de femmesadultères. L’ancienne journaliste du«Wall Street Journal» PamelaDruckermann vient, quant à elle, depublier un petit guide mondial del’adultère («Lust in Translation: TheRules of Infidelity from Tokyo toTenessee») pour lequel elle a recueillides témoignages dans vingt-quatrevilles réparties dans dix pays. Constat:le cocufiage est universel et, commechez les marmottes, 30% des plus decinquante ans admettent avoir«fauté»…Quant aux enfants, les tests ADN, lescomparaisons de groupes sanguins etde couleurs des yeux laissent penserqu’entre 4 et 8% auraient été conçuspar un géniteur qui n’est pas le père defamille officiel… Y

On estime qu’entre 4 et 8% des enfantsseraient le fruit de relations adultérines.Larry Dale Gordon/zefa/Corbis

dans des fourres en plastiquetransparentes, pratiques à em-porter sur la plage, trois livretsau graphisme pétillant nous en-traînent dans un monde àcolorier, à imaginer, à re-mettre en ordre parfois.

Lila avec son masque etson tuba est invitée àprendre le thé chez sagrand-mère qui habitesur une autre île. Elledoit découvrir le justechemin en évitant lesrequins. Léon, en habilefunambule, a perdu son ombre.Sur quatre propositions, il fautl’aider à la retrouver. Quandaux plus petits, ils pourronthabiller Lila pour l’été etLéon pour l’hiver.

A chaque âge son appren-tissage. De la découvertedes mouvements à la con-naissance des autres en pas-sant par une approche del’écologie, les jeunes sontsensibilisés à la tolérance,à l’envie de vivre ensem-ble et à la préservation de notreplanète. Le tout en s’amu-sant! Y Isabelle Bratschi

iÀ LIRE«Lila et Léon», trousse avec trois cahiers de jeux pour les 4/5 ans, 6/7 ans, 8/9 ans et 10/11 ans. Nk Editions. Internet: www.nkeditions.ch ouwww.editionslep.ch

En «trompant» son mâle,la femelle marmottechercherait la meilleurecombinaison de gènespour sa descendance.Moodboard/Corbis

Une ronde joyeusepour les 6 et 7 ans.

Des acrobaties sont au programme des 4 et 5 ans.

Les 10 et 11 ans partent à la découverte du monde.Photos DR

Jutta

Klee

/COR

BIS

iPar Catherine Riva