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5EMES ASSISES DE LA SOLIDARITE INTERNATIONALE EN BRETAGNE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOLIDARITE INTERNATIONALE, AGIR ENSEMBLE AU NORD ET AU SUD SYNTHESE DU PARCOURS 5 : QUELLE PLACE POUR LA SOLIDARITE INTERNATIONALE DANS LES STRATEGIES RSE DES ENTREPRISES ? Rappel rapide de la problématique proposée Ces dernières années, la responsabilité sociale/sociétale des entreprises (RSE) a pris une importance croissante dans le monde de l'entreprise. Il s'agit d'une démarche à travers laquelle les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire. La RSE porte donc les entreprises à intégrer le contexte mondial et local dans leur réflexion stratégique. 1 Par nature, le cadre de la RSE constitue donc une porte d'entrée pour le dialogue avec les acteurs de la solidarité internationale et la prise en compte par les entreprises des questionnements et des propositions portés par ces derniers. Pour autant, toutes les entreprises engagées dans une démarche RSE n'ont pas forcément vocation à intégrer une dimension internationale. Cette prise en compte dépend de l'échelle de l'écosystème de l'entreprise et/ou de son domaine d'activité (son modèle économique, ses approvisionnement s'insèrent-ils dans un contexte international ?). Le présent parcours thématique proposera donc d'explorer la façon dont solidarité internationale et RSE sont susceptibles de se conjuguer. Dans quels cas est-ce pertinent ? Quels sont les facteurs qui favorisent la prise en compte d'une dimension internationale dans une démarche RSE ? Sur quelles dimensions de l'activité de l'entreprise cela peut-il porter et à travers quel type d'actions (mobilisation interne, relations avec les fournisseurs, etc.) ? Comment les ONG peuvent-elles être associées à cette stratégie, contribuer à la construire et à la mettre en œuvre ? Animation Chantal Brohier, association RSE&PED Intervenants 1. Loïc Evain – CCI de Bretagne 2. Loïc Ménard – Groupe Mulliez-Flory 3. Daniel Mith – Fondation Alcatel-Lucent 4. Isabelle Legendre – Espoirs d’Enfants + Stéphane Letué – Association Poulets de Janzé + Gaëtan Rocaboy – Entreprise CCPA + Hubert Paris – Mairie de Janzé Rapporteur Jean Charles Minier - InnoTSD 1 Source Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Responsabilité_sociétale_des_entreprises 1

5EMES ASSISES DE LA SOLIDARITE … · ... Association Poulets de Janzé ... la RSE peut aussi être une source de motivation pour les salariés et donner ... (Poulet de Janzé), Gaëtan

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5EMES ASSISES DE LA SOLIDARITEINTERNATIONALE EN BRETAGNE

DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOLIDARITE INTERNATIONALE, AGIRENSEMBLE AU NORD ET AU SUD

SYNTHESE DU PARCOURS 5 : QUELLE PLACE POUR LA SOLIDARITEINTERNATIONALE DANS LES STRATEGIES RSE DES ENTREPRISES ?

Rappel rapide de la problématique proposée

Ces dernières années, la responsabilité sociale/sociétale des entreprises (RSE) a pris une importancecroissante dans le monde de l'entreprise. Il s'agit d'une démarche à travers laquelle les entreprises intègrentles préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leursinteractions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire. La RSE porte donc les entreprises àintégrer le contexte mondial et local dans leur réflexion stratégique.1

Par nature, le cadre de la RSE constitue donc une porte d'entrée pour le dialogue avec les acteurs de lasolidarité internationale et la prise en compte par les entreprises des questionnements et des propositionsportés par ces derniers.

Pour autant, toutes les entreprises engagées dans une démarche RSE n'ont pas forcément vocation àintégrer une dimension internationale. Cette prise en compte dépend de l 'échelle de l'écosystème del'entreprise et/ou de son domaine d'activité (son modèle économique, ses approvisionnement s'insèrent-ilsdans un contexte international ?).

Le présent parcours thématique proposera donc d'explorer la façon dont solidarité internationale et RSEsont susceptibles de se conjuguer. Dans quels cas est-ce pertinent ? Quels sont les facteurs qui favorisent laprise en compte d'une dimension internationale dans une démarche RSE ? Sur quelles dimensions del'activité de l'entreprise cela peut-il porter et à travers quel type d'actions (mobilisation interne, relationsavec les fournisseurs, etc.) ? Comment les ONG peuvent-elles être associées à cette stratégie, contribuer àla construire et à la mettre en œuvre ?

Animation Chantal Brohier, association RSE&PED

Intervenants 1. Loïc Evain – CCI de Bretagne2. Loïc Ménard – Groupe Mulliez-Flory3. Daniel Mith – Fondation Alcatel-Lucent 4. Isabelle Legendre – Espoirs d’Enfants + Stéphane Letué – Association Poulets de

Janzé + Gaëtan Rocaboy – Entreprise CCPA + Hubert Paris – Mairie de Janzé

Rapporteur Jean Charles Minier - InnoTSD

1 Source Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Responsabilité_sociétale_des_entreprises

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SESSION DU MATIN

• Exposé introductif sur la RSE – Loïc EVAIN, Coordinateur RSE des CCI de Bretagne, Chambre deCommerce et d'Industrie de Rennes

• Témoignages et échanges avec la salle :

◦ Isabelle LEGENDRE, ONG « Espoirs d'enfants » ; Stéphane LETUE, Poulet de Janzé ; M. HubertPARIS, Maire de Janzé ; Gaëtan ROCABOY

◦ Daniel MITH, Fondation Alcatel-Lucent

◦ Loïc MENARD, groupe Mulliez Flory

EXPOSE INTRODUCTIF

Intervenant 1 Loic Evain

Les actions économiques font partie d’un tout. Autrement dit, tout ce qui se passe se fait dans la biosphère,laquelle appartient à l’humanité. C’est dans cette biosphère que prennent place nos activités, économiques et autres, lesquelles contribuent à la RSE.

Alors que la crise devrait être passée, nous assistons à l’apparition de nouvelles crises,qui peuvent être :- Environnementales (liées aux ressources, climat, environnement)- Sociales (démographie, génération Y, crise des valeurs)- Techno-économiques (nouvelles technologies, biotechnologies, TIC)

Nous sommes aujourd’hui dans une phase de transition vers un futur souhaitable. Pour les entreprises, il s’agit de se questionner sur les nouveaux enjeux et l’impact qu’ils auront sur leurs clients. Celles-ci doivent offrir des réponses nouvelles à des besoins nouveaux et de nouvelles solutions à de nouvelles attentes. Il faut sortir du cadre et expérimenter pour s’adapter à ce nouveau modèle, celui du monde post-carbone. Cela exige d’utiliser toutes les ressources de l’entreprise : son capital économique bien évidemment, mais aussi son capital immatériel en puisant par exemple dans la créativité des équipes en interne.

Si l’on s’interroge maintenant sur ce qui définit une entreprise idéale, c’est celle que tout le monde aime (clients, salariés, actionnaires, voisins de l’entreprise, banquier, fournisseurs, etc.). En conséquence, si on s’éloigne de ce modèle, on met l’entreprise en danger.

Pour une entreprise, la RSE se définit comme un moyen d’optimiser les performances pour satisfaire tous les intervenants qui gravitent autour d’elle. Cela répond au concept de performance globale de l’entreprise qui vise à créer des relations positives avec toutes les parties prenantes : voisins, salariés, clients mais aussi les fournisseurs qui peuvent inciter l’entreprise à aller dans telle ou telle direction, l’État ou les collectivités locales qui peuvent aussi agir par la réglementation ou la fiscalité avec la mise en place de système de malus et bonus par exemple.Voici les questions qu’une entreprise peut se poser vis-à-vis de ses partenaires :

• Qu’est-ce qu’ils attendent de moi ?• Qu’attendre d’eux ?• Comment travailler ensemble et mutualiser nos envies et nos ressources ?

Ce travail de mobilisation des partenaires permet d’augmenter les ressources disponibles pour l’entreprise.

La compagnie d’assurances Generali met en avant que le fait que la sinistralité des entreprises responsables est inférieure d’un tiers à celles des autres. La vision à long terme de la RSE augmente aussi la valeur de l’entreprise aux yeux d’un repreneur. Sur le volet management, la RSE peut aussi être une source de motivation pour les salariés et donner un avantage concurrentiel à l’entreprise.La démarche RSE et la solidarité internationale sont étroitement liées : les deux nous poussent à regarder le monde dans lequel nous vivons et les échanges qui en découlent sont source de gains de créativité et de création de nouvelles valeurs et richesse à partager.

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LES EXPERIENCES PRESENTEES OU TEMOIGNAGES

Intervenant 2 Loïc Ménard – Groupe Mulliez-Flory

Présentation (contexte, démarche, thématiques)

Ce témoignage montre surtout comment une entreprise peut s’appuyer sur ses fournisseurs pour mettre enplace une démarche RSE.

Mulliez-Flory est une entreprise patrimoniale de vêtements à usage professionnel qui fait preuve d’unemaîtrise complète de la chaîne de la valeur, du design à la création du vêtement. Elle compte 270 salariés enFrance et 750 dans le monde avec notamment trois ateliers en Tunisie, et affiche en 2014 un chiffred’affaires de 63 M€. La plupart de ses clients ont une démarche RSE et souhaitent aller jusqu’au bout enéquipant leurs salariés de vêtements en lien avec cette démarche.

Mulliez-Flory a adopté un comportement éthique et a fait le choix de s’allier à Yamana, une ONG qui vérifieque ses fournisseurs sont également respectueux de l’environnement notamment au travers de l’absenced’utilisation de substances chimiques dangereuses. Tous les deux ans, elle est évaluée dans le but derenouveler sa licence Max Havelaar qui certifie :

- L'équité des relations commerciales avec les petits producteurs défavorisés- La qualité de la culture du coton- La préservation de l'environnement

Cette ONG bénéficie aussi du label « Confiance Textile » en Allemagne ce qui garantit l’absence desubstances cancérigènes dans les textiles.

Il arrive aussi que des clients auditent la politique sociale et de respect de l’environnement de Mulliez-Flory.Elle suit cinq grands piliers :

- La charte des Nations Unies (dont elle est signataire)- Le recyclage des produits en fin de vie- L’utilisation de nouvelles fibres vertueuses- L’écoconception- L’utilisation d’énergies non-polluantes

Il faut noter que la démarche RSE mise en œuvre est aussi très fédératrice en interne. L’objectif aujourd’huipour la société est de s’engager dans une démarche RSE 26001 avant la fin de l’année dans la continuité desactions déjà engagées (projet d’évaluation ISO 26000 en 2013).

En matière de solidarité internationale, Mulliez-Flory s’intéresse à la mise en place d’un partenariat avecune ONG ou une association pour faire du lobbying auprès des gouvernements afin de les mobiliser versune démarche RSE par de la formation ou de l’information.

Eléments de réussite à retenir

• La démarche RSE est intégrée sur toute la chaîne de production, de la matière première au produitfini : « nous assurons la traçabilité de chaque fil de coton utilisé ».

• La labellisation est une des clefs de réussite du projet. • La RSE est une démarche fédératrice pour les salariés

Difficultés et contraintes rencontrées

Les nombreux audits peuvent être considérés comme une contrainte mais c’est le seul moyen de garantir lerespect de l’environnement et des conditions de travail des salariés des sous-traitants.Ils permettent de se remettre en question et de s’améliorer si nécessaire.

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Propositions, bonnes pratiques, conseils

Bonnes pratiques• Une démarche RSE globale, qui concerne toute l’entreprise et son entourage, en lien avec l’activité

et la spécificité de l’industrie du textile• La labellisation qui permet de se remettre en question régulièrement• Le choix de travailler avec des ONG (Yamana, Max Havelaar)

Intervenant 2 Daniel Mith – Alcatel Lucent

Présentation (contexte, démarche, thématiques)

La fondation ALU – Alcatel-Lucent Foundation (créée en 1996) - est l’étiquette RSE del’entreprise. L’expertise technique de l’entreprise et sa présence mondiale sont lesingrédients nécessaires pour s’engager dans une démarche RSE, mais avec l’aide departenaires comme les ONG.

39% de la population mondiale est aujourd’hui connectée, ce pourcentage masquantd’importantes disparités selon les sexes (écart de 16% entre les femmes et les hommes) et les nations (31% de la population des pays en voie de développement est connectée contre 77% dans les pays développés).

Pourtant, quand la pénétration du haut débit augmente de 10%, le PIB national croît de 1,4 % sous les effetsconjugués de progrès dans l’économie dite de la connaissance (accès à l’éducation, alphabétisation, santé, etc.).

La fondation ALU intervient principalement auprès des jeunes et des personnes défavorisées pour les aider à s’intégrer dans la société, à trouver un travail… Ces actions se font par l’implication bénévole de salariés avec leurs propres projets (28 en 2014) ou au sein d’ONG. 15 personnes sont impliquées à plein temps dans le bénévolat.

La fondation est également partenaire de deux programmes mondiaux :- ConnectEd : aide aux femmes défavorisées de 2011 à 2015 sur des sites géographiquement proches

d’Alcatel en partenariat avec l’ONG World Education.- Campus in the Cloud : plateforme en ligne pour former et donner une éducation à ceux qui n’y ont

pas accès (vidéos et tutoriels disponibles en 11 langues).Elle est également présente dans 37 programmes locaux et a bénéficié de nombreux dons en nature (2200 ordinateurs donnés, livres, vêtements) ou en argent (vente de mobilier d’Alcatel au profit du Népal).

L’origine des actions de solidarité peut provenir de projets de salariés (la fondation peut apporter une aide financière de 700 $ et une assistance via son réseau et ses contacts) ou d’ONG (dans ce cas il s’agit de projets dans le domaine du numérique ou de l’éducation aux TIC).

Pour en savoir plus sur le projet de M. Mith au Népal, consulter cette page.

Eléments de réussite à retenir

• L’activité de la fondation est basée sur le cœur de métier de l’entreprise (le numérique et les TIC) etses lieux d’implantation

• L’inscription dans des programmes mondiaux et locaux• La possibilité laissée aux salariés de proposer un projet ou d’intégrer le projet d’une ONG

Propositions, bonnes pratiques, conseils

Bonnes pratiques• Une structure dédiée à la solidarité internationale • Le lien entre les activités de la fondation et celles de l’entreprise

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• L’implication dans des programmes mondiaux• Le lien avec les ONG

Intervenants 3 Isabelle Legendre (Espoirs d’enfants), Stéphane Letué (Poulet de Janzé), Gaëtan Rocaboy(CCPA), Hubert Paris (Mairie de Janzé)

Présentation (contexte, démarche, thématiques)

L’association Espoir d’enfants a pour vocation d’améliorer les conditions de vie desenfants défavorisés et de contribuer à leur offrir un avenir meilleur. Elle intervient danstrois domaines :

- Contribuer à l’autonomie des bénéficiaires (familles ou structures accueillant desenfants) par la co-construction, la mise en place et le développement d’uneactivité économique

- Agir pour le respect des droits de l’enfant- Mener des actions de sensibilisation sur les droits de l’enfant en France

Le succès de ses actions est assuré par des partenariats avec des entreprises,associations et collectivités.

Une exploitation de 4 000 poules pondeuses et des zones de maraîchage pour unorphelinat ont ainsi été mis en place au Bénin, avec la coopération de la Mairie de Janzé,de l’entreprise CCPA et de l’association du Poulet de Janzé. Désormais, l’orphelinat estautonome à 85%. Outre la co-construction, cette expérience a favorisé le transfert desavoir-faire en vue de pérenniser le projet et de conduire les acteurs béninois versl’autonomie. Grâce à ce projet, les membres de l’association ont étendu leur réseauauprès des entreprises mais aussi d’autres acteurs ou experts de la filière, comme leZoopôle à Saint-Brieuc.

M. Paris précise que ce projet a aussi permis de créer du lien entre la Mairie de Janzé et sa population de jeunes citoyens en les fédérant autour de ce projet solidaire.

Le maire a été le relais de l’action auprès des jeunes de la commune en intervenant notamment dans des écoles. Les entreprises de la commune se sont également impliquées en particulier les éleveurs adhérents de l’association du Poulet de Janzé (170 éleveurs, volaille « Label Rouge », 400 emplois directs et indirects) qui ont marqué un vif intérêt pour ce projet porteur de valeurs de solidarité, comparable d’une certaine manière aux valeurs du modèle coopératif breton : « Quand un projet a du sens il est possible de le faire partager et d'y faire adhérer des entreprises ».

Gaëtan Rocaboy travaille au sein de l’entreprise CCPA (nutrition animale), présente dans 50 pays et qui a cinq de ses huit usines en France. Pour la CCPA, il est logique de travailler avec l’association du Poulet de Janzé puisque ses membres sont des clients. Concernant le projet de l’association Espoir d’enfants, l’aide apportée a principalement concerné le transfert de compétences en formant les personnes sur place et l’envoi de matériel.

Eléments de réussite à retenir

• Grâce à un projet bien construit, Espoir d’enfants a facilement convaincu les partenaires,entreprises et élus. Chacun a une place précise dans le projet : les entreprises apportent leurscompétences et un soutien financier, la mairie son réseau, et l’ONG sa connaissance du territoire etdes besoins de l’orphelinat.

• Des valeurs communes• Enrichissement collectif : - Transfert de compétences vers les bénéficiaires pour assurer la pérennité du projet- Échange de compétences et d’expertises entre les acteurs

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Propositions, bonnes pratiques, conseils

Bonnes pratiques :• La co-construction, celle-ci est nécessaire pour que le projet soit pérenne et utile• Le transfert de compétences fait par des entreprises dont c’est le cœur de métier• Une plus-value pour chacune des parties prenantes

LES ECHANGES : QUESTIONS - REPONSESLes questions suscitées ... et les réponses

Question concernant la présentation del’entreprise Mulliez-Flory : « Les démarches du Nord vers le Sud semblentethno-centrées. Les salariés de vos entreprisesdans les pays du Sud et de vos sous-traitantssont-ils représentés ? »

« A la suite de ces présentations, il ressortque la réussite de projets de RSE estétroitement liée à l’implication d’individus quimobilisent leurs réseaux. Comment pourrait-on mieux structurer en Bretagne lacoopération entre les acteurs concernés pardes démarches RSE : ONG, entreprises,chambres consulaires… »

Fabien Lambert, Lycée professionnel de Bain-de-Bretagne : « Tous ces projets sontpassionnants et il faudrait le faire savoir auxjeunes générations, notamment l’implicationd’entreprises. Comment celles-ci peuvent-ellescommuniquer sur ce qu’elles font auprès desjeunes dans les écoles ? »

Loïc Ménard, entreprise Mulliez-Flory : « Les salariés de nos usines ont des représentants, conformément à la législation locale. En matière de RSE, ces derniers prennent notamment part, aux côtés de l’équipe de management, aux discussions concernant l’hygiène et la sécurité. S’agissant des sous-traitants, nous travaillons avec eux et nous nous assurons grâce à des audits réguliers que les conditions de travail des salariés sont bien conformes aux réglementations en vigueur ».

« L’événement d’aujourd’hui a pour vocation de s’inscriredans la durée et de se prolonger. Mais il faut aussi garderde la souplesse dans la mise en œuvre des projets desolidarité internationale en permettant à chacund’apporter son réseau, comme l’a si bien démontré leprojet béninois porté par Espoir d’enfants. Le fait den’avoir rien d’écrit et planifié à l’avance offre aussi plus despontanéité et de rapidité dans la mise en œuvre desactions ».

M. Rocaboy, entreprise CCPA : « Notre société intervientdéjà dans les écoles supérieures via le réseau des anciensélèves. Les lycées professionnels n’ont pas encore étéconcernés mais c’est uniquement lié au fait que nousn’avons pas été sollicités. Nous sommes bien évidemmentprêts à intervenir à tout moment ! ».

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SESSION DE L'APRES-MIDI

« World Café » (débat créatif et collaboratif en groupes) sur la place de la solidarité internationale dansles stratégies RSE des entreprises

LES ECHANGES : CONSTATSRéflexions apportées par les participants : constats

NB : Cette section prend en compte les échanges du World Café autour de ces 3 questions :

• En quoi RSE et solidarité internationale peuvent se conjuguer ?

Pour une entreprise qui travaille dans un pays du Sud, une démarche RSE se conjugue avec la solidarité internationale dès lors qu’elle intègre dans ses réflexions les problématiques du respect des modes de vie locaux, de la culture, de l’environnement, du droit des salariés… Cela amène les dirigeants à s’interroger sur les modèles économiques et la façon de travailler.

Parallèlement, une démarche RSE et la solidarité internationale peuvent avoir des effets positifs sur la motivation des salariés français. En les associant aux projets, ils peuvent se sentir plus utiles puisqu’ils valorisent leurs compétences et savoir-faire au service d’une cause.

• En quoi les partenariats ONG/entreprises sont-ils pertinents pour développer des projets de RSE ayant une dimension internationale ?

Dans la RSE, on exclut ce qui est purement commercial, ce qui facilite la relation avec les associations. La mise en place d’une démarche RSE démontre une réelle volonté de travailler avec d’autres, de partager.

Au-delà de la volonté managériale, il y a aussi une obligation sociale qui fait que les associations et entreprises sont amenées à se rencontrer. Les ONG ont en effet besoin d’argent dans un contexte de réduction des financements publics alors que les entreprises qui souhaitent se développer dans des pays du Sud ont besoin de contacts locaux, de mise en réseau. Ces aspects sont d’autant plus importants que la RSE devient aujourd’hui obligatoire du fait des normes et des lois : respect de l’environnement, contrôle del’origine des produits, etc.

En conséquence, pour une entreprise, travailler avec une ONG apporte des avantages certains. Celle-ci connaît en effet les partenaires locaux et peut faciliter les échanges et le dialogue entre les entreprises du Nord et du Sud, les collectivités locales, les organismes professionnels, les gouvernements... Le partenariatentreprise / ONG rassure et apporte donc une aide précieuse aux sociétés qui souhaitent s’impliquer dans une démarche RSE internationale.

Quels sont d'après vous les éléments qui constitueraient un socle pour initier ces partenariats ?

Le socle c’est le partage de valeurs communes, la similarité des objectifs des entreprises, des ONG et des bénéficiaires locaux.

LES ECHANGES : DIFFICULTESRéflexions apportées par les participants : difficultés rencontrées

• En quoi RSE et solidarité internationale peuvent se conjuguer ?

Les démarches RSE et solidarité internationale ne vont pas forcément de paire. Certaines entreprises,notamment des fondations, développent une activité caritative dans le seul but d’améliorer leur imagevoire de défiscaliser une partie de leur bénéfice.

• En quoi les partenariats ONG/entreprises sont-ils pertinents pour développer des projets de RSE ayant une dimension internationale ?

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La notion de « projet RSE » pose problème. Une entreprise peut développer un projet de RSE avec unedimension internationale si elle appréhende en parallèle la RSE comme une démarche globale. Un projetisolé développé avec une ONG a peu de chance de succès si l’entreprise n’est pas en effet engagée dansune démarche de RSE globale.

• Quels sont d'après vous les éléments qui constitueraient un socle pour initier ces partenariats ?

Le socle peut-être un projet de territoire à l’exemple de la région Basse-Normandie qui a fait de la RSEinternationale une de ses priorités. Les collectivités locales peuvent en effet jouer ce rôle de mise enréseau des acteurs et de valorisation des actions. Le risque est toutefois lié au calendrier électoral et à laremise en cause des actions engagées à l’issue de chaque scrutin.

LES ECHANGES : ENSEIGNEMENTSRéflexions apportées par les participants : bonnes pratiques / propositions / enseignements

• En quoi RSE et solidarité internationale peuvent se conjuguer ?

RSE et solidarité se conjuguent naturellement dès lors que l’entreprise travaillant à l’internationals’intéresse à son environnement et aux besoins des acteurs qui l’entourent. On constate aussi que lasolidarité internationale est un bon prolongement de la RSE : une entreprise qui a besoin de péréniser sondéveloppement à l’international peut trouver grâce à une démarche RSE les moyens de faciliter sonintégration dans de nouveaux pays du Sud.

• En quoi les partenariats ONG/entreprises sont-ils pertinents pour développer des projets de RSE ayant une dimension internationale ?

Les partenariats ONG /entreprises sont pertinents lorsqu’ils sont gagnant-gagnant. Pour que celafonctionne, il faut créer de la confiance entre les parties, grâce à un projet bien structuré, précisant lesrôles de chacun. Néanmoins, la valorisation commerciale ou en terme d’image ne doit pas être recherchéedès le démarrage du projet. C’est l’éthique qui doit primer.

Le rôle de l’entreprise peut être déterminant car elle apporte des financements et des compétences,souvent complémentaires de ceux de l’ONG. Grâce aux entreprises, les projets peuvent aussi changerd’échelle. Par exemple, dans le cas du projet « Espoir d’enfant », la production de poulets a triplé parrapport à l’objectif initial grâce à l’implication des entreprises bretonnes.

L’ONG de son côté apporte à l’entreprise sa bonne connaissance du terrain et peut lui proposer des projetsmotivants, notamment pour les salariés qui sont susceptibles de s’impliquer dans leur réalisation.

• Quels sont d'après vous les éléments qui constitueraient un socle pour initier ces partenariats ?

Le socle, la base de la RSE, c’est l’intérêt commun et la convergence des objectifs des entreprises, des ONGet des bénéficiaires. Les valeurs communes sont essentielles. En plus de l’éthique et des valeurs, il fautaussi une volonté et une équipe de collaborateurs pour porter un projet.

Pour faciliter les partenariats, la communication et les réseaux sont très importants. Les pouvoirs publics pourraient jouer un rôle de valorisation des projets et de mise en relation d’acteurs.

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LES ECHANGES : CITATIONSEventuellement citations à retenir de l'atelier (avec le nom de l'auteur)

Auteur Citation

Isabelle Legendre – Espoirs d’enfants

« C’est une démarche gagnant-gagnant : l’ONG obtient un soutien financier et descompétences tandis que l’entreprise valorise son image et s’implique dans unprojet qui peut fédérer l’ensemble de ses salariés ».

Loïc Ménard - Mulliez-Flory

« L’implantation des entreprises dans des pays en développement entraînelocalement des impacts positifs ou négatifs. Chacun doit donc s’interroger sur lamanière dont l’environnement ou encore les conditions de travail sontappréhendés ce qui nous amène à nous interroger sur notre modèle économique,notre façon de travailler. »

Gaëlle Leveille Nizerolle – Casi Bretagne

« Il faut que le chef d’entreprise comprenne qu’il fait partie du monde, etqu’aujourd’hui il y a une obligation sociale qui fait que les associations etentreprises sont amenées à se rencontrer ».

Stéphane Retailleau Apprenti d’Auteuil

« Avec le printemps arabe, il y a eu une véritable prise de conscience des enjeuxmondiaux. En Tunisie et en Egypte, une entreprise qui ne met pas en place la RSEne survit pas ».

Daniel Mith – Alcatel Lucent

« Quand la pénétration du haut débit dans un pays augmente de 10%, le PIB yprogresse de 1.4% ».

LA SYNTHESE DU PARCOURS

Les éléments que le rapporteur estime important de mettre en avant

Un bon projet RSE est une conjugaison d’opportunités, de valeurs et d’éthique managériale, qui respecte lespopulations locales et assure la protection des droits et de la dignité des bénéficiaires.

Il doit également faire connaître son action, que ce soit auprès des médias, du grand public ou encore deses propres salariés. Les équipes doivent être à l’écoute des bénéficiaires, les impliquer dans les co-constructions et les former afin de pérenniser le projet.

Au delà de cette définition plusieurs constats ressortent des échanges : - Les salariés d’entreprises sont motivés par des projets RSE- Le mécénat financier et de compétence occupe une place importante parmi les soutiens à la RSE- Les entreprises ont besoin de l’accompagnement des ONG dans leurs projets solidaires (notamment

de leur connaissance du terrain, des cultures, des lois, etc.)

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- L’éthique des projets doit primer sur leur côté commercial ou la recherche d’une notoriété

Ces rencontres entre acteurs de la solidarité internationale et entreprises sont importantes dans la mesureoù elles permettent de mettre en évidence le partage de valeurs communes.

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Facilitation graphique du parcours thématiquepar Véronique Olivier-Martin

1 / Les interventions

2 / Le World-café