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Master 1 STAPS EOPApproche neuroscientifique

Diaporama 5

Régis Thouvarecq

[email protected]://registhouvarecq.free.fr

EA 3832 Membre permanent

EA 4306Membre associé

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6.1. Introduction : position du problème

Cerveau adulte constitué de 10 à plusieurs dizaines de milliards (selon les

sources) de neurones et un neurone peut être connecté jusque plus de 10000

autres (dans l�hippocampe par exemple)

Comment se construit un ensemble à la fois aussi complexe et organisé ?

La première idée qui s�impose : sous l�influence des gènes (qui ordonnent la

construction comme une machine bien programmée ordonne la construction d�un objet)

Deux arguments s�opposent à cette conception : (1) le problème du nombre et des

changements et (2) les observations.

Le nombre de connections est environ de 1015. Le génome ne permet a priori pas

de contrôler la « construction prédéfinie » d�un tel nombre de connections

Topologie et nombre de connections évoluent tout au long de la vie. Comment un

même ADN (neurone ne se reproduisent pas) peut il gérer toutes ces variations

Le nombre et les changements

6. LA SYNAPTOGENESE

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Observations sur les

systèmes nerveux

d�organismes génétiquement

identiques

Daphnie (organisme simple et reproduction parthénogénétique). Chez daphnies

isogéniques même nombre de cellule dans l��il et chacune de ces cellules contactent

exactement le même nombre de neurone du ganglion optique. �Cependant Quand on compte LE NOMBRE DE SYNAPSES une variabilité inter individuelle

apparaît.�Même type de conclusion chez des organismes un peu plus complexes

Chez les mammifères (souris consanguines par exemple) difficile de réaliser ce

type de comptage : - Nombre différent (mais variabilité inférieure celle notée dans des lignées non

consanguines)- Positions différentes qui ne permet pas le comptage

4

Plus le système nerveux étudié comporte d�éléments moins il y a de reproductibilité

A un même génotype correspond alors des phénotypes très

différents

et plus L�organisme est complexe plus c�est vrai

Nécessité d�autres explications

6.2. Croissance, régression, redondance

Le cône de croissance

A l�extrémité des axones rudimentaires (à la fin de la réplication, avant la mise

en place du neurone) se trouve un « renflement ». (il y a diverses formes) qui va

naviguer, « tirer » l�ensemble de l�axone jusqu�à sa cible

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Avancées, reculs, contournements, orientées dans une direction générale,

capable de se diviser il peut emmener

différentes parties de l�axone pour créer

l�arborisation terminale

Neurite et pathway

6

Arrivé à sa cible, il s�arrête se rétracte et se transforme en terminaison nerveuse

(vrai avec n�importe quelle cellule cible d�une même catégorie).

Les mécanismes qui guident ce cône ne sont pas clairs :

NGF mais n�explique pas tout.

Le développement s�accompagne d�une phase de mort cellulaire dans le tissu

nerveux importante aux tous débuts du développement (40% par exemple entre

embryon de poulet et adulte sur neurones moteurs)

Deuxième phase de régression : le nombre de ramifications (dendrites et axones)

diminue.

Exemple :

une fibre nerveuse de rat à la naissance reçoit 4 ou 5 innervations actives et on

constate des chevauchements de territoires

A la fin de l�apprentissage de la marche il n�en reste plus qu�une seule

(ne touche que l�arborisation terminale et les synapses).

Redondance et régression

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Le système qui était à l�origine redondant et diffus devient précis et ordonné

La redondance est donc un phénomène transitoire

Ces deux phases apparaissent à la fois dans SN central et

périphérique et dans les différentes structures étudiées

6.3. Synaptogenèse (Exemple de la synapse neuro-musculaire)

Chez l�adulte : récepteurs

concentrés sur une partie

précise de la fibre musculaire

Chez l�embryon :

- Récepteurs présents AVANT l�arrivée de la fibre nerveuse (du cône de

croissance) et répartis tout le long de la fibre musculaire.

- Récepteurs mobiles sur la fibre

- Les récepteurs sont renouvelés à grande fréquence 8

Arrivée du cône de croissance provoque agrégation des récepteurs sous la terminaison

- tache de récepteurs

- Impulsion nerveuse passe de la fibre nerveuse à la fibre musculaire

Disparition des récepteurs hors champs synaptique (forte baisse, ce qui est là

encore un processus régressif)

La durée de vie des récepteurs s�allonge, et la tâche grandit pour atteindre une

forme adulte en quelques semaines

A la même période : Quand la tâche commence à se stabiliser d�autres axones la rejoignent

Multi innervation transitoire

Celle qui persistera n�est d�ailleurs pas forcément la première installée

Assemblage

Multi-innervation transitoire

9 10

6.4. La stabilisation sélective

La génétique commande division, migration, différenciation des neurones et

comportement du cône de croissance et reconnaissance et la mise en place

d�une activité spontanée

Cependant une variabilité phénotypique apparaît chez des individus isogéniques

Une phase d�arborisation très redondante apparaît à la fin de la division des

neurones (redondance transitoire)

Dès les premiers stades d�assemblage des impulsions

circulent spontanément dans le réseau.

CES IMPULSIONS SONT ENSUITE FONCTION DE

L�INTERACTION AVEC L�ENVIRONNEMENT

Les constats

11

La théorie de la stabilisation sélective propose que :

1. Au stade de la redondance

transitoire les synapses peuvent

avoir trois états : stable, labile et

dégénéré (seules labiles et

stables transmettent de l�influx)

2. L�activité de l�élément post

synaptique règle en retour la

stabilité de la synapse

3. Le développement du réseau est

réglé par SA PROPRE activité

qui va stabiliser certaines

jonctions et en voir dégénérer

d�autres

12

Blocage de l�activité spontanée (curare) chez l�embryon (encore du poulet !)

Agrégation de récepteurs a certes lieu

Mais pas de disparition des récepteurs en dehors de la synapse

Si la curarisation a lieu entre 4ème et 6ème jour le nombre de neurone moteur

est plus élevé que chez témoins !!! et redondance transitoire est allongée.

EN L�ABSENCE D�ACTIVITÉ DE LA JONCTION LE PASSAGE VERS UNE ORGANISATION PRÉCISE ET ORDONNÉE NE SE FAIT PAS

Des travaux indiquent que l�on retrouve ces processus

observés au niveau de la jonction neuromusculaire au

niveau d�autres structures nerveuses (cortex)

Quelques faits expérimentaux

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6.5. Développement et expérience

Si les cerveaux des individus se ressemblent macroscopiquement la variabilité

inter individuelle est très grande (même chez vrais jumeaux ou isogéniques).

Cette variabilité est le fruit de l�histoire des migrations stabilisation etc.

elle-même fruit de l�histoire des relations entre individu et environnement.

Les formalisations mathématiques indiquent que :

- Avec des entrées différentes on obtient des topographies de liaison différentes

- Et pourtant la fonction (le comportement) est tout de même assurée

Une même fonction peut être assurée de plusieurs manières

Système économique (ne nécessite pas que tout soit codé à

l�avance) et dans lequel les combinatoires se situent au

niveau d�ensemble de neurone et non du neurone lui même.

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Le cerveau de l�Homme se développe longtemps après la naissance

et LA MAJORITE des synapses se forment après celle-ci.

Autrement dit la grande part de la stabilisation se fait alors que le

sujet interagit avec l�environnement.

On retrouve dans l�acquisition du langage des processus

analogues

- L�enfant produit au début une surabondance de son avec

des variabilités inter individuelles

- Certains seront sélectionnés (qui correspondent à la langue

de son environnement) et les autres disparaissent).

- Ce phénomène se retrouve dans d�autres espèces (oiseaux

par exemple) et d�autres comportements

Influence de l�expérience

15

On retrouve donc les principes de

- déterminisme génétique limité

- phase de redondance transitoire

- période critique (non abordée)

- stabilisation

- d�importance de l�activité

Au niveau structural (le système nerveux lui-même)ET

Au niveau fonctionnel (le langage par exemple).

Un principe partagé

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6.6. Le modèle NSGT (Neural Group Selection Theory) G.N. Edelman

Les idées de sélection sont reprises mais cette fois ci appliquées à des

ensembles neuraux et à des comportements

6.6.1. Principes de base

L�ensemble des systèmes (sous)corticaux sont

dynamiquement organisés (groupes neuraux) en réseau

variable sélectionnés par évolution et le comportement.

Ce sont des ensembles de centaines ou milliers de N. qui

agissent comme des unités fonctionnelles concernant un type

spécifique de comportement moteur, ou d�information d�une

modalité sensorielle

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1. Formation de répertoires neuraux primaires génétiquement déterminés fruits de

l�évolution

2. Quand les groupes neuronaux sont formés la sélection se fait sur la base des

infos afférentes produites par comportement et expérience (modification de la

« force » des liaisons synaptiques). A ce stade la variabilité diminue

3. Une nouvelle phase de variation apparaît car organisme et ses populations de

neurones est exposé à de nouvelles expériences. Apparition d�un nouveau

répertoire

4. Ce second répertoire et les mécanismes de sélection forment la base du

comportement variable MATURE adapté à l�environnement

A l�origine du développement :

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6.6.2. NSGT et développement moteur

Motilité avec une grande variabilité et ce dès la vie f�tale

Cette motilité n�est pas orientée vers l�environnement mais elle constitue un

phénomène développemental fondamental :

c�est le REPERTOIRE PRIMAIRE

La grande variabilité des MOUVEMENTS GENERAUX du nouveau né permettent

d�explorer les propriétés du mouvement et différentes combinaisons (jusque 4

mois environ)

L�apparition de mouvements orientés qui mettent en jeu mouvements plus

spécifiques (bras ou jambes par ex.) témoignent de la réduction de la taille des

réseaux neuraux (rappelle l�idée de blocs mis en jeu dans l�habileté motrice)

Répertoire primaire

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(du répertoire primaire au secondaire)

Exemple de la posture (assise).

On observe le passage d�une grande variation de comportements d�ajustement

posturaux à des ajustements orientés (mise en jeu des muscles ventraux pour un

mouvement vers l�arrière par exemple). Met en jeu des grands ensembles de

muscles. Puis le sélection de l�ajustement postural le plus efficient apparaît (3ème

trimestre).

Cette sélection peut être accélérée par entraînement quotidien (rôle de

l�expérience)

La variabilité du comportement diminue pendant la transition.

(particulièrement vrai pour la posture (jusque 2 ans environ)) du fait de la difficulté

de l�acquisition de la posture érigée et de la marche).

Transition

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Réorganisation synaptique ET myélinisation

Un répertoire variable est créé avec des solutions motrices spécifiques en

fonction des situations.

Apprentissage par essai / erreur propre à chaque individuA partir de 2/3 ans la variation motrice secondaire « fleurit » et ce jusqu�à

l�adolescence.

- peut adopter des mouvements efficients pour une tâche spécifique

- peut en l�absence de contrainte forte utiliser différentes solutions motrices pour

une même tâche.

2ème variabilité

Le système mature

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6.7. Quelques repères fonctionnels

Extraits de Caston 1993)

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6.8. Quelques remarquesLa performance motrice chez l�adulte suppose de sélectionner et stabiliser de

nouveaux réseaux neuraux.

MAIS contrairement au nouveau né l�adulte ne s�appuie pas sur répertoire

primaire mais sur un répertoire secondaire déjà développé (variabilité moindre)

Acquisition sans doute plus rapide mais moins de potentialités

Etre doué (tout au moins pour ce qui est de l�aspect nerveux) ne peut en aucun

cas être le fruit d�un simple déterminisme génétique

C�est l�interaction gène / environnement qui va déterminer les groupes neuraux

sélectionnés et stabilisés. Déterminer la part de l�un et de l�autre dans une

performance est donc un non sens.

Don ?

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Dans le cadre théorique proposé les habiletés sont le fruit d�une sélection qui

s�établit à partir

d�un répertoire comportemental primaire issu de la phylogenèse

« et »

de rapports avec l�environnement.

Les deux sont dotés de sens en terme d�adaptation (de l�espèce de l�individu) à

un environnement.

Quelle place occupe alors le geste sportif (arbitraire) ?

Signification?

6.9. Les restaurations fonctionnelles �(cours M. Roy)

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Bibliographie sommaire

Articles de référenceChangeux J-P. (1997) Variation and selection in neural function, Trends in neurosciences,

20, 291-293

Edelman G.M. (1993) Neural darwinism : selection and reentrant signaling in higher brain

function. Neuron 10, 115-125

Hadders-Algra M. (2001) Early brain damage and the development of motor behavior in

children : cues for therapeutic intervention Neural plasticity 8, 1-2, 31-49

Hadders-Algra M., Brogen E., Forssberg H. (1996) Training affects the development of postural adjustments in sitting infants. J. Physiol, 493, 289-298.

Livres d�où sont tirées certaines illustrationsCaston J. (1993) Psychophysiologie Tome I Ellipse

Changeux J-P (2000, réédition) L�Homme neuronal, Hachette littérature