7 Jours Canada - 9 Mai 1998

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/2/2019 7 Jours Canada - 9 Mai 1998

    1/9

    Le rcit de son ascension

    Lhistoire de Lara Fabian, cest bien sr lenvole dune chanteuse dont la renomme nest plus faire.Mais cest aussi la bataille dune jeune femme qui a d franchir de nombreux obstacles avant de vivrele succs quon lui connat. Rencontre avec une star qui na pas eu la vie facile ses dbuts, mais qui asu se mesurer aux autres... et elle-mme.

    Lambition de Lara Fabian doeuvrer un jour sur la scne musicale internationale nest plus au stadede rve. Cela fait dsormais partie de la ralit qui compose son quotidien puisque son prochainalbum - lequel sera anglophone - nest rien de moins que LA priorit sur la liste de la filialeamricaine de la multinationale Sony Musique. Directement appuye et pilot par des faiseurs destars tels que Tommy Motola - le grand manitou du disque aux Etats-Unis - et Walter Afanasieff -lhomme derrire quelques-uns des plus grands succs de Mariah Carey - , cet album devrait trelanc ds la rentre de lautomne 1998. A la veille dcrire le plus important chapitre de sa carrire,Lara Fabian, 28 ans, a jet un regard la fois tendre et lucide sur son singulier parcours, qui lamene aux portes de ce nouvel horizon plein de promesses.

    Lara, tes-vous parfois mue par tout ce que vous vivez, ces temps-ci ?

    Bien sr ! Et je le suis notamment en raison de tout ce qui a jalonn mon parcours depuis mes dbutsdans ce mtier, il y a maintenant 10 ans. Ce chemin a, bien sr, t parsem dembches mais, qucela tienne, il ma tout de mme mene l o je suis aujourdhui, et cest ce qui compte. Une chose estcertaine, si javais repenser mon cheminement, eh bien, je nen changerais pas un iota ! Je referais

  • 8/2/2019 7 Jours Canada - 9 Mai 1998

    2/9

    tout de la mme faon. Tout !

    Justement, que retenez-vous de votre progression ?

    Bien des choses, videmment, mais surtout lappui que mont manifest mes parents. Daussi loin que

    je me souvienne, ils mont toujours soutenue et nont jamais fait obstacle mes rves. Et, mme silest vrai que des milliers dembches se sont dresses devant moi, javoue que tout a est maintenanttrs loin derrire moi. Ce que je retiens, aujourdhui, ce nest plus vraiment la nature des obstaclesque jai rencontrs,mais le fait que jai eu la possibilit physique et mentale de les faire tomber lesuns aprs les autres, exactement comme des dominos. Et pour que le dernier scroule, il a fallu quetous les autres tombent avant lui.

    Et comment en tes-vous arrive, un jour, faire tomber votre premier domino ? Quest-cequi, votre avis, a fait que votre carrire a pu connatre une telle ascension ?

    Tous sest mis en place comme je le souhaitais le jour o jai compris que, dans ce mtier, je ntais

    en comptition avec personne dautre que moi-mme. Il y a eu une priode de ma vie o je portaistrop mon regard sur les cts, ce qui avait pour consquence de me faire perdre lessence de ce quise passait droit devant moi. Mais, le jour o jai pris conscience de cette ralit, tout a chang.

    Ds ce moment, jai non seulement entrepris une vritable bataille, mais jai aussi commenc gagnerquelques manches. Pourquoi ? Parce que je ne me mesurais plus qu moi-mme.

    Voulez-vous dire que vous reprsentiez en quelque sorte votre plus grand obstacle ?

    Tout fait ! Jai t trs longtemps mon principal frein et ma pire ennemie. Et jai compris que jedevais tre plus indulgente et plus tolrante envers moi-mme, en plus dtre prcise. Il fallait que

    jaie lhonntet de me dire : " Cest ce qui ne vas pas, et cest ce quil faut que tu changes ! ". Ce nestpas facile de se regarder dans un miroir et de se dire : " Ca, cest nul ! ". Ca fait mal mais, lorsquonarrive mettre le doigt sur ce qui cloche et quon lhonntet de ne pas se dfiler, on devient cemoment-l son ami, et les autres le deviennent automatiquement. A un moment donn, il faut arrterde tenir des discours desctructeurs et inutiles, tout comme il faut cesser de se poser

    dinterminables questions sur les mauvaises choses.

    A quoi faites-vous allusion, prcisment ?

    Je pense des interrogations du genre : " Pourquoi une telle a ceci et une autre a cela, alors que moi,je nai que cela ? " ou encore " Pourquoi dit-on oui cette personne et pas moi ? ". En somme, il faut

    cesser de se comparer aux autres. Agir ainsi tue notre identit, sauf videmment lorsque cestconstructif et que a nous permet daller plus loin. La nuance est importante.

    Au moment o vous avez fait cette analyse de vos forces et de vos faiblesses, quest-ce quevous jugiez ncessaire de changer ?

  • 8/2/2019 7 Jours Canada - 9 Mai 1998

    3/9

    Pendant des annes, jai t ma pire ennemie, en raison notamment de mon problme de poids. Ctaittroitement li ce quon appelle le manque destime de soi. Je me souviens que je camouflais moncorps sous des vtements amples. Je refusais dune certaine manire de me montrer. Mais, aumoment o jai accept de changer physiquement, de me couper les cheveux autrement, bref, defaire en sorte de me sentir mieux dans ma peau, eh bien, mon esprit sest clarifi ! Aujourdhui, je

    sais que cette prise de conscience a t un point culminant et dterminant dans ma carrire.

    Le fait davoir t consacre Rvlation de lanne lors de la rcente soire des Victoires, en

    France, a d avoir pour vous une signification particulire... Cela a mme pu ressembler unerevanche lendroit de ceux qui, au cours de votre jeunesse, ridiculisaient votre ambition de

    devenir chanteuse...

    Je sais, mais, sincrement, ce trophe-l est tout pour moi sauf un instrument de rglement decomptes. Si, malheureusement, dans des vnements comme celui-l on nous oblige comptitionneravec dautres, pour moi, cette Victoire ne signifie absolument pas que jai battu un autre artiste. Ilveut simplement dire que jai russi triompher de moi-mme.

    Force est dadmettre quil en a coul, de leau sous les ponts, depuis votre arrive au Qubec,en 1991...

    Ah, a, oui ! A mon arrive ici, jtais habite par beaucoup damertume. Sur le plan professionnel, ane stait pas droul comme je lavais espr en Europe. Encore une fois, ce chapitre de ma vie esttrs loin derrire moi, mais, pour expliquer ma prise de conscience, jai longtemps mis ma rancoeursur le compte du fait qu lpoque il fallait, pour russir en Europe, tre blonde, anorexique, etc.Donc, je me disais que javais tout contre moi et que lobstacle franchir tait norme. Ce nest queplusieurs annes plus tard que jai compris que le problme tait en moi et non chez les autres ! Leproblme, ctait moi... et je ne pouvais blmer que moi -mme.

    Mme si vous en avez dj parl, on connat finalement bien peu de dtails sur les premiresannes qui ont suivi votre arrive au Qubec. Pour mettre votre prsent succs en perspective,que peut-on dire ce sujet ?

    Cest en 1991 que je suis arrive au Qubec avec lintention de my installer. Jtais alorsaccompagne de Rick (Allison) qui, lpoque, tait mon amoureux, mon fidle complice de travail - illest encore, dailleurs -, voire mon Pygmalion. En plus dtre musicien, compositeur et ralisateur, il aajout ses fonctions en arrivant ici le rle dagent, et il a d apprivoiser toutes les facettes de cemtier. Pour nous, ctait vraiment le dbut dune grande aventure.

    Quelles sont les principales difficults auxquelles vous avez d faire face votre arrive ici ?

    Il y a en eu de toutes sortes... Sur le plan financier, lorsque jai foul le sol qubecois, javais peine1000 dollars en poche. Ctait tout ce dont je disposais pour commencer ma nouvelle vie et lancer macarrire. Autrement dit, je navais pas grand-chose, si ce nest une vive volont daller au bout demon ambition. Javais aussi un album sous le bras - mon premier, ralis grce aux conomies de mon

  • 8/2/2019 7 Jours Canada - 9 Mai 1998

    4/9

    pre - mais il me fallait trouver une compagnie de disques pour pouvoir en assurer la diffusion.Evidemment, le plus difficile a t dintresser les gens de lindustrie. Je nai pas fait exception :comme beaucoup de jeunes artistes, nous nous sommes heurts toutes les portes des compagniesde disques. Personne na voulu de lalbum. Ca nous a vraiment mis dans une position inconfortable.Mais, malgr tous ces refus, nous avons continu chaque jour de faire les pas ncessaires pour

    franchir petit petit de nouveaux horizons. Limportant, pour nous, ctait de progresser et davoirvraiment la foi. Nous nous disions quen continuant de croire et davancer nous allions coup srparvenir un rsultat.

    Et, finalement, une porte sest ouverte...

    Exactement. Nos efforts et notre persvrance ont t rcompenss. Il a fallu une personne - uneseule - pour que tout sengage dans la voie tant espre. Cette personne, cest Lise Richard, avec quije travaille encore aujourdhui et qui partage la direction de ma carrire avec Rick. Alors quelle avait42 C de fivre, un soir, et quelle tait visiblement trs malade, elle sest rendue la petite salle despectacle Le Bijou, dans le Vieux-Montral. Je prsentais ce soir-l un tour de chant. A lpoque,

    jtais une parfaite inconnue, mais Lise a aim ce quelle a entendu et, ds cet instant, elle sestdvoue de faon extraordinaire et a dploy tous ses efforts pour permettre ma carrire dependre enfin son envol.

    Puisque vous aviez seulement 1000 dollars en poche votre arrive et que vous avez mis uncertain temps avant de pouvoir vivre de votre talent, comment tes-vous parvenue gardervotre barque flot ?

    La Providence a plac sur ma route des gens qui, mme sils ntaient pas dans le show-business etque jtaistotalement inconnue, ont eu le got de vivre laventure avec moi. Pour dire les chosestelles quelles se sont droules, peu de temps aprs mon arrive au Qubec, je me suis lie damiti

    avec Serge Grenier, un photographe, et son pouse, Danielle. Ne me demandez pas pourquoi, mais ilsmont offert daller vivre sous leur toit, le temps que je puisse minstaller convenablement et que jedonne ma carrire lenvol souhait. Jai donc t loge et nourrie pendant six mois. Cest dailleursSerge qui, bnvolement, a ralis la photo de ma premire pochette de disque. Ils ont vraiment toutfait pour moi, et encore aujourdhui, nous demeurons en contact. Des gens comme a, a ne soubliepas.

    Et quel a t votre cheminement, par la suite ?

    Javais encore lachance de mon ct puisque, au cours de ces six mois, jai rencontr une familledont laide allait tre dterminante dans ma vie : la famille Chalifoux. Aprs quelques mois, la suite

    du lancement de mon album, Rick et moi avons commenc gagner un peu dargent, ce qui nouspermettait de disposer du minimum pour continuer investir dans le dveloppement de ma carrire.

    Un jour, par contre, nous avons voulu nous installer dans notre propre appartement et avoir nospropres meubles et tout le reste, mais, comme nos revenus ntaient pas encore suffisants et quilstaient surtout trs irrguliers, nous ne pouvions pas bnficier de laide des institutions bancaires.Cest ce moment-l que les Chalifoux, en plus de leur amiti, nous ont fourni une aide prcieuse en

  • 8/2/2019 7 Jours Canada - 9 Mai 1998

    5/9

    proposant de nous endosser, afin que nous puissions nous tablir sous notre propre toit. Ils nous ontmme prt des meubles !

    Vous tes-vous dj demand pourquoi ces gens avaient fait preuve dautant de gentilesse votre gard, mme si vous veniez peine dentrer dans leur vie ?

    Sincrement, je nai pas cherch comprendre. Je vois a comme un grand cadeau que la vie ma fait.Ces gens-l sont des toiles dans le ciel de mon existence. Michel Chalifoux a toutefois expliqu mon pre, un jour, que sa famille avait agi de la sorte avec moi parce quelle aurait aim que quelquunsoccupe ainsi de ses filles si lune delles avait choisi, comme moi, daller vivre ltranger. Il fautsavoir que Michel est pre de trois filles...

    Est-ce vrai qu votre arrive au Qubec vous acceptiez toutes les invitations chanter ?

    Oui. Rick et moi parcourions sans cesse la province afin de faire connatre mes chansons et dedonner ainsi mon album la visibilit souhaite. Je faisais mon tour de chant, nous gagnions quelques

    sous, puis nous nous concentrions sur le prochain engagement. Jai mme fait la tourne de toutes lesstations radiophoniques de la province pour chanter sur les ondes une version acoustique de meschansons. Cest Rick qui maccompagnait la guitare. Lui et moi avions un seul but : nous faireentendre !

    Y a-t-il eu un moment o, pour toutes sortes de raisons, vous avez song tout quitter pourretourner vivre en Europe ?

    Jamais ! Je nai jamais dout du fait quun jour tout se passerait comme je le souhaitais. Mme dansles moments les plus difficiles, je me disais : " On va y arriver ! ". Ca t dur, mais je nai jamaisdout... pas mme lorsque je mettais mon litre de lait entre deux fentres, parce que javais pas

    encore de frigo dans mon appartement.

    Etes-vous tout de mme nostalgique en pensant ces annes ?

    Non. Je ne peux pas dire que jaimerais que mon tlviseur soit encore sur une caisse deau dEvian(rires). Par contre, je dois dire que ce jette sur cette poque un regard plein de tendresse. Jenaurais pas la mme disposition desprit ajourdhui si je navais pas vcu a.

    Avez-vous fait beaucoup de concessions pour pouvoir donner votre carrire lenvergure quellea actuellement ?

    Oui, comme tout le monde. Par contre, limportant dans ce mtier est de savoir dire non, mme cequi peut nous paratre allechant premire vue, mais qui, au fond, ne conduit nulle part. Il ne faut

    pas se laisser charmer par une proposition qui peut, pour un court instant, nous faire vivre un beaurve, mais, long terme, nuire grandement notre carrire. Il faut fuir comme la peste ces momentssans lendemain.

  • 8/2/2019 7 Jours Canada - 9 Mai 1998

    6/9

    Comme vous le disez, vos parents ont jou un grand rle dans la concrtisation de votre rve.

    Comment ragissent-ils devant toutes les nouvelles possibilits qui soffrent vous ?

    Ils sont heureux et fiers. Papa, qui a t mon premier fan, pleure toujours quand je chante. Quant maman, bien quelle soit plus rserve et moins dmonstrative, elle regarde avec affection tout ce

    qui marrive.

    Vos parents ont-ils vraiment deux personnalits diffrentes ?

    Oui. Quand mon pre assiste lun de mes spectacles, il mobserve attentivement. En fait, il connatchacun de mes mouvements. Je le sens tellement prsent quon dirait quil soupire avec moi. (rires)Dans le cas de maman, cest diffrent. Chaque fois que je sors de scne, elle me pose les mmequestions : " As-tu faim ? As-tu soif ? " Ca ne changera jamais. Je trouve trs lgante la distancequelle a par rapport ce que je v is professionnellement.

    Avez-vous dj eu de la difficult composer avec le fait quelle soit mons dmonstrative que

    votre pre ?

    Non, parce que je la connais bien. Pour elle, je suis encore sa petite fille. Ecoutez, cette femme-lma porte pendant neuf mois, elle ma mise au monde et ma leve : comment voulez -vous quelle soitimpressionne par ce que je fais ? Elle exprime seulement ses sentiments autrement; elle ne meprend pas dans ses bras pour les mmes raisons que tout le monde. Aussi, quand elle me fait un clindil, je sais que, pour elle, cest aussi significatif que lorsque mon pre pleure en mcoutantchanter.

    Ces temps-ci, dailleurs, on lui dit souvent que plus je vieillis, plus ma faon dtre lui ressemble, et jesais quelle en retire une certaine fiert : non pas en raison de mon succs, mais cause de ce que je

    deviens en tant qutre humain.

    Est-ce vrai quil y a quelques annes, lorsque votre carrire a atteint son rythme de croisire,vous vous tes empresse de remercier vos parents votre faon en leur achetant une maisonau Qubec ?

    Oui. Comme ils habitent en Belgique, je souhaitais trouver une manire de les avoir prs de moi plussouvent. Un jour, je leur ai dit que je voulais aller visiter une maison. Ils mont alors dit : " Mais tu enas dj une ! " Je leur ai rpondu que jtais simplement curieuse de la voir. Une fois sur place, toutcomme je lavais imagin, ma mre a commenc dire quelle la trouvait jolie et lumineuse. Il fautdire que je connais ses gots. Quant mon pre, il tapait avec son pied sur le plancher pour vrifier

    la qualit de la construction. A un moment donn, ils ont rendu leur verdict : " Cette maison estmagnifique ! " Et cest ce moment que jai dit : " Eh bien, tant mieux si elle vous p lat, parce quecest la vtre ! ". Rick et moi lavions dj achete. Ca a videmment donn lieu un beau momentdmotion. Ctait extraordinaire. (Aprs un moment de rflexion) Bni soit le Ciel qui me permetdavoir une bonne sant et la possibilit de gter les gens que jaime et de leur dire merci ma faonpour tout ce quils ont fait pour moi.

  • 8/2/2019 7 Jours Canada - 9 Mai 1998

    7/9

    Vous jouez souvent comme a au pre Nol ?

    Disons que jaime gter mes proches et mes amis, tout comme jessaie de les aider du mieux que jepeux sils sont en difficult.

    Vos parents habitent-ils toujours cette fameuse maison ?

    Non. Il faut comprendre que cest moi qui ai choisi un jour de venir vivre au Qubec, et non eux. Ils yont vcu quelques mois mais, par la suite, ils ont prfr retourner en Belgique, ce qui est tout faitcomprhensible. Quand des gens ont vcus plus de 50 ans dans un pays et que leur fille leur proposeune nouvelle vie, ce nest pas des plus vidents pour eux. Mes parents navaient plus leurs amis, leurpoints de repre... Bien sr, ils avaient leur fille, mais - et a je le comprends -, leur vie ne se limitepas moi. Aujourdhui, mes parents essaient de me suivre un peu partout dans mes dplacements, etnous avons la chance de nous voir au moins une fois par mois.

    Malgr votre aisance financire, arrivez-vous garder contact avec la ralit ?

    Absolument ! Jai encore de vieux rflexes, comme on dit. (rires) Pour moi, 40 $, cest aussiimportant que a ltait il y a quelques annes. Je nai pas perdu le sens de la valeur des choses. Jetiens a de mon pre. Cest mon capital paternel. (rires) Il ma toujours dit : " Ne jette pas un objetsi tu peux le mettre ailleurs... ". Jai retenu son enseignement.

    Dsirez-vous mener une carrire internationale tout prix ?

    Non, pas tout prix. Je ne veux pas dune carrire qui dtruirait tout ce que je souhaite vivre entant que femme, cest--dire qui mempcherait de mpanouir dans une vie de couple et de fonder

    une famille. Sur le plan professionnel, je ne dsire pas non plus me limiter la chanson. Je voudraisun jour pouvoir crire des livres et mme travailler dans le milieu du cinma, mais pasncessairement devant la camra. Jaimerais galement acqurir un petit restaurant dans lequel jecuisinerais pour mes amis et mes invits. Sincrement, je ne veux pas tre star cote que cote.Jaime trop la vie et les gens pour me laisser touffer par lambition.

    En conclusion, quoi attribuez-vous votre succs ?

    A un moment donn, tous les ingrdients se sont mlangs parfaitement. La bonne chanson a tlance au bon moment, mon attitude est devenue plus positive... Cest le rsultat dune foule dechoses qui ont converg vers le mme but en mme temps. Une chose est certaine, quand je prends

    conscience de tout ce qui marrive, je me dis que jai vraiment le soleil devant moi...

    Bien que Lara Fabian et Rick Allison ne forment plus un couple, ils continuent de travailler main dansla main dans le but de dcrocher une une les toiles menant la ralisation de leurs ambitionsprofessionnelles. A lheure o ils sont rcompenss pour leurs annes de persvrance et de loyautlun envers lautre, les confidences de Lara Fabian tmoignent sans quivoque que, dans la vie, lorsquil

  • 8/2/2019 7 Jours Canada - 9 Mai 1998

    8/9

    est question des lans du coeur, rien ne peut jamais vraiment tre conclu...

    Lara, il me semble que ce soit partir du moment o Rick Allison et vous avez mis un terme votre union sentimentale que votre carrire a explos. Faut-il y voir un lien ?

    Absolument ! Rick souhaite que je me hisse sur la scne internationale, et il veut consacrer sonnergie la ralisation de cette ambition. Lorsque nous avons dcid de mettre un terme notrerelation de couple, il a t libr de la mission dont il se sentait investi, celle de me rendre heureuseen tant que femme. Cela dit, mme si nous ne formons plus un couple, Rick nen continue pas moins deveiller mon bien-tre. Nous ne vivons plus sous le mme toit, mais nous sommes encore trs prslun de lautre.

    Avez-vous eu de la difficult accepter cette sparation ?

    Oui. Pour tout dire, je commence peine men remettre. Ca ma pris deux ans pour passer autravers. Deux ans me frapper la tte contre les murs et en crire des chansons.

    Quel regard posez-vous sur la relation que vous entretenez avec lui actuellement ?

    Cest la seule raison de toute ma vie qui ne prsente aucune fissure. Ce nest pas une relation fragile.Rick, cest mon plus grand capital, ma force. Cest un tre sublime. Encore aujourdhui, cette relationdemeure la plus belle chose qui me soit arrive dans la vie. Finalement, je crois que je suis encoreamoureuse de lui. (rires) Ce doit tre a !

    Croyez-vous quun jour la vie vous runira nouveau ?

    Disons que nous ne sommes pas labri dun autre coup de foudre... Aprs tout, je le vois tellement

    comme le gars le plus paisible, le plus organis et le plus intelligent que jaie connu dans ma vie. Cestvraiment le genre dhomme avec lequel nimporte quelle femme rverait de finir ses jours : il est faitdun seul bloc. Et en plus, il est drle. Moi, quand un homme me fait rire, il y a 80% du chemin deparcouru. (rires) Cest tellement vrai ! Le reste dcoule de conjectures, de matrialits.

    Vous avez une trs haute opinion de lui, nest-ce pas ?

    Rick est un visionnaire. Cest aussi un tre brillant et extrmement gnreux. Quand on est son ami,on peut compter sur lui. Quand on ne se sent pas bien, on peut aller pleurer sur son paule. Et, par-dessus tout, on peut se permettre, ses cts, dtre vrai et authentique, et a, cest norme !

    La nature des sentiments que vous prouvez encore pour lui vous inspire-t-elle parfois descraintes ?

    Mme sil est vrai que nous ne sommes pas l abri dun coup de foudre, nous nous disons que ce quiexiste entre nous depuis notre sparation est tellement beau et fort quil ne faudrait pas le briseren repassant par un chemin comme celui de la vie deux. Pour linstant, limportant, cest que Rick

  • 8/2/2019 7 Jours Canada - 9 Mai 1998

    9/9

    soit encore l.

    Vous tes tous deux pleinement rcompenss pour les efforts que vous avez dploys au filsdes ans. Le succs doit rendre votre relation encore plus prcieuse, non ?

    Cest vident que nous vivons des moments de grands bonheur. Hier, en studio, Tommy Motola, legrand manitou de Sony Musique, a applaudi aprs lcoute de certaines chansons. Rick et moi, nousnous regardions alors avec motion, comme pour nous dire : " Tu te rends compte ? On est NewYork, et Tommy Motola apprcie notre travail ! Tout a a, nos yeux, une dimension particulire. Je

    sais pertinemment quau moment prcis o Rick a entendu les applaudissements de Tommy Motola, il acomme moi revu tout le chemin que nous avons parcouru pendans ces annes. Quand je pense a, jeme dis que cest vrai que, dans la vie, tout est possible...

    Vous avouez ne pas tre labri dun coup de foudre. Quen est-il en ce qui concerne Rick ?

    Nous sommes trs pris lun de lautre. Remarquez que a rend les relations parallles trs difficiles.

    Dans mon cas, lhomme qui maimera devra vraiment tre trs fort pour comprendre et ne pas sesentir menac par la nature des rapports que jentretiens avec Rick. Le jour o je vais tomber surquelquun qui maimera suffisamment pour saisir limportance que Rick dans ma vie, a va aller. Et ilfaudra aussi que Rick aime cette personne, car si ce nest pas le cas, je ne pourrais pas aller delavant dans cette relation.

    Cela rend vos rapports pour le moins singulier, nest-ce pas ?

    Rick est tout ce que je dsire, mais jai lhonntet de dire que nous sommes incapables de vivreensemble, sous le mme toit. Pour linstant, a ne marche pas. Le temps va continuer jouer son rle.A preuve, en deux ans, les choses ont beaucoup chang entre nous. Par exemple, je suis en train de

    procder la vente de ma maison et je nai pas vraiment de domicile. Cest pourquoi, lorsque je suisau Qubec, jhabite chez une copine ou chez Rick. Nous cohabitons donc, loccasion, et tout sepasse trs bien... Ca ne cause aucun problme.

    Avez-vous quelquun dans votre vie ?

    Oui mais, pour tre sincre, notre relation relve plutt dune grande amiti. Cest quelque chose desporadique qui, si je puis dire, na pas encore pris son envol. Ca se limite vraiment a, et je peuxdifficilement en rvler davantage...

    Pierre Plante

    Magazine 7 Jours, Canada - 9 mai 1998