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BESOIN DE SE FAIRE ENTENDRE « En vérité, l’année 2007 sera bonne si on fait une RUPTURE TOTALE et surtout pas de continuité… » M. Serge DASSAULT, en présentant ses meil- leurs vœux dans Le Figaro, sonne l’heure de la révolte. Le reste de son texte s’aligne en toute logique sur le message du vibrionnant SAR- KOZY... Car le chouchou de Doc Gynéco et de Johnny l'helvète, ministre de l’Intérieur, des Finances à Bercy puis un « come back » place Beauvau comme dirait son ami Bush, prône aussi une politique de rupture. « J’ai changé parce qu’on change forcément quand on est confronté à l’angoisse de l’ouvrier qui a peur que son usine ferme », déclare le banlieusard de Neuilly-sur-Seine. Pour ce faire, le candidat de l’UMP s’entoure de conseillers qui symbo- lisent cette volonté de changement. Qui, parmi cette famille d’anciens hauts dignitaires de l’État, incarne le plus la rupture ? BALLADUR, ancien Premier ministre, géni- teur entre autres de la réforme sur le régime général des retraites en 1993, et précurseur du CPE en tentant d’instaurer le CIP (smic-jeu- nes) en 94? FILLON, ancien ministre du Travail et des Affaires sociales qui a prolongé à la fonction publique la réforme Balladur et dont le pro- gramme en matière de législation sociale et de politique de l’emploi est de tailler dans l’ensemble des contrats aidés dans le secteur public et associatif, de s’attaquer aux « entra- ves » au licenciement et aux 35 heures, de combattre le chômage en exonérant davan- tage les entreprises de cotisations sociales et en pressant les chômeurs d’accepter toutes sortes de petits boulots ? Un modèle condensé de l’ordre libéral… RAFFARIN, ancien Premier ministre ? Est-il réellement nécessaire de présenter son bilan social ? D’autres noms allongent la liste des soutiens de celui qui navigue dans les eaux troubles de la xénophobie du Front national : JUPPÉ, DEVEDJIAN ; DE ROBIEN, PERBEN… tous d’anciens lutteurs de la… « fracture sociale ». L’incertitude plane sur le positionnement de celui qui fut secrétaire d’État en 19…59, avant d’être quinze ans plus tard président de la République ; Valéry GISCARD D’ESTAING préfère-t-il, au favori de Steevy, le ministre de l’Education nationale du gouvernement Balladur. Le professeur du centre-droit BAY- ROU qui réussit l’exploit de faire descendre dans la rue plus d’un million de personnes pour défendre l’école laïque contre sa loi. En revanche, pas d’ambiguïté sur les faveurs de M me PARISOT et du MEDEF. La confiscation du débat politique par les médias au profit de l’infocom place la candidate sociale libérale comme seule alternative. Une candidate qui se réclame des valeurs de la gauche politique mais paraît disposée à tous les compromis avec les dogmes d’économie libérale. DES GENS QUI SOUFFRENT Pourtant, il existe dans notre pays des mil- lions de gens qui souffrent et qui expriment leur opposition à cet avenir de régression et d’insécurité sociales. Ils ont manifesté leur colère dans les urnes au moment du référen- dum sur la Constitution européenne ou sur le « pavé » contre le CPE. Mais attention, il ne suffit pas de brandir l’étendard d’une gauche antilibérale et de crier son indignation pour ensuite s’enfermer dans l’unique protestation qui mène rapidement à la résignation. Face au marketing politique, il est nécessaire de faire vivre une gauche de « responsabilité et de combat » qui met au cœur de son projet politique les aspirations sociales, la dignité de l’être humain, notamment, en mobilisant autrement l’argent pour donner à chaque citoyen les moyens de choisir sa vie, une vie décente. A moins de quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, portons ensemble l’ambition de la transformation sociale. RÉDACTEURS-INFOGRAPHE / SECRÉTAIRES DE RÉDACTION / ICONOGRAPHES / TECHNICIENS DE PRÉPARATION / PHOTOGRAVEURS / RÉDACTEURS-GRAPHISTES “ Demain notre avenir ” P P h h o o t t o o g g r r a a v v e e u u r r “Ignorance est mère de tous les maux.” Rabelais L’édito de Jean-François Ropert P1 Le Grand Dossier P2 Le Grand Dossier P3 Le Grand Dossier P4 Le Grand Dossier P5 Brèves P6 Formation professionnelle P7 Le billet (trop long) de Gilbert P8 SOMMAIRE

8 pages fevrier en cours3 - CGT prepresse · 2013. 11. 18. · Le Figaro : Après les accords du 30 novembre 2004, les négociations dans l'entreprise ont débuté au printemps 2005

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Page 1: 8 pages fevrier en cours3 - CGT prepresse · 2013. 11. 18. · Le Figaro : Après les accords du 30 novembre 2004, les négociations dans l'entreprise ont débuté au printemps 2005

BESOIN DE SE FAIREENTENDRE

« En vérité, l’année 2007sera bonne si on fait une RUPTURE TOTALEet surtout pas de continuité… »

M. Serge DASSAULT, en présentant ses meil-leurs vœux dans Le Figaro, sonne l’heure de larévolte. Le reste de son texte s’aligne en toutelogique sur le message du vibrionnant SAR-KOZY... Car le chouchou de Doc Gynéco et deJohnny l'helvète, ministre de l’Intérieur, desFinances à Bercy puis un « come back » placeBeauvau comme dirait son ami Bush, prôneaussi une politique de rupture. « J’ai changéparce qu’on change forcément quand on estconfronté à l’angoisse de l’ouvrier qui a peurque son usine ferme », déclare le banlieusardde Neuilly-sur-Seine. Pour ce faire, le candidatde l’UMP s’entoure de conseillers qui symbo-lisent cette volonté de changement. Qui,parmi cette famille d’anciens hauts dignitairesde l’État, incarne le plus la rupture ?

BALLADUR, ancien Premier ministre, géni-teur entre autres de la réforme sur le régimegénéral des retraites en 1993, et précurseur duCPE en tentant d’instaurer le CIP (smic-jeu-nes) en 94?

FILLON, ancien ministre du Travail et desAffaires sociales qui a prolongé à la fonctionpublique la réforme Balladur et dont le pro-gramme en matière de législation sociale etde politique de l’emploi est de tailler dansl’ensemble des contrats aidés dans le secteurpublic et associatif, de s’attaquer aux « entra-ves » au licenciement et aux 35 heures, decombattre le chômage en exonérant davan-tage les entreprises de cotisations sociales eten pressant les chômeurs d’accepter toutessortes de petits boulots ? Un modèlecondensé de l’ordre libéral… RAFFARIN, ancien Premier ministre ? Est-ilréellement nécessaire de présenter son bilansocial ?

D’autres noms allongent la liste des soutiensde celui qui navigue dans les eaux troubles dela xénophobie du Front national : JUPPÉ,DEVEDJIAN ; DE ROBIEN, PERBEN… tousd’anciens lutteurs de la… « fracture sociale ».L’incertitude plane sur le positionnement decelui qui fut secrétaire d’État en 19…59, avantd’être quinze ans plus tard président de laRépublique ; Valéry GISCARD D’ESTAINGpréfère-t-il, au favori de Steevy, le ministre del’Education nationale du gouvernementBalladur. Le professeur du centre-droit BAY-ROU qui réussit l’exploit de faire descendredans la rue plus d’un million de personnespour défendre l’école laïque contre sa loi. Enrevanche, pas d’ambiguïté sur les faveurs deMme PARISOT et du MEDEF. La confiscationdu débat politique par les médias au profit de

l’infocom place la candidate sociale libéralecomme seule alternative. Une candidate quise réclame des valeurs de la gauche politiquemais paraît disposée à tous les compromisavec les dogmes d’économie libérale.

DES GENS QUI SOUFFRENT

Pourtant, il existe dans notre pays des mil-lions de gens qui souffrent et qui exprimentleur opposition à cet avenir de régression etd’insécurité sociales. Ils ont manifesté leurcolère dans les urnes au moment du référen-dum sur la Constitution européenne ou sur le« pavé » contre le CPE. Mais attention, il nesuffit pas de brandir l’étendard d’une gaucheantilibérale et de crier son indignation pourensuite s’enfermer dans l’unique protestationqui mène rapidement à la résignation.

Face au marketing politique, il est nécessairede faire vivre une gauche de « responsabilitéet de combat » qui met au cœur de son projetpolitique les aspirations sociales, la dignité del’être humain, notamment, en mobilisantautrement l’argent pour donner à chaquecitoyen les moyens de choisir sa vie, une viedécente.

A moins de quelques semaines du premiertour de l’élection présidentielle, portonsensemble l’ambition de la transformationsociale.

RÉDACTEURS-INFOGRAPHE / SECRÉTAIRES DE RÉDACTION / ICONOGRAPHES / TECHNICIENS DE PRÉPARATION / PHOTOGRAVEURS / RÉDACTEURS-GRAPHISTES

“ Demain notre avenir ”

PPhhoottoogg rr aa vv ee uu rr“Ignorance est mère

de tous les maux.” Rabelais

L’édito de Jean-François Ropert P1

Le Grand Dossier P2

Le Grand Dossier P3

Le Grand Dossier P4

Le Grand Dossier P5

Brèves P6

Formation professionnelle P7

Le billet (trop long) de Gilbert P8

SOMMAIRE

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ETAT DES LIEUX

Dans le contexte peu favo-rable de crise de la presse et

d’une gestion purement finan-cière des entreprises de presse,des accords-cadres profession-

nels et sociaux ont été signés en2004 entre le Syndicat de la presse

parisienne (ex- SPP, aujourd'hui SPQN)et les membres des comités intersyndi-caux du Livre parisien. Ils s'articulentautour de trois axes : départ anticipé àla retraite pour les ouvriers les plusanciens, positionnement professionnelet formation qualifiante pour les autres,avec pour certains, évolution vers laconvention collective des journalistes.Pour savoir comment s'effectue la miseen place de ces accords dans les entre-prises, nous avons interrogé, pour lessièges éditoriaux : Franck Cartelet(France Soir) et Laurent Mardelay (LeFigaro), pour les imprimeries : StéphaneRocheron, Didier Corsellut (Le MondeIvry) et Laurent Bouyrie (Roissy Print).

France Soir : Nous sommes actuelle-ment en cours de négociation sur lebasculement des ouvriers du Livre austatut journaliste. La direction profite deces discussions pour remettre en causeun certain nombre d'acquis comme laprime de gratification et la prime detransport avec l'argument que FranceSoir est de nouveau au plus mal et quela situation de l'entreprise est très diffi-

Le Monde Ivry : L'ensemble des syndi-cats (BP cadres, SIP, SGLCE), les caté-gories ont appliqué les accords signés.Peut-être reste-t-il quelques " détails " àrégler avec le départ et les cadres (àconfirmer). Les négociations ont étéâpres, longues, notamment au départ.Les relations avec la direction duMonde-Imprimerie se sont déroulées demanière orageuse, la personnalité de R.Chamak y étant pour beaucoup.

Quel est actuellement l'effectif " pho-tograveurs " dans votre entreprise ?

France Soir : L'effectif est de 5 photo-graveurs positionnés sur la mise enpage, l'infographie, l'iconographie et letraitement de l'image, ainsi que la ges-tion des envois de page sur les 6 cen-tres d'impression que compte le titre.Le Figaro : Actuellement, nous sommes11 photograveurs, devenus secrétairesde rédaction ou rédacteur-infographes,au Figaro et au TV magazine.

cile. De toute évidence la direction vachercher à faire voler en éclats nosconditions de travail avec plus de flexibi-lité et de pressions individuelles commecela existe dans les salles de rédactionavec les salariés inorganisés.

Le Figaro : Après les accords du 30novembre 2004, les négociations dansl'entreprise ont débuté au printemps2005 pour aboutir en juillet 2005. Elleont porté sur le changement de qualifi-cation et de convention collective.Aujourd'hui, tous les photograveurs sontintégrés à la société du Figaro, sousconvention collective des journalistes.

Roissy Print : Depuis plus d'un an, lesrotativistes et les photograveurs travail-lent à la mise en place du métier detechnicien de préparation, fruit de l'addi-tion des compétences des salariés deces deux catégories. La création du SIPa constitué un frein pour les discus-sions, par exemple les rotativistes ontpris, semble-t-il, ladécision de ne paseffectuer leurs for-mations photogra-vure initialementprévues àMediagraf, mais àl'AFIR. La direction abien sûr profité de lasituation en bloquantle décloisonnementet les formations des personnelsconcernés.

Marc Norguez

Le Grand Dossier

Assemblée générale des phot

IInntteerrvviieeww rrééaalliissééee ppaarr SSoopphhiiee LLaaccaazzee

2

Chers Camarades,

Puisque je deviens un habitué des assemblées géné-rales des photograveurs, les camarades me deman-dent de donner mon sentiment en quelques motssur leur dernière réunion. C'est à la fois un hon-neur et un exercice délicat.

Cette assemblée des photograveurs, si je devais laqualifier, me donna l'impression d'être apaisée. En

paix avec eux-mêmes, avec leurs choix,leurs actes et leur orientation. En paix avecleur syndicat, le SGLCE, après les débats etleurs conséquences immédiates du XIVeCongrès. Une paix des braves en quelquesorte. Tout le contraire d'une agitation,d'une fébrilité ou d'une crispation ; séréniténe voulant pas dire passivité ni démission.Beaucoup d'analyses sur le fond des orien-tations patronales et les initiatives derecomposition syndicale.

De nombreux exemples des situations dansles ateliers et les entreprises confirmèrent lanécessité de faire vivre un syndicalismeCGT unitaire, rassembleur et combatif.

L'actuelle situation exige de nombreuxdébats, discussions, échanges à tous les

niveaux.

L'assemblée des photograveurs constructive, richeet efficace a rendu une copie qui renforce le syndi-cat.

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Roissy Print : Nous sommesactuellement 5 à l'effectif,mais deux camarades partiront en RECAPP

courant 2007, remplacés par un rotativiste et, nous l'espérons,

un photograveur.

Le Monde Ivry : De 13 photogra-veurs, notre effectif est passé à 8 tech-niciens de préparation dont 5 photogra-veurs, plus un informaticien (celluleinformatique de production) et deuxcadres.

Quels bouleversements engendrecette nouvelle donne dans le fonc-tionnement habituel des équipes ?

France Soir : Dans un premier temps,je ne pense pas qu'il y aura de profondschangements dans l'organisation du tra-vail, car nous sommes bien positionnéset les qualités professionnels des ex-ouvriers du Livre ne seront pas remis encause. Le danger vient plutôt des pro-chaines embauches, qui feront certaine-ment appel à du personnel qualifié àdes salaires conventionnels inférieursaux nôtres. Notre changement de statutne changera absolument rien à leurvolonté de nous contourner.

Le Figaro : Le fonctionnement reste lemême, la seule nouveauté est d'avoirun chef de service qui n'est pas issu denos ateliers.

Roissy Print : Comme je te l'ai dit pré-cédemment, pour l'instant nous n'avonspas décloisonné, mais les nouvellesorganisations de travail laissant les équi-piers seuls sur le service face à leurécran, peuvent avoir pour conséquencesi nous n'y prenons pas garde, une indi-vidualisation et un repli sur soi descamarades. La convivialité et la solida-rité engendrées par le travail en équipetendent à disparaître et seul un travailsyndical au quotidien pourra nous per-mettre d'éviter cet écueil.

Le Monde Ivry : Un effectif réduit avecdes services mixtes (ouvriers travaillantd'un atelier à l'autre) augmente, sur lesproductions, les responsabilités de cha-cun et donc la pression. L'entretien denos machines étant banalisés, nos ser-vices sont, quelques fois, trop courtspour accomplir nos tâches.

Dans les sièges éditoriaux, quellessont vos relations avec la rédaction ?Si vous avez changé de statut, com-ment se passe le rapprochementavec les journalistes ? Quels avanta-ges et inconvénients apporte cechangement de statut ?

France Soir : Nos relations avec larédaction sont plutôt bonnes, puisquenous travaillons réellement ensembleet la synergie des services rédaction-nels et techniques se passe plutôtbien. Je pense que notre modificationde statut ne changera rien d'un pointde vue professionnel. Pour prendre unexemple, aujourd'hui il n'y a pas d'obs-tacles au choix d'une photo, à la créa-tion d'une infographie ou à la couped'un papier venant d'un ouvrier du Livreà partir du moment où cela est proposéintelligemment.

Le Figaro : Pendant les négociations,les syndicats de journalistes défen-daient leurs définitions de fonctions ;après l'accord, les relations se sont nor-malisées sauf avec l'un d'entre eux, leSGJ-FO, qui nous a attaqué en justice.Le principal avantage est d'avoir pureconquérir notre place dans le proces-sus de fabrication du journal (au SR età l'infographie) puisque création et réali-sation sont indissociables. D'un point devue matériel, aucun changement puis-que le basculement s'est fait sans pertede salaire, ni d'avantages acquis.

Dans les imprimeries, de quelsespoirs était porteur le décloisonne-ment avec les rotativistes ? Quelleest la réalité aujourd'hui ?

Roissy Print : Tu parles à l'imparfaitalors que le décloisonnement doitencore être porteur d'espoirs, même sila récente déclaration de GérardLetreguilly dans l'Impac de février n'in-vite pas à l'optimisme. En effet, il doitnous permettre de nous positionner,notamment sur le contrôle de la qualitéjusqu'au paquet fini. L'échec de cettedémarche jusqu'à aujourd'hui à Roissysert la direction, qui en profite pour faire

sous-traiter une partie de ce travail. Lamarche est haute, mais nous devonsempêcher nos directions de nous laissermourir de notre belle mort dans des ate-liers " copie plaques " isolés du reste del'imprimerie, sans pour autant céder auxprétentions hégémoniques de certains.

Le Monde Ivry : Avant tout, le décloi-sonnement avec les rotativistes permet-tait d'effacer 15 ans " d'incompréhension ".Les compteurs étaient remis à zéro. Unfonctionnement syndical normal, unitairesemblait une perspective plus qu'inté-ressante dans le contexte actuel.La réalité aujourd'hui est la création duSIP, structure concurrente à notre syndi-cat, le SGLCE. Pour l'instant, leSyndicat des imprimeries de presse esten passe de ne se révéler qu'être leSyndicat des imprimeurs. Pour nous,dont l'effectif est aussi composé de 3rotos, la pression est forte. La stratégieest simple : dissolution par absorption.

Les patrons ont toujours voulu sépa-rer les sièges éditoriaux, les imprime-ries et la distribution afin de diviserpour mieux régner. Alors que la créa-

tion récente de syndicats (Info'com,Sip) réalise leurs vœux, commentmaintenir ce lien indispensable ?

France Soir : Ce lien existe mais il netient plus qu'à un fil et le récent conflitde France Soir l'a bien prouvé. Sansl'aide des copains " techniciens de pré-paration " de CIPP et des NMPP, jamaisnous n'aurions pu bloquer l'impressiond'un " France Soir sauvage " totalementconçu et fabriqué en dehors desconventions collectives. La créationd'Info'com et du SIP ne fait qu'officialiserce qui existe depuis des années enpresse parisienne, c'est-à-dire une multi-

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ograveurs

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tude de structures syndicalestoutes plus fortes les unesque les autres… mais incapa-bles de mettre sur pied un pro-

jet syndical commun. Le lien entre les sièges éditoriaux,

les imprimeries et la distributiondevrait être la base d'un syndicat uni-que, incontournable et redouté des

patrons de presse.

Le Figaro : Depuis l'envoi des pages ennumérique, le seul lien direct entreHaussmann et Roissy est l'apparte-nance des photograveurs au mêmesyndicat, ce qui permet de garder lecontact, d'échanger des informations…Il faut renforcer ce lien pour contrer lesvolontés patronales.

Roissy Print : Nous avons vu dans leconflit de France Soir le danger d'uneséparation entre les sièges éditoriaux etles imprimeries opposant les salariés deces deux secteurs entre eux, alors qu'unsyndicat unique CGT aurait permis desrevendications communes autour de lapérennité du titre. Le basculement denos camarades des sièges éditoriaux etnotre double appartenance au SGLCEet au SNJ/CGT doit nous permettre deresserrer les liens entre les imprimerieset les sièges éditoriaux par l'intermé-diaire notamment des photograveurs quireprésentent une charnière profession-nelle et syndicale indispensable.

Le Monde Ivry : Deux commissions sesont mise en place dans notre catégorie :une pour les photograveurs des sièges

éditoriaux, l'autre pour ceux des impri-meries et je (ndlr : Stéphane) pense quec'est une très bonne idée. Je fais partiede la commission des imprimeries. Onpeut dire que cela ne marche pas mal :j'ai fait la connaissance de copains issusd'autres entreprises, avec lesquels nousavons parlé matériels, effectifs, accords,bref pas mal de choses. Le récent bas-culement de nos camarades des siègeséditoriaux dans la convention journalisteet les formations qui y sont liées n’apeut-être pas encore permis une totalemise en place de la commission “siègeséditoriaux”. J’espère qu'elle se structu-rera rapidement afin que les deux com-missions se rencontrent. Il faut absolu-ment garder le contact avec les camara-des qui sont chez les éditeurs afin demieux se connaître, mieux comprendrele travail des uns et des autres. Mais ilfaut aussi que dans nos taules, on dis-cute avec les autres catégories pour lestenir au courant de ce qui se passe ail-leurs. Pourquoi ne pas organiser desréunions entre les imprimeries et leséditeurs où chacun pourrait faire le bilande sa boîte ? Et tous les mois faire uncompte-rendu et le distribuer

Plus généralement, comment luttercontre l'atomisation syndicale ?

France Soir : Le meilleur moyen de lut-ter contre l'atomisation syndicale reste ledébat dans les entreprises, dans leséquipes avec ceux qui travaillent auprèsde nous, syndiqués ou non. Créer etfavoriser les meilleurs rapports de forcedans les entreprises et jouer la carte du

" tout collectif ", même si ce n'est pastoujours facile.C'est un travail long et difficile, mais ilreste le seul moyen de lutter contre ladivision syndicale et la volonté de cer-tains de se positionner en syndicat tout-puissant.

Le Figaro : Alors que la CGT fait unecampagne de syndicalisation, la divisionque l'on rencontre dans le Livre estincompréhensible pour les 1200 salariésdu groupe. Cela donne un effet repous-soir. Pour l'instant, nous avons mis enplace un collectif syndical CGT sansmettre en avant une structure plutôtqu'une autre. La discussion avec tousles syndiqués nous permet de conser-ver ce cap.

Roissy Print : Le SPP a trouvé un outilmerveilleux d" atomisation syndicale "comme tu le dis avec la créationd'Info'com et du SIP, soutenus pour desraisons obscures, voire douteuses, parla fédération. Pourtant, dans les ateliers,les salariés, quelles que soient leurs ori-gines, ont des préoccupations commu-nes ; leur avenir, mais aussi celui deleurs enfants, de leurs compagnes oucompagnons, leur baisse du pouvoird'achat, leur retraite, etc. Je sais que lemot est galvaudé dans cette périodeélectorale, mais ne devons nous pasrefaire de la politique, du syndicalismeau quotidien avec tous les salariés, tousles syndiqués CGT ? Dépassons lesproblèmes de chapelles et cherchonsplutôt des revendications collectives,prenons en compte l'intérêt de chacunavec pour outil une véritable structuresyndicale unitaire CGT. Les congrès duSGLCE puis de la FILPAC en 2007 doi-vent nous permettre d'atteindre cetobjectif, il y va de notre survie.

Le Monde Ivry : La question n'est pasfacile. Personnellement (ndlr :Stéphane), je discute beaucoup à gau-che et à droite, et dans ma vie de tousles jours, j'essaie de convaincre.Malheureusement, on n'a pas forcémentune bonne image de la part des non-syndiqués. Nous, syndiqués, devonsnous mobiliser au maximum, que ce soitpour les manifs, la distribution de tracts,etc. Nous devons être des modèles etexpliquer aux gens qu'il n'y a que dansl'unité que l'on arrive à quelque chose.Et cette unité doit être créée à traversun syndicat : la CGT.

Le Grand Dossier (suite)

Assemblée générale des phot

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VIVRE ET NE PAS LAISSER MOURIR

Rajeunir le métier en faisantappel à des jeunes capables

d’apporter leur savoir-faireprofessionnel tout en se saisis-

sant du flambeau de la lutte syndi-cale, telle a toujours été la préoccu-pation de la section photogravure.

Qu’en est-il de la relève ?Pouvez-vous vous présenter ?Je m’appelle Claire Durand et j’ai 21 ans.J’ai préparé un BEP « préparation de laforme imprimante » au Lycée Garamondde Colombes, puis passé mon bac pro « production graphique » à Garches.Ensuite, j’ai contacté le Syndicat du Livreet C. Laignier m’a fait entrer à la permaphotogravure. Après quinze jours passésà l’Humanité, j’ai rejoint l’Equipe au 1er

août 2005. J’y suis restée et si tout vabien, je devrais y être embauchée enmars 2007. J’aime la peinture et le sport,particulièrement la boxe française.Mon nom est Thomas Bonhomme. J’ai31 ans. Je suis dans la profession depuisun an. Au départ, j’ai fait des études debiologie et j’ai travaillé chez Agfa dansl’imagerie médicale. J’ai suivi une forma-tion graphique en cours du soir pendantdeux ans, et suis entré au Figaro, il y a unan. Je m’intéresse au sport, à la scienceet à beaucoup d’autres choses que je n’aipas le temps de faire.Je m’appelle Frédéric Marchand et j’ai 35 ans, Je travaille en photogravuredepuis 1988 dans le labeur où j’ai apprisle métier sur le tas, d’abord commeMatchprinter, ensuite en faisant du mon-tage manuel, puis de la PAO. Après un ande chômage, j’ai effectué un stage de for-mation de deux mois à Médiagraf, l’écolede la profession. Cela m’a permis derejoindre la presse en 2006. Après desservices à CIPP, Offprint et France-Soir, jesuis actuellement à L’Huma. Je me pas-sionne pour la moto, l’informatique,l’image, mais aussi les voyages.

Vous avez assisté à l’assembléegénérale des photograveurs le 9décembre dernier ? Si oui, qu’enavez-vous pensé ? Frédéric : Oui, j’étais présent. L’AG per-met d’avoir des informations en prove-nance d’autres journaux et c’est motivantd’avoir ces nouvelles, qu’elles soient bon-nes ou moins bonnes. Mais quand on estnouveau, ce n’est pas évident de toutcomprendre. Il y a aussi la séparation dessyndicats (SGLCE, typos, rotos) quisemble tellement bizarre…Thomas : J’ai assisté à l’AG. Ce qui m’ad’abord frappé, c’est le soin apporté à laprésentation de la salle. J’avais l’impres-sion qu’il y avait moins de monde qu’àl’AG de janvier 2006, mais les chiffres ontdémontré le contraire. Le rapport deJean-François Ropert était inquiétant. Ilest vrai que je ne suis pas très au courantdes divergences syndicales, car il y a une

très bonne ambiance au Figaro, même sil’attitude des typos ayant un mandat acomplètement changé depuis la créationd’Info’com. L’AG s’est déroulée dans unclimat très fraternel surtout entre lesgénérations. Claire : L’AG donne une foule d’informa-tions sur l’ensemble de la presse pari-sienne. Ce que j’ai le plus apprécié, c’estla présence de nombreux anciens quis’intéressent à ce que l’on devient. Maisj’ai eu l’impression que les 30-40 ansn’étaient pas aussi impliqués.Quel a été votre premier contact avecle syndicalisme ? Que pensez-vousqu’il puisse vous apporter ?Frédéric : J’ai adhéré au syndicatquand j’étais à Médiagraf après discus-sions avec un ami. Je n’ai pas beaucoupde connaissance sur le syndicalisme, carles syndicats sont rares dans le labeur.Les patrons emploient un minimum depersonnes pour éviter que les salariéss’organisent. Le syndicalisme aide à nepas perdre nos acquis et préserve nosdroits. C’est aussi un moyen de suivre lesévolutions techniques comme la dispari-tion programmée du papier.Thomas : Je suis issu d’une famille mili-tante depuis plusieurs générations.Même si je n’ai pasde responsabilitéssyndicales, je mesens impliqué. AuFigaro, j’essaye demodifier l’image queles journalistes ontdes ouvriers duLivre. Par exemple, ily a eu des électionsau CE avec un publictrès divers et celachangeait de l’an-cienne Sirlo 100 %CGT. Toujours dansl’esprit de créer dulien et bien sûr parplaisir, je joue dansl’équipe de rugby du Figaro. Le syndica-lisme m’offre aujourd’hui des statuts trèsintéressants obtenus par les générationsprécédentes. A nous de nous battre pourconserver ces acquis. Claire : Mon premier contact avec lesyndicalisme s’est fait auprès de masœur qui est syndiquée au SNJ-CGT.Mais sinon, c’est assez nouveau pourmoi et je suis agréablement surprise.C’est assez sympa d’être là les uns pourles autres. Le syndicalisme est porteur deconvivialité. Il efface la concurrence entreles salariés et apporte une certaine sécu-rité. Il est important de se battre collective-ment, pas seulement pour soi, mais aussipour les autres.On dit souvent que les jeunes sontindividualistes et qu’ils manquent decombativité. Etes-vous d’accord ?Comment envisagez-vous votrecontribution à la lutte collective ?Frédéric : C’est vrai. Il faudrait que les

jeunes bougent plus. C’est important d’al-ler aux manifs. Je compte m’investir dansla vie syndicale, mais j’ai beaucoup àapprendre avant de pouvoir prendre unmandat.Thomas : Les jeunes sont individualis-tes. Mais le vrai problème, c’est commentchanger la société ? Les jeunes de ban-lieue ont utilisé la violence, et c’est unemauvaise solution. L’association LesEnfants de Don Quichotte, peu connue, asu mobiliser les médias et cela va peut-être faire bouger les choses. Il faut utiliserle pouvoir de l’image qui touche laconscience collective. On ne doit pass’habituer à la misère.Claire : Moi, je ne suis pas d’accord. Jetrouve que les jeunes s’impliquent plusque les 30-40 ans qui sont démotivés. Ilssont plus actifs, c’est en tout cas ce que jeconstate à l’Equipe. Je n’ai pas vraimentréfléchi à la façon de m’investir person-nellement. Pour l’instant, j’assiste auxréunions d’équipe et j’essaie d’intervenir.Je vais aux rassemblements et aux mani-festations.Connaissez-vous la longue histoiredu Livre ? Cela présente-t-il un inté-rêt pour vous ? Si oui, commentcomptez-vous approfondir le sujet ?Frédéric : Je ne connais pas cette his-toire. Oui, je souhaiterais approfondir,mais je suis fâché avec la lecture…Thomas : Oui par mon vécu familial,mais aussi par mes lectures. Pour avan-cer dans le futur, on a besoin de laconnaissance du passé, qui ouvre des

perspectives et redonne le moral, car lalutte ne date pas d’hier.Claire : Pas spécialement au courant,mais cela m’intéresse. Je souhaite réelle-ment faire un stage syndical me permet-tant d’en savoir plus.Que souhaitez-vous pour l’avenir ?Thomas : Trouver des solutions syndi-cales, car les orientations prises par cer-tains dirigeants syndicaux sont décon-nectées de la base et créent des problè-mes de représentativité. Alors que lapresse est en pleine mutation, nousdevons réfléchir à notre positionnementdans le but d’être présent.Frédéric : Avoir du travail jusqu’à laretraite !Claire : Etre embauchée ! Que le syndi-cat n’explose pas avec les évolutionsactuelles. Que la convivialité demeure etque l’on arrive à s’unir et à rassemblernos forces.

Propos recueillis par Sophie Lacaze

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ograveurs

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Equipe24 photograveurs ont pris ladécision de basculer "conven-tion journalistes" à partir du 1er février 2007, ce qui porte à69 le nombre de nos ressortis-sants dans cette convention.

Roissy-PrintComme nous l'écrivions dans lenuméro 1 du "Photograveurs",après l'imprimerie du sud ledésengagement du Figaro deses imprimeries se précise avecle projet "imprimerie du nord".

Imprimerie du sudUn accord a été signé avecRiccobono portant à 35, lenombre d'ouvriers issus de larégion parisienne.

MonopresseUne rencontre constructive aeu lieu entre la commissionimpression, Médiagraf etMonopresse courrant janvier. Ila été rappelé lors de cette réu-nion la nécessité d'une plusgrande collaboration. A cetteoccasion, Monopresse nous aprésenté ses nouveaux logi-ciels de gestion des flux.

Pluralisme 1Un nouveau quotidien gratuitest né. M. Bolloré "homme depresse" s'achète la marque LeMonde. Après Direct-Soir, levoilà propriétaire de Matin Plus ;heureusement que l'informa-tion n'est pas une marchan-dise comme une autre. Leprincipal est que les rotativesdu Monde roulent.

LibérationLe nouvel actionnaire E. deRotschild a pris le contrôle duquotidien Libération. Sitôt arrivé,il remet en cause les acquis dessalariés du journal, incite audépart volontaire et annonce lelicenciement de 60 personnes. Ilenvisage de rayer le secteurprépresse au profit d'un nou-veau système rédactionnel. Unedizaine de salariés de ce sec-teur ont décidé de rejoindre laCGT (SGLCE).

ImpacJacques Salat, Pierre Perrin,Sophie Lacaze, Alain Stern etVincent Dursen ont décidé d'ar-rêter leur collaboration avec lejournal fédéral et ont demandél'insertion d'un communiquédans le prochain Impac.

Congrès SNJ-CGTUne délégation du SGLCEétait présente lors du congrès.Notre camarade LaurentMardelay, SR au Figaro, a étéélu au comité exécutif national.Le congrès a décidé d'associéJ.F. Ropert aux travaux dubureau national.

Les EchosLes négociations ont reprisavec la direction des Echossur le passage de cinq photo-graveurs dans la conventioncollective journalistes. Reste lavolonté de la direction deséchos de maintenir ces nou-veaux journalistes dans la

société Boétie-compo, ce quiconstitue un point de blocageimportant.Accepter cette volonté patro-nale serait un obstacle à lasyndicalisation.

Pluralisme 2On nous annonce l'arrivée pro-chaine des tirages tel queCarrefour, LIDL, Leclerc…L'alimentaire rejoint la démocratiedans les imprimeries de presse...Attention à l’indigestion...

France-SoirUn accord est en vue avec lanouvelle direction du titre quipositionnerait les cinq photogra-veurs restants, dans la grille dequalification journaliste.

Pluralisme 3A notre assemblée, une campa-gne d'abonnement à l'Humanitéa été lancée. Une dizaine dephotograveurs ont réponduimmédiatement à notre appel.Dans cette période électorale oùle débat politique est indispen-sable, cette campagne se pour-suit. D’ores et déjà, mille eurosont été remis par la catégorie àHenri Malberg, président ducomité de lecteurs del'Humanité.

FILPACLe congrès de notre fédérationaura lieu à Lille courantnovembre 2007. Les docu-ments préparatoires sont dis-ponibles sur le site fédéral etdans le journal l'Impac.

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BREVES

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FORMATION PROFESSIONNELLE

InterventionFabrice Nicolle

Nous nous orientons vers unetransformation profonde des milieux

de travail en passant notamment d’uneprescription de l’activité à une prescrip-

tion de la subjectivité. Il est demandé aujourd’hui aux travail-leurs de développer des compétencesvisant plus à l’autonomie de gestion etd’action qu’à l’application d’un savoirfaire métier. Cette décentralisation hori-zontale ne se fait pas sans poser le pro-blème du futur rôle des cadres qui sevoient ainsi démunis d’une partie de leuractivité. En demandant à chaque travail-leur de se responsabiliser sur son poste, onlui impose le résultat, en le laissant libredu choix du processus, ce qui rend d’ail-leurs la sanction plus facile en cas delitige. Cette intelligence pratique requiseest toujours la bienvenue quand elle per-met de résoudre des difficultés mais en

revanche, elle se transforme en acte denégligence, passible de sanction en cas deproblème.Les compétences nécessaires à l’exercicede nos métiers ne se limitent plusaujourd’hui à des savoirs pratiques, maisfont appel à des capacités transversalesimportantes. Il serait d’ailleurs intéressantpour l’assemblée d’entendre les copains dela SACIJO qui, dans le cadre d’un projet « calibration de la chaîne graphique » ontété confrontés à cette situation. Je tiens àles féliciter d’avoir relevé ce défi qui estbien loin de la simple utilisation d’un logi-ciel et d’ajouter que la qualité du travailfourni n’a rien à envier à celle de certainscabinets de consulting.Ils ont su développer des compétences

d’organisation et de conceptualisation quine relèvent pas en temps normal de l’acti-vité d’un ouvrier du livre.Où est la notion de métier dans cet exem-ple ? Ne serait-il pas plus opportun deparler de secteur d’intervention ?

Je voudrais prendre un autre exemple quiconcerne les informaticiens du groupeHachette.Ils doivent, du fait d’une restructurationorganisationnelle, qu’ils n’ont pas choisie,faire face à des situations ou leurs compé-tences en informatique ne suffisent plus. Illeur est demandé d’intervenir sur lesfichiers et de les rendre compatibles tantdu point de vue informatique que graphi-que. Quel est leur métier ?

Récemment nous avons reçu la demanded’un photograveur du labeur, qui venaitd’acheter une presse numérique et qui sou-haitait devenir autonome sur l’intégralitéde la chaîne : de la conception à la finitiondu produit imprimé. Doit-on le classerdans le prépresse ou dans l’impression ?

Je pourraismultiplier cesexemples àl’infini. Ilst é m o i g n e n ttout simple-ment de lamutation quis’opère sousnos yeux,i m p l i q u a n tqu’il faut désormais raison-ner avec uneapproche sys-témique dusecteur de lac o m m u n i c a -tion : à savoirque tous leséléments qui lac o m p o s e n tsont en interac-tion, sans déli-mitation pré-

cise, composant ainsi un système danslequel la modification d’une partie modifiel’ensemble.

En parallèle de cette évolution technologi-que indéniable, on assiste à des attitudessyndicales qui vont à l’inverse. Le « Yalta » des pouvoirs syndicauxauquel nous assistons, sous couvert denotre fédération, n’est qu’une néo-taylori-sation de l’activité syndicale qui ne suit enrien les réalités technique et économiquede notre société. Ce projet, soutenu par lesrotativistes et les typographes, repose plussur des stratégies, d’enjeux d’acteurs et depouvoir que sur une réelle volonté d’adap-ter nos structures syndicales au terrain.Ce repli sur les métiers ne peut représenter

une source d’attraction pour les autressalariés du secteur, qui sont, ne l’oublionsjamais, plus nombreux que nous.

Alors qu’un certain parti politique adécidé de faire de la politique autrementpour mieux comprendre les enjeux denotre époque, notre fédération, elle, pré-fère pratiquer à l’ancienne. En cloisonnant ainsi les périmètres d’ac-tion du SIP et d’Info.com, ils s’apprêtent àrefuser leur accès à une partie des travail-leurs, ou pire, se préparent à une guerreintersyndicale où chacun pourra accueillirceux qui il souhaite, juste en changeant sesstatuts. C’est peut-être la mise en placed’une forme ultra-libérale de syndicalismeoù, dans le cadre d’une économie de marché, chacun fait ce qu’il veut pour atti-rer le client.Le choix de maintenir des structuresmétiers ne peut qu’inciter chacun à sereplier sur soi.

Je reste persuadé que la solution proposéepar la section photogravure en ce quiconcerne la structure syndicale est labonne. Mais le fait d’avoir raison ne suffitpas aujourd’hui, on le voit bien. La fédé-ration a choisi son camp, ce qui laisseapparaître une forme d’hégémonie de lapensée unique de la fédération, du SIP etd’info.com. Le choix ne peut se réduire pour nous, àrentrer dans le rang et adopter une attitudeimposée par ceux qui se veulent les plusforts et qui prêchent la bonne parole. Nousne sommes peut-être pas majoritaire à lafédération, mais qu’en est-il de l’ensembledes salariés de la communication ?

Notre force a toujours reposé sur notrecapacité à interpréter les mutations futureset à agir en conséquence. Je reste persuadéque nous avons fait le bon choix et que leprix à payer est peut-être ce que noussubissons en ce moment. Il est indispensa-ble de s’unir et d’affronter ensemble cettetragédie qu’on nous oblige à jouer mêmesi on peut parfois avoir l’impression de sebattre contre des moulins à vent. Alorscontinuons le combat…

Vive le syndicat de la communication,vive la CGT !

Médiagraf

15, rue Fernand-grenier93210 Saint-Denis-La Plaine

Tél. : 01 48 20 22 07 ou 01 42 43 65 60Fax : 01 48 20 48 91 ou 01 42 43 79 45

E-mail : accueil@médiagraf.frWeb : www.médiagraf.fr

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DIRECTION DE LA CATÉGORIE :Jean-François ROPERTGilbert BONHOMME

Pascal LEBÈGUE (trésorier)

COMMISSION IMPRESSION :Laurent BOUYRIECOMMISSION S. ÉDITORIAUX :Laurent MARDELAY

LE BILLET DE GILBERT

Pour le biende notre CGT !!!Allez savoir pourquoi, il y a

comme cela des mots, des expres-sions en vogue passagère. En ce début

d'année 2007, décisive pour certainsde nos chers politiciens, c'est le verbe

“changer”, qui est au hit-parade, souventassocié au mot rupture.

Dès l'approche d'une caméra, d'un micro,sur un site Web, ou sur un blog , nos habi-les communicants se trémoussent et cla-ment : j'ai changé, j'ai changé. Triste spec-tacle en réalité, ou vérités et mensonges,calculs et promesses s'entrechoquent pourmieux nous berner. À l'approche de ceséchéances décisives pour notre avenir,les plus anciens (comme... moi) sont biensûr sceptiques, ils doutent car une nou-velle fois les changements annoncés ris-quent de rimer avec continuité. Les can-didats les plus en vues parlent du peupleavec beaucoup d'attentions et d'alléchan-tes références, ils citent Blum, Jaurès...pourquoi pas Lénine, mais font très peude propositions concrètes pour amélio-rer le sort de ceux qui souffrent. C'est sûrnous allons encore trinquer.

La dame blanche endosse son tailleurrouge pour annoncer le programme, maismanque d'audace dès qui s'agit de le finan-cer. Ah ! il ne faut pas trop toucher,au capi-tal. Le plus petit d'entre eux, le plus libé-ral aussi, est souvent le plus hargneux, ils'accapare tout, même G. Moquet, quelscandaâle... il marche dans nos tracespour mieux les effacer. Il installe son Q.G.

de campagne au coeur de Paris, rued'Enghien,( Maurice revient...), dommageque l'on ne puisse le déloger, pourvu quel'on puisse le bouter, mais attention, le mil-liardaire borgne est toujours embusqué...Ne nous laissons pas faire camarades,votez, et faites voter.

Nos sphères professionnelles sont tou-chées par le syndrome Séguela, les cabi-nets conseils sont à pied d'oeuvre, avec "synopsis", conférences et campagnes depub, l'heure est donc au changement. Ilfaut être moderne si on veut être conqué-rant. Nos experts nous indiquent : il fautchanger, changer de look, changer de style,changer de ton, et surtout renoncer et ban-nir tout corporatiste ringard.. C'est cela êtremoderne. facile pour les dirigeants de l'ex-CSTP, vieille dame plus que centenaire,ils sont convaincus, donc ils osent, grâceun pilonnage publicitaire superbementorchestrée, une communication bienléchée, une aide fédérale curieuse maissalutaire. Sans cesse, nos convertis serépètent : Je change, je changerai, j'aichangé, pour que chacun puisse enten-dre: ils changeront, ils changent ils ontchangé.Ont-ils changé? Bien sûr pour preuve ilsmontent sabre au clair à l'assaut des cen-tres éditoriaux, où ils ont toujours été pré-sents pour composer mais aujourd'hui ilssont Info'com, ils veulent être sur tous lesfronts, bientôt les adhésions vont tomberà foison. Que d'énergie dépensée pourséduire, convaincre en priorité des adhé-rents Cgt qu'il est grand temps de les rejoin-dre dans leur organisation relookée. Quediable pourquoi ne pas avoir mis cette éner-

gie pour unir et développer la force Cgt,pour rebondir et donner de l'espoir.

Dans ces centres éditoriaux, notammenten presse quotidienne nationale, la Cgtexiste depuis belle lurette, pas moins quecinq organisations Cgt (Snj, Cstp,Correcteur Sglce, Cadres) avec leurs adhé-rents, leurs collectifs, leurs représentantsélus et désignés, alors s'autoproclamerorganisation du futur est un peu facile. Sil'évolution des structures Cgt est néces-saire depuis une dizaine d'années, et espé-rée par tous, nous savons tous que rienne sera imposé. C'est par la discussionsans tabou ni contrainte, c'est par la négo-ciation que nous réussirons et rassemble-rons la Cgt.. L'heure est sans tarder à lacréation, dans les entreprises, de collec-tifs Cgt unitaires capable d'aborder lespréoccupations des salariés et les échéan-ces électorales à venir.

L'organisation Cgt de demain seconstruira sans faux nez, ni fausse barbemais surtout sans préalables, avec tous,et toutes les organisations Cgt et pas seu-lement par un changement de sigle pré-fabriqué. Dans ce contexte, la créationd'un nouveau Syndicat des imprimeriesparisiennes (SIP), avec la bénédiction denotre fédération ne s'explique pas plus. LeSip prévoit dans ses statuts de s'inscriredans une démarche syndicale nouvelle endirection de tous les personnels des impri-meries presse et labeur, ce que nos anciensont réalisé dès la constitution du syndicatgénéral des industries du livre Cgt avec lamême volonté unitaire qui rapprochales employés et les ouvriers au sein duSglce

Pourquoi tant de précipitation alors quedes mains étaient toujours tendues. Enécrivant cela, je ne gomme ni les diver-gences, ni les divisions syndicales, ni les

années difficiles quenous venons de vivreles uns et les autres, etje m'interroge surtout sirompant le débat decette manière, cela varenforcer la Cgt et per-mettre d'affronter lesprochains défis etembûches prévisiblesque gouvernement etpatronat ne manquerontpas de dresser devantnous. Puisque noussommes invités à chan-ger, faisons le sans rup-ture et avec la fermeobligation de réussir laconstruction d' unestructure professionnelleet syndicale des métiersde la communication etde l'information.

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