DossierLes IncorruptIbLes

82 Apprendreàlire,apprendreàvivreEntretien avec Nancy Huston, marraine du 22e prix des Incorruptibles, par Capucine Habib

84 LesIncosdeAàZpar Aurélie Julia et Capucine Habib

86 Uneannée,unlivre,uneaventure…par Carina Rozenfeld auteure de La Quête des Livres-Monde sélectionné en 2009/2010 pour le niveau 5e/4e et des Clefs de Babel sélectionné pour la 22e édition du prix des Incorruptibles, niveau 5e/4e

88 Regardsd’expertspar Patrick de Sinety

ActuAlité jeunesseDe La materneLLe au coLLège

96 Laforêtré-enchantéepar Carole Aillaud (Lib. Le Rivage des Livres, Mantes-la-Jolie)

100Conteurdestempsmodernes Entretien avec Bruno Gibert, L’Histoire du cochon renifleur de sommeil et Le Petit Gibert illustré, par Mélanie Mignot (Lib. Le Grand Cercle, Éragny-sur-Oise)

106Ununivers,deuxauteurs,deuxhéros Entretien avec Érik L’Homme, A comme Association, par Isabelle Réty (Lib. Gwalarn, Lannion)

110ÀpoilsetàvapeurScott Westerfeld, Léviathan, par Claire Couthenx (Lib. Alice Média Store, Bordeaux)

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Entretien Nancy Huston

Page : Pourquoi avoir accepté d’être la marraine du Prix des Incorruptibles ?Nancy Huston: Je considère la lecture de bons livres dans l’enfance comme un facteur aussi important qu’une famille sympathique pour pro-duire des adultes potables. Or, ce Prix amène à la lecture énormément d’en-fants, de tous les milieux, à travers les écoles et les bibliothèques.

La lecture est un domaine de liberté à découvrir par les jeunes. Elle est encore souvent perçue comme une chose imposée, une corvée, une obli-gation et ils ne se rendent pas compte

qu’elle leur donne accès au monde entier, dans une habitude qu’il est très important d’acquérir tôt dans la vie, le plus tôt possible ! On sait très bien qu’on est ce qu’on mange mais on oublie que l’on est aussi ce qu’on lit ; le corps se fait avec tout ce qu’il absorbe de nourriture, de même le cer-veau est littéralement fabriqué avec ce qu’il absorbe de paroles, d’histoires, de récits, d’imaginaire ; donc il ne faut pas y mettre n’importe quoi. Le réel est imprégné d’imaginaire. Nous sommes nous-mêmes la construction de beau-coup d’histoires que l’on nous a racon-

tées sur notre famille, notre identité, notre pays, etc., mais le roman nous permet de nous identifier à des gens qui ne nous ressemblent pas, il nous gran-dit. Dans un premier temps, les jeunes vont choisir le livre qui leur ressemble, mais ce « soi » lui-même peut être transformé par les rencontres avec les personnages de romans. N’oubliez pas que toutes les petites filles s’identifient aux garçons dans les livres d’aventure, et ça c’est génial ! Les garçons peuvent aussi apprendre à s’identifier aux filles dans les histoires, c’est beaucoup plus dur, ils n’aiment pas cette idée… Mais c’est important pour un jeune de pou-voir s’identifier à un vieux, pour un Blanc de pouvoir s’identifier à un Noir, en lisant La Case de l’oncle Tom par exemple…, justement parce que dans la vraie vie, on nous encourage tellement à nous identifier à ceux qui nous res-semblent ! Dans les livres, on est libres de traverser toutes ces frontières, reli-gieuses, nationales, sexuelles, etc.

P.: À votre avis, comment transmettre le plaisir de lire ?N.H.:S’agissant des enfants, la chose la plus importante, ainsi que le disait Daniel Pennac dans Comme un Roman, c’est de leur lire des histoires, de leur montrer qu’on les adore, qu’on les prend au sérieux, que c’est une forme de joie, de partage, de voyage à chaque fois. Il faudrait que les parents pren-nent le temps de lire à leurs enfants très

L’apprentissage de la lecture, c’est l’apprentissage de la vie, dit en substance Nancy Huston, marraine du 22e Prix des Incorruptibles. Lire Dostoïevski, par exemple, c’est ausculter les profondeurs de la conscience humaine, c’est une des voies de la connaissance de soi, c’est se confronter à la réalité et à la marche du monde. Lire, en somme, c’est être pleinement dans le monde.

Propos recueillis par Capucine Habib

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tôt ; tous les enfants adorent ça. Fina-lement, c’est beaucoup plus tard qu’ils commencent à avoir des réticences s’ils n’ont pas été habitués, mais tout petits, absolument tous les enfants adorent les histoires, que ce soit les contes de fées ou les livres d’aventure. Notre cerveau est programmé pour entendre des his-toires ! On acquiert le goût de lire parce qu’on a partagé avec quelqu’un des mondes qui nous amenaient très loin de la réalité quotidienne.

Je me souviens d’un récit sur l’en-fance très tourmentée d’André Schwarz-Bart. Il n’a pratiquement pas été à l’école, ses parents ont été déportés à Auschwitz pendant la guerre et ne sont pas revenus. Il allait à la bibliothèque pour lire des polars et une bibliothécaire très fine a remarqué qu’il prenait tou-jours les histoires de meurtre, de mal-heur, de poursuites, de criminels. Elle lui a dit : « j’ai un polar qui pourrait peut-être t’intéresser » et elle lui a prêté Crime et Châtiment, de Dostoïevski. Évidemment à partir de là, il est devenu totalement accro à la grande littérature !

J’ai un autre exemple : à la prison de Fleury Mérogis, je travaille réguliè-rement avec un club de lecture, avec des hommes ou des femmes. Il y a une bibliothécaire, brillante et dévouée, qui leur suggère parfois de lire l’un de mes livres, et ensuite je viens en discuter avec eux. Ce sont des échanges très riches. Dans mes livres, il y a souvent des évé-nements très violents (viols, avorte-ments, infanticides…), et je pensais que c’était ça qui les intéresserait, ces pul-sions très fortes et parfois le passage à l’acte. À ma grande surprise, un jour, un « criminel endurci » a demandé à lire un passage de Prodige. Il a choisi le moment où la petite fille, prodige de piano, conti-nue à jouer Bach dans la pièce où sa grand-mère vient de mourir. Sa mère entre, se rend compte que la grand-mère est morte et lui dit : « mais enfin, arrête de jouer, tu ne peux donc pas respecter ta grand-mère ? » Et la petite répond : « mais pour moi c’était ça le respect ». C’était incroyable d’entendre ça dans la bouche d’un homme qui avait probablement tué. C’était ça qui le touchait…

J’ai aussi animé un atelier d’écriture à la maison d’arrêt des femmes avec un groupe particulièrement motivé. J’y ai fait la connaissance d’Hélène Castel, qui a écrit ce très beau livre, Retour d’exil

d’une femme recherchée, que j’ai préfacé. Nous sommes devenues amies, c’est une belle rencontre.

P.:  Quels l ivres ont marqué votre enfance ? Il y a plusieurs années, vous avez publié quelques titres en littérature de jeunesse, avez-vous envie de renou-veler cette expérience ?N.H.:Beaucoup de livres m’ont mar-quée ! Je lisais tout ce qui me tombait sous la main, j’étais vraiment accro très jeune à la lecture. J’ai sûrement lu beaucoup de choses médiocres, mais l’essentiel c’est de trouver ses propres repères dans cet univers, sachant qu’il est infini. Je me souviens d’Agatha Christie par exemple, j’en ai lu une cen-taine peut-être ! Les premiers livres de « grande littérature » que j’ai vraiment aimés, ça été ceux de Dostoïevski. C’est là que j’ai compris cette espèce de dro-gue, où l’on vit dans l’autre univers au moins autant que dans la vraie vie, on est impatient de retrouver les person-nages, on évolue avec eux, on écoute leurs paroles. On se rend alors compte que l’on peut décider de beaucoup de choses dans sa propre vie, que l’on n’est pas aussi déterminé par son his-toire que ce que l’on croit.

Il y a eu deux livres écrits avec ma fille Léa, il y a déjà longtemps : Véra veut la vérité – sur le thème de la mort –, et Dora demande des détails – sur la ques-tion « pourquoi je suis moi ? » (École des Loisirs) –, puis Les Souliers d’or, chez Gallimard. En 2007, mon fils Sacha et moi avons publié une pièce de théâtre, Mascarade (Actes Sud Junior),

qui est très drôle et qui marche bien dans les écoles. Cette écriture à quatre mains, c’est génial ! Je renouvellerai peut-être l’expérience avec mes petits-enfants, mes enfants sont trop vieux maintenant… On vient de me demander d’écrire un livre pour ados. C’est inté-ressant, car n’ayant pas d’ado sous la main à la maison, il faut au moins que j’ai en tête une adolescente imaginaire, quelqu’un de très proche à qui je dédi-rais le livre en l’écrivant. Sinon, ça ne me vient pas spontanément. Mais je sais que les ados lisent certains de mes livres.

P.: Parlez-nous de votre actualité…N. H.: Infrarouge, bien sûr, mon roman paru en mai chez Actes Sud. Je fais plusieurs choses à la fois : une pièce de théâtre qui est une adapta-tion de Hamlet, avec des marionnettes (à paraître j’espère chez Actes Sud Papiers), un livre avec un ami peintre, Ralph Petty, qui va s’appeler Le Livre des heures (à paraître chez l’Icono-claste). Chaque jour pendant un an, j’écris un texte et il fait un dessin. C’est une sorte de journal intime et politique, qui montre l’articulation entre le public et le privé, l’intime avec les démons intérieurs, nos tourments, nos souve-nirs et puis les événements politiques mondiaux. Je monte aussi de plus en plus de spectacles musicaux avec des amis, dont un qui m’intéresse particu-lièrement cette année avec un trio de jazz. C’est un spectacle sur le masculin. Le thème : « on ne naît pas homme, on le devient », tout un programme ! •

Nancy HustonInfrarougeActes Sud308 p., 21,80 €

Nancy HustonLignes de failleColl. « Babel »Actes Sud, 488 p., 9,50 €

Nancy HustonInstruments des ténèbresJ’ai lu250 p., 5,60 €

Sacha et Nancy HustonMascaradeActes Sud Junior, 70 p., 5 €

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comme Auteurs Sans auteurs, pas de livres et

sans livres, pas d’évasion pos-sible ! Combien sont-ils à avoir été sélectionnés depuis la naissance du Prix des Incorruptibles ? Des centaines ! Plusieurs collection-nent les récompenses. Citons au hasard Agnès de Lestrade pour C’est peut-être ça être amoureux (Milan Jeunesse, 19e édition), L’abécédaire à croquer et Des étoiles dans le cœur (Milan Jeunesse, 21e édition) ; Nathalie Le Gendre pour Dans les larmes de Gaïa (Mango Jeunesse, 16e édition) et Mosa Wosa (Mango Jeunesse, 17e édition) ; Jean-Claude Mourlevat avec Le Jeune Loup qui n’avait pas de nom (Milan, 11e édi-tion), La Rivière à l’envers (Pocket Jeunesse, 13e édition) et Le Combat d’hiver (Gallimard Jeunesse, 19e édition) ; Didier Lévy pour Petit dernier (Sarbacane, 19e édition) et La fée coquillette fait la maîtresse (Albin Michel Jeunesse, 18e édi-tion). Et que dire du prix décerné à Marjane Satrapi pour Adjar (Nathan Jeunesse) lors de la 14e édition ? N’augurait-il pas les débuts d’une belle carrière internationale ?

comme Bibliothèque Ah ! ces fameuses bibliothèques,

« carrefours des rêves de toute l’hu-manité » (Julien Green)… Plus de 300 édifices publics participent au Prix des Incorruptibles sous des formes très diverses : ateliers de lecture, lieu de dialogues avec des écrivains et illustrateurs, accueil d’expositions, séances de contes… soit un fourmillement d’idées qui valorisent l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre.

Les IncosDe a à Z

Par Aurélie Julia & Capucine Habib

comme Comités de lecture Un comité il y a 20 ans, plus de

80 aujourd’hui ! Sans les échanges et les coups de cœur partagés par les enseignants, bibliothécaires, professeurs-documentalistes, ani-mateurs et libraires, la sélection du Prix n’offrirait pas les couleurs du bel éventail qu’il affiche depuis plusieurs années. Toutes ces per-sonnes issues d’horizons différents garantissent la richesse du projet Incorruptibles. En 2010, près de 750 adultes se sont prêtés au jeu de la lecture et de la sélection.

comme Débats Nul livre n’est élu à l’unanimité.

Les désaccords concourent à la qua-lité de la manifestation : les jeunes lecteurs se lancent dans des débats parfois houleux pour défendre leur titre préféré. Conduire les enfants sur les chemins de l’argumentation et leur apprendre à écouter l’autre relèvent presque du challenge ! Nos farouches petites têtes blondes ne se laissent pas convaincre facilement… et c’est tant mieux !

comme Enseignants Que l’ensemble de la commu-

nauté enseignante soit ici vive-ment remercié pour tout le travail entrepris au cours d’une année Incorruptibles ! La mobilisation enthousiaste, l’engagement total, l’écoute et la patience sont autant d’ingrédients qui mènent des mil-liers d’élèves vers la découverte du plaisir via les mots et les images.

comme Finales Les finales : point d’orgue qui

conclut trois trimestres de lecture vivante. La journée calque souvent son rythme sur celui d’un marathon ! Entre le vote, la proclamation du pal-marès, les spectacles de troupes de théâtre, les expositions de travaux d’écriture et d’arts plastiques, la lec-ture à voix haute, il est impossible de s’ennuyer. L’organisation des évé-nements et la préparation des lieux s’effectuent en étroite collaboration avec une flopée de participants : conseils généraux, mairies, biblio-thèques départementales de prêt, centres départementaux et régionaux de documentation pédagogique, Fondation du Crédit Mutuel pour la lecture, directions départementales et régionales de la jeunesse et des sports, librairies, centres de loisirs, établissements scolaires : la liste est longue !

comme Grandir Est-il besoin de le rappeler ? La

lecture assure la construction iden-titaire de l’enfant. Clé indispensable à la formation, elle décide du capital culturel, de l’autonomie sociale et du libre exercice de la citoyenneté. Les livres concentrent la connais-sance du monde et confèrent à l’enfant la plénitude de ses moyens intellectuels.

comme Sidney Habib Avec le concours de plusieurs

libraires, Sidney Habib a eu l’heu-reuse idée de fonder il y a 22 ans le premier prix littéraire décerné par les jeunes. Président de cette association depuis 1988, il peut s’enorgueillir d’avoir contribué à l’émergence de la littérature de jeu-nesse dans les écoles et lycées.

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comme Incorruptibles Pourquoi avoir choisi d’accoler au

Prix le terme d’« incorruptibles » ? La décision relève de l’anecdote : Françoise Xenakis, fondatrice du Prix avec Sidney Habib, s’éton-nait de la folle détermination et de l’entêtement acharné que manifes-taient les élèves à soutenir un titre. Alors que les enfants débattaient sur la qualité d’un livre, elle les qualifia d’« incorruptibles » : aucun d’eux n’était en effet prêt à céder du terrain, encore moins à changer d’avis !

comme Jeunesse Le Prix des Incorruptibles mobi-

lise des écoliers, des collégiens et des lycéens. Dans leur classe, dans leur bibliothèque, dans leur centre de loisirs, les lecteurs découvrent la création contemporaine qui brille par son originalité et l’élé-gance de ses supports.

comme Kilomètres Les kilomètres parcourus par

les auteurs, illustrateurs et tra-ducteurs Incos en une année sont incalculables ! En voiture, en train ou en avion, ils sillonnent le pays pour partager des moments privi-légiés avec leurs lecteurs.

comme Libraires Quelle générosité de la part

de mesdames et messieurs les libraires ! Très impliqués dans la mise en œuvre du Prix, tant au sein des comités de lecture que dans l’organisation d’activités autour des auteurs, ils prêtent un soutien sans faille à cette cause universelle que sont le livre et la culture écrite.

comme Missions Résumons à trois points les mis-

sions fixées par l’événement : la lutte contre l’illettrisme, un accès facilité à la lecture et la promo-tion de la littérature de jeunesse contemporaine.

comme Nouveauté Tous les ouvrages proposés lors

des sélections sont parus l’année précédant le Prix en cours.

comme Outre-mer Les Incos effacent les frontières géo-

graphiques : l’Outre-mer collabore en effet largement au concours. Les enfants de Polynésie française, des îles Marquises, des îles du Vent, de la Réunion goûtent aux mêmes joies que leurs petits camarades de l’hexagone.

comme Parents Depuis cinq ans, les parents et

les adultes qui encadrent les jeunes lecteurs votent aussi de leur côté. En 2010, 17 575 adultes ont ainsi donné leur point de vue sur les sélections, un beau moyen de débattre sur la lit-térature de jeunesse…

comme Quiz Le quiz fourni sur le site des Incos

permet de tester ses connaissances sur les ouvrages. Des livres grati-fient les parcours sans faute.

comme Rencontres Rien de tel qu’un dialogue avec

un auteur et/ou illustrateur pour apprécier deux fois plus une lecture ! Tous les ans, des rencontres se coor-donnent. En 2009-2010, plus de 400 interventions ont été orchestrées avec les structures participantes.

comme Sélection La sélection minutieuse d’ou-

vrages puisés dans les catalogues d’une trentaine d’éditeurs rend compte de la formidable diversité du paysage éditorial. Chaque mai-son développe une griffe singulière qui attire les regards autant qu’elle les séduit.

comme Tentaculaire Tel est le réseau du Prix des

Incorruptibles ! Etablissements sco-laires, bibliothèques, centres de loi-sirs, librairies mais aussi institutions et associations locales, tous concou-rent à la bonne marche du projet et œuvrent autour du Prix pour (re) don-ner le goût de la lecture aux jeunes. En 2009/2010, près de 4 700 struc-tures ont permis à 223 309 jeunes lecteurs de lire et de voter.

comme Universel Quel droit plus universel que

celui de savoir lire, écrire, compter, calculer ? Et néanmoins, tous n’ont pas accès au savoir. Par son enga-gement et ses pratiques, le Prix des Incos s’ajoute aux associations qui luttent avec ténacité contre l’illettrisme.

comme Vote Le rendez-vous aux urnes

constitue l’un des temps forts d’une aventure vécue sur une année. Le petit Incorruptible exprime ses choix et ses convic-tions par le moyen le plus efficace et le plus égalitaire, celui du vote.

comme www.lesincos.com Voilà presque douze ans que

le site des Incos recueille les avis, propose des forums, offre des fiches sur les auteurs et les ouvrages, livre les détails sur le déroulement de la manifestation et sur la littérature de jeunesse contemporaine.

comme Françoise Xenakis Chroniqueuse littéraire, journa-

liste en presse écrite et télévisée, écrivain, présidente d’honneur du Prix des Incos, on n’en finirait pas de citer les nombreuses casquettes de cette femme qui fut l’une des têtes pensantes du Prix en 1988.

comme « Y’a plus qu’à » Avec le Prix des Incorruptibles,

y’a plus qu’à découvrir, partager, ressentir… bref y’a plus qu’à lire avec plaisir !

comme ZEP Les Zones d’Éducation Prioritaires

ont été définies et créées en 1981 dans le but d’offrir davantage de ressources aux établissements en proie à des difficultés d’ordre sco-laire et social. Le Prix trouve dans les murs de ces écoles un accueil aussi enthousiaste que passionné.

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les incorruptibles

une année, un LIvre, une aventure…300 pages, près de 3000 collégiens rencontrés, des centaines de questions, un prix, celui des Incorruptibles. Cela pourrait être le résumé d’une année extraordinaire où l’on se sent des ailes pousser dans le dos !

Par  Carina Rozenfeld

Un livre…C’est le tome 1 de La Quête des Livres-Monde, paru en août 2008 aux éditions Intervista. Une histoire d’ado à qui il pousse des ailes et qui se découvre une origine et une mission à accomplir hors du commun (voir encadré). Il fait partie de la sélec-tion des Incos 2009-2010 pour les classes de 5e et de 4e avec quatre autres titres. Pour les collégiens qui participent à l’aventure, il s’agit de lire les cinq livres de la sélection, de les étudier en classe avec le professeur de français ou la documentaliste et, éventuellement, de rencontrer un des auteurs.

3 000 collégiens, ou presque !C’est parti pour l’aventure. Les rendez-vous sont pris, le calendrier des rencontres établi. Il s’étend de décembre à juin et les points de chute sont dis-persés partout en France : Marseille, Landerneau, Cherbourg, Chamalières, Roanne, Montbéliard, Villeneuve-d’Ascq, Paris, etc.

Au bout de chaque voyage, des classes à ren-contrer, des élèves ayant lu (ou non) le livre. Des visages, des regards, des sourires, tous différents,

tous uniques, qui finissent par se superposer un peu au fil des visites. Parfois, il n’y a qu’une classe, 25 ou 30 élèves sagement assis dans les CDI ou médiathèques aménagés pour l’occasion, d’autres fois, c’est 150 ou 200 élèves croisés dans une seule journée. Mais quel que soit le lieu ou le nombre, la même passion habite les adolescents : connaître tous les secrets d’un livre…

Des centaines de questions !Elles sont soigneusement préparées à l’avance, écrites sur des feuilles. Les doigts se lèvent : « Comment trouvez-vous vos idées ? », « Est-ce que vous écrivez à la main ou sur l’ordinateur direc-tement ? », « Combien de temps ça prend d’écrire un livre ? », « Comment trouvez-vous le nom de vos personnages ? », « Pourquoi avez-vous choisi des ailes pour vos héros ? », « Quels sont vos livres préférés ? », « Combien ça gagne un écrivain ? », « Est-ce qu’il va y avoir une adaptation ciné de votre livre ? ».

Ce ne sont que quelques exemples, mais à chaque fois, on croise la même curiosité chez tous les élèves. De la timidité aussi : un écrivain, c’est mystérieux. Parfois, même, on pense que ce ne sont que des gens morts depuis longtemps, ou alors très vieux ! Mais voilà que non, c’est vivant, et pas trop décati ! Et même que ça porte un jean et des baskets, que ça parle le même langage ! Incroyable. La glace se brise, il y a des rires et des délires, des moments uniques, des échanges incroyables !

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les incorruptibles

Carina RozenfeldLa Quête des Livres-Monde, t. 1 Le livre des âmesColl. « Cinémascope »Intervista, 318 p., 14,95 €

De surprises en émotionsSi les élèves sont impatients, heureux et curieux de rencontrer un écrivain, s’ils ressortent ravis de la rencontre, il en va de même pour moi. Chaque classe croisée est une aventure unique. Comment vont-ils être ? Est-ce qu’ils ont aimé le livre ? Quelles questions vont-ils trouver ? (Merci à la classe qui a lancé : « Est-ce que vous avez des pro-blèmes psychiatriques pour écrire des histoires pareilles ? » !!!) Et il y a les surprises, les lectures du livre à voix haute avec l’émotion du jeune lecteur, les mises en scènes de certains passages, l’écriture de rédactions sur les personnages ou les situations du roman, des spectacles de cirque, de fausses émissions télé hilarantes, des ombres chinoises, des reconstitutions de décors… On repart la valise chargée de cadeaux, des dessins, des affiches, des marques pages, des spécialités locales, et le cœur gonflé par toute cette affection qui naît entre le lecteur d’un livre et son auteur, qui s’exprime au cours de ces quelques heures, parenthèse unique et sans cesse renouvelée.

La vie d’un livreUn livre s’écrit, un livre se vend en librairies, un livre se lit… Et puis, grâce à un prix comme les Incos, le livre vit. Il prend une dimension inatten-due, un souffle incroyable. Il est aimé ou détesté, on en parle, on en débat. Ses héros deviennent des êtres presque réels, on a peur pour eux, on a envie de savoir ce qui va leur arriver. Les adolescents se sentent en connexion très forte avec les person-nages, l’identification prend alors tout son sens : « J’ai l’impression que Zec, il est comme moi : il a un Ipod, il discute avec ses amis sur Internet, il n’est pas sûr de passer dans la bonne classe… », « Moi aussi j’ai souvent rêvé d’avoir des ailes. Avec ce livre c’est comme si on en avait nous-mêmes… », « Comment vous faites pour vous mettre autant dans la peau d’un adolescent ? ».

Le livre trouve sa résonance chez ses lecteurs, même les plus réticents : « Au début, je ne voulais pas le lire parce qu’il est trop gros, mais une fois que je l’ai commencé, je n’ai pas pu m’arrêter. », « C’est la première fois de ma vie que je lis un livre aussi gros, mais j’avais trop envie de savoir ce qui allait leur arriver ! ».

C’est la plus belle histoire que puisse avoir un livre. Il ne prend pas la poussière sur une éta-gère sombre, il circule, ses pages se cornent, sa tranche se casse à force d’être posé à plat pour ne pas perdre sa page. Il gagne ses lettres de noblesse entre les mains des jeunes passionnés qui l’ont parcouru et aimé.

Un prix : les IncosAprès toutes ces aventures, ces lectures, ces débats, ces rencontres, ces dialogues, arrive le mois de juin. Les élèves doivent voter pour leur livre favori au printemps. C’est un moment impor-tant : c’est leur avis, leur voix, leur jugement qui est pris en compte. Ils sont les éléments essentiels de ce prix. Ils lui donnent toute sa valeur. La plus belle victoire n’est-elle pas, en effet, de toucher directement son lectorat ?

Les résultats tombent et la surprise est magique, magnifique ! Les lecteurs, par milliers, ont choisi les aventures de Zec et Eden, ils la plé-biscitent ! J’aurais aimé pouvoir les remercier tous un par un, leur faire la bise. Puisque ce n’est pas possible, je me fais une promesse secrète : écrire pour eux encore d’autres histoires qui, j’espère, continueront à les faire rêver, à les faire entrer dans le monde de la lecture par le plaisir et la pas-sion. Finalement, si j’y parviens, n’est-ce pas la plus belle des récompenses ?

L’année est passée comme un songe, un beau rêve, tout brillant des regards des collégiens croisés dans les classes ou par écrit, grâce aux échanges de mails. Je n’avais pas envie que ça s’arrête. Et c’est merveilleux, parce que ça ne s’arrête pas ! 2010/2011 est une nouvelle aventure qui s’an-nonce avec d’autres collégiens et un autre livre. Cette fois c’est Les Clefs de Babel (Syros, « Soon »), qui est sélectionné encore pour les 5e et les 4e. Ma valise est déjà prête et moi impatiente de vivre d’autres beaux moments… •

La Quête des Livres-Monde, t. 1

Zec est un adolescent comme tous les autres. Il va au lycée et espère passer en Première S. Il a un meilleur copain, Louis, avec qui il partage tout depuis la maternelle. Il est amoureux de la belle Léa qui l’ignore royalement… Bref, Zec coule des jours relativement banals jusqu’au moment où des ailes lui poussent dans le dos. Au départ toutes petites, elles grandissent chaque jour… Pourquoi des ailes ? Quel est le secret de Zec ? Il découvre qu’il vient en fait d’un monde disparu qui s’appelle Chébérith, détruit il y a des années par l’Avaleur de Mondes. La mémoire de ce monde est enfermée dans trois Livres-Monde. En les retrouvant, Zec doit pouvoir recréer Chébérith. C’est sa mission, c’est la raison pour laquelle il est sur la Terre.Commence alors une aventure extraordinaire pour Zec. Tout d’abord, il doit retrouver un autre Chébérien caché sur Terre. C’est Eden qui va l’accompagner dans cette tâche exceptionnelle. Guidés par Eyver le passeur de Chébérith, Zec, Eden et Louis se lancent dans un véritable jeu de piste qui leur permettra de trouver le premier Livre-Monde, le Livre des Âmes. Ce faisant, ils réveillent l’Avaleur de Mondes… Comment va se passer la suite de leur mission ?Ce livre avait déjà reçu le Prix Imaginales des Collégiens à Épinal, en 2009. Le tome 2 est sorti en avril 2010.

Carina RozenfeldLa Quête des Livres-Monde, t. 2 Le livre des lieuxColl. « Cinémascope »Intervista, 320 p., 15,90 €

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Avant que les enfants ne constituent les leurs, les adultes réunissent leurs propres comités de sélections afin de déterminer

quels ouvrages sont les plus appropriés, quels sont ceux qu’il est le plus pertinent de mettre entre les mains des quelques 250 000 jeunes partici-pants. Sophie Vasseur, enseignante à Amiens, a coordonné un comité de sélection pour les classes de maternelle – on recensait en 2010, pour l’en-semble des niveaux, quatre-vingt-deux comités. Retour sur ces moments d’échanges passionnés. « Le comité de sélection est vraiment une expérience très enrichissante. C’est une rencontre avec des livres mais aussi et surtout avec des gens [une quinzaine en général] autour des livres. C’est amusant de voir que les instants qui précèdent les réunions sont un mélange de tension et d’impatience. Chacun se demande si les autres membres vont avoir une sélec-tion proche de la leur ou pas, d’où une envie d’ouvrir rapidement les débats. Les discussions sont souvent animées mais c’est toujours la bonne humeur qui pré-vaut et les éclats de rire ne sont pas rares. Certaines personnes en éclairent d’autres sur le sens d’une histoire, certains proposent leur interprétation, leur regard propre sur un livre. Nous discutons bien sûr de

regarDs D’eXpertsDeux éditeurs, une bibliothécaire, une enseignante et un documentaliste, tous impliqués d’une façon ou d’une autre dans le Prix des Incorruptibles, nous ont confié leur expérience au sein des comités de sélection, ont raconté les débats animés, parfois vifs mais toujours riches autour des livres, les rencontres avec les auteurs et l’enthousiasme des jeunes lecteurs de voir « en vrai » des écrivains, la fierté de ceux-ci d’avoir conquis des enfants et de les entendre émettre des critiques sur leur livre… Voici les échos de ces entretiens.

Par Patrick de Sinety

“l’aspect physique” du livre, c’est-à-dire de son format, sa texture, ses couleurs… Si les échanges sont en général assez consensuels quand ils portent sur les illustrations, ils deviennent souvent beau-coup plus vifs dès qu’il s’agit du texte. C’est vraiment le critère qui provoque des dis-cussions très très animées. La recherche de la qualité de la langue est une préoccupa-tion majeure du comité. Mais tout le monde ne s’accorde pas toujours sur ce mot “qualité”. Certaines personnes vont davantage être marquées par une certaine musicalité de la langue, qui rend la lecture du livre à voix haute plus aisée. Par ailleurs, pour beaucoup d’entre nous le prix du livre est un élément très important. » Et aux yeux de Sophie Vasseur, qu’est-ce qu’une bonne sélec-tion ? « Elle doit témoigner du plus large éclectisme possible : dans le type d’ouvrage, dans le type des illustrations, dans la voix narrative, dans l’ouverture culturelle… »

« Un bon moment d’échange et de partage autour des livres, rendu possible par la bonne collaboration entre les ensei-gnants et les bibliothécaires du territoire ».

L’Indépendant, 19 mai 2009

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Le site Internet www.lesincos.com

Vous êtes chaque jour plus nombreux à venir consulter les informations disponibles sur lesincos.com.• Dans la rubrique « Prix 2010/2011 », vous trouverez des fiches sur chaque livre sélectionné, comprenant un résumé, des liens vers les biographies et bibliographies des auteurs et des pistes pédagogiques proposant une interprétation du texte et des illustrations, ainsi qu’une mine d’idées d’exploitations ludiques, plastiques ou théâtrales. Vous y trouverez également une liste thématique d’ouvrages, de CD et de films à découvrir en parallèle.• La rubrique « Dans votre région » présente l’actualité Incorruptibles de votre région, avec les listes départementales des inscrits, vos partenaires locaux, le calendrier des animations, les gazettes, votre revue de presse et les finales départementales.• Dans la section « Les votes », les enfants sont invités à enregistrer leur vote à la fin de l’année.• Dans la rubrique « Animations » sont exposées les animations organisées autour du Prix. Une partie est dévolue à la rencontre des auteurs et illustrateurs, une autre, intitulée « Les jeux sur le site », offre aux jeunes lecteurs de tester leur connaissance des livres Incos en répondant à un quiz. S’ils donnent les bonnes réponses, ils pourront participer au tirage au sort et gagner des livres. Un concours d’illustrations est également organisé. Au chapitre « Les carnets de lecture », les enfants ont la possibilité de noter ce qu’ils pensent de chaque titre sur des carnets. La rubrique « Les forums des Incos » se présente comme un espace de discussions où les jeunes lecteurs peuvent donner leur avis sur les livres en compétition.• Les coups de cœur par niveaux de lecture et une liste d’articles autour de la littérature de jeunesse parus dans le magazine Page des Libraires sont regroupés dans la rubrique « La littérature de jeunesse », et dans « Les comités de sélection » sont répertoriés les comités existant dans chaque région.Enfin, une lettre d’information vous est désormais expédiée tous les mois afin de vous transmettre les informations relatives au Prix. N’oubliez pas de surveiller votre boîte e-mail !

La participation au Prix suppose un fort inves-tissement et représente une expérience de taille. Frederick Quemeneur, documentaliste au collège Romain Rolland de Sartrouville livre son senti-ment : « J’ai découvert l’existence du Prix des Incor-ruptibles durant mon année de stage en 2001. Mon engagement personnel a commencé en 2003, un an après ma prise de fonction à Sartrouville, d’abord modestement puisqu’il a fallu réunir les partenaires ainsi que les crédits nécessaires. Depuis lors, j’ai toujours cherché à relever de nouveaux défis : faire participer de plus en plus de classes de niveaux très différents (jusqu’à cinq classes de 6e et 5e et un club lecture en 3e l’an dernier), inviter au moins un auteur par an, faire partie puis coordonner un comité de sélection réunissant une quinzaine de membres. Tout cela demande une forte implication personnelle, depuis la réception du colis contenant les titres pré-sélectionnés par les éditeurs jusqu’à l’annonce du palmarès national, en passant par la demande de budget qui doit être votée en Conseil d’Administra-tion. Mais quelle récompense quand un élève soutient devant ses camarades un livre dont le choix a été lui-même le fruit de débats passionnés entre adultes ! Je profite d’ailleurs de l’opportunité qui m’est ici offerte pour remercier tous les collègues enseignants qui ont bien voulu tenter cette belle aventure avec moi durant toutes ces années. »

Et pour Sophie Vasseur, qui participe au Prix pour la quatrième année consécutive, quel a été le moteur de sa participation à des comités de sélection ? « Les livres ! Faire découvrir aux élèves une sélection de livres récemment publiés. Lire des livres, parler des livres, en discuter ensemble, don-ner son avis, le confronter aux autres, apprendre des autres, apprendre à critiquer, voter et prendre plaisir à tout ça ! Avoir l’opportunité de travailler toutes ces

compétences dans un cadre national puisque le prix concerne toutes les écoles inscrites dans le pays. »

Du côté des éditeurs, qui ne participent évi-demment pas aux comités, on accorde l’attention la plus rigoureuse aux livres qui prennent le che-min de cette première épreuve, celle du regard des adultes. « J’ai tout à fait apprécié les notes de lecture critiques de nos sélections de la part des comités, déclare Dominique Korach, directrice générale de Nathan Jeunesse et jeux, et la façon de hiérarchiser la liste des textes que nous proposions. Ces critiques avaient du sens, elles étaient nourries par une lecture de fond ! Et je suis particulièrement impressionnée par le fait que l’organisation de cette sélection fasse autant lire les niveaux primaire que collège ! »

Les éditions Oskar s’at-tachent aux mêmes critères que ceux les conduisant à inscrire tel ou tel titre à leur catalogue. « Nous évitons de sombrer dans l’élitisme sous prétexte de gagner un prix, précisent-elles. Cela condui-rait le plus souvent à sélec-tionner des livres plaisant avant tout aux adultes. En revanche, nous choisissons les titres qui peuvent le mieux faire progresser les enfants et développer leur goût de la lecture » déclare Bertil Hessel. Domi-nique Korach abonde : « Chaque roman ou album que nous décidons de publier est choisi sur des cri-tères de qualité littéraire, avec la conviction qu’il touchera le public visé. Sélectionner des titres pour votre comité relève donc du défi ! Nous savons qu’il s’agit d’un comité qui proposera les ouvrages à des médiateurs du livre, à des enseignants, avant qu’ils ne soient confiés aux jeunes lecteurs, nos jurés. C’est

« Quand les enfants deviennent des critiques littéraires, cela donne le Prix des Incorruptibles ».

La Montagne, 16 mai 2009 

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donc un premier critère. Les directrices éditoriales établissent une liste de titres parus dans l’année avec un souci d’extrême exigence littéraire – sans restric-tion de genre, mais avec la conviction de l’accessibili-té sans facilités. Nous cherchons à proposer aussi une grande variété de types de lectures. De même, pour les albums, l’intelligence de la relation texte-image et l’originalité – mais toujours accessible – de l’illus-tration guident nos choix. »

Dominique Korach insiste sur son attache-ment à publier « des textes riches, pour des lecteurs qui font leurs premières incursions dans de vrais livres, à peine détachés de l’apprentissage de la tech-nique. Leur montrer que l’apprentissage de la lecture apporte ce plaisir est essentiel pour nous ! »

Une fois achevée la mission des adultes, vient l’heure des enfants. D’abord, comment réussit-on à les convaincre de lire cinq ou six livres supplé-mentaires dans l’année scolaire, afin de participer à un prix littéraire ? Documentaliste, Frederick Quemeneur est absolument dépourvu des outils que possède un professeur pour inciter sa classe, ou une partie de celle-ci, à rejoindre un comité. Il a d’autres arguments : « Les titres proposés dans le cadre du Prix des Incorruptibles ne peuvent être mis sur le même plan que les œuvres au programme. Celles-ci appartiennent en grande majorité aux classiques du patrimoine de la littérature française et internationale, même quand il s’agit d’auteurs modernes. Les ouvrages participant au Prix sont sélectionnés parmi des publications récentes (moins d’un an), leurs auteurs sont rarement recommandés par les enseignants car la plupart sont encore peu connus. Les thèmes de société abordés sont proches des préoccupations des lecteurs. L’Histoire avec un grand H est vue à travers le regard d’adolescents qui leur ressemblent. D’autre part, j’estime important que la participation au Prix ne soit pas accompagnée d’une évaluation, comme cela est souvent le cas pour les œuvres au programme. Pour que la mayonnaise prenne, les élèves ne doivent pas ressentir ces lectures comme un devoir sanctionné par une note ou une appréciation sur le bulletin » Il ajoute : « Cependant, il n’y a pas de concurrence entre deux types de lec-tures qui, au contraire, se complètent et apportent chacun leur part de culture et de plaisir. Très souvent, les enseignants de français ou d’histoire ont la possi-bilité de raccrocher certains titres de la sélection aux thèmes du programme. De plus, la lecture d’œuvres puisées dans la littérature de jeunesse s’inscrit tout à fait parmi les compétences attendues dans le cadre du socle commun. »

Maria Corazza, bibliothécaire à l'espace Paul Faraud au Plan d’Orgon, fait un constat assez proche. Débattre est avant tout un « rendez-vous avec la médiathèque. Ces rencontres deviennent très vite des moments de partage où chacun exprime son ressenti et donne sa propre interprétation de ce qu’il a lu. Tous se sentent investis d’une mission très

importante. Ces moments de partage sont riches, ils permettent de sensibiliser au livre des enfants qui ne lisaient pas jusque-là, de leur faire découvrir la lecture plaisir, de les amener à fréquenter spontané-ment la bibliothèque. Pour moi, c’est semer des petits cailloux qui laisseront des traces joyeuses dans la vie d’adulte. »

Et chez les enfants de maternelle, qui n’ont pas encore acquis la capacité de lire de façon auto-nome, que peut apporter le fait de participer à un tel projet ? Sophie Vasseur répond sans détour : « C’est primordial ! C’est un des rôles premiers de l’école maternelle : faire découvrir l’écrit et donc les livres. Faire naître l’envie de lire chez les plus jeunes enfants est un objectif majeur, dès l’entrée à l’école ; et le Prix des Incos offre un cadre original pour atteindre cet objectif. » Et l’enseignante s’em-ploie à rendre vivante et ludique cette première expérience d’affirmation de son opinion devant un public. « Nous découvrons les livres ensemble et, après un premier échange, les élèves ont la possibilité d’emporter les livres chez eux pour une période don-née. Il n’est pas rare qu’ils reviennent à l’école avec les commentaires d’autres membres de leur famille. Une fois que tous les élèves ont eu les livres à leur disposition, un second travail débute sur la critique des livres. Il peut prendre des formes variées : expo-sés pour présenter son livre préféré (avec critères de sélection), débats sur les ouvrages, par exemple. »

A p r è s u n p r e m i e r contact avec la sélection, les bibliothécaires, enseignants ou documentalistes consta-tent un changement notable de la relation des enfants au livre et à la lecture. Un chan-gement, ou en tout cas, selon Maria Corazza, « un intérêt plus grand pour la lecture. On vient plus souvent à la bibliothèque, on parle plus facilement de ses lectures, on n’hésite pas à demander conseil, les échanges sont plus faciles. Les élèves vien-nent chercher les livres de la sélection, ils les relisent pen-dant les vacances. Ce sont des choses importantes pour un certain nombre d’entre eux. Il me semble que c’est avant tout primordial pour eux de porter un projet avec tous leurs camarades, de savoir que son choix est central. »

Pour prolonger cette réflexion sur le rapport des enfants au livre, Frederick Quemeneur revient sur l’aspect extrêmement stimulant, pour un jeune lecteur, de s’investir dans un débat critique, de se forger son opinion et de gagner une certaine confiance en soi, de construire un discours et de le

« Chaque année, grâce aux Incorruptibles, les enfants abordent de nouveaux sujets, de nouveaux thèmes sur lesquels travailler. Pour certains enfants, peu habitués, c’est aussi l’occasion de rentrer dans une médiathèque et de désacraliser le lieu ».

Paris Normandie, 8 avril 2008

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nourrir d’arguments aptes à convaincre ses cama-rades. « Les élèves participent au Prix avec toute leur classe – le choix des classes dépendant de l’ensei-gnant de français qui désire participer à l’aventure à mes côtés [rappelons que Frederick Quemeneur est documentaliste]. Ainsi, sont touchés des élèves qui, au départ, n’auraient jamais envisagé de participer à une telle activité. Ils se laissent petit à petit prendre

au jeu, entraînés par les bons lecteurs de la classe. Il arrive souvent que ce soit ces mêmes élèves qui, l’année suivante, réclament que leur classe participe au Prix et manifestent leur déception si ce n’est pas le cas ! Suite à la présentation des livres aux élèves, il n’est pas rare que les premiers choisis soient aussi les plus courts. Ces réticences ne durent générale-ment pas longtemps. Au bout du compte, si le thème touche le lecteur, peu importe la longueur du texte. L’aspect national du Prix est également un élément moteur. Le dépouillement des votes réunissant plu-sieurs classes est toujours un moment très fort, sans parler de l’annonce du palmarès en juin, attendu avec impatience par un public qui a pris fait et cause pour

son livre préféré. Néanmoins, je reconnais qu’il est parfois difficile, surtout en 3e, de mener l’action à son terme avec une classe entière. L’importance du pro-gramme, la préparation au Brevet font que la lecture plaisir passe souvent au second plan. Dans ce cas, je fonctionne avec des élèves volontaires sous forme de club-lecture. »

Stimulant aussi, le fait de recevoir un auteur. Tous s’accordent à dire que c’est un moment culminant dans l’existence des jurés. Maria Coraz-za : « Recevoir un auteur reste le moment le plus fort. Quand vous leur annoncez que tel ou tel écrivain va venir, leur étonnement est toujours surprenant. “Ah oui ! Mais en vrai ?” “Un écrivain !? Il est célèbre ? On peut lui demander des autographes ?” Bref !, c’est l’enthousiasme sans frein. » Et Frederick Queme-neur : « Je me souviens encore de cet élève de 4e, stu-péfié d’apprendre qu’il allait rencontrer un écrivain “encore vivant” !». « Le choix de l’auteur à contacter ne relève en aucune manière du hasard : il s’agit tou-jours de celui dont le livre semble avoir le plus grand succès lors du premier échange, vers la mi-octobre. Cette méthode s’est toujours avérée payante, car, motivés par la perspective de rencontrer leur auteur favori de la sélection, les élèves s’impliquent à fond dans la préparation de la rencontre. Il s’agira peut-être du seul écrivain qu’ils rencontreront durant toute leur scolarité. Les enfants sont souvent éton-nés lorsque l’auteur se retrouve face à eux. Ce n’est plus seulement un nom sur une couverture, mais une personne bien vivante, expliquant la genèse de son livre, ce qui l’a inspiré, ses rapports avec l’éditeur, l’illustrateur, etc. Mais pour que la rencontre soit

Lisette Carpette

Lisette Carpette est une association lilloise qui existe depuis trois ans. Pour le lancement du Prix des Incorruptibles dans la région et grâce à la complicité d’une dizaine d’autres associations, une journée s’organise à Lille pour les professionnels du livre et de la lecture le 10 novembre 2010. Nous tenons à remercier la Région Nord Pas-de-Calais, la DDCS du Nord et la Fondation du Crédit Mutuel pour la Lecture, par le biais du correspondant régional Crédit Mutuel Nord-Europe, pour leur formidable soutien à cette manifestation. Compte-rendu dans le numéro de Page spécial Éducation de mars 2011 !Lisette Carpette conçoit et anime des tapis de lecture thématiques. Des cachettes, des surprises, des personnages en tissu sont l’occasion de créer une histoire globale ou de tisser un lien entre les albums. Le travail autour d’un thème permet, d’une part, d’inclure des comptines – du répertoire des enfantines pour les plus jeunes –, des jeux de doigts ; d’autre part, d’adapter les bibliographies à différentes tranches d’âge et de créer des animations spécifiques pour chacun.Dans le cadre des animations, Lisette Carpette va à la rencontre du public. La prestation se déroule en deux temps : d’abord, la lectrice anime le tapis, lit les livres, enfants et parents sont alors spectateurs. Ensuite, les petits sont invités à venir sur le tapis et bien sûr à re-découvrir les livres. Il est amusant de constater que si les enfants se précipitent d’abord sur le tapis, très vite, ils vont chercher les livres qu’ils peuvent manipuler librement : seuls, avec la lectrice, ou bien sûr avec les parents !S’il s’agit bien d’une manière ludique d’amener la lecture autour d’un petit espace (qui devient alors « espace scénique »), l’intérêt principal réside dans la proximité avec le public et la possibilité que petits et grands s’approprient les livres. D’ailleurs, que ce soit lors de la conception, pendant les animations ou au cours des formations (destinées à la fois aux professionnels, mais aussi aux parents, dans le cadre de structures telles que des centres sociaux, des bibliothèques, etc.), le livre reste à la fois le point de départ et l’axe central. Il s’agit bien de créer un support autour des albums.Enfin Lisette Carpette se sentirait bien seule sans le collectif animalivre qui permet aux acteurs du livre jeunesse de se retrouver, de partager leurs expériences et même de créer ensemble.Lisette Carpette : www.lisettecarpette.com

Marion Cailleret

«Apprendre à aimer lire n’est pas si compliqué que cela : il suffit d’être incorruptible… et compétiteur ! ».

Dernières Nouvelles d’Alsace, 2 juillet 2010

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un succès, une préparation sérieuse est nécessaire. En plus de réunir une avalanche de questions, les élèves effectuent des recherches sur les thèmes abor-dés dans l’œuvre, et réalisent des travaux qui seront exposés au CDI et présentés à l’auteur. Ceux-ci sont de nature très variée, allant du simple panneau à la représentation grandeur nature et en trois dimen-sions des personnages du roman. Cela permet aux lecteurs d’avoir une approche concrète de l’œuvre. »

Quant à la responsabilité qu’implique le fait de participer à un jury littéraire : « Les prix lit-

« Carte officielle d’électeur fournie, bulletin de vote en main, signature de la liste d’émargement et dépouillement, les enfants ont pu se faire une idée du vote et assumer leur devoir d’incorruptible ! »

La Montagne, 3 mai 2010

téraires sont nombreux en France, souligne Frede-rick Quemeneur, et leur retentissement médiatique important. Le Prix des Incorruptibles a gagné depuis son lancement, il y a déjà 22 ans, une place en vue parmi eux. Dès le démarrage de l’action, l’accent est mis sur son aspect national. Savoir que toute voix exprimée, quelle que soit son origine, a la même valeur, accorde à chacun un rôle valorisant. Cette “mission” est prise très au sérieux par les enfants, jusqu’au vote final au cours duquel chacun défend son choix et attend avec impatience l’issue du dépouille-ment. Et quelle satisfaction se lit dans les regards quand le palmarès national correspond aux vain-queurs locaux ! »

Non moins stimulant, le vote, ce fameux temps fort du vote. « La perspective du vote, annoncée dès le début du projet, est un élément moteur pour tous les élèves, dit Sophie Vasseur. Ils savent dès le début que c’est leur avis qui comptera. C’est une expérience souvent inédite et très valorisante. »

On l’a dit tout à l’heure, pour un auteur, être sélectionné par les comités Incorruptibles, c’est une sorte de consécration… et souvent un gage de succès. Les éditions Nathan se sont, par exemple, beaucoup réjouies du succès des Baisers de Mlle Zazie (ex-æquo pour les niveaux CP en 2009-2010). « L’univers de Mlle Zazie est très fort et le succès de cette série me ravit particulièrement. Les textes de

« Ouverte à tous les publics, la Fête du livre vivant, propose à la fois des ateliers ludiques autour de la lecture, des rencontres avec des auteurs et des éditeurs “ jeunesse ” ainsi que des spectacles mettant en scène les histoires de la sélection du prix des “ Incos ” ».

Midi Libre, 9 juin 2010

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Thierry Lenain sont à la fois totalement imprégnés d’une grande connaissance des modes de relations enfantines, et plein d’humour, et toujours très exi-geants. Je ne vous étonnerai pas en disant qu’ils provoquent une belle réflexion sur les rapports entre filles et garçons, renouvelée à chaque album. La mise en scène artistique avec l’illustration de Delphine Durand est dans la même tonalité : de l’humour, des clins d’œil, une expressivité des personnages, des couleurs attachantes, et tout cela avec une patte totalement nouvelle, originale et qui peut sembler difficile à décoder. Ce travail du duo auteur et illus-tratrice permet une lecture à plusieurs niveaux : on peut prendre du plaisir en restant en surface, mais on revient sur l’histoire et l’illustration pour découvrir plus. » Plus précisément, sur la destinée d’un livre intégrant la sélection du Prix : « Bien entendu, sou-tient Dominique Korach, le Prix a une forte influence sur la notoriété d’un livre et de ses auteurs. Les uns et les autres gagnent en visibilité. Plus un livre est lu, plus on en parle, plus le bouche à oreille fonctionne entre lecteurs. Par ailleurs, les comités de sélection approfondissent leur exploration du livre primé, et c’est une belle garantie de qualité pour les libraires qui peuvent en toute confiance recommander l’ou-vrage. Il y a donc un double impact : auprès du cercle des lecteurs eux-mêmes et auprès des médiateurs de la lecture. Cette forte mise en avant aide à faire émerger des titres qui, ensuite, se défendront par leur qualité intrinsèque. Ces textes deviennent du fonds soit par le biais de la prescription généralisée des enseignants, des libraires, soit par l’attachement à une série des lecteurs eux-mêmes. » Bertil Hessel fait un constat similaire : « Le Prix nous permet d’être en contact avec des milliers d’éducateurs et des dizaines de milliers d’enfants dans un cadre éducatif. Il impose de respecter un équilibre entre d’une part le point de vue des enseignants et des documentalistes et d’autre part celui des enfants. Cela cadre parfaitement avec nos objectifs éditoriaux. » Et pour les auteurs ? « Le sérieux du comité de sélection rend de toute façon prestigieux le fait d’être “élu”. Et puis c’est la pro-messe d’être lu par un large public d’enfants, ce qui

« Carte officielle d’électeur fournie, bulletin de vote en main, signature de la liste d’émar-gement et dépouillement, les enfants ont pu se faire une idée du vote et assumer leur devoir d’incorruptible » !

La Montagne, 3 mai 2010

« J’écris pour les enfants. C’est un véritable plaisir de les rencontrer et d’avoir leur impression sur mon travail ».

Véronique Delamarre pour Le Secret de grand-oncle Arthur. Dernières nouvelles d’Alsace, 9 avril 2010.

La parole aux enfantsIncorruptibles du collège Jean Deconinck, Saint-Pol-sur-Mer

« Le Prix des Incorruptibles, ça donne envie de…  poursuivre les lectures ». Élise Wicke, 3e

« Le Prix des Incorruptibles, c’est amusant parce que… il y a du défi ».Steven Fredryck, 4e

« Le Prix des Incorruptibles, c’est important parce que… ça apporte de la satisfaction personnelle ». Angélique Andrieux, 3e

« Le Prix des Incorruptibles, ça se vit avec…  passion ». Oumie Mlowa, 3e

« Le Prix des Incorruptibles, ça demande de...  l’imagination ». Abdel-Kader Merine, élève de 4e

ne peut qu’enthousiasmer les auteurs, pour qui rece-voir le prix est une ultime reconnaissance. » La recon-naissance, c’est aussi ce qui ressort des réponses de Bertil Hessel : cela permet à l’auteur de passer une année scolaire à visiter des classes, à parler aux élèves, à être en contact avec son public, ajoute l’éditeur. L’auteur termine son année avec plein de nouvelles idées… Pour l’auteur, je pense que l’apport essentiel est, à juste titre, la fierté d’être reconnu par le plus représentatif des jurys, à savoir des dizaines de milliers d’enfants. Pour l’au-teur du Grand-oncle Arthur, Véronique Delamarre, c’était d’autant plus important que ce titre était son deuxième ouvrage. » Disons-le tout net aussi, pour Bertil Hes-sel, le Prix « dynamise toute l’équipe. Oskar est une mai-son récente (nous fêtons nos cinq ans d’édition jeunesse en novembre 2010), alors une telle récompense rassure tout le monde ! »

Une dernière chose, en guise de conclusion : les livres jeunesse sont soumis à la critique de nombreux professionnels et médiateurs du livre. Le point de vue des enfants peut-il avoir une quelconque influence sur des choix éditoriaux ? « Il faut à tout prix respecter un équilibre entre le point de vue des enfants et celui des professionnels du livre, répond Bertil Hessel. Ne faire que suivre les goûts immédiats des enfants reviendrait à abandonner le point de vue éditorial. D’un autre côté, aller simplement à la remorque des jugements des pro-fessionnels les plus influents risquerait de nous enfermer dans une véritable citadelle éditoriale plus marquée par l’autocongratulation que par le sens de l’éducation. Au total, le Prix des Incorruptibles représente parfaitement

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