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128 rue du Bourg Belé 72000 Le Mans - Tél 02 43 28 31 30 / Fax 02 43 28 38 55 - E-mail : all.jazz @ wanadoo.fr - Site : www.allumesdujazz.com Les Allumés du Jazz N° 9 - 4ème trimestre 2003 Page 1 Gratuit (free) N°9 La propriété et le vol Les nouveautés et L’île noire Clic Clac Ornette Coleman Musiciens voyageurs A écouter les disques en promo 24 heures de musiques au Mans P. centrale Henri Texier au cours du Temps ... Beggar's banquet P. 2-3 P. 4-5 P.7 P.8 - 9 P.20-21 P.16-17-18-19 Mongolie, aéroport d’Oulan - Bator 6 juin 2000 GLQ Magnum Thierry Madiot Errobiko Festibale - Itxassou - Pays Basques 19 juillet 2003 GLQ Magnum Henri Texier Centre culturel français, N’Djamena, Tchad 23 février 1990 GLQ Magnum L’intermittence en danger P. 6

9 Maquette 24 p. - Les Allumés du Jazz

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128 rue du Bourg Belé 72000 Le Mans - Tél 02 43 28 31 30 / Fax 02 43 28 38 55 - E-mail : [email protected] - Site : www.allumesdujazz.com

Les Allumés du Jazz N° 9 - 4ème trimestre 2003 Page 1

Gratuit (free)

N°9

La propriétéet le vol

Les nouveautéset L’île noire

Clic ClacOrnette Coleman

Musiciens voyageurs

A écouterles disques en promo24 heures demusiques au Mans

P. centrale

HenriTexier au coursdu Temps...

Beggar's banquet

P. 2-3

P. 4-5

P.7

P.8 - 9

P.20-21

P.16-17-18-19

Mongolie, aéroport d’Oulan - Bator 6 juin 2000 GLQ MagnumThierry Madiot Errobiko Festibale - Itxassou - Pays Basques 19 juillet 2003 GLQ Magnum

Henri Texier Centre culturel français, N’Djamena, T chad 23 février 1990 GLQ Magnum

L’intermittence en danger

P. 6

Les Allumés du Jazz N° 9 - 4ème trimestre 2003 Page 2

L A P R O P R I É T É E T L E V O L

p a r J e a n - J a c q u e s B i r g é

Dans toute la presse nous lisons des articles concernant l'ef-fondrement de la vente des disques et le piratage sur Internet,les droits d'auteur et le copyright, l'exception culturelle et lestatut des artistes… Ce sont évidemment les signes de l'évolu-tion rapide d'un marché en difficulté, ou du moins qui secherche dans l'attente d'un rééquilibrage des forces en pré-sence. Parallèlement à ces sornettes d'alarme, il est urgent dequestionner l'objet qui nous occupe, la musique elle-même,et les supports qui la véhiculent.Ne vous attendez pas à trouver sous ma plume des solutions.Il s'agit de répertorier les questions qui se posent et de propo-ser quelques éléments d'analyse qui permettraient de dissipercertaines rumeurs, idées préconçues, approximations stérileset fausses vérités. La tentation est forte d'adhérer tantôt à la loi ,tan-tôt à la révolte, et, le plus souvent, à une forme paradoxale quiadopte tant l'une que l'autre, de manière plus ou moins cou-pable. Jouons donc, le temps de cet article, aux gendarmes etaux voleurs, en interprétant tour à tour l'un ou l'autre rôle.

Quelles sont donc les forces en présence ? D'un côté, nousavons l'industrie culturelle, à juste titre inquiète pour son ave-nir, obmnubilée par la loi duprofit et, par là même, inca-pable de découvrir les créa-teurs du patrimoine futur.D'un autre, nous avons lesconsommateurs, paradoxale-ment appelés " l'audience ",dont le nombre importe plusaux décideurs que la qualité deleur écoute. La troisième caté-gorie représente les artistes,dont la passion originelle peuts'entendre petit à petit étouf-fée par les contingences maté-rielles qui les font passer rapi-dement de la vie à la survie.

Avec cette introduction, nouspouvons déjà entrevoir que lesintérêts des uns ne coïncidentpas forcément avec ceux desautres. Pourtant, tout commu-nique, et certaines révolutionsinéluctables pourraient biensonner le glas de certainesstructures de production tan-dis que d'autres verront leurstatut perdurer dans l'instabi-lité et la recherche permanen-te d'un équilibre précaire. Quirestera vivant dans la redistri-bution des cartes qu'imposenttant les nouvelles technologiesque la politique ultralibéraled'un capitalisme plus arrogantque jamais ? Quels seront les futurs acteurs de la scène cultu-relle à l'heure de la dématérialisation des supports et de lastandardisation des œuvres ? Quelle résistance les artistes nonanglophones pourront-ils opposer à une mondialisation quemême les américains ne contrôlent plus ?

PAVILLON NOIR

Il est d'abord important de préciser que les bouleversementsqui touchent l'industrie du disque n'ont pas forcément lesmêmes incidences sur les cinq majors qui représentent 80%du marché (par ordre de taille : Universal, Sony, EMI, AOL-Time Warner, BMG) que sur les petits labels indépendants. Jeveux par exemple parler du piratage par copie mécanique desœuvres. Il est indispensable de ne pas confondre d'une part lepiratage organisé, qui est de l'ordre de la contrefaçon indus-trielle, tel qu'il se pratique, entre autres, en Asie, en Afrique duNord, dans les pays de l'Est, en somme sur des territoires quin'ont pas les moyens de s'offrir ces marchandises à leur prixprohibitif, et qui pressent, par centaines de millions, desclones des disques originaux, et d'autre part, le piratage d'unlycéen qui se fait de l'argent de poche en copiant illégalementsa discothèque, encore moins des jeunes gens qui récupèrentsur Internet des fichiers compressés au format MP3 de chan-sons qu'ils n'auraient pas l'occasion de connaître ni d'acheterde la manière légale et encouragée. Rappelons que la questions'était déjà posée il y a une quinzaine d'années avec la démo-cratisation de la cassette audio ; en France la réponse fut detaxer les cassettes vierges, comme aujourd'hui le sont presquetous les supports permettant le copillage. Nous savons égale-

ment que de très nombreux pirates continuent à acheter desdisques. Ici, les casseurs sont souvent les payeurs ! En écoutantdes morceaux sur Internet grâce à des logiciels tels Kazaa, Neo,Limewire ou mlMac, ils découvrent de nouveaux horizonsmusicaux ou dénichent des enregistrements rares voire inéditsque leur passion les pousse à se procurer coûte que coûte (lesvinyles pirates pouvaient déjà valoir une petite fortune).

Les médiathèques municipales sont pourtant des lieux formi-dables où l'on emprunte des disques pour les écouter chez soiet qu'on peut garder quelques semaines pour un tarif d'abon-nement annuel dérisoire (30 Euros à Paris). Cela peut évidem-ment occasionner des copies illicites, mais on n'empêcherajamais ces pratiques par l'interdiction et la répression. La jeu-nesse a toujours trouvé son compte à gentiment désobéir auxlois qu'elle trouve inadaptées à son statut social. Prenons pourexemple la consommation de cannabis qu'aucune loi n'a puenrayer tant l'hypocrisie législative est flagrante en face dutabac et de l'alcool. La mise en place de codes de protectionqui limite la copie de certains CD et en interdit la lecture surun ordinateur est tout aussi illégale (le droit à la copie privéedans le cadre familial) que vouée à l'échec (ces CD sont illi-sibles sur ces mêmes ordinateurs, nouvelles platines de lectu-re appelées à remplacer les classiques appareils dédiés).

Si l’on veut moraliser le public, il faut que les industriels et lescircuits de distribution commencent par montrer l'exemple

(paradoxalement, la baisse de 25 à 30% décidée par UniversalUSA met les indépendants gravement en danger). Un disquevendu 7 euros par le producteur à son distributeur arrive àplus de 20 euros dans les bacs (le diffuseur fait la culbute,après avoir imposé des remises qui lui servent à payer ses fraisde fonctionnement) ! Plus on s'éloigne de la fabrication, plusles marges s'agrandissent. Cette progression quasi logarith-mique est évidemment fatale à la création. Imaginez ce quireste pour payer les artistes ! On ne pourra pas imputer lafaute à la seule TVA, en effet scandaleuse. La musique commele cinéma sont taxés à 19,6%, contrairement à la littérature età la restauration, qui bénéficient du taux réduit de 5,5%. Leproblème est encore plus crucial avec les logiciels informa-tiques qui atteignent des prix exorbitants. Vendre une mise àjour (obligatoire, nouveau système oblige) 1000 euros et plus,n'est-ce pas du pousse-au-crime ?

Si l'industrie phonographique connaît une baisse considé-rable de son chiffre d'affaires, ce ne sont pas les mêmes causesqui handicapent les produits de grande consommation et lesproductions indépendantes. On pirate Madonna ou Eminem,mais qui s'intéressera à copier un morceau d'Un DrameMusical Instantané ou de l'Arfi, d'Ornette Coleman ou CarlaBley ? Déjà, le type même des œuvres, leur format, s'y prêtentbeaucoup moins. Que ce soit pour le copier illégalement ou enen payant le téléchargement sur un site Internet tel celuid'Apple avec son logiciel iTunes, le format chanson et sonmode de commercialisation sont parfaitement adaptés à cenouveau mode d'accès à la musique qu'on dit " en ligne ". Lemarché des variétés repose sur des tubes, des " hits ", qui ser-vent à faire vendre des albums dont les auditeurs se rendent

bien compte que la majorité des titres servent de repoussoirou de remplissage. Alors, autant acheter uniquement le mor-ceau qui leur plaît, voire le copier hors-la-loi. Les productionset les artistes qui mettent tout leur cœur à sortir de vraisalbums cohérents du début à la fin échapperont plus facile-ment, du moins dans un premier temps, à ce glissement iné-luctable vers la dématérialisation des supports.

Dans un avenir assez proche, les albums disparaîtront en tantque disques matériels, on achèterait la musique sur Internet(ou sur ce qui lui succédera) et on l'écouterait chez soi sur denouveaux appareils conçus pour cela. On téléchargerait leslivrets et les images que l'on pourrait imprimer à sa guise, ousuivre sur son écran ce qui les remplacera. Les téléphones por-tables vont se développer en ce sens. Pour les amateurs d'ob-jets, qui aiment les tenir en mains, il suffira d'inventer de nou-veaux " emballages ", beaux et infalsifiables, de vrais objets avecun pouvoir d'attraction. Il est certain que le CD dans son boîtiercristal n'a jamais suscité de fascination chez les collection-neurs, comme le furent les pochettes de 33 tours par exemple.

PRODUITS DU TERROIR

On pourrait penser que les multinationales de l'industrie pho-nographique risquent de laisser laplace à de nouveaux magnatsconstitués par ceux qui détien-

nent les tuyaux par où passe leflux musical, à savoir les fournis-seurs d'accès à Internet. Sony etUniversal disparaîtraient au pro-fit de Wanadoo (France Telecom)ou Club-internet (MatraHachette)! Mais quatre des cinqmajors ont déjà un pied dans laplace, et leurs ventes de DVD seportent très bien, merci pourel les ! Citons également lesconstructeurs de matériel infor-matique qui y trouvent parfaite-ment leur compte. Alors, quellesrépercutions y aura-t-il sur lesproducteurs indépendants ?Cela ne changera pas grandchose aux difficultés des artisansque nous sommes. Nous nousadapterons peut-être plus facile-ment que les multinationalesqui ont des structures énormeset engrangent des profits consi-dérables. Pour nous, le dangerest ailleurs. Après avoir assassinédans les faits les petits dis-quaires, les grandes surfacesdites culturelles ont réduit lechoix des œuvres proposées, etce faisant, se sont mises à leurtour en danger face à la grandedistribution des hypermarchés.Le déréférencement automa-tique a considérablement réduit

le choix (à partir d'un seuil minimal d'exemplaires vendusl'ordinateur central exclut les labels qui ne vendent pas assez).L'incompétence grandissante des vendeurs ne fait plus la dif-férence avec un magasin virtuel tel cdiscount.com. AuxAllumés du Jazz, nous avons choisi de nous grouper, de noustourner vers la vente par correspondance et les circuits alter-natifs, et nous ouvrons maintenant notre site qui permettra derayonner à l'étranger, en nous battant avec le seul élémentdont nous disposons, la musique.

Aussi, si chacun accuse une baisse dramatique de ses ventes,les causes ne sont pas forcément les mêmes, ni bien identi-fiées. La frilosité des multinationales du disque à signer dejeunes artistes ne pousse pas à découvrir de nouveaux talentsqui seront un jour les " locomotives " de demain. La standar-disation des produits, à laquelle la concentration des maisonsde disques n'est pas étrangère (le chiffre de cinq majors pour-raient encore se réduire après l'éventuelle fusion de BMG etWarner), empêche la révélation d'auteurs différents. Ainsi,l'avant-garde est un concept qui a fait long feu. La promotiond'artistes Kleenex qui ne durent qu'une saison ne permet pasde prendre le temps pour imposer des musiques nouvelles àun public plus apte à reconnaître qu'à connaître. Le manqued'ambition artistique de ces multinationales leur est fatal.Nous savons pourtant qu'il n'est de plus grand risque que den'en prendre aucun ! Les nouveaux talents sont d'abord signéspar un petit label qui sait qu'il devra les vendre plus tard à unemajor qui, elle, aura ses entrées à la télévision. Mais la deman-de étant de plus en plus orientée par les services de marketing,il y a de moins en moins de place pour des auteurs authen-tiques qui font fi de la mode, quitte à la créer plus tard. On va

Le JourLa mort aura été la grande vedette de l’été 2003. Mort en Irak, mort en Palestine, mort au soleil, mort par les flammes, mort d’uneactrice, et pour fêter notre retour au travail, les médias annonçaient la mort du disque. Comme dans toute affaire, les boucsémissaires furent un peu légèrement nommés : gamins pirateurs, téléchargeurs, prix du disque en oubliant un peu vite les carences

Festival Internationale du son Palais des Congrès 9 mars 1979 GLQ Magnum

de revival en revival. Les dernières révolutions remontent àplus d'une dizaine d'années avec les mouvements techno etrap. La méconnaissance de la langue anglaise permet de faireavaler des inepties insipides aux auditeurs du monde entier,cette même méconnaissance fait rater le train du rap à bonnombre. Il eut été astucieux de sous-titrer les clips à la télé,histoire de permettre de trier le bon grain de l'ivraie. On peuttoujours rêver. L'esprit critique n'est pas une qualité trèsrecherchée de nos jours ! On est dans le consensuel, le politi-quement correct, l'universalité, l'exhaustivité, ce qui n'est pasle propre de cet article, j'en conviens ! Nous sommes loin du " parti pris ". Et la création de grande consommation s'épuise,et l'industrie du disque se casse la figure, en essayant de faireporter le chapeau à des phénomènes extérieurs à leur proprepolitique…

AUX ARMES MUSICIENS

Du côté des indépendants, ça ne va guère mieux mais nous enavons pris l'habitude depuis longtemps. Il y a des amateursqui continuent à se passionner pour ces professionnels quiont gardé l'amour comme fond de commerce. L'amour de sonmétier et du travail bien fait, un travail d'artisan, un travaild'amateur, de celui qui aime, la passion qui permet de tenirmalgré les périodes de vaches maigres. Nous savons que lesœuvres que nous produisons sont millésimées, le secret est detenir longtemps. Nos catalogues restent disponibles, mêmetrente ans plus tard, pas de disque au pilon ! Les ventes sontcatastrophiques mais nous ne les imputons pas aux cousinsdu Net. Les disquaires n'ont que faire du jazz et de ses avatarseuropéens, pas assez de volume de vente, à peine 5 % du mar-ché ! Il est bien loin le temps où l'on vendait 1000 exemplairesdans le premier mois d'une nouveauté de musique " bizarre ",celui où la Fnac nous offrait gracieusement une de ses vitrinespendant des mois… Ne soyons pas nostalgiques puisque noussommes toujours vivants, ce n'est pas le cas de tout le monde ;chaque année des labels mettent la clef sous la porte tandis que semontent de nouvelles structures de production.

Les disques sont trop chers, trop nombreux, trop semblables,les magazines musicaux trop consensuels, les rubriques de lapresse généraliste trop réservées, mais il y a pire, et ce pire estnotre œuvre. La gangrène nous a gagnés, nous avons à notretour perdu toute ambition, celle de changer le monde, de pen-ser de nouveaux espaces, de nouvelles formes. Si nous vou-lons résister à l'industrialisation, l'uniformisation, la mondia-lisation, la mode et ses chimères, nous n'avons d'autre solu-tion que d'inventer. Il nous faut inventer de nouveaux objets,de nouvelles musiques, rendre perceptible l'invisible, surtoutne pas nous retrancher dans la morosité ou l'intégrismefaciles, mais nous battre avec nos armes, celles de l'imagina-tion et de la création, défendre les acquis qu'on tente de nousarracher alors qu'ils ont été conquis de haute lutte. Il esttemps de les recenser : défense des droits d'auteur, extensiondu spectacle vivant, statut des intermittents, solidarité inter-professionnelle, appropriation des nouveaux supports...

SOIGNE TES DROITS

Commençons par les droits d'auteur, vaste sujet autourduquel circulent les bruits les plus étranges, qui suscitemaintes questions et mérite quelques explications.En France, même si la SACD (Société desAuteurs et Compositeurs Dramatiques)gère les formes dramatiques et audiovi-suelles (opéra, ballet, création radiopho-nique…), la musique dépend essentielle-ment du répertoire de la SACEM (Sociétédes Auteurs, Compositeurs et Éditeurs deMusique). Avec la SCAM (Société Civile desAuteurs Multimédia), plus axée sur le docu-mentaire et le multimédia, elles sont regrou-pées au sein de la SDRM (Société pour l'ad-ministration du Droit de ReproductionMécanique) qui délivre les autorisations dereproduction et perçoit les droits corres-pondants. Les producteurs qui font presserdes disques payent des droits à la SDRM quiles reverse aux différentes sociétés d'au-teurs. Depuis la loi de 1985, les droits voisins(interprètes, producteurs de phono-grammes et de vidéogrammes) sont géréspar d'autres sociétés (SPEDIDAM et ADAMIpour les premiers, SCPP et SPPF pour lesseconds). Ces sociétés sont mandatées pourpercevoir au nom des artistes qui y adhè-rent, et répartir ces sommes en fonction deleur exploitation.Il est important de signaler que le droitmoral est perpétuel et incessible. L'auteurpeut ainsi faire prévaloir l'intégrité de son

œuvre. Contrairement au copyright américain qui permet lacession pour une somme définitive, les droits d'auteur protè-gent la propriété de l'artiste qui conserve le " final cut " advitam eternam, et même plus, puisque les droits sont reversésaux ayant-droits 70 ans (plus les années de guerre) après ledécès de l'auteur !

Lorsqu'on est un compositeur atypique, il est indispensablede faire évoluer les statuts de la société dont nous faisons par-tie (comprenez-moi bien, la SACEM c'est nous) pour pouvoirpercevoir les sommes qui nous sont dues, et éventuellementêtre protégés contre toute atteinte à nos droits. J'écris " éven-tuellement " parce qu'il n'est pas très lucratif de plagier nosmusiques contemporaines ! Je raconterai ici mon propre par-cours d'obstacles. A mon adhésion en 1975, j'ai commencépar refuser le statut particulier de compositeur électroacous-tique, dénomination réductrice sous prétexte de non dépôtd'une partition traditionnelle (avec Gorgé nous avions gri-bouillé des petits dessins). Ensuite j'ai dû passer un examende cosignature pour avoir l'autorisation de cosigner à deux(cet examen n'existe plus). Pour pouvoir cosigner à trois, avecBernard Vitet et Francis Gorgé, nous avons dû passer un exa-men de groupe ! Il est aujourd'hui plus facilement admis decosigner. Nous avons aussi fait accepter le statut d'improvisa-teur de jazz, qui permet de percevoir sans le dépôt d'une par-tition, mais attention, cela ne permet aucune protection deces musiques. Avec la multiplication des œuvres électro-niques, il est devenu courant de déposer une cassette ou unCD plutôt qu'une partition, mais, même topo, pas de protec-tion sans dépôt papier. La SACEM est une vieille dame qui nedemande qu'à s'adapter aux nouvelles formes musicales.Après ponction de 15,1% des sommes perçues pour frais degestion, la Société reverse leurs droits aux auteurs, composi-teurs, éditeurs (1/3 chacun) ; en l'absence d'un de ces prota-gonistes, les sommes sont réparties équitablement entre lesautres), mais attention là aussi, " on ne dépense pas des francspour toucher des sous ", il est donc parfois difficile pour despetits de percevoir facilement ce qui leur revient. Les réclama-tions sont parfois nécessaires. Je ne souhaite certainement pastirer à boulets rouges sur la SACEM qui m'a permis d'acheterma maison grâce à mes droits. Il est plus malin de la défendrevis-à-vis de l'extérieur, et de se battre à l'intérieur pour la fairechanger. Certaines campagnes de presse sont télécomman-dées par des lobbys qui auraient tout intérêt à voir disparaîtrela société qui nous protège. Le système du forfait, comme lecopyright, est une façon de nous barboter nos droits, il suffitde l'inclure contractuellement aux sommes fixes négociées !

Une part importante de la perception est appelée “irrépartis-sable”. Ces sommes non versées pour de multiples raisons(perception générale non nominale, auteurs non identifiés,etc.) sont soit reversées au prorata des sommes déjà perçues(là, c'est franchement immoral), soit versées aux fonds d'ac-tion culturelle ou sociale. Le fonds d'action culturelle tente derétablir un équilibre avec des musiques qui n'ont pas l'au-dience qu'elles méritent mais qui assurent heureusement lerenouvellement du patrimoine, en soutenant la création soustoutes ses formes. Jeunes artistes de variétés, spectaclesvivants, festivals, disques (MFA), formation, audiovisuel, com-positeurs de jazz, contemporains, improvisateurs, etc. peu-vent bénéficier d'aides spécifiques. Notre Journal des Allumésdu Jazz reçoit d'ailleurs un soutien conséquent de la SACEM,dont le site regorge d'informations : www.sacem.fr

SUR TOUS LES FRONTS

Rappelons aussi que toute utilisation du moindre extrait dansune œuvre nouvelle est sujet à demande d'autorisation. Latolérance des huit mesures est un mythe. L'échantillonnageest interdit sans autorisation, quelle que soit sa durée. On peutnéanmoins s'interroger sur son utilisation. De tous temps, lescompositeurs se sont inspirés, ou ont cité, des œuvres anté-rieures. Il n'y a pas de génération spontanée. Il y a une diffé-rence entre un emprunt dans une création qui le transformeradicalement pour faire œuvre, et un plagiat ou la reproduc-tion pure et simple d'un sample (en français " échantillon ")qui serait utilisé dans le même esprit que l'original. Tout celase plaide , et il y a une tolérance si l'on peut prouver que l'ori-ginal est lui-même un emprunt.

Dans Le Monde Diplomatique de septembre 2001, JoostSmiers se demande si le droit d'auteur ne spolie pas lesartistes du tiers-monde et ne gèlent pas la création. C'est unequestion extrêmement intéressante qui méritera qu'on yrevienne. Mais il est toujours dangereux d'attaquer un systè-me protecteur sans en mettre en place un nouveau, plus juste.Ces derniers temps, on peut voir le MEDEF (avec l'aval dugouvernement, impuissant et incapable) tenter de saccager lerégime des intermittents, certes critiquable en l'état (il pour-rait être amélioré et étendu à d'autres professions précairestelles que photographes, graphistes, écrivains, etc.), en propo-sant une réforme catastrophique qui risque de faire reculerconsidérablement la création dans notre pays.

Il est aussi nécessaire de soutenir le spectacle vivant qui estune saine alternative à la mécanisation et à la reproductiondes objets d'art ! Il est indispensable de communiquer pourfaire prendre conscience au public de la responsabilité qu'ontles créateurs de donner une âme à leur pays, à ses régions, etsans en voler le patrimoine tel que cela se pratique avec lesmusiques du monde (par ici, le recyclage des œuvres tombéesdans le domaine public paralyse le renouvellement du réper-toire, et les indépendants en ont été les instigateurs !). La cul-ture marque un enjeu crucial dans une époque brutale où lesdroits de l'homme les plus élémentaires (et des autresespèces) sont bafoués par un culte du profit tous azimuts etun impérialisme plus arrogant et destructeur que jamais. Celapasse tant par la protection des droits que par la circulationdes idées, car la création est, avant tout, œuvre de l'esprit. Onen viendra peut-être un jour à revoir tout ça, et déclarer l'héri-tage hors-la-loi, ce qui serait une autre façon d'empêcher laconcentration des pouvoirs et des richesses entre les mains dequelques uns au détriment de la population entière du globe.En attendant de proposer de nouvelles utopies, si nous vivonsselon les règles en vigueur, nous sommes obligés de défendreles droits des auteurs, penseurs et autres rêveurs de nouveauxmondes pour que le nôtre cède un jour la place à un meilleur,plus juste et plus clément. Ce n'est pas demain la veille, maissi ce n'est déjà à l'œuvre, ça commence aujourd'hui.

à suivre

Le Jourd’une industrie (indépendante ou non) qui a eu peine à témoigner, peine à accompagner les mouvements (si faibles soient-ils), s’es-souflant à l’occasion sur des formules éprouvées jusqu’à devenir éprouvantes et enfin sur la place de la musique dans un mondesaturé de sons. Disque mort ? À voir. Point de vue.

Les Allumés du Jazz N° 9 - 4ème trimestre 2003 Page 3

Les Allumés du Jazz N° 9 - 4ème trimestre 2003 Page 4

François Guell (saxophone alto), PierreBoespflug (orgue), Christian Mariotto (batterie)

Le groupe Ark est un trio collectif dont lesmembres sont tous compositeurs. Influencépar le son des “seventies” (Soft Machine, KimCrimson) dont il recycle de façon décalée cer-tains ingrédients musicaux, mais aussi par lejazz actuel dont ses membres sont issus, Arkest résolument engagé dans l’aventure de l’im-provisation actuelle qu’il aborde sans a priori etavec un goût prononcé pour les mélangesdétonnants.

Magnitude de 5.4

Charlotte - CP 206

> Ark

Jean-Jacques Birgé (synthétiseur, etc.), FrancisGorgé (guitare, etc.), Shiroc (percussion), Jean-Louis Bucchi (piano électrique), Antoine Duvernet(sax ténor), Gilles Rollet (percussion)

Cet album culte de 1975 est enfin réédité, avec 30minutes de bonus sur le CD, 6 heures inédites dutrio et le premier film de Birgé de 1974 (sous-titresanglais, français, hébreu, japonais) sur le DVD. Dujamais vu, jamais entendu. Enregistrée un an avantla fondation d'Un Drame Musical Instantané, lamusique préfigure le mouvement électro, et l'en-semble réfléchit cette époque inventive, psychédé-lique et libertaire.

défense de

MIO Records 026-027(CD + DVD)

> Birgé Gorgé Shiroc

Bojan Zulfikarpasic (piano, Fender Rhodes), ScottColley (contrebasse), Nasheet Waitts (batterie)Si Bojan Z est un coureur de fond, il vient de pas-ser la vitesse supérieure : plébiscité comme l’undes pianistes majeurs apparus ces dernièresannées à la parution de son album solo en 2001,Bojan enfonce les clous de son piano Fazioli avec“Transpacifik” : sur ce nouvel album enregistré àNew York en compagnie d’une rythmique à sadémesure, Bojan déroule quinze années passéesà jouer et composer ce jazz dont il a adopté lafolie et le mode de vie. Mobilisant toute sa puis-sance de feu, Bojan nous tient en haleine de lapremière à la dernière seconde d’un album res-semblant déjà à une pierre angulaire. Frottementsde cordes de “Groznjan Blue”, lyrisme assumé de“Z-Rays ou moments d’intimité en duo avec ScottColley, impossible de résister au témoignage d’unétat de grâce.

Transpacifik

Label Bleu -LBLC 6654

> Bojan z Trio

Bertrand Auger (saxes ténor etsoprano), Guy Figlionlos (trombo-ne), Francis Demange (piano), Marc-Michel Le Bévillon (contrebasse),Jean-Michel Davis (batterie)

Christel Assan (voix), BertrandAuger (saxes ténor et soprano), JimAssan (piano), Marc-Michel LeBévillon (contrebasse), FrançoisLaizeau (batterie)

"Un son d'ensemble original,des compositions qui ne le sontpas moins, chacun de sesmembres étant par ailleursmaître de son instrument : voiciune formation dont on peutsaluer avec reconnaissancel'apparition bienvenue sur lascène musicale. Enregistré endirect lors d'une prestation surla péniche Metamorphosis àParis, cette musique acérée,souvent brillante, lyrique (le toitdu ciel) ou efficacement démonstra-tive ne devrait pas laisser indiffé-rent."

Répertoire, avril 2003)

"C'est avant tout la fraîcheursincère et lyrique de ChristelAssan qui frappe dans cet opussimple, sans aucune préten-tion. La voix est authentique,presque fragile, l'accompagne-ment des musiciens est dénuéde fioritures inutiles pour aller àl'essentiel : servir de grandesmélodies universelles."

Liberté Dimanche

Metamorphosis

Jim A. musiquesJIMA1

> Bertrand Auger

Solongo

René Bottlang est musicien avant toute chose.Classique? De jazz? Peu importe! A la croisée plusprobablement. Sourd aux étiquettes marchandes ,il cultive ce qu’il sait du bonheur complexe de joueravec les formes, avec un phrasé, un rythme ou unemélodie, la mémoire en éveil et la volonté d’aller del’avant, d’explorer, d’approfondir encore cette partde mystère au-delà de laquelle règne l’éternellesagesse. A cette musique sincère et grave, humouren filigrane, fait écho ce qu’écrivait Nicolas Bouvierà propos de l’écriture : “Quand elle approche de cequ’elle devrait être, elle ressemble intimement auvoyage parce qu’elle est comme lui une disparition.Loin de prétendre comme on le croît à une affirma-tion de la personne c’est sa dilution qu’elle propo-se au profit d’une réalité qu’on veut rejoindre. Cettelégèreté est le plus grand cadeau que la vie puissenous faire, mais encore faut-il l’accepter.”

L’Echappée belle”, Editions Metropolis, 1996

Ajmi - AJM 05

Frédéric Blondy (piano), Lê Quan Ninh (percussion)

Frédéric Blondy et Lê Quan Ninh se sont rencon-trés à la fin des années 1990. Exaltatio utriusque mundi est leur premier enregis-trement, le titre évoquant ‘l’exaltation de deuxmondes’.Développant leur propre langage, faisant appel àde nombreuses techniques étendues, FrédéricBlondy et Lê Quan Ninh proposent une autre voiepour défricher de nouveaux territoires sonores.Frédéric Blondy s’inscrit dans le paysage le plusrécent de la musique improvisée française et il estl’un des rares pianistes attiré par l’exploration despossibilités sonores de l’instrument. Lê Quan Ninh est devenu une figure majeure de lapercussion, se retrouvant dans les contextes lesplus aventureux, depuis le répertoire contemporainjusqu’aux genres les plus divers de l’improvisation.

> Frédéric BlondyLê Quahn Ninh Exaltatio utriusque mundi

Potlatch - CD 203

Comme à chaque numérodu journal des Allumés duJazz, les labels présententleurs propres nouveautés.vingt disques viennentgrossir les rangs d’un cata-logue riche de plusieurscentaines de références(voir encart central, pourle listing général et le bonde commande). Et pour ce numéro l’île noire,une sélection de disquesbelges

Jean-Paul Autin, Alain Rellay et SophieTalabot (saxophones), Patrick Charbonnier(trombone),Sylvie Jérusalem et PierrePhilibert (tubas), Isabelle Magdinier (flûte-piccolo), Christian Millanvois et "Tiboum"Guignon (percussions), Daniel Pasquier(trompette).

Lydia Domancich (compositions et piano),Aïssata Kouyaté (voix et danse), PierreMarcault (bougarabous, djembé, donsöngoni)

Mille-pattes, ou boa? D’où vient cet animalmusical insaisissable, sa boîte à musique sur ledos et ses tambours à fleur de peau ? Difficilede la mettre en cage ! Elle déambule commeun mille-pattes désarticulé, frétille comme unpoisson dans son élément, investit les lieuxcomme un serpent géant qui sait où se nicherpour surprendre son monde. Gaie, enjouée etpourtant sophistiquée, elle vous apprivoise auxaccents d’une musique déjà familière. Elle estl’orchestre à géométrie variable des folkloresimaginaires.

> Pierre Barouh

> René Botlang

Tango Felin

Arfi - AM032

C’est déjà le second album de ce trio qui semblese jouer des frontières stylistiques avec une inno-cence désarmante. Faire se rencontrer et fusion-ner la musique classique contemporaine avec lespolyrythmies et les traditions vocales en provenan-ce d’Afrique (de Guinée plus précisément) n’étaitpourtant pas chose gagnée d’avance. Andouma crée ainsi une musique à partir de com-positions originales empruntant au jazz ses struc-tures, son rapport à l’improvisation, son sens del’échange, à la musique classique contemporaineses recherches harmoniques et sonores et à lamusique africaine sa richesse rythmique, sonrapport au temps et au corps.

> Andouma Fantasia

Gimini - GM1014

> La Bête a bon dos

Pierre Barouh (voix), Luigi Trussardi (basse), MauriceVander (piano), Hervé Legeay (guitare), Félix Beleau(accordéon)Saudade réunit les chansons des quatre 45T enre-gistrés par Pierre Barouh chez AZ, entre 1961 et1965. A cette époque, l’auteur-interprète fait équipeavec Francis Lai, entre autres, et après environ dixans d’écriture de chansons, parvient à une véritableépure et maturité du genre.Certains titres tels que “Nous”, “Le Roman” et “Tes dix-huit ans” sont des tubes adaptés dans plusieurslangues.Le brésil est présent avec “Notre guerre” et “Ce n’estque de l’eau”, adaptés de Jobim et Vinicius deMoraes, et Saudade enregistré avec Baden Powell.La nostalgie se décline au présent et se projettedans le futur joyeux des textes à venir.

Saudade

Saravah - SHL 2115

> Pierre Barouh

Pierre Barouh (voix)

Enregistré en 1976 sur des orchestrations de Jean-Pierre Auffredo, “Viking bank” est l’un des derniersalbums de la “grande époque” où Saravah tenait sesbureaux et son studio à Montmartre.Cette réédition est l’occasion pour Pierre Barouh d’en-registrer ses chansons nouvelles avec un son moder-ne (“Marginal”, “Il y a des jours où rien ne va”, “OhAmerica”...) et d’en réactualiser d’anciennes (“La Bicyclette”, “Chanson pour Teddy”...)

Viking Bank

Saravah - SHL 2114

What’s New ?

> Cristel Assan Nature boy

Jim A. musiquesJIMA2

René Botlang (piano)

Les Allumés du Jazz N° 9 - 4ème trimestre 2003 Page 5

Géraldine (chant), Jac (basse), Monsieur Dupraz (gui-tares), Phylémon (batterie), Azraëlle (claviers, chant)“Soleil sans retour” est un recueil de 10 plages, où lasimplicité des mélodies éclaire la complexité desarrangements, où la brutalité cotoie la délicatesse.Du rock schizophrénique....Une schizophrénie qui se remarque déjà par l’emploidans Médiavolo de pseudos faussement gro-tesques. Mais c’est surtout dans l’univers soniquedu groupe que se manifeste ce décalage maîtrisé,se concrétisant par des mélanges que d’aucun qua-lifierait de contre-nature, de détournements de sons,avec à l’arrière-plan une certaine idée de fusion,telle qu’on la concevait il y a quelques lunes.Médiavolo incite au voyage et propose un universtrès cinématographique, aidé par des textes saugre-nus et faussement surréalistes, des petites histoiresoù évoluent de curieux personnages.

> Mediavolo Soleil sans retour

Saravah - SHL 2113

Christophe Rime (guitare), Paco Sery (batte-rie), Linley Marthe (basse électrique), MichelBenita (contrebasse), Laurent De Wilde(Rhodes), Pierre-Olivier Govin (saxophonesalto et soprano), Mario Canonge (claviers),Béatrice Puyssegrin (violons), Jean-Luc Pino(violons), Audren (textes vénusien), T chang(guitare)

Jef Lee Johnson (guitare, voix)

“(...) Evidemment, sa guitare bleue comme leblues reste son interlocutrice préférée : d‚unevoix douce et claire qui balance mélancolique-ment entre malice et nonchalance, il répond auflot de notes inspirées qui s‚en échappent. Toutle disque passe comme dans un rêve éveillé ˆécoutez Waters Of Light. Tiens, si on n‚était pasraisonnable, on n‚évoquerait pas seulement Shuggie Otis, mais aussi un divin fantômesexagénaire né à Seattle∑ Sensuellement délectable et absolument indispensable.” Frédéric Goaty (Jazz Magazine 549)

> Jef Lee Johnson St Somebody

nato - Gas import 3

CharlotteCP 204 - ND216

> Christophe Rime Heavy Loud Funk Menuet

Une rythmique robuste et vigoureuse saupoudréed’une douce folie lyrique. C’est ainsi que Rime décritson nouvel album. Rime est un guitariste chaleureuxet spontané. Son jeu intense et énergique, ses com-positions complexes, mais évidentes de musicalité,nous dévoilent rapidement ses influences musicales :Wes Mongomery, Van Hallen ou encore HerbieHancock.A l’abri des ambiances musicales austèreset aseptisées de notre siècle, Rime invente un élec-tro-Jazz à l’ancienne.

Guillaume Séguron (contrebasse), LaureDonnat (voix), Rémi Charmasson (gui-tares), Eric Echampard (batterie)

Jazz attitude et culture rock : délaissant les standardstraditionnels et au terme d’un long travail collectif degestation, Laure Donnat, Guillaume Séguron, RémiCharmasson et Eric Echampard se forgent un réper-toire de compositions signées par Sting et StewartCopeland pour le groupe " The Police ". Pour unemusique d’une profonde et troublante beauté.L’emprunt aux musiques populaires et aux airs à lamode reste l’une des voies sûres de l’expressiond’une certaine forme de liberté cultivée par lamusique de jazz, de ses origines à aujourd’hui.

> Camel ZekriWitches

Ajmi - AJM 06

Camel Zekri (guitare)

Guitariste, exemplaire nomade musical, passant del’Algérie à la France, des Arpenteurs de Denis Colin à ladirection du Festival de l’Eau ou du Diwan de Biskra, CamelZekri s’expose ici en solo avec ce carnet de croquis, où lamémoire de l’enfance, la nostalgie d’un futur toujours àinventer, la quête d’une liberté à agrandir chaque jour pren-nent chair dans des improvisations qui sont autant d’exer-cices poétiques qui touchent au cœur.

Nouvel observateur

Vénus Hottentote

la nuit transfiguréeLNT 340114

Hervé Diasnas (électro-accoustique)

Vingt-cinquième production du labelVand'œuvre, "Les buveurs de brume" est lamusique composée par Hervé Diasnas pourle quintette chorégraphique du même nom etpour le solo de danse aérienne "Passageéclair d'une libellule (sans aile et au ralenti)"créés en novembre 2002 à la ScèneNationale de Vandoeuvre-lès-Nancy."Les buveurs de brume" donne à entendreune musique de spectacle sans le spectaclequi la justifie. Aussi, plane-t-il comme uneabsence tant il est vrai qu'un monologue n'estpas une moitié de dialogue. Ce dialogue,Hervé Diasnas le pratique depuis de nom-breuses années.

Les buveurs de brume

Vand’oeuvre - vdo 0325

En réalisant son rêve, David Krakauer nous fait leplus beau des cadeaux : un album live brûlant,enregistré dans l’urgence d’une cave de Cracovie,le club Indigo. Quatre nuits durant, le gang du plusfou des clarinettistes new-yorkais s’est enivré aucontact du plus bouillonnant des publics pour don-ner corps à un phantasme musical : la Bar Mitzvaréussie du funk de Sly Stone venant bousculer latranse des mariages juifs d’Europe de l’Estpimentée par la liberté du jazz new-yorkais.A noter, la présence détonnante des beats etsamples de So Called, jeune DJ, prodige cana-dien dont les idées ne vont pas tarder à venirenvahir le monde du Hip Hop...

> Tony Malaby

HV Hervé Salters (clavier)

General Electrics est un électron libre.Avec sa bande originale imaginaire à base de claviersvintage.Derrière ce nom se cache RV (Hervé Salters),spécialiste des instruments vintage 60’s et 70’s :Clavinet, Hammond, Rhodes. RV puise avec la mêmeurgence dans la pop, le hip-hop, les musiques électro-niques, la soul et le jazz.Cliquety Kliqk est l’aboutissement de ce mélange per-manent entre claviers “vintage” et traitements électro-niques.

> General Electric Cliquety Kliqk

Label Bleu Bleu électriqueLBLC 4000

Tony Malaby (saxophoniste) Paul Motian(batterie) et Drew Gress (contrebasse)

La critique américaine voit en lui l’un des saxo-phonistes les plus impressionnants installés àNew York ces dernières années. " Malaby est fasciné par la frontière où le jeuharmonique se démarque du free. C’est ce quifait de lui un musicien excitant, aventureux, etnourri d’histoire ".

" New York Times "

Adobe

> Hervé Diasnas

Free Lance – FRL-NS-0305

What’s New ?

> GuillaumeSeguron

Michel Bisceglia (piano), W erner Lauscher(contrebasse), Marc Lehan (batterie)

Troisième album pour ce pianiste belge d’origineitalienne. Son fidèle contrebassiste WernerLauscher est rejoint ici par Marc Lehan à la batte-rie. Huit compositions originales et trois stan-dards – " Blue In Green ", " Footprints " et " ThePorts Of Amsterdam " du Grand Jacques à l’introoriginale – sont interprétés avec une sensibilitéraffinée mise au service de l’espace et du silence.

> Bisceglia Second Breath

label PROVA

Nicolas Stevens (1er violon), VéroniqueLIerneux (2nd violon), Pierre Héneaux (viola),Sébastien W alnier (violoncello), André Klenes(contrebasse)

Le compositeur et contrebassiste liégeois André Klenesadmire Renaud Garcia Fons, un signe. Les cordesconstituent son terrain de jeux de prédilection, et le lyris-me représente son idiome favori. Au sein de ce quintet àcordes, au travers de ce dialogue entre contrebasse etvioloncelle qui dénote, Klenes pose un univers marquépar un certain classicisme, mais néanmoins planté aucentre du carrefour fascinant des musiques du monde.

> André Klenes Spring Tide

Label Chamber

Marco Locurcio (guitare), Jeroen Van Herzeele (saxophones),Jozef Dumoulin (piano, Fender Rhodes), Fabio Locurcio (tabla),Maxime Lenssens (batterie), Nicolas Lherbette (basse électrique)“Ce jouvenceau me chatouille les oreilles…” (TootsThielemans). Le guitariste italo-belge Marco Locurcio,découvert en 1997 grâce à l’album " Buddies " (Jazz’halo),poursuit une route couverte de bitume noir, toujours com-posée d’influences rock straight, de jazz électrique, maisaujourd’hui aussi de bidouillages électroniques et de voixmasculines parlées ! Entouré de Jeroen Van Herzeele,Jozef Dumoulin, Maxime Lenssens et de NicolasLherbette, Locurcio impressionne encore par son feeling,sa technique, mais aussi par l’heureuse abondance de sonécriture.

> Marco Locurdio Jama

(Label MPM-Triomus

Hilde Vanhove (voix), Michel Herr (piano, arrange-ments), Hein Van de Geyn (contrebasse), Billy Hart(batterie), Bert Joris (trompette, bugle)

Après un long parcours balisé de petits lieux, parfois d’af-fiches de festivals, la chanteuse Hilde Vanhove vient enfinde trouver un écrin ambitieux, une équipe de rêve : MichelHerr (piano), Hein Van de Geyn (contrebasse), Billy Hart(batterie) et Bert Joris (trompette, bugle) ! Voix medium, àla fragilité contrôlée, parfois dans un registre " contre lanote ", Hilde Vanhove tient autant de Sheila Jordan qued’Astrud Gilberto.

> Hilde Vanhove Insense

Label Gandharva

Quentin Dujardin (guitare), Damien Libert(flûte, saz, cajon), Arnout Hellofs (udu, per -cussions), Jalal El Allouli (violon), StephanLay (udu, cymbale), Tuur Florizoone(accordéon chromatique)Après un album orienté du côté du flamenco, leguitariste belge Quentin Dujardin navigue icipleinement en eaux méditerranéennes, par lechoix de ses accompagnateurs – dont l’excel-lent violoniste Jalal El Allouli – et du répertoireinterprété, dont deux airs traditionnels arabes :Longa Shenez et Yurgo. Une autre pierre àl’édifice du dialogue entre la blue note et laGrande Bleue !

> Quentin Dujardin Khamis

label Arsis World

Joe Fonda (contrebasse), Gilbert Isbin (guitare)

Atypique… le guitariste brugeois Gilbert Isbin traiteses cordes comme nul part ailleurs. Sa guitare estsouvent préparée, arrangée, comme pour mieuxs’adapter à l’univers singulier de ses compositions etde ses improvisations. Le contrebassiste américainJoe Fonda (Anthony Braxton, Michael JefryStevens…) avance sans peine à même hauteur,avec l’énergie qui sied, et dépasse même, ici et là, le" compagnon " en dérèglement.

> Isbin Fonda Blisters

label Jazz'Halo

L ' î l e n o i r e - site de référence consacré au jazz belge, avec ses nombreux liens "Jazz In Belgium" : http://www.jazzinbelgium.org

La Belgique est tellement réputée pour ses bandes dessinées qu’ on en oublie ses musiciens et ses labels indépendants. Pour corriger ceteffetd’optique, nous avons décidé de nous pencher sur cette production et nouer quelques liens. Voici, proposée à votre appétit, une premièresélection de 6 albums qui démontrent qu’il y a de la diversité partout et nous en sommes heureux! Dorénavant, chaque numéro apportera sonlot de disques venus de là-bas! c’est grâce à Philippe Schoonbrood Rédacteur en chef du magazine " Jazzaround " que nous pouvons vousproposer cette sélection

> David Krakauer

David Krakauer (clarinettes), So Called(samples, beatbox), W ill Holshouser (accor-déon), Nicky Parrott (basse, contrebasse),Sheryl Bailey (guitare), Michael Sarin (batterie)

Live in Krakow

Label Bleu LBLC 6667

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 Page 6

Intermittence

Fondements et bien-fondé d’un régime particulier : l’intermittence.Le caractère discontinu et intermittent de l’activité écono-mique du monde de l’audiovisuel, du cinéma et du spectaclea été reconnu par le législateur qui a créé un cadre légal, leContrat à Durée Déterminée d’Usage, permettant auxemployeurs d’embaucher des salariés artistes ou techniciensen s’affranchissant de certaines règles communes liées auxC.D.D. traditionnels.Pour prendre en compte les fréquentes périodes chômées etapporter une garantie à l’extrême flexibilité de ces salariés, lerégime d’assurance-chômage, couvrant solidairement lessalariés de l’ensemble des secteurs de la vie économique, aprévu des dispositions spécifiques regroupées dans deuxannexes du régime général de l’Assedic : les annexes 8 et 10.

Les annexes au régime général d’assurance-chômage : le prixde la précaritéLes intermittents, loin de disposer au sein des annexes 8 et 10d’un " privilège ", ont une " dérogation " au régime général, aumême titre que bien d’autres métiers : les assistantes mater-nelles, les travailleurs à domicile, les travailleurs intérimaires,les marins-pêcheurs, les vacataires, les V.R.P., les bûcherons-tâcherons, etc. Ces annexes 8 et 10 définissent donc les régimes particuliersd’assurance-chômage des artistes et des techniciens du spec-tacle, du cinéma et de l’audiovisuel en les considérant commeune contrepartie de la précarité de leurs conditions de travail.

A l’origine de l’UNEDIC : assurance et solidarité interprofession-nellesIl convient de rappeler que l’UNEDIC est, dans ses fonde-ments mêmes, un système de solidarité interprofessionnellecensé compenser le déficit dans certaines branches par unexcès dans d’autres. En toute logique, le déficit d’une annexene devrait donc pas être un argument pour la mettre en ques-tion. Et d’ailleurs, toutes les annexes, sans exception, sontdéficitaires. Les deux principes fondateurs de l’UNEDIC sont l’assuranceet la solidarité. En glissant vers une vision d’un fonctionne-ment autonome des annexes, en calculant leur déficit defaçon interne, c’est cette idée même de solidarité interprofes-sionnelle que le protocole d’accord du 26 juin 2003 boulever-se. Il instille un principe de non-solidarité dans le systèmeentier.

Quel est ce déficit sur lequel communique le gouvernement ?Depuis plusieurs années, le Medef répète que le régime spéci-fique d’assurance chômage des intermittents du spectacle etde l’audiovisuel coûte cher à la solidarité interprofessionnelle.En 2002, une étude de l’Unedic consacrée aux annexes 8 et 10a fourni des indications chiffrées que le Medef a aussitôtexploitées pour se construire un argumentaire particulière-ment offensif.Le déficit global de l’Unedic représente sur 2002 près de 3,7milliards d’euros, celui des annexes 8 et 10 s’élève à 828 mil-lions d’euros. Pour le Medef, le tour est donc joué : les intermittents sont res-ponsables de près d’un quart du déficit de l’Unedic.Ce discours, aussi percutant soit-il, repose sur une supercherie.Il établit une comparaison entre des éléments qui ne sont pas,par nature, comparables. En effet, le déficit global de l’Unedicest le résultat de la différence entre l’ensemble des allocationsversées aux demandeurs d’emploi sur 2002 et le total des coti-sations versées par les salariés et leurs employeurs sur cettemême année.Pour évaluer le déficit des annexes 8 et 10, le Medef utilise unetoute autre méthode : il calcule la différence entre les indem-nités versées sur 2002 aux intermittents pendant leur périodechômées et les cotisations versées par ces mêmes intermit-tents lorsqu’ils sont sous contrats.Dans le premier calcul, le déficit prend donc en compte lescotisations de toute une population active. Dans le second,seul l’apport des demandeurs d’emploi eux-mêmes, est prisen compte.Une approche objective et non idéologique des chiffres éditéspar l’Unedic permet de porter un autre regard sur le poidsfinancier du régime spécifique des annexes 8 et 10.En 2002, les 102 600 intermittents ayant perçu une indemni-sation chômage représentent 4,9 % des demandeurs d’em-plois indemnisés en France. Le montant global des allocationsversées à ces mêmes intermittents représente 3,6 % du mon-tant total des allocations versées à l’ensemble des deman-

deurs d’emploi en France.

Les recours abusifs à l’intermittencePour réduire leurs frais de fonctionnement ou pour permettreplus de flexibilité, un certain nombre d’employeurs ontrecours à des intermittents pour occuper des postes qui impli-

quent pourtant des tâches permanentes. Le système d’indem-nisation du chômage est ainsi utilisé pour compléter lessalaires. Ce sont les sociétés de production audiovisuelle qui ont leplus souvent recours à ce genre de pratiques.Lorsque ces abus sont portés à la connaissance de la justice,les tribunaux requalifient quasiment systématiquement lescontrats des intermittents en contrats à durée indéterminée.Mais, très peu d’inspecteurs du travail connaissent de façonprécise les contrats des intermittents et ainsi une centaineseulement de demandes de requalification ont été effectuéesdepuis 10 ans, alors que le problème concerne des milliersd’intermittents.

Le nouvel accord du 26 juin 2003 : une précarisation et desinégalités renforcéesActuellement, l’ouverture des droits permet d’être indemnisépour les jours non travaillés sur une période d’un an de date àdate (droits calendaires).L’accord du 26 juin rompt avec cette pratique : à l’ouverturedes droits, l’intermittent reçoit un crédit de 243 jours indem-nisables qui doit être impérativement consommé avant queles droits puissent être réexaminés (droits capitalisés).

Chaque jour travaillé, donc non indemnisé, repousse la datede réexamen des droits (il en est de même d’autres méca-nismes dont le caractère technique ne permet pas un exposérapide : franchise, décalage).En résumé : - La date de réexamen n’est plus fixe ; elle devient même pra-tiquement imprévisible puisque l’embauche est régie par desfacteurs non maîtrisables par l’intermittent.- La période d’indemnisation s’étire ; elle peut facilementdépasser 15 mois, voire 2 ans ; il y a donc gel dans une situa-tion qui, encore une fois, n’est pas vraiment maîtrisable parl’intermittent.- Lors du réexamen, par une méthode dite de glissement,l’Assedic va chercher en amont une période de 10 (ou 10,5)mois incluant au moins 507 heures travaillées. Si elle existe,elle prend le nom de période de référence. C’est elle qui per-mettra de calculer le taux d’indemnisation. En résumé, mêmesi des droits sont ouverts, la période de référence à venir engendrede l’aléatoire, et par conséquent les revenus, sont pratiquementimprévisibles. Elle ne sera plus objectivemetreprésentative de la totalité des périodes de travail, puisquedes contrats entiers (pour lesquels l'allocataire a pourtantcotisé) pourront ne plus être pris en compte ni pour l'ouver-ture des droits, ni pour le calcul des allocations.- La nouvelle règle du décalage ne calcule plus objectivementle nombre de jours à indemniser.- L'article 7 répond maladroitement et dangereusement à lanécessité d'un plafonnement mensuel des allocations : au lieud'un plafond mensuel unique applicable à tous, le protocole

propose que chacun ait son propre plafond, calculé à partir deson salaire moyen sur sa période précédente, autrement dit, àpartir de ce que l'on considère comme son " train de vie ".Cela provoquera une rupture de l'égalité de traitement entredes allocataires aux parcours professionnels identiques dansle mois, mais ayant simplement eu des Salaires Journaliers deRéférence (SJR) différents sur la période précédente. Cetterègle est inadaptée à la grande mobilité des salaires dans lespectacle. Elle sanctionne l'ascension professionnelle puis-qu'elle pénalise toute augmentation de la rémunération d'unepériode à l'autre.

En conclusion, alors que le régime de l’intermittence est censécompenser l’irrégularité des périodes d’emploi, seuls lesintermittents qui ont un travail régulier, c’est-à-dire souventles permanents maquillés sous le régime de l’intermittence,pourront prévoir leurs revenus.

L’ensemble du dispositif s’apparente à une loterie, conduisantà une précarité renforcée et des inégalités plus grandes. Il nelutte pas contre les abus, n’apporte aucune garantie de réduc-tion du déficit, mais seulement celle d’exclure de ces droitsune grande partie (estimée à 30%) des intermittents actuels,pas forcément les moins "professionnels" ni les moins talen-tueux. Bien évidemment, comme dans tout système précaire,les plus fragiles seront les premiers touchés…

Un texte bâclé? Un alinéa, aux conséquences lourdes sur le calcul de la fran-chise, a été au dernier moment supprimé de la version du pro-tocole soumise à l'agrément, sans passer par la procédurelégale. En attendant de voir ce que pourront donner lesrecours en justice, cette correction in extremis laisse devinerla précipitation avec laquelle le protocole a été rédigé, signé etagréé.

Contre-propositionLes collectifs d’intermittents, constitués en commissions, nenient pas la nécessité d’une réforme. En effet, le développe-ment culturel dans les années 1980 a fait croître les effectifs etles a diversifiés de façon importante, phénomène exigeantune reconsidération du système. La profession entière y tra-vaille depuis longtemps et des accords avaient déjà eu lieu,mystérieusement mis de côté (accord F.E.S.A.C., juin 2000). Lacoordination des Intermittents et Précaires d’Ile-de-France adéfini les principes d’une nouvelle réforme visant à réduire ledéficit en luttant contre les " abus ". Sans entrer dans lesdétails techniques, voici les deux grands axes autour desquelss’articule cette proposition (que le gouvernement, pour lemoment, refuse de considérer) :

- Rendre cohérent le régime avec les pratiques du secteur ensupprimant le Salaire Journalier de Référence (noyau centraldu calcul du taux d’indemnisation, auquel l’irrégularité descontrats ôte pourtant toute valeur représentative !), en assou-plissant les critères d’accès, en réhabilitant l’annualité desdroits et leur réexamen lors d’une date anniversaire.- Mutualiser et redistribuer les droits entre allocataires,notamment par la création d’un plancher et d’un plafond ducumul ‘salaires + indemnités' afin de mieux maîtriser les coûtset de réduire les inégalités entre allocataires.

Les textes ci-dessous proviennent de la coordination desIntermittents Précaires d’Ile-de France.

*****************************- Beaucoup d’autres informations régulièrement actualisées sur lesite de la coordination des Intermittents Précaires d’Ile-de France :http://cip-idf.ouvaton.orgEn particulier, le rapport Sens sur le comportement chaotique ducalcul des montants des allocations dans le nouveau protocole.- Le film 'Nous avons lu le protocole du 26 juin 2003', est consul-table en téléchargement à l'adresse suivante : http://video.proto-cole.free.fr

Le film "Fatale" de Hervé Jakubowicz, traitant avec humour dustatut des intermittents est enfin disponible, gratuitement et lignesur le sitewww.lazam.tv

Deux formats vous sont proposés: une version de prévisualisationen Realmedia et une version haute qualité en Divx.Ce film est à diffuser sans modération.

Suite P.10

L’intermittence en question

Festival de Jazz à Mulhouse Haute Alsace jeudi 28 août 2003 GLQ Magnum

Sous couvert de récession menaçante, nous sommes entrés dans une phase de régression qui pourrait être fatale au modèle culturel qui nous est envié dans le mondeentier. On entend souvent que les artistes sont à la charge de la société, alors qu’ils en sont les racines et qu’ils défendent ce dont sont faits les rêves. L’été dernier,on a pu constater à quel point ils participent aussi à l’économie générale. Les sacrifier, c’est comme marginaliser les minorités, sociales ou culturelles, c’est revenir àuniformiser la pluralité. Le gouvernement qui se fait le complice d’un patronat avide de profits à court terme toujours plus juteux voue son pays à une déchéance cer-taine. L’Allemagne en son temps en fit les frais, elle en porte encore les séquelles. Les artistes refusent de payer pour les sociétés audiovisuelles qui fraudent en décla-rant de faux intermittents, pour un état qui ne protège pas son patrimoine passé et futur ; ils se mettent en lutte contre le formatage imposé par les média qui trans-forment l’audience complexe en purs consommateurs. Si le statut actuel des intermittents du spectacle mérite une réforme, ce n’est certainement pas en empêchantla jeunesse de prendre la relève, ni en forçant des milliers d’artistes à abandonner leur passion créatrice pour pouvoir survivre. Il est au contraire plus que jamais néces-saire d’étendre ce statut à toutes les catégories de créateurs (écrivains, graphistes, plasticiens, photographes, etc.) qui font d’une société une civilisation.

Une grande photo sans aucun doute ! D'aucunspourraient y noter les réminiscences de la natureangulaire du jeu d' Ornette ou peut-être de la cagedans laquelle un bon nombre de critique ontessayer de l'enfermer très tôt dans sa carrière. On al'impression qu'il ne se sentait pas concerné parles jacasseries et les interrogations autour de luipour savoir si oui ou non, il pouvait jouer les

accords ou s'il avait suffisamment de maestria. Il était trop occupé à jouer sa musiquepure et belle. Celle qu'il entendait dans son cœur. Je n'oublierais jamais la premièrefois où je l'ai entendu. Je n'avais pas le temps de décider si oui ou non je comprenais

parce que je plongeais dans la plus joyeu-se sensation sonore que j'ai éprouvée jus-qu'alors. Pour moi, voir Ornette dans lechaos d'une structure en train de se mon-ter autour de lui pendant qu'il joue estparfait. Je dois aussi dire qu'il porte un chouette gilet.

Ornette Coleman fut l’un de mes héros,guide et inspirateur de ma musique,depuis que je l’ai entendu en 1962. C’estétonnant comme quarante ans plus tarddes gens continuent à s’interroger sur soninfluence sur le jazz, à mon avis une desplus importantes depuis sa création.Un souvenir très personnel d’Ornette estd’avoir été invité à rouler avec lui dans sa

limousine aux funérailles de John Coltrane jusqu’à sa tombe sur LongIsland, à New York. Nous sommes arrivés en retard à cause d’un embou-teillage, pour nous apercevoir que tout le monde était parti. Ornette setenait seul debout devant la tombe d’un autre géant. Cette image parlemieux qu’un millier de mots.

Les Allumés du Jazz No 9 - 4ème trimestre 2003 Page 7

Clic ! Clac !

Ornette Coleman, au centre, Al Mc Dowell, à droite - Banlieues Bleues “4ème semaine de jazz en 93” GLQ Magnum

Il n'y a pas de hasard! Vous m’envoyez cette photo... Ornette Coleman que j’ai tant écouté il y a dix-quinze ans! Unéchafaudage symbole de construction physique et mentale! Chaque personnage symbolisant la concentration dansle labeur! Il se trouve que l'été dernier j'ai consacré mon temps à l'aménagementd'une nouvelle habitation ; j’étais de ceux qui monte l’échafaudage. Et parmi le peu de

musique que j'ai écouté il y a eu "New York is Now" ; ce genre de vieillerie que je connais tellement bien que je me retrouve "à la maison" quand jel'entends. Alors, association d’idées pour résonance intérieure d’espace intime.Penser à la musique à travers le filtre du matérialisme environnant. Penser à la dualité douloureuse entre matérialité et poétique. Notre monde ensouffre, on nous pousse à ne s’accrocher qu’à la matière consommable, on en étouffe. Je serai toujours fasciné par ceux qui parviennent encore à créer,donc à aimer. En musique vous savez où aller, vous?Reste le rêve, ici symbolisé par Ornette Coleman. Il est de ceux qui d’une part ont rêvé leur monde mais surtout l’ont incarné.La concentration dans le travail, quel que soit son degré de légèreté ou de lourdeur, est une force énergétique impalpable qui permet la réalisation,mais ca ne suffit pas, il faudrait apprendre à canaliser, à orienter, à s’engager... Moi, je me suis construit en suivant un fil de sensation, mais ça ne suf-fit pas, il faudrait de la stratégie, de la spéculation, du volontarisme... Si on faisait confiance aux autres sans a priori, on n’aurait pas besoin de plus quede se découvrir et se connaître. Effectivement, c’est relativement sensuel. Mais pourquoi a-t-on besoin du pouvoir et du vouloir. Alors, on va où main-tenant?

Quant à la forme, Guy, as-tu pensé à Eischer? Je trouve qu'on pourrait orienter la photo dans tous les sens. Personnellement j'aime bien mettre le coinen haut à gauche, en bas et le coin en bas à droite, en haut. Vision en diagonale de glissando géométriques pour construction mentale.

Trois gars affairés à édifier les structurestubulaires qui supporteront ce soir les pro-jos et haut-parleurs, pour un concert enplein air. Ambiance métal : échelles incli-nées parallèles pour l’accès aux différentspaliers ; quantité de barres horizontales,verticales et obliques. Angles “faussement”d r o i t s ,

géométrie spatiale compliquée, enaccord avec la poly-musique que jouePrime Time.C’est pour l’instant la balance. Derrièreles branches d’un monumental X,comme encagé au centre de l’image :Ornette silhouetté sur un écran noir (leplateau est dans la pénombre). A courun guitariste qui doit être Al Mc Dowell.Le Querrec a bien vu l’histoire : lamusique d’Ornette est ce fouillis gran-diose de perspectives et d’intersectionsvertigineuses. Mais elle se donne tou-jours dans l’obscur, la distance, la rare-té. Bien que centrale au jazz, elle conti-nue d’être perçue sous X : plus ou moinsprohibée, dangereuse par son rayonne-ment, sous-exposée et quasi illégitime.

DaunikLazro

MichaelLewis

Joe McPhee

Un monde a commencé avec OrnetteColeman. Ce monde de cronopes nes’achève pas à chaque coin de rue. Ils’agit de danse, d’énormes morceauxd’étoiles pour le bonheur des sels d’ar-gent. Quatre saxophonistes à l’écouted’Ornette regardent.

Guillaume Orti

Joe Mc Phee GLQ Magnum

Daunik Lazro GLQ Magnum

Michael Lewis GLQ Magnum

Guillaume Orti GLQ Magnum

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 Page 8

Directions

1 Pourquoi aller jouer dans les pays duTiers-Monde ?J.M. PadovaniLe réseau des Centres Culturels Français à l'étranger, quiirrigue ce que vous appelez le Tiers-Monde, est la princi-pale source de tournées d'artistes au-delà de l'hexagone.L'originalité d'une certaine esthétique " française " estcertainement ce qui pousse les responsables à prétendreà une certaine présence des créateurs hexagonaux dansces pays.Pour l'artiste " voyageur ", le centre d'intérêt principalc'est la recherche d'un public différent donc nouveau.C'est aussi dans ces pays, où les problèmes matériels sefont cruellement sentir, que nous pouvons réaliser quenous sommes, ici, dans une parfois relative mais omni-présente sécurité. Une tournée en Afrique ou en Asierelativise le rapport complexe qu'un artiste a à la foisavec son public mais aussi son mode de vie.Aller jouer " là-bas ", c'est aussi provoquer et vivre desrencontres qui pourront influencer si ce n'est tout un dis-cours du moins une partie de celui-ci. C'est dans l'échan-ge que va se justifier la présence d'un artiste qui n'est paslà pour asséner des certitudes mais pour s'ouvrir àd'autres types d'expressions.

Sylvain KassapLa plupart du temps et pour la plupart d’entre nous(ceux qui n’ont pas de racines dans ces pays ) dans letiers-monde où ailleurs tout simplement parce qu’onnous demande, parce que notre agent a bien travaillé oupour répondre à l’envie d’un organisateur… On choisitrarement où l’on va jouer, parfois on peut refuser d’allerdans certains pays… Par contre, dans le tiers-mondecomme ailleurs, il y a parfois des rencontres que l’on aenvie de prolonger, soit en retournant dans le pays, soit

en invitant les musiciens rencontrés.

2 Peut-on trouver sa place en tant que musiciendans des situations post-coloniales complexes ? J.M. PadovaniNotre place est sur la scène. Et parfois, dans la salle seregroupe la communauté française locale qui vientprendre une petite bouffée artistique de la métropole…Notre place à ce moment-là est effectivement ambiguë.Tout est affaire d'organisation. Permettre au plus grandnombre d'assister au concert, c'est mener une politiquede prix d'entrée très basse. C'est aussi en amont expli-quer et donner l'envie aux autochtones de venir écouterdes artistes différents.De toute façon, nous sommes toujours confrontés à la diffé-rence… Et ce n'est pas un concert de plus ou de moins quiva,en une heure, proposer une alternative à des choix poli-tiques ou géostratégiques qui nous dépassent et dont noussommes souvent malgré nous les otages.

Sylvain KassapC’est difficile de généraliser : tous ces pays n’ont pas le même passécolonial et la France n’a pas joué le même rôle partout. En tant quefrançais, je ne suis pas perçu de la même façon selon que je merends en Syrie, à Cuba où en Afrique de l’Ouest par exemple. Deplus, on constate sur place qu’un certain nombre de situationsperdurent de fait.Mais c’est souvent justement parce qu’on est musicienqu’on y échappe ! Quand une rencontre a lieu par le biaisde la musique, on ne représente plus une quelconque ins-titution. On est rapidement amené à partager desmoments de vie auxquels n’ont pas souvent accès lesreprésentants de ces institutions.

3 Que peut-on apporter ? Que peut-on prendre ?Que peut-on échanger ?J.M. PadovaniOn peut apporter ce que l'on est. Et pas plus ! On peutprendre ce que l'on nous offre.On peut échanger de musique à musique, ce qui transpi-re de l'une et de l'autre, ce qui permet de se comprendreavec le seul langage des notes et des regards. Le tempspassé sur place est le seul garant d'un échange fructueux.

Malheureusement ce temps est parfois compté et ne per-met qu'une appréhension fugace de l'environnementmusical d'un pays.

Sylvain KassapJe n’arrive pas à trouver une réponse globale à ces ques-tions… Les situations que j’ai rencontrées ont été àchaque fois uniques…Par contre, ce dont on se rend compte constamment,c’est à quel point les informations qui arrivent ici sonttraitées de façon " occidentalo-morphiste " et ne reflètenten rien les réalités.

Mongolie, à une centaine de kms d’Oulan-Bator - 5 juin 2000 GLQ Magnum

Les musiciens sontpar essence d’éton-nants voyageurs.Ilsdébordent facilementle cadre déterminépar leur langagepropre,port d'attachepour baroudeurs enpartance.Autant d’es-cales à l’honneur.Qu’est-ce qui les attireailleurs ?

VOYAGES VOYAGENT

Jean-Marc PadovaniSylvain Kassap

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 Page 9

Directions

4 Est-ce que l’avidité de la découverte peutêtre conciliable avec la fragilité des relationshumaines ?J.M. PadovaniEncore une fois, le temps… Temps de se parler, des'émouvoir, de se surprendre. Ne pas brusquer leschoses. Le projet que j'ai conduit avec des musicienskhmers, sous la forme d'une résidence au Cambodge, estet reste pour moi emblématique de ce qu'il faudrait pou-voir faire. Échange et compréhension mutuelle permispar plusieurs séjours, par l'immersion d'une culture dansune autre, par l'étude d'une musique si différente et parbeaucoup d'humilité. Vouloir rencontrer... Tout est là.Découvrir, d'accord, mais avec d'infinies précautions (etn'y a-t-il pas dans le terme même une sorte de " mise à nu" de l'un et de l'autre ou de l'un par l'autre). Et surtout nepas oublier que le musicien est avant tout un individu,simple ou compliqué, qui baigne dans des rapportssociaux parfois complexes, et que s'il est là de son pleingré, c'est pour partager quelque chose d'étonnant : alorsoui, l'avidité de la découverte est conciliable avec la fra-gilité des relations humaines, si la générosité et le plaisirpartagé s'en mêlent.

Sylvain KassapQuelle drôle de question… Je ne sais pas s’il y a avidité, jene suis même pas sûr qu’il y ait découverte… Il y a par-fois rencontre et échange, ce qui est beaucoup et del’ordre des relations humaines.

Désolé, je voulais vous écrire quelque chose de sérieuxsur ma période mongole, vous envoyer des extrais demon journal que j'ai tenu là-bas, vous parler de l'amoursans limite que j'ai pour ce pays et ce peuple, de samusique singulière et unique, de mes rencontres et demes fusions musicales, de mes combats, de mes victoires

et de mes échecs, de la Chine etde la Sibérie, de la vodka et duBouddhisme, du chant dipho-nique et de ses origines chama-niques et de bien d'autreschoses encore.

Il ne m'est venu que cela :

J'étais heureux en Mongolie J'étais seul au monde Avec mon mélodica alto rouge Comme un clown Avec des grands pieds Et un grand nez Quelle tristesse ! Quel bonheur !

René Botlang

> Jean-Marc Padovani

Chants du Monde

Label Hopi HOP 200022

> Jean-Marc Padovani

Jazz Angkor

> Sylvain Kassap

Tabato

Evidence EVCD

Label Hopi HOP 200019

> André Jaume

Bissau

Celp C 36

> Camel Zekri

Le festival de l’eau

Vand’Oeuvre VDO 9917

> André JaumeSapto Raharjo

Borobudur suite

Celp C30

> Andouma

Andouma

Gimini GM 1013

> Andouma

Fantasia

Gimini GM 1014

> André JaumeGamelan orchestra

Merapi

Celp C 34

> Tony Hymas Barney Bush

A Sence of Journey

nato 112010

Crise ou pas crise, les trésors du passé existent et peuvent revivre de façon vivante et créative, loin de la simple conser-vation. MIO Records, compagnie israëlienne dirigée par Meidad Zaharia sortira en CD l'album-culte "Défense de" deBirgé Gorgé Shiroc enregistré en 1975 augmenté de 4 bonus, et accompagné d'un DVD incluant 6 heures de musiqueinédites du trio (1975) et le film "La Nuit du Phoque" de Jean-Jacques Birgé et Bernard Mollerat (1974). Prenons en dela graine, le passé c’est le présent.

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 Page 10

What’s old but new

1) Comment avez-vous découvert "Défense de " ?

Et bien, depuis de nombreuses années, je me suis intéressé aucollectage de musique progressive de quelque provenanceque ce soit. J'ai un faible pour les expériences européennes etfrançaises en particulier. Je connaissais bien sûr " Un DrameMusical Instantané" et il y a pas mal de temps, j'ai entendu"Défense de" en visitant une boutique israélienne de disquesde collection. J'avais la pochette en tête, mais comme j'aiarrêté de me procurer des vinyls, j'ai patiemment attendu laréédition en CD, moment qui n'est pas venu. Je n'avais pasentendu ce disque depuis douze ans quand la présente pro-duction a été mise en chantier.

2) Qu'est-ce qui vous a incité à y mettre "La Nuit du Phoque"et qu'aimez -vous dans ce film ?

Quand on s'est interrogé sur ce à quoi cette production pou-vait ressembler, j'ai proposé à Jean-Jacques Birgé d'y incluredes "bonus" de la même époque. Birgé, très enthousiaste aproposé plusieurs idées dont celle-ci : un film tourné en 1974reflétant l'époque et l'esprit de "Défense de". Etant ouvert àtoute possibilité, j'ai sauté sur l'idée en acceptant. Deuxsemaines plus tard, je recevais un DVD-R et étais stupéfait parle film. Je dois confesser que j'adore les films français d'avant-garde et il n'y avait donc là-dedans pour moi aucune étrange-té. Je trouve ce film profond et intéressant, bien fait et conte-nant des idées fantastiques. La bande son est en tous pointsremarquable. C'est un film pour les esprits ouverts, mais c'estinutile de le préciser car l'intégralité du projet conviendra auxfans hardcore. Sur le DVD, le film a des sous-titres japonais,anglais, hébreux et français.

3) Voyez-vous le DVD comme le véhicule possible de lamusique dans un futur proche ?

Et bien, une de mes suggestions était d'avoir tous les enregis-trements de Jean-Jacques Birgé de la même période réaliséspar le trio/quartet. À ma grande surprise, il s'est montré favo-rable à l'idée et peu après avons inclus six heures de musiqueavec des images fixes, ce qui fait un DVD de sept heures. Dansce cas, la technologie est incroyable, en considérant tout demême que personne sur terre n'écoutera sept heures demusique d'avant-garde d'affilé, ça constitue un paradis à visi-ter pour ceux qui rafole de la musique complexe ou de lamusique improvisée des années soixante-dix. Le DVD peutchanger nos réflexes d'écoute et les lecteurs sont aujourd'huiaussi maniables qu'économiques. C'est une question detemps avant que des archives du type de ce que nous avonsréalisé ne soient disponibles.

4) Les points de vue de Jean-Jacques Birgé sur la politiqued'Israël sont-ils un problème pour vous ?

Je partage la plupart de ses points de vue et nous en parlonsbeaucoup. Mais étant une personne de nature non politique,passionnée par l'art, je préfère ne pas mélanger ma nationa-lité avec mes productions.

5) Quelques mots sur la scène israélienne actuelle ?

Petite et plutôt simple comparée à ce qui se passe en France.Au début des années soixante-dix, il y avait des groupes psy-chédéliques intéressants, mais la vague du folk l'a emporté et

peu d'albums sont parvenus à avoir la qualité européenne.Sur MIO, j'ai sorti deux disques israéliens. Danny Ben-Israël acommis un petit chef-d'oeuvre psychédélique en 1969, untruc aussi obscur que le processus de paix, mais considérécomme un des plus beaux disques du genre. Le second disqueest d'Atmosphera, le Yes local pour aller vite. J'aimerais bienfaire quelque chose avec Platina, le meilleur groupe de jazzdes années soixante-dix qui ait sorti deux disques. Ma derniè-re réalisation est celle de Toad, un groupe à la croisée de KingCrimson, Nick Drake et Gryphon. Il y a de nouveaux groupesémergeants, laissant augurer d'un futur prometteur.

Référence des sites :www.miorecords.comwww.drame.org

> Birgé Gorgé Shiroc

MIO Records 026-027 (CD + DVD)

"défense de"

Suite de la P. 6

Durant ce conflit qui dure, deux problèmes très diffé-rents sont mélangés en permanence, quitte à ne pluscomprendre ce qui est en jeu et tout ce que va engen-drer ce mauvais protocole qui devrait se mettre enplace dès janvier prochain. Le premier problème estcelui de la protection sociale, le deuxième est lefinancement de la création artistique dans un paysqui se veut le chantre de l'exception culturelle. Lerégime des intermittents a créé au cours des annéesun lien indissociable entre ces deux pôles alors quece lien n'a rien d'automatique !

En ce qui concerne la protection sociale, l'artiste oule technicien du spectacle a droit ou doit avoir droitcomme tout un chacun au régime d'assurance chô-mage basé sur les règles actuelles de l’unedic, avecégalité de traitement tout en sachant que l'objectif den'importe quelle personne n'est pas d'être au chô-

mage mais d'avoir suffisamment d'activité pour vivrede son travail. Ce qui m'amène au second point :si la création était mieux financée, il y auraitplus de travail, plus d'activité et par ricochet nousaurions moins besoin de ce régime ou celui-ci seraitéquilibré si tant est que ce soit l'objectif de l'en-semble des syndicats!

C'est à cet endroit que se pose la question du finan-cement du spectacle vivant en général et de la placede l'artistique dans le pays de "l'exception culturel-le". Le financement de l'État étant très largementinsuffisant et ne couvrant majoritairement que lesbesoins des institutions qui en dépendent (je voismal une augmentation des finances du Ministère dela Culture pour atteindre 4 ou 5% du budget de l'Étatpar exemple, ce qui permettrait un investissementmassif vers la création hors institution) et le privé nese préoccupant que de gagner de l'argent, ce qui estfinalement intrinsèque à son existence, la seulefaçon naturelle et juste de financer la création estune taxe parafiscale sur l'utilisation de tout objetartistique ou culturel sur les produit de consomma-tion et/ou la publicité et/ou les constructions ;exemples : la voiture Picasso, les tableaux de grands

peintres sur les paquets de sucre, les centres com-merciaux Maurice Ravel, les suites de Bach pourvendre encore des voitures et j'en passe... Tout celapour redistribuer à toutes structures, associations,coopératives et autres qui sont la dynamique basiquede ce pays en matière de création et ne sont pas oupeu financées par l'État ou ne dépendent pas duprivé. Permettre de générer de l'activité, payer lesjours de répétitions et baisser le nombre général dejours chômés.On ne peut sortir de cette crise que par le haut c'est-à-dire par l'augmentation de l'activité et non enappauvrissant les faibles et/ou en organisant la chas-se aux sorcières quelles qu'elles soient. Cela étant,tant que le débat sur le financement de la créationn'a pas lieu, il n'y a pas de raison d'accepter la remi-se en question d'un régime du chômage qui coûtemoins à la collectivité que "par exemple" le paiementdes déboires du Crédit Lyonnais par une autre col-lectivité qui se trouve être à peu près la même!

Didier Petit

Exception culturelle et impertinent du spectacle. Point de vue et image de France

Intermittence

> Birgé-Vitet

Carton

GRRR 2021

> Un Drame Musical Instantané

Jeune fille quitombe, tombe

In situ - IS 074

> Un Drame Musical Instantané

Qui vive ?

GRRR 2015

> Un Drame MusicalInstantané

Machiavel

GRRR 2023

30euros

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15euros

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Vous pouvez commander toutes les références présentées dans ce numéro au prix indiqué dans le bon de commande (dans la limite des stocks disponibles).

Artiste Titre Réf. Label32 Janvier AM027 ArfiAchiary/Carter/Holmes VD09611 Vand’oeuvreAdam/Botta/venituci Hradcany DOC 068 Q. de NeufAdam/Delbecq/Foch DOC005 Q. de NeufAdam/Chalosse.... Haute Fréquence 4.1DOC065 Q.de NeufAgnel S. Solo VDO019 Vand’OeuvreAgnel S. Rouge Gris Bruit P401 PotlatchAkchoté.N Soundpage(s) ZZ84115 Deux ZAleph Ensemble Arrêts fréquents VD09813 Vand’oeuvreAlvim. C Mister Jones AXO102 AxolotlAlvim. C Ultraviolet, the bass MusicAXO105 AxolotlAmants de Juliette (Les) DOC050 Q.de NeufAmants de Juliette (Les) DOC063 Q.de NeufAmsallem/Ries quartet .. Regards FRL-CD020 F. LanceAnsaloni Gérard La mort de la vierge SHL 2109 SaravahAndouma GM1013 GiminiAndreu/Tusques Arc Voltaic IS236 In SituAperghis. G Triptyque TE014 Transes E.Apollo Cap Inédit AM024 ArfiArchimusic Salée DOC049 Q. de NeufArgüelles. S Busy Listening ZZ84120 Deux ZArvanitas. G Three of us 591043 SaravahAussanaire/Thémines/Grente... MOB AA 312629 AAAZUL HOP200021 Label HopiB/Free/Bifteck SHP7 SaravahBailey & Léandre .. No Waiting P198 PotlatchBailey. D/Lacy. S Outcome P299 PotlatchBardet/Georgel/Kpade .. A la suite 312624 AABaron Samedi .. Marabout Cadillac AM023 ArfiBarouh. P Noël SHL1056 SaravahBarouh Le Pollen SHL 1066 SaravahBarre's trio No Pieces EMV1003 Emouv.Barthélémy Monsieur Claude ZZ84124 Deux ZBarthélémy Solide FA 453 EvidenceBarthélémy Sereine LBLC 6631 Label BleuBenoit/Guionnet Un VDO0223 Vand’oeuvreBeresford.S Eleven Songs for D. Day 777750 natoBeresford.S Pentimento 777765 natoBeresford.S...Directly to Pyjamas 777727 natoBeresford.S Avril Brisé 777764 natoBergonzi/Kühn...Signed by ZZ84104 Deux ZBernard.P Racines TE016 Transes E.Berrocal.J La nuit est au courant IS040 In SituBerrocal.J Hotel Hotel 777715 natoBerthet - Le Junter VDO9407 Vand’OeuvreBête a bon dos ..Doucement les bassesAM021 ArfiBinot Loris Objet de jazz CP186 CharlotteBinot Loris Territoires CP 203 CharlotteBirgé/Vitet Carton GRRR2021 GRRRBlackman/Debriano/Fiuczynski Trio+Two FRL-NS-0304 Free L.Blanchard P. Volutes CP194 CharlotteBlesing/Rousseau .. Elif CC987625 CC Prod.Boisseau/Piromalli/..Triade 312622 AABollani S. Les Fleurs Bleues LBLC 6635 Label BleuBon/Méchali/Micenmacher-Ballade serr.CP193 CharlotteBoni/Echampard. Two angels for Cecil EMV1009 EmouvanceBoni's family .. After The Rap EMV1005 EmouvanceBoni/Mc Phee Voices and Dreams EMV 1016 EmouvanceBonnardel inv. Padovani .courant acide...CR175 Charlotte Bosetti/Doneda/.... Placés dans l’air P 103 PotlatchBourde /d'Andrea .. Paris - Milano IS106 In SituBourde /d'Andrea .. E la storia va 312612 AABoyan Z Solobssecion LBLC 6624 Label BleuBrazier ChristianBréchet 5tet Autour de Monk 312614 AABreschand.Hjoue Berio, Breschand,... IS190 In SituBriegel BandDétours EMD9901 EMDBriegel BandVoyage en eaux troubles EMD9401 EMDBrown D. Piano Short Stories BG9601 Space T. Brown/Thomas/...A Season of Ballads BG9703 Space T. Brown D. Wurd on the Skreet BG9806 Space T.Brown D. Enchanté ! BG9910 Space T.Brown D. Autumn in New York BG2219 Space T.Brown.M 4tet .. Back to Paris FRL-CD002 F. LanceBrunet-Zig Zag Orch..Légende rock’n’RSHP1 SaravahBrunet/Van Hove Improvisations SHL 2103 SaravahBrunet Etienne White Light Saravah SaravahBucarest VE001 Q. de N.Butcher/Charles / Dörner The Contest P201 PotlatchCache Cache .. L'Océane 312600 AACache Cache .. Tandems 312609 AACache Cache .. Typo 312627 AACanape.J-F K.O.N.P.S. HOP200004 Label HopiCaratini Jazz Ens...Darling nellie gray LBLC6625 Label BleuCaratini Anna Livia LBLC 6563 Label BleuCasimir.D Sound Suggestions CR172 Charlotte Casini/Rava (Vento) LBLC6623 Label BleuCat-Berro Sonia Quartet A singing Affair CAT98 CharlotteCaussimon Vol 3 SHL 1003 SaravahCDL Suite pour le vin CP183 Charlotte Celea/Couturier .. Passaggio LBLC6567 Label BleuCelea/Liebman/Reisinger Missing a pageLBLC6597Label BleuChalet.J-P Autoportrait CR174 CharlotteCharmasson .. Résistances C32 CelpCharmasson trio .. Nemo C22 CelpCharmasson/Tchamitchian..CaminandoC16 CelpCharmasson/Tchamitchian/Jullian ...... AJM 03 AJMIChenevier/Didkovsky - Body Parts VDO0020 Vand’OeuvreChevallier.D Noisy Business ZZ84128 Deux ZCoe.T Tournée du Chat 777709 natoCoe.T Mer de Chine 777767 natoCohen/Cotinaud .. Yo m’enamori MJB008 MusiviColeman S. Resistance is Futile LBLC 6643/44Label Bleu**Coleman S. On the Rising LBLC 6653 Label BleuColin.D Trio In situ à Banlieues BleuesTE001 Transes E.Colin & Arpenteurs..Etude de Terrain 777770 natoCollectif Dites 33 - Vol1 SHL 2099 SaravahCollectif Dites 33 - Vol2 SHL 2102 SaravahCollectif Joyeux Noël 777742 natoCollectif Les Films de ma ville 777718 natoCollectif Vol pour Sidney 777706 natoCollectif BO du Journal de Spirou 777716/7 nato **Collectif Buenaventura Durruti 777733 nato **Collectif 6 séquences pour A.Hitchcock777763 natoCollectif Arfi Potemkine AM018 ArfiCollectif Polysons Folklore Moderne DOC 066 Q. de NeufCollectif Sarajevo Suite GRRRCollectif Arfi Tragédie au Cirque AM019 ArfiCollectif Blue Tribe LBLC 6650 Label BleuCollectif Olympic Gramofon LBLC 6660 Label BleuCollectif fanfare Surnatural orchestra DOC 069 Q. de NeufCooper.M Island Songs 777707 natoCorneloup.F Jardins ouvriers FA 454 EvidenceCoronado.G Urban Mood TE019 Transes E.Cotinaud.F Princesse MJB002CD MusiviCotinaud.F Pyramides MJB003CD MusiviCotinaud.F Loco Solo MJB006CD MusiviCoulon-Cerisier.P .. Lazuli 312616 AACouturier/Larché .. Acte IV CR166 Charlotte Couturier/Chalet .. Pianisphères CR167 Charlotte Cueco Sol Suelo Sombra y CieloTE023 Transes E.Cueco/Villarroel (Duo) En public aux... TE005 Transes E.Cueco/Villarroel (Duo) Vol 2 TE020 Transes E.Cueco Zarb TE1985512 Transes ED’Andrea/Humair/Rava/Vitous earthcake LBLC 6539 Label BleuDavies Riot.P Trio .. Voices Off 312608 AADawson.A Waltzin' with flo BG9808 Space T.Day.T Look at me 777749 nato

Debrulle/Dehors/Massot Signé Trio G... WERF 028 CharlotteDehors.L En attendant Marcel EVCD723 EvidenceDelbecq.B Paintings ZZ84109 Deux ZDérives Jazz .. simple 9707 CristalDeschepper.P .. Attention Escalier EMV1004 Emouv.Deschepper/Hoevenaers/(un)written-EMV1012 Emouv.Diseurs de musique VDO 9814 Vand'œuvreDomancich Lydia Mémoires GM1002 GiminiDomancich Lydia Chambre 13 GM1007 GiminiDomancich Lydia Regard GM1009 GiminiDomancich Lydia Au delà des limites3TMR302 GiminiDomancich Sophia La part des anges GM1008 GiminiDomancich Sophia trio Funerals GM1001 GiminiDomancich Sophia Rêves Familiers GM1011 GiminiDoneda.M L'élémentaire sonore IS107 In SituDoneda.M Ogooue-Ogoway TE003 Transes E.Doneda.M L'anatomie des clefs P598 PotlatchDoneda/Achiary .. Ce n'est pourtant ED13056 Deux ZDoneda/Lazro .. General Gramofon 777741 natoDoneda/Lazro.... Live in Vandoeuvre IS037 In SituDoneda/Leimgruber...The difference ... P302 PotlatchDrouet.J-P Solo TE004 Transes E.Drouet.J-P Les variations d'Ulysse TE006 Transes E.Drouet.J-P Parcours TE008 Transes E.Drouet/Frith En public aux Labo... TE012 Transes E.DSOT Big Band 312625 AADucret.M Gris LBLC6531 Label BleuDucret/Bénita/Scott La Théorie du Pilier LBLC 6508 Label BleuDu Oud Wild Serenade LBLC 2588 Label BleuE Guijecri Festin d’oreille AM026 ArfiEdelin 4tet Déblocage d'émergence 312611 AAEdelin Le chant des Dionysies CP191 CharlotteEdelin ....Et la Tosca Passa CP 200 CharlotteEffet Vapeur (L') AM016 ArfiElectric RDV Michel Marthaler Quartet CP185 Charlotte Elsinger/Luccioni/Humair Jazz-Hip trio cel 48 CelpElzière Claire La vie va si vite SHL 2110 SaravahEquip’Out Up ! GM1006 GiminiEtage 34 Vand’OeuvreETNA Puzzle GM1005 GiminiEuroquartet Convergences CR148 Charlotte Fall/Few/Maka/Shockley... Jom Futa FRL NS0202Free L.Fat Kid Wednesdays Gas import 1natoFavarel.F Gp The Search 312615 AAFavarel Fred&Friends CP 198 CharlotteFavre Patrick Danse Nomade Axolotl Axolotl jazzFeldhandler J.C. Obscurités VDO9916 Vand’OeuvreFestou inv. A.Jaume / Do it CR179 CharlotteFestou Philippe Grand 8 CP 197 CharlotteFirmin.F Batteriste IS165 In SituFontaine Brigitte Comme à la radio SHL1018 SaravahFontaine & Areski. Je ne connais pas.. SHL1010 SaravahFontaine Brigitte Fontaine est SHL1011 SaravahFontaine Fontaine 4 SHL1010 SaravahFontaine Le bonheur SHL2091 SaravahFontaine Vous et Nous SHL2077 SaravahFontaine Brigitte Fontaine SHL 1034 SaravahFour in One TM IS120 In SituFournier.D La voix des tambours ED13116 Deux ZFournier.D Chagarandah ZZ84134 Deux ZFoussat JM Nouvelles P 301 PotlatchFriedman.D Ternaire ZZ84107 Deux ZZGalliano.R Qtet .. New Musette LBLC6547 Label BleuGarcia.B Isn't it romantic ? ZZ84130 Deux ZGarcia-Fons/Marais Acoustic Songs HOP200024 Label HopiGardner.J Noches habaneras AXO107 AxolotlGardner.J The Music of chance AXO4225079 AxolotlGareil.P Lato Sensu C17 CelpGertz Bruce 5tet Blueprint FRL-CD017 Free LanceGinape.V Café CP187 CharlotteGiuffre/Jaume .. Eiffel C6 CelpGiuffre Talks and play C41.42 Celp **Godard.M Aborigène HOP200002 Label HopiGodard.M 4tet .. Una mora HOP200013 Label HopiGodard/Sharrock/... .. Dream Weavers HOP200017 Label HopiGorgé.F & Meens.D IS121 In SituGoualch Tryo .. Voici ma Main EMD9701 EMDGoualch Pierre-Alain The Piano inside..Cel 45 CelpGouirand.D Passages ZZ84131 Deux ZGoyone.D Lueurs Blues LBLC6550 Label BleuGraillier Michel Agartha 591041 SaravahGrand Lousadzak / Basma Suite EMV1007 Emouv.Grillo.A Vibraphone Alone C24 CelpGrillo.A Couples C35 CelpGrillo.A Triplett AJM02 AJMIGrillo A L’Amour LNT 340109 La nuit T.Grimaud.D Slide VDO 9915 Vand'OeuvreGritz.P Thank you to be CR170 Charlotte Guillard A&YPazapa Jcc014CD GiminiGürültü Le Halva qui rend fou 312626 AAHaynes.R True or False FRL-CD007 Free L.Hêlios Quatuor VDO0018 Vand’OeuvreHervé.A Paris Zagreb ZZ84102 Deux ZHigelin Jacques 70 SHL 1008 SaravahHohki.K Love in Rainy Days 777756 natoHohki.K chante Brigitte Bardot 777755 natoHonky Monk Woman EMD0001 EMDHuby Régis Le sentiment des brutes TE017 Transes EHumair Daniel Quatre fois trois LBLC 6619 Label BleuHumair Daniel Edges LBLLC 6545 Label BleuHymas T. Hope Street MN 777 771 natoHymas/BushA sense of Journey 112010 natoHymas/Bush Left for Dead 77723 nato **Hymas/Jenny Clark/ThollotWinter's Tale777725 natoHymas/Rivers .. Winter Garden 777769 natoICIS (Coffret) IS167/9 In Situ ***Imbert.D Ametys EMD9302 EMDIXI Quatuor Lineal LNT340106 La nuit T.Jackson Ali Groove@jazz-en-tête BG2013 Space TimeJaume.A Cinoche C7 CelpJaume.A Merapi C34 CelpJaume.A Bissau C36 CelpJaume.A 3 Windows/Portrait GiuffreC39 CelpJaume.A Clarinet Sessions C40 CelpJaume Five Something C15 CelpJaume 5tet/Tavagna .. Piazza di Luna C10 CelpJaume/Alschul/Phillips .. Giacobazzi C25 CelpJaume/Haden/Clerc .. Peace / Pace ... C19 CelpJaume/Medeski .. Team Games C31 CelpJaume/Raharjo .. Borobudur suite C30 CelpJaume/Soler Pour Théo C44 CelpJaume/Mazzillo/Santacruz Jaisalmer C43 CelpJet All Star 4tet .. Live at Jazz en Tête BG9704 Space T.Johnson Jef Lee Hype Factory Gas import 2natoJ’oZZ Quartet Suite Carnavalesque MJB007CD MusiviJullian J-P Aghia Triada EMV1010 EmouvanceKartet Pression ZZ84118 Deux ZKassap/Labarrière Piccolo FA447 EvidenceKassap Tabato EVCD Kikoski.D Presage FRL-CD011 Free L.Kilimandjaro I on Blues EMD9801 EMDKonitz/Alvim Guarana AXO106 AxolotlKrakauer D. A new hot one LBLC6617 Label BleuKrakauer D. The Twelve Tribes LBLC 6637 Label BleuKrief.H La dolce vita HOP200005 HopiKristoff K. Roll Le Petit Bruit...... vdo 0222 Vand’OeuvreKristoff K.Roll/Xavier Charles La pièce P199 PotlatchKühn/Humair/Jenny Clark .. Usual... LBLC6560 Label BleuLabarrière.H Machination ZZ84119 Deux Z

Labarrière.H&J Stations avant l’oubli DOC046 Q. de N.Labbé.P Si loin si proche Nûba1097 NûbaLabbé/Morières .. Ping Pong Nûba270890NûbaLabbé Pascale Les Lèvres nues Nu 1202 NubaLaborintus A la maison Labo 2001 EvidenceLacy.S Solo IS051 In SituLacy.S Scratching the seventies SHL2082 Saravah***Lacy S. The Holy la FRL NS 0201Free L.Lacy.S trio Bye-Ya FRL-CD025 Free L.Lacy/WatsonSpirit of Mingus FRL-CD016 Free L.Lacy/Watson/Lindberg LBLC 6512 Label BleuLazro.D Zong Book EMV1013 EmouvanceLazro/Zingaro .. Hauts Plateaux P498 PotlatchLazro/Léandr/Lovens/Zingaro Madly youP102 PotlatchLazro/Doneda/Lê Quan Ninh IS037 In SituLazro/J.McPhee .. Elan Impulse IS075 In SituLéandre/Sawaï Organic Mineral IS235 In SituLéandre Urban Bass ED13041 Deux ZLemoine.P Kassalit ZZ84126 Deux ZLena BattistaLes cosmonautes russesLBLC 6641/42Label Bleu**Lété Christian quartet Cinque Terre CP 195 CharlotteLevallet Didier SwingStrings System FA449 EvidenceLevallet Didier Tentet générations EVCD 212 EvidenceLivia.A Plurabelle LBLC6563 Label BleuLinx D. - Wissels Up Close LBLC 6586 Label BleuLinx D. - Wissels Bandarkäh LBLC 6606 Label BleuLlabador.J-P Birds Can Fly C29 CelpLonely Bears (The) 777705 natoLonely Bears (The) .. Injustice 777720 natoLopez/Cotinaud .. Opéra MJB004CD MusiviLourau J. Groove Gang LBLC 6576 Label BleuLourau J. The Rise LBLC 6640 Label BleuLourau/Segal/Atef... Olympic GramofonLBLC 6660 Label BleuLowdermolk Bonnie this heart of mine AXO 104 AxolotlMachado.J-M .. Chants de la mémoire HOP200016 Label HopiMachado.J-M .. Blanches et Noires LBLC6572 Label BleuMachado.J-M.. AZUL HOP200021 Label HopiMadiot.T Bakamutz ZZ84122 Deux ZMagdelenat/Bouquet Boumag A3 AJM 04 AJMIMalik Magic Orchestra LBLC 6662/63Label bleu**Mahieux.J Chantage(S) EVCD110 EvidenceMahieux.J Mahieux EVCD314 EvidenceMahieux.J Franche Musique HOP200023 Label HopiMarais.G Est HOP200001 Label HopiMarais.G Quartet Opéra HOP200010 Label HopiMarais.G Big Band de Guitares HOP200012 Label HopiMarais.G Mister Cendron HOP200006 Hopi **Marais G. Natural Reserve HOP200029 Label HopiMarais.G 7tet .. Sous le vent HOP200018 Label HopiMarais/Garcia-Fons .. Free Songs HOP200009 Label HopiMarais/Boni La belle vie HOP200028 Label HopiMarcotulli rita The woman next door LBLC 6601 Label BleuMarguet Les correspondances LBLC6610 Label bleuMarguet Réflections LBLC 6652 Label bleuMaronney / Tammen Billabong P100 PotlatchMarmite Infernale (la) Au Charbon AM028 AAMarvelous Band (Le) AM020 ArfiMas Trio Waiting for the moon SHL2092 SaravahMaté.P Emotions CR180 Charlotte Matinier/Larcher/Couturier Music for a... EMV1017 EmouvanceMauci/Oliva/Zagaria .. Souen C11 CelpMazzillo/Jaume/Santacruz Jaisalmer C43 CelpMcPhee/Parker/lazro VDO9610 Vand’OeuvreMéchali.F Détachement D'orchestre CR140 Charlotte Méchali.F Orly And Bass CR169 Charlotte Méchali.F L'Archipel CR171 Charlotte Melody Four Hello we Must be Going 777760 natoMerville F. La part de l’ombre EMV1014 EmouvanceMevel.G trio La Lucarne incertaine 312618 AAMicenmacher.Y... Café Rembrandt HOP200025 Label HopiMille Daniel Sur les quais SHL2064 SaravahMille Daniel Les heures tranquilles SHL2075 SaravahMille Daniel Le Funambule SHL2096 SaravahMisères et cordes Au Nikita P101 PotlatchMobley.B Mean what you say BG9911 Space T.Mobley.B New Light BG2117 Space T.Mobley.B Jazz Orch.Live at Small's Vol 1BG9805 Space T.Mobley.B Jazz Orch.Live at Small's Vol 2BG9809 Space T.Monniot C. Moniomania DOC 064 Q. de Neuf Montgomeru Buddy A Love Affair in P...BG 2116 Space T.Morières.J L'Ut de classe Nûba5614 NûbaMorières 5tet Wakan' Nûba1629 NûbaMorières.J Zavrila Nûba0900 NûbaMosalini/Beytelmann/Caratini .. BordonaLBLC6548 Label BleuMouradian.GSolo de kamantcha EMV1006 Emouv.Mouradian/Tchamitchian Le monde estEMV1018 Emouv.Musique’s Action Vandoeuvre 88-92 VDO9304 Vand’OeuvreMusique’s Action 2 VDO9509 Vand’OeuvreMusseau.M Sapiens, Sapiens … TE007 Transes E.Musseau.M Mandragore, Mandragore !TE021 Transes E.Nicaise R. Hommage à Art Pepper CP190 CharlotteNick trio/Liebman .. Dis Tanz TE009 Transes E.Niemack.J Long as you're living FRL-NS-0301Free L.Niemack.J Straight up FRL-CD018 Free L.Niemack.J & Walton.C trio .. Blue Bop FRL-CD009 Free L.Nissim.M Solo CR177 Charlotte Nissim 7tet Décaphonie 312613 AANOHC IS181 In SituNomad Ciguri VDO9305 Vand’OeuvreNozati.A VDO 9712 Vand'OeuvreOctuor de violoncelles (L') TE013 Transes E.O'Neil/Wolfaardt / Rubato Brothers 312610 AAONJ Denis Badault .. Bouquet Final LBLC6571 Label BleuONJ direction D.Levallet..Deep Feelings FA 448 EvidenceOpéra-jazz pr les enfants ..Ze blue noteCR104 CharlotteOpossum Gang .. Kitchouka 312617 AAOrient Express Moving Shnorers TE010 Transes E.Oriental Fusion TE025 Transes E.Ortega.A On Evidence EVCD213 EvidenceOrtega 9net Neuf EVCD620 EvidenceOrtega antony quartet Bonjour AJM01 AJMIPadovani Qtet .. Nocturne LBLC6566 Label BleuPadovani/Cormann .. Mingus Cuernav..LBLC6549 Label BleuPadovani One for Pablo HOP200011 Label HopiPadovani Takiya ! Tokaya ! HOP200014 Label HopiPadovani Jazz Angkor HOP200019 Label HopiPadovani Chants du monde HOP200022 Label HopiPadovani Le Minotaure HOP200026 Label HopiPadovani De Nulle Part Hop 200030 Label HopiPadovani Quatuor 312607 AAPan ‘ a ‘ Paname GM 1012 GiminiPansanel.G Navigators ZZ84129 Deux ZPansanel/Gouirand .. Nino Rota Fellini ZZ84121 Deux ZPapadimitriou.S .. Piano cellules IS010 In SituPapous dans la tête (Des) PAP01 ** Transes E.Papys du swing (Les) ..Bourgueil Berton312621 AAParant J-Luc Partir ALOOMATTA1Vand’OeuvreParker / Rowe Dark Rags P200 PotlatchPaulo J. Roda ED13129 Deux ZPauvros.J-F Le Grand Amour 777710 natoPetit Didier Déviation LNT340103 La Nuit Transf.Pfeifer Cathrin Lonely Tramp SHL 2108 SaravahPhillips.B Naxos C14 CelpPhillips B. Journal Violone 9 EMV 1015 EmouvancePhosphore P501 Potlatch Pied de Poule .. Indiscrétion GRRR2013 GRRRPilz.M 4tet Melusina drops016 CharlottePoliti / Petit Un Secreto TE024 Transes E.Polysons (Collectif) DOC010 Q. de N.

Ponthieux.J-L .. Double Basse HOP200007 Label HopiPortal.M MENS’ lAND LBLC 6513 Label BleuPortal.M Musique de Cinéma LBLC 6574 Label BleuPortal.M Dockings LBLC 6604 Label BleuPortal.M Any Way LBLC6544 Label BleuPortal/Humair//Solal/Town Hall 9/11p.m.LBLC6517 Label BleuPozzi M. Acadacoual TE002 Transes E.Pozzi M. La serpiente immortal TE027 Transes E.Quartet Elan Live SHL2086 SaravahQuatuor vocal .. Nomad TE011 Transes E.Qques Instants Chavirés .. L'Amour ZZ84117 Deux ZQ. de N. Doc. Big Band .. Le retour DOC002 Q. de N.Q. de N. Doc. Big ..En attendant la pluieDOC003 Q. de N.Q. de N. Doc. Big..Femme du bouc .. DOC017 Q. de N.Q. de N. Doc. Big Band .. 51° Below DOC033 Q. de N.Q. de N. Doc. Big Band ..A l’Envers DOC004 Q. de N.Rangell.B The Blood Donation HOP200003 Label HopiRaulin.F First Flush ZZ84114 Deux ZRaulin/Oliva duo .. Tristano EMV1008 Emouv.Rava Carmen LBLC 6579 Label BleuRava.E Rava l’Opéra va LBLC6559 Label BleuRava.E Plays Miles Davis LBLC6639 Label BleuRava.E/Bollani S. Montréal ..... LBLC6645 Label BleuRava/Fresu/Bollani ..Shades of Chet LBLC 6629 Label BleuRecedents Zombie Bloodbath on... 777762 natoRecyclers Rhymes ZZ84111 Deux ZRecyclers Visit ZZ84127 Deux ZRegef D. Tourneries VDO9306 Vand’OeuvreRépécaud D. ... Ana Ban IS234 In SituRêve d’éléphant Orchestra Racines du.. WERF 026 CharlotteRivers/Hymas .. Eight Day Journal 777726 natoRivers/Hymas .. Winter Garden 777769 natoRobert.Y Eté ZZ84133 Deux ZRobert.Y Tout court ZZ84103 Deux ZRobert.Y Tout de suite ZZ84113 Deux ZRobert.Y Des Satellites avec des... EVCD08 EvidenceRogers Paul 4tet Time of brightness RM027 GiminiRomano.A Palatino LBLC 6605 Label BleuRoubach/Gastaldin/... .. Esquisse CR178 Charlotte Rousseau Y. Fées et Gestes HOP200027 Label HopiRousseau/Tortiller/Vignon .. SpectaclesHOP200020 Label HopiRovere/Garcia .. Bi-Bob C27 CelpRueff.D Cosmophonic TE018 Transes E.Sage Comme une image GRRR2014 GRRRSage Les Araignées GRRR2022 GRRRSamoun.M Sur la route CP181 Charlotte Santacruz/Lowe/...After the Demon's... 312623 AASchmitt Sanson Djieske EMD 0201 EMDSchneider/Soler/HauenensEtre HeureuxCP184 Charlotte Schneider/Couturier/Méchali Correspond CP 192 CharlotteSchneider Larry So Easy LBLC 6516 Label BleuSclavis Louis Ad augusta per Angustia 777 740 natoSclavis Louis Ceux qui veillent la nuit LBLC 6596 Label BleuSclavis Louis Clarinettes LBLC 6626 Label BleuSclavis Louis Chine LBLC 6656/57 Label Bleu **Sclavis Louis Danses et autres scènes LBLC 6616 Label BleuSeffer.Y Mestari CR131 CharlotteShimizu Yasuaki Bach Cello Suites SHL2098 SaravahSIC VDO9508 Vand’OeuvreSicard.J Isthme CR176 CharlotteSicard.J trio Le rêve de Claude CP188 CharlotteSicard/Méchali/Laizeau Oblik CP199 CharlotteSilva.A Take some risks IS011 In SituSilva A. In the tradition IS166 in SituSmall Mona Waiting CP 182 CharlotteSoler.A Plays the red bridge C38 CelpSoler.A: Réunion .. J'irai valser sur vos..C33 CelpSommer/Kassap/Levallet Cordes sur cieLMD001 EvidencelSouth Africa Friends Sangena 312603 AAString Trio of N-York .. An Outside Job 312604 AATchamitchian/Boni Ké Gats EMV1002 Emouv.Tétreault/Charles MXCT DO 0121 Vand’OeuvreTexier.H Mad Nomad(s) LBLC6568 Label BleuTexier.H Remparts d’argile LBLC6638 Label BleuTexier.H trio The scene is clean LBLC6540 Label BleuTexier.H 4tet La Companera LBLC6525 Label BleuTexier.H 5tet An indian’s week LBLC6558 Label BleuTexier.H 4tet Paris Batignolles LBLC6506 Label BleuTexier.H 5tet Mosaïc Man LBLC6608 Label BleuText’up F Cotinaud fait son R Queneau MJB 010 MusiviThémines.O trio .. Fresques et sketches312619 AAThibault-Carminati.M .. Brume CR168 Charlotte Thollot.J Tenga Niña 777701 natoThomas.Ch All Star The Finishing TouchBG9602 Space T.Thomas.Ch All Star .. Live in Europe BG9807 Space T.Thomas.Ch.The Legend of C.T. BG2014 Space T.Thomas.P 4tet .. Portraits CR173 Charlotte Me Thomas 7tet .. Entre chiens et loups312620 AAThôt DOC059 Q. de N.Thuillier.F Brass Trio .. Quand tu veux DOC026 Q. de N.Ti Jaz Rythm’n Breizh GM1010 GiminiTierra del Fuego .. Calcuttango MJB005CD MusiviTonolo Pietra Portrait of Duck LBLC 6628 Label BleuTorero Loco Portraits AM025 ArfiTortiller.F Vitis Vinifera HOP200015 Label HopiTous Dehors Dentiste EVCD827 EvidenceToussaint J. Blue Black BG2218 Space T.Tribu MJB009 MusiviTri A Boum " A ciel ouvert EVCD 111 EvidenceTrio N’Co Dialogue Nord Sud CP 196 CharlotteTriolid Ur Lamento P 202 PotlatchTusques.F Blue Suite TE026 Transes E.Tusques.F Octaèdre AXO101 AxolotlTusques.F Blue Phèdre AXO103 AxolotlTusques.F 1965 - Free Jazz IS039 In SituTusques.F 1992, le jardin des délicesIS139 In SituUn DMI L'hallali GRRR2011 GRRRUn DMI Sous les mers GRRR2012 GRRRUn DMI Qui Vive ? GRRR2015 GRRRUn DMI avec R. Bohringer .. Le K GRRR2016 GRRRUn DMI Kind Lieder GRRR2017 GRRRUn DMI Urgent Meeting : vol 1 GRRR2018 GRRRUn DMI Opération Blow Up : vol 2GRRR2020 GRRRUn DMI Machiavel GRRR2023 GRRRUn DMI Trop d’adrénaline Nuit GRRR2024 GRRRUn DMI Jeune fille qui tombe, ... IS074 In SituUrtreger René Didi’s bounce 591044 SaravahVander Maurice Philly 591042 SaravahVan Hove.F Flux P2398 Potlatch **Vasconcellos Nana Africadeaus SHL38 SaravahViguier J.M. Sage EMD9601 EMDVillaroel M. Trio TE022 Transes E.Villarroel/Deschepper/Merville..Improv..TE015 Transes E.Virage Facile EMV1011 EmouvanceVon Dormol/Linx/Baldwin Apouer’s Q..LBLC6607 Label BleuWaldron.M 3 Le Matin d'un fauve 312606 AAWaldron/Brown Songs of love and ... FRL-NS-0302 Free L.Watson/Lindberg .. The memory of.. LBLC6535 Label BleuWatson/Lacy/Lindberg .. The Amiens ...LBLC6512 Label BleuWatson/Lindberg/Thigpen Punk Circus FRL-NS-0303 Free L.Watson trio.E .. The Fool School 312602 AAWilen.B Dream Time ZZ84108 Deux ZWilen.B Le Grand Cirque 777768 natoWilen.B Moshi SHL35 SaravahWodrascka.C .. Transkei 312605 AAWodrascka / Romain Le PéripatéticienLNT340101 la nuit transf.Workshop de Lyon .. Côté rue AM022 ArfiYoron Israël Connection ..A Gift For YouFRL-CD024Free L.Zekri Camel Le Festival de l’eau VDO9917 Vand’Oeuvre

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 - Supplément VPC - page I

Et aussi ...

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 - Supplément VPC - page II

24 heuresde musique

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au MansLes Allumés La vitrine

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 - Supplément VPC - page III

La vitrine

euresusique

1 - Bob Garcia - Isn’t it rmantic (Deux Z - ZZ84130 ) ...............22 - Denis Fournier - Chagarandah (Deux ZZ 84134 )...............123 - Didier Petit - Nohc (In Situ IS 181)....................................124 - Mouradian/Tchamitchian"Le monde est une fenêtre" (émv 1018). 10

5 - Couturier/Larché/Matinier - "Music for a while" (émv 1017 )...106 - le duo Boni/McPhee - "Voices&Dreams" (émv 1016 ).........107 - le duo Raulin/Oliva - "Tristano" (émv 1008 ).....................108 - I on Blues - Kilimandjaro ( EMD 9801)...............................129 - Voici ma main - Alain Goualch Tryo ( EMD 9701 )...............10

10 - Sage - Jean-Marie Viguier trio (EMD 9601..........................1011 - Un Drame musical Instantané - L’Halali (GRRR 2011 ).........1212 - Un Drame musical InstantanéTrop d’Adrénaline Nuit (GRRR 2024 )..12

13 - Camel Zekri "Le festival de l'eau" (VDO 9917)...................1214 - Compilation Musique Action 3 (VDO 0224).......................1215 - Dominique Grimaud "Slide" (VDO 9915).............................1216 - Berthet / Le Junter (VDO 9487)...........................................1217 - Louis Sclavis - Ad augusta(nato 777 740)............................. 818 - Collectif - Les films de ma ville (nato 777718) .....................8 19 - Carlos Andreu François Tusques (In situ IS 236).................12 20 - Sam Rivers -Tony Hymas - Eight Day Journal (nato 777 726)12

21 - Surnatural Orchestra (QDN - Doc 069) ................................10

22 - Rouge Gris Bruit - Sophie Agnel (Potlatch P 401)................1223 - La marmite infernale - Au charbon (Arfi AM 028)...............1224 - Collectif - Potemkine (Arfi AM018)......................................12

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Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 - Supplément VPC - Page IV

Zigmund.E trio .. Dark Street FRL-CD022 Free L.Zig Rag Orch.. Postcommunism ... ZZ84116 Deux ZZingaro.C Solo IS076 In SituZ Bojan Koreni LBLC6614 Label BleuZ Bojan Solobsession LBLC 6624 Label Bleu

LP - VinylsAmati Ensemble (The) .. Lawes Purcell745 natoBeresford.S Avril Brisé ZOG1 natoBeresford.S Pentimento ZOG3 natoBirgé / Vitet Carton GRRR2021 GRRRBuirette.M La mise en plis GRRR1009 GRRRClark.C Dedications FRL-003 Free L.Coe.T Mer de Chine ZOG2 natoCollectif BO du Journal de Spirou 1715/1774 nato **Coxhill/Boni/Horsthuis .. Chantenay 80 10 natoCoxhill/Deshays .. "10 : 02" 439 natoDay.T Look at me 1229 natoDebriano.S 5tet .. Obeah FRL-008 Free L.Fontaine B. Est SHL1011/2 SaravahFontaine B. Brigitte Fontaine SH10034 SaravahFontaine B. Je ne connais pas cet hommeSH10041 SaravahHacker.A Hacker Ilk (vol 1) 214 natoHacker.A Mozart - Music for friends 670 natoHacker.A Mozart - Gran Partita 1132 natoHacker.A Hacker Ilk (vol 2) 1180 natoKassap 8tet Saxifrages ! EVCD102 EvidenceKassap.S Foehn EVCD103 EvidenceLacy Steve Dream SH10058 SaravahLavaillant.D Direct 140 natoLevaillant.D Barium Circus 382 natoLevallet.D Quiet Days in Cluny EVCD101 EvidenceLevallet Swing .... Original Session EVCD203 EvidenceLindberg.J Haunt of the Unresolved 40 natoMalfatti.R & Quatuor a vant Formu 175 natoMarcial.E Canto Aberto FLVM3003 Free L.McCraven.S 4tet .. Intertwining Spirits FRL-005 Free L. Méchali.F Le Grenadier Voltigeur 70 natoMelody Four Shopping for Melodiies 0H19 natoPauvros.J-F Hamster Attack 1544 natoRaux.R 4tet .. Feel good at last FRL-004 Free L.Sage/Vitet Supposons le problème .. GRRR1008 GRRRSommer.G Seven Hit Pieces EV105 EvidenceTohban Djan .. Poison Petal 1657 natoUn DMI Rideau ! GRRR1004 GRRRUn DMI A travail égal salaire égal GRRR1005 GRRRUn DMI Les bons contes font ... GRRR1006 GRRRUn DMI L'homme à la caméra GRRR1007 GRRR

45 ToursMelody Four La Paloma 0H5 nato

K 7Beresford.S Pentimento ZOG3 nato

C o f f r e t s p é c i a lHymas / Bush Laissé pour mort nato/ Stardomavec illustrations originales de Moebius, Boucq et Cabannes : 110,00 Û

E d i t i o n s p é c i a l e (cd-rom digipack midsize)Un D.M.I. Machiavel : GRRR 2023 2 3 Û

CD + DVDBirgé Gorgé Vitet Défense de MIO Records 026-027 3 0 Û

LivreJazz Light and Day - Guy Le Querrec / édition Federico MottaEntropie mon amour- Stéphane Cattaneo / édition Kokonino

* * D o u b l e A l b u m* * * T r i p l e A l b u m

Prix :CD : 15 ÛDouble CD : 23 ÛTriple CD : 30 ÛLP : 15 Û45 Tours : 5 ÛLivre photo Guy Le Querrec : 22 ÛLivre illustration Stéphane Cattaneo :8 Û

Voir ci-contre Tarifs spécifiques pour l’opération des pages centrales :La vitrine24 heures de musiques au Mans

Frais de port : ........

Nom : ……………………………………………… Prénom : ………………………………………… NET A PAYER : ..........................Adresse précise : …………………………………………………………………………………………..………………………………………………………………………………………………………………….Code postal : …………………Ville : …………………………………Pays : …………………..…Tél : ..................................................................

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BON DE COMMANDE n° 9

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bon de commande

1 - Bob Garcia - Isn’t it rmantic (Deux Z ZZ84130 ) ..........................................12Û

2 - Denis Fournier - Chagarandah (Deux Z 84134 )............................................12Û

3 - Didier Petit - Nohc (In Situ IS 181)...............................................................12Û

4 - Mouradian/Tchamitchian" - Le monde est une fenêtre" (émv 1018) .........10Û

5 - Couturier/Larché/Matinier - "Music for a while" (émv 1017 )......................10Û

6 - le duo Boni/McPhee - "Voices&Dreams" (émv 1016 ).................................10Û

7 - le duo Raulin/Oliva - "T ristano" (émv 1008 )................................................10Û

8 - I on Blues - Kilimandjaro ( EMD 9801)..........................................................12Û

9 - Voici ma main - Alain Goualch Tryo ( EMD 9701 )........................................10Û10 - Sage - Jean-Marie Viguier trio (EMD 9601.....................................................10Û

11 - Un Drame musical Instantané - L’Halali (GRRR 2011 ).................................12Û

12 - Un Drame musical Instantané - T rop d’Adrénaline Nuit (GRRR 2024 )......12Û

13 - Camel Zekri " - Le festival de l'eau" (VDO 9917).........................................12Û

14 - Compilation Musique Action 3 (VDO 0224).................................................12Û

15 - Dominique Grimaud - "Slide" (VDO 9915)....................................................12Û16 - Berthet / Le Junter (VDO 9487).......................................................................12Û17 - Louis Sclavis - Ad augusta (nato 777 740)......................................................8Û 18 - Collectif - Les films de ma ville (nato 777 718) ..............................................8Û 19 - Carlos Andreu / François Tusques (in situ IS 236).......................................10Û20 - Sam Rivers - Tony Hymas - Eight Day Journal (nato 777 726)................... 12Û

21 - Surnatural Orchestra (QDN - Doc 069) ..........................................................12Û

22 - Rouge Gris Bruit - Sophie Agnel (potlatch - P 401)......................................12Û

23 - La marmite infernale - Au charbon (Arfi - AM028).......................................12Û

24 - Collectif Potemkine (Arfi - AM018).................................................................12Û

Les Allumés au Mans 24 heures de musique

Référence Nom de l’artiste T itre de l’album Quantité Montant

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A retourner aux Allumés du Jazz - 128 rue du Bourg Belé, 72000 Le MansFRAIS DE PORT : France métropolitaine : forfait port et emballage (jusqu’à 5 CD).....................…….......................... + 4,00Û

France métropolitaine : forfait port et emballage (6 CD et plus).....................………........................ + 5,00ÛEurope (jusqu’à 5 CD) : forfait port et emballage…………………………………………………………..+ 6,50ÛEurope (6 et plus) forfait : port et emballage…………………………………………...………........…….. + 10,50ÛAutres pays (Asie/Amérique/Océanie/Dom Tom) (jusqu’à 5 CD) : forfait port et emballage………….. + 12,00ÛAutres pays (Asie/Amérique/Océanie/Dom Tom) (6 et plus) : forfait port et emballage……........... + 16,00Û

Nous vous propo-sons dans nospages nouveautésune sélection dedisques venant deBelgique.Pour commanderces disques,veuillez ne pas lesinscrire sur lemême bon decommande queles autres disquesdes Allumés.Faire une photo -copie.Merci

Les Allumés du Jazz N° 9 - 4ème trimestre 2003 Page 11

Mots croisés

LE MYSTÈRE DE LA CHAMBREJAZZ ET CINÉMA

L’autre soir à l’émission de ThierryArdisson, le producteur de shows (télévisésou non) Gérard Louvin expliquait que pourl’adaptation sur scène du classique deJacques Demy "Les Demoiselles deRochefort ", le compositeur de musiques defilm Michel Legrand avait adapté "son jazzde 1967 pour le transformer en jazz de2003 ". L’après-midi même, je m’étais pro-curé " All That Jazz (un siècle d’accords etde désaccords avec le cinéma) ". J’ai doncpensé que c’était le moment opportun pourouvrir ce très attrayant livre. Vous convien-

drez, cher lecteur, que cet enchaÎnementne relève aucunement du mystère ou entout cas un mystère moins fort que celui decette histoire chien-chat de Jazz et deCinéma. Dans À Bout de Souffle, Jean-PaulBelmondo demande au producteur améri-cain (joué par Jean-Pierre Melville) : "Qu’est-ce que le cinéma ? ". Si c’étaitNesuhi Ertegun qui était descendu d’avion,il aurait pu aussi bien demander : " Qu’est-ce que le Jazz ? ". Le mystère est aussigrand. Selon le Petit Robert, le jazz est "une manière particulière de traiter le tempsmusical ". On pourrait, mystère pour mystè-re, appliquer cette définition au cinéma.

Voilà donc un livre qui arrive à point pourestimer au plus près, un siècle après, l’étatdes rapports amoureux de ces deuxmanières bien particulières de traiter letemps. L'utilité de l'ouvrage paraît facile àétablir. Il rend service en démontant les(faibles) preuves à charge voulant que toutfilm qui consent à recevoir dans sa sociétéun jazz sans mœurs, finit par en devenir lavictime. De façon regrettable, le cinéma“risque” rarement le jazz. Il préférera en uti-liser la couleur ou les joueurs (il existe uneséquence de musique improvisée assezformidable dans Atlantic City de Louis Malleinterprétée par Howard Riley, Barry Guy,Tony Oxley et Tony Coe, étrangementsignée Michel Legrand – on attend l’arran-gement 2003). Il y a beaucoup dans celivre. L’essentiel bien sûr, mais aussi lesouvertures multiples qui permettent de vrai-

ment comprendre comment le jazz se meutsur la pellicule. Le chapitre le plus inattenduest sans doute celui de Michele Fadda surle rapport du jazz et du film d’animation.C’est là que le jazz, les jazz, semblent aumieux s’animer dans la représentation ima-gée et mobile : représentation parfaitementsaisie par Philippe Carles et Jean-LouisComolli qui signent un remarquable quatremains sur les rapports entre le cinéma et lefree jazz (la liberté bien sûre) et l’extraordi-naire mouvance physique du jeu de tous les

corps (acteurs, spectateurs et musiciens).Gilles Mouëllic (dont les articles de qualitéont été largement remarqués dans JazzMagazine) s’attache à l’approche fictionnel-le du jazz au cinéma et dresse avecMichele Fadda une impressionnante etindispensable filmographie. Chaque autrechapitre (Krin Gabbard, ErmannoComuziuo, Giampiero Cane, Franco LaPolla, Franco Minganti, Irene Bignardi) estune somme qui permet de voir (bien mieuxque ce que l’on peut penser), tout ce quel’on a déjà reçu et d’imaginer (mieux que ceque l’on peut rêver) ce qui est à venir. Unvrai service rendu.

Post Scriptum : Il ne manque peut-être qu’àcet ouvrage (pour les plus obsessionnels,mais ils ne sont pas négligeables) qu’unindex des noms cités. On aurait sans douteaimé un peu plus, pour la partie interview,que les entretiens assez attendus avecAlain Corneau, Bertrand Tavernier (ciné-philes certes irréprochables), le très institu-tionnel Ken Burns (qui ne conjugue qu’aupassé) ou Lalo Schiffrin (musicien compé-tent). Les points de vue de Spike Lee, ClintEastwood, Martin Scorcese, PascaleFerran, Louis Sclavis (qui travaille avecTavernier) ou Charlotte Zwerin, parexemple, auraient été bienvenus.

Suzanne Ménessier

All that Jazz - Les Cahiers du Cinéma Edition dirigée par Franco La Polla

James Stewart et Duke Ellington dans Anatomy of a MurderCol. Cahiers du Cinéma

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 Page 12

Le cours du temps

Comment rencontrez-vous la musique ?Je suis né en 1945 dans un milieu extrême-ment modeste. Ma mère rêve que ses enfantspuissent s’en extraire. Donc, elle bosse trèsdure : confection la nuit, ménage le jour, etc.Elle se débrouille pour trouver un vieux pianoet me fait donner des cours. Je déteste ça, plusla prof que le piano ; une corvée de plus,comme le catéchisme. On habite le quartierdes Batignolles, mon père bosse à la SNCFdans la gare des Batignolles où je suis né. Audépôt d’autobus de Clichy Batignolles, il y a untonton de Rennes chauffeur de bus. Il joue duboogie-woogie en rigolant. Je suis complète-ment, immédiatement, instantanément boule-versé. J’apprends cela tout de suite et il n’y aplus que ça qui compte. J’essaye dejouer mes exercices de cette maniè-re-là, de les swinguer. Il y a aussiSidney Bechet qui est une énormis-sime vedette. Au lycée, je rencontreAlain Tabar Nouval qui habite lecoin de l’avenue de Clichy, moi j’ha-bite rue Cardinet. C’est importantparce que c’est là que tout est arrivé.Tabar Nouval est d’origine antillaiseet joue de la clarinette. On est enpleine guerre d’Algérie, il a une têted’arabe, ce qui lui permet de se fairearrêter à tous les coins de rue etmoi, je suis là, à côté, les bras bal-lants, j’attends que les CRS aientfini de le fouiller. J’ai la haine. C’està ce moment-là que je prends conscience de lavraie injustice. On écoute les disques chez lesdisquaires car on n’a pas de sous pour en ache-ter. Il y a " Pour ceux qui aiment le jazz " à laradio. Tous les soirs, je mets le poste à côté demon oreiller pour que mes parents n’enten-dent pas. Ça devient à douze, treize ans, unepassion totale. Dans les petites annonces desjournaux de jazz, on voit des gars qui cher-chent des musiciens à rencontrer. On leur écritet deux fois par semaine, chez moi au 149 rueCardinet, on se réunit dans ma chambre et l’onrépète. Arrive André Fardin qui joue du vibra-phone et de la guitare. Il est d’origine antillai-se, plus âgé que nous. Il n’ose pas aller joueravec des mecs, il joue très bien, mais il est troptimide. Un jour, il est en avance. Le type quijouait de la basse, une blanche en contrepla-qué, la laissait chez moi parce qu’en fait, il sefoutait de la musique, il pensait qu’on joueraitdans des surboums et qu’on se ferait un petitpeu de pognon, la basse c’était l’instrument

idéal parce que tu n’entendais rien de ce qu’iljouait évidemment, à part qu’il fallait la trim-baler… Donc André Fardin arrive avant lesautres, prend la basse comme ça, connaissantles quatre dernières cordes comme sur la gui-tare, et me dit : " tiens on va jouer un blues ensi bémol ". Il me joue un blues avec la ligne debasse vachement bien, un peu comme RayBrown, et là c’est la révélation. C’est la premiè-re fois de ma vie que j’entends cet instrumenten fait. Je commence à empoigner la contre-basse. Tabar Nouval, qui jouait aussi de la gui-tare, m’explique les quatre cordes, me ditqu’en face du do il y a un fa, en face du fa il y aun si bémol. Je colle un morceau de papier àl’endroit du do sous la corde de la et à partir de

là je commence à jouer, et depuis je ne me suisplus jamais arrêté . Voilà les débuts. On est en1961. J’ai seize ans. Puis les choses vont extrê-mement vite. On part à Quiberon faire une sai-son, on remplace un orchestre d’étudiants avecTabar Nouval et puis d’autres mecs. On est enplein dans l’époque Blue Note. On écouteMiles, Cannonball Adderley, Coltrane, Monk,Philly Joe... À la rentrée 61, le disque deRollins au Vanguard arrive avec Elvin à la bat-terie et Wilbur Ware à la basse. C’est la plusgrosse révélation de jazz, j’allais dire de jazzbrut de décoffrage surtout à cause d’Elvin. Celaprécède la polémique " Ornette ". Certainsplongent à fond la caisse, d’autres rejettent ens’attachant à une forme qu’ils ne comprennentpas alors que le fond est absolument évident.

En fait tu ne cherches pas le choc ducôté des bassistes ?Ah, mais je ne cherche aucun choc, je ne saisrien. Je n’écoute pas forcément plus les bas-

sistes qu’autre chose. Je suis bien plus fascinépar Miles ou Coltrane que par Paul Chambers,par l’univers orchestral de Charlie Mingus quepar sa façon de jouer. À quinze ans, je vais voirMiles à l’Olympia, le fameux concert oùColtrane se fait jeter. Je suis terrorisé de voircomme les gens peuvent se conduire avec unmusicien. Coltrane, je ne sais pas si j’y com-prends quoi que ce soit mais je suis sensible àce que j’entends sans savoir pourquoi. Je nesuis pas en mesure de réaliser la grandeur dece musicien-là, mais je ne supporte pas l’atti-tude du public. À la fin du concert, je vais à lasortie de l’Olympia où ils distribuaient des por-traits de Miles sur carte postale : je fais signerla mienne par tout le monde : Miles, WintonKelly, Coltrane, Chambers, Jimmy Cobb. Jesuis sidéré et je serre la main de Coltrane, il esttellement triste que je lui dis dans un anglaisde gamin de quinze ans : " the public is verybad ", il me dit " thank you " avec un gentil sou-rire, je m’en souviens comme si c’était hier, j’aiencore la sensation de la peau de sa main dansla mienne. Il y a le choc Coltrane, il y a le chocdu Village Vanguard et puis arrive le chocd’Ornette Coleman.

Quel était l’effet Ornette ?Ça chante, c’est mélodique, même siles mélodies sont très simples, lesmouvements des lignes de basse sontfascinants. Lorsqu’il arrive, je me dis :" c’est bizarre, tous mes copainsaiment ça, faut que je fasse quelquechose ". Je me suis procuré le disqued’Ornette Coleman et je l’ai joué surl’électrophone toute la journée, sans ypenser ; il s’arrêtait, je le retournais, jele remettais, il s’arrêtait, je le retour-nais, je l’ai remis pendant une bonnesemaine. Un soir tard, il n’y avait plusde bruit dans la maison, je me le suismis pas trop fort, comme ça, dans lenoir, j’ai vraiment écouté et là j’ai étépris, embarqué. J’ai adoré ça, ce quim’a préparé à une rencontre déterminante :Don Cherry.

Tu vis de la musique à ce moment-là ?Non, je suis toujours au lycée. Je fais les clubsen saison sur la côte d’Azur. Daniel Humairdébarque, il s’ennuie en vacances, vient faire lebœuf, super content, il porte des chemisesaméricaines avec des boutons au col et moidepuis que j’ai commencé à découvrir cettemusique je suis totalement fasciné par les afro-américains. Daniel circule beaucoup enEurope, il est déjà allé aux Etats-Unis, a rame-né des fringues, je lui dis : " oh là là, c’est bientes chemises, tu m’en vendrais pas une ? ". Il semarre et me donne son téléphone. À la rentrée,je le rappelle pourlui acheter unechemise et il mefait : " Qu’est-ce quetu fais ce soir ? ". Ilhabite mon quar-tier, de l’autre côtédu Pont Cardinet,rue de Tocqueville.Je réponds : " rien ".Moi, entre tempsavec le blé de lasaison, je me suisprocuré un véloSolex. C’est laliberté totale. Il medit : " Tu ne veuxpas garder ma fille "et je commencema carrière pro-

fessionnelle comme baby-sitter de DanielHumair. Il a à peine trente ans, déjà célèbrissi-me, joue avec le trio de Martial Solal, il est déjàpote avec Elvin Jones et a déjà joué avec BobbyJaspar. Donc, je suis content, j’y vais, je gardeCaroline, sa petite gamine. Il a une collectionde disques impressionnante. Un beau jour,Daniel rentre plus tôt que prévu, et me dit : "Tufais quoi maintenant ? ", " ben je vais rentrerchez moi ". " Tu ne veux pas venir avec moi auBleu. Le Bleu, c’était le Blue Note. " Ouais ", "mais t’as pas de cravate ". Il me prête une cra-vate et nous voilà partis au Blue Note auxChamps Elysées. Il y avait, je m’en souviendraitoute ma vie, une des sections rythmiques mai-son du Blue Note avec Charles Bellonzi à labatterie, Michel Gaudry à la basse, et ensolistes Charlie et Toshiko Mariano. Quandune section rythmique était engagée dans unclub, elle était engagée, point. Après, ça a trèsvite changé. Elle y restait et les solistes de pas-sage étaient souvent des américains qui res-taient longtemps, un mois ou plus. On était desvrais saltimbanques, pas de sécurité sociale àpart une pauvre petite vignette qu’on achetaitsouvent soi-même, pas de chômage. A l’époque à l’Olympia, il y avait des concertsà18h, puis le spectacle avec un chanteur de

variété, et à minuit de nouveau, il y avait unautre concert du même musicien et là en l’oc-currence, c’était le quartet de Sonny Rollinsavec Don Cherry, Bob Cranshaw et BillyHiggins. Evidemment, je me précipite et je vaistraîner dans les coulisses, j’étais monstrueuse-ment fan : un trou de souris, je passais, je medébrouillais pour être au plus près des mecs. Ace moment-là, je croise Gilbert Rovère dans lescoulisses qui me dit : " qu’est-ce que tu fais cesoir ? ", je lui réponds " j’en sais rien ". " Tuveux pas me remplacer au Bleu ? " Si j’avais étéun zig normal, j’aurais dit non mais j’ai dit oui,je n’ai pas pu me retenir. Je suis rentré préci-pitamment chez moi me changer, emballer mabasse, sauter dans un taco pour être à l’heure

LE CHEMIN DE FAIRE

Henri Texier octet Musée d’Art Moderne 1967 à gauche Alain Tabarnouval Jacques Bologuesi à droite Michel Portal GLQ Magnum

Henri Texier, Phil Woods, Gordon Beck, Daniel Humair 1969 GLQ Magnum

Henri Texier, Art Farmer 1968 GLQ Magnum

Henri Texier, Daniel Humair, Hampton Hawes 1968 GLQ Magnum

RENCONTRE AVEC JEAN ROCHARD - Transcription de Christelle Raffaelli et Valérie Crinière

Le made by french jazz a ses pierres de taille : "Free Jazz" de François Tusques,"Chateauvallon 72" de Michel Portal, "La Guêpe" de Bernard Vitet, "Quand le son devientaïgu, jeter la girafe à la mer" de Jacques Thollot. Autre exemple flagrant : "Amir" d'HenriTexier, acte musicale parfaitement dans son temps, osait renouer par avance avec ce qui n'al-lait pas tarder à nous manquer. La persistance du chant comme donnée (on pourrait direoffrande) à partir de laquelle tout reste possible. Du dixieland à Jef Gilson pour ensuite rece-voir les gestes magnifiquement déclencheurs de Dexter Gordon, Art Taylor, Lee Konitz ou

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Le cours du temps

au Blue Note. Ben Benjamin, le patron, un grosgrand gras méchant patron de club de jazz, nesavait même pas que j’allais venir. Il y avaitKenny Clarke qui jouait avec Lou Bennett enalternance avec deux trios : un avec Lolo(Charles Bellonzi), René Thomas et moi quiremplaçait Bibi Rovère et l’autre avec Lolo etBud Powell. Ils ont commencé à me demanderce que je voulais jouer, je ne connaissais pasbeaucoup de morceaux et j’ai eu une amnésietotale, je me souviens des cinq premièresminutes et après je ne me souviens plus de rienà part de mon malaise extrême tellementj’étais terrifié. Bud Powell était complètementailleurs, extrêmement bizarre, enfin ça je lesavais déjà, je l’avais déjà entendu dire, mais lefait de jouer avec lui, ça a été un choc mais pasun choc forcément très gai, c’est un souvenirdur et magnifique, je suis conscient de l’indélé-bilité de ce que j’ai ressenti à ce moment-là.

René Thomas était extrêmement mignon et medisait de ne pas m’inquiéter. Dans ma biogra-phie, je dis que j’ai joué avec Bud Powell parceque c’était un choc démentiel.

La relation avec les autres musiciensfavorisait la transmission du savoir ?Absolument ! Michel Gaudry m’a offert de leremplacer et ça a été la merveille des mer-veilles de devenir à vingt ans son remplaçantattitré au Blue Note. J’étais vraiment le pied àl’étrier. Pour lui, c’était très confortable parcequ’à cette époque il accompagnait SergeGainsbourg. J’ai pas mal joué également avecGuy Lafitte que j’ai rencontré au Caméléon où jesuis allé faire le bœuf. Le fait d’être introduitcomme ça au Blue Note, m’a donné du courage.

Dexter Gordon…Dexter Gordon, c’est probablement le musi-cien qui m’a le plus marqué en tant que per-sonne. Quand il est mort, j’ai vraiment ressen-ti un manque, une perte. Comme Art Taylor,parce qu’ils étaient déjà d’anciennes légendes.Art Taylor venait d’enregistrer Giant steps avecColtrane alors que Don Cherry était une toutenouvelle légende. Il y avait beaucoup d’amourdans cet orchestre. Avec Art Taylor, on sur-veillait Dexter parce qu’il y avait des problèmesde dope, il a toujours été un très très granddrogué mais avec beaucoup de classe, c’étaitun homme qui ne te faisait pas subir son malêtre,il n’était pas morbide, on le surveillaitpour voir s’il n’allait pas se faire la picouse detrop. C’est quelqu’un qui m’a fait un bienextraordinaire, qui m’a vraiment envoyé desvibrations pleines de beauté, comme ArtTaylor, pareil et pour la vie.

Avec Art Taylor, est-ce qu’il y avait aussicette idée de la paire rythmique ?Ah oui, l’histoire de la section rythmique, j’aitoujours été complètement concerné par ça,dès la première seconde. Même si j’étaisapproximatif sur le plan harmonique ou de lajustesse, ça s’est su que j’avais un tempod’acier, que j’étais extrêmement impliqué ryth-miquement et donc j’avais un rapport avec lesdrummers tout de suite très engagé. Quand tuchoisis de jouer une pulsation régulière, il y alà quelque chose qui a à voir avec la pulsationvitale : c’est un peu comme les tambours enAfrique, on ne fait pas le con en tapant sur untambour en Afrique, c’est impossible parcequ’il y a communication avec les esprits.

En interviewant Tusques, Thollot, Lacy,Vitet dans le Cours du Temps, on serend compte que Don Cherry est vrai-ment un personnage clé...Il y a le quintet de Don : JF, Aldo, Gato et KarlBerger. Et moi je suis là, je ne vais pas dire tousles soirs parce que je dois passer mon bac. Laveille de mon bac, je joue au Chat Qui Pêche,autant te dire que le bac s’est passé de moi. Je

suis tellement amoureux de la musiqued’Ornette. Klaus Hagel, le batteur qui jouaitavec Tabar Nouval, Jean-Max Albert (uncopain trompettiste), Georges Locatelli et moi,était le beau frère de Karl Berger. Locatelli,c’est extraordinaire car c’est le seul et uniqueguitariste qui joue cette musique à ce moment-là. Don Cherry, venu nous écouter au Bluesand Jazz Museum, île Saint-Louis, le premierclub de Gérard Terronnès, est sidéré qu’il y aitun guitariste qui joue les compos d’OrnetteColeman. On apprend en allant au Chat QuiPêche, comme ça en chantant. Je fais le bœufavec le quintet de Don. Dans le Chat il y aJoachim, Thollot, Beb Guérin, Tusques, Vitetévidemment, François Jeanneau, je ne sais pass’il est là, je ne me souviens pas l’avoir vu maisil est dans le disque Free Jazz de Tusques,

comme Charles Saudrais. C’est l’été 66 et Jean-François Jenny-Clark est au conservatoire deParis, auquel je n’ai pas pu avoir accès pour desraisons de milieu social et d’époque. Il va faireun stage en Allemagne avec Stockhausen, secasse pendant quinze jours, et le gars m’appel-le moi, là c’est le deuxième choc d’époque enfinpeut-être troisième ou quatrième après Lee

Konitz, Dexter Gordon et Art Taylor. Don habi-te chez JF, boulevard Magenta, cinquièmeétage sans ascenseur. Il y a un piano à queue,et comme ses parents ne sont pas là, Gatohabite là avec sa femme Michèle et il passe l’as-pirateur. Don se met au piano et m’apprend lamusique en la jouant, point final, terminé.L’arrangement c’est unisson pour tout lemonde, on est en pleine Afrique, on est en plei-ne celtitude aussi parce que la musique cel-tique ça fonctionne exactement de la mêmefaçon. J’ai retrouvé ça bien longtemps aprèsquand j’ai invité Dewey Redman. On avait faitun quartet comme ça avec Aldo, Dewey etKenny Wheeler, ce quartet-là j’aurais bienaimé l’enregistrer. Le conseil que Don m’adonné c’est " un bon conseil, fais comme tuveux ". Des gens qui venaient nous écouter medisaient : " oh la la tu nous fais penser à HenryGrimes " que je n’aimais pas. Esthétiquement,j’étais déjà à la recherche d’un truc quelquepart entre l’orgue Hammond et le luth arabe enpassant par le sitar indien, tout en saisissant laracine à pleines mains. C’est bien longtempsaprès que j’ai apprécié Mingus et HenryGrimes en tant que contrebassistes. Don m’adonné la clé.

Puis il y a eu l’armée, ça a cassé quelquechose ?Seize mois ! De temps en temps, je continuepar miracle de jouer avec Dexter. L’armée mecasse ma jeunesse. Je n’ai qu’une envie, lestuer. Je viens d’un milieu ultra anti-militariste,ultra anti-tout, ultra anti-policier, anti-institu-tionnel, communiste tendance anar-chiste, tendance dieu est mort, ni dieuni maître et puis aussi tendance anti-raciste. En plus, je viens de memarier, alors bonjour l’ambiance,c’est à la fois la haine et le désespoir.J’ai réussi à me faire pistonner pouraller à la musique d’un régiment de larégion parisienne et contrairement àce que je pense, ça ne va pas du toutêtre cool mais plutôt l’enfer, psycho-logiquement en tout cas. Le gradé, lechef de musique dont je dépends estun siphonné qui martyrise les mecsqui sont dans la musique, lesempêche de partir, c’est cauchemar-desque. Tant bien que mal, je rentrechez moi, j’ai des permes de nuit en tant queparisien et j’ai le droit d’aller m’inscrire auconservatoire de Versailles, je vais pouvoir

aller rencontrer Jacques Cazauran, le prof decontrebasse que la plupart des bassistes de jazzde l’époque ont été voir au moins une fois, c’estle cas de Beb Guérin et surtout Jean-FrançoisJenny-Clark. C’est ça qui me sauve. La périodedes fêtes 67/68, je passe au Caméléon, je suisen perme. Là le patron, Pascal Fang, quelqu’unde très chouette, me dit : " tiens, je viens devoir Daniel Humair ". Daniel réfléchissait à uncontrebassiste pour jouer avec HamptonHawes, " vous devriez l’appeler ". Je l’appelle :" tiens, Pascal m’a dit que tu cherchais un bas-siste ". Il me répond : " ouais ben d’accord ". Le2 ou 3 janvier 68, on a commencé à jouer auCaméléon, ça a été un tabac extraordinaire, çafaisait un an que je ne jouais pratiquement pas.Daniel me disait : " joue moins fort " tellementje tirais comme une bête sur les cordes, on atenu un mois. Après, on a dû faire un mois avecArt Farmer, avec cette fois George Gruntz aupiano et puis au mois d’avril, c’était PhilWoods, hop, ça bascule. Je sors de l’armée le1er mai 1968, il était temps parce que les mecsde la classe d’après : coincés ! 1er mai 68, toutle monde à poils, tout le monde drogué, tout lemonde se fume des pétards. Tout le mondecouche avec tout le monde, c’est vrai ça aussi,ça bouscule, ça perturbe, ben voilà, je suis avecPhil Woods.

C’est un groupe important…C’est là où je suis devenu mondialementconnu. Phil Woods est un expatrié américaincomme les autres, mais cette fois, lui, il vientcarrément avec sa famille et il a l’intention des’installer. Il a déjà fait un séjour en France etflippe de la situation aux Etats-Unis. Ildébarque à Paris et contacte Daniel Humairpour réunir une section rythmique, elle esttoute prête la rythmique, elle n’attend plus quelui. Simone Ginibre, la femme de Jean-LouisGinibre, le rédacteur en chef de Jazz Magazineà l’époque, décide de faire un peu l’agent. Larythmique au départ accompagne soit PhilWoods, soit Art Farmer, les deux en quintet,soit Jean-Luc Ponty. Très vite Jean-Luc Pontyfait son propre groupe, on est de plus en plusactifs avec Phil Woods, du coup Art Farmer sebranche plutôt avec le trio de GeorgesArvanitas et les choses se distribuent un peucomme ça. Phil Woods décide d’en faire sonorchestre. A partir de là, on cherche un nomavec Daniel, je trouve la " Rythm Machine ".Dès la première note, c’était le moteur à explo-sion, c’était comme si t’appuyais sur un bou-ton, vraiment comme une bécane, ça partait "schlah " ! Daniel a rajouté " European ", voilàEuropean Rythm Machine. Phil Woods a choi-si d’appeler son orchestre comme ça, c’étaitparti, toute l’Europe, les grands festivals, lesdisques, et le point culminant au niveau de lanotoriété, le festival de Newport aux Etats-Unis. Cette année-là, en 69, Phil Woods a étéélu le plus grand saxophoniste alto au référen-dum de Down Beat. C’était une époque génialeparce que c’était une époque de succès, com-plètement international, moi j’étais très jeuneencore, j’avais vingt-quatre ans. C’était uneaventure extraordinaire, on est restés une dou-zaine de jours autour de New York, Newport,

évidemment, j’étais avec Daniel Humair, onétait tout le temps ensemble tous les deux, onhabitait dans le même appart. On sortait tous

Henri Texier dans un champ près de Bouray - sur - Juine, autre photo que celle de la pochette d’Amir 1975 GLQ Magnum

Texier, Romano, Locatelli Total Issue 1970 GLQ Magnum

Henri Texier Total Issue 1971 GLQ Magnum

Henri Texier , François Jeanneau Festival Chateauvallon 1976 GLQ Magnum

Don Cherry, appartenir au prototype du jazz en superforme avec le groupe de Phil Woods, risquer la pop music pour devenir un élément fondateur de la scènefrançaise, qui n'oublie jamais et qui offre toujours beaucoup de présent au futur.

D ’ H E N R I T E X I E R

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 Page 14

Le cours du temps les soirs, dès qu’il y avait un truc qui bougeaitdans un coin on y était, c’était l’époque oùMiles était en quintet avec Wayne Shorter,Jack DeJohnette, Dave Holland et ChickCorea. Partout où on allait, que ce soit un petitclub, une terrasse ou le festival off à Newport,Miles Davis était là, il écoutait tout, il allaittout entendre, il rencontrait tous les mecs,c’était assez rigolo de constater ça. J’ai dû ren-contrer, entendre, voir peut-être plus de deuxcents musiciens dont je connaissais déjà lenom en l’espace de douze jours. Je me suisrendu compte de plusieurs choses très trèsimportantes. La première, c’est que l’on avaitun complexe, nous les musiciens français, vis-à-vis des Américains, tout en étant un peuconscients que ça jouait bien, que c’était paspour déconner mais quand même un petitcomplexe. Aux Etats-Unis, j’ai entendu telle-ment de musiciens que je me suis très viterendu compte qu’à part les chefs de file surchaque instrument et puis les génies bien évi-demment, la plupart des musiciens françaisvalaient les musiciens américains. C’était assezrassurant, ça a participé du détachement quis’est opéré en moi vis-à-vis de cette espèce defascination pour les musiciens afro-améri-cains. Après, vers la fin de Phil Woods, je mesuis branché avec Aldo et Georges Locatelli eton a fait un groupe pop qui s’appelait TotalIssue, on était dans les années 70 à donf là.

Comment la décision de faire un groupede rock….Ce n’est pas un groupe de rock, plutôt de popmusic, ce qui était extrêmement différent. Letruc qui déclenche tout c’est Woodstock, lefilm sur Woodstock. C’est l’exploserie ! Lesfrusques qui explosent, les cheveux qui pous-sent, les couples qui explosent avec, l’espèced’idéalisme indo-prisunic, l’hindouisme, lepatchouli ! Nous, on rentre là-dedans d’unemanière totalement naïve avec Aldo et Georgesà Caen, dans la ville de Jacques Chesnel, c’estlui qui avait trouvé le gig. On commence àchanter des chansons, à chanter les mélodiesde ce qu’on était en train de jouer tout en fai-sant les accompagnements, puis on est partisdans cette histoire sans savoir qu’on faisait dela pop music, on se disait : " tiens, pourquoipas mettre des paroles sur ce qu’on chante ? ".C’était utopiste. Il y avait un vrai mouvementavec les Soft Machine, etc. Nous on était dansla mouvance country rock. Il y a des groupescomme Crosby Stills, Nash & Young qui chan-tent déjà comme ça ou les Byrds à qui lesBeatles ont piqué les voicings. Il y a tout uncarambolage de styles, de genres de musiques,Joan Baez, Jimi Hendrix, Richie Havens. TotalIssue au départ c’est nous trois, avec Locatelliet Romano, puis on rencontre un chanteursuisse, Jean-Pierre Huser influencé par BobDylan (tous les mecs sont plantés par BobDylan) qui chante à la Bob Dylan, qui écrit lestextes, très chouettes d’ailleurs. C’est Aldo quinous l’amène et qui devient un peu le padrinode Total Issue. Ça devient assez vite son grou-pe, on répète chez lui, ses parents nous aident.Je quitte Phil Woods pour Total Issue, AldoRomano quitte Keith Jarrett pour Total Issue,

Georges Locatelli quitte son boulot d’ingénieurdes Ponts et Chaussées pour Total Issue. Çapermet à nos nanas de retourner au boulotparce que c’est quand même une catastropheéconomique. On y croit dur comme fer, on esten plein idéalisme. Ça arrive à un moment oùle jazz est bien coincé dans diverses chapelles.Le free jazz s’essouffle. Il y a une espèce de

déstructuration autour de la musique de jazzqui fait que tout s’écroule, il n’y a pratique-ment plus de boulot. Je descends du superso-nique pour monter dans un tube Citroën etnous voilà partis avec Chris Hayward qui nousrejoint, sur les routes de France et de Navarreet c’est la galère. Tout le monde se prend pourWoodstock. Tout le monde est un artiste, lesgens ne veulent plus payer pour les concertspuisque tout le monde est artiste enfin, c’estune espèce de chienlit totale. Total Issue seradicalise plutôt du côté du rock ‘n roll devariété. C’est l’époque de Magma, Triangle,Martin Circus, Zoo, tous ces groupes françaisqui ont quand même pas mal marqué l’époque.Ils vendaient 150 000 albums, puis 70 000 etpuis on les jetait comme des Kleenex. Nous, onne risquait pas de vendre autant ni de se fairejeter parce que, de toute façon, on était déjàjetés. Je n’étais pas tellement d’accord avecAldo, ce qui ne l’a pas empêché de me rappelerquelque temps après pour jouer avec Jean-LucPonty en trio. Mes derniers mois de Jean-LucPonty en trio avant qu’il se casse aux Etats-Unis définitivement, ça a été une périodegéniale, c’était très original. Puis il est parti etje me suis retrouvé le bec dans l’eau. J’étaiscoincé, je suis rentré chez Sacha Distel. J’ai faitune tournée au Japon avec Charles Aznavour,j’ai accompagné occasionnellement ColetteMagny, voilà. C’est un peu comme l’armée si tuveux, c’est intéressant pendant deux mois,après c’est bon, tu peux rentrer chez toi.Manque de pot, tu restes des mois et des mois.Même si tu accom-pagnes Jacques Brelqui est sur scène lechanteur le plussublime que j’aiejamais écouté de mavie, si t’es musiciende jazz tu ne t’ex-primes pas, tu nepeux pas jouer, tune peux pas vrai-ment inventer ceque tu fais.

C’est une expé-rience que tuconseillerais à unjeune musicien ?Ouais... À condition de travailler avec une idolequi respecte la dignité des musiciens, ce qui estrarement le cas, et de ne pas rester longtemps.

Tu entres dans l’orchestre de CatherineRibeiro ...La différence entre Catherine Ribeiro et lesautres, bien que le mois de tournée au Japonavec Aznavour se soit passé de façon très res-pectueuse, c’est que je pouvais me remettre àtravailler dans un coin. J’ai commencé à bos-ser avec le Revox de Carol Reynes, à jouer destrucs en re-recording. C’est comme ça que jeme suis mis à composer le premier album ensolo : Amir. Petit à petit, j’ai commencé à fairedes concerts en solo. Amir est sorti avec de trèstrès bonnes résonances, c’est un des tout pre-miers albums de genre jazz qui passait systé-

matiquement à FIP. Un disquequi a déclenché pas mal dechoses…

Il était finalement assez gon-flé dans sa prise de parti. Il yavait un côté aussi trèsdécomplexé par rapport àl’idée que le musicien chan-te, ça c’était formidable…J’étais frustré de ne pas avoir réa-lisé certains trucs avec TotalIssue, par exemple. Je me sou-viens de la dernière discussionqu’on avait eue avec GeorgesLocatelli et Aldo où j’arrivais avecla proposition de ramener tousles binious, de devenir plusmulti-instrumentistes, plus le

souk, plus country, un truc qui ressemblaitfinalement à ce qui se passe dans le premieralbum solo, mais à jouer à plusieurs… De tra-vailler sur le magnéto d’une piste sur l’autre,c’est là où pour la première fois j’entends etfabrique l’univers musical que j’ai dans la tête,c’est un boulot de compositeur en quelquesorte, plutôt qu’écrit, c’est sonore. Tout ce que

j’ai fait ensuite vient de là. Jean-Marie Salhani,qui jouait bien de la basse électrique et s’occu-pait de groupes pop, a créé sa propre maisond’édition et s’est débrouillé pour que je puisseenregistrer Amir. C’était parti. Ensuite, il y ena eu deux autres, le deuxième s’appelaitVarech, le troisième c’est A cordes et à cris oùje suis moitié en solo, moitié avec des invités :Aldo, je joue une de ses compositions, Gordon

Beck, DidierLockwood etJean-CharlesCapon. Didieret Jean-Charles ferontpartie de cequi deviendramon trio àcordes. Jecommençaisun peu àm’ennuyer enjouant seul.André Francism’a engagépour animerle premier

stage à Châteauvallon.

A Châteauvallon 1976, tu as joué pas malde fois avec Daniel Humair… AvecManuel Villaroel… Jeanneau,Chautemps, et Bernard Lubat aupiano…Exact, tout d’un coup il y a eu un retour enforce, mais surtout il y a eu deux choses qui ontété déterminantes pour ma vie de musicien. Jerencontre Laurent Goddet qui était le rédac-teur en chef de Jazz Hot et qui programmait unlieu qui s’appelait le Nouveau Carré SylviaMonfort. La seconde partie choisissait la pre-mière. Il m’a dit : " ben écoute, choisis uneseconde partie parce que passer en secondepartie en solo..." et plutôt que de choisir unautre groupe, j’avais envie de rejouer avecDaniel Humair et François Jeanneau. C’estcomme ça que le trio émerge. Ça s’est très trèsbien passé avec le public, et entre nous. Daniel,qui avait pas mal de contacts, a été un peu àl’origine du développement de ce trio-là.C’était vachement important parce que c’étaitun peu aussi le trio des années quatre-vingt.Ensuite, il y a eu une grande fête à Marseille, lafête de la Marseillaise, c’est tout juste si çaexiste encore toutes ces fêtes communistes quiétaient des endroits extraor-dinaires pour que lesartistes puissent rencontrerdes gens qui ne les enten-draient jamais autrement.C’était une espèce de soiréeen cascade que j’ouvrais ensolo, Portal cherchait àconstruire un nouveau grou-pe. Il me rappelle et me dit :" voilà, il y a un gars à la gui-tare qui m’a envoyé une cas-sette, il joue de la basse élec-trique, beaucoup et de laguitare, il s’appelle ClaudeBarthélémy ". J’en avaisjamais entendu parler. " Et

puis, un percussionniste auquel je pense ouAldo Romano ". Ben je dis : " écoute, si tu medemandes mon avis, moi, c’est Aldo Romano "et nous voilà partis avec Michel. Ce groupe aduré un grand moment avec pas mal d’invitésdès le début comme à Transe Musiques. C’étaitun new Unit, encore une mouture de new Unit,un new new Unit, un new new new new Unit.Puis très vite, Portal a changé, c’est devenuLubat - Jean-Pierre Drouet, Lubat - Humair,mais j’étais là.

Tu t’impliques dans le festival de laRoche Jagu ...Le festival de la Roche Jagu, je le codirigeartistiquement avec Melaine Favenec. Il estquestion de faire rencontrer les musiques dejazz et les musiques celtiques. Ouvrir! Je trou-ve ça passionnant, comme l’aventure avecLubat, génial, même maintenant avec tous lesavatars, les déboires et les contradictions deBernard, moi je suis pour et puis j’ai toujoursété pour, j’ai toujours été pro-Uzeste parce quec’est génial d’emmener la musique comme çasous des arbres. Avec Bernard, c’était desénormes modus vivendi fort intéressants, bienoriginaux et particuliers, c’était authentique,c’est-à-dire que tout d’un coup quand ça déjan-tait sur scène entre les mecs, c’était pour devrai, là ce n’était plus du théâtre, alors il y avaitle théâtre qui sortait du théâtre, qui revenaitdans le théâtre, qui repartait du théâtre. Toutd’un coup, tu avais la moitié de l’estrade quifaisait du théâtre, et l’autre moitié qui étaitvraie, j’adorais ça, c’était fantastique.

Tu as monté donc un groupe avec Lubat,Eric Le Lann puis Louis Sclavis…J’ai commencé à jouer en quartet avec PhilippeDeschepper que j’avais rencontré alors que jejouais en solo dans un club, La Boîte àMusique à Lille. J’ai monté un quartet avecLubat et Eric Le Lann, on a fait quelquesconcerts, ensuite Le Lann est parti. Ça m’allaitbien et c’est ensuite Josie Texier et PhilippeDeschepper qui ont pensé à Louis Sclavis.Alors là, c’était très différent, mais ce n’étaitpas fait pour me déplaire. Lubat s’est fâchéavec moi parce que je n’ai pas voulu me plier àson délire du moment, qui n’était pas un délireartistique d’ailleurs, et par mesure de rétorsionil s’est barré du quartet. Jacques Mahieux estarrivé, c’est ce qu’on a (eu) appelé par la suitele Quartex. Michel Marre s’y est joint de tempsen temps et ça, ça a été mon premier vrai de

Kenny Wheeler, Denvey Redman, Jo Lovano et au fond Henri Texier GLQ Magnum

Henri Texier, Bernard Lubat 1997 GLQ Magnum

Le “trio” avec Yaya Coulibaly - Mali village de Faraba 1993 GLQ Magnum

assis de g. à dr. Biil Frisell, John Abercrombie, Paul Motian, Joe Lovano, SteveSwallow, debout de g. à dr. Henri Texier, Aldo Romano, Kenny Wheeler 1989 GLQ Magnum

Le cours du temps

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vrai groupe, où on expérimentait un maximumet où tout ce qu’on avait de plus vif les uns lesautres par ailleurs, on le mettait en commun,se permettant absolument tout ce qu’on vou-lait…

C’est ce qui dessine la suite…On faisait tout ce qu’on voulait, on faisait duthéâtre, on n’en faisait pas, on faisait desconcerts complètement improvisés, complète-ment prévus, des concerts où on se tiraitl’ordre des morceaux à la loterie : à Dunois !Quand Dunois a fermé, l’ancien Dunois achangé d’endroit, ça a été la fin d’une époqueextraordinaire. C’est là que sont nés lesZhivaro avec Didier Levallet, Gérard Marais,Sylvain Kassap, Claude Barthélémy, JacquesMahieux. Ça a donné des moments inou-bliables, des pratiques vraiment originales.

Il y a une chose qui te caractérise, c’estle rapport aux musiciens plus jeunes...Il ne faut pas oublier que quand je rencontreDaniel Humair, c’est un peu ce qui se passeaussi, quand je rentre chez Phil Woods, parexemple… Daniel est de la génération d’avant,en tout cas de la génération musicale. Il aquelques années de plus que moi, mais àl’époque c’est énorme. Cinq, six ans… Aldo,pareil, c’est des gars qui ont déjà explosé alorsque moi je commence à peine à rentrer dansl’histoire. C’est chouette de jouer avec desjeunes musiciens qui sont peut-être plus àl’écoute de ce que tu vas exprimer, ça participede la transmission, de la séduction aussi, c’estagréable en même temps de raconter et de voirqu’il y a un vrai rapport qui s’installe, c’estvivant.

Jusqu’où tu peux emmener un groupe ?Je n’en sais rien, ça ne dépend pas vraiment demoi. En 1991, j’ai commencé à jouer avecBojan Zulfikarpasic et Tony Rabeson puisquelques temps après avec Glenn Ferris. Entretemps, il y a eu une expérience avec MadNomad(s). Quand tu as l’occasion de joueravec quelqu’un comme Noël Akchoté quiconnaît absolument toute l’histoire du jazz deA à Z, qui joue de la guitare comme une bête eten plus, qui connaît toute l’histoire du rock -pop - punk - néobruitiste - psychédélique etqu’il vient dans ton orchestre, c’est génial.Idem avec François Corneloup ou JulienLoureau. Ce sont des gars qui ont des qualitésimpressionnantes. Alors, je leur transmetsquoi ? Je fais ce que je fais là, je leur racontema vie. En ce moment, je suis en train de ren-contrer Manu Codjia, Guéorgui Kornazov etChristophe Marguet qui sont des musiciensexceptionnels. Christophe m’intéresse depuislongtemps, il y a une grande ouverture dans safaçon de jouer tout en étant reliée à la grandetradition des batteurs afro-américains. Moi cequi me plaît, c’est de partir d’une idée, commeça, avec l’authenticité que la musique de jazz atoujours trimbalée avec elle et puis d’aller voirplus loin si j’y suis...

En même temps, il y a des va-et-vientaussi quand tu invites Dewey Redmanou Lee Konitz.Bien sûr, il y a des va-et-vient parce que c’estaussi une manière de rendre à ces grandsmusiciens américains qui nous ont tant donné.Dewey, Lee, Paul Motian, Bob Brookmeyer,Kenny Wheeler, Joe Lovano, Steve Swallow,John Abercrombie, Bill Frisell, j’ai fait desdizaines d’orchestres avec ces gens-là : endouble quartet, avec le Bagad de Kemperlédirigé par Pierrick Tanguy, etc.....

Il y a une logique forte dans tous lesenchaînements de tes groupes ...Ça peut se résumer par un mot : fidélité. Jesuis fidèle.

On a l’impression que parfois le champ qui estoffert limite de facto la pratique, parce qu’onvoit souvent les gens changer de groupe à par-tir du moment où ce groupe ne peut plus êtreprogrammé…C’est un état de fait, on fonctionne quandmême dans un univers qui n’est pas immensis-sime, donc il n’y a pas à se mettre la rate aucourt-bouillon. c’est comme ça, encore qu’onpourrait améliorer très sensiblement l’universen question.

Et le trio avec Louis Sclavis, AldoRomano, comment tu le places danstout ça ?Je ne le place pas, il est là, c’est un truc qui s’estfait de lui-même. Je dirais que c’est un trio quiest né de la rencontre d’Aldo Romano et deLouis Sclavis par l’entremise de Guy LeQuerrec.

Ce n’est pas banal.J’ai beaucoup joué avec Aldo et puis je voyaisbeaucoup Guy. Lorsqu’il a été question de fairecette tournée en Afrique, les choses se sontimbriquées tout naturellement. Les personnesse sont rencontrées à un moment donné etpuis voilà, et moi je suis parti avec eux . Ce trioest vraiment un bel endroit où nous sommestous les trois à égale distance du centre…

PORTRAITS :

Jef GilsonC’est le premier qui me met en situation d’or-chestre professionnel, il m’entend dans un fes-tival amateur où je remporte le premier prix desoliste. Il me met en présence de Jean-LucPonty, et des grands musiciens de jazz françaisde l’époque : Bernard Vitet, Jean-LouisChautemps, François Jeanneau, DanielHumair...

Slide Hampton Slide Hampton, un leader de passage que j’ac-compagne à l’occasion, quelqu’un très chaleu-reux, un bon souvenir…

Carol ReynnUn vrai dément, qui se prétendait d’origineamérindienne ; un type qui exprimait ce qu’on

peut prendre pour des propos antisémites. Ilme fait un peu penser à l’univers de Céline. Unmec fascinant mais qui trimbalait tout un trucà l’opposé de tout ce que je pense, avec lequelil y avait pourtant des discussions que l’on n’apas envie d’interrompre. Il était dans le fantas-me de jouer de la batterie, mais il n’en jouaitjamais. Lorsque je jouais avec CatherineRibeiro, elle avait besoin d’un percussionnisteoriginal, avec une approche totalement diffé-rente, je l’ai branché et ça a déraillé. Il a connuFrancis Marmande. Il ne s’exposait pas oualors autrement. Il a fini par passer à l’acte enbutant un salaud, puis il s’est pendu en prisonà la poterne de sa télé.

Alain Jean-MarieUn diamant, mais un diamant pas entièrementtaillé auquel on aurait soigneusement laisséquelques faces de la gemme originelle.

Han Bennink Un des tout premiers musiciens qui m’a vrai-ment réjoui à entendre et à regarder dans l’im-provisation de la théâtralisation musicale. Il vatrès loin, c’est un vrai de vrai lui, ce n’est pasun rigolo, il est très profond.

Evan ParkerIl se dégage une force d’Evan Parker lui-mêmeet de sa musique absolument unique. Parmoment, il joue de la musique qui pourraitrepousser la terre entière mais qui exerce unetrès grande fascination. C’est peut-être ungenre de sage.

Jean-Louis BertucelliLa personne d’image avec laquelle j’ai le plustravaillé. Il ressent bien la musique, ce quin’est pas toujours le cas des visuels.

Sébastien TexierDès le départ, quand on a commencé à tra-vailler, il y a eu un échange. Le rapport que j’aiavec Sébastien Texier en tant que musicien,saxophoniste, clarinettiste, c’est exactement lemême qu’avec les autres musiciens. Je n’ai pasle sens de la famille, je ne suis pas dans le trucjudéo-chrétien, je m’en fous. Ce qui m’intéres-se, c’est les personnes humaines, mais j’ai pasde morale, en fait ! Je bosse avec lui parce queça me plaît, ce qu’il fait me plaît, ça m’a tou-jours plu. C’est une personne qui apparaît,comme d’autres avec lesquels j’ai joué. Unjour, il va se casser, je n’en sais rien, m’en fous,c’est la vie. On continue toujours à travaillerensemble, à parler, à creuser. C’est vraimentun chouette compagnon. On a réussi très tôt àséparer le côté filial du côté musical. C’est gai !Je suis content pour lui, je suis content pour moi.

> Henri Texier

Remparts d’argile

Label Bleu LBLC 6538

> Henri Texier

Mad Nomad(s)

Label Bleu LBLC 6568

> Henri Texier

The scene is clean

Label Bleu LBLC 6540

> Henri Texier

La Companera

Label Bleu LBLC 6525

> Henri Texier

An indian’ s week

Label Bleu LBLC 6558

> Henri Texier

Paris Batignolles

Label Bleu LBLC 6506

> Henri Texier

Mosaïc Man

Label Bleu LBLC 6608

Henri Texier et Evan Parker 1995 GLQ Magnum

Henri Texier avec Jef Gilson 1963 GLQ Magnum

Henri Texier et son fils Sébatiten 1971 GLQ Magnum

Henri et Sébastien Texier 1996 GLQ Magnum

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 Page 16

Pierre qui roule

Beggar's banquet

Il y a quelques mois, lisant distraitement "lejournal" - (j'aime les quotidiens et leur capa-cité à apparaître chaque matin avec un visageneuf, mais ils m'attristent de plus en plus ; ilsont perdu le sens critique, semble-t-il), alorsqu'en notre région nous étions encorequelques uns à imaginer (certes sans illu-sions) comment dans un contexte de décen-tralisation administrative, les dispositifs mis ànotre disposition, mais aussi conçus et déve-loppés par nous-mêmes, petits opérateursculturels de province, pourraient être amélio-rés, afin de rendre plus efficaces les outilsdont nous avons la gestion - j'apprenais (cettedécision étant le résultat d'un rapport deforces entre les puissants d'en bas et ceuxd'en haut, ou quelque chose comme cela) que"finalement", une institution locale appeléeOpéra, accédait au statut tant désiré (par lepeuple ébahi) d'Opéra National, et auxmoyens qui vont avec, au détriment même sion essaye de nous convaincre du contraire,des autres structures ou manifestations. Ceci,alors que dans le même temps, informationen provenance du Ministre lui-même (voirpar exemple entretien publié dans le magazi-ne Mouvement, relayé par la communicationdes directions régionales des affaires cultu-relles) l'autorité politique et administrativesouhaite diminuer le montant de son aidefinancière (qu'elle considère comme illisibleet non rentable) auprès de la multitude decompagnies et associations (conventionnéesou non), scènes nationales ou convention-nées, festivals et autres manifestations ponc-tuelles (conventionnés ou non), CentresChorégraphiques, Centres DramatiquesNationaux ou de région, etc.

Rendre l'activité artistique et l'interventiondes partenaires lisibles cela implique très sim-plement de réduire la quantité donc la diver-sité et de renforcer les institutions les plus

fortes, particulièrement celles qui centrentleur travail sur le répertoire patrimonial (deMozart à Molière, par exemple et sans arrière-pensée) ou l'accompagnement d'artistesd'aujourd'hui ayant obtenu une reconnais-sance internationale (de Peter Brook àGeorges Aperghis, par exemple et avec encoremoins d'arrière-pensée). Pour être plus pré-cis, en aucune façon je ne me pose "contre" laforme opéra, ne serait-ce parce qu'elle a,comme toute activité devenue patrimoniale,provoquée tant de réactions artistiques posi-tives (tous types de théâtres non textuels etmusicaux...).

Si les positions du Ministère reposent sur uneintention de décentraliser (transférer descompétences de l'Etat vers les collectivitésterritoriales, définir de nouveaux chefs de file,de nouvelles responsabilités), on constateque (l'argent public serait-il en voie de dispa-rition, question de fond à considérer ?) cettevolonté ne se traduit pas par un accompagne-ment clair de transferts de financements.Pour la première fois (depuis André Malraux,peut-être), l'Etat ne se place plus commegarant d'un minimum d'activité de créationet de recherche artistique dans ce pays, parti-culièrement dans le domaine musical. Leschéma se dessine comme suit : l'Etat accom-pagnera les positions des élus locaux (villes,départements, régions), ou pas, mais n'incite-ra plus à la création d'espaces destinés àmettre en relation la pensée contemporaine(et la création qu'elle engendre) en relationavec un public le plus large possible. Glissements :la notion de public le plus large possible seratoujours présente, mais dans une perspectiveoù seuls quelques centres de production indi-queront clairement ce qui relève de l'art offi-ciel (retour donc aux conceptions desMaisons de la Culture). La pensée sera de plusen plus unique, et les aventures intellectuelleset artistiques - dont nous sommes très pre-neurs, dans notre petit milieu sonorique(mais qui représente un réseau immense auniveau mondial, toutes tribus confondues, il

est plus que jamais nécessaire de le rappeler -seront condamnées à retrouver ce qu'ellesn'auraient dû quitter, de l'avis de certains : lescaves, les garages et les sous-bois.

Si les positions de l'Etat reposent aujourd'huisur des conceptions économiques libérales,elles sont aussi motivées par la dimensionrèglement de compte avec le milieu (de"gauche") qui a pu développer son activitéartistique et culturelle depuis plus de vingtans avec parfois une arrogance et un méprisdes aventuriers qui parfois laissent pantois.Certains notables de la culture sont ainsi dansle collimateur semble-t-il. Mais peut-être nes'agit-il que d'une diversion... La défense deces intérêts particuliers n'implique pas à maconnaissance aujourd'hui celle des formes etpratiques considérées comme mineures.L'aventure musicale a toujours fait grincer lesdents. Les avancées de Maurice Fleuret (entre1981 et 1986) alors qu'il était Directeur de laMusique et de la Danse ont permis l'appari-tion de quelques outils capables de prendreen compte, improvisation, poésie, musiqueconcrète et autres pratiques avancées.L'ébauche d'une réelle politique publique endirection de toutes les musiques a permis auxactivités présentées dans cette revue de respi-rer un peu mieux jusqu'à ce jour, malgré desobstacles (professionnels et médiatiques)tenaces. C'est aujourd'hui fini.L'échec relatif de notre réseau n'est que dansl'évaluation effectuée par les "observateurs"qui considèrent que (par exemple), MusiqueAction (festival de Vandoeuvre) n'accueillantque 3000 visiteurs par édition pour une cin-quantaine de propositions artistiques alorsque le festival de jazz voisin concernant 30000personnes, l'un est plus performant quel'autre, même si le budget global du festivalsusnommé est plus faible que la sommeinvestie dans une représentation consacrée àun auteur disparu depuis deux siècles.Comment peut-on comparer deux activitésde nature différente ? Comment peut-oncomparer les musiques entre elles, une

musique à cinquante musiques ? (Les pen-sées ne peuvent se comparer, au mieux êtreconfrontées lors de leurs applications). Jelisais que pour Helmut Lachenmann, lamusique est le langage du corps. J'adhère àcette position et suggère aux responsablesactuels de faire un peu de gymnastique.

En comparant ce qu'il n'y a pas lieu de com-parer, c'est-à-dire - et je me permets d'insisterlourdement - ce qui relève du rassemblement(donc consensus social), la culture d'une part,et l'art d'autre part (qui par nature forcémentprovoque divisions et interrogations), onimpose des principes plus conservateurs quejamais, apportant cette idée (rapide) que fina-lement on a pu se tromper pendant long-temps et qu'il est temps de mettre un terme àces divagations sonores qui encombrent lesvilles et les campagnes, ne faisant que pertur-ber l'accès au savoir et à la connaissance. Il ya donc nécessité d'apporter des repèressérieux et solides aux populations. En résumé,l'argent public doit être consacré à la sacrali-sation de certaines valeurs. Les élus, face àcette responsabilité historique, pris en otageforcément par la fuite (en courant en avant)de l'Etat, auront naturellement tendance àadopter des décisions propres à satisfaire leplus grand nombre. Air connu.Professionnellement, j'appréciais (malgré ceque cela implique de contorsions et autresnégociations) le système du financementcroisé apporté par les différents niveaux deresponsabilité et de partenariat. Il a permis àla majorité de ce que l'on connaît de positif(actif, dynamique, voire créatif) comme orga-nisations et structures dans ce pays d'existerdepuis plus de vingt ans.

Notre territoire était le dernier pouvant pro-poser à la fois de travailler (culturellement)sur un patrimoine et de permettre (un peu)aux chercheurs d'avancer.

Sous le prétexte démocratique de permettreau plus grand nombre d'accéder au "beau"

Rien n’est jamais acquis, ni le succès, ni les subventions, ni l’amour, la mort peut-être. Paradoxalement, la révolte fait partie du sys-tème, elle lui permet de perdurer. Il est souvent nécessaire de mordre la main qui vous nourrit. La liberté de parole est un droit chè-rement défendu, et la musique a besoin de cette liberté pour continuer à s’inventer.

I.C.P. de Misha Mengelberg Festival Jazz à Mulhouse - Haute Alsace août 2003 Guy Le Querrec Magnum

Dans le vieil homme et la mer, ErnestHemingway nous raconte l’histoire deSantiago, un vieux pêcheur qui n’attrapeplus que des petits poissons qu‚il ne peutvendre au marché. Mal aimé de tous, ilrencontre la confiance d'un jeune garçonManolin qui croit très fort en lui. Un jour levieil homme part seul sur sa barque versles eaux profondes du gulf stream pourpêcher de gros poissons.

Alors que des voix cassés tente de nouschanter la fin du disque, voire de lamusique, quatre exemples, quatre

disques, autant d'illustrations de la subli-me différence, viennent à point nous rap-peler qu'il n'est pas que les mots criés quinous parviennent. Il existe sans douteaujourd'hui encore beaucoup de musiquelorsque l'on souhaite autantde noms concrets d'espèces,de tribus, de villages etautres vérités.

Camel Zekri dessine à pleinemusique une suite de mono-dialogues très vifs, le rythmeest rapide, tout n'est quelégèreté. À la fin du disque,on a l'impression d'êtresauvé, que la planète estsauvée.

René Botlang tisse une tapis-

serie de mailles fine-ment croisées où l'être s'élargit àl'autre, où la vie neconcerne plus seule-ment notre égoïstepetite personne, icion ne peut plus faireabstraction dutemps, du mondeextérieur.

Frédéric Blondy etLê Quahn Ninh pren-nent à pleines mainsconscience de laréalité multiple dontils déploient, Maîtres

du temps les racines jusqu'au coeur. Les chevilles ouvrières ne sont pas ano-dines, mais l'essentiel pour sauver l'autreque l'on aime.

David Krakauer danse pendant quatrenuits sans préciosité avec une sorte demaîtrise de la narration "espérance". Ils'engage avec légèreté dans le corpsd'une cave de Cracovie qui devient l'ar-chitecture d'une philosophie des activitéshumaines.

Dans la brume Manolin n'est pas loin.

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(terme lu dans un rapport officiel), les autori-tés prennent le risque de couper encore plusles populations de la réelle et vivante activitéartistique. Tout se met en place comme s'ilfallait (mais quelle est la nature de cettenécessité ?) que l'art entre en musée sansavoir eu le temps et l'espace de vivre.

Je suis personnellement plutôt fatigué par cequi se passe, représentant cette catégoried'autodidactes "naïfs" qui ont pu croire (mal-gré ses défauts) en la capacité d'un systèmerépublicain (au-delà de mes positions philo-sophiques) de mettre quelques petits moyensà disposition de l'expérience ; de permettreune aventure libre dans l'univers complexe del'action culturelle et artistique. Le système -n'ayant pas voulu croire en cette capacité -quand les premiers frimas sociaux et poli-tiques arrivent, se réfugie dans la valeurconfirmée. La décentralisation, dans tout cela(elle n'aura pas lieu dans le secteur de la créa-tion et de la diffusion, faute de position clairede l'Etat, pour aller vite), se réduira à ... uneréduction des moyens et des garanties. Et lesréserves d'Indiens ne sont même pas envisagées.

On peut faire sans. Ce sera très difficile pourcertains, impossible pour d'autres (on pensealors au statut et régime des artistes), et aurésultat, même si d'aucuns pensent (parromantisme idiot) que la difficulté et la

contrainte rendent l'œuvre magnifique, ladistance entre l'œuvre et son auditeur, ou lec-teur ou spectateur, s'agrandira au point vrai-ment de la rendre illisible et incompréhen-sible.

Je lisais il y a quelques semaines une note(parue récemment en partie dans le journalLibération) de l'actuel Ministre de la Cultureet de la Communication, intitulée "Encourageons letravail artistique" : il y aura donc (je ne cite que lafin, ce qui précède relève de la justificationd'une attitude qui aurait "assuré la pérennité durégime d'assurance spécifique d'assurancechômage..."), "à l'issue d'un débat national","une loi d'orientation sur le spectacle vivant"permettant "de restituer au spectacle vivantles bases du développement équilibré et heu-reux dont la crise que nous avons connue amis en évidence le défaut. C'est bien une pagede l'histoire culturelle de la France contempo-raine qui a été tournée.Il nous appartient désormais d'écrire la sui-vante, et de travailler ensemble à cette véri-table refondation".

Je n'ai pas envie de refondre. Nous avons ici etmaintenant à notre disposition tous les outilsde travail et de développement, et les moyensde mettre en œuvre nos désirs artistiques lesplus forts et donc toutes les remises en causepossibles d'une culture de la collaboration

avec une industrie capitaliste qui a su, entreautres actes significatifs, comment attaquercertains acteurs de cette activité, lors de laremise en cause partielle du régime de l'inter-mittence. Nous bénéficions d'outils perfor-mants ; il suffit donc de les faire fonctionnercorrectement.

Je pense qu'il n'y a pas besoin d'une loi nou-velle. Ce ne sera qu'un cadre administratif deplus, forcément (par nature et essence)incompatible avec l'idée même d'acte artis-tique. Ce futur texte ne remettra pas en causeceux définissant (par exemple) le nouveaucarcan EPCC (Etablissement Public deCoopération Culturelle), étrange remise encause (proposition d'un sénateur communis-te votée lors de l'hiver 2001-2002...) par voielégislative de la loi de 1901, ouverture offerteaux élus locaux à leur implication totale dansles lieux de diffusion (ils peuvent ainsi sansinfraction siéger à nouveau dans les bureauxet fauteuils de présidence, et alors à moyenterme imposer projets artistiques et artistesofficiels, de quelque tendance que ce soit,dans une perspective d'un désengagement del'Etat, annoncé déjà lors de la dernièreDirective Nationale d'Orientation du Ministresur la question des festivals...).L'indépendance et la vitalité artistique sup-posent dans les régimes démocratiques laséparation totale des fonctions de financeur

et de programmateur. S'il faut vraiment uneloi, afin d'occuper nos assemblées "représen-tatives" (ce sera aussi une tentative de mas-quer la faillite (?) du gouvernement à proposde la gestion de l'intermittence), qu'elle pré-serve alors la vie artistique des ambitionspolitiques et de la politique culturelle elle-même (dont tourisme et patrimoine). Nousavons raison de craindre, qu'afin de protégerquelques espaces des appétits ultra-libérauxou des "dérives" démagogiques, se mette pro-gressivement et discrètement en place un sys-tème géré seulement par la collectivitépublique (éliminant définitivement les véri-tables artistes de la responsabilité artistique).Sur ces sujets-là, je sais qu'il n'y aura pas delevée de boucliers. Pas plus que pour les nou-velles réglementations relatives au mécénatculturel... Dommage.

Dominique Répécaud

Guitariste de rock, actuellement directeur descène nationale.

Ce texte est une compilation d'éléments légè-rement revus et corrigés publiés par le trimes-triel musical "Revue et Corrigée" entrenovembre 2002 et septembre 2003.

Points de vue et images du jazz

Camel Zekri Luz juillet 2000 GLQ Magnum

René Botlang - Mongolie juin 2000 GLQ Magnum

Le Quan Ninh - août 1991 Allonnes GLQ Magnum

Sur l’affiche - D. Krakauer - Pologne - juin 2003 GLQ Magnum

> René Botlang

la nuit transfigurée - LNT 340114

> Camel Zekri > David Krakauer

Potlatch - CD 203

> Frédéric BlondyLê Quahn Ninh

par Nathalie Neuville

Vénus Hottentote Solongo

Ajmi - AJM 05

David Krakauer (clarinettes), So Called(Samples, Beatbox), Will Holshouser (accor-déon), Nicky Parrott (basse, contrebasse),Sheryl Bailey (guitare), Michael Sarin (batterie)

René Botlang (piano)Camel Zekri (guitare)

Live in Krakow

Label Bleu LBLC 6667

Frédéric Blondy (piano), Lê Quan Ninh (percussions)

Exaltatio utriusque mundi

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Lili. Lili Boulanger. Compositrice. Mot inconnu, voire plusgrave, incongru, à son époque. Morte en 1918 à vingt-cinq ans. Première femme à avoir obtenu, et à l'âge de19 ans s'il vous plaît, le Grand Prix de Rome. Mais il estvrai qu'elle avait, comme on dit, des dispositions puisquesachant déjà lire la musique à deux ans et demi. Çaaide... Sœur cadette de l'illustre Nadia, alias"Mademoiselle", professeur d'harmonie et de composi-tion auprès d'un grand nombre d'interprètes et composi-teurs de musique classique du siècle dernier (DinuLipatti, Leonard Bernstein, Igor Markevitch, WalterPiston, Aaron Copland, Philip Glass, etc).Pourquoi parler ici et maintenant de Lili ? Parce que toutrécemment, et sous la houlette des frères Belmondo,

l'essentiel d'un disque de jazz s'est trouvé être consacréà une relecture de son œuvre. Victoire de l'esprit sur lesétiquettes, défense et illustration des vraies qualités dumélange des genres ("cross-over" si vous voulez) lors-qu'il est pratiqué avec le cœur et non en fonction d'effetscommerciaux présumés, du souci, avoué ou non, de fairel'intéressant. La musique française du début du vingtiè-me siècle est souvent à l'honneur dans ce registre. Sanss'attarder sur les adaptations ratées dans lesquellesquelques musiciens de jazz impudents/imprudents sesont fourvoyés depuis des décennies, quel véritablemélomane pourrait ne pas aimer cette version du deuxiè-me mouvement du concerto pour piano en sol majeur deRavel que nous donnait il y a peu Herbie Hancock ? (2)Certes, quelques intégristes la trouveront sans doutequelque peu "rubato" donc à leurs yeux inopportune.Mais pour tous les autres, comment ne pas entendrequ'elle restitue clairement l'essentiel de l'œuvre et luioffre même une cure de jouvence en la soumettant à l'im-provisation ? Mais Ravel (dont on ne peut également quementionner l'intégration imparable de naturel de sa sona-tine dans l'introduction du "Lush life" de PhineasNewborn) et Debussy restent des familles à la foislogiques et repérées dans le domaine des influences surles musiciens de jazz. Lili c'est un peu plus surprenantparce qu'elle est déjà relativement confidentielle dans sapropre famille, même si sa trajectoire météorique luidonne généralement droit à la très dangereuse épithètede "génie". Pourtant, un petit effort de mémoire permetde se souvenir qu'elle a finalement été assez souventrevendiquée et honorée par les musiciens de jazz. Lesaficionados de Bill Evans savent l'admiration qu'il lui por-tait. Plus récemment, et pour en revenir à son pays d'ori-gine, le pianiste Jacky Terrasson lui dédia un hommageexplicite dans l'un de ses derniers albums(3). Laissons cela et rêvons un peu. Lili ressuscite pour unenuit. Mais si. Elle déambule dans un Paris qui, se dit-elle,a vraiment changé. Personne ne se retourne sur elle.Pourtant, la petite robe qu'elle porte remonte aux annéesvingt, mais vous savez bien que plus les nuits avancentmoins on rencontre de gens faciles à surprendre. Elleéchoue on ne sait comment au New Morning, pousse laporte et là - entend - puis reconnaît avec stupeur une ver-sion incroyable pour ses oreilles de son "Hymne ausoleil" composé en 1912 ! Certes, elle ne peut nier qu'il yait quelque chose de différent, quelque chose qui lui plaîtbien d'ailleurs, mais qu'elle n'arrive pas vraiment à défi-nir, comme ça, sur l'instant. Elle sent spontanément quecela touche d'une autre façon à l'incantatoire, à quelquechose d'obsédant aussi et qui la trouble au plus profondd'elle-même. Sa robe est très légère, c'est entendu, maisest-ce vraiment le froid qui lui donne ainsi la chair depoule ? Spectre errant, elle ne peut savoir que naîtra àHamlet (logique non ?) en Caroline du Nord, huit ansaprès sa mort, un enfant de sexe masculin qui deviendra

célèbre sous le nom de John Coltrane et qui vient juste-ment ce soir-là, de faire irruption dans son univers musi-cal. On se dit au passage qu'un océan n'est rien, et si lavie avait voulu y mettre du sien, peut-être que ces deuxfous de spiritualité (la notion de psaume n'apparaît-ellepas dans leurs œuvres respectives ?) auraient pu com-poser ensemble, créer un précédent historique de fusion,annonçant le phénomène de passage au conservatoireaméricain de Fontainebleau, quelques années plus tard,des musiciens de jazz (4), aux cours de musique de sasœur Nadia. Allez savoir avec les sœurs Boulanger...Le propre des chefs-d'œuvre repose sur leur intempora-lité et une richesse intrinsèque qui permettra, favoriseramême, les interprétations les plus diverses. On peut bienjouer "le Misanthrope" en patins à roulettes ou juchédans un arbre, faire de Célimène une victime ou uneemmerdeuse, c'est sans importance, "ça fonctionne"quand même. Évidemment, quand on est lecteur assidudes "charts", on peut aisément prédire qu'au plan musi-cal tout ce qui s'y trouve aujourd'hui est par sa légèreté,dirons-nous, largement à l'abri de ce genre de traitementultérieur, fût-il irrespectueux. Quand on atteint ce qu'onpourrait appeler, pour faire vite, l'universel, il faut s'at-tendre, au contraire, à des résurrections en des lieux etcompagnies parfois inattendus. C'est le tribut qu'ont àpayer les chefs-d'œuvre, et c'est en retour le gage deleur jeunesse éternelle. Si le véritable talent est là, si "l'in-terprétation" constitue aussi un acte d'amour, il ne sauraity avoir sacrilège mais prolongement, enrichissementmutuel.Par voie de conséquence, mesdame messieurs, il faudrase garder d'oublier qu'en 2003, alors qu'il commençait àfaire vraiment chaud, Mademoiselle Lili et Mister John sesont tenu la main sur une "plage", pendant très exacte-ment neuf minutes et dix-neuf secondes. Même si cetteplage n'existe sur aucune carte, laissez-moi vous direque ça restera longtemps la nouvelle la plus rafraîchis-sante de cet été-là.

Jean-Louis Wiart

(1) avec votre permission, cet "à peu près" en hommage à Mel Tormé.(2) album "Gershwin's World"(3) album "The Finest in Jazz since 1939" (4) viatique très recherché pour toute biographie même

quand on n'y a passé que quelques heures. J'ai desnoms, parfois célèbres, mais n'insistez pas.

LILI BACK IN TOWN (1)

Trois brunes libres

P a r o l e s d e l e c t e u r sNous nous aimons. Nous nousinterrogeons. Nous rêvons. Noussavons écrire. Nous chantons.Nous habitons. Nous désan-chantons. Nous chantons. Nousentendons. Nous savons. Nousnous connaissons. Nous com-prenons. Nous déménageons.Nous connaissons la danse.Nous connaissons la danse.Nous savons quel est le bonnet.Nous désertons. Nous vivons.Nous lisons. Nous tenons. Nousasseyons. Nous ponctuons.Nous attrapons. Nous gommons.Nous illusions. Nous disparais-sons. Dicerne nous. Nousconnaissons la politesse. Nousmanifestons. Nous dormons.Nous courons. Nous sommesdans la peau du bonnet.

ABONNEZ-NOUS. Nous digé-rons. Nous entendons. Nousrions. Nous épluchons. Nouséjectons. Nous colimaçon. Nousappelons. Nous projetons. Nousnions. Nous drogons. Nous réci-tons. Nous promenons. Noussavons. Nous disons. Nousaccélérons. Nous buvons. Nouspleurons. Nous vous voyons.Nous ponctuons. Nous dicer-nons. ABONNEZ-NOUS. Nousappelons. Nous chapeaux longs.Nous soulevons. Nous connais-sons la politesse. Nous ponc-tuons. ABONNEZ - NOUS. Nousvous aimons. Nous lisons. Nousregardons. Nous soupirons.Nous interrogeons.Sabine et Gaétan

Un lecteur nous signale l’existence de LaBuse Noire (feuille d’humeur massacrante etlibertaire paraissant quand il le faut )Fondateur / rédacteur : Piotr BombaFort recommandableBel article sur Gato Barbieri.

Lili Boulanger 1893 - 1918 Photo issue du site internet de Jean-Marc Warszawski

saravah.frSaravah s'est enfin offert un siteinternet complet et agréable.Vous pourrez y consulter: notrecatalogue réactualisé avec desextraits sonores, l'agenda de nosartistes, nos actualités et le jour-nal "saravah no kimochi" dans saversion web. Dans ce journalnous vous proposons de suivrePierre Barouh sur sa tournée auJapon de septembre à finnovembre avec les musiciens debossa-nova Yoshiro Nakamura(guitare et chant), YahiroTomohiro (percussions) et MaïaBarouh (flûte traversière).

Info Label

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Trois brunes libres

Il était mon ami....Bien plus.FRANK LOWE Janvier 1993, dressé sur la pointe des pieds comme pour s’aider à terminer ses phrases convul-sives, avec un son unique, brut, énorme à en fissurer les murs de l’Eglise St. Peter deManhattan, un engagement total. Avril 1994, Festival de Jazz en Pays d’Apt, le premier concert de " Latitude 44 " avec DennisCharles et Cheikh Tidiane Fall. Son sourire confiant, le début d’une amitié forte.Hiver 1996, Pernes Les Fontaines. Gérard de Haro, en frère, nous avait ouvert les portes duStudio La Buissonne. Dennis et Frank, concentrés, la musique s’écrit au fur et à mesure sur lecomptoir du salon. " After the Demon’s Leaving. "Eté 1996, La Seyne sur Mer. Dans le parc de la Villa Tamaris Pacha, Nadja improvise un petitdéjeuner camping-gaz, thé pour tout le monde… Les enfants et le chien gambadent autour denous. Dennis et Frank sont aux anges. " Just like Don (Cherry )! "Automne 1997, Frank m’invite à me joindre à son groupe (Chris Parker, piano ; Anders Griffen,batterie) pour une tournée de clubs au Portugal. La contrebasse prêtée est en contreplaqué, lamusique en granit. Automne 1998, Frank chez lui au 40éme étage du Manhattan Plazza, 43éme rue avec son fidè-le ami le violoniste Billy Bang. Les sangsues ramenées de leur Vietnam ont la peau dure. Printemps 1999, sax au clou, billet pour la France … " j’avais besoin de prendre de la distanceavec New-York. Frank pourquoi pas un duo ? ", un ami lui prête un ténor, une semaine derecherches (merci Jean-Paul), de discussions et de répétitions pour mettre au point le répertoi-re du duo. Pour gagner du temps nous enregistrons les morceaux dans l’ordre du disque. Gérardencore…Printemps 2000, retrouvailles bouleversantes avec Han Bennink au Festival de Nîmes. Après lesconcerts, au restaurant, comme un enfant tendre, Frank cale affectueusement sa tête sur l’épau-le de Han… Souvenirs, Don toujours. Avignon, Frank tient à saluer son ami Raymond Boni qui anime avec Rémi Charmasson un ate-lier d’improvisation dans les locaux familiers de l’Ajmi. Embrassades… En quelques minutes,nous nous retrouvons avec des instruments prêtés entre les mains… Musique ! Que ce soit avec Jacky Micaelli, pour un morceau, chant contre-chant, évoquant étrangementMary Maria et le grand Albert ; avec Fethi Tabet, oud, dans un jardin public marseillais, avecDenis Fournier, Doudou Gouirand, Lionel Garcin et Rémi, dans un théâtre de Montpellier ouencore avec " Anima ", à savoir Luc Bouquet, Véronique Magdelenat et Lionel, pour le festivald’Apt, Frank toujours disponible, généreux et terriblement présent. Début 2001, tournée du duo. Déchirant avec calme et jetant au panier, un des rares articles dela presse régionale relatant un concert récent sous le prétexte qu’il était seul sur la photo… " Not,fair ". Dans les coulisses de Banlieues Bleues, Frank embrasse les mains d’un Daunik Lazro sur-pris et gêné. Il apprend avec stupéfaction que Mats Gustafson joue systématiquement une deses compositions lors de ses concerts.Mai 2001, Festival de Vandoeuvre les Nancy, son jeu est sublime, constamment inspiré…Magie…Septembre 2002, coup de téléphone, mauvaise nouvelle, la maladie… Mais il tient à me parlerd’un projet de quintet avec des musiciens français : Jean-Luc Cappozzo, Sophia Domancich etRamon Lopez. Février 2003, ablation d’un poumon… Frank achète le saxophone soprano dont il rêvait depuislongtemps et pratique progressivement tous les jours… Quelques concerts avec Billy… Il auraiteu 60 ans en juin prochain.

Il était mon ami… bien plus. Bernard Santacruz.

A propos d'une étrange histoire romaine qui vers le hasard me mène.Invité au Festival Franco-Italien de Jazz et Musique improvisées "una Striscia di Terra fecon-da" par les directeurs artistiques Armand Meignan et Paolo Damiani, je suis arrivé par letrain de nuit le Palatino, en gare de Rome, vers 9h30 le matin du lundi 9 juin dernier.Il était prévu au programme d'être attendus par le conducteur du minibus chargé de nousconduire (j'étais avec ma compagneSergine) à l'hôtel puis au lieu deconcert. Personne. Je supposais qu'il avait choisi de n'ef-fectuer qu'un seul transport, lePalatino dans lequel se trouvaitArmand Meignan circulant à uneheure d'intervalle.Je décidais, malgré tout, Sergine gar-dant les bagages au point de rendez-vous, d'aller jeter un oeil à l'extérieurde la gare, devant l'entrée principale,pour vérifier que le min-bus n'y sta-tionnait pas.Rien.Revenant sur mes pas pour regagnernotre "case arrivée", je me retrouvaisface à une exposition de peintures etdessins installée sur structure métal-lique. Levant le nez et l'oeil par lamême occasion, je découvrais alorsLalatiana pastelisée. Eclat de riredevant cette insolite et surprenante

coïncidence.Renseignements (succincts) pris auprès du gardien del'exposition, je sus qu'il s'agissait d'un collectif d'étu-diants d'une école d'Arts Plastiques du nord de l'Italie. Sous le dessin, le nom de son auteur : Busuhan

Getachew dec o n s o n a n c etransalpine. Letemps de prendre une photo du dessin de la photo etle chauffeur ainsi qu'Armand Meignan étaient là.Question d'un mateur pro à un matheux, sachantqu'il fallait dans ce concours de circonstance :- qu'un étudiant prenne cette photo, trouvée je nesais trop où, comme modèle- que j'arrive à Rome ce jour là, en train, à l'heurealors que nous étions en pleine période de grèveS.N.C.F. (à noter qu'au retour 5 jours après l'expoavait été démontée)- que le chauffeur se faisant attendre, je décide d'al-ler vérifier que le minibus ne soit pas garé devant lagare. (à noter que plus tard nous sommes sortis parune porte latérale pour rejoindre son véhicule)- que je lève la têteQuel est le calcul de probabilité ?

Guy Le Querrec

Quand on veut gagner dans la compétition avec le hasard, il faut l’emporter au concours de circonstances. (voir page 20)

Frank Lowe - Festival Banlieues Bleues - Lundi 12 mars 2001 GLQ Magnum

Lalatiana - Rome (Italie) - Hall de la gare centrale Guy Le Querrec Magnum

Le saxophoniste ténor Frank Lowe est mort de complications d’un cancer du poumon le 19 septembre à l’hopital St. Clare's à New York City. Ilavait 60 ans. On se souvient de son premier quartet en France avec Laurence “Butch” Morris, Didier Levallet et George Brown, de la continuité dutravail de Don Cherry. Le contrebassite Bernard Santacruz a enregistré avec ce très grand musicien. Il le salue.

GLQ par ...

GLQ par HT

Les Allumés du Jazz N°9 - 4ème trimestre 2003 Page 20

Les Allumés du jazz : AA, Ajmi, Arfi, Axolotl jazz,Black & Blue, Celp,Charlotte Records, Deux Z,Les Etonnants MessieursDurand, Emouvance,Evidence, Free Lance,Gimini, GRRR, Label Hopi,Jim A. musiques, in Situ,Label Bleu, la nuit transfi-gurée, Musivi, nato, Nûba,Potlatch, Quoi de neufdocteur ? , Saravah,Space Time Records, TransesEuropéennes, Vand’Oeuvre...

Côte d’Ivoire - Chanteuse Malgache - concours annuel de la chanson organisé par RFI “Découvertes 86” - dimanche 19 octobre 1986 Guy Le Querrec Magnum

Les Allumés du Jazz – N° 9 est une sacrée publication gratuiteà la périodicité diablement aléatoire. Rédaction : 128 rue du Bourg Bellée, 72000 Le mans Tél : 02 43 28 31 30 , fax : 02 43 28 38 55Abonnement gratuit : même adresse.Dépôt légal : à parution.

La rédaction n’est pas toujours responsable des textes, illustrations,photos et dessins publiés qui engagent parfois la seule responsabilitéde leurs auteurs. La reproduction des textes, photographies et dessinspubliés est interdite. (Même s’il est interdit d’interdire).Rotographie, 2, rue Richard Lenoir 93106 Montreuil cedexRoutage, GCM2D, 2 rue de l’Erigny BP1313 41013 Blois

La réalisation de ce journal est de Valérie Crinière.Les dessins sont de Stéphane Cattanéo, les photographies sauf mention autre, sont de Guy Le Querrec.

Merci à Christelle Raffaelli

nato - Gas import 3

Lalatiana....

www .al lumesdujazz.com

GLQ par ...

Jef Lee Johnson - mercredi 8 janvier 2003 Guy Le Querrec Magnum

> Jef Lee Johnson

Hype Factory

nato - Gas import 2

> Jef Lee Johnson

St Somebody

vous pouvez y être conduit,ou y suivre quelqu’un,ou être suivi,entouré ;être tout seul …

le principal est sans doute d’y parvenir …Jef Lee Johnson

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