30
 L’autobiographie, quels en jeu x ? S É Q U E N C E 4 SÉANCE 1 Pourquoi se raconter ? Révéler ses sentiments  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 Lutter contre l’oubli  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Construire son image pour la postérité  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 SÉANCE 2 Le projet autobiographique. Que racont er ? Comment raconte r ? Le dialogue avec l’enfance  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 Réécrire le passé  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118 Dit-on la vé rité ?  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 SÉANCE 3 L’expression de soi L ’écrivain se prend comme personnage  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Poésie et autobiographie : l’âme mise à nue  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 LECTURE DIMAGE Se représenter par la peinture  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 PARCOURS DÉCRIT Raconter un souvenir d’enfance  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 CAP SUR LE BREVET Texte : Romain Gary, La Promesse de l’aube  . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 thod e : lire et analyser le sujet de rédaction  . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 BILAN DE SÉQUENCE Sy nth èse : le pacte autobiographique  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 Lectures coups de cœur  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 SÉQUENCE Marie Claire, octobre 2002. 106 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

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L’autobiographie,

quels enjeux?SÉQUENCE

4SÉANCE 1 Pourquoi se raconter?

Révéler ses sentiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108Lutter contre l’oubli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

Construire son image pour la postérité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

SÉANCE 2 Le projet autobiographique.

Que raconter? Comment raconter ?

Le dialogue avec l’enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

Réécrire le passé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

Dit-on la vérité? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

SÉANCE 3 L’expression de soi

L’écrivain se prend comme personnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

Poésie et autobiographie : l’âme mise à nue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

LECTURE D’IMAGE

Se représenter par la peinture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

PARCOURS D’ÉCRIT

Raconter un souvenir d’enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130

CAP SUR LE BREVET

Texte : Romain Gary, La Promesse de l’aube . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

Méthode : lire et analyser le sujet de rédaction . . . . . . . . . . . . . . . . . 133

BILAN DE SÉQUENCE

Synthèse : le pacte autobiographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134

Lectures coups de cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

S ÉQUENCE

Marie Claire, octobre 2002.▲

106 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

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Pour faire votre autoportrait photographique, avec quel objet choisiriez-vousde vous représenter? Comment cadreriez-vous la photographie? Prenez laphotographie et écrivez quelques lignes de commentaire pour expliquer vos choix.

PISTE

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Pourquoi se raconter?SÉANCES ÉANCE1

108 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

Marjane Satrapi(Née en 1969)

Auteur de bandes dessinées.D’origine iranienne, elle

grandit à Téhéran où elleétudie au lycée français,

avant de venir en France.Les trois volumes dePersepolis retracentson histoire et celle

de sa famille.

Pour commencer

Évoquez un souvenirde votre annéede sixième : pourquelles raisonsl’avez-vous conservéen mémoire?

I. Parler de soi

1. a. Quel est le cadrage utilisé dans les cases de la bandedessinée? Que met-il en évidence?b. Que peut-on dire du rapport entre le texte et l’image?

2. Qui sont les personnages représentés? Quels indicesvous permettent d’identifier l’auteur comme personnagede la bande dessinée?

3. Grammaire. Identifiez les temps utilisés dans les réci-

tatifs supérieurs et inférieurs : à quels indices de tempssont-ils associés? Quelles époques différentes cette bandedessinée confronte-t-elle?

II. Des souvenirs privilégiés

4. Quelle est la nationalité des deux personnages prin-cipaux? Dans quel pays vivent-ils respectivement? Dans

quelles circonstances particulières se situent ces deux sou-venirs? Quels mots qualifient cette situation?

Texte 1

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Révéler ses sentiments

109Pourquoi se raconter?

Marjane Satrapi, Persepolis,tome 3, L’Association, 2002.     ▲

5. Dans la première planche, que demande la mère à safille? Quelle relation cherche à instaurer la mère à traverscette demande et le choix des mots?

6. Comment réagit la fille? Comment ses sentiments sont-ils traduits dans les gestes et dans le dessin? Comparezmaintenant avec les récitatifs : quelles explicationsdonnent-ils? À quelle forme est le verbe « on se

pardonne »? Justifiez son emploi.

7. Dans chacune des planches, quelle personne fait lesfrais de cette réconciliation? Comment ces personnessont-elles rendues antipathiques?

Pour conclure

8. Que représentent ces souvenirs pour l’auteur?

9. Que nous apprennent-ils sur elle?

Pourquoi peuvent-ils aussi concerner le lecteur?

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Pourquoi se raconter ?

SÉANCES ÉANCE1

 

SÉANCES ÉANCE1

110

5

10

5

10

15

Zlata Filipovic (née en 1980)

Jeune bosniaque vivant àSarajevo. Quand éclate la

guerre, elle tient depuisquelques temps déjà son

 journal.

Texte 2 La mort du chef de l’État, le maréchal Tito, en 1980, et l’appauvrissement économiqueont entraîné le réveil des nationalismes en Yougoslavie. Entre 1991 et 2000 desguerres civiles meurtrières disloquent l’ancien état fédéral de Yougoslavie.

Lundi 30 mars 1992

Dis donc, mon Journal, tu sais à quoi j’ai pensé? Anne Frank avait bienappelé son Journal Kitty,pourquoi je ne te trouverais pas un nom? Voyons voir…

ASFALTINA PIDZAMETA

SEFIKA HIKMETA1

SEVALA MIMMY

ou alors autre chose?…Je cherche, je cherche…J’ai choisi ! Tu vas t’appeler…

MIMMY

Allez, on commence.[…]

Lundi 29 juin 1992

Dear Mimmy,J’EN AI MARRE DES CANONNADES! ET DES OBUS QUI TOMBENT! ET DES

MORTS! ET DU DÉSESPOIR! ET DE LA FAIM! ET DU MALHEUR! ET DE LA PEUR!

Ma vie, c’est ça!On ne peut pas reprocher de vivre à une écolière innocente de onze ans!

Une écolière qui n’a plus d’école, plus aucune joie, plus aucune émotion d’éco-lière.Une enfant qui ne joue plus, qui reste sans amies, sans soleil, sans oiseaux,

sans nature, sans fruits, sans chocolat, sans bonbons, avec juste un peu de laiten poudre.Une enfant qui,en un mot, n’a plus d’enfance.Une enfant de la guerre.Maintenant, je réalise vraiment que je suis dans la guerre, que je suis le témoind’une guerre sale et répugnante.Moi et aussi les milliers d’autres enfants de cetteville qui se détruit,pleure, se lamente, espère un secours qui ne viendra pas. MonDieu, est-ce que cela va cesser un jour, est-ce que je vais pouvoir redevenir écolière,redevenir une enfant contente d’être une enfant? J’ai entendu dire que l’enfanceest la plus belle période de la vie. J’étais contente de vivre mon enfance,mais cettesale guerre m’a tout pris.Mais pourquoi?! Je suis triste. J’ai envie de pleurer. Je pleure.

Ta Zlata.

Zlata Filipovic, Le Journal de Zlata (1993), traduit du serbo-croate par A. Cappon,

Robert Laffont/Fixot, 1993.

1. On peut traduireAsfaltina par « fille del’asphalte », Sefika par« la vieille fille », Sevala

par « le grand cheval »,Pidzameta par « la filleen pyjama » et Hikmetapar « sagesse ».

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‘             

Antoine Gyori,Enfant dans une rue

de Sarajevo, janvier 1993.▲

Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

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111Pourquoi se raconter?

Vocabulaire9. Quels éléments composent le mot « autobiographie »?Que signifient-ils? Proposez d’autres mots comportant lesmêmes éléments puis inventez-en d’autres assortis de défi-nitions. Par exemple, que serait une « autobibliographie »?

Orthographe10. Après « sans », mettez-vous le singulier ou le pluriel?« Aucun » et « nul » peuvent-ils se mettre au pluriel?Dans quels cas? Donnez des exemples.

11. Reprenez un des souvenirs évoqués dans la BD pages108-109 et transformez-le en récit dans lequel vous intro-duirez les réflexions de l’adulte sur l’adolescente. Vouscommencerez par « Je me souviens que… » et vous ter-minerez par « Aujourd’hui ce souvenir m’est cher. »

Écriture

À retenir

● L’autobiographie est un récit rétrospectif dans lequel l’auteur-narrateur donneson point de vue sur son propre passé. L’enfance et l’adolescence constituentsouvent le point de départ des autobiographies. La mémoire sélectionne dessouvenirs que l’écriture transforme en épisodes révélateurs des sentiments del’auteur.● Le journal est une forme d’autobiographie au quotidien. Les sentimentsexprimés y sont pris sur le vif. Le choix de la typographie, les tournuresd’insistance participent à leur mise en évidence.

I. Une écriture sur le vif

1. Grammaire. Relevez les indices qui ancrent ce textedans la situation d’énonciation★ : à quel genre★ appar-

tient ce texte?2. Quel est le destinataire★ de ces textes? Comment est-il nommé et désigné successivement? Comment s’expliqueson choix final? À quel écrit vous fait penser la disposi-tion du texte? Quel type de phrase confirme votre réponse?

3. Dans l’extrait du 30 mars, que montrent les points desuspension et la répétition de « je cherche »? Trouvezun autre exemple dans l’extrait du 29 juin qui soulignel’instantanéité de l’écriture.

II. L’expression d’une révolte

4. Grammaire. Quelle phrase est mise en évidence typo-

graphiquement dans le deuxième extrait? Quel type dephrase identifiez-vous? Comparez avec les autres phrasesdu même type dans le premier extrait : quel sentimentexpriment-elles respectivement? Quelle constructiondonne de la force à la phrase du deuxième extrait?

5. Grammaire. a. L. 6-9 de l’extrait 2. Comment Zlatase désigne-t-elle? Comment sont construites cesphrases? Quel effet produit la répétition★ de cette cons-truction?b. Quelle forme de phrase domine dans ce mêmepassage? De quoi la guerre a-t-elle privé Zlata?c.Comment la guerre est-elle désignée? Quelle différence

faites-vous entre une « guerre sale » et une « saleguerre »?

6. Vocabulaire. Relevez les verbes qui expriment l’émo-tion. Quel en est le sujet grammatical à la ligne 14?Quelle figure de style reconnaissez-vous ici?

Pour conclure

7. Quelle différence faites-vous entre une autobiographieet un journal?

8. Quelle fonction Zlata assigne-t-elle à son journal?

Étudier la langue➔ Énoncé ancré, énoncé coupé, p. 384.➔ Les indices d’énonciation, p. 380.➔ Les types de phrase, p. 330.➔ Les procédés de mise en relief, p. 370.➔ Le vocabulaire des sentiments, p. 412.

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Lutter contre l’oubli

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20

Tandis qu’un chien hurle dans la nuit, un pauvre chien, mon frère, qui selamente et dit mon mal, je me souviens insatiablement. C’est moi,bébé,et elle me poudre avec du talc,puis elle me fourre, pour rire,dans une hutte

faite de trois oreillers et la jeune mère et son bébé rient beaucoup.Elle est morte.Maintenant, c’est moi à dix ans, je suis malade, et elle me veille toute la nuit, àla lumière de la veilleuse surmontée d’une petite théière où l’infusion reste auchaud, lumière de la veilleuse, lumière de Maman qui somnole auprès de moi,les pieds sur la chaufferette, et moi je gémis pour qu’elle m’embrasse.Maintenant, c’est quelques jours plus tard, je suis convalescent et elle m’a apportéun fouet de réglisse que je lui ai demandé d’aller m’acheter et comme elle a vitecouru, docile, toujours prête. Elle est auprès de mon lit, et elle coud tout en respi-

rant sagement, sentencieusement. Moi, je suis parfaitement heureux. Je faisclaquer le fouet de réglisse et puis je mange à minuscules coups de dents un Petit-Beurre en commençant par les dentelures qui sont plus brunes et c’est meilleur,et puis je joue avec son alliance qu’elle m’a prêtée et que je fais tourner sur uneassiette. Bons sourires de Maman rassurante, indulgences de Maman. Elle estmorte. Maintenant, je suis guéri et elle me fait,avec des restants de pâte à gâteau,des petits bonshommes qu’elle fera frire pour moi. Elle est morte. Maintenant,c’est la foire. Elle me donne deux sous, je les mets dans le ventre de l’ours encarton et, chic, un chou à la crème sort du ventre! « Maman, regarde-moi lemanger, c’est meilleur quand tu me regardes. » Elle est morte.

Albert Cohen, Le Livre de ma mère, Éditions Gallimard, 1954.

Pourquoi se raconter ?

Albert Cohen(1895-1981)Écrivain suisse d’expressionfrançaise. Son chef-d’œuvre

est le roman Belle duSeigneur (1968).

SÉANCES ÉANCE1

 

SÉANCES ÉANCE1

Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?112

 

112

Mary Cassatt (1845-1926), La Partie de bateau, 1894, huile sur toile, 0,90 x 1,17, Washington, National Gallery.▲

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113Pourquoi se raconter?

Pour commencer

Quel événement de la vie d’Albert Cohen est à l’originede ce texte?

I. La ronde des souvenirs

1. À quel moment de la journée Albert Cohen écrit-il?Relevez les passages qui se réfèrent au moment de l’écri-ture.

2. Quel mot répété signale le surgissement d’un nouveausouvenir? Dans quel ordre sont-ils évoqués?

3.a. Ces souvenirs surgissent-ils d’eux-mêmes ou sont-ils convoqués? Relevez un verbe et un adverbe qui jus-tifient votre réponse.b. Grammaire. Que signifie l’adverbe « insatiablement »?Quelle tonalité★ donne-t-il à tout le passage?

II. Un chant d’amour

4. Qui sont les deux personnages évoqués dans ces sou-venirs?

5. Faites un relevé des souvenirs évoqués. Quels senti-ments font-ils revivre?Quelle phrase clôt chaque évocation? À quelle réalité età quel sentiment ramène-t-elle le narrateur★?Quelle comparaison★ vous l’indique?

6. Comment l’enfant se comporte-t-il vis-à-vis de sa mère?Comment réagit-elle?

7. Grammaire. Relevez les expressions qui désignent lamère : quel portrait le narrateur en fait-il? Exprime-t-il le point de vue★ de l’enfant ou celui de l’adulte?

Pour conclure

8. Pourquoi Albert Cohen écrit-il cette autobiographie?Sur quel personnage est-elle centrée?

9. Quels sentiments cherche-t-il à susciter?

Étudier la langue➔ L’adverbe, p. 318.➔ La désignation, p. 404.

Orthographe10. a. Comment sont formés les adverbes insatiablement ,

 sagement , sentencieusement ?b. Formez les adverbes à partir de savant , ardent , gentil, gai .

À retenir

Certaines autobiographies ne sont pas centrées seulementsur l’auteur-narrateur; elles évoquent d’autres personnes(groupes de personnes, famille, quartier…) quel’autobiographie fait revivre. Les personnes évoquéesdeviennent les personnages du récit.

11. C’est l’hiver, vous êtes triste. Pour vous consoler, vousinvoquez des souvenirs de l’été. Comme dans le texte,vous signalerez le surgissement d’un nouveau souvenirpar une expression que vous répéterez, vous terminerezchaque évocation par une phrase qui vous rend auprésent (le vent froid hurle à mes oreilles, le froid pénètre

mon âme…). Vous veillerez dans l’évocation de l’été àrendre compte des sensations agréables et des sentimentsassociés à cette saison.

Écriture

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Le 25 juillet 1830, le roi Charles X promulgua cinq ordonnance dont l’une suspen-

dait la liberté de la presse, ce qui provoqua trois journées d’émeutes (les TroisGlorieuses). Au lendemain de ces journées, Chateaubriand se promène dans Parisavant de se rendre à la Chambre des pairs1…

Tout à coup je me sens pressé; un cri part : « Vive le défenseur de la libertéde la presse! » Mes cheveux m’avaient fait reconnaître.Aussitôt des jeunesgens me saisissent et me disent : « Où allez-vous? nous allons vous porter. »

Je ne savais que répondre; je remerciais; je me débattais; je suppliais de me laisseraller. L’heure de la réunion à la Chambre des pairs n’était pas encore arrivée. Les

 jeunes gens ne cessaient de crier : « Où allez-vous? où allez-vous? » Je répondisau hasard : « Eh bien, au Palais-Royal! » Aussitôt j’y suis conduit aux cris de : Vive

la Charte2

! vive la liberté de la presse! vive Chateaubriand! Dans la cour desFontaines, M. Barba, le libraire, sortit de sa maison et vint m’embrasser.

Nous arrivons au Palais-Royal; on me bouscule dans un café sous la galeriede bois. Je mourais de chaud. Je réitère à mains jointes ma demande en rémis-sion de ma gloire : point; toute cette jeunesse refuse de me lâcher. Il y avait dansla foule un homme en veste à manches retroussées, à mains noires, à figuresinistre,aux yeux ardents, tel que j’en avais tant vu au commencement de la révo-lution : il essayait continuellement de s’approcher de moi, et les jeunes gens lerepoussaient toujours. Je n’ai su ni son nom ni ce qu’il me voulait.

Il fallut me résoudre à dire enfin que j’allais à la Chambre des pairs.Nous quittâmes le café, les acclamations recommencèrent. Dans la cour

du Louvre,diverses espèces de cris se firent entendre : on disait : « AuxTuileries! aux Tuileries! », les autres : « Vive le premier consul! » et sem-blaient vouloir me faire l’héritier de Bonaparte républicain. Hyacinthe3,qui m’accompagnait, recevait sa part des poignées de main et des

embrassades. Nous traversâmes le pont des Arts et nous prîmes la ruede Seine. On accourait sur notre passage; on se mettait aux fenêtres. Je

souffrais de tant d’honneurs, car on m’arrachait les bras.Un des jeunesgens qui me poussaient par derrière passa tout à coup sa tête entre

mes jambes et m’enleva sur ses épaules. Nouvelles acclamations; oncriait aux spectateurs dans la rue et aux fenêtres : « À bas les

chapeaux! vive la Charte ! » et moi je répliquais : « Oui,

messieurs, vive la Charte ! mais vive le Roi ! » On nerépétait pas ce cri, mais il ne provoquait aucunecolère. Et voilà comme la partie était perdue! Tout

pouvait encore s’arranger, mais il ne fallait pré-senter au peuple que des hommes populaires :dans les révolutions, un nom fait plus qu’unearmée.

Je suppliai tant mes jeunes amis qu’ils memirent enfin à terre.

François René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe (1809-1848), III, livre XXXIII, chapitre 9.

Construire son image pour la postérité

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Pourquoi se raconter ?

François Renéde Chateaubriand(1768-1848)

Écrivain et homme politiquefrançais. Il est l’auteur d’une

vaste autobiographie,Mémoires d’outre-tombe,commencée en 1809 et

poursuivie jusqu’à sa mort.

SÉANCES ÉANCE1

 

SÉANCES ÉANCE1

1. Assemblée législative

siégeant au palais duLuxembourg.

2. Octroyée parLouis XVIII en 1814,elle institua le régimede la monarchieconstitutionnelle,qui dura jusqu’àla révolution de 1848.

3. Secrétaire particulierde Chateaubriand.

Portrait deChateaubriand ,

XIXe siècle, gravure.

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Pour commencer

Que signifie l’expression « Mémoires d’outre-tombe »?Qu’en déduisez-vous sur les intentions de Chateaubriand?

I. Un récit sur le vif

1. Pour quelle raison Chateaubriand est-il porté entriomphe? Quelle fonction politique occupe-t-il?

2. Grammaire. Quels sont les temps de base de ce récit★?Donnez des exemples.

3.a.Grammaire. Quel temps apparaît ligne 3? À quel adverbe est-il associé?b. Quelle est la valeur de ce temps? Quel effet produitson emploi? Cherchez d’autres exemples dans le texte.

4.a. Comment la foule se manifeste-t-elle? Relevez tousles mots qui constituent ce champ lexical ★.b.Grammaire. Sous quelle forme sont rapportés lespropos tenus par la foule?c. Grammaire. (l. 17-20) À quelle catégorie gramma-ticale précise appartiennent les mots « on » et« autres »?Réécrivez la phrase « diverses espèces de cris se firententendre » en commençant par « on ». Sur quoi la cons-truction du texte met-elle l’accent?d. Que mettent en évidence ces procédés d’écriture?

5. Grammaire. (l. 2-3) Quelle est la fonction de « me »?Repérez les autres verbes de mouvement : quels en sontles sujets et compléments? Quel est l’intérêt de cetteconstruction?

II. Une mise en scène

6. D’après Chateaubriand, quel détail caractéristique apermis de l’identifier? Qu’en déduisez-vous de la noto-riété de l’auteur?

7. a. Quels inconforts physiques Chateaubriand subit-il?b. Quel est le double sens de « Je souffrais de tant d’hon-neurs » (l. 24-25) ?

8. Chateaubriand donne-t-il l’impression de se prêter au jeu ou de résister? À quel vocabulaire appartiennent les

expressions « réitère à mains jointes », « rémission »,« suppliais »? À quoi est comparé implicitement lecortège?

9. Repérez l’unique portrait : quelle impression s’endégage? Que suggère ainsi Chateaubriand?

10. Quel régime politique défendent les jeunes gens? Quesoutient en retour Chateaubriand? Cette opposition crée-t-elle un antagonisme? Quelle conclusion en tireChateaubriand? Quelle valeur a ce présent?

Pour conclure

11. Quelle image l’auteur donne-t-il de lui-même dansce récit?

115Pourquoi se raconter?

Étudier la langue➔ Les compléments essentiels, p. 322.➔ Les pronoms, p. 380.➔ La valeur des temps, p. 388.➔ La parole rapportée, p. 408.

À retenir

● Les Mémoires appartiennent au genre de l’autobiographie. La publicationde Mémoires suppose la notoriété de leur auteur et la mise en perspectived’événements dont il a été l’acteur mais qui appartiennent à l’Histoire.● L’auteur de Mémoires crée une image de lui-même pour la postérité. LesMémoires sont des écrits précieux pour les historiens qui les confrontent

avec d’autres sources.

14. Choisissez un personnage historique pour lequel vouséprouvez de l’intérêt ou de la sympathie, rédigez unecourte biographie de sa vie puis utilisez-la pour écrireun extrait de ses pseudo-Mémoires qui correspondent àun événement historique marquant. Les mémoires don-

neront une vision favorable du personnage et insisterontsur l’importance historique de l’événement.

Écriture

Vocabulaire12. L. 13-17. Proposez des expressions synonymes pources mots du texte : « une figure sinistre », « des yeuxardents », « se résoudre à ».

13. Quel préfixe reconnaissez-vous dans « acclamations »et « accourir »? Sous quelle autre forme pouvez-vous le

trouver? Complétez ces mots en veillant à l’orthographeet proposez ensuite d’autres exemples : …ranger ,…location, … signer , … prêter .

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Le projet autobiographique

Que raconter? Comment?

Le dialogue avec l’enfance

SÉANCES ÉANCE2

116 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

Charles Juliet(né en 1934)

Écrivain français. Élevé dansun pensionnat de l’école

militaire d’Aix-en-Provence.Auteur de plusieurs recueils

de poèmes, il signeégalement des récits

autobiographiques commeL’Année de l’éveil (1989). Il

rédige depuis 1950 unJournal en partie publié.

Dans deux jours tu auras quinze ans. L’avant-veille de larentrée, tu rends visite au père de la montagne qui estmaintenant un paysan et possède quelques vaches. Lors

des trois années précédentes, tu as parcouru à pied ces douze kilo-mètres. […]

Tu n’oses entrer dans la grange. Car si tu frappes à la lourdeporte de bois, ils ne peuvent t’entendre. Or il te répugne depénétrer dans cette maison sans pouvoir t’annoncer. Aussi tu

restes un long moment avec ta main sur le loquet avant detrouver le courage de pousser la porte.

Tu es là debout au milieu de la cuisine, bras ballants,dansant d’un pied sur l’autre. Tu penses à celle qui a vécu là etqui, après en être partie, n’y est jamais revenue. Tu voudraisdéguerpir mais tu t’imposes de rester quelques minutes.Le père

constate que tu as grandi et te demande si tu travailles bien à ton école. Tu profitesde ce qu’il mentionne celle-ci pour expliquer qu’à la caserne vos chambres nesont pas chauffées, que l’année dernière, tu as touché un pull en fil, à manchescourtes, que tu as souffert du froid, et justement… tu venais demander s’il seraitpossible qu’on t’achète un pull.

La femme qui est là répond d’une voix sèche qu’il ne faut pas y penser,qu’ilsn’ont pas d’argent à gaspiller.

Tu sautes sur ton vélo et te mets à pédaler avec rage, les yeux brouillés delarmes.

Comme tu t’engages dans la descente, tu décides que tu ne te serviras pasdes freins. Si tu te tues, ce sera la preuve que tu ne méritais pas de vivre. […]

Tu descends singulièrement vite. Parvenu à l’endroit qui décidera du verdict,couché sur ton vélo, tu traverses la route pour couper le virage,mais à la sortie,alors que ta vitesse est excessive, tu poursuis tout droit et montes le long du rocher.Le pneu avant éclate, tu es sévèrement secoué, et mains crispées sur lespoignées du guidon, tombant à la renverse, tu vois soudain ton vélo au-dessus

de toi avec ses roues qui tournent lentement contre le ciel. Vision fort brève quin’a duré que le temps de ta chute, mais qui s’est gravée en toi, et qui, plus tard,a souvent resurgi. […]

Tu expliques à ta famille que tu as voulu imiter les coureurs du Tour deFrance qui dévalent les cols à tombeau ouvert et tu les rassures en déclarant quetu ne t’aviseras pas de recommencer.

Le lendemain, quand tu pars pour ton école avec ta valise en bois, tes bro-dequins désormais trop petits et qui t’obligent à marcher les pieds en dedans,tu es mal en point, mais tu n’y attaches aucune importance. Tu as l’inestima-ble satisfaction de te dire que le destin a prouvé qu’il t’accordait le droit de vivre.

Charles Juliet, Lambeaux, P.O.L., 1995.

Jeunes gens dans le train, 1945.▲

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117Le projet autobiographique. Que raconter? Comment?

Pour commencer

Ce texte est-il une autobiographie? Qu’est-ce qui crée ledoute?

I. Des choix d’écriture

1. Quel âge a le narrateur★ dans l’extrait? À votre avis,à qui rend-il visite? Qui sont « la femme qui est là » et« celle qui a vécu là et qui, après en être partie, n’y est

 jamais revenue »?

2. Grammaire. Réécrivez le premier paragraphe en rem-plaçant « tu » par « je » : quelle version vous paraît laplus habituelle? Quel effet produit ce choix? Qui est pré-cisément ce « tu »? En quoi est-il différent du « je »?

3. Grammaire. Réécrivez de « Tu es là debout » jusqu’à« ton école » en employant le passé simple. Quelles dif-

férences voyez-vous entre les deux énoncés★

?4. Grammaire. Comment est rapporté le dialogue entrele père et le fils? Réécrivez le passage en rapportant direc-tement les paroles : le choix de l’auteur atténue-t-il ourenforce-t-il la violence des propos?

5. Quelle phrase souligne l’importance de ce souvenir?Quel changement de temps vous l’indique?

II. Un souvenir douloureux

6. Quel type d’école fréquente le personnage? Relevezles informations qui rendent compte de ses conditions de

vie.7. Quels éléments soulignent que cette visite est uneépreuve? Quels gestes restituent le malaise du narrateur?

8. Quelle demande venait faire le narrateur? Qui exprimele refus?9. a. Quels comportements marquent le désespoir del’adolescent?b. Pourquoi l’expression « à tombeau ouvert » est-elle enitaliques?

10. En définitive, est-ce l’espoir ou le désespoir qui l’em-porte dans ce souvenir? Justifiez votre réponse en citantle texte.

Pour conclure

11. Pourquoi ce souvenir est-il fondamental pour le nar-rateur?

12. Quels procédés d’écriture contribuent à la mise àdistance? Pourquoi est-elle nécessaire pour le narrateuret peut-être aussi pour le lecteur?

Étudier la langue➔ Les indices d’énonciation, p. 380.➔ La valeur des temps, p. 388.➔ La parole rapportée, p. 408.

13.Réécrivez la phrase « Tu es là… sur l’autre. » (l. 11-12)en remplaçant « tu » par « vous » : comment avez-vousorthographié « dansant »? Comparez avec « ballants » etrappelez les accords du participe présent.

14. Longtemps désertés, les internats connaissentaujourd’hui un regain de popularité. Quelle est la vie d’uninterne? En avez-vous déjà fait l’expérience? Quellespeuvent être les difficultés de la vie d’un interne? Pourquelles raisons opte-t-on pour l’internat?

15. Jouez la scène évoquée dans ce souvenir, vouspouvez amplifier les dialogues. Le jeu devra rendrecompte de l’indifférence du père, de l’hostilité de la belle-mère, de la rage et du désespoir de l’adolescent.

Oral

À retenir

● Enfance et adolescence sont des moments privilégiés dans une autobiographie.● Les choix d’écriture (choix des pronoms, choix des temps, choix des façons derapporter les dialogues…) rendent compte de la volonté d’implication ou dedistanciation du narrateur vis-à-vis de ses souvenirs.

Orthographe

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Pour commencer

Écrivez rapidement la liste des trois premiers souvenirsd’enfance qui vous viennent à l’esprit : lesquels avez-vousen commun?

I. Un récit d’enfance

1. Grammaire. Quel souvenir Fournel évoque-t-il? Quel âge a-t-il à ce moment-là? À quel endroit du texte

commence le récit de ce souvenir? Quels indices gram-maticaux vous le montrent?

2. a. Vocabulaire. Quel mot souligne le caractère excep-tionnel de ce souvenir?Quelles sensations et quels sentiments y sont associés?Justifiez par un relevé précis du vocabulaire.b. À quel niveau de langage★ appartient « gamelles »?Pourquoi a-t-il été préféré à « chutes »?

3. Grammaire. Quelle phrase décrit le caractère marquantdu souvenir? Comment est-elle construite?

Réécrire du passé

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Miracle

Le vélo commence toujours par un miracle. Pendant des jours on tremble,on hésite, on se dit que jamais on ne se libérera de cette main qui nousguide sous la selle.

Mon père et ma mère se relayaient pour me tenir et, sans doute, tel ou telde mes cousins, celui ou celle dont j’avais hérité le petit vélo. Celui ou celle quiétait en charge de mon miracle.

On avait ôté les stabilisateurs de la roue arrière et j’empruntais le pré, devantnotre baraque, dans le sens de sa pente douce, pour profiter de l’élan.Je cherchaisle point magique qui fait tenir debout un attelage qui devrait normalement être

couché et je prenais des gamelles (déjà) et je remontais.Et puis, un matin, je n’ai plus entendu le bruit de la course derrière moi,plus le souffle rythmé dans mon dos.Le miracle avait eu lieu. Je faisais du vélo.J’aurais voulu ne plus jamais mettre pied à terre de peur que le miracle ne sereproduise plus. J’exultais.

Je fis le tour de la maison, me prouvant ainsi que j’étais capable de prendrequatre virages à droite (pendant quelques semaines j’ai préféré tourner à droite).Je n’avais plus peur de rien. Je passais en bolide le long du bouquet d’orties quime faisait d’ordinaire si peur et je parcourais sans panique le chemin de longuesolitude derrière la maison, pour revenir devant, triomphant mais encore inca-pable de lever le bras en signe de victoire.

De ce miracle, je ne me suis jamais remis.Savoir nager ne m’a pas autrement ému et il n’y a guère que savoir lire quiait égalé en intensité mon savoir-pédaler.À quelques mois d’intervalle j’apprisdonc, dans cet ordre,à faire du vélo et à lire.Au Noël de mes cinq ans j’étais unhomme fait : je savais mon travail et mon loisir.

Paul Fournel, Besoin de vélo, coll. « Points », Éditions du Seuil, 2002.

Le projet autobiographique. Que raconter? Comment?

Paul Fournel(né en 1947)

Écrivain français. Passionnéde vélo, il est l’auteur de

nombreux recueils denouvelles et des romans.

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Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?118

 

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Texte intégral

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119Le projet autobiographique. Que raconter? Comment?

Étudier la langue➔ Les procédés de mise en relief, p. 370.➔ La valeur des temps, p. 388.➔ Le vocabulaire des sentiments, p. 412.

À retenir

L’autobiographie suppose un va-et-vient entre le passé et le présent.Le regard et les commentaires de l’adulte se superposent au vécu del’enfant, donnant un nouveau sens au souvenir. Choix des temps, niveaux

de langage, ponctuation contribuent à rendre ce double niveau perceptible.

8. Racontez à votre tour un apprentissage extraordinairequi vous a fait franchir une étape. Vous restituerez lesémotions, les sensations et le langage de l’enfantauxquels vous mêlerez les commentaires distanciés del’adolescent que vous êtes aujourd’hui.

Écriture

De l’image au texte.Quels sentiments expriméspar Paul Fournel retrouve-t-on dans ce tableau?

Kitty Arden (fin du XXe siècle), Hertley Wertley , pastel, collection privée. ▲

II. Un regard sur soi

4. À quoi correspondent les passages entre parenthèses?Quelle époque évoquent-ils? Relevez dans le cinquièmeparagraphe un autre exemple.

5. Quel autre « miracle » Fournel évoque-t-il? Pourquoisont-ils associés?

6. Grammaire. Qui désigne le « on » du premier para-graphe? Quels adverbes confirment cette interprétation?

Pour conclure

7. Quel regard l’adulte porte-t-il sur son passé?

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Le projet autobiographique. Que raconter? Comment?

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Dit-on la vérité ?

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Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura

point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toutela vérité de la nature; et cet homme ce sera moi.

Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes.Je ne suis fait commeaucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux quiexistent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien oumal fait de briser le moule dans lequel elle m’a jeté,c’est ce dont on ne peut jugerqu’après m’avoir lu.

Que la trompette du Jugement dernier sonne quand elle voudra; je viendrai,ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement :Voilà ce que j’ai fait, ce que j’ai pensé,ce que je fus. J’ai dit le bien et le mal avecla même franchise. Je n’ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s’il m’est

arrivé d’employer quelque ornement indifférent, ce n’a jamais été que pourremplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire ; j’ai pu supposer vraice que je savais avoir pu l’être, jamais ce que je savais être faux.Je me suis montrétel que je fus, méprisable et vil quand je l’ai été, bon, généreux, sublime, quand

 je l’ai été : j’ai dévoilé mon intérieur tel que tu l’as vu toi-même. Être éternel,rassemble autour de moi l’innombrable foule de mes semblables; qu’ilsécoutent mes confessions, qu’ils gémissent de mes indignités, qu’ils rougissentde mes misères. Que chacun d’eux découvre à son tour son cœur aux pieds deton trône avec la même sincérité; et puis qu’un seul te dise, s’il l’ose : Je fusmeilleur que cet homme-là.

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions (1782-1789).

Jean-JacquesRousseau(1712-1778)

Écrivain et philosophefrançais. Après avoir

collaboré à l’Encyclopédiede Diderot et d’Alembert, il

signe plusieurs textesimportants comme

Du contrat social (1762).Il est également l’auteur

de textes autobiographiques

publiés après sa mort(Les Confessions).

Texte 1

John William Waterhouse (1849-1917), Écho et Narcisse, 1903, huile sur toile, 1,07 x 2,36, Liverpool, Walker Art Gallery. ▲

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Pour commencer

Pourquoi Rousseau et Groucho Marx ont-ils écrit cestextes?

I. L’engagement vis-à-vis du lecteur

1. Grammaire. À qui s’adresse Rousseau? Quel pronom

et quels noms représentent cet interlocuteur? De quel engagement est-il le garant? Relevez dans le texte lestermes liés à cet interlocuteur : à quel champ lexical ★

appartiennent-ils?

2. Grammaire. Qui désigne « vous » dans le texte deGroucho Marx? Relevez les adresses à ce « vous » : quel conseil donne l’auteur? Quel ton emploie-t-il?

3. Les événements rapportés dans les autobiographiessont-ils exacts? Relevez les termes de modalisation :quelles précautions prennent les auteurs?

4. Les auteurs s’engagent-ils à la vérité ou à la sincé-rité? Précisez la différence entre ces deux mots. Quelssont les obstacles à la vérité?

II. Des projets différents ?

5. Que se proposent de raconter respectivement les deuxauteurs? Quelle limite posent-ils à leur projet?

6. Quel est le sens du titre « Confessions »?Quels sentiments Rousseau veut-il susciter chez seslecteurs?

7. À quel homonyme célèbre Groucho Marx fait-il allusiondans Mémoires capitales? Quel autre sens pouvez-vousdonner à ce mot? Relevez le terme par lequel GrouchoMarx désigne son autobiographie : comment cetteexpression est-elle connotée? Quel est le projet de cetteautobiographie?

Pour conclure

8. Quels engagements ces deux auteurs prennent-ils vis-à-vis de leurs lecteurs? À quels registres★ ont-ilsrecours?

9. Quelles limites de l’autobiographie mettent-ils enévidence?

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La vérité, c’est qu’il n’y a souvent pas grande vérité dans les autobiographies.Quatre-vingt-dix pour cent d’entre elles sont à quatre-vingt-dix pour centfictives. […] Comment diable voulez-vous qu’une autobiographie

destinée à des millions de lecteurs soit autre chose qu’une suite de demi-véritésbricolées? Les pensées intimes qui s’infiltrent dans le cerveau de l’être humainrestent enfouies dans ses profondeurs et n’émergent jamais.

Aussi loin que je puisse me rappeler, la plupart des événements que je relateici sont exacts; mais pour autant, vous ne me connaissez pas mieux maintenantque lorsque vous avez commencé de lire ce récit sans queue ni tête. Sans douten’y perdez-vous pas grand-chose, et je ne peux que vous en féliciter. Mais ce que

 je veux dire, c’est que vous n’avez pas la moindre idée de ce qui se passe en monfor intérieur.Souvenez-vous : « Tout homme est un jardin secret.» (Ce n’est peut-être pas la citation exacte, mais je n’ai pas le temps de m’y attarder.J’attends monkiné à trois heures et d’ailleurs, je suis à court de papier.)

Je suppose qu’il est possible d’écrire ses mémoires avec une parfaite sin-cérité; mais si l’on veut jouer la sécurité, il vaut mieux les publier post mortem1.Je crois bien, pour ma part, que je pourrais écrire un livre qui ferait du bruit si

 je voulais livrer mes pensées profondes sur la vie en général et moi en particu-lier.Mais que m’apporterait un ouvrage posthume ? Même s’il devenait un best-seller et que le Reader’s Digest en publie plus tard des extraits, ça ne me feraitni chaud ni froid. Tant qu’on n’aura pas trouvé le moyen de jouir d’un succèsposthume, il faudra vous contenter d’un ersatz2 de Groucho.

Vous feriez mieux de lire le dictionnaire ou de biner vos plates-bandes.

Groucho Marx, Mémoires capitales, Éditions du Seuil, 1985.

Groucho Marx(1895-1977)Un des quatre Marx Brothersavec Chico, Harpo et Zeppo.

Ensemble, ils furent lesvedettes d’une série de filmsà succès : Monnaie de singe

(1931), Soupe au canard (1933), Une nuit à l’opéra

(1935), etc.

Texte 2

1. Après sa mort.2. Ce qui remplace quelquechose ou quelqu’un en moinsbien.

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Le projet autobiographique. Que raconter? Comment?

SÉANCES ÉANCE1

 

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122 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

11.Vous êtes devenu célèbre et vous publiez votre auto-

biographie.Rédigez une préface★ à votre autobiographie. Choisissezvotre destinataire et exposez votre projet en précisantle degré de sincérité auquel vous prétendez.

Écriture

12. Jouez le texte de Groucho Marx comme un sketchcomique en mettant en évidence la sollicitation du public.

Oral

À retenir

L’écriture autobiographique s’accompagne d’un projet : que va-t-on raconter?pour qui? À quel degré de sincérité s’engage-t-on? Ce projet est souvent énoncédans le paratexte, préambule, la préface, postface ou dédicace.

Vocabulaire10. Récapitulez les différents synonymes de « sincérité »et cherchez différents antonymes dont vous préciserez lesnuances.

Étudier la langue➔ Les pronoms, p. 380.➔ Les procédés de reprise, p. 362.

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Le projet autobiographique. Que raconter? Comment?

L’expression de soi

L’écrivain se prend comme personnage

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Je coupe mes cheveux. Je jette mes robes. Je cours vite. Je tombe souvent.Je me relève toujours. Ne pas être algérienne. Ne pas être française. C’estune force contre les autres. Je suis indéfinie. C’est une guerre contre le

monde. Je deviens inclassable. Je ne suis pas assez typée.« Tu n’es pas une Arabecomme les autres. » Je suis trop typée. « Tu n’es pas française. » Je n’ai pas peurde moi. Ma force contre la haine. Mon silence est un combat. J’écrirai aussi pourça. J’écrirai en français en portant un nom arabe. Ce sera une désertion. Maisquel camp devrais-je choisir? Quelle partie de moi brûler?

[…]De mère française. De père algérien.Je sais les odeurs, les sons, les couleurs.

C’est une richesse. C’est une pauvreté. Ne pas choisir c’est être dans l’errance.Mon visage algérien. Ma voix française. J’ai l’ombre de ma lumière. Je suis l’unecontre l’autre. J’ai deux éléments, agressifs. Deux jalousies qui se dévorent. Aulycée français d’Alger, je suis une arabisante.Certains professeurs nous placentà droite de leur classe. Opposés aux vrais Français.Aux enfants de coopérants1.Le professeur d’arabe nous place à gauche de sa classe. Opposés aux vraisAlgériens. La langue arabe ne prend pas sur moi. C’est un glissement.

Écrire rapportera cette séparation. Auteur français ? Auteur maghrébin?Certains choisiront pour moi. Contre moi. Ce sera encore une violence.

Nina Bouraoui, Garçon manqué , Éditions Stock, 2000.

Texte 1

Nina Bouraoui(née en 1967)

Écrivain français.Née d’une mère bretonne et

d’un père algérien. Elle estl’auteur de sept récits,

dont le premier,La Voyeuse interdite,

a reçu le prix du Livre Interen 1991.

1. Spécialiste chargépar un pays industrialiséd’apporter sa contributionau développementéconomique et culturel d’un autre pays.

Alger la Blanche.      ▲

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L’expression de soi

SÉANCES ÉANCE1

 

SÉANCES ÉANCE3

124 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

Pour commencer

Comment est fabriqué le terme d’« autofiction »? À votreavis, à quel type de livre s’applique-t-il?

I. Recherche d’identité

1. a. Le pronom « je » désigne-t-il un garçon ou une fille?Relevez les indices qui le montrent.b. Expliquez le sens propre et le sens figuré de « Je tombesouvent. Je me relève toujours ».

2.a. À quelles cultures appartient la narratrice?b. Grammaire. Relevez les négations dans le premierparagraphe : où se situe l’identité du narrateur★?c. Quelles oppositions de mots ou d’expressions soulignentce conflit dans les deux paragraphes?d. Quelles réactions provoquent ce choix? Quel champ

lexical ★

est privilégié?

II. L’exploration de l’écriture

3. Grammaire. Relevez les phrases au futur : quel projetannoncent-elles? Quelle relation ce texte établit-il entre l’écriture et la recherche d’identité?

Étudier la langue➔ Types et formes de phrase, p. 330.➔ Phrase simple, phrase complexe, p. 334.➔ La valeur des temps, p. 380.

8. Écrivez un poème en prose dont le titre sera« Tentatives d’autoportrait ». Jouez sur les oppositions,

les négations, de façon à mettre en évidence les diffé-rentes facettes de votre identité.

Écriture

Les limites entre l’autobiographie et la fiction sont souvent flouescar le projet d’écriture se confond souvent avec la quête de soi.L’auteur choisit la forme autobiographique en fonction de son pointde vue sur son propre passé.

À retenir

4. Observez la ponctuation : quel rythme de lectureimpose-t-elle?

5. Grammaire. L. 1-4. Quelle tournure syntaxique estrépétée plusieurs fois? Quelles définitions successivesintroduit-elle? Quel adjectif résume cette multiplicité?

Pour conclure

6. Classeriez-vous ce texte dans le genre autobiogra-phique? Justifiez votre réponse.

7. Quels procédés d’écriture participent à la quête de soi?

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125L’expression de soi

Vous arrive-t-il d’être surprise par la lecture quel’on fait de vos textes? 

Oui, c’est normal, un livre a plusieurs vies.L’acte d’écrire est une gestation, ensuite,quand le livre est fini, il est donné à la lecturede tous, il est mille fois interprété. Ce n’estpas une trahison, le livre appartient au lecteur,qui ramène souvent l’histoire à lui-même. Unlivre réussi est un livre qui parle de nous.

C’est peut-être encore plus vrai pour les livresécrits à la première personne? C’est vrai que j’écris beaucoup sur moi, maisce n’est pas vraiment de l’autofiction. Tous lesauteurs se servent de leur vie, c’est le maté-riau le plus concret – mais l’acte d’écrire trans-forme la réalité, on invente sa vie en l’écrivant.

Même si je dis « je », même si je parle de lieuxque j’ai connus, de gens que j’ai aimés, mêmesi les noms, les faits sont vrais, ce n’est passeulement de l’autobiographie car l’écrivaindissimule, invente, transforme : les écrivainssont tous des menteurs ! Dans un livre, ce quicompte, c’est partir de ce « je » égocentriquepour aller à l’universel. Par exemple, Garçonmanqué n’a pas touché seulement les lecteursissus de couples mixtes, ce livre parlait quandmême d’eux parce qu’il abordait la difficultéd’être un être humain.

Cette question de l’identité semble très liée àla problématique de l’écriture…

L’écriture a peut-être été le ciment qui man-quait. Je suis issue d’unmariage mixte après laguerre d’indépendance, àcertains moments je mesuis sentie très française,à d’autres trèsalgérienne ; je n’arrivaispas à me dire : mais jesuis les deux à la fois ;c’est ce qui m’identifie,ces deux cultures, cesdeux religions. Je n’ai

 jamais eu le sentiment detrahir soit mon père, soitma mère. Mais c’est vraique, quand on me deman-de ma nationalité, j’ai tou-

  jours à me justifier. Peut-être que l’écriture aété un moyen de chercher, de rassembler, decomprendre et de me comprendre. Bouraoui,ça signifie « raconter des histoires » – raoui 

signifie « raconter » en arabe, ce n’est pas unhasard… On m’a souvent demandé : « Êtes- 

vous un écrivain français, un écrivain maghré- bin? » J’écris en français mais je lis l’arabe,c’est une langue ardue qui m’est familière et,tout en écrivant en français, j’ai essayé de res-tituer la minutie de la calligraphie orientale.Cette double identité, c’est difficile à exprimer,avec les mots, je zoome, j’essaye d’aller auplus près.

Vous jouez sur la polysémie, par exemple dans« Écrire rapportera cette séparation », on peut comprendre resserrer ou prolonger…En fait c’est prolonger, mais il y a deux sens,c’est vrai. J’ai joué beaucoup sur la langue et

  j’ai détourné beaucoup de verbes, par exem-

ple, plutôt que de dire « je connais », je dis sou-vent « je sais »… J’ai une écriture très nerveu-se, très frontale. Quand j’écris un livre, j’ai l’im-pression de construire quelque chose physique-ment, quelque chose qui n’existe pas et que jevais pouvoir modeler comme une sculpture…C’est un engagement, une expérience trèssensuelle avec la langue, la grammaire. C’estpour cela que je me permets certaines liber-tés sur le sens, la ponctuation. Ma ponctua-tion est souvent déroutante, surtout dansGarçon manqué qui est très haché, presquetrop d’ailleurs.À chaque livre, on essaye de faire mieux ou dif-férent, en ce sens l’écriture est un travail artis-

tique, voire artisanal.Est-ce que cela veut direque les mots sont votrematière que vous mode- lez en écrivant et enréécrivant? En fait, je ne réécris pasbeaucoup, parce queavant d’écrire un livre jeréalise un travail d’écha-faudage très minutieux.La structure, l’ossaturedu livre existe plusieursmois à l’avance de façontrès détaillée : je vois lelivre, ses chapitres, sesscènes. Ensuite, l’acte

d’écrire est souvent très rapide, presque unaffolement, mais très contrôlé, parce que der-rière existe une charpente très solide et ras-surante.

I. L’autobiographie

Quelles réponses Nina Bouraoui apporte-elle aux ques-tions « Pourquoi écrit-on, pourquoi lit-on des autobio-graphies? » posées dans cette séquence?

Nina Bouraoui revendique-t-elle ses livres comme auto-biographiques? Pourquoi?

II. Le métier d’écrivain

Comment Nina Bouraoui conçoit-elle son métier?Quelles images, quelles comparaisons emploie-t-elle?Comment travaille-t-elle?

Comment caractérise-t-elle son écriture?

Élémentsbiographiques etbibliographiques

1967 : naissanceà Rennes etarrivée en Algérie.

1981 : départd’Algérie.1991 :

La Voyeuse interdite,prix du Livre Inter etprix 1537 de Blois.

1992 : Poing mort.

1996 :

Le Bal des murènes.

1998 :

L’Âge blessé.

1999 :

Le Jour du séisme.

2000 :

Garçon manqué.

2002 :

La Vie heureuse.

Interview de Nina Bouraoui par l’équipe des Éditions Magnard

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Poésie et autobiographie : l’âme mise à nue

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Notre vie

Notre vie tu l’as faite elle est ensevelieAurore d’une ville un beau matin de maiSur laquelle la terre a refermé son poingAurore en moi dix-sept années toujours plus clairesEt la mort entre en moi comme dans un moulin

Notre vie disais-tu si contente de vivreEt de donner la vie à ce que nous aimionsMais la mort a rompu l’équilibre du temps

La mort qui vient la mort qui va la mort vécueLa mort visible boit et mange à mes dépens

Morte visible Nusch invisible et plus dureQue la soif et la faim à mon corps épuiséMasque de neige sur la terre et sous la terreSource des larmes dans la nuit masque d’aveugleMon passé se dissout je fais place au silence

Paul Éluard, Le temps déborde, Seghers, 1947.

L’expression de soi

SÉANCES ÉANCE1

 

SÉANCES ÉANCE3

Paul Éluard(1895-1952)Poète français.

Lié au mouvementsurréaliste, il signe une

œuvre animée par lepacifisme et l’engagement

pour la justice.

126 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

De l’image au texte.

Écrivez le texte quipourrait accompagnercet autoportrait deMarcel Duchamp.

Marcel Duchamp (1887-1968), Autoportrait de profil , 1958,papier déchiré de couleur surfond noir, 0,143 x 0,125,

collection R. Lebel.

     ▲

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127L’expression de soi

Pour commencer

Êtes-vous émus ou embarrassés par la lecture de ce texte?

I. Un événement tragique1. À qui s’adresse ce texte? Comment cette personne est-elle désignée aux strophes 1 et 3?

2. a. À quoi est-elle comparée dans la strophe 1? Relevezdans cette strophe les mots qui filent la métaphore★.b. Quels sentiments sont liés à cette évocation?

3. Quel type de vers est utilisé? Étudiez le rythme desvers 4 et 5 : quel contraste observez-vous avec le restedu poème? Justifiez cette particularité.

4. Quelle expression unit les deux personnes dans lesstrophes 1 et 2? Comment est-elle mise en valeur?

5.

Quel vers marque une séparation? Quel événement cevers évoque-t-il? Quelle conjonction souligne la rupture?Quel temps est employé? Cherchez les autres expressionsau même temps dans la strophe 1 : qu’a tué la mort ?

II. Mettre en mots la douleur

6. a. Sous quels traits est présentée la mort au vers 10 ?Quel vers de la strophe 3 prolonge cette évocation?b. À quel temps est associée la mort dans les strophes2 et 3? Quelle nouvelle proie la mort convoite-t-elle?

7. Relevez le champ lexical ★ du « visible » et son opposé :à qui s’appliquent-ils respectivement?

8. Aux vers 13 et 15, observez la construction et étudiezle rythme : qui désignent « masque de neige » et« masque d’aveugle »? Où sont placées respectivementces deux expressions? Quelle réunion effectue ces deuxvers? Quel rythme commun les associe?

9. Expliquez l’expression « Mon passé se dissout ».

Pour conclure

10. À votre avis l’écriture de ce poème a-t-elle procuréà son auteur un apaisement ou un accroissement de son

chagrin?11. Quels sentiments nourrissent ce poème? Citezquelques-uns des procédés d’écriture qui les rendent per-ceptibles.

Étudier la langue➔ Métrique et prosodie, p. 416.➔ Les figures de style, p. 419.

La poésie peut avoir une inspiration autobiographique, exposer desévénements personnels et dévoiler des sentiments intimes. Cette poésie,centrée sur l’expression des sentiments personnels, s’appelle la poésie lyrique.

À retenir

12. Proposez plusieurs récitations de ce texte : unelecture-confidence au lecteur, une lettre adressée àNusch, un acte d’accusation à la mort. Essayez, en plusdu travail sur la voix, de penser à votre placement dansl’espace par rapport à vos auditeurs et à votre attitudecorporelle (recroquevillé, debout face au ciel…). Vousdevez apprendre le texte par cœur.

Oral

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Frida Kahlo, New York, 30 mars 1939.     ▲

LECTURE D’ IMAGE

Frida Kahlo (1907-1954), Autoportrait à la frontière entre le Mexique et les États-Unis,1932, huile sur métal, 0,31 x 0,35, New York, collection Manuel Reyero.

Se représenter par la peinture

128 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

« Je me peins parce que je passe beaucoup

de temps seule et parce que je suis le motif 

que je connais le mieux. »

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Petit lexique

Genre pictural : ensemble d’œuvres peintes qui possèdent des caractéristiquescommunes (paysages, portraits, nus…).Portrait en buste : portrait d’une personne « coupée » à la taille (« plan taille »au cinéma).Portrait en pied : portrait d’une personne en entier (« plan moyen » au cinéma).Composition : façon d’organiser les différents éléments d’une image les uns par 

rapport aux autres.

129Lecture d’image

I. L’autoportrait : un genre pictural

1. Quelles impressions produit sur vous ce tableau?

2. Quels éléments composent le mot « autoportrait »?

Que signifient-ils?3. Quelle invention a permis le développement de l’au-toportrait en peinture?

4. Comparez l’autoportrait à la photographie : commentpeut-on expliquer les ressemblances et les différences?

5. a. D’après vous Frida Kahlo est-elle le seul sujet dutableau? Justifiez votre réponse.b. Quel type de plan a-t-elle choisi pour se représenter?Quel lien pouvez-vous établir entre vos deux réponses?

II. L’autoportrait : un univers mental

6. Comment Frida est-elle vêtue ? Comment interprétez-vous ce choix?

7. Où s’est-elle placée sur sa toile? Quelles sont les deuxparties distinctes qui composent son œuvre? Quel lienpouvez-vous établir avec le titre?

8. Observez attentivement cet autoportrait et complé-tez le tableau ci-dessous :

9. Quels sentiments éprouve Frida pour chaque mondereprésenté?Sur quoi Frida Kahlo est-elle juchée?

10. D’après vous, cet autoportrait a-t-il pour but :– de fixer un moment de son histoire personnelle?– de montrer son point de vue sur deux mondesopposés?– de donner une certaine image d’elle-même?Justifiez vos réponses.

11. Qu’est-ce qui, dans cette scène, relève du réel et

qu’est-ce qui relève du fantastique?12. D’après vous, à qui Frida s’adresse-t-elle dans cetableau ? En quoi peut-il concerner celui ou celle qui leregarde?

Pour conclure

13. Que peut apporter un autoportrait de ce genre?L’apport est-il le même qu’un autoportrait littéraire?

14. Peut-on dire de cet autoportrait peint qu’il est unrécit rétrospectif qui suppose un va-et-vient entre passéet présent? Justifiez votre réponse.

Partie Partie

. . . . . . . . . .

Drapeaux

Créations humainesCieux

SolsPersonnages

Couleurs

Frida Kahlo naît le 6 juillet 1907 à Coyoacán,dans les faubourgs de Mexico.

Le 17 septembre 1925, un accident de la circulationla cloue sur un lit d’hôpital pour de longs mois.

« Pour échapper à l’ennui et à la douleur, elle se mit à peindre », écrit sa biographe Andrea Kettenmann.

Sa mère lui fait faire un chevalet et elle emprunte lescouleurs à l’huile de son père. « Le lit fut en outre

recouvert d’un baldaquin sous lequel on plaça unmiroir sur toute la longueur, de sorte qu’elle pouvait se voir et se servir de modèle. Ce fut le début des

nombreux autoportraits qui prédominent dansl’œuvre de Frida Kahlo… »

(A. Kettenmann, Kahlo, Taschen, 2000, p. 18).En 1930, fuyant la répression politique du

gouvernement mexicain, elle s’installe aux États-Unisavec son mari, le peintre Diego Rivera.

C’est à Detroit, en 1932, qu’elle peint cet autoportrait.Nostalgique du Mexique, elle y retourne dès 1933.

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Raconter un souvenir d’enfance

écrit PARCOURS D’

• Écrire un récit autobiographique

• Décrire

Objectifs

130 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

D

ans le berceau puis dans le lit je me retrouve enlacé à un grand chiffonde laine blanche souillée et pelucheuse, […] c’est mon burnous,avec mesgencives, j’ai défait ses coutures, il me ceint, je m’en enveloppe, […] j’aime

 y étouffer dans son odeur de pelote et de bouillie, je le dévore,il part en charpie,plus il s’abîme plus je l’aime, plus je m’y accroche, je hurle quand on veut mele retirer en me présentant un burnous neuf puant de propreté, […] un matin

 je m’éveille affreusement nu, la peau retournée opérée de sa peau, je ne hurleplus, je suis grave, j’ai peut-être deviné qu’il est passé au vide-ordures, qu’on l’a

 jeté en boule du sixième étage sur les rognures de bouffe et les sacs de poussièreéclatés des aspirateurs.

Hervé Guibert, Mes parents, Éditions Gallimard, 1986.

Hervé Guibert(1955-1991)

Écrivain français. Ses textessont hantés par sa

fascination pour la mort.Il a consacré une trilogie au

sida, maladie dont il étaitatteint. Il a également écrit

pour le cinéma.

Otto Van Rees (1884-1957),Portrait d’Aditya, 1909,

huile sur toile, La Haye,Gemeentemuseum.

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131Parcours d’écrit

Comme tous les enfants, vous avez élu un objet qui vous suivait partout et quiétait votre « doudou ». Rendez hommage à ce compagnon de vos premiers jours.Décrivez votre doudou comme un compagnon, évoquez des souvenirs qui lui sontliés et terminez en racontant comment vous vous en êtes détaché.

I. Lire le texteQuel objet Guibert évoque-t-il? À quelle période de savie est-il associé? Comment est-il décrit? Quels com-portements marquent l’attachement du narrateur ?Comment sa disparition est-elle ressentie?

II. Décrire

Préparez la description de l’objet tel que vous le consi-dériez petit : vous évoquerez taille, texture, forme, odeur,couleur…

Vous veillerez à la caractérisation objective et subjectivede façon à rendre compte de vos sentiments pour cetobjet.

Vous pourrez employer comparaisons et métaphores.

III. Faire revivre le passé : des choix d’écritureÉvoquez deux ou trois souvenirs que cet objet peut faireresurgir : un gros chagrin d’enfant, l’oubli ou la perte decet objet, un jeu où il figure un personnage…

IV. Tenir compte du lecteur Choisissez l’effet que vous voulez produire sur votrelecteur : l’amuser, l’émouvoir, l’indigner, et mettez enœuvre des procédés d’écriture adaptés : interpellation dulecteur, exagération, accumulation.

V. Implication ou distanciation

Vous dissocierez dans ce récit les sentiments de l’enfantet ceux de l’adolescent que vous êtes.

Vous veillerez à la répartition entre le temps de l’écri-ture et celui des souvenirs évoqués.

Par ailleurs, vous pouvez soit vous impliquer dans le récitcomme si cette période était très présente (écriture en« je », précision des détails, vocabulaire de l’affectif,utilisation du passé composé) ou, au contraire, mettreà distance ces souvenirs lointains (modalisateurs,désignations de l’enfant sous forme de groupe nominal,narration en « tu » au lieu de « je », dialogue avec vous-même, utilisation du passé simple).

VI. Ordre de narrationLa consigne vous suggère une progression, mais vouspouvez en préférer une autre : commencer par la sépa-ration et remonter le temps, commencer par le souvenirle plus marquant et poursuivre par la description.

VII. Mettre en page

Vérifiez particulièrement les accords des adjectifs, lesaccords du participe (passé composé) ou la conjugaisondu passé simple.

Recopiez en veillant à marquer clairement le début de vosparagraphes et lisez votre texte à haute voix à plusieursreprises pour affiner la syntaxe et la ponctuation quidonne du rythme à votre texte.

Si vous possédez une photographie de vous et de l’objet,illustrez votre texte.

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J

e dois dire que ma mère avait au plus haut degré le don de l’invective1.[…]Il suffisait d’un rien pour que cette dame distinguée aux cheveux blancs,qui inspirait une telle confiance aux acheteurs des « bijoux de famille », se

mît soudain à évoquer, devant son auditoire sidéré, toute la Sainte Russie despalefreniers ivres, des moujiks2 et des feldvebels3 ; elle possédait incontestable-ment un grand talent de reconstitution historique, par la voix et le geste, et cesscènes semblaient bien prouver qu’elle avait vraiment été, dans sa jeunesse, lagrande artiste dramatique qu’elle prétendait avoir été.

Je ne suis cependant jamais parvenu à élucider ce dernier point entière-ment. J’ai toujours su, bien entendu,que ma mère avait été « artiste dramatique »– avec quel accent de fierté, elle avait, toute sa vie, prononcé ces mots! – et jeme revois encore à ses côtés, à l’âge de cinq, six ans, dans les solitudes ennei-gées où nous errions au hasard de ses tournées théâtrales, dans les traîneaux aux

clochettes tristes qui nous ramenaient de quelque usine glacée, où elle venaitde « donner du Tchékov » devant les ouvriers d’un Soviet local, ou de quelquecaserne, où elle avait « dit des poèmes » devant les soldats et les matelots de laRévolution. Je me retrouve aussi sans peine dans sa petite loge de théâtre, àMoscou, assis par terre, en train de jouer avec des bouts d’étoffe multicolores,que j’essayais d’assortir harmonieusement : mon premier effort d’expression artis-tique. Je me souviens même du nom de la pièce qu’elle interprétait alors :Le Chiendu jardinier . Mes premiers souvenirs d’enfant sont un décor de théâtre,une déli-cieuse odeur de bois et de peinture, une scène vide, où je m’aventure prudem-ment dans une fausse forêt et me fige de terreur en découvrant soudain devantmoi une salle immense, béante et noire; je revois encore des visages grimés,étran-

gement beiges, aux yeux cerclés de blanc et de noir, qui se penchent sur moi etme sourient; […] je me souviens encore d’un matelot soviétique qui me soulèveet m’installe sur ses épaules, pour me permettre de voir ma mère interprétantle personnage de Rosa, dans Le Naufrage de l’espoir . Je savais aussi qu’elle étaitfille d’un horloger juif de la steppe4 russe,de Koursk, plus précisément; qu’elleavait été très belle,qu’elle avait quitté sa famille à l’âge de seize ans; qu’elle avaitété mariée, divorcée, remariée,divorcée encore – et tout le reste, pour moi, étaitune joue contre la mienne, une voix mélodieuse, qui murmurait,parlait, chantait,riait – un rire insouciant, d’une gaieté étonnante, que je guette, j’attends, jecherche en vain, depuis, autour de moi ; un parfum de muguet, une cheveluresombre qui coule à flots sur mon visage et, murmurées à l’oreille, des histoires

étranges d’un pays qui, un jour, allait être le mien.Romain Gary, La Promesse de l’aube, Éditions Gallimard, 1960.

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Romain Gary(1914-1980)

Romancier françaisd’origine russe. Son

œuvre est marquée parun humanisme sincère.

Sous le pseudonymed’Émile Ajar, il signa

également trois romansà caractère burlesquedont La Vie devant soi 

(1975).

CA P SUR L E BREVET

1. Parole violente.

2. Paysans russes.

3. Adjudants dansl’armée allemande.

4. Grande plaine sècheet dépourvue devégétation.

132 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

QuestionsI. Un récit autobiographique1. À quelle personne est rédigé ce récit★? À quel temps

est associé ce pronom? Justifiez l’emploi de ce temps.

2. Dans quel pays le narrateur★ a-t-il vécu dans sonenfance? D’après la biographie, à quel pays correspond« un pays qui, un jour, allait être le mien »?

3. Quel âge avait le narrateur lorsque sa mère était

actrice? Quels temps dominants sont employés de la ligne12 à 21 pour le récit de cette époque? Quel autre temps

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identifiez-vous à partir de la ligne 26? Quelle est la valeurde ce temps? Quel effet son emploi produit-il?

4. Quelles scènes successives le narrateur évoque-t-il?

Comment sont-elles liées les unes aux autres? Quelsadverbes les introduisent? Que souligne leur emploi?

5. Quelles sensations la mémoire du narrateur retrouve-t-elle? Pourquoi ces souvenirs sont-ils importants?Quelle expression l’indique?

II. Le portrait d’une mère6. Quel personnage est au centre de ce récit? À quels âgessuccessifs est-il évoqué?

7. Quelles informations avérées le narrateur possède-t-il sur ce personnage? Par quoi sont-elles attestées?

Quels termes soulignent cette certitude?8. Quel mystère, quelles incertitudes sont liées à ce per-sonnage? Quels termes l’indiquent?

9. Repérez les expressions entre guillemets : quiprononce ces paroles? Pourquoi le narrateur a-t-il fait lechoix de citer?

10. Par quel synonyme pourriez-vous remplacer « artistedramatique »? Quel est le terme le plus valorisant? Quel mot du texte confirme votre réponse?

III. La nostalgie11. La mère est-elle en vie ou décédée au moment del’écriture de ce récit?

12. Quel trait de caractère de la mère le textemet-il enévidence ? Quels comportements traduisent ce caractère?

13. Pour quelles raisons Romain Gary écrit-il ce texte?Sur quel personnage est-il centré? Quels sentiments lientle narrateur et sa mère ?

RéécritureRéécrivez de « Mes premiers souvenirs d’enfant » à « Le

Naufrage de l’espoir. » en remplaçant les présents par lestemps du passé qui conviennent.

RédactionRédigez le portrait d’une personne aimée, crainte oudétestée de votre petite enfance. Vous associerez à cessouvenirs des sensations. Vous évoquerez, comme dansle texte, plusieurs souvenirs auxquels le personnagedonnera une unité. Les sentiments liés à la personnedécrite apparaîtront dans le vocabulaire évaluatif.

1. Le sujet de rédaction est en relation avec le texte :

– soit par le thème (raconter une aventure semblable),

– soit par le type d’écrit à produire (récit autobiographique, lettre).

Vous pouvez réinvestir des procédés d’écriture mais sans reprendre des parties de phrases ou de texte.

2. Le sujet est donné en deux parties :

● La partie sujet proprement dite qui répond à la question : que faut-il écrire? de quoi faut-il parler?

Le sujet peut être donné :

– sous forme injonctive Imaginez une suite à ce texte.

– sous forme de question Pour quelles raisons peut-on aimer la corrida?Il précise le type d’écrit attendu (lettre, article de journal, dialogue, récit de fiction, essai) et, de façon

implicite ( Justifiez votre point de vue = discours argumentatif) ou explicite ( Racontez = discours narratif),

le ou les type(s) de discours à mettre en œuvre : narratif, descriptif, argumentatif, explicatif.

● Les consignes rédigées au futur injonctif précisent quelques-unes des contraintes d’écriture :

– la longueur moyenne requise,

– la situation d’énonciation…

ou des critères d’évaluation :

– en développant les sensations et les sentiments (vocabulaire),

– la correction de la langue.

3. Vous avez tout intérêt, avant de vous lancer dans la rédaction, à refaire la liste précise des contraintes d’écriture

de façon à vérifier en cours de route que votre texte répond aux attentes exprimées.

133Cap sur le brevet

MéthodeLire et analyser le sujet de rédaction

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B ILAN DE SÉQUENCE

– L’autobiographie est un récit rétrospectif à la première personne danslequel auteur, narrateur et personnage renvoient au même référent.

– Ce pacte se lit dans l’usage du nom de l’auteur dans le texte, mais aussidans le paratexte★ (titre, dédicace★, préambule★, postface★).

La confrontation de deux époquesLe texte autobiographique confronte le regard de l’adulte (moment del’énonciation, de l’écriture) et la vie de l’enfant (moment de l’histoire).

Pour marquer la distance entre l’enfant et l’adulte, l’auteur peut choisir :– d’employer d’autres pronoms que « je, tu, il »,– de se désigner par des dénominations (« l’enfant »),– de privilégier le passé simple par rapport au passé composé,– de multiplier les marques d’incertitude (verbes, adverbes de modalisation),– d’exhiber les lacunes, de superposer plusieurs versions du même événement.

Les enjeux de l’autobiographie

L’autobiographie privilégie les souvenirs d’enfance fondateurs. L’écriture trans-forme ces événements en épisodes de récits. Diverses motivations se mêlent :– le désir de faire revivre des êtres et des moments perdus,– la volonté de se connaître,– le besoin de se justifier,– la nécessité de témoigner.

L’expression de soi

Journaux, carnets n’appartiennent qu’en partie au genre autobiographiquecar ils ne sont pas rétrospectifs.

De même, certains auteurs s’inspirent de leur vie pour nourrir leurs récits etleurs romans.

Enfin, la poésie peut mettre en mots l’intimité et se faire l’écho d’événementspersonnels en privilégiant l’expression des sentiments, c’est la poésie lyrique.

Et le lecteur?

L’autobiographie permet de pénétrer dans l’intimité des hommes et elle inté-resse les lecteurs pour l’universalité des expériences décrites. Le lecteur ycherche aussi des témoignages d’autres vies pour élargir sa connaissance del’homme.

LE PACTE AUTOBIOGRAPHIQUE

SYNTHÈSE

134 Séquence 4 - L’autobiographie, quels enjeux?

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COU PS  D E CO EURLECTURES

Azouz Begag, Le Gone

du Chaâba, Édi tions

du Seui l, 1998, co l l.

Poin ts- Virgu le

(nou ve l le série), 2001.

Ar t S piege lman, Maus - L’int é g rale, tomes

1 e t 2, F lammarion, 1973-1990.

Jean-Pierre Guéno, Paroles d’étoiles, Mémoire

d’enfants cachés 1939-1945, J’ai Lu, 2002.

William Camus, Mémoires d’un sauvage,Pocket jeunesse, dépar-

tement Univers dePoche, 2000.

135Lectures coups de cœur 

Misha Defonseca, Survivre avec les loups,Pocket, 1999.

Marcel Proust, adaptation de Stéphane Heuet, À la recherchedu temps perdu, Combray, Guy Delcourt productions, 1998.