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À BAS L EMBOURGEOISEMENT ! UN GUIDE POUR ÉTUDIANT - E - S AFIN DE MIEUX COMPRENDRE ET CONTRER LA GENTRIFICATION DE NOS QUARTIERS

À bas l'embourgeoisement!

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Un guide pour étudiant-e-s afin de mieux comprendre et contrer la gentrification de nos quartiers

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Page 1: À bas l'embourgeoisement!

à bas l’embourgeoisement!

un guide pour étudiant-e-s afin de mieux comprendre et contrer la gentrification de nos quartiers

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Tout ce qui est solide se dissout dans l’air : les raisons d’être de ce guide

Tu habites peut-être à Saint-Henri depuis quelques années, témoin de la métamorphose des usines de l’Imperial Tobacco en “lofts impérial” atrocement luxueux. Tu es peut-être à Villeray, aux côtés du projet “Condo Castelnau” maintenant presque achevé, où certaines unités ont été vendues pour des sommes allant jusqu’à un million de dollars. En tant qu’étudiant-e, que tu arrives tout juste à Montréal ou que tu y sois depuis longtemps, tu auras sans doute remarqué deux tendances assez persistantes: il est de plus en plus difficile de trouver un loyer abordable...et le visage de nos quartiers se transforme à toute vitesse.

Ces deux dynamiques sont inextricablement liées, composantes intégrales d’un processus connu sous le nom d’embourgeoisement.1 De l’anglais, “gentry-fication” (faisait référence à la petite bourgeoisie): le déplacement en masse de populations socio-économiquement marginalisées hors des quartiers ouvriers au profit de populations à mobilité ascendante; l’augmentation incessante des loyers et des valeurs immobilières; la lente désintégration des réseaux sociaux et des formes de solidarité populaire; l’évincement des petites entreprises au profit de chaînes haut-de-gamme et de boutiques spécialisées.

En quoi ça te concerne? Qu’on le veuille ou non, les étudiant-e-s sont indissociables du processus d’embourgeoisement. Comme nous faisons généralement partie d’une population à plus faible revenu, nous avons tendance à migrer vers les loyers généralement plus abordables des quartiers ouvriers. Nous ne restons habituellement pas très longtemps dans un appartement et, rarement au fait de nos droits en tant que locataires, nous permettons ainsi aux propriétaires de continuer à tirer profit de logements et d’édifices qui sont parfois maintenus dans un état pitoyable, en les laissant ensuite souvent augmenter le loyer dès notre déménagement. De même, notre arrivée dans un quartier laisse présager l’arrivée de nouveaux bars, cafés et magasins, souvent aux détriments d’autres commerces locaux, organisations sociales et modes de vie.

Heureusement, en tant qu’étudiant-e-s, nous sommes aussi tout sauf impuissant-e-s face à ce système de soi-disant développement. Ce guide cherche à vous armer d’une analyse de l’embourgeoisement à plusieurs fronts, tant de ses aspects structurels (le marché immobilier et le système capitaliste) que de ses manifestations socioculturelles (comment résister à l’aliénation et devenir un-e résident-e investi-e dans son quartier populaire, etc.).

1Note de la traduction: Bien qu’au Québec, le terme embourgeoisement soit le terme jugé correct, les termes gentrification et embourgeoisement seront tous deux utilisés dans ce guide pour tenir compte de leur usage courant, dans les milieux activistes et anti-gentrification entre autres.

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Par-dessus tout, le but de ce guide est de te fournir les outils nécessaires pour t’impliquer dans la lutte populaire pour le droit au logement. La résistance étant son thème central, il fournira des ressources pour mieux connaître tes droits et pour mieux t’impliquer dans ta communauté (les organisations, les collectifs et les individus qui luttent dans différents quartiers) tout en privilégiant les positions et les analyses des activistes anti-gentrification.

Véritable microcosme du capitalisme, l’embourgeoisement enrichi les plus riches tout en appauvrissant les plus pauvres. Et, tout comme le capitalisme dans son ensemble, il peut nous sembler accablant et imbattable. Mais lorsque nous nous rassemblons pour défendre nos communautés, nous nous rendons bien vite compte de notre pouvoir. L’embourgeoisement n’est pas inévitable. C’est à nous de le combattre!

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Les modèles économiques se succèdent, l’avarice demeure

Au sein des milieux activistes et académiques opposés à l’embourgeoisement, un débat entoure les causes fondamentales du processus: est-il propulsé par la production (la circulation de capital, la construction et le développement, la hausse des valeurs immobilières) ou par la consommation (la circulation des personnes, c’est-à-dire les changements démographiques - l’afflux de nouveaux consommateurs et, avec eux, une demande accrue pour certains styles de vie)? Le présent guide tentera d’éviter de prendre position quant à ce débat, se concentrant plutôt sur l’intersectionnalité de différentes formes de pouvoir (on ne peut parler du pouvoir économique, tant des producteurs que des consommateurs de l’embourgeoisement, sans aussi parler de genre, de race, de sexualité et d’habileté. Ils sont inter-reliés et indissociables.)

Tout de même, à cet égard, pour des raisons pratiques, il semble utile d’examiner chaque ensemble de causes séparément. Commençons par certains facteurs structurels. Depuis la fin des années 70 et la transition majeure qu’a subit l’économie nord américaine, qui est passée de la production à la consommation, avec la montée concomitante de la fameuse « économie du savoir, » les quartiers historiquement industriels et ouvriers ont subi d’énormes changements. À leur source, on peut voir le cycle naturel de la production capitaliste, avec sa quête de profit implacable, menant à des successions de dévalorisation et de revalorisation de ces espaces.

Faisant face à une désindustrialisation brutale et au déplacement de la production vers le monde majoritaire, la période de l’après-guerre voit une chute significative des valeurs immobilières dans les quartiers industriels aux États-Unis et au Canada. Cherchant à tirer profit de ce nouveau contexte, la tendance des propriétaires est de retirer leurs investissements et de se tourner vers la location afin d’extraire quelques dollars des résidents qui se retrouvent en nombres croissants au chômage. Il va sans dire que les locataires vivent alors en grande partie dans des conditions déplorables et que l’absence d’entretien de la part des propriétaires mène à une dégradation de la réserve de logements, contribuant à la diminution de la valeur des immeubles dans le quartier.

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Toutefois, il est important de souligner qu’au cours de ces décennies, alors que la valeur réelle de ces propriétés va décroissant, la valeur potentielle des anciens quartiers industriels, surtout ceux situés près du centre-ville ou du centre d’affaire, ne cesse de grimper. Alors que les principales villes nord américaines deviennent les centres d’un nouveau système économique néolibéral, avec lui, une nouvelle classe moyenne est née: les jeunes professionnel-le-s en quête d’environnements plaisants et d’appartements chics. Par contre, à l’inverse de leurs parents, fuyant les banlieues, illes optent plutôt pour des quartiers situés près des bureaux urbains et des compagnies qui les emploient. Bref, un faussé se creuse entre la réalité de l’infrastructure des anciens quartiers ouvriers (qui est composée en grande partie d’appartements bon marché dans des bâtiments généralement délabrés) et la faim insatiable des promoteurs face à la possibilité de tirer profit de ce marché bobo (bourgeois-bohème) issu de la nouvelle aire néolibérale.

C’est dans ce faussé que naît l’embourgeoisement et c’est là, aussi, que les populations marginalisées y perdent au change. Bien souvent, comme il est mentionné dans l’introduction, la première vague d’arrivants dans ces quartiers est composée d’étudiants, d’artistes et d’autres genres créatifs, attirés par des loyers raisonnables. Mais les loyers ne demeurent pas raisonnables pour très longtemps. La nouvelle demande pour ces appartements bon marché et l’afflux d’une population de passage beaucoup moins stables cause certaines hausses de prix.

Toutefois, la force principale qui propulse cette hausse des valeurs immobilières, ainsi, par conséquent, des taxes foncières et donc, des loyers, c’est la construction de projets de condominiums privés. Dans le modèle néolibéral de renouvellement urbain, les gouvernements locaux remettent le “développement” des quartiers ouvriers dans les mains de grandes corporations, sans égard pour les besoins des résident-e-s établi-e-s. Du jour au lendemain, on offre à ces mêmes propriétaires qui, pendant des années, ont négligés le maintient de leurs bâtiments, de capitaliser sur leur maigres investissements en les vendant à des promoteurs et des développeurs gargantuesques qui les accumulent pour ensuite les convertir en condos.

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La grande majorité des nouveaux projets de construction dans le marché immobilier urbain sont dédiés à la construction de condos plutôt qu’à des unités de location. Rapidement, donc, les locataires à moindre revenu se retrouvent aux prises avec l’urgence d’une crise de logement: il y a de moins en moins d’appartements disponibles, qui coûtent de plus en plus cher (selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, par exemple, la construction de logements a diminué de 40% depuis 2007, tandis que la construction de condos a fait un bond de 73%!)2. Dans un texte publié en 2011, des résident-e-s et activistes de Saint-Henri résument leur impression de l’embourgeoisement tel qu’illes le perçoivent et le vivent dans leur coin de la ville:

Les exemples de ce processus abondent dans les quartiers ouvriers qui entourent Montréal, à commencer par le Sud-ouest (Saint-Henri, Petite-Bourgogne, Pointe-St-Charles, Ville-Émard/Côte-Saint-Paul et Verdun). Dans ce secteur, le taux d’inoccupation du marché locatif est de 1,9%, et seulement 0.2% pour les résidences à trois chambres ou plus (le consensus statistique établi à moins de 3,0% le taux d’inoccupation en temps de crise immobilière.) De plus, le loyer moyen dans le Sud-ouest est présentement de $632 par mois!4 À Saint-Henri seulement, un quartier composé en grande partie de locataires à faible revenu (de fait, dans ce secteur, 81,7% des résidents sont locataires), ce qui signifie que 36,1% des ménages en location y consacrent plus de 30% de leur revenu. Notons aussi le fait que 11030 ménages assignent plus de 50% de leur revenu à leur loyer, dont 520 pour qui ce chiffre s’élève à plus de 80%! (4)5 D’un autre côté, depuis 2005 et comparativement à seulement 147 unités de logements sociaux, plus de 2000 condos ont été construits à Saint-Henri. Dans la décennie de 1996 à 2006, les gros promoteurs-développeurs comme Alliance Prével, Mondev Construction et Groupe Alta Socam ont propulsé une hausse des valeurs immobilières de 177,5%, ce qui correspond à une hausse de loyer impressionnante de 29%6. Ce scénario a donc offert aux artistes et aux nouveaux riches des lofts à volonté. Des appartements décents pour les familles pauvres et, bien souvent, monoparentales? Pas tellement.

2Société canadienne d’hypothèques et de logement, SLC- Construction résidentielle.3POPIR-Comité Logement, Le St-Henri que nous voulons bâtir, 17.4CMHC, Rapport sur le marché locatif —Montréal CMA, 11-12. 5Le St-Henri que nous voulons, 5; Solidarité Saint-Henri, Synthèse : Portrait du quartier Saint-Henri, 4. 6Le St-Henri que nous voulons, 13, 17.

En gros, la gentrification, ça veut dire qu’il y a maintenant du monde avec pas mal d’argent qui vient s’installer dans les quartiers pauvres. Les usines et les bâtiments vacants sont transformés en logement luxueux et on construit des beaux logements neufs sur les sites vacants…Le problème, c’est que le monde qui habite déjà le quartier n’a pas les moyens d’y habiter. Même chose pour les nouveaux restaurants, nouvelles boutiques…c’est ben beau, mais c’est trop cher!3

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En nous dirigeant plutôt vers l’est et le nord de Montréal, on retrouve la même histoire dans d’autres quartiers économiquement marginalisés. Du côté de Villeray/Saint-Michel/Parc Extension, le taux d’inoccupation est de seulement 2,7%; dans Rosemont/Petite-Patrie, 1.6%; dans Hochelaga-Maisonneuve, 2.2%. Dans ces secteurs, le taux d’inoccupation associé aux appartements capables d’abriter une famille moyenne à faible revenu (c’est-à-dire avec au moins trois chambres à coucher) est si faible que les statistiques de marché générées par la Société canadienne d’hypothèques et de logement n’en font même pas mention. Dans ces trois cas, le loyer moyen dépasse les 600$ - ce qui représente, aux fins d’illustration, presque la totalité du revenu mensuel d’une personne bénéficiant de l’assistance sociale7.

Pendant ce temps, les condos se multiplient. Rapidement, ces quartiers se transforment. Dans une étude académique datant de 2011, des chercheur-e-s affilié-e-s à l’Université McGill mentionnent que:

7CMHC, Rapport sur le marché locatif 11. Gouvernement du Québec, Nouveaux montants des prestations, http://www.mess.gouv.qc.ca /publications /pdf/sr_dep_montant_prestations.pdf.8Jean-Pierre Lavoie, Damaris Rose, Victoria Burns et Véronique Covanti Diversité urbaine, vol. 11, n° 1, 2011, p. 67.

Adjacent aux quartiers du Plateau Mont-Royal et du Mile End, qui comptent parmi les quartiers les plus gentrifiés de Montréal (Walks et Maaranen 2008), La Petite-Patrie connaît un fort processus de gentrifi-cation depuis le début des années 2000. La valeur des habitations et les loyers sont en hausse marquée, plusieurs condominiums sont construits sur les derniers terrains vacants et on assiste à l’arrivée d’une population plus jeune et très instruite. Ainsi, la population du quartier est désormais plus susceptible de détenir un diplôme universitaire que celle de l’ensemble de la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal alors que le nombre et le pourcentage de personnes âgées de 65 ans et plus sont à la baisse. Par ailleurs, les personnes issues des minorités visibles se font de moins en moins nombreuses.8

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On peut donc dire que ce quartier historiquement ouvrier est en phase de passer sous le règne d’un groupe démographique jeune, blanc et éduqué. On remarque plus ou moins la même chose dans l’est de Montréal. Écoutons ici le témoignage de camarades d’Hochelaga-Maisonneuve:

Aux fins de cette analyse, nous éviterons de percevoir la crise du logement social (tant au privé qu’au public) comme le produit inévitable et temporaire d’un marché autorégulé. En 2009, des chercheure-s de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) affirmait que «Loin de se résorber, la pénurie de logement et la crise d’abordabilité deviennent un état permanent du marché locatif québécois. Les loyers augmentent plus rapidement que l’inflation.»Illes soulignaient aussi que, partout au Québec, le développement urbain s’est enlisé dans une tendance qui favorise la construction d’unités de condo plutôt la création d’appartements locatifs et ce, malgré la crise de logement en cours. En fait, on peut y voir clairement une instance où un certain type de logement, sous l’influence de l’avarice irrationnel des riches, ne correspond en aucun cas à la demande.10 En 2012, le risque de vivre un effondrement du marché immobilier était très réel, un surplus d’unités de condos de toutes pièces ayant été créé par les pratiques de construction spéculatives des promoteurs.11

Ajoutons à cela ce que nous savons des taux accrus de corruption dans l’industrie de la construction, de connivence avec la classe politique et leurs acolytes dans la bourgeoisie québécoise, il semble très probable que le capitalisme et ses gérants soient en train de nous diriger vers un retour de la dévaluation cyclique des quartiers populaires. L’embourgeoisement, on le comprendra, est ancré dans une multitude de tentatives incongrues de la part des riches dans le but de s’enrichir un peu plus et ce, au dépend d’une stratégie cohérente en terme de développement urbain. C’est donc à nous que revient la tâche de créer des alternatives durables qui soient fondées dans le respect des populations marginalisées.

9Sous les condos Hochelag’? 7-8. Available at http://lamitrailleuse.files. wordpress.com/2011/08/journal-hochelag01.pdf

Bref, la stratégie de la Ville et de la Mairie d’arrondissement est de laisser le champ libre aux grosses compagnies comme Samcon pour qu’ils construisent des condos partout où c’est possible…pour ainsi attirer des acheteurs de l’extérieur et faire augmenter le nombre de propriétaires dans un quartier à forte majorité de locataires (plus de proprios = plus de revenus de taxes municipales) alors qu’ils laissent le parc de logements locatifs se dégrader. Les promoteurs et l’administration s’en mettent plein les poches, alors que ceux et celles qui ne peuvent pas (ou ne veulent pas) se payer un condo, aussi ‘abordable’ soitil, ont de moins en moins la possibilité de se trouver un logement décent (ou même un logement tout court). C’est ce qu’ils appellent la ‘revitalisation’ du quartier…9

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Le quartier en voie de disparition: les effets culturels de l’embourgeoisement

« Saint-Henri se meurt… mes condo-léances! » - Graffiti anonyme

Selon Sharon Zukin, « on pourrait décrire l’embourgeoisement comme un processus de différentiation spatiale et sociale ».12 La refonte des quartiers populaires pour les faire passer des centres de production industriels qu’ils étaient aux nouveaux quartiers-dortoirs des classes-affaires a été amplement discutée. Nous tournons ici plutôt notre regard sur les aspects sociaux du processus d’embourgeoisement: qu’advient-il de la culture de ces quartiers populaires quand ceux-ci se voient envahis par une population socialement et économiquement ascendante ? Bien que les dynamiques qui sous-tendent le processus d’embourgeoisement soient de nature économique et structurelle, les développeurs et les embourgeoiseurs mènent du même coup une sorte de guerre culturelle envers les populations existantes.

Le capitalisme nord américain, inextricablement enraciné dans le pillage et le vol des territoires autochtones, mimique les structures idéologiques de ce processus dans son expansion actuelle. Tout comme la quête d’aventure inspirait et menait l’expansion des frontières de la société canadienne naissante, l’embourgeoiseur au goût du jour cherche à vivre aux premières lignes des tendances, ici incarnées par le quartier ouvrier, qui va légitimant une sorte de corollaire culturel à cette trépidante nouvelle économie du savoir - banlieusardes, ces nouvelles classes intellectuelles… jamais! Leurs relations de voisinage, quant à elles, demeurent à tout le mieux l’amusante et intrigante consommation d’un Autre rendu exotique, à travers laquelle s’accroît leur propre authenticité et, par le fait même, leur capital culturel. Comme le décrit Zukin, « les quartiers culturellement validés fournissent à la nouvelle classe moyenne l’identité collective et les pouvoirs sociaux dont ils ont tant besoin…Plus encore, l’idéologie de l’embourgeoisement légitimise leur reproduction sociale et ce, souvent malgré les demandes d’une population déjà présente.»13

André Dubuc, ‘Condos : risque de surconstruction à Montréal, La Presse, le 26 juillet 2012, http://affaires.lapresse.ca /economie/immobilier/ 201207/26/01-4559537-condos-risque-de-surconstruction-a-montreal.php Sharon Zukin, ‘Gentrification : Culture and Capital in the Urban Core,’ Annual Review of Sociology Vol.13, (1987), p. 131. Ibid., 143.Étienne Hansez, ‘Bourgeoise la rue Masson?’ (May 2011), http://www.openfile.ca/ montreal/montreal/file/2011/05/bourgeoise-de-la-rue-masson.CBC, ‘Gone to the Dogs’ (28 Avril, 2011), http://www.cbc. ca/daybreakmontreal/2011/04/. http://www.loftimperial.ca/.

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Qu’advient-il, d’ailleurs, de ces populations existantes? Au fur et à mesure que ses infrastructures s’adaptent aux hypothéqués des nouveaux condos, un profond sentiment de désorientation et de dislocation tend à s’installer. Prenons l’exemple de Madame Pierre Forget, résidente établie de Rosemont, qu’on a interviewé récemment dans le cadre d’un projet sur l’embourgeoisement de la rue Masson, une artère commerciale importante dans le quartier.14 «Je préfère voir des petites épiceries que des Dollorama et des Pan-shop. Mais rien n’est fait pour nous. À quelques mètres d’ici, il y a un restaurant dans lequel, je n’oserais jamais entrer tellement il a l’air chic. Je ne reconnais plus mon quartier. C’est comme ça. »15

Ou encore, regardons du côté du Sud-ouest de Montréal, où les espaces verts tels que le Parc St-Henri, qui débordent des chiens bien soignés des résidents des lofts Imperial, deviennent inaccessibles aux enfants du voisinage.16 Non seulement les populations économiquement marginalisées se retrouvent aux prises avec des hausses de loyer et de moins en moins d’appartements libres, mais elles font face en plus à un sentiment croissant d’aliénation culturelle qui fait en sorte qu’elles ne se sentent plus tout à fait chez elles dans leurs propres quartiers.

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Que faire? Quel rôle pour les étudiant-e-s dans ce processus? Chose certaine, illes ne sont pas responsables d’avoir introduits dans les ex-quartiers industriels la morne culture préfabriquée des classes dirigeantes, pas plus que, disons, les populations immigrantes qui, en quête de loyers abordables, emménagent avec des formes culturelles diverses dans des quartiers autrefois ouvriers, homogènes et blancs.Il va sans dire, toutefois, que les étudiant-e-s comme d’autres jeunes personnes créatives jouent un rôle dans la transformation de la culture de nos quartiers. Tout d’abord, en tant que population de passage, un nombre accru d’étudiant-e-s dans un quartier peu contribuer à la désintégration des réseaux sociaux, tissés de vieilles relations de voisinage, de connections familiale et d’amitiés. Ensuite, même parmi les étudiant-e-s politisé-e-s militant dans des groupes radicaux sur leurs campus, on constate souvent une certaine ignorance par rapport aux organisations et aux collectifs déjà impliqués dans des luttes anti-gentrification dans leur quartier. Le manque de collaboration entre les étudiant-e-s de gauche et les membres de la communauté créé d’inutiles efforts parallèles tout en limitant la capacité des communautés dans la création de stratégies à long-terme pour contrer l’embourgeoisement.

Évidemment et sans équivoque, les principaux coupables dans tout ça demeurent les gros promoteurs qui encouragent, dans des quartiers populaires, la prolifération de styles de vie inaccessibles et étrangers aux groupes socio-économiquement marginalisés qui y vivent et ce, avec l’intention directe de générer un profit dérivé de la création d’environnements agréables pour les riches. Le site web des Lofts Impérial de Prével s’en vante ouvertement : « Il y aura un terrasse sur le toit, une terrasse avec une piscine et un chalet urbain équipé d’un BBQ, d’un lounge, d’un foyer et d’une table de billard pour permettre au résidents de profiter pleinement de leur environnement urbain. »

Dans le paysage embourgeoisé, environnement urbain n’est pas synonyme de quartiers vivants, mais plutôt d’un décor en arrière-plan sur lequel peindre les fresques de la perfection socioculturelle bourgeoise.

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Ce siège culturel est propulsé par une vision très spécifique de ce à quoi ces quartiers devraient ressembler. On n’a qu’à lire le témoignage d’Avi Morrow, propriétaire d’un condo dans ces mêmes Lofts Impérial, pour avoir une idée de ce qui se trame:

Tout comme le Plateau? Huppé, dispendieux… où les populations à faible revenu ne peuvent plus se permettre de vivre. Voilà donc le but clairement énoncé des embourgeoiseurs qui emménagent dans les quartiers ouvriers comme le Sud-ouest.

C’est la responsabilité des étudiant-e-s de gauche, même s’illes ne sont pas directement responsables de la désintégration socioculturelle de l’embourgeoisement, d’éviter de participer à cette inondation qu’est la culture bourgeoise dans les quartiers économiquement marginaux. C’est du travail - ça implique, entres autres, de repousser ses limites sociales et politiques pour s’engager dans les luttes de sa communauté. En bout de ligne, ça mène à un enrichissement des cultures de solidarité, qui seront peut-être le seul rempart contre les attaques socio-économiques de l’embourgeoisement. Comment faire? Nous voici arrivé-e-s à la question de la construction de la résistance.

Je pense qu’une bonne propriété, bien située, avec le temps, ça rapporte toujours. C’est pour ça qu’ils appellent ça le marché immobilier, parce que ça bougera pas. Donc, si tu achètes de la bonne qualité dans un bon quartier, tu peux pas te tromper. Des endroits comme Lachine, St-Henri et Verdun, qui sont en train d’être développé au moment où on se parle, deviendront le Plateau de demain. Faut que tu aies des tripes et de la clairvoyance.

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S’impliquer: des ressources pour résister, des outils pour lutter

Depuis le début des années 1960, l’assaut perpétuel des quartiers ouvriers de Montréal s’est fait par une série de gouvernements municipaux et provinciaux qui ont eu recours à une variété de stratégies de « renouvellement urbain » : de la démolition totale de secteurs complets en passant par l’expropriation pour faciliter la construction de mégaprojets structurels au profit des banlieusards (tel que l’autoroute Ville-Marie) et, enfin, la stratégie néolibérale, plus subtile cette fois, du développement privatisé de condominiums.

Au cours de cette période, des comités et des collectifs populaires ont maintenu une riche culture de résistance. La lutte, toujours en cours, pour des logements accessibles et dignes pour les travailleuses-eurs et les personnes à faible revenu, demeure notre défense principale pour contrer la vision néolibérale qui domine actuellement l’ordre du jour en terme de planification urbaine à Montréal, une vision qui cherche progressivement à exclure de la ville les populations socio-économiquement marginalisées pour la remplir de développements haut-de-gamme, de tours à bureaux et centres culturels rodé au goût des touristes. Depuis la fin des années 1990 particulièrement, les militant-e-s anticapitalistes ont mené une lutte à la gentrification qui a fait naître des squats, d’innombrables manifestations, des occupations et des campagnes continues pour tenter de combler les besoins flagrants en logement social.

Dans l’espoir d’aider les étudiant-e-s à se joindre à la résistance contre l’embourgeoisement dans leurs quartiers, nous avons compilé l’information et les ressources suivantes.

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Connaître ses droits!Être au courant de ses droits en tant que locataire constitue une première étape importante pour être en mesure de résister à l’embourgeoisement. La législation au Québec, comme tout autre ensemble de lois d’ailleurs, est profondément ancrée dans un système de pouvoir et de privilège qui tend à enrichir les riches au profit des pauvres. Toujours en est-il que certaines limites légales existent concernant les agissements des propriétaires et que le simple fait de connaître ces limites peut grandement influencer notre capacité de faire en sorte que nos loyers demeurent bas ou que des réparations essentielles soient faite. Surtout, le fait d’être informé-e au sujet de la relation légale entre propriétaire et locataire pourrait t’éviter d’être manipulé-e tout en délimitant clairement les lignes du conflit - ton propriétaire n’est pas ton ami-e et, règle générale, vaut mieux éviter de compter sur lui ou de lui faire confiance.

Tu veux te joindre à la lutte contre l’embourgeoisement? Voici quelques pistes pour commencer :

Tu as le droit de refuser une hausse de loyer. Si tu as signé un bail sur douze mois, comme il est de coutume, il est fort probable que ton bail soit automatiquement renouvelé chaque 1er juillet. Si le propriétaire désire augmenter le loyer, il doit t’en informer par écrit au moins 3 mois précédant cette date. Tu as un mois pour répondre. Il est possible que le propriétaire tente de négocier en personne : s’assurer de ne jamais signer quoi que ce soit sur le coup. De plus, la “section G” de ton bail devrait indiquer le loyer que payaient les locataires précédents. Si ton loyer est au-delà de ce montant, tu as 10 jours après la signature du bail pour faire une demande de fixation de loyer auprès de la Régie du logement. Si ton propriétaire a omit de remplir la section G, ou encore si tu découvres que le loyer que payaient les locataires précédents était en réalité plus bas que celui indiqué, tu as deux mois pour faire cette même demande. Il est important de s’assurer d’avoir laissé une copie de ton ancien bail pour les nouveaux locataires, afin d’éviter (chose courante) que le propriétaire n’augmente le loyer de manière abusive.

Si tu décides de déménager, transfère ton bail directement aux nouveaux locataires.Faire un transfert plutôt qu’une cessation de bail signifie sue le nouveau locataire prend en charge les droits et responsabilités de l’appartement en question et que les termes du bail - incluant le LOYER – demeurent les mêmes (exception faite pour des hausses mineures, permises par la loi, liées aux hausses de taxes, réparations, etc.) Le transfert de bail constitue un des outils les plus import dans le maintient des loyers bon marché.

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Fais pression pour que les réparations soient faites. Si tu les fais toi-même, charges le proprio! Le propriétaire est légalement responsable de toutes les réparations dans ton appartement, qu’elles soient urgentes (comme des tuyaux gelés ou des problèmes de moisissure) ou qu’elles impliquent des rénovations majeures. Avise ton propriétaire des réparations nécessaires aussitôt que possible, soit par courrier enregistré ou par téléphone en présence d’un témoin. Dans le cas des réparations urgentes, donnes-lui 48 heures pour s’en occuper. S’il ne réagit pas à l’intérieur de ce délai, tu peux les faire toi-même, en déduisant par la suite le montant de ton loyer mensuel (garde tes reçus comme preuve de tes dépenses!) Attention! Ce que tu considères urgent et ce que la loi en pense peut varier. Si tu n’as pas payé ton loyer dans sa totalité et que la Régie du logement rejette ta demande, tu risque d’être évincé. Donc, dans le doute, contacte ton comité de logement (voir ci-dessous) avant de procéder.

Il est important d’insister pour que les réparations se fassent et ce, pour différentes raisons. En temps de crise immobilière, avec une forte demande pour une quantité limitée d’appartements, la motivation qu’il faut aux proprios pour entretenir leurs bâtiments tend à manquer! S’assurer que les réparations soient faites peut s’avérer crucial dans la lutte pour des conditions de vie dignes pour les populations économiquement marginalisées. De plus, comme nous l’avons déjà mentionné, la dévaluation et la dégradation des réserves appartements à loyer bon marché est une étape intégrale dans le cycle de l’embourgeoisement - insister pour des réparations peut mettre les bâtons dans les roues de certains changements structurels indésirables dans nos quartiers.

Tout ceci, finalement, ne fait qu’effleurer le vaste sujet du mouvement de défense des droits des locataires. La meilleure stratégie demeure de t’assurer d’être accompagné dans ta démarche, par quelqu’un de ton comité logement ou encore du service de logement à ton université.

Pour plus d’information, consulte: • la page “Outils de défense de droits” du Regroupement des

comités logements et associations locataires du Québec (RCLALQ) au http://www.rclalq.qc.ca/index.php?z=19;

• la Banque de logements hors-campus et la Banque d’emplois de l’Association étudiante de votre université. Pour Concordia (CSU) visitez http://hojo.csu.qc.ca/;

• la Régie du logement du Québec au www.rdl.gouv.qc.ca.

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Comités logement et Associations de locataires

Connaître tes droits, en tant que locataire, est un aspect indéniablement important dans la lutte à la gentrification. Toutefois, il est d’autant plus important de militer au sein de luttes collectives dans ton quartier. Généralement, le meilleur moyen est de rejoindre le comité logement ou l’association de locataires de ton entourage. Ces organismes populaires sont composés de locataires établis dans leur communauté et membres volontaires, d’un conseil d’administration élu au suffrage universel et d’au moins un-e employé-e rémunéré-e. Les tendances politiques des comités logement varient, allant de la gauche modérée à plus radicale, mais en tant qu’organisations démocratiques, ils n’ont d’ordres à suivre que de leurs membres! La plupart des comités logement pourront t’aider avec ta situation de locataire, un outil précieux au cours de procédures juridiques, qui peuvent s’avérer décourageantes et déroutantes.

Cependant, il existe aussi des acteurs cruciaux dans nombre de luttes sociales pour le droit au logement au Québec. On peut les diviser en deux catégories : (1) les comités logement et associations affiliées au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui s’opposent à la logique de privatisation du marché du logement et qui veillent à ce que le logement soit consacré droit social au Québec et ce, à travers la lutte pour plus de logements sociaux. La revendication principale du FRAPRU à ce jour est la construction de 50 000 unités de logements sociaux durant les 5 prochaines années; (2) les associations membres du Regroupement des comités de logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) qui sont plutôt préoccupées par les droits collectifs face au marché privé, revendiquant entre autres un gel des augmentations de loyer et la création d’un registre officiel standardisé de loyers. (En fait, la plupart des comités de logements sont affiliés aux deux organismes, mais certains s’impliquent plus activement dans l’un ou dans l’autre.)

Plus bas, tu trouveras les coordonnés de quelques-uns des comités logement de Montréal (à noter : ce n’est pas une liste exhaustive!) :

• POPIR-Comité logement, 4017 rue Notre-Dame Ouest, (514) 935-4649, popir.org, [email protected] (St-Henri, Little Burgundy, Côte-St-Paul, Ville Émard)

• Regroupement Information Logement (RIL) de Pointe St-Charles, 1945 rue Mullins, Bureau 110, (514) 932-7742, www.rilsocam.org, [email protected] (Pointe St-Charles)

• Comité d’action des citoyennes et citoyens de Verdun (CACV), 4792 rue de Verdun, (514) 769-2228, www.cacv-verdun.org (Verdun)

• Comité logement de Lachine-Lasalle, 426, rue St-Jacques, Lachine, (514) 544-4294, [email protected] (Lachine-Lasalle)

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• Projet Genèse, 4735 Chemin de la Côte-Ste-Catherine, (514) 738-2036, www.genese.qc.ca (Côte des Neiges)

• OEIL Côtes-des-Neiges, 3600 rue Barclay, bureau 344, (514) 738-0101, www.oeilcdn.org, [email protected] (Côte-des-Neiges)

• Comité logement Ville-Marie, 1710 rue Beaudry, local 2.6, (514) 521-5992, clvm.org, [email protected] (downtown, Centre-Sud, the Village)

• Comité logement du Plateau-Mont-Royal, 4450 rue St-Hubert, local 328, (514) 527-3495, www.clpmr.com, [email protected] (Plateau)

• Comité logement Rosemont, 5350, Lafond, local R-145, (514) 597-2581, [email protected], www.comitelogement.org (Rosemont)

• Comité logement de la Petite Patrie, 6839A rue Drolet, (514) 272-9006, [email protected] (Petite-Patrie)

• Comité logement Montréal-Nord, 11 379 Garon #2, (514) 852-9253, [email protected] (Montréal Nord)

• Comité logement Ahuntsic-Cartierville, 10780 rue Laverdure, bur. 208, (514) 331-1773, www.comitelogement.com, [email protected] (Ahuntsic)

• Comité BAILS, 1455 rue Bennett, (514) 522-1817, logement-hochelaga-maisonneuve.org, [email protected] (Hochelaga-Maisonneuve)

• Entraide Logement, 1500 av. d’Orléans, 514 528-1634, logement-hochelaga-maisonneuve.org, [email protected] (Hochelaga-Maisonneuve)

• Action dignité de Saint-Léonard, 9089A, boulevard Viau, 514-251-2874, [email protected] (St-Léonard)

• Comité d’Action de Parc Extension, 419, rue Saint-Roch, Sous-sol 15B, (514) 278-6028, [email protected] (Parc Ex)

• Association des locataires de Villeray, 7378 rue Lajeunesse, local 213, (514) 270-6703, associationdeslocatairesdevilleray.blogspot.com (Villeray)

• Centre éducatif communautaire René-Goupil, 4105 rue 47e, (514) 596-4420, [email protected], www.cecrg.org (St-Michel)

• Conseil Communautaire Notre-Dame-de-Grâce, 5964. venue N.D.G., [email protected], www.ndg.ca (NDG)

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Au-delà du secteur communautaire : des collectifs aux assemblées en passant par

les promenades de chien Malgré leurs avantages multiples, les comités de logement font également face aux défis bien connus du secteur communautaire, dont le manque de financement et un penchant pour une analyse réformiste (en misant plutôt sur l’amélioration d’un système qu’on sait profondément pourri que sur l’organisation d’une résistance plus fondamentale qui mènerait à des changements d’envergure et à long-terme). Heureusement, nous sommes à une époque dynamique et inspirante en ce qui concerne la résistance populaire de quartier à Montréal. Au cours des dernières années et dans tous les coins de la ville, des membres de la communauté ont participé à la mise en œuvre d’initiatives autonomes contre l’embourgeoisement et pour le droit au logement. Pour un peu d’inspiration, jette un coup d’œil au groupe de la Petite-Patrie : Justice-Logement, au www.justicelogement.wordpress.com ou encore : Right to the City Montreal, une coalition d’étudiant-e-s et d’autres résident-e-s de la ville, au www.qpirgmcgill.org/working-groups. Plusieurs autres collectifs ciblent la gentrification comme une menace réelle envers leurs quartiers. En 2009, à Pointe-St-Charles, par exemple, des anarchistes ont occupé une usine abandonnée dans le but de créer un Centre Social Autogéré en vue de bloquer la construction prévue de deux tours à condos sur ce site. Même s’illes ont été brutalement évacué-e-s, l’énergie populaire et radicale nécessaire à la création d’alternatives autonomes à l’embourgeoisement est toujours aussi vivante dans ce quartier. (Voir : www.centresocialautogere.org)

Plus récemment, toutefois, la ville a vu naître dans plusieurs quartiers des assemblées populaires et autonomes. En réaction à la répression brutale du gouvernement Charest face à la grève étudiante historique du printemps 2012, le mouvement populaire contre le capitalisme néolibéral s’est enraciné dans les quartiers à travers la création d’assemblées démocratiques locales pour l’organisation d’une résistance communautaire. S’impliquer dans l’assemblée autonome de quartier est un excellent moyen de rejoindre d’autres activistes dans ton quartier afin de développer des projets à long-terme dans la lutte contre l’embourgeoisement et le capitalisme en général. Tu trouveras une liste des assemblées par quartier au www.qpirgconcordia.org.

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Bref, peu importe si tu prévois rester dans ton appartement pour encore un mois ou pour les dix prochaines années, devenir un membre investi-e-s dans ta communauté n’a rien d’impossible. Loin de là. Ça commence par apprendre le nom de tes voisins, sortir de la bibliothèque et offrir de promener un chien ou garder des enfants. Si tu viens juste d’arriver en ville, il est bon de pouvoir suivre une conversation en français. Si tu veux t’améliorer, des cours de français sont offerts par les départements de langue des universités et le gouvernement offre des leçons pas chères et même gratuites pour les nouvelles-eaux arrivant-e-s au Québec (pour un guide pratique des ressources compilées par l’Université Concordia : http://www.concordia. ca/services/counselling-and-development/oui-can-help/external-resources/). En fin de compte, il n’y a rien de mieux que de s’impliquer et de rencontrer des nouvelles personnes en apprenant une nouvelle langue!

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À bas l’embourgeoisement! Se fâcher. Se mobiliser. Agir.

Bon. Ça y est : tu connais mieux tes droits, tu t’es impliqué-e dans le comité logement et les assemblées populaires de ton quartier, presque tou-te-s tes voisin-e-s sont tes ami-e-s…oui, mais il y a encore beaucoup à faire!

L’action collective peut prendre plusieurs formes et, bien qu’on n’oserait jamais inciter qui que ce soit à s’aventurer en marge de la légalité, on tient tout de même à mentionner ici que les investisseurs, les propriétaires et ces ordures de bobo yuppies tendent à se désenchanter à l’idée d’emménager dans les quartiers où les coûts économiques, sociaux, et politiques deviennent contraignants.

Ou encore - peut-être aimerais-tu rendre une petite visite-surprise aux bureaux de vente d’un certain promoteur, d’un développeur ou d’un sale propriétaire sans scrupules! Apporte tes ami-e-s, amuses-toi : vas-y fort! Les possibilités de résistance sont infinies… Pour faciliter ton processus créatif, voici de l’information utile qui, nous l’espérons, saura vous inspirer (encore une fois, ce n’est pas une liste complète... Aux devoirs!)

• Condo Montreal, McGill immobilier inc. agence immobilière, 780 Wellington – Vieux Montreal (Griffintown) Qc., H3C 1T7, t. 514.255.0550, f. 514.255.0550, info @ mcgillimmobilier.com

• Alliance Prével, 32 rue des Sœurs-Grises, Montreal QC, H3C 2P8, t. 514.281.9696 #13, f. 514.281.9945, [email protected]

• Samcon, 815, René-Lévesque Est Montréal, Québec H2L 4V5, t. 514.844.7300, téléphone sans frais 1-855-726-2665, f. 514.844.5625, [email protected]

• Mondev, 100 Boul. Alexis Nihon, suite 946, Saint-Laurent, Qc H4M 2N9, t. 514.998.1514, administration: 514.998.1514, f. 514. 744.9169

• Placements Sergakis (Propriétaire bien connu et mal aimé à Montréal), 3800 Notre Dame O Montreal, QC H4C 1P9, 514.937.6137

• Grinch Realties (L’équivalent de Grinch Realties, en français, c’est Agence immobilière Séraphin…c’est tout dire.), 1456 Rue Sherbrooke O, Montréal QC, H3G 1K4, t. 514.849.3311

Pour une bonne liste de plusieurs différents projets de condos à Montréal, visite le : http://www.mcgillimmobilier. com/lang/fr/montreal-condo-project-projet-condo-montreal/.

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texte : fred burrillart : kerri flannigantraduction : sunny doylemise en pages: noah eidelman

ce guide a été crée l’été 2012-2013 comme un projet subventionné du GRIP concordia

pour plus d’info à propos du GRIP:[email protected]